Jan Jambon chante la fin du pays avec les fascistes, et les médias font dodo.
Ce week-end, deux ministres belges, dont un vice-premier ministre, ainsi que le président de la Chambre des Représentants, se sont rendu à la Fête du Chant National Flamand (Vlaams Nationale Zangfeest ou VNZ), le dernier lieu de rencontre qui réunit l’ensemble des nationalistes-flamands. Il s’agit de Jan Jambon, ministre de la Sécurité intérieure (autrefois de l’Intérieur) et vice-premier ministre, Steven Vandeput, ministre de la Défense et Siegfried Bracke, président de la Chambre des Représentants. Tous trois membres de la N-VA.
La Fête en soi a déjà un goût de remugle. Elle a été créée en 1933 par Willem De Meyer, un enseignant flamingant, en marge du parti nationaliste flamand VNV, proche du parti nazi NSDAP avec lequel il entretiendra des relations dès avant la guerre. Willem De Meyer collaborera lui aussi, notamment au niveau culturel. Pendant la guerre, la fête chantante aura notamment lieu à Bruxelles, sur la Grand-Place, en présence de dignitaires nazis. Sur la photo (source CEGESOMA), l’on voit notamment les collaborateurs August Borms (touriste de la Shoah), Jef Van De Wiele (ultracollabo totalement inféodé à Hitler), Cyriel Verschaeve (qui voulait devenir le pape du nazisme et correspondait avec Himmler) ainsi que des représentants de l’Occupant visiblement séduits par le caractère germanique du chant flamand.
Après guerre, la VNZ est rapidement recréée en 1948 par un ancien collaborateur, Herman Wagemans et dès cette année, Willem De Meyer y joue un rôle actif. De 2004 à 2006, elle est présidée par Bruno Valkeniers qui deviendra quelques années plus tard le président du Vlaams Belang. Herman Wagemans fut l’un des fondateurs de la Volksunie, mais aussi le rédacteur en chef de Broederband, la revue des « victimes de la répression » (entendez de l’épuration), publiée par le Musée August Borms et où Roeland Raes, négationniste condamné, écrit régulièrement. Broederband est proche de revues d’extrême droite comme Dietsland-Europa ou Berkenkruis, le magazine des ex-Waffen-SS. Elle a régulièrement invité aux commémorations à Staf De Clerck, le leader de la collaboration, admirateur déclaré d’Adolf Hitler et grand fournisseur de jeunes Flamands pour la Waffen-SS.
En novembre 2004, Bart De Wever rendit un hommage appuyé à Herman Wagemans qui avait selon lui « choisi la voie de la démocratie parlementaire ». En 2005, Broederband rendait néanmoins encore un hommage appuyé à Staf De Clerck, qui aurait collaboré parce qu’il « fallait souffrir en ces temps difficiles (sic) (aille) ».
Depuis 1948, la Fête du Chant flamand met à l’honneur les tambours de la VNJ, la Jeunesse nationaliste flamande, des scouts un peu acides dont la fanfare va de temps en temps jouer devant un monument aux « combattants du Front de l’Est », généralement Waffen-SS. Ses tambours étaient aussi présents au cinquantième anniversaire du Sint-Maertensfonds, l’association des anciens Waffen-SS flamands. Leur logo est pratiquement identique à celui de l’AVNJ, les « jeunesses hitlériennes » flamandes de l’époque de l’Occupation. La VNJ a été cofondée par le papa de Bart De Wever, qui l’emmenait chanter, enfant, à cette grande fête pleine de drapeaux avec des lions noirs. Le président de la N-VA explique que c’est un peu par nostalgie qu’il y va. C’est néanmoins le dernier grand événement néoflamingant, où il côtoie des gens du Vlaams Belang, de la NSV (nationaux-solidaristes flamands, proches de Nation) de la VNJ et du Voorpost (néonazis héritiers du VMO et assurant régulièrement le service d’ordre du Vlaams Belang).
Une photo des années cinquante montre Karel Dillen faisant le salut nazi à la Vlaams Nationale Zangfeest. Dillen était le fondateur du Vlaams Blok qui devint ensuite le Vlaams Belang, mais aussi le traducteur du négationniste Maurice Bardèche, et l’un des acteurs du Congrès pour la refondation du nazisme à Malmö en 1951, avec notamment le responsable de la Nordlinie conçue pour exfiltrer les nazis d’Allemagne après guerre et l’ancien chef des Hitlerjugend.
Au fil des années, la VNZ est toutefois entrée dans les mœurs. Contrairement à d’autres événements, on évite d’y célébrer trop publiquement des personnages sulfureux. Hormis les symboles et le déroulement martial qui rappelle le passé fasciste de l’événement, on prend soin de se concentrer plutôt sur le chant que sur l’Histoire. On y rencontre d’ailleurs l’un ou l’autre CD&V égaré dans une nuée de Belangers.
Bien entendu, pour les plus radicaux, la VNZ est toujours l’héritière des grandes réunions chantantes historiques de la Grand Place avec ses beaux officiers de la Werhmacht. Toute la subtilité des organisateurs réside toutefois dans la possibilité offerte aux autres, les « démocrates » de n’y voir plus qu’une grande fête nationaliste, voire culturelle, où les réminiscences d’autrefois se résument au décorum et à la manie de faire défiler de petits tambours et des porteurs de drapeau. Les « héros » de la collaboration, eux, sont désormais aux abonnés absents. Tout au plus chante-t-on encore l’hymne national sud-africain de l’époque de l’Apartheid, c’est-à-dire, sans sa partie zouloue. Mais reconnaissons que le zoulou n’est pas du flamand, ça doit être pour ça…
Cependant, ça reste une fête nationaliste. Ceux qui s’y affichent, surtout lorsqu’ils ont une charge politique, valident de facto les discours du président, Erik Stoffelen, qui portent toujours sur les mêmes sujets : l’indépendance de la Flandre, les transferts de la Flandre à la Wallonie, chiffrés cette année à douze milliards d’euros (ça augmente en moyenne d’un milliard par an, pas de saut d’index à la VNZ), le tout finissant au son de « België barst », Belgique crève. Le discours de dimanche recommandait aux participants : « ne vous vautrez pas dans les salons belges », un gentil rappel à la N-VA pour qu’elle n’oublie pas qu’elle n’a suspendu le communautaire que pour quatre ans encore. Il faut, d’après le patron de la VNZ, tirer profit de cette législature pour préparer l’indépendance flamande.
Cette année aussi, le Vlaamse Volksbeweging (Mouvement populaire flamand), cœur du nationalisme-flamand et où notre vice-premier ministre Jan Jambon est « actif » (c’est pour le compte du VVB qu’il a autrefois été discourir devant les anciens Waffen-SS), a distribué des billets de tombola qui expliquent aux sympathiques chanteurs présents que chaque famille flamande paye 7.500 euros par an aux Wallons. D’où la nécessité d’annuler les transferts vers la Wallonie. Une action assez mensongère, que l’on qualifiera de xénophobe, wallophobe, belgophobe, au choix. En tout cas, du pur communautaire, bien nationaliste, qui voit dans le peuple flamand une Nation supérieure (plus active, plus travailleuse, plus méritante) et n’hésite pas à le lui dire.
La place de ministres fédéraux, dont l’homme fort du gouvernement belge Jan Jambon, est-elle dans un événement qui promeut la mort de notre pays ? Est-il admissible, ou même imaginable que le président de la Chambre des Représentants, soit la personne qui représente la démocratie parlementaire belge aille s’égosiller dans un lieu au passé historiquement fasciste, mais surtout antibelge ? Est-il concevable que deux ministres régaliens, celui de la Défense et celui de l’Intérieur, se compromettent aussi visiblement, sans le moindre complexe, lors d’événements clairement hostiles à l‘État qu’ils sont censés défendre et auquel, pour rappel, ils ont juré fidélité ? Non, bien sûr. Un démocrate peut-il admettre que des ministres de premier plan, qui tiennent les cordons de l’armée et de la police fédérale aillent côtoyer les néonazis et chantent de beaux hymnes nationalistes avec eux, en chœur ? Je vous laisse répondre.
Mais c’est l’ADN de la N-VA qui est à l’œuvre ici. Un acide institué en Flandre de longue date, désormais institué aussi en Belgique. Au point que la presse n’a pas jugé utile de le mettre à la une. Trois hautes éminences de l’État ont violé leur serment ce weekend et tout le monde s’en fout. C’est ce qui arrive quand on laisse entrer le loup dans la bergerie. Cette tolérance de plus en plus grande n’est au final qu’un copier-coller de ce que les Francophones, moi y compris, ont longtemps constaté en Flandre, fiers de ne pas souffrir de ce mal pénible. Sauf que voilà, les Francophones confrontés à la surtolérance au nationalisme ne sont pas différents des Flamands, et leurs médias ont fini par s’endormir au ronron rassurant d’un Aie confianssssss susurré par la voix douce et profonde de Bart De Wever.
Allons, dormons. Si ça se trouve, la fin de la Belgique a peut-être vraiment commencé à se concrétiser quand un certain Charles Michel a signé son accord de gouvernement avec ces gens-là. Alors, pourquoi résister ?
Au fond, la résistance n’est pas une bonne chose, si ça se trouve. Jan Peumans n’a-t-il pas, un jour, qualifié les résistants de la dernière guerre de « crapules de rue » ?
98 Comments
Vincent
mars 10, 12:40GeBonet
mars 10, 13:52Hogge
mars 10, 14:35Moinsqueparfait'
mars 10, 15:08Démocrate
mars 14, 22:28thomas
mars 10, 15:14Vincent
mars 12, 11:34Debière Pascal
mars 10, 13:57Pfff
mars 10, 21:23Gérard
mars 10, 21:52uit 't zuiltje
mars 12, 22:32Francoise Smet
mars 12, 08:31GeBonet
mars 14, 00:46Debière Pascal
mars 15, 19:21Didier Melin
mars 10, 15:18uit't zuiltje
mars 10, 15:54uit 't zuiltje
mars 11, 02:06schopgès roselyne
mars 10, 16:03thomas
mars 10, 20:29uit 't zuiltje
mars 11, 02:24CHANTERIE alain
mars 11, 02:27MUC
mars 12, 00:00Pfff
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mars 12, 16:55Lachmoneky
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mars 13, 18:38Lachmoneky
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mars 14, 00:17Lachmoneky
mars 14, 05:38alex
mars 13, 16:57Démocrate
mars 15, 00:42Démocrate
mars 14, 22:47Jan Vancoppenolle
mars 10, 16:04MUC
mars 12, 00:01Jan Vancoppenolle
mars 12, 13:15uit 't zuiltje
mars 12, 22:41René Marotte
mars 10, 18:26Pfff
mars 10, 21:14uit 't zuiltje
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mars 13, 10:38uit 't zuiltje
mars 14, 00:24Gérard
mars 10, 21:55Tournaisien
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mars 11, 18:19thomas
mars 15, 20:09moinsqueparfait'
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mars 12, 23:53Moinsqueparfait'
mars 13, 13:24uit 't zuiltje
mars 14, 00:40Démocrate
mars 14, 23:30moinsqueparfait'
mars 15, 19:06Salade
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mars 13, 19:01uit 't zuiltje
mars 14, 01:38Dominique Massillon
mars 10, 23:56Pfff
mars 12, 16:58uit 't zuiltje
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mars 12, 17:00Dekais Claudine
mars 11, 08:28L'enfoiré
mars 11, 14:35Tournaisien
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mars 16, 11:45Démocrate
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mars 15, 22:47Gérard
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mars 12, 23:08hilarion lefuneste
mars 11, 19:28uit 't zuiltje
mars 12, 23:13uit 't zuiltje
mars 15, 22:51Salade
mars 11, 21:38Salade
mars 11, 21:41Le premier ministre belge assimile François Hollande à des néofascistes. | UN BLOG DE SEL
mars 12, 01:40Niemöller
mars 12, 14:14Niemöller
mars 12, 14:20Bernard (Rouen)
mars 12, 17:42uit 't zuiltje
mars 14, 01:57Pfff
mars 14, 11:33Pfff
mars 14, 11:36Le premier ministre belge assimile François Hollande à des néofascistes (Marcel Sel) | cathlinevanrymenant
mars 12, 20:29GILLES - BXL
mars 12, 22:17Pfff
mars 13, 18:07uit 't zuiltje
mars 14, 02:05willy
mars 18, 11:16Marcel Sel
mars 22, 11:02willy
mars 23, 18:09Un Blog de Sel 2015. Le million. | UN BLOG DE SEL
janvier 03, 16:00Jan Jambon chante la fin du pays avec les fascistes, et les médias font dodo. | URSS 2.0
mars 04, 11:20Micheline jacobs
mars 14, 19:34Que savons-nous, exactement de nos politiques, sur leurs parcours, leurs histoires ? | Journal Numérique
avril 24, 09:52