Florence Hainaut et Myriam Leroy. La vérité, d’accord. Mais toute la vérité ! (MàJ)

Ce mardi, Myriam Leroy (sur Instagram) et Le Vif publiaient des informations « décisives » dans une affaire que je connais bien. Elle aurait (enfin) découvert qui était le « harceleur » présumé de Florence Hainaut. Celui qui, en 2017, a créé un éphémère compte parodique imitant celui de Florence, et dont l’adresse IP menait à… Myriam Leroy. Cette nouvelle me réjouit : les deux journalistes professionnelles reconnaissent donc implicitement qu’elles ont accusé un internaute à tort. Depuis 2017. 

Mise à jour du 7 avril (en vert) après une remarque pertinente de Marc Reisinger.

Sept ans d’égarement

C’est un aveu cocasse. Car il implique que pendant sept ans, Florence Hainaut et Myriam Leroy ont accumulé les fausses accusations envers « Pascal Lebrun » (nom fictif que j’ai utilisé dans mes articles précédents). Et cela, auprès de la police, de la justice et du public. Allant jusqu’à lui attribuer, à tort, des faits pouvant lui valoir jusqu’à cinq ans de prison !

Plus grave encore, cette version des faits a bénéficié du soutien inflexible d’institutions comme l’Association des Journalistes Professionnels (AJP), de médias (Le Vif, la RTBF) et de politiques.

« Pascal Lebrun » serait donc définitivement blanchi dans cette affaire. Ce qui signifie que j’ai donc eu raison de défendre, contre cette armada, quelqu’un dont les droits étaient vilipendés par la corporation même qui devrait garantir un traitement correct de l’information. Et la liberté de s’exprimer. Cette défense m’a valu quatre ans d’enfer, baladé de tribunal en cour d’appel, en passant par le Conseil de Déontologie journalistique. Et cinq victoires.

Mais réjouissons-nous : grâce à la découverte de Myriam Leroy (et bravo à elle pour cette première enquête couronnée de succès), et à d’autres informations que j’ai obtenues ces derniers mois, toutes les autres pièces du puzzle s’alignent désormais parfaitement. Et je peux vous dire la vraie vérité sur cette affaire. 

Mais avant ça, je me dois d’essorer un torchon.

 

Tranchons dans Le Vif

Le baroud de Myriam Leroy sur Instagram — qui me met bien sûr en cause, à tort comme toujours — a été soutenu (ou même précédé ?) par un article du Vif/L’Express qui erre très loin de toute déontologie journalistique. Pas d’enquête. Pas de version de l’accusé. Pas de réflexion. Pas de doute. Pas même l’ombre d’une nuance. Et aucun contexte.

Comme à chaque « révélation » des deux journalistes — qui m’ont mis en cause d’emblée —, le lynchage médiatique n’a pas tardé : le « harceleur » présumé, un enseignant d’âge mûr, s’est non seulement fait injurier et calomnier dans cet article (anonyme — oh tiens !) d’un hebdo de grande diffusion, il a aussi rapidement été vilipendé sur les réseaux sociaux, condamné par avance pour « harcèlement » sans l’ombre d’une pièce probante !

En quelques heures à peine, son nom ainsi que sa photo étaient lâchés sur Twitter par un chaud partisan de Florence Hainaut et Myriam Leroy, qui a affirmé qu’on le lui aurait transmis par message privé. Par la force des choses, elles seules, ainsi qu’au moins un(e) journaliste du Vif, connaissaient son identité au départ.

Il y a aussi du « savoureux » dans cette « révélation ». Alors que Myriam et Florence ne cessent d’affirmer que les « cyberharceleurs » sont « de droite et d’extrême droite » — jusque dans leur documentaire #salepute —, l’accusé serait cette fois un homme « plutôt » de gauche, selon Le Vif, qui a estimé nécessaire d’ajouter qu’il était aussi « misogyne ». Et ce, après une longue enquête d’au moins 18 microsecondes. 

En réalité, il est de gauche au point où on pourrait le qualifier de « woke ».

 

L’acte d’accusation

Dès le titre du Vif, on apprend qu’on a « retrouvé le vrai harceleur de Florence Hainaut ». Mais lequel des 286 ? Concrètement, ce dont est accusé ce « harceleur-là », que le magazine appelle « L. », c’est d’avoir créé une parodie du compte Twitter de la journaliste en février 2017. Le nom Twitter du compte officiel de Florence était alors @floheyno. Celui créé par « L. » était @floheynow (avec un w à la fin). C’est à partir de ce dernier compte qu’il aurait « injurié » et « harcelé » Florence. 

Notons que sous ce titre ronflant, L’Express belge nous offre un pamphlet d’une virulence qui fleure bon les gazettes aussi parigottes que tendancieuses du XIXème siècle. Aucune présomption, des termes injurieux (« vicieusement », « meute de bien-pensants », « meute affamée », « usurpateur et harceleur », « misogyne »…) et un ton de matamore vengeur au service du seul narratif de Florence et Myriam.

Ainsi, l’article démarre en prétendant que « L. » a « usurpé l’identité de la journaliste Florence Hainaut ». Et hop, une première fake news ! 

Car il n’y a pas eu usurpation d’identité. Le compte Twitter @floheynow avait, pour photo, des jambes et une paire de baskets, et non le visage de « Flo ». Il était dénommé « Florance Hainaut », avec un a (ce n’est pas élégant mais que devrais-je dire alors du compte « Marcel Selle » sur X, qui me déclare « incontinent » ?) Et il précisait qu’il était un « compte parodique et irrévérencieux ». Un compte satirique assumé, donc. Et Florence Hainaut est une personnalité publique qu’on a pleinement le droit de satiriser. Il n’y a pas usurpation d’identité !

Deuxième fake news : Le Vif accuse ce nouvel « harceleur » (même pas « présumé » dans l’article) d’injures et de harcèlement. Je dispose d’environ 70 des 88 tweets « commis » par ce compte @floheynow en trois mois, soit environ un par jour. Tous sont parodiques. C’est de l’humour potache qui se gausse principalement de la capacité étonnante de la gauchiste bobo Florence Hainaut, de publier des chroniques gastronomiques sur des restaus… à 200 balles. Environ un quart des tweets ne parlent même pas de la journaliste !

 

Premier degré s’abstenir

Seuls deux tweets pourraient être considérés comme injurieux, pour autant qu’ils puissent être pris au premier degré. L’un présente une photo de Florence Hainaut et de la journaliste de la RTBF Safia Kessas, allongées sur deux poufs et légendée : « trois poufs et Safia Kessas ».

Le second affiche un texte de Florence Hainaut où elle déclare sucer son pouce. Il est légendé : « La preuve que Florence suce… son pouce ».

Et c’est pour « ça » que Florence Hainaut a obtenu un budget de l’Association des Journalistes Professionnels (AJP), pour citer l’auteur au pénal pour « harcèlement, usurpation d’identité » et probablement aussi pour « faux en informatique », passibles respectivement de deux ans, trois mois, et cinq ans de prison.

On voit difficilement comment un tel compte pourrait relever du « harcèlement », encore moins du « faux en informatique », mais on peut trouver ces deux tweets « injurieux » et vouloir les interdire. Mais dans ce cas, il faut aussi interdire Charlie Hebdo et les Grosses têtes. 

Car s’agissant d’une personne publique, la Cour européenne des Droits de l’Homme maintient une jurisprudence qui autorise ce genre d’humour limite grossier.

Pour renforcer son plaidoyer accusateur envers ce « harceleur », Florence Hainaut a en son temps affirmé que « la justice » elle-même avait jugé ce compte X « harcelant ». Or, la justice n’a jamais jugé quoi que ce soit : elle a décrété un non-lieu.

 

Courrier d’avocat

En revanche, il est possible que « L. » ait dépassé certaines bornes — peut-être même celles du harcèlement, à l’époque où il aurait créé ce compte @floheynow. Selon Florence, « L. » aurait eu une attitude insistante à son égard sur les réseaux sociaux, lui envoyant trop de messages privés et la sollicitant trop souvent. Il aurait aussi déposé des livres dans sa boîte aux lettres alors qu’il n’était pas censé connaître son adresse. En septembre 2017, elle lui envoyait une lettre d’avocat le priant de cesser de la contacter et même de la mentionner sur les réseaux sociaux. 

En septembre 2020, j’ai contacté « L. » pour avoir sa version des faits, il n’a jamais répondu. Peut être parce qu’il avait des choses à se reprocher. Ou peut-être, tout simplement, parce qu’il me voue une certaine inimitié, à en juger par certains de ses tweets à mon égard. 

Toujours est-il que Le Vif ne parle pas de ce pan de l’affaire, qui est d’ailleurs largement prescrit. Et que Florence Hainaut ne l’a pas, à ma connaissance poursuivi pour harcèlement.

La troisième fake news du Vif concerne votre serviteur. L’hebdo affirme que « Certains avaient accusé la journaliste Myriam Leroy » d’être derrière ce compte parodique, notamment « dans des articles de blog ». Or, je suis le seul à avoir publié des articles de blog sur cette affaire. Et je n’ai pas accusé Myriam Leroy d’être derrière @floheynow. 

Deux autres auteurs ont effectivement publié des articles, l’un dans Causeur, l’autre dans Pan. Le dernier, un billet satirique, accusait bien Myriam Leroy, sans la nommer d’avoir animé ce compte, imaginant alternativement que les deux journalistes auraient organisé ce « harcèlement » ensemble. L’article de Marc Reisinger dans Causeur, lui, était purement factuel et prudent et ne l’accusait pas non plus. 

Mais Le Vif oublie ici un petit détail gros comme Obélix après trois sangliers : si l’on a soupçonné Myriam Leroy d’avoir animé ce compte, c’est à cause de Florence Hainaut et du nombre ahurissant des fausses informations de Myriam elle-même.

 

La Vérité, oui. Mais laquelle ?

Le Vif conclut là-dessus que « La vérité peut enfin être établie » contre « une meute de bien-pensants ». Une « vérité » décidément changeante, puisque jusqu’à ce mardi, le « mascu » coupable de ces avanies à coup sûr, juré, craché, était « Pascal Lebrun ».

À cela s’ajoute que la vérité, toute la vérité est bien plus dérangeante pour les journalistes Florence Hainaut et Myriam Leroy, ainsi que pour tout le petit monde qui les a institutionnalisées, que pour ceux qui ont cru qu’elle animait ce compte Twitter en prêtant naïvement foi dans les capacités de Florence Hainaut à détecter une adresse IP correcte avant de la remettre… à la police ! 

Il découle de cette nouvelle « vérité » que j’avais raison lorsqu’en 2020 et en 2022, j’ai écrit, dans trois articles, que « Pascal Lebrun » ne pouvait être coupable de l’usurpation d’identité et du harcèlement prétendument commis envers Florence Hainaut, dont elle l’accusait, et encore moins du piratage dont Myriam Leroy l’assurait coupable. Et cela, à contre courant de toute la presse belge et des  institutions qui les ont crues sur parole ! Et au risque de passer pour menteur, harceleur, incapable, merde humaine, et j’en passe.

De quoi se sentir léger.

Quant à se baser sur mes billets de blogs pour prétendre que j’aurais accusé Myriam Leroy, c’est à ce point faux qu’en 2020, je proposais même une conclusion qui, au contraire, la « disculpait » !

 

50 nuances d’indices

Ce que j’ai effectivement écrit, dans un article d’avril 2022 qui reprenait toute l’affaire, c’est que tous les indices que je possédais désignaient Myriam Leroy comme l’autrice la plus probable du compte @floheynow. J’ai ajouté que je ne disposais d’aucun indice contraire. Au moment où j’ai écrit ça, c’était tout simplement vrai.

Mon premier indice n’était lui-même pas banal : l’adresse IP du compte « harceleur » @floheynow récupéré par Florence Hainaut était celle de Myriam Leroy ! Ce « détail » figurait dans le dossier pénal, confirmé par la police et par Proximus ! Dans toute autre affaire, une adresse IP eût été confondante. Mais dans celle-ci, il y avait un élément particulier : l’adresse IP n’avait elle-même pas été récoltée par la police, mais bien par Florence Hainaut !

Mais je pensais que celle-ci, qui se targue de son statut de journaliste professionnelle, l’avait — pour une fois — obtenue sérieusement. 

Myriam Leroy a porté plainte contre mon article de 2022 auprès du Conseil de Déontologie journalistique, auquel j’ai remis les 53 indices dont je disposais, plus 5 nouveaux indices apparus pendant l’échange de conclusions, ainsi que les pièces qui les soutenaient. 

Avant de rédiger mon papier, j’avais d’ailleurs demandé aux deux journalistes de me fournir toute information permettant de « disculper » Myriam. Elles ne m’ont rien répondu.

Notez, de plus, que j’ai toujours écrit que, même si Myriam était derrière le compte @floheynow, elle n’avait commis aucune faute dès lors qu’il était simplement satirique et non harcelant.

Je n’ai donc rien à me reprocher

 

Suspicion légitime

Confrontée par les policiers au fait que l’adresse IP récoltée par Florence Hainaut menait à elle, Myriam décida qu’elle avait été « piratée ». Encore une fake news.

Et celle-là, c’est justement Le Vif, grand donneur de leçons, qui l’a gobée toute crue, en 2019. Il écrivait : « L’enquête fera apparaître que l’une des adresses IP utilisées pour ce compte est… celle de la société de Myriam Leroy. Selon les informations récoltées par Le Vif/L’Express, il est évident que, pour la justice et les enquêteurs, […] l’adresse de l’auteure a été piratée. Par qui ? Mystère. » Et d’ajouter que Pascal Lebrun, « informaticien dans une grande banque, nie être impliqué dans ce dossier. »

Or, selon mes sources, rien n’indiquait que Myriam Leroy avait été piratée ! Renseignements pris auprès des enquêteurs, ça n’avait rien « d’évident » pour eux : « nous n’avons jamais dit à Myriam Leroy qu’elle avait été piratée » m’ont-ils dit. Et pour cause, ils n’auraient même pas pu le constater, dès lors que Myriam avait déménagé depuis, et changé de box ! 

Cette thèse du piratage ne reposait sur rien. Pas un fait, pas un indice, pas une pièce. Et comme le reconnaît Le Vif : « la preuve ne peut en être apportée ».

Par la suite, Myriam Leroy a régulièrement prétendu qu’elle avait encore été piratée, ainsi que sa maison de production. Ses followers comprenaient alors que « Pascal Lebrun » (sinon, qui d’autre ?) continuait à la hacker !

Deuxième fake news colportée sans résistance ni enquête en 2019 par Le Vif : « Pascal Lebrun » n’a jamais été informaticien !

Mais alors, pourquoi Myriam Leroy et Florence Hainaut ont-elles accusé « Pascal Lebrun » de piratage ? Pourquoi Le Vif a-t-il gobé ? Pourquoi suis-je le seul, l’année suivante, à démontrer que l’accusé du jour n’y était pour rien ? Et pourquoi depuis fais-je l’objet d’une véritable chasse aux sorcières, y compris de la part de « la corporation » ?

Voici, enfin, la vérité vraie.

 

Pieds nickelés exposant bracasses

Le 4 février 2017 apparaît le compte Twitter parodique @floheynow. Florence Hainaut m’en fait part en message privé. Je la dissuade de faire quoi que ce soit : le compte n’a que 4 abonnés, et ce qu’il écrit est plutôt drôle. Elle charge néanmoins un informaticien (un « hackeur », selon Myriam Leroy) de trouver l’adresse IP du compte, et de la croiser avec l’adresse IP des comptes Twitter et Facebook de « Pascal Lebrun ». Ce qui implique de détecter son adresse aussi.

Mais pourquoi « Pascal Lebrun » ? Il n’embête pas particulièrement Florence Hainaut à cette époque. Elle l’a reconnu elle-même dans sa déposition à la police. Mais il a effectivement enquiquiné (ou « harcelé », selon elle) Myriam Leroy de fin 2012 à début 2014. Un bashing pas si unilatéral, comme je l’ai montré dans cet article. Mais des faits pour lesquels il a été condamné en première instance à 10 mois de prison avec sursis, en 2021 — il passe en appel en mai de cette année. 

Toujours est-il que l’adresse IP est une donnée privée. La récolter sans l’accord de la cible est illégal. Pire, pour l’obtenir, le hackeur de Florence a utilisé deux faux comptes, ce qui a précédemment été jugé comme une infraction pénale (les journalistes Maquestiau et Abramowicz ont été condamnés pour des faits similaires). 

Selon le « hackeur », c’est à partir de ces faux comptes qu’il a envoyé des messages, l’un au compte Facebook de Pascal Lebrun, l’autre au compte twitter @floheynow. Ces messages contenaient un lien alléchant à cliquer. Celui qui cliquait dessus renvoyait alors, sans le savoir, son adresse IP au « hackeur ». 

Récolter une donnée privée à l’insu de son propriétaire, c’est encore illégal. 

L’objectif de l’opération était de voir si les adresses IP des deux comptes étaient les mêmes. Dans ce cas, Pascal Lebrun était bien le « harceleur » recherché. 

La pêche « réussit ». Le hacker obtient une vague correspondance dans ses hameçonnages. Il remet une adresse IP à Florence Hainaut, mais en l’avertissant, se souvient-il « que ça n’avait pas beaucoup de valeur » et que ce n’était pas « une preuve de quoi que ce soit ». Et de s’étonner aujourd’hui « Il semble [que Florence Hainaut] ait quand même souhaité porter plainte sur cette base mais ça n’a jamais été une recommandation de ma part. »

 

Plainte contre X pour un compte Twitter

Entretemps, Myriam Leroy avait déposé une première plainte simple contre « Pascal Lebrun » pour son œuvre de 2013-2014 principalement. Après enquête, celui-ci a reçu un avertissement sévère et accepté de ne plus jamais contacter Myriam. L’affaire aurait pu s’arrêter là. 

Mais Myriam voulait voir Lebrun dans une cour de justice. Et le fait que Florence Hainaut affirmait qu’elle avait le même « harceleur » permettait d’espérer une réouverture de l’enquête. Croire que deux journalistes étaient harcelées par le même individu, c’est aussi probablement ce qui a amené l’Association des Journalistes professionnels à agir en justice.

Dans son roman Les Yeux Rouges, Myriam Leroy évoque d’ailleurs une situation très similaire suite au non-lieu qui a clôt l’affaire Hainaut/Lebrun : « C’était vraiment rageant que la plainte de Judith Sauvage (avatar de Florence Hainaut NDLA) ait été classée sans suite parce qu’avec la mienne, elle aurait déjà pu constituer un faisceau attirant pour l’œil des magistrats ».

En octobre 2017, assistées par l’AJP, Florence et Myriam portent donc toutes deux plainte avec constitution de partie civile. Myriam; contre « Pascal Lebrun » pour son œuvre de 2013-2014, à laquelle elle ajoute une série d’accusations qui n’ont jamais pu être démontrées — elle en rajoutera d’autres, dont des soupçons de piratage, pendant l’enquête.

Florence, elle, porte plainte contre X, mais donne aussi un nom aux condés : c’est « Pascal Lebrun ». Et elle n’a aucun doute. Lorsqu’elle témoigne dans l’affaire lancée par Myriam et traitée par la même équipe, elle déclare même : « nous avons un harceleur commun, ce harceleur, c’est [Pascal Lebrun]. » 

Nous savons aujourd’hui qu’elle accuse alors un innocent des faits évoqués. Et sans le moindre indice.

Et surtout, elle remet l’adresse IP « sans valeur de preuve » récoltée par le « hackeur » à la police, assurant, encore, que c’est bien à la fois celle du compte Facebook de « Pascal Lebrun » et du compte de @floheynow.

Mais un gros mois plus tard, la police découvre que l’adresse IP que Florence lui a donnée n’est pas du tout celle de « Pascal Lebrun » mais bien celle de… Myriam Leroy ! En principe, rien que cette information désignerait avec certitude l’autrice des Yeux Rouges. 

 

L’IP était ouverte de l’intérieur

Du moins, si l’on partait du principe que Florence Hainaut (ou son « hackeur ») avait trouvé les bonnes adresses IP. J’ignorais jusqu’à l’année dernière que cet « informaticien » n’était lui-même pas sûr de son résultat. Et comment imaginer que l’une des plus grandes journalistes gastronomiques belges présenterait une « preuve » aussi douteuse à la police ? Et qui aurait pu croire que le service juridique de l’AJP baserait une plainte pénale sur une adresse IP hasardeuse, récoltée d’une façon peu éthique, sinon illégale ?

Je pense que toute la suite part de là. Florence est partie bille en tête, accusant sans preuves, présentant une prétendue preuve comme décisive, et quand celle-ci a désigné sa propre comparse, elles sont parties dans une fuite en avant où un mensonge couvrait le précédent, jusqu’à la catastrophe.

Car une information qui m’est parvenue l’an dernier explique facilement la présence de l’adresse IP de Myriam Leroy dans ce maelström : le « hackeur » de Florence a envoyé son lien à cliquer au compte parodique @floheynow en public, et non en privé ! EN PUBLIC ! 

Autrement dit, n’importe qui pouvait cliquer dessus ! Et ce qui est probablement arrivé, et qui expliquerait toute l’affaire, c’est qu’un simple internaute, qui n’avait rien à voir avec les deux comptes visés, cliqua sur au moins l’un de ces liens publics ! Et que cet internaute était Myriam Leroy !

Son adresse IP aurait donc été enregistrée, non pas parce qu’elle aurait été « piratée », ni parce qu’elle était derrière le compte, mais tout simplement parce que, lorsque le « hackeur » a lancé ses hameçons, elle a cliqué dessus !

Je tiens désormais cette version pour la plus probable. Mais elle implique que Myriam Leroy surveillait le compte @floheynow de près. 

Parce que le hackeur avait commencé son tweet par « @floheynow » sans faire précéder l’adresse par un point. Et dans ce cas, seul le hackeur lui-même (qui avait 0 abonnés) et @floheynow (qui en avait 4) pouvaient voir apparaître spontanément ce tweet de « phishing » sur leur timeline (TL). Pour tous les autres internautes, dont Myriam Leroy, le seul moyen d’y accéder était de faire une recherche spécifique sur « @floheynow ». Un soir, après 17 heures. Et avant de partir voir un spectacle à Charleroi.

L’affaire aurait donc pu s’arrêter là aussi : plutôt que d’accuser autrui de piratage, Myriam Leroy reconnaissait qu’elle avait cliqué sur ce(s) lien(s), et toute suspicion tombait.

Mais ce n’est pas ce qui est arrivé.

 

Pirate des Canaries

Au contraire. Juste après avoir appris de la police que l’IP fournie par Florence Hainaut était la sienne, Myriam Leroy a lancé une nouvelle accusation, très officiellement, au procureur : la police l’aurait informée qu’elle avait été piratée ! Les enquêteurs le réfutent aujourd’hui. Et pour cause, dès lors que Myriam avait déménagé lorsqu’ils lui ont rendu visite, ils n’auraient rien pu constater !

Dans le but apparent d’orienter les soupçons, elle affirmait aussi que « Pascal Lebrun » était informaticien. J’ai enquêté. C’était faux. Je l’ai publié. Myriam Leroy et Florence Hainaut ont alors affirmé que je n’avais posé la question qu’à des amis de « Pascal Lebrun ». Encore faux.

Myriam a aussi informé le juge d’instruction que « Pascal Lebrun » aurait obtenu son adresse IP, sur base d’une bête erreur de son navigateur Internet. Ce qui prouvait, selon elle, qu’il errait sur son ordinateur, et donc qu’il la piratait. Cela revenait à l’accuser de « faux informatique », passible de cinq ans de prison.

Ces accusations de piratage furent peut-être décisives dans la décision de perquisitionner « Pascal Lebrun », un petit matin, en présence de sa compagne et de son bébé. Pour des tweets !  La police en est repartie avec son ordinateur. La CCU a constaté qu’il n’y avait strictement rien de problématique sur cette machine. Mais toujours pas satisfaite, Myriam Leroy en a conclu que la police avait saisi « le mauvais ordinateur » et que c’étaient « des pieds nickelés  » !

 

Rien n’aura lieu que le non-lieu

Au printemps 2019, le juge d’instruction conclut qu’il n’avait rien contre « Pascal Lebrun » dans l’affaire du harcèlement présumé de Florence Hainaut et décrétait un non-lieu. Le volet « faux en informatique » dans l’affaire Leroy tombait aussi, en l’absence de tout indice.

Malgré cette décision, Florence Hainaut et Myriam Leroy ont continué à l’accuser au moins indirectement, notamment dans le dossier qu’elles ont remis au ministère de la Culture dans le but d’obtenir un subside de 40.000 euros (qui passera à 48.000 suite au Covid), sur un budget total estimé à plus de 200.000 euro, dont une partie sera fournie par des chaînes de service public.

En septembre 2020, suite à des attaques violentes envers mes filles (le néoféminisme a ses limites), je publiais un article de blog où j’entendais démontrer que « Pascal Lebrun » n’avait pas harcelé Florence Hainaut, ni piraté Myriam Leroy. J’y montrais qu’il était bien plus probable que Myriam Leroy fût @floheynow. Sans pour autant conclure.

En réponse, Florence et Myriam tentèrent de m’imposer des droits de réponse hallucinants, truffés de dizaines de fausses informations. Myriam Leroy m’y présentait un faux alibi en affirmant qu’elle n’était pas à Bruxelles, mais bien en Norvège, le jour où le « hacker » a repéré son adresse IP. J’ai vérifié. C’était faux. Myriam m’a traité de « malade » et de « harceleur » pour avoir recoupé cette information.

Elle maintenait qu’elle avait bien été piratée. On le sait, c’était faux. Et avec Florence, elles insistaient sur le fait que « Pascal Lebrun » était informaticien et qu’il était capable de hacker. C’était faux.

Myriam a alors produit un rapport d’attribution IP de Proximus (qui indique simplement à qui une adresse IP est attribuée à un moment donné) qu’elle a fait passer pour un relevé d’intrusions, affirmant que ça prouvait l’existence d’un « script » visant à la hacker. C’était faux.

Elle affirmait, deux ans après son non-lieu, que « Pascal Lebrun » n’avait jamais été innocenté . C’était faux, et le juge correctionnel à qui elle demanda de m’imposer ses droits de réponse, en vain, l’accusa d’avoir enfreint le droit à la présomption d’innocence de Lebrun.

Elle m’accusa aussi de collusion avec « Pascal Lebrun », de harcèlement, de misogynie, de faire partie d’une bande de couilles et que sais-je. Tout était faux !

 

Hachez menu

En décembre 2021, dans un podcast de Guillaume Hachez (70 minutes avec), elle affirma toujours qu’elle avait bien été piratée, et même que des gens s’étaient « promenés » sur sa connexion Internet. Au CDJ, elle justifiera cette « information » par un autre relevé d’attribution IP de Proximus. Et donc, la personne qu’elle a accusé de « se promener » sur son réseau était tout simplement celle à qui Proximus avait attribué son adresse IP après elle. Faux, encore, donc.

J’ai la faiblesse de penser que quand on aligne les fausses informations aussi systématiquement, qu’on accuse un innocent (du moins de ces faits-là), qu’on lance des imprécations tout azimut (et je suis bien placé pour savoir qu’elle a menti et ment violemment pratiquement chaque fois qu’elle parle de moi), c’est qu’on a quelque chose à cacher. 

Et j’ai effectivement commis l’erreur de penser qu’au moins, Florence Hainaut, une Pulitzer en mieux si l’on en croit certains de ses confrères, avait fait la recherche d’IP sérieusement avant d’aller porter plainte à la police. 

Oui, j’ai pensé que le témoignage de Florence était fiable. 

Me voilà bien attrapé. Il ne faut jamais croire Florence Hainaut ou Myriam Leroy. En rien. À aucun prix. J’espère juste qu’enfin, les institutions du journalisme, les journalistes, et certains de leurs fanatiques qui, jusqu’ici, boivent leurs paroles, retrouveront un trésor bien enterré par ces pirates de la vérité. Il s’appelle « l’esprit critique ».

 

On the road again.

Ah oui, j’allais oublier : au moment même où Le Vif nous informe incidemment que Florence Hainaut a accusé « Pascal Lebrun » de harcèlement à tort pendant sept ans, celui-ci vient de recevoir une citation de « Flo » et de la RTBF, pour calomnies. Ce qu’il pensait être des « opinions ».

L’espace de libertés qui se réduit par le journalisme, j’avoue que je n’y aurais jamais cru dans ce pays.

 


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© Marcel Sel, 2024. Reproduction interdite sans accord de l’auteur.

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13 Comments

  1. Deffense Ben
    mars 24, 09:28 Reply
    A la lecture de cet article (je dis bien article) on mesure toute la différence entre un travail journalistique et les approches sans professionnalisme de tes accusatrices.
  2. Ludovic NYS
    mars 30, 15:30 Reply
    Marcel, j'ai comme l'impression qu'en réalité, ces deux greluches, elles sont carrément en train de fantasmer sur vous.
    • marcel
      avril 07, 10:19 Reply
      J'en doute (et je ne valide pas « greluches »)
      • Ludovic NYS
        avril 14, 21:52 Reply
        Je crois, de vous à moi, qu'il y a bien pire que "greluches". C'est certes un peu décoiffant, mais pas beaucoup plus.
        • marcel
          avril 16, 09:37 Reply
          C'est comme tout, ça dépend du point de vue. Mais tout de même, comme définition, je lis : (Péjoratif) Jeune fille, jeune femme aux mœurs légères ou sotte. (Argot) Personne de sexe féminin (employé dans le langage courant pour désigner une attitude, un comportement caractéristique de « râleuse »).
  3. Marc Reisinger
    avril 07, 10:14 Reply
    Bonjour, vous écrivez: "Deux autres auteurs ont effectivement publié, l’un dans Causeur, l’autre dans Pan (sous une forme satirique), des articles qui accusaient bien Myriam Leroy d’avoir animé ce compte, et allaient jusqu’à prétendre que les deux journalistes s’étaient « harcelées » l’une l’autre." Petit bémol. Si vous faites référence à mon article dans Causeur (7/12/2019), j'écrivais ceci: « La collègue et amie de Myriam Leroy, Florence Hainaut a également déposé plainte pour la création d’un faux compte Twitter à son nom. Or, comme l’indique le Vif, « l’enquête fera apparaître que l’une des adresses IP utilisées pour ce compte est… celle de la société de Myriam Leroy ». Interprétation de cette dernière : son ordinateur a été piraté par l’abominable Denis. » Je pense donc avoir été aussi prudent et précis que vous, en citant simplement Le Vif.
    • marcel
      avril 07, 10:19 Reply
      En effet Marc, je vais corriger ce point, je viens de relire votre article et vous n'y prétendez à aucun moment qu'elles se harcèlent l'une l'autre ! Toutes mes excuses.
  4. Marc Reisinger
    avril 07, 11:11 Reply
    Merci, pas de problème. Quant à Aurore dans Pan, elle envisageait deux hypothèses sur base du fait que l'adresse IP avait été identifiée comme celle de la société de Myriam Leroy (la seule chose qu'on savait à l'époque). Ce qui m'impressionne surtout aujourd'hui c'est de découvrir que ce compte Twitter se décrivait comme parodique (exactement comme le faut compte Elon Musk ou d'autres). Donc Florence Hainaut et Myriam Leroy ont hurlé deux fois au loup pour rien.
    • marcel
      avril 08, 09:17 Reply
      À présent que nous avons les tweets de ce compte, il ne peut pas être considéré comme harcelant, en effet. Sinon, c'est la fin de toute parodie. C'est d'ailleurs tout le problème de la plainte contre le billet d'Aurore, qui l'était aussi clairement et, à mon avis, respectaient les règles de la satire et son utilité (relever des comportements qu'on ne pourrait relever autrement). Mon but était surtout de montrer que Le Vif oubliait l'essentiel, à savoir, que c'est le comportement même de F & M qui a mené à ces conclusions. Personnellement, je n'ai jamais adhéré à l'idée qu'elles pouvaient être de mèche dans cette histoire, parce que si c'était le cas, Florence n'aurait pas cherché l'adresse IP du compte.
  5. Marc Reisinger
    avril 08, 11:38 Reply
    Il ne faut pas oublier non plus que "Pascal Lebrun" a été accusé d'avoir piraté le compte de Myriam Leroy pour créer le compte Twitter suspect. Accusation qui ne se trouve pas à ma connaissance dans le dossier judiciaire. La seule mention que je connaisse du "piratage" de l'IP de la société "Gratte Papier" (de Myriam Leroy) pour créer un compte Twitter au nom de "Florance Hainaut" se trouve dans une lettre de l'avocate de Myriam Leroy, Me BOVY du 14/12/2017. Je suis sidéré d'apprendre que cette suspicion était fondée sur un hacking maladroit commandé par Florence Hainaut.
    • marcel
      avril 08, 12:54 Reply
      Il y a une autre information dans ce courrier du 14/12 : Me Bovy y écrit pour Myriam Leroy « Cela signifie donc que l'administrateur de ce site [identifié ensuite comme "Pascal Lebrun"] connaît l'adresse IP de ma cliente ». Et aussi qu'elle « s'inquiète fortement de la manière dont « Pascal Lebrun » a obtenu sa nouvelle adresse IP (ce qui est mis à l'indicatif alors que même le conditionnel semblerait exagéré), le tout sur base d'une erreur 403. Elle ajoute aussi qu'il aurait un ami qui aurait, selon elle « des compétences pointues en informatique » (toujours sur base de… riens). Elle écrit aussi que son adresse « A été piratée pour harceler Florence Hainaut ». Tout ceci concourt à donner à penser que l'auteur ne peut être que « Pascal Lebrun ». Dans sa propre déposition, Florence Hainaut affirme d'ailleurs aussi que « Pascal Lebrun » l'a harcelée (à l'indicatif), alors qu'elle n'a en réalité aucune idée de l'identité de l'auteur du compte satirique. Et à la lecture de l'ordre de perquisition, je ne vois pas quel autre reproche que le piratage (ou alors celui de l'usurpation d'identité qui n'a jamais existé) peut être à l'origine de celle-ci. Enfin, voilà. Une chose est sûre, elles l'ont accusé à tort d'être l'auteur de ce compte anodin pendant 7 ans. Du beau journalisme, dirais-je !
  6. Deffense Ben
    avril 11, 16:47 Reply
    Myriam Leroy raconte comment elle a piégé un harceleur: "J’ai décidé d’aller sonner à sa porte" ... A lire aujourd'hui dans la DH.
    • marcel
      avril 12, 17:12 Reply
      Oui, et un titre scandaleux, parce que rien ne démontre que cet enseignant a harcelé qui que ce soit, et certainement pas avec un compte satirique. Quelle déchéance pour le journalisme !

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