Steak et bad buzz : Sandrine fait du populisme.

Image par G.C. de Pixabay

Le buzz de juillet a été lancé par Sandrine Rousseau, la star médiatique des écologistes français. Pour assurer sa popularité au sein d’une certaine gauche écologiste, elle n’hésite pas à simplifier, tronquer les faits et désigner des coupables. Examen de détail d’un discours populiste.

Juillet, c’est le mois où fleurissent les barbecues. Les maris jouent pour une fois les cuistots face aux braises, un truc torride, un truc de mecs. Pendant que les épouses papotent au soleil en sirotant le Spritz réalisé avec art par un autre mari, le seul qui les fait bien (rassurez-vous, elles feront quand même la vaisselle). Et qu’autour d’elleux courent et piaillent les Gremlins qu’ils ont conçus par consentement mutuel, les parents étant tous trop occupés à jouir du moment pour les faire iech. 

Bref, que du bonheur !

Mais depuis la nuit des temps, quand les uns savourent le moment, d’autres crèvent la dalle, de la Défense au désert du Sahel. Sans compter que ces temps-ci la terre a pris la dérangeante habitude de brûler un peu partout. Plus qu’avant. Et le réchauffement en est le principal responsable.

Eh oui, comme depuis toujours, les uns s’amusent et les autres trinquent. Et certains trouvent que s’amuser, c’est péché quand on voit tous les malheurs du monde ! Autrefois, on les appelait les bigots. Exemple.

Bigotte the knight

Et c’est donc en plein été, ce moment d’insouciance où le citoyen moyen espère quelques moments de détente après une année de dur labeur, que la puritaine Sandrine intervient pour le culpabiliser.

À cause du citoyen lambda, cet épouvantable carnassier, l’Algérie, l’Espagne, la Grèce, la Chine et l’Arizona brûlent. Comment peut-on se prendre en photo avec un morceau de viande, alors que c’est justement à cause des pets et des rots des vaches qu’on fonce vers l’horreur climatique ? 

Pas top ! Pas glop ! Pas contente ! 

Bien sûr, la twittosphère a rapidement posté une photo de la même Sandrine devant une tranche de jambon, accompagnée d’autres carnassiers de la NUPES, tout sourire. Mais c’était le 12 juin 2021. Une semaine plutôt calme en matière d’incendies…

selon la NASA. Ça ne brûlait en effet qu’en Algérie, en Espagne, en Grèce, en Chine, en Arizona et, euh… partout ailleurs.

Le tweet de Madame Rousseau a été vu 3 millions de fois, il a obtenu 4.000 « j’aime ». Comme attendu, il a provoqué 7.000 commentaires, drôles, revêches, injurieux, dégueulasses et pour certains, menaçants. 

Mme Rousseau a ensuite nuancé son propos en affirmant que ce qu’elle entendait expliquer, c’est que pour ralentir la catastrophe climatique, il faut réduire la consommation de viande de 70 à 80%. Ou arrêter complètement si on aime les animaux.

Bad buzz, mais buzz quand même : elle donc a été invitée à s’expliquer sur BFMTV, où elle a affirmé que la consommation de viande « est l’une des causes des feux de forêt et des fortes chaleurs ». Vrai ?

Adieu vent de vaches, cochon ! 

Ben oui, c’est vrai, répondent les médias en mode binaire ! Le problème, c’est que dans ce cas, tout est vrai. Car toute notre activité ou presque contribue au réchauffement. Y compris Youporn, le recyclage des Tupperware, l’anniversaire de Mick Jagger, ou encore l’enculage de mouches de verts puritains qui alimentent la production d’articles de journaux, gâchent du papier et tuent des arbres, tss-tss !

Mais voyons voir un peu sérieusement à quel point ta bavette de vache limougeaude allume des incendies chez Xi Jingping.

Sur le site viande.info, (une initiative de L124, donc pas franchement carnassier) on apprend que l’alimentation produirait dans le monde 26% des émissions de gaz à effet de serre. Un bon 15% du total mondial serait d’origine animale, et 7,5% à 10% proviendraient des ruminants (essentiellement le bœuf et l’agneau.)

Voilà pour le monde. En France, l’agriculture ne produirait « que » 16,7% de gaz à effets de serre, hors énergie — 19% avec. Et les prouts de Marguerite et de ses adelphes, entre 5% et 7,5%. Notons que l’élevage capture aussi du CO2, notamment par ses pâturages qui, selon les éleveurs, « n’existeraient pas » sans bestiaux. Notons aussi que l’azote, utilisé notamment pour engraisser les cultures de légumes ou de céréales, est juste derrière… Eh oui, le végétalisme a aussi son effet de serre !

Toutefois, la France est un mauvais exemple. C’est en quelque sorte la prairie de l’Europe. Et donc, si on prend toute l’Union européenne, l’agriculture n’y produit, hors énergie, que 10% des gaz à effets de serre, contre 78% pour la production générale d’énergie, où l’industrie de production énergétique (28%) et les transports (21,7%) se taillent la part du lion, devant le résidentiel tertiaire (13,4% — essentiellement le chauffage, la construction et hem, hem, l’isolation).

Si, l’élevage en France émet proportionnellement plus qu’ailleurs en Europe, c’est simplement parce qu’elle exporte énormément et que l’électricité y est principalement produite par le nucléaire. La produire avec du charbon réduit en effet proportionnellement la part de nocivité des bestiaux (source gouvernementale — 2016).

Si l’on en croit la FAO (dans son rapport de 2013 résumé par le gouvernement de l’Ontario), pas moins de 43% des gaz à effet de serre bovins (soit 3,2% du total général) proviendraient de leurs prouts et rototos. Qu’on les traie, qu’on les mange, ou qu’elles regardent passer les trains, elles pètent à peu près autant d’équivalent CO2 que le secteur aérien ! Mais allez donc manger un avion !

Retenons au passage que si les émissions bovines font bien 5,4% du total en France (les chiffres varient), ce serait six fois moins que les transports et trois fois moins que la voiture (15% au niveau européen), le bâtiment et le chauffage. Ou encore, que l’industrie manufacturière. C’est France-environnement qui nous le dit. 

Donc, il y a bien pire que de se prendre en photo avec un bout de bidoche : tirer son portrait avec sa nouvelle Twingo, sa maison, ou une chaudière, même à condensation. Arrêtez aussi de vous prendre en selfie avec votre nouvel iPhone importé de Chine pour montrer fièrement votre nouveau T-shirt à deux balles fabriqué au Bangladesh.

Mais prenons quand même le taureau de Sandrine par les cornes et voyons à quel point le carnivore français est un salaud !

Flagrant Delhi

Le Français ? Voire ! Le pays qui possède le plus de bovins au monde, c’est l’Inde, avec 330 millions de têtes. Soit environ trois fois plus que l’Union européenne… L’Inde possède en fait à peu près autant de bovins par habitant que la France, mais seulement parce que cette dernière est la plus grosse éleveuse d’Europe. L’Indien produit donc autant de méthane bovin que l’Européen ! 

Gare, donc, au prochain New-Delhien qui se prendra en photo avec un bœuf curry Madras.

Toujours selon la FAO, l’Europe occidentale produirait quatre fois moins de gaz à effets de serre par kilo de barbaque que… l’Asie du Sud, l’Amérique latine ou l’Afrique subsaharienne.

Les Français sont aussi très loin de détenir le record mondial de la conso de carne. Les vrais salauds de l’histoire seraint donc les Argentins, les Brésiliens, les Nord-Américains ou encore les Australiens. Le champion du monde étant l’Uruguay, avec 60 kg/personne et par an, soit près de trois fois plus que la France. Mais des pays plus « modestes » participent aussi à ce grand festin carnassier. Ainsi, la Mongolie se retrouve dans la même catégorie que l’Hexagone, le pays des Meloni ou les concitoyens de Greta Thunberg, avec une conso de 23 à 30 kg/an (une autre source m’indique que ce serait 22 kg en France). Tandis que l’Égypte, le Mali ou le Népal font concurrence à l’Espagne et l’Allemagne — cette cochonne — qui en consomment entre 18 et 22 !

Vous me direz que si les Indiens possèdent à eux seuls 19% du cheptel mondial, ils en mangent moins de 4 kg/an !

Sauf qu’on a vu que la plus grosse proportion des émissions bovines provient de leur digestion. Donc, même en ne consommant pas du tout de ce sacré bœuf, les Indiens envoient, à eux seuls, plus de méthane dans l’atmosphère que tous les Européens carnivores réunis, fourrage, élevage, transport, équarrissage et sourire de la bouchère inclus !

D’ailleurs, s’il ne mange pas la bête, l’Indien consomme énormément de lait et de fromage. Et ce sont les vaches laitières qui produisent le plus de méthane. Proscrivons donc les selfies de Bombayens avec un raïta au concombre !

Au demeurant, l’UNESCO comme l’ADEME (l’agence française de la transition écologique) recommandent, pour « sauver le climat », de baisser de moitié la consommation de lait et de produits laitiers. À tant faire que d’accuser, autant que Mme Rousseau évoque la contribution des photos de tzatziki sur les menus des restaurants grecs dans les feux de forêt à Rhodes.

Sélection de la Rousseau Digeste

Et tiens, à ce propos, pourquoi s’en prendre à la viande plutôt qu’au lait et aux fromages ? Plutôt qu’aux bagnoles ? Qu’au chauffage ? Qu’à l’industrie ?

Parce que le problème n’est pas que le tweet de Sandrine soit fondamentalement faux, mais bien que sa formulation est fondamentalement malhonnête ce qui, pour une politique, est fondamentalement choquant.

Elle sélectionne les faits en fonction de critères prédéfinis correspondant à sa doctrine (le wokisme, tel que je l’ai défini ici). Exemple. Sandrine est « féministe ». Or, elle perçoit la viande comme un truc de mec. Rappelez-vous sa diatribe sur les barbecues « paternalistes ». Donc, le gars qui poste une photo d’entrecôte bien juteuse est un sujet idéal pour encolérer son public de meufs et d’alliés.  

Et peu lui importe que les femmes produisent un paquet de gaz à effet de serre quand elles vont en bagnole faire une razzia chez Zara. Ne cherchez pas la raison ou le contexte, chez elle, tout est affaire de doctrine.

Ainsi, fustiger les Indiens plutôt que ses compatriotes n’entre même pas en considération : l’Inde est un pays émergent, forcément victime de l’Occident, du grand capital et/ou de la colonisation.

Rousseau ou la raison, il faut choisir

Or, Sandrine Rousseau est écologiste. Elle sait que les feux de forêt sont dus à de nombreux facteurs, dont le réchauffement, lui-même provoqué par quasi toutes nos activités. Elle sait aussi que le bœuf n’est pas le principal responsable. De loin pas.

Même quand elle prétend nuancer, elle révèle ses obsessions : en faisant l’amalgame entre le bœuf et la viande, et en prétendant qu’on doit réduire la consommation de « viande » de 70 à 80% pour limiter le réchauffement (voir son 2e tweet ci-dessus), Sandrine Rousseau donne une mauvaise information. Selon l’UNESCO (la source du tableau ci-contre est ici), un régime « frugal » climatoperformant reviendrait certes à diviser par quatre la consommation de viande rouge. Mais par deux seulement la consommation de viande blanche !

Notons au passage qu’il faudrait aussi réduire de moitié la consommation de vin et même de sodas. Ou encore de lait et de fromage. Ou que le seul passage au zéro déchet est près de quatre fois plus efficace que la réduction de viandes blanches et de fromage. Alors, pourquoi elle n’en parle pas ?

Parce que ce n’est pas un truc de mecs, tout simplement. Et c’est ce que produisent les prétendus programmes « écoféministes » ou « écosocialistes » : l’obligation de tronquer les faits pour y faire entrer sa version hybride (et donc moins efficace) de lutte contre le réchauffement !

Tout cela fait de Rousseau une très mauvaise écologiste. Car si on veut réellement sensibiliser la population à un régime écoresponsable (je fais moi-même des efforts et j’en suis heureux — mon portefeuille aussi), il faut d’abord inclure tout le monde (et donc rejeter toute recherche de « coupable désigné), et ensuite, le faire progressivement, par exemple en argumentant que c’est bon pour notre budget et notre santé.

Alors, pourquoi Sandrine Rousseau ne recourt-elle pas à la raison ? Parce que ça ne fait pas le buzz, tout simplement. Et parce que…

… Sandrine fait du populisme

Aujourd’hui, réseaux sociaux aidant, pour récolter facilement les faveurs du public, il faut des messages qui émeuvent déraisonnablement ses partisans. Et qui, forcément, choquent ses opposants.

Ça favorise l’usage de slogans courts et provocants et le recours aux post-vérités. Peu importe la pertinence et la véracité, pourvu qu’on tire sur des fils sensibles. Les peurs, les frustrations, les colères. Et pour ça, idéalement, il faut un coupable qu’on désigne. Ici, le consommateur de viande — sous-entendu, le mec blanc au barbecue. Mettons, de plus de 55 ans. Colères, frustrations, coupable désigné ? Ça ne vous rappelle rien ? Moi si.

Jusqu’il y a dix ans, l’extrême droite s’était fait une réserve amérindienne de ce genre de manipulations. Elle présentait des solutions irréalisables et c’était tant mieux : tant qu’on ne résolvait pas « l’ensauvagement », l’extrême droite avait le champ libre pour stimuler l’encolèrement du peuple.

Et puis voilà-t-y pas que des écologistes ont décidé de copier-coller le système.

Bien sûr, les thématiques sont différentes. Il n’est pas question de migration incontrôlée, mais de climat (et de planète sacralisée), de féminisme, d’anticapitalisme, de droit des minorités, etc. Mais le principe est le même. Un homme agresse une femme. Un message indigné soulève l’idée que ce serait encore un coup du patriarcat et de la « culture du viol ». On vise tous les hommes (les coupables désignés), encolérant un peuple de gauche furibarde. Et ceux qui protestent en disant « pas tous les hommes » se voient raillés, rembarrés. Sauf, bien sûr, les alliés, souvent des hommes blancs de plus de cinquante ans qui, par leur adhésion à la doxa, obtiennent un laisser-penser spécial.

Le parallèle avec l’amalgame dont sont victimes les musulmans est frappant. Après un attentat, l’extrême droite sous-entend que ce n’est pas seulement le djihadisme qui est à l’œuvre, mais l’islam en général, donc les musulmans, sous-entendu, tous les Arabes ou presque.

En même temps, l’égérie politique wokiste offre elle aussi la solution : tous les déconstruire, ces mascus ! Abattre le patriarcat ! En finir avec les féminicides ! Des remèdes tout aussi impossibles à mettre en œuvre que la remigration, et c’est toujours tant mieux pour Sandrine : tant qu’il n’y a pas de solution, elle aura « raison ».

Mawine et Sandwine font win-win.

Le pire, c’est que la concurrence des deux extrêmes les alimentent mutuellement. C’est un win-win permanent.

Ainsi, Sandrine Rousseau s’était déjà distinguée il y a deux semaines en prétendant qu’il faisait 60° en Espagne. Or, il s’agissait de températures au sol, très supérieures à la température de l’air. Elle avait ensuite affirmé qu’elle avait publié cette fake news pour provoquer une saine réaction. Sauf que celle-ci n’eut rien de sain. 

Car depuis, son tweet est — comme prévu — utilisé à qui mieux mieux par les climatosceptiques, trop contents de prouver « factuellement » que les écolos exagèrent. Et comme les premiers n’ont pas plus le sens de la nuance que Sandrine et les Sandrinettes (H/F/X), dès qu’on leur brandit une température de l’air réellement inquiétante (47° effectifs à Palerme, soit deux degrés de plus que le record de chaleur de 1791 à nos jours…), ils crient désormais « c’est la température du sol, pas de l’air ! » 

Quod non. Mais c’est offert par la maison Rousseau, les climatosceptiques ne vont pas se priver !

Les braises du confusionnisme 

Il se passe la même chose quand la badbuzzeuse verte accuse les consommateurs de viande, qui ne lui avaient rien demandé, de foutre le feu à l’Espagne. On a, en retour, une grosse colère des carnassiers (soit un peu tout le monde) sous la forme d’un « Putain, ils vont pas bientôt arrêter de nous faire chier avec leurs injonctions, ces wocolos ? » La droite rêche hurle à la « moraline ». L’extrême droite récupère et savoure. Et on ne peut même pas lui donner tort !

Sandrine Rousseau s’égosille alors qu’on la harcèle, que c’est la faute au masculinisme, brandit son « antifascisme », sa queue de comète s’agite, qualifiant tout critique de harceleur, de facho ou de fragile, ou les trois. 

Certes, elle subit du harcèlement, comme toute personne qui accuse autrui sur les réseaux (homme, femme, nain de Blanche Neige, troll, cyclope…). Le problème, c’est qu’elle assimile toute critique à ce harcèlement. Alors, forcément, les accusés se rebiffent — surtout ceux qui ont réduit leur empreinte carbone par ailleurs. 

L’extrême droite se dit à son tour outrée, tout en recrutant tranquillou des furibards qui n’auraient jamais envisagé de voter Marine s’ils n’en avaient juste ras le bol, cette dernière se léchant les babines du cadeau que lui font, de plus en plus souvent, les quelques sauvageons et sauvageonnes de l’écolowokisme.

Fatale attraction

Le phénomène Sandrine Rousseau n’est pas isolé. Les rézosocios ont amené une nouvelle forme de discours, en général. Tranché et lapidaire. L’encolèrement fonctionne bien mieux que l’explication ou la pédagogie. Alors, certain(e)s cherchent chaque jour une raison de désigner un coupable.

À l’appel de quelques égéries, les cris retentissent avant toute réflexion. Et plutôt que de régler les problèmes, on bousille toute perspective en lançant les encolérés sur de fausses pistes.

Car, non, on ne pourra pas éliminer le pétrole de nos sociétés de sitôt. On en a besoin, par exemple, pour fabriquer des panneaux solaires ou des éoliennes ! Non, on ne pourra jamais en finir avec les féminicides, le racisme, le sexisme, l’homophobie. Ce qu’on peut, et doit faire, c’est tirer, le plus souvent, la société et les êtres hors de ces marais pestilentiels. C’est lent, pénible, compliqué. Du coup, ça paraît voué à l’échec.

Et c’est cette lenteur intrinsèque à la démocratie que les nouveaux Fouquier-Tinville de gauche (LFI, EELV, Ecolo en Belgique, et parfois aussi des partis traditionnels) mettent à profit : ça permet de prétendre que rien ne se fait, que rien n’avance, que personne n’ose leurs « solutions ». 

L’extrême droite tient exactement le même discours.

Mais de solutions, Sandrine Rousseau n’en a pas l’ombre d’une. Elle n’a ni perspective ni sens de l’État. Pendant qu’elle lance le deuxième bad buzz inutile du mois, le G20 qui devait assurer une réduction globale des gaz à effet de serre s’est conclu, ce vendredi, sur… rien ! La Chine en particulier n’ayant aucune intention de réduire ses émissions. 

Et de ce point de vue là, on pourra supprimer tout ce qu’on veut de notre assiette, du bœuf au vin, du fromage au poulet, du petit pois au chou de Bruxelles, ça ne changera rien. 

Car la France représente 0,88% des émissions de gaz à effets de serre dans le monde. Même si la viande comptait pour 15% de celles-ci, ça nous donnerait 0,13 %. La Chine et l’Inde produisaient à elles seules près de 37% des gaz à effet de serre en 2018. Chaque année, la seule augmentation annuelle des émissions de ces deux pays (par exemple 3,7 et 4% en 2017) représente de l’ordre de dix fois la suppression totale de toute consommation de viande et de produits laitiers en France, à supposer qu’on élimine alors tous les ruminants (vaches, moutons, chèvres) du territoire. Sinon, ben oui, ça pète.

Pas idiote, mais si utile !

Les injonctions de Sandrine Rousseau ne nous apprennent donc rien, ne produisent rien, ne servent qu’à cliver. 

Mais si elle est effectivement utile à l’extrême droite qu’elle prétend combattre, il ne faudrait pas prendre Sandrine Rousseau pour une idiote. Elle sait ce qu’elle fait. Elle manie avec talent les méthodes de culpabilisation. Et fabrique des coupables avec une légèreté bluffante. Elle instrumentalise goulûment les colères et les frustrations. Et sa victimisation passe crème. Une cruche ne synthétiserait pas aussi efficacement une doctrine exclusive, identitaire et révolutionnaire, particulièrement séduisante pour celles et ceux qui se sentent abandonnés de la République ou les militantes et militants qui se cherchent un combat durable. 

Le sien est éternel, parce que vain.

Sandrine Rousseau n’est utile qu’à sa propre gloire, à ses propres succès électoraux. Rien de ce qu’elle fait, prône ou dit ne sauvera le climat, n’améliorera le sort des femmes, ou des minorités. C’est évidemment son droit. Mais ce faisant, elle fait passer l’écologie pour un autoritarisme, et décourage les bonnes volontés. 

La critiquer est d’autant plus légitime que la présence de deux (ou plusieurs) extrêmes concurrentes et populistes fortes, à gauche et à droite, perturbe le débat démocratique jusqu’à le rendre inaudible. 

Mais il y a une autre raison : par sa bigoterie encroûtée dans le jugement moral et l’imprécation, elle contribue à tirer la société vers un nouveau puritanisme. Étant éroder les plus innocentes libertés. Au moins autant que celui des pets de vache.

 

 


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© Marcel Sel, 2023. Reproduction interdite sans accord de l’auteur.

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5 Comments

  1. Alain Reisenfeld
    juillet 31, 12:19 Reply
    Excellent édito - et drôle - Monsieur Sel :) "Une certaine gauche écologiste", dites-vous ? Non, la repentance version écoféministe. À chaque génération, des inquisiteurs/trices nous polluent la vie de leurs méthanes. Tandis que le monde tourne toujours ; rien de neuf sous le soleil. Si j'ai les pieds dans l'eau, c'est la faute à Rousseau, si j'ai le feu au derrière, la faute aux braisières machos : Jean-Jacques, reviens corriger la folle dingue !
  2. Mon pauvre Marcel, après cet article remarquable et très juste, qui définit très précisément le problème que pose Sandrine Rousseau (et pour tout dire, d'autres Fouquier-Tinville ou Torquemada de son espèce) je crains fort que vous ne vous preniez encore une énorme shitstorm sur les réseaux sociaux. On va encore vous accuser d'être un "fascisse" (dans le meilleur des cas). Pour ma part je ne peux que vous féliciter pour cet article tout en nuances et basé sur des réalités factuelles facilement vérifiables. Ce qu'on attend d'un vrai journaliste et qu'on ne voit plus dans la presse belge, francophone du moins.
    • marcel
      juillet 31, 18:48 Reply
      Pour l'instant, c'est calme. Ils doivent tous être en vacances en avion :-)
  3. Pascal Debière
    juillet 31, 19:17 Reply
    Eh bien Marcel, quelle belle démonstration. On peut dire que tu as capté le sujet. Il est clair que cela te vaudra encore de nombreuses diatribes virulentes. Mais, ne reconnait on pas la valeur d'un homme et sa juste parole à l'amertume de ses détracteurs? Pour le dire populairement; "Ils vont se gratter où ça chatouille". :-) Pauvre Sandrine, qui se voyait déjà affubler d'un excellent: "C'est la faute à Rousseau" de monsieur Eric Naulleau et qui se retrouve aujourd'hui sous la plume au combien acérée de notre Marcel National. J'avoue, cette lecture m'a été jubilatoire. Un grand merci et bonnes vacances enflammées. PS: Un prix de la bêtise tout particulier à nos médias français de BFM qui annonçaient sur une carte sanguinolente une température de 42°Celsius exactement à l'endroit où je me trouvais en vacances quand la température réelle sur place était de 32°Celsius. Ouf, mon épouse, mes enfants (patriarcat oblige, que les dieux "feminowokistes" me pardonnent) et moi même avons survécu.

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