Comment les médias diffusent les concepts du Hamas. L’exemple par Baudouin Loos (Le Soir).

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Suite à la tragédie de Rafah du 26 mai, Baudouin Loos, journaliste du Soir, s’est fendu d’un éditorial anti-Israël particulièrement virulent qui volontairement ou non propage la rhétorique du Hamas.

Pour rappel, le 7 octobre 2023, l’organisation terroriste a causé le pire pogrom depuis la 2e Guerre mondiale, massacrant à bout portant au moins 1.160 Israéliens, dont 364 jeunes festivaliers désarmés, et enlevant 250 otages, le tout assorti de viols, de décapitations, de familles brûlées vives, d’amputations… 

Tout pays confronté à une telle violence aurait deux objectifs : récupérer le maximum d’otages vivants et éliminer la menace létale permanente qu’est devenu le Hamas. Mais Israël n’aurait pas ce droit.

Parallèlement, tout en tirant 7.000 « roquettes » sur Israël en quelques jours, le Hamas a continuellement utilisé sa propre population comme bouclier humain, attirant l’armée israélienne sur un terrain truffé de pièges et de tunnels, et dès qu’une des actions de Tsahal a causé des morts civiles, l’organisation terroriste a déversé dans l’heure les images atroces des bombardements sur ses réseaux, créant une focalisation qu’on ne voit dans aucun autre conflit ; les images de bombardements, d’où qu’elles viennent, sont toujours atroces, mais on ne les voit pas.

 

Le Mein Kampf du Hamas

Ces images, ces morts innocents, sont un épouvantable capital médiatique et militant pour l’organisation terroriste. Comme le leader politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, le déclarait récemment : « nous avons besoin du sang des femmes, des enfants, des vieillards de Gaza pour réveiller notre esprit révolutionnaire. »

Cette stratégie ultramédiatique et ultravictimaire lui permet de recruter des sympathisants mal informés (et d’autres, très bien informés) pour mener l’intifada mondiale qui permettrait, à terme, de détruire Israël et d’éliminer tout Juif de « cette terre ». C’est son objectif ultime, déclaré, et répété par ses petites mains, manif après manif : « from the river to the sea ». Ce slogan génocidaire prône l’éradication d’Israël, ce qui ne pourrait se faire qu’après un bain de sang dont le 7 octobre n’était qu’un bref aperçu — le Hamas a promis, face caméra, « un million » de 7 octobre.

Si on peut douter de sa réussite — mais qui a jamais cru qu’une Shoah serait possible ? —, la stratégie de l’organisation frériste est limpide : discréditer Israël et les Israéliens afin de leur couper tout soutien international. Bloquer à terme toute livraison d’arme vers Israël (la Wallonie l’a déjà interdit). Et lorsque l’État hébreu sera exsangue et désarmé, éliminer Israël et sa population juive.

Tout cela est exprimé clairement, ouvertement et de façon répétitive. Aussi clairement que dans Mein Kampf. Et ce sont les civils palestiniens qui paient le prix le plus fort de cette stratégie de leurs dirigeants. Et sur tout ça, Le Soir se couche.

Le lobby islamiste, jusque dans nos journaux

On parle beaucoup du lobby pro-Israël, mais jamais du lobby pro-Hamas. Il est pourtant terriblement efficace à en juger par sa récolte de soutiens : universités, ONU, ONG, la reconnaissance récente de la Palestine par trois États européens — que le Hamas a vivement revendiqué comme « sa » victoire —, sans compter le soutien indirect de politiques, de journalistes et, localement, de toute la gauche belge, qui reprend littéralement le discours d’une organisation terroriste, heure par heure, mot par mot. Jusqu’à l’accusation ahurissante de « génocide à Gaza».

Et si l’on pose que toute personne qui propage les données provenant du Hamas sans contexte ni critique, le soutien effectivement, consciemment ou non, on peut dire que c’est au moins en partie le cas de Baudouin Loos.

Il commençait pourtant presque correctement sa chronique, en marge de l’info du jour : Israël a « visé » un camp de déplacés. Baudouin Loos évoquait une « frappe de l’armée israélienne visant des gradés du Hamas le 26 mai [qui] a fait près de 50 victimes dans un camp de tentes où s’étaient réfugiés des milliers de familles.» Il n’écrit donc pas, comme d’autres l’ont fait, que l’armée israélienne a visé sciemment des civils.

Sur ce point, il a raison : rien n’indiquait que c’était le cas. Mais depuis lors, on a la confirmation que ce ne l’était pas. Israël a tiré sur un « complexe » du Hamas où se trouvaient deux gradés. Trois experts indépendants interrogés par CNN ont confirmé que l’armée israélienne a bien utilisé les plus petites munitions possibles, des GBU-39. Ce sont des armes de très haute précision (1m), contenant à peine 17 kilos d’explosifs. C’est ce qu’un pays utiliserait s’il souhaite épargner au maximum les civils.

D’après l’armée américaine et son constructeur Boeing, le GBU-39 est conçu pour « réduire les dommages collatéraux ». Les États-Unis ont d’ailleurs prié Israël de leur donner la préférence afin… d’épargner le plus possible de civils !

Depuis le début de la polémique, Israël semble donc avoir dit vrai. En revanche, le Hamas a immédiatement et lourdement menti, en prétendant que Tsahal avait largué « sept bombes et missiles énormes d’une tonne ». Info reprise par certains médias. Or, on pouvait d’emblée constater, sur les propres images de l’organisation terroriste, l’absence de cratères que de tels engins auraient immanquablement causés (ce que Libé confirme). Le Hamas a aussi donné une localisation qui s’est avérée fausse, près d’un complexe de l’ONU. Le tout, pour aggraver les accusations visant Israël et appeler ses soutiens à manifester à Gaza, en Cisjordanie, devant l’ambassade d’Israël à Bruxelles et dans le monde entier — au Mexique, les manifestants ont tiré des cocktails Molotov sur l’ambassade.

Pourtant, la « vérité journalistique », c’est qu’on ne sait pas ce qui a causé la boule de feu qui a tué des civils. Sur CNN, un expert estime sous couvert d’anonymat que le souffle des deux petits missiles a pu la provoquer, mais pas les shrapnells. Or, sans shrapnells, il est impossible qu’un bébé ait été décapité, comme celui brandi sur un des films diffusés par les Palestiniens. Sur LCI, au contraire, un expert, ex-aviateur qui connaît bien cette munition, exclut cette idée.

L’armée israélienne n’est donc pas seule à penser qu’un stock de munitions ou de carburant se trouvant dans le « complexe » visé par Israël ait explosé et provoqué la catastrophe. D’autant qu’à seulement quarante mètres du camp de déplacés, le Hamas a placé une rampe de tirs de roquettes !

 

La sale guerre des images

Le résultat est horrible ? Oui, mais la faute à qui ? Pour rappel, dans une guerre, on utilise des armes. Elles tuent. Effroyablement. Même un État qui veut limiter les victimes collatérales en utilisant des munitions prévues à cet effet — comme Israël l’a effectivement fait — peut provoquer une tragédie.

Il y avait pourtant un moyen d’éviter le drame du 26 mai lui-même : ne pas placer de complexe du Hamas ni (le cas échéant) planquer des armes ou de munitions au bord d’un camp de déplacés. La seule présence d’une telle installation à cet endroit est un crime de guerre. La présence d’une rampe de lancement de roquettes à quelques dizaines de mètres, également.

Preuve que le Hamas ne veut pas éviter ça, mais au contraire, multiplier les drames les plus sanglants, les plus injustes ! Il a besoin d’images sanglantes à brandir pour étouffer la raison sous une émotion soigneusement organisée et amplifiée par des ONG compatissantes et des journalistes trop engagés.

Dès la troisième ligne de son billet, Baudouin Loos participe d’ailleurs à cette émocratie, en s’encombrant d’un flou bien commode : on n’a aucune idée de qui sont les victimes ! Sur « près de 50 » (selon le Hamas), combien étaient de véritables civils ? Et combien d’autres étaient des opérateurs du Hamas ?

Dans un monde journalistique normal, ce flou, entretenu par l’organisation terroriste depuis toujours, devrait être éclairé par une analyse critique systématique. Beaucoup font le contraire dès qu’il s’agit d’Israël, ne différenciant pratiquement jamais les civils des assassins. En Cisjordanie comme à Gaza. Le Hamas veut faire croire qu’Israël ne tue que des civils. Des journalistes l’alimentent.

 

Les boucliers humains, approuvés par les palestinistes

Pourtant, cette tragédie nous donne une nouvelle preuve que le Hamas cache bien des installations militaires et ses terroristes parmi les civils. Et même, parmi les plus fragiles d’entre eux. C’est cette présence qui a, en tout premier lieu, causé le drame.

Et dès lors qu’il est désormais établi qu’Israël a utilisé les plus petites charges possibles, la question qui se pose est : puisque ça, c’est déjà trop dangereux, puisque ça, c’est déjà « un crime contre l’humanité » ou « un génocide », comment l’État hébreu pourrait-il encore se défendre ? Dès lors que le Hamas utilise systématiquement sa population comme boucliers humains, Tsahal serait donc réduit à ne jamais tirer sur des responsables du Hamas, ou des terroristes, ou le big boss, parce qu’ils pourraient atteindre des civils !

Ce qui revient en fait à attendre d’Israël qu’il ne rentre pas dans Gaza et attende patiemment un nouveau déluge de roquettes visant des civils, dont la presse mondiale ne parlera pas, ou un nouveau massacre que la même presse oubliera dans les vingt-quatre heures pour se concentrer sur la réaction d’Israël, forcément diabolique.

Mais pire encore, à écouter les palestinistes, Israël devrait aussi lever tout blocus de Gaza, cesser de filtrer les entrées de matériel pouvant servir le terrorisme dans la bande, démanteler toutes les protections frontalières et ouvrir ses frontières en grand, histoire que les Gazaouis ne se sentent plus « en prison à ciel ouvert » !

Nous savons pourtant désormais que laisser le Hamas pénétrer en Israël signifie un massacre qui, lui, a tous les aspects d’une action génocidaire. Et que l’angoisse des Israéliens qu’on a pu prendre pour de la paranoïa (c’est mon cas) par rapport au Hamas est en réalité parfaitement justifiée !

La logique ultime de cette attitude est implacable : les Israéliens devraient donc se laisser massacrer sans réaction. Seulement voilà, depuis la Shoah, ce n’est plus une option !

 

Une puissance sans précédent pour les mémoires de canaris

Baudouin Loos continue en s’étonnant que depuis « l’horrible attaque terroriste du Hamas du 7 octobre (1.140 morts) et la prise des quelque 250 otages qui s’ensuivit (sic), l’armée de l’État d’Israël déploie dans la bande de Gaza une puissance destructrice sans précédent. »

Sans précédent ? Voulait-il dire « sans précédent dans le cas d’Israël » ? Dans ce cas, on lui rappellera que le 7/10 est lui aussi sans précédent, depuis 1945. À titre de comparaison, la sinistre mathématique de guerre nous apprend que la réponse d’Israël à plus de 200 tirs de « roquettes » du Hamas, en juillet-août 2014, qui avait été qualifiée (déjà) de « génocide » par les palestinistes, avait fait 2310 morts, selon le Hamas, dont 1483 civils. Et ce, en un mois et 18 jours. Soit 48 tués par jour, dont 31 civils. Le 7 octobre, le Hamas a tué en un seul jour au moins 1160 résidents israéliens, dont 779 civils, sans compter les corps emportés à Gaza. Soit respectivement vingt-cinq fois plus !

Mais s’il parle d’absence de précédents historiques, Baudouin a une mémoire de canari. Du 24 juillet au 3 août 1943, soit en dix jours, les alliés ont déversé 8.650 tonnes de bombes principalement incendiaires sur Hambourg, faisant au moins 45.000 morts, pratiquement tous femmes et enfants. Pas en sept mois : en dix jours.

Le bombardement de Tokyo de la nuit du 9 au 10 mars 1945 a détruit 270.000 bâtiments et tué quelque 100.000 Japonais, presque tous civils, soit près d’un dixième de la population de Tokyo. Pas en sept mois : en une nuit !

J’ai fourni d’autres exemples, y compris plus récents (Marioupol, Alep, Raqqa, Mossoul… ).

 

Le pourquoi qui ne passe pas.

La vraie question est de savoir si Israël a eu la main trop lourde. Ou « pourquoi » Israël a-t-il bombardé aussi massivement ? Selon Baudouin Loos, c’était inutile, puisque le Hamas n’a pas déposé les armes ni rendu les otages à l’heure qu’il est. On aurait envie de conclure inversement : ce n’était en fait pas encore assez !

Sauf que pratiquement tous les otages civils ont bel et bien été libérés après environ 50 jours de bombardements. On peut donc émettre l’hypothèse que c’est justement la puissance de feu impressionnante déployée par Israël au début de son offensive qui a désarçonné l’organisation terroriste. Pour se réorganiser, le Hamas a pu être contraint d’accepter de rendre la quasi-totalité des otages civils contre bien moins de prisonniers palestiniens qu’il n’espérait. Rappelons qu’à la fin de la trêve, c’est aussi le Hamas qui a rouvert le feu en envoyant des centaines de roquettes Qassam.

On peut aussi admettre que Tsahal n’avait guère d’autre choix que de frapper « trop fort » pour atteindre le réseau de tunnels dont personne ne peut plus nier l’ampleur, et que le Hamas réserve à ses terroristes, privant ainsi sa propre population d’abris. Ces tunnels, mais aussi les appartements privés, écoles, bâtiments publics utilisés par ses snipers palestiniens habillés en civil (ce qui est abondamment démontré dans les vidéos publiées par le Hamas sur les réseaux sociaux), constituaient une menace létale pour tout soldat israélien qui allait ensuite mettre un pied dans Gaza. Et dans une guerre, un État normal privilégie la survie de ses propres soldats à la préservation de l’immobilier de l’adversaire. Il fallait donc détruire, considérablement. Yoav Gallant  et Benyamin Netanyahu y ont-ils été trop fort ? Ça peut se discuter. Mais ça n’est pas un fait avéré.

De plus, selon Tsahal, des dizaines de milliers d’appels téléphoniques, des centaines de milliers de SMS, de millions de tracts auraient été envoyés à la population civile de Gaza pour l’avertir de bombardements. Et de cela, on trouve de multiples traces. Comme ce Palestinien qui se plaignait, au début de l’offensive de n’avoir que 15 minutes pour fuir son immeuble avant un bombardement annoncé.

L’une des raisons pour lesquelles le Hamas est plus difficilement saisissable que n’importe quel autre adversaire au monde, c’est justement le fait que Tsahal avertit la population de ses bombardements massifs. Ces efforts, dont on peut trouver qu’ils ne sont pas suffisants, sont néanmoins réels.

 

Les chiffres du Hamas

C’est là que Baudouin Loos enfonce le clou en reprenant sans la moindre retenue les chiffres du… Hamas, pourtant contestés. Il y aurait selon lui « Entre 30.000 et 40.000 victimes dont une majorité de civils, dont plus de 15.000 enfants, écrasés sous les bombes : mais jusqu’où ira donc cette incroyable folie meurtrière ? »

La question est plutôt : jusqu’où ira cette incroyable adhésion à la propagande d’une organisation terroriste, islamiste, fasciste et totalitaire. Car le site de l’ONU ochaopt.org donne le chiffre de 7.797 « enfants » identifiés, soit la moitié du bilan donné par Baudouin Loos. Et même ce bilan-là comprend des identités douteuses, dont le numéro national n’est pas conforme.

Il est certes possible que le bilan global donné par le Hamas soit plus ou moins correct. Mais il n’est pas journalistique. Et surtout, il mêle les terroristes aux civils ! Selon Baudouin Loos comme selon le Hamas, aucun combattant palestinien ne serait donc mort ! Car si 15.000 des victimes étaient des enfants (50%), et 7.500, des femmes (25%), il ne resterait plus que 7.500 hommes. Et seuls 5% des Palestiniens sont des membres armés du Hamas. Cela signifierait que seuls 375 terroristes auraient péri en huit mois de guerre. Et c’est Le Soir qui tente de vous vendre ça !

Ce bilan confond également « mineurs » et « enfants » (généralement vus comme les moins de 11 ans). Ce n’est pas anodin, car, parmi les mineurs, il y a une proportion (inconnue) de militants armés du Hamas et une autre d’adolescents manipulés par l’organisation terroriste — envoyés avant une attaque pour distraire des soldats, par exemple. Les attaques d’adolescents palestiniens en Cisjordanie, notamment contre des civils, sont elles aussi très bien renseignées.

Il semble même que le Hamas ait inclus dans ses chiffres de mortalité les décès provoqués par ses propres forces, ou par ses alliés, comme l’ont été les 500 prétendues victimes de l’hôpital Al-Ahli — en réalité une cinquantaine, tuées par un missile errant tiré par le Jihad islamique. Israël estime qu’un cinquième des milliers de missiles/roquettes envoyés par les factions palestiniennes retombent à Gaza. Ces victimes lui sont aussi imputées.

 

Impitoyable folie contextuelle

Mais pour justifier l’utilisation des termes « incroyable folie meurtrière », il faut bien sortir les chiffres les plus énormes possibles. Ce qui revient pour Baudouin Loos à accréditer ceux d’une organisation terroriste parmi les plus barbares.

En réalité, même les chiffres du Hamas ne seraient pas particulièrement « incroyables » ni « fous » dans une guerre urbaine, comme je l’ai montré précédemment. À titre d’exemple, juste à-côté d’Israël, le « camp » palestinien de Yarmouk, du gouvernorat de Damas, a vécu sept années d’atroces souffrances pendant la guerre de Syrie, qui a fait entre 300.000 et 500.000 morts, et trois ans de blocus total pas le gouvernement syrien. Mais là, pas d’accusation de génocide. Et pas de manifestation.

On ne connaît pas le bilan de Yarmouk, mais on sait que le camp « de réfugiés » comptait 160.000 habitants en 2011. Il n’y en avait plus que 6.000 six ans plus tard. Qui a alors hurlé à la folie meurtrière ? Pas grand monde. Qui a manifesté devant l’ambassade de Syrie ? Rima Hassan ?

Cette « impitoyable folie meurtrière », nous pourrions aussi la retourner contre nous-mêmes. Quand l’État islamique a tué 200 de nos concitoyens français et belges, nous avons lancé nos avions bombarder Daesh et notamment Raqqa et Mossoul, tuant, avec l’ensemble de la coalition, entre 8.000 et 13.000 civils, dont 1.725 à 1.367 enfants, selon Airwars. Soit, au bas mot, 40 fois plus que les victimes des attentats en Europe. Pour nous protéger d’un danger situé à 4000 km de chez nous.

Le Hamas, lui, est juste à côté d’Israël…

 

Des salades pour des roquettes

Baudouin Loos semble ensuite partager l’objectif du Hamas : inciter le monde à couper tout soutien à Israël. Il écrit : « Quand les alliés d’Israël, les États-Unis et les États européens, lui diront-ils : ‘Ça suffit ! Nous sommes écœurés par ce carnage sans fin et notre soutien inconditionnel va s’arrêter’ ? »

Or, l’arrêt du soutien à Israël signifie, par exemple, l’arrêt du dôme de fer, qui protège les Israéliens des milliers de roquettes et missiles lancés par le Hamas et le Hezbollah à un rythme quotidien sur des cibles civiles en Israël. Ce qui n’émeut pas Le Soir. Le matin même de la tragédie de Rafah, le Hamas en a encore tiré huit vers Tel-Aviv !

Au cours des premiers jours du « Déluge d’Al Aqsa », les factions palestiniennes ont tiré 7.000 « roquettes » (certaines font plus de 2m de long) sur Israël, dont 3.000 rien que le premier jour. Le dôme de fer en a intercepté la majorité. Mais combien de civils, de mineurs, d’enfants, de femmes, les milliers de missiles interceptés auraient-ils tués sans ce dôme ?

C’est ce qu’on saura peut-être quand les USA et l’Europe couperont, comme semble le demander Baudouin Loos, les vivres et les armes à l’État hébreu, entouré d’États hostiles, proxys de l’Iran : Liban (Hezbollah), Hamas, Syrie, Iran…

 

Les calculs sont pas bons

Continuant sur sa lancée, le journaliste explique que « Les crimes du Hamas le 7 octobre – et les prises d’otages qui continuent (sic) » n’autorisent pas « Israël à se venger en faisant plus de 30 fois plus de victimes dans la population palestinienne ». Pardon, mais 24.686 divisés par 1490 (soit le nombre de morts renseignés officiellement déclaré dans chaque camp), ça fait 17 et non 30.

En utilisant le terme « autoriser », Baudouin Loos part du principe qu’Israël a choisi de faire « trente fois » plus de victimes, surtout chez les femmes et les enfants. C’est curieux, non, cette propension des missiles israéliens à être aussi sélectifs ? Loos omet un élément fondamental dans le droit de la guerre : le nombre de victimes ne s’estime pas d’un camp envers l’autre, mais bien en fonction des objectifs militaires. C’est uniquement par rapport à la puissance de feu nécessaire à cette fin (éradiquer le Hamas et faire libérer les otages) que le nombre de tués a un sens.

La configuration joue un rôle aussi : si une batterie de lanceurs de roquettes visant votre pays est adossée à une école maternelle, avez-vous le droit d’éliminer la batterie au risque de causer un massacre de bambins innocents ? Sachant que laisser la batterie en place fait courir un risque à vos propres bambins innocents ?

La guerre est une horreur, une épouvante, la plus violente des injustices. Mais il faut tenir compte du contexte avant de la commenter ou de s’émouvoir de telle ou telle conséquence.

C’est le Hamas, et non Israël, qui a sciemment organisé l’inflation effroyable de ce nombre, en se cachant dans un réseau hallucinant de tunnels, privant les civils de toute protection, en tirant des « roquettes » depuis le mur mitoyen d’une école, depuis des mosquées, des appartements, des camps de déplacés, en installant des ateliers de fabrication d’armes dans d’autres écoles, sous des chambres d’enfants, toutes choses très bien démontrées par Tsahal, images à l’appui !

 

Vengeur masqué

Baudouin Loos vous explique dans la même phrase qu’Israël fait des victimes pour « se venger ». Pourtant, il faudrait être totalement dénué de raison pour claquer des milliards en armement, immobiliser l’économie de son pays, envoyer des soldats par dizaines de milliers au front, et par centaines à la mort, par simple « vengeance ». Ou alors, il faut avoir 10 ans d’âge mental.

Cette idée de vengeance a rapidement mûri au sein du palestinisme mondial et alimente la diabolisation d’Israël, cet État immoral, qui ne peut se battre pour sa survie, pour sa paix intérieure, pour tenter de sauver quelques otages. Mais uniquement pour « se venger ».

En réalité, s’il y a évidemment une dimension vengeresse dans toute contre-attaque, cette dimension ne concerne pas les victimes civiles dans ce conflit. En attestent notamment les centaines de milliers de messages d’avertissement envoyés par Tsahal aux Palestiniens. En réponse, le Hamas aurait, de sources diverses, empêché ou découragé un certain nombre de civils de fuir les zones les plus dangereuses. Baudouin Loos devrait se demander pourquoi.

La réponse est donnée par Ismaïl Haniyeh : parce que chaque enfant, bébé, chaque femme qui meurt dans un bombardement sont un capital médiatique pour l’organisation terroriste. Le Hamas l’a dit et répété : il aime la mort autant que les Israéliens aiment la vie. Il brandit des images de pauvres victimes sans jamais attendre l’accord de ses proches. À ce jeu, Israël joue perdant. Il a fallu huit mois pour que les familles des quatre appelées de 19 ans prises en otage par le Hamas autorisent leur gouvernement à publier les images de leurs filles brutalement traitées. Et on ne parle même pas des centaines de morts dont vous ne verrez jamais le corps — particulièrement les plus jeunes.

Mais bon, la civilisation, la pudeur des familles, la censure des pires horreurs, c’est vieux jeu !

Des hôpitaux ressuscités.

Poursuivant sur sa lancée, Baudouin s’interroge : « La neutralisation du Hamas passe-t-elle par l’anéantissement d’un territoire désormais devenu inhabitable ? Pourquoi, notamment, toutes les installations hospitalières, dont il n’a jamais été prouvé qu’elles constituaient des ‘bases’ du Hamas, ont-elles été anéanties ? »

Bon. Le territoire de toute ville est inhabitable après une guerre urbaine. Qu’il s’agisse d’Alep, de Caen, de Dresde, de Mossoul, de Raqqa, de Marioupol, de Vukovar, etc. Avec 60% de logements gazaouis détruits ou endommagés en huit mois (contre 68% à Caen en 78 jours, en 1944), Israël ne détient en fait aucun record. Et les villes précitées ne contenaient pas, elles, de tunnels.

Quant aux installations hospitalières, les preuves données par Tsahal de leur utilisation à des fins terroristes — notamment un tunnel sous l’hôpital Al-Shifa qui l’alimentait en électricité ; la présence d’otages dans les locaux ; des témoignages multiples, des armes retrouvées dans plusieurs annexes ou services… — ne suffiront jamais !

Mais le pire, c’est que l’info donnée par Baudouin Loos est fausse, selon l’OCHA. Si 20 hôpitaux sont bien hors service (ce qui ne signifie déjà pas qu’ils ont été « anéantis »), 16 hôpitaux sont toujours au moins partiellement en service et 8 hôpitaux de campagne fonctionnent — dont 5 à Rafah. Sans l’accord d’Israël, ce matériel n’aurait jamais pu passer la frontière.

 

Les otages perdus

Dans le paragraphe suivant, où il semble douter que le gouvernement israélien veuille sincèrement anéantir le Hamas et libérer les otages, le journaliste s’étonne encore : « mais [Netanyahu] peut-il ignorer que le Hamas n’est pas vaincu et que les otages meurent les uns après les autres, dont beaucoup victimes des bombes de leur propre armée ? », reprenant la logique — encore! — du Hamas.

Car dès lors que l’organisation a commis le crime de guerre de prendre des Israéliens en otage, elle est responsable de tout ce qui leur arrive. D’ailleurs, lorsqu’Israël parvient, dans une opération audacieuse, à libérer deux de ses otages, les mêmes qui raillent son incapacité à les repérer lui reprochent la brutalité de son action, pourtant légitime.

Au passage, le raisonnement est fallacieux du début à la fin : quand les Alliés sont entrés dans Berlin, les nazis n’étaient pas encore vaincus non plus. Même Daesh n’est pas tout à fait vaincu aujourd’hui. Mais son pouvoir de nuisance a été réduit à peau de chagrin — du moins en Europe et au Moyen-Orient. C’est l’objectif du gouvernement israélien.

D’ailleurs, on peut tourner les choses comme on veut, Netanyahu n’a pas le choix : il doit aller jusqu’au bout, ou à quelque chose qui y ressemble. Aucun État ne peut tolérer une menace létale permanente à sa frontière. Aucun État ne peut accepter qu’on prenne ses citoyens — jusqu’à un bébé toujours pas libéré — en otage dans des circonstances atroces (relatées par les otages libérées, surtout les femmes) en leur refusant l’accès à la Croix rouge et aux soins les plus élémentaires. Ce n’est rien de moins que de la barbarie !

 

La démocratie, ce fascisme !

Pour conclure, Baudouin Loos trouve que les États-Unis et des États européens devraient dire au gouvernement d’Israël « que la présence en son sein de suprémacistes juifs racistes et partisans de l’expulsion des Palestiniens n’est en rien compatible avec les idéaux démocratiques dont ce pays se prévaut. »

En effet, ça n’est pas plus compatible que Geert Wilders aux Pays-Bas, les Démocrates suédois, Meloni en Italie, Orban en Hongrie, le FPÖ autrefois en Autriche, la possible victoire du RN en France, ou celle de Trump aux USA ! Ou quoi ? Nous, on peut, mais Israël pas ?

C’est malheureusement l’un des effets pervers de la démocratie : parfois, les extrêmes y arrivent au pouvoir, souvent en  coalition. Ça ne signifie pas qu’ils détiennent ce pouvoir : Ben Gvir, ce fou furieux, peut s’égosiller H24 qu’il faut reconquérir Gaza et expulser les Palestiniens, ce n’est toujours pas le plan du gouvernement !

Oui, il y a des racistes dans le gouvernement israélien. Non, ils n’ont pas le pouvoir de mettre leur programme à exécution. Et oui, il n’y a que des suprémacistes racistes et partisans de l’expulsion ou du génocide des Israéliens dans le gouvernement de Gaza, celui-là même dont le journalisme mondial boit les chiffres sanglants sans se poser de question !

Les décisions introuvables

Quant à « Binyamin Netanyahou », il devrait accorder, toujours selon Baudouin, « un peu d’attention au droit international qui accumule les décisions qui les accusent de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ». Tiens ? Mais quelles « décisions » ? La Cour Pénale Internationale n’a pas encore avalisé les mandats d’arrêt contre Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant et même dans ce cas, ils restent présumés innocents jusqu’au jugement. Il n’est même pas sûr qu’elle le puisse, dès lors qu’Israël dispose d’une justice indépendante.

Quant aux mesures conservatoires édictées par la Cour Internationale de Justice sur base d’une accusation de « génocide » lancée par des Sud-Africains pro-Hamas, elles ne constituent pas une « décision » de justice, mais des mesures intermédiaires qui visent à préserver un droit plausible des Palestiniens de ne pas être victime de génocide. Il n’y a donc eu aucun jugement sur le fond.

Rien n’est donc « accumulé » pour l’instant, parce que rien n’est démontré. Et on peut penser que le cas échéant, la CPI sera inondée de documents confidentiels : chaque opération israélienne est précédée d’un avis juridique émis par un bataillon de juristes !

Le bouquet final est à la hauteur du reste, puisque le journaliste de ce qui fut autrefois le plus grand quotidien belge conclut en reprochant aux millions de citoyens israéliens d’appuyer « massivement la poursuite de l’offensive militaire à Gaza » et de ne pas se rendre compte « que le monde regarde, que les gens s’indignent des massacres et qu’ils finiront par faire de l’Etat qui les ordonne un paria parmi les nations ? »

Massacre, n.m : Action de massacrer, de tuer des gens sans défense : Le massacre de la Saint-Barthélemy. (Larousse).

Apparemment, on peut faire confiance à Baudouin Loos pour faire d’Israël un paria. En propageant les concepts et les accusations forgés par Yahya Sinwar, Mohamed Deif, Ismaïl Haniyeh, autant de copycats d’Adolf Hitler dont la gauche boit les paroles et répercutent la propagande. Pour le plus grand bonheur des antisémites primaires, secondaires et tertiaires.

Le seul État juif en paria ? Pour avoir mené des opérations similaires à bien d’autres ? Les islamistes en ont rêvé. Des éditorialistes y travaillent avec application. Le pire, c’est peut-être qu’ils pensent réellement que ça va aider les Palestiniens !

Scoop : seule la disparition totale du Hamas peut aider la population.

Et étrangement, la barbarie absolue de cette organisation terroriste, totalitaire, raciste et fasciste, qui sacrifie jusqu’à sa propre population au nom d’un combat qui, lui, pourrait bien ne jamais aboutir, a tellement peu fait de la Palestine gazaouite « un paria » que les mêmes israélophobes appellent à la reconnaître officiellement. Le plus vite possible. Pour la paix. Celle, bien sûr, du Hamas, du FPLP, du Jihad islamique.

Oubliant que la paix, chez ces islamistes et ces fanatiques, c’est la mort.

 

Tant que vous êtes là…


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