Comme un polar : Myriam Leroy a menti, Florence Hainaut a menti. Et l’Association des Journalistes les a couvertes.
Edit du 1er juillet 2023
Le titre et la conclusion de cet article font l’objet d’un avis négatif du CDJ qui reconnaît par ailleurs le sérieux de l’enquête qui suit. La décision est à lire ici.
Mes commentaires quant à cette décision et à celle concernant Myriam Leroy (également objet d’un avis négatif) sont à lire ici. À noter qu’elle a présenté au CDJ un indice qui pourrait la « disculper », mais je n’en ai pas reçu copie ce jour.
Temps de lecture : 38 minutes.
Le pitch
En 2017, Florence Hainaut a porté plainte pour harcèlement « contre » un compte Twitter. Tous les indices dont je dispose indiquent que Myriam Leroy était l’autrice de ce compte.
Pour dissimuler cette information compromettante, elles ont accusé de harcèlement ou de complicité plusieurs journalistes qui ne croyaient pas à leur version et elles ont intenté des procédures qui visaient à empêcher la manifestation des faits (CDJ, plaintes, citations). Je suis désormais convaincu que l’objectif n’a jamais été pour elles de se défendre d’un « harcèlement », mais bien de discréditer ces voix discordantes.
Pour avoir levé un bout du voile de façon argumentée, je suis devenu leur cible principale, notamment au plan juridique. Depuis septembre 2020, je reçois ainsi une citation en justice en moyenne tous les quatre mois et je n’ai ni moyen ni protection. L’Association des Journalistes professionnels (AJP) en a financé trois, plus deux appels. J’ai été acquitté deux fois déjà. L’AJP a alors publié un article calomnieux pour atténuer la portée de ces acquittements. J’ai demandé un droit de réponse, qui m’a été refusé sèchement.
Mais pourquoi ?
LH Confidential
Je ne me doutais pas, le 26 avril 2018, que je mettais le doigt sur une affaire ravageuse pour les futures autrices du documentaire #Salepute et pour l’AJP qui les soutient.
Je n’imaginais pas que dans les années qui suivraient, la « corporation » (entendez les syndicats des journalistes) sacrifierait la « vérité journalistique ». Qu’à l’analyse des faits, elle préférerait discréditer les journalistes qui douteraient de sa version « officielle ».
Il fallut que je subisse — ainsi que d’autres — quatre ans de dénigrement, de calomnies, d’attaques en meute, visant aussi ma famille, et des procédures entendant me soutirer jusqu’à 26.000 euros pour qu’enfin, je saisisse le fin mot de l’histoire. L’histoire ? Le polar, plutôt. Où un journaliste se voit pourchassé sans comprendre pourquoi.
Générique de début, musique de Miles Davis, moteur.
Twin Chicks
2017. Florence Hainaut a quitté la RTBF depuis six mois. Sur Twitter, sous le nom @floheyno, elle épingle à la hussarde pour un fan-club de plus de 20.000 followers. Elle est aussi chroniqueuse gastronomique. Le 5 février apparaît un compte Twitter satirique appelé Florance Hainaut (avec un a), dont le nom Twitter est @floheynow, avec un w à la fin. Son descriptif : « Bobo ixello-st-gilloise, j’aime le vin nature hors de prix, les restos étoilés et sermonner la toile avec mes certitudes. Compte parodique et irrévérencieux. »
Le 11 février — 6 jours plus tard — Florence Hainaut me contacte en message privé — elle distribue de temps en temps à ses « alliés » une « info » sur un compte qui, selon elle, la « harcèle ». Je vais donc voir ce compte @floheynow dont elle se plaint. Il a quatre abonnés. Il pratique une satire plutôt drôle. J’écris à Florence qu’elle devrait s’en ficher. Ma réponse n’a pas d’effet.
Selon la police, c’est ce même jour, 11 février 2017, que Florence déclare trouver le numéro IP de la personne derrière @floheynow, avec un ami « qui touche sa bille en informatique ». Pour ce faire, elle affirme avoir envoyé un lien piégé en message privé à @floheynow. Le principe : si la personne qui se cache derrière le compte satirique clique sur ce lien, elle renvoie sans le savoir son adresse IP — une donnée privée — à l’expéditrice.
Florence affirmera plus tard à la police qu’elle a aussi fait l’exercice avec les comptes Facebook et Twitter d’une autre personne en particulier, que j’ai appelée Pascal Lebrun (nom fictif), et que Myriam Leroy accuse également de la harceler.
Mais pourquoi Pascal Lebrun et lui seul ? Vraie question. Car ce n’est pas du tout son style de texte. Aucun autre indice ne mène à lui. Florence Hainaut aurait pu viser une bonne dizaine d’autres personnes. Mais la journaliste n’a aucun doute, et le déclarera à la police : elle a « le même harceleur » que Myriam Leroy.
Dix sommes en colère
La pêche de Florence Hainaut réussit. Elle obtient l’adresse IP de @floheynow. Mais la CCU l’identifiera plus tard comme étant celle de Myriam Leroy. En décembre 2021, dans un podcast de Guillaume Hachez, cette dernière affirmera notamment qu’il s’agissait d’une erreur.
Une erreur ? Il y a 4,3 milliards de combinaisons possibles pour une adresse IP. La probabilité que Florence Hainaut ait reçu une adresse erronée en retour et que cette erreur corresponde pile à l’adresse IP de Myriam Leroy est donc théoriquement de 1 sur 4,3 milliards…
Mais Florence Hainaut affirme aussi qu’elle a reçu la même adresse IP des comptes Facebook et Twitter de Pascal Lebrun. Or, c’est matériellement impossible. Parce qu’une chose est sûre : Pascal Lebrun n’est pas Myriam Leroy. Ils ne vivent pas au même endroit. Ils n’ont pas la même adresse IP.
Il y aurait donc là aussi une erreur ? Les chances que deux essais consécutifs mènent à une seule et même erreur, qui donnerait deux fois l’adresse IP de Myriam Leroy à la place d’une autre, sont d’une sur 18,9 milliards de milliards. Et les probabilités que cela arrive trois fois (pour @floheynow, et pour les deux comptes Twitter et Facebook de Pascal Lebrun) sont d’une sur… plusieurs millions de fois le nombre d’étoiles dans l’univers !
Lie to metoo
J’ai enquêté à charge et à décharge, j’ai fait des tableaux pour vérifier dans quelles circonstances Florence Hainaut aurait pu obtenir ce résultat incroyable. Il n’y en a que deux. La première : son ami qui « touche sa bille en informatique » a envoyé le même lien piégé aux trois comptes, et seule la personne derrière @floheynow a cliqué dessus, mais trois fois ! Dans ce cas, Florence obtient bien trois fois le même résultat, mais d’une seule personne. Ce qui signifierait que son ami ne touche absolument aucune bille. Et Florence a menti sur ses qualités.
Mais surtout, cette possibilité ne peut exister que si @floheynow est bien Myriam Leroy. Sinon, on est repartis dans les étoiles !
Il y a une seconde possibilité, la seule qui « disculperait » Myriam Leroy (« disculperait » entre guillemets, parce que rien n’indique que ce compte était effectivement coupable de « harcèlement ») : Florence Hainaut aurait tenté de « pêcher » ces adresses IP depuis le domicile de Myriam elle-même, et son ami informaticien aurait commis trois fois la même grossière erreur de manipulation, se renvoyant sa propre adresse IP ! Mais trois grossières erreurs de suite pour quelqu’un qui « touche sa bille en informatique », ce n’est pas crédible.
Il reste une dernière explication à cette « triple découverte » : c’est que Florence mente sur sa « pêche ». Elle a bien chopé l’adresse IP de @floheynow, mais Pascal Lebrun, lui, n’a pas cliqué sur les liens qu’elle lui a envoyés sur Facebook et Twitter. Elle est néanmoins à ce point persuadée qu’il est l’auteur du compte satirique qu’elle « décide » que son adresse est forcément la même que celle de @floheynow !
Mais dans ce cas, au moment de donner ces informations à la police, Florence Hainaut commettrait une dénonciation calomnieuse, passible de quinze jours à six mois de prison.
Myriam Leroy insinuera par la suite qu’elle n’était pas en Belgique au moment où Florence Hainaut a pêché son IP. Alibi. Car si elle n’est pas chez elle ce jour-là, elle ne peut pas avoir répondu au message privé de Florence Hainaut depuis son domicile (et donc son adresse IP) et ne peut donc pas être @floheynow. Mais ça rend la présence de Florence Hainaut chez elle d’autant moins crédible !
Toujours à charge et à décharge, j’ai donc cherché à savoir si Myriam Leroy était en Belgique le 11 février 2017. Elle était dans une émission à la RTBF, et j’ai demandé à son invité si l’émission était en direct ou non. Ça lui a été rapporté, et elle s’est alors fendu d’une story injurieuse, où elle reconnaît qu’elle était bien en Belgique le 11 février.
Usual suspects
Le lendemain, 12 février 2017, Florence Hainaut me recontacte en message privé. Elle me demande « tu vois qui est [Pascal Lebrun] ? » Je réponds : « le blogueur rock ? ». Elle ajoute : « un grand ami de Destexhe ». Et elle m’assure que ce Pascal Lebrun est derrière le compte @floheynow.
Or, huit mois plus tôt, elle m’a déjà « donné » des identités de comptes anonymes en message privé, m’incitant à les dévoiler publiquement. Sauf qu’après vérification, ces identités se sont révélées fausses. Subodorant un binz semblable, je lui donne donc un conseil amical : « Sois hyper sûre avant de faire quoi que ce soit, hein ! » La conversation s’arrête là.
Coïncidence ? Le même jour, Myriam Leroy demande à un « spécialiste de la cybercriminalité » comment porter plainte contre une personne qui lui a envoyé deux messages « à caractère gynophobe » sur les forums de la RTBF et de la SACD. Elle a le numéro IP de l’auteur et elle est sûre, elle aussi, qu’il s’agit de Pascal Lebrun — ce que rien ne démontrera. Elle livrera par la suite aux enquêteurs un troisième message sexiste posté sur le forum de la SACD, qu’elle attribuera toujours à Pascal Lebrun. Mais la police trouvera le coupable : un cyberharceleur récidiviste du Hainaut qui n’a aucun lien avec celui-ci.
Quatre jours plus tard, le 16 février, soit 11 jours après l’apparition du compte @floheynow, le commissariat d’Ixelles enregistre la première plainte de Myriam Leroy, contre Pascal Lebrun. Elle déclare vouloir le coincer quoi qu’il arrive : « s’il advenait […] que [Pascal Lebrun] n’était pas l’auteur dudit commentaire, je souhaite tout de même porter plainte pour ‘l’ensemble de son œuvre’ », datant principalement de 2013. Il sera condamné le 21 décembre 2021 à 10 mois de prison avec sursis. Il fera appel.
Le nom de la prose
Si l’adresse IP laisse déjà peu de doutes quant fait que @floheynow serait Myriam Leroy (pour toute autre affaire, il n’y aurait même aucun doute), il reste à voir si d’autres indices vont dans le même sens. Et de fait, tous les éléments objectifs dont je dispose alimentent cette version, et aucun ne permet d’en envisager une autre.
Ainsi, le 19 février 2017, le compte satirique @floheynow s’en prend brusquement à moi. Une chose que Pascal Lebrun n’a jamais faite, et n’a aucune raison de faire. Ce matin-là, j’ai tweeté que mon premier roman, Rosa sera dans 11 jours chez Filigranes. Le même jour, @floheynow « cite » mon tweet en ajoutant : « et il y restera ».
Mais pourquoi diable une personne qui crée un compte pour se moquer de Florence Hainaut tacle tout à coup Marcel Sel ? À cette époque, très peu de gens m’agressent aussi gratuitement.
J’écris alors en privé au compte satirique @floheynow : « Ça sert à rien d’essayer d’obtenir une réponse ou un [partage] pour gonfler votre nombre de followers, hein ».
@floheynow me répond : « Un [partage] de votre part? Hou non, surtout pas, c’est comme pour votre livre… »
Ce tweet et ce message privé correspondent à la fois au style vif et tranchant de Myriam Leroy et à son attitude à mon égard — elle m’a déjà plusieurs fois attaqué sur les réseaux sociaux par des messages semblables, depuis 2015. Accessoirement, tout comme @floheynow, Myriam Leroy ne met pas d’espace avant un point d’interrogation, mais en met souvent devant les points d’exclamation.
Et puis surtout, le rejet épidermique de mon livre, réitéré en message privé, fait sens pour quelqu’un qui l’aurait reçu : ne sachant pas qui est @floheynow, je ne pourrais évidemment pas le lui envoyer ! Or, à ce moment-là, seuls des journalistes ont reçu mon premier roman, en exemplaires de presse. Dont Myriam Leroy — avec une gentille dédicace. Et c’est la seule qui ait manifesté un refus abrupt de le voir, de l’avoir…
De façon isolée, ce tweet et ce message privé ne sont que des indices. Mais dès lors que l’adresse IP mène à Myriam Leroy, ce sont aussi des confirmations.
Accessoirement, si Myriam est @floheynow, on notera que les deux comparses semblent vouloir attirer mon attention sur ce compte microscopique, à huit jours d’intervalle seulement.
Cette capture d’écran d’un tweet du 19 février brandie par Florence Hainaut dans un droit de réponse, ne sera réalisée qu’après le 7 mai 2017, date où @floheynow publiera son 88e tweet, soit peu avant sa fermeture, ce même mois de mai. Question : au moment où elle prend cette capture, Florence Hainaut sait-elle que ce compte va bientôt fermer, ou est-ce un hasard ?
En tout cas, dans son 88e tweet, qui sera l’un des derniers, le compte satirique se moque simplement — et gentiment — d’une chronique de Florence Hainaut dans So Soir, où la journaliste conclut qu’une note de restau à 200 € est finalement raisonnable. Le compte satirique tweete : « Sérieusement, vous vous adressez à qui ? »
Autre détail intéressant : ce 88e tweet est envoyé via l’app Twitter for iPhone. Preuve que @floheynow ne tweete pas que de chez lui. Ou plutôt, de chez elle ?
Enfin, selon Myriam Leroy, @floheynow tweete « depuis Ixelles ». C’est à la fois la commune de Pascal Lebrun et la sienne.
Quête des Orfèvres
Pascal Lebrun est convoqué à la police en mai 2017 suite à la plainte de Myriam Leroy. L’enquête se boucle rapidement. Rien ne permet de le relier aux commentaires « gynophobes ». Pour le reste de son œuvre, le suspect obtient, le jeudi 31 août 2017, un classement provisoire assorti d’un « avertissement sévère ». Il promet, par écrit, de ne plus contacter Myriam Leroy d’aucune manière. Si elle veut la paix, comme elle le clamera ensuite, elle a désormais une bonne chance de l’avoir.
Mais le 31 octobre 2017, sans qu’aucun fait nouveau n’intervienne, Myriam Leroy et Florence Hainaut portent chacune plainte, cette fois avec constitution de partie civile, ce qui oblige le parquet à nommer un juge d’instruction et à refaire l’enquête. Les deux journalistes ont la même avocate, au minimum cofinancée par l’Association des Journalistes professionnels, dont le service juridique suit le dossier. Au moins un mail (de mai) atteste que les deux journalistes s’échangaient auparavant des informations sur Lebrun.
De son côté, Florence Hainaut porte plainte contre X. Mais désigne Pascal Lebrun comme suspect unique. « J’ai commencé à être harcelée par [Pascal Lebrun] en février 2017 », déclarera-t-elle. Soit à l’apparition du compte @flohenow. Elle évoque vaguement quelques antécédents « harcelants », mais sans présenter de preuves.
Elle livre aussi aux policiers l’adresse IP qu’elle a pêchée en février, et déclare donc qu’elle correspond à la fois au compte usurpé @floheynow et aux comptes Facebook et Twitter de Pascal Lebrun.
Au moment où elle porte plainte, le délai de réquisition (soit le délai autorisé pour demander à Proximus l’identité liée à une adresse IP) est dépassé. Il est en principe de six mois. Si Myriam est @floheynow, elle n’a donc pas grand-chose à craindre : le délai est passé depuis le 11 août. Mais pour une raison inconnue, le juge d’instruction utilise le délai réservé aux délits punis de plus de cinq ans de prison, soit neuf mois.
Unusual suspect
Le 29 novembre 2017, deux agents de la CCU se rendent donc chez la journaliste, pour prendre une nouvelle déposition et lui demander si elle est l’autrice du compte @floheynow. Myriam Leroy jure ses grands dieux qu’elle n’y est pour rien, qu’elle ne comprend pas, qu’il y a forcément une erreur.
Les policiers vérifient alors sa connexion internet. Myriam Leroy expliquera par la suite que cette vérification policière est destinée à comprendre ce qui a pu se passer. C’est à nouveau impossible : Myriam a déménagé depuis les faits. Elle utilise désormais la connexion de son compagnon. Toute activité liée à son adresse IP de février a disparu. Le compte @floheynow a été fermé en mai. Toute activité liée à celui-ci a disparu aussi. Les enquêteurs ne peuvent donc rien constater ! Et ils le savent.
Cet examen policier ne vise en fait qu’à voir si Myriam Leroy sécurise bien son wifi, en règle générale, et non pas dans le cadre de l’enquête. C’est confirmé par son PV d’audition, où elle déclare que les policiers lui ont fait changer ses mots de passe.
Mais dans la version des faits que Myriam Leroy donnera trois ans plus tard, elle expliquera que, suite à ce contrôle, la police a conclu qu’il « ne fait aucun doute qu[‘elle a] été piratée. » Et qu’il « ne sert à rien de porter plainte : il est illusoire d’espérer confondre le hacker si longtemps après les faits ».
Or, une source très proche de l’enquête m’a confirmé que la CCU n’a jamais conclu qu’il y avait eu piratage, et n’a pas donné une telle information à Myriam Leroy. Et pour cause : rien ne le permettait.
Alibi baba
Myriam Leroy va même se trahir toute seule : dans un droit de réponse à un de mes articles, en 2020, elle fabriquera un faux alibi en publiant le relevé Proximus d’attribution de l’adresse IP obtenue par la CCU. À partir de ce document qui l’incrimine, elle prétendra que les heures indiquées « chaque nuit à 2h57 [sont un] indice de l’utilisation d’un script ou d’un robot ». Et c’est faux ! La mention horaire « 2h57 », est dans la colonne « Start time », et indique simplement l’heure à laquelle son adresse IP lui a été attribuée, chaque jour, par Proximus : cette attribution se fait toujours en heure creuse, donc vers 3h du matin. Il n’y a aucun indice de robot ou de script sur ce document. Et ni un policier de la CCU ni un informaticien ne peut lui avoir dit ça !
Deuxième alibi : elle déclarera qu’elle n’était pas en Belgique au moment où Florence a chopé son adresse IP. C’est vrai uniquement pour le 19 février 2017, mais la police a situé la pêche à l’IP de Florence Hainaut le 11 février, et non le 19. Afin de vérifier si la police pouvait avoir commis une erreur dans la date, j’ai donc contacté Florence Hainaut. Pas de réponse.
Le Pire Rate
La réalité, c’est qu’en ce 29 novembre 2017, Myriam Leroy est devenue la suspecte numéro un dans l’affaire du harcèlement présumé de Florence Hainaut. Elle nie. Mais ça ne lui suffit pas. Elle invente aussi un nouveau délit, en prétendant qu’elle a été piratée. Et elle désigne même un coupable ! Et ça, à nouveau, c’est Pascal Lebrun, toujours lui, qui est tout à coup devenu pirate informatique par-dessus le marché !
Certes, il s’est lui-même vanté dans le passé de pouvoir retracer les gens sur les réseaux, histoire d’impressionner des interlocuteurs. Mais c’est un bluff de vantard que personne n’a pris au sérieux. Il a d’ailleurs expliqué en 2012, dans un de ses articles, qu’il était nul dans le domaine. Cette vantardise a soit impressionné, soit servi Myriam Leroy. Car un mois avant la visite des condés, dans sa plainte d’octobre 2017, elle a semé l’idée que Pascal Lebrun avait des compétences informatiques…
Or, cette « information » ne figurait pas dans sa première plainte (de février) ni dans les deux compléments qui ont suivi. Elle n’est apparue qu’au moment où Florence Hainaut a porté plainte elle aussi. À ce moment-là, si Myriam n’était pas @floheynow, elle ne pouvait pas imaginer que la CCU allait bientôt faire le lien entre le compte satirique et elle-même.
Enfin, ces compétences n’ont aucune utilité dans la plainte, puisque Pascal Lebrun n’est accusé de rien qui ait trait à une compétence particulière.
Larme fatale
Le 31 octobre 2017, Myriam Leroy écrit donc dans sa plainte : « [Pascal Lebrun] semble disposer de compétences informatiques : il y fait non seulement référence dans son mail du 31/05/2017, mais cela ressort également dans un commentaire posté au bas d’un de ses billets ».
Mais cette compétence est montée de toutes pièces ! Ainsi, le mail de Pascal Lebrun du 31 mai auquel elle fait référence ne comporte qu’une allusion à l’informatique. C’est le mot « adresse IP ». Quant au commentaire posté « au bas d’un de ses billets », il contient bien l’adresse IP d’un de ses commentateurs, mais les blogueurs la reçoivent automatiquement de tous ceux qui commentent leurs articles. Il lui a donc suffi de faire un copier-coller, ce qui est à la portée de tout le monde. Et même de Myriam Leroy, qui a elle-même transmis des adresses IP à la police…
Celle-ci a donc manifestement cherché à trouver des « preuves » que son harceleur présumé était aussi un cador numérique et, n’en trouvant pas, elle a gonflé des faits anodins. Et, sans préjuger, c’est exactement ce que ferait une personne qui sait qu’une adresse IP pourrait bientôt la confondre.
Sans préjuger, parce que, par ailleurs, Myriam Leroy n’a pas cessé, depuis 2017, de charger la barque de Lebrun d’accusations qui ne seront pas démontrées, ou qui seront démontées. Et parce que confier à la police qu’elle est inquiète de ses capacités informatiques peut aussi simplement être une façon de rendre le portrait de son harceleur présumé plus propice à enquête.
La frime était presque parfaite
Néanmoins, le soupçon que Leroy ait pu « semer » des soupçons in tempore non suspecto est cohérent avec la suite. Parce que, dès après la visite de la police, elle « recolle » ces éléments à sa nouvelle thèse de piratage par Pascal Lebrun. Et pour ça, elle va gonfler d’autres faits. À l’hélium.
À peine deux semaines après la visite des policiers, soit le 14 décembre 2017, son avocate adresse un nouveau courrier au procureur. Myriam Leroy accuse cette fois Pascal Lebrun de l’avoir bloquée pour l’empêcher d’accéder à un vieux site qu’il a… fermé six ans auparavant. Et la « preuve » qu’elle livre, c’est qu’en tentant d’aller explorer ce web obsolète, elle a obtenu une « erreur 403 ».
Selon le courrier, « cela signifie donc que l’administrateur de ce site connaît l’adresse IP [de Myriam Leroy], émise par le modem de son nouveau domicile (elle a déménagé en mai). » L’objectif est manifestement de transformer Pascal Lebrun en suspect de fraude informatique, tellement doué qu’il parviendrait à trouver systématiquement l’adresse IP de Myriam Leroy !
Sauf qu’une fois encore, tout ça témoigne d’une gonflette fallacieuse : l’erreur 403 est le plus souvent due à « une mauvaise configuration des paramètres de navigation du client. » Elle a donc toutes les chances de provenir, non pas du blog en question, mais bien de l’ordinateur même de Myriam Leroy ! Et donc, non, ça ne signifie pas que Pascal Lebrun connaisse son adresse IP !
Habilement, le courrier fait aussi mine qu’un piratage a bien été constaté par la police : « cette connexion n’est pas à son nom ni à celui de sa société dont l’IP a été piratée pour harceler Florence Hainaut, ce qu’elle a appris par les services de police ».
Or, à nouveau, selon une source très proche de l’enquête, les policiers n’ont jamais conclu ni n’ont appris à Myriam Leroy qu’elle avait été piratée !
Comme si le soupçon de départ était fondé, le courrier conclut que « Mme Leroy s’inquiète fortement de la manière dont [Pascal Lebrun] a pu déterminer quelle était sa nouvelle adresse IP. » Ironie : jusqu’ici, la seule personne qui a pu déterminer quelle était l’adresse de Myriam Leroy, c’est Florence Hainaut !
Pour appuyer encore cette nouvelle version, Myriam Leroy ajoute que ce site contient aussi des articles d’un ami de Pascal Lebrun, qui « semble avoir des compétences pointues en informatique » selon « une rapide recherche sur Google ».
J’ai fait cette recherche. Elle mène à un seul commentaire de la personne en question, qui y fustige la médiocre qualité de fabrication d’un producteur de cartes Flash pour… consoles de jeu !
Ce petit pan ridicule de l’affaire est rapidement classé.
L’inspecteur a ri
Mais dès lors qu’une accusation de piratage existe, les enquêteurs devront la vérifier. Ils le feront visiblement par simple acquis de conscience. Lorsque la CCU interrogera Pascal Lebrun le 17 avril 2018, elle lui demandera simplement s’il a « utilisé un moyen technique ou logiciel afin de modifier ou cacher [son] adresse IP ». Et il répondra qu’il n’a « aucune idée de comment on fait », précisant que son métier ne requiert aucune expertise informatique : « j’applique des process qui ne demandent pas de compétence technique ».
Et Pascal Lebrun dit vrai. Les anciens collègues que j’ai contactés sont unanimes : il n’a aucune compétence en informatique, son job au service d’alertes d’une banque est un travail de gestion qui requiert seulement une connaissance de la suite… Office.
Quand bien même, un piratage permettant d’usurper l’adresse IP de Myriam Leroy à distance est exclu en soi, selon plusieurs spécialistes des réseaux que j’ai contactés. J’ai aussi fait poser la question sur un forum de hackers très réservé. Et le résultat rappelle le sketch de la chauve-souris de Bigard.
Imaginons que Pascal Lebrun ait « spoofé » (soit, usurpé) l’adresse de Myriam Leroy, comme l’affirmera plus tard Florence Hainaut. Les modems de Proximus sont très bien protégés contre le spoofing. Il faudrait donc un hacker de très, très haut niveau (« un génie », me dit l’un) pour outrepasser ces sécurités.
Mais admettons qu’il y en ait un dans les parages. Dans ce cas, un tel hacker utiliserait ses talents pour s’attaquer à de gros poissons. Des entreprises, des institutions, mais pas une chroniqueuse gastronomique : un tel piratage ne se fait pas en deux tours de cuillère à pot !
Mais bon, admettons que le type trouverait ça quand même fun de s’approprier l’adresse IP de Myriam Leroy, sachant qu’elle peut changer à tout moment, et que sa pêche peut donc tout aussi bien être invalide une heure plus tard. Haussement d’épaules, yeux en l’air : un tel hacker n’utiliserait pas ses talents pour « publier des bêtes tweets » juste narquois, m’explique-t-on. Ce serait risquer très gros pour pas grand-chose. Il ferait des coups bien plus subtils.
Mais supposons quand même qu’il le fasse.
Dans ce cas, il n’utiliserait jamais — mais au grand jamais — l’adresse IP de sa victime pour ses propres comptes Twitter et Facebook officiels : c’est comme si un cambrioleur professionnel utilisait sa propre voiture avec ses propres plaques pour faire un holdup. No way !
T’es moins à charge
On m’explique qu’il n’y a qu’une possibilité réaliste : que le pirate se soit posté dans le champ du wifi de Myriam Leroy et qu’il ait eu, ou deviné, son mot de passe. Ce serait ce que Myriam aurait expliqué aux enquêteurs, selon Pascal Lebrun. J’ai donc vérifié cette possibilité aussi : à l’époque où sévissait le compte Twitter @floheynow, Myriam habitait à l’étage d’un petit immeuble avec une dizaine de boîtes aux lettres, dans une rue où il est impossible de se cacher, et au-dessus d’un commerce à haute vitrine.
Il aurait fallu que Pascal Lebrun (ou n’importe qui d’autre) se gare incognito devant son immeuble avec un ordinateur capable de choper un réseau wifi se trouvant à un des trois étages, chaque fois qu’il voulait envoyer un tweet du compte satirique @floheynow, sans jamais se faire repérer. Soit 88 fois en 6 mois, dans une rue où se garer est difficile !
C’est dingue ? Oui. Mais revenons à la chauve-souris et admettons que Pascal Lebrun l’ait fait, et qu’il ait chaque fois eu sa place de parking devant l’immeuble. Dans ce cas, c’est la motivation qui n’a pas de sens. Car pourquoi utiliser la connexion de Myriam Leroy, plutôt qu’un VPN (qui « cache » votre numéro IP) pour se moquer gentiment de Florence Hainaut ?
La seule raison logique serait de faire, à terme, accuser la première du harcèlement de la seconde. Or, les deux journalistes ne sont pas encore, en février 2017, le duo qu’on connaît aujourd’hui. Il n’y a aucune raison d’utiliser l’une contre l’autre.
Journal d’une femme qu’on chambre
D’ailleurs, si le but du hacker était de faire accuser l’une contre l’autre, comment pouvait-il prévoir que Florence Hainaut allait tenter de l’identifier en lui envoyant un lien piégé ? Et qu’elle irait un jour porter plainte ? Qu’elle le ferait à temps pour identifier l’IP ? Au moment où Florence a pêché l’adresse de Myriam, celle-ci n’a elle-même encore jamais porté plainte contre lui : elle ne le fera que cinq jours plus tard, soit onze jours après l’apparition du compte !
Donc, pourquoi aurait-il déployé des efforts aussi insensés en ayant une chance aussi minime d’incriminer l’une pour le harcèlement de l’autre ?
Oui, mais supposons qu’il l’ait quand même fait, dirait Bigard ? Dans ce cas, s’il avait vraiment voulu pousser l’une à détecter son numéro IP pour porter plainte, il n’aurait pas posté des tweets aussi anodins, mais bien des attaques sexistes violentes. Etcætera, Etcætera.
La conclusion de tout ceci n’est pas seulement que Florence Hainaut n’a pas été harcelée par Pascal Lebrun. Mais aussi que, si le compte @floheynow était réellement harcelant, tous les indices, toute la logique, et tous les faits à ma disposition mènent indiscutablement à Myriam Leroy.
Et dans ce cas, celle-ci aurait tenté, en plus, de faire condamner autrui pour ses propres frasques ! Avec le soutien de sa consœur et de l’Association des Journalistes professionnels.
Certes, Pascal Lebrun a publié des choses imbuvables, outrageuses, dégueulasses. Mais ça ne justifie pas qu’on viole le droit et qu’on trompe le public pour s’en venger. Car là, on n’est plus seulement dans la faute déontologique de deux journalistes professionnelles. On est littéralement hors-la-loi !
Et c’est probablement ce qui explique la suite.
Bluesroom
Le 26 avril 2018, un article paraît sur l’affaire dans SudPresse : un type a été perquisitionné suite à une plainte pour harcèlement en ligne de Florence Hainaut et Myriam Leroy. Je découvre l’affaire parce que deux twittos prétendent — déjà — que je serais ce harceleur, après que Florence a semé cette idée farfelue sur Twitter et Facebook.
Illico, je suis interpellé qu’une affaire de tweets et de blogs — où tout est par nature public — mène à une perquisition. Mais je le suis aussi par l’attitude des deux journalistes, qui hurlent sur Twitter qu’il n’est pas normal qu’on publie un article sur leur affaire. Où est donc passé la liberté éditoriale, l’intérêt du public ? Pire : l’AJP elle-même semble vouloir garder cette affaire secrète.
Le syndicat journalistique soutient par ailleurs ces deux membres militantes contre l’autrice de l’article de SudPresse — également femme et journaliste — qui, elle, reçoit non seulement des flots d’injures, mais aussi des menaces de violence : un « habitué » des fils Twitter de Florence Hainaut écrit ainsi : « Je vais chercher mes clous pour la batte ». Un autre : « parfois, je me dis que la violence serait une solution ».
La shitstorm et les menaces que la journaliste de SudPresse se prend ne provoquent aucune réaction, aucune modération, ni de l’AJP, ni des deux égéries de la lutte contre le harcèlement et la violence en ligne envers les femmes qui, au contraire, alimentent à plusieurs reprises le flot d’insultes envers la journaliste par des tweets victimaires. L’un des témoins dans l’affaire Myriam Leroy balance alors le nom de « la meuf » (selon Myriam Leroy) qui a écrit l’article. Quelques heures plus tard, Leroy elle-même l’interpelle publiquement sur Twitter.
À tout cela s’ajoute mon doute légitime, motivé par les faux « coupables » de harcèlement que Florence Hainaut m’a déjà livrés en message privé un an auparavant, m’incitant, pour rappel, à publier leur identité.
Citizen Shame
Je passe donc quelques coups de fil simplement pour « sonder » l’histoire. J’obtiens le nom de l’accusé du jour. Il m’apprend que Florence Hainaut a affirmé à la police avoir trouvé l’adresse IP du compte @floheynow. Or, il n’existe que deux méthodes pour ce faire. L’une est illégale, l’autre est hasardeuse mais aussi peu respectueuse de la vie privée — l’adresse IP est en effet considérée comme une donnée privée.
J’appelle donc l’AJP pour savoir comment Florence a obtenu cette adresse IP. La secrétaire générale Martine Simonis me réserve un accueil glacial et refuse de répondre à mes questions.
Ce que j’ignore à ce moment-là, c’est que Myriam, et par ruissellement logique, Florence et l’AJP, ont ce détail explosif à cacher, depuis quatre mois déjà : l’adresse IP de @floheynow mène à Myriam Leroy ! Pascal Lebrun l’ignore également : il ne le saura qu’un an plus tard, quand le dossier judiciaire lui sera accessible.
Et ce détail est terriblement gênant. Imaginez que l’information fuite. Imaginez ce qu’on dira : celle qui porte plainte pour harcèlement aurait elle-même harcelé sa consœur ! C’est dévastateur pour les deux plaignantes, mais aussi pour le mouvement #metoo version AJP, dont elles sont en train de devenir les égéries. Et qui sait ? Quelqu’un pourrait même imaginer, voire écrire, qu’elles auraient manigancé tout ça pour être sûres de faire condamner Pascal Lebrun — sans entrer dans le détail, certains éléments déjà évoqués permettraient de le supposer, mais ne suffisent pas pour s’en assurer.
Double indemnité
Une telle info est aussi compromettante pour la secrétaire générale de l’AJP, Martine Simonis, parce qu’elle a elle-même poussé les deux égéries à l’avant-plan des combats féministes du syndicat des journalistes professionnels — une profession dont la crédibilité est étroitement liée au respect des faits — et mené le combat pour le financement de leurs poursuites en justice (soit au moins cinq à ce jour, dont trois me visant).
Ça l’est aussi pour Myriam Leroy. Non seulement elle aurait laissé son amie et partenaire accuser son harceleur présumé de choses qu’elle aurait elle-même commises, mais en plus, elle aurait chargé sa barque en tentant de le faire accuser de délit informatique !
C’est enfin ratiboisant pour Florence Hainaut, parce qu’elle continue et continuera même pendant deux ans à accuser Pascal Lebrun d’être « son » harceleur, alors qu’en ce mois d’avril 2018, il est déjà disculpé depuis quatre mois !
L’affaire Florence Hainaut sera d’ailleurs classée l’année suivante. La chroniqueuse gastronomique ne pourra alors même plus justifier son statut de « journaliste harcelée » au sens juridique, parce qu’elle n’a plus de coupable sous la main, sinon… Myriam Leroy !
Shut up Island
Au moment où j’appelle l’AJP pour poser une simple question sur la source de l’adresse IP, je sème donc involontairement une panique manifeste : dans l’heure, Florence Hainaut est mise au courant de ma conversation avec Martine Simonis. Hainaut appelle une forte personnalité du MR, pour se plaindre qu’elle va très, très mal, parce que j’aurais prévu d’écrire un article affreux sur elle.
L’alerte est transmise à un proche de Destexhe avec lequel j’ai des relations cordiales et qui est également ami de Florence Hainaut à ce moment-là — qui m’appelle pour me dire que c’est une chouette fille, qu’elle va très mal à cause de l’article que je vais écrire, qu’il faudrait que j’y réfléchisse…
C’est la première fois que je subis une telle pression. Je suis consterné que ça vienne d’une journaliste avec carte de presse, alertée qui plus est par l’AJP. Et le pire, c’est que j’ai déjà, à ce moment-là, décidé de ne rien écrire sur le sujet, tout simplement parce que je n’ai rien de concret !
Pendant plus de deux ans, je ne publierai d’ailleurs absolument rien sur l’affaire. Mais malgré ça, on s’efforcera apparemment de me transformer petit à petit en « harceleur ». Gros pépère féministe déconstruit de naissance, je me dis à ce moment-là que c’est trop ridicule pour qu’une telle accusation passe.
En mai 2019, Pascal Lebrun a enfin accès au dossier pénal constitué suite à la plainte de Myriam Leroy. C’est là qu’il découvre que Florence Hainaut a chopé l’IP de cette dernière. Comme pour toute source, je lui avais demandé de me tenir au courant. Il m’envoie donc un message pour m’en informer.
E là, j’ai une info incroyable, et même une exclu ! Mais je n’en fais toujours rien !
La mort aux frousses
Et malgré ce silence, en juillet 2019, un compte anonyme m’associe à Pascal Lebrun et au journaliste Serge Coosemans, en tant que personnages à éviter sur les réseaux. Je ne comprends pas cette association. Je n’ai (et n’aurai jamais) aucune relation avec Lebrun et si, après quelques années à se clasher, Coosemans et moi sommes effectivement « réconciliés », nous n’avons pas non plus de relation particulièrement suivie.
Le même mois, Florence Hainaut m’accuse brusquement de la diffamer et de la harceler, en réponse à un tweet d’un journaliste de la RTBF. Des rumeurs me parviennent. Je serais « un monstre ». Une journaliste explique publiquement sur Facebook que j’aurais commis des choses graves. Mais quoi donc ? Impossible de le savoir. Et comment pourrais-je prouver le contraire de… rien ? Je suis à la fois incrédule et inquiet : mon deuxième roman sort en octobre, et je commence à me demander si ces rumeurs circulent jusque chez les chroniqueurs littéraires.
Encore une coïncidence ? Tout ça précède de quelques jours la parution en août 2019 des Yeux Rouges, le roman de Myriam Leroy qui évoque son harcèlement par Pascal Lebrun, Les Yeux Rouges. Mais pas tout à fait, mais si quand même.
Je suis sidéré de voir qu’aucun chroniqueur, aucun journaliste ne tique publiquement à l’idée qu’une plaignante publie, pendant une enquête, un roman manifestement destiné à ratiboiser son harceleur présumé. J’ai entretemps obtenu le dossier pénal, qui me permet de comparer. Je constate que le roman contient des passages qui correspondent à « l’affaire Lebrun », et même des références évidentes au dossier pénal, au fait que Pascal Lebrun a des enfants, ou encore au nom de l’épouse du harceleur présumé.
Mais ils sont surgonflés, et la majeure partie du roman n’a aucun rapport avec les faits. C’est comme si Myriam Leroy avait jugé que les frasques de son harceleur ne suffisaient pas à expliquer son mal-être ni sa plainte. L’œuvre est néanmoins vue comme une pièce à conviction par l’AJP. Et surtout, par son pendant européen, la Fédération Européenne des Journalistes, qui le brandit pour exiger que le « harceleur » (même plus présumé) soit renvoyé en correctionnelle !
De son côté, Myriam Leroy souligne que c’est juste une fiction et explique que son personnage central, Denis, est un assemblage de plusieurs « harceleurs ».
Mais dans la foulée, sur Twitter et Facebook, des proches de Myriam et Florence expliquent qu’il y a trois harceleurs dans ce « Denis ». Des sous-entendus me font subodorer que je serais l’un des trois, alors même que je n’ai pratiquement jamais interagi avec Myriam Leroy ! Serge Coosemans fait l’objet de suspicions similaires.
Je suis sidéré.
Ce nouveau « trio de harceleurs » entièrement fabriqué sera ensuite alimenté par Myriam Leroy et Florence Hainaut, jusqu’à imaginer un complot ourdi contre elles par « les trois ». Les seules preuves qu’elles produiront seront des échanges sur Twitter tour à tour anachroniques ou insignifiants entre Lebrun et Coosemans. En ce qui me concerne, c’est le seul fait que l’un ou l’autre m’ait mentionné Et « La Reine » Leroy se lâchera plus tard sans complexes sur Insta, allant en 2022 jusqu’à parler des « mecs que je veux morts ».
Sel le Maudit
J’espère encore que ma carrière littéraire sera épargnée. Mon deuxième roman Elise sort en octobre 2019. La RTBF télé me consacre une magnifique émission sur La Deux. Mais en radio, tout le monde refuse d’en parler. Ce soupçon de boycott officieux sera renforcé par la suite : en 2022, deux journalistes de premier plan de la RTBF radio livreront nos conversations privées à Florence Hainaut. En octobre, lors d’une conférence près de Charleroi, on m’informe que des pressions ont été exercées pour la faire annuler. Il s’agit d’accusations de harcèlement et de proximité avec… l’extrême droite. Une chose est sûre, mon deuxième roman ne fait l’objet d’aucune recension importante dans la presse belge, pendant des mois.
En août 2020, suite à des accusations fallacieuses de Florence Hainaut, l’Observatoire des Fondamentalismes fait l’objet d’une dénonciation de harcèlement auprès du Conseil de l’Europe, par la Fédération Européenne des Jounalistes. La journaliste est soutenue sans esprit critique par plusieurs institutions qui entrent dans son jeu victimaire. Et parce que deux femmes sont injustement accusées de l’avoir harcelée, et qu’un tel succès est inquiétant pour le journalisme, je publie un billet sur l’affaire, que j’appelle le « balek-gate ». Et là, on passe la sixième.
Les fans de Florence Hainaut m’envoient des bordées d’injures, d’accusations fallacieuses, publient mon adresse privée, lancent des menaces physiques, Florence Hainaut publie sur Medium un article mensonger qui — sans le dire expressément — m’attribue un prétendu « raid » la visant. Il est immédiatement partagé par la corporation et de nombreux journalistes. Et, summum, un journaliste de la RTBF doxe alors mes enfants, avec le soutien de plusieurs personnalités et de la Fédération Européenne des Journalistes ! Le CDJ refusera d’examiner l’affaire.
Pensant que cette folie ne s’arrêtera que quand j’aurai publié mes découvertes sur les affaires Hainaut et Leroy, je publie alors trois articles d’une série de cinq annoncés, dont l’un évoque l’adresse IP du compte @floheynow, et le lien avec Myriam Leroy.
Martine Simonis (AJP) obtient rapidement du Conseil de Direction un vote autorisant une aide juridique pour permettre à Florence Hainaut de me poursuivre. Selon une source indirecte, on m’accuserait de harcèlement. Mais faute, apparemment, de pouvoir le démontrer, l’AJP recommande aux deux journalistes de recourir aux droits de réponse et finance les avocats qui se chargeront de me les imposer, sous la menace tout de même de m’envoyer en… correctionnelle.
Le 1er décembre 2020, le tribunal m’acquitte sur le fond et sur toute la ligne, reconnaissant que les cinq droits de réponse envoyés par deux journalistes professionnelles étaient impubliables en l’état. Je publie un article factuel sur l’affaire. Sur Instagram, Myriam Leroy lance alors une nouvelle offensive mensongère, prétendant que je n’aurais pas été acquitté sur le fond. Suite à cette story Instagram, deux journalistes de la RTBF (encore et toujours) interpellent sur Twitter Georges-Louis Bouchez qui a osé partager mon article, parlant même « d’indignité ».
Ascenseur pour les chafouins
Parallèlement, l’AJP publie un article sur mon double acquittement, dans lequel elle m’accuse… de ne pas avoir respecté la loi ! Le magazine est envoyé à toute la profession. Je demande un droit de réponse. Il est relu par mon avocat. On me le refuse sans explication. Je cite l’AJP au civil. Elle utilise pas moins de huit moyens juridiques pour le contester, dont plusieurs parfaitement fantaisistes, et prétend même que mon droit à une réponse est oblolète ! Le 25 mars, le tribunal civil se déclare compétent, reconnaît mon DR légal, mais donne raison à un des moyens de l’AJP, arguant que mon droit de réponse n’a pas été adressé à l’éditeur responsable, et qu’il a été envoyé… par mail. N’envoyez donc plus vos droits de réponse à un rédac-chef, ni par mail hein… C’est « illégal ».
Interpellé par les poursuites en justice qui m’ont été imposées en 2020, un journaliste — parmi plusieurs interloqués par ces méthodes — interroge Martine Simonis lors de l’Assemblée générale de l’AJP, en février 2021. Elle répond notamment que je suis « un problème ». Elle reconnaît que c’est l’AJP qui a imaginé utiliser des droits de réponse. Elle affirme à tort que ces matières se jugent (uniquement) en correctionnelle. Et se dit satisfaite que ces procédures m’aient amené à « arrêter ma série » — quod non. Une institution du journalisme qui se réjouit du succès de pressions judiciaires sur un journaliste, et justifie le fait de l’avoir traîné en correctionnelle pour ce faire, comment dire ?
En mai 2021, le documentaire de Florence Hainaut et Myriam Leroy sur le harcèlement est diffusé à la RTBF. Sans y être nommé, j’y suis qualifié de « harceleur le plus coriace » de Florence Hainaut. Des internautes me reconnaissent et l’écrivent. Je subis une nouvelle shitstorm. Y participent trois copines des deux journalistes qui ont témoigné dans leur reportage. L’une d’elles espère que « le cholestérol fera rapidement son travail ». Entendez : que je crève le plus vite possible.
Mais pourquoi une telle accusation publique de harcèlement, qui ne repose que sur des tweets et des articles où je me défends de ces mêmes accusations ? My two cents, c’est que, dès lors que j’ai sérieusement discrédité la thèse du piratage du compte de Myriam Leroy dans mes articles de 2020, Florence Hainaut n’a plus « officiellement » de harceleur. Elle ne peut plus accuser Pascal Lebrun. Le storytelling de départ, brandi pendant plus de trois ans, s’est effondré. Impossible de maintenir son statut de « journaliste harcelée » si elle n’a plus personne à accuser de harcèlement.
Et elle a déjà semé les grains d’un autre coupable désigné, et depuis des mois. Et cet autre personnage, c’est moi !
Le Graal pour elle serait désormais de me faire condamner, pour pouvoir « prouver » que je l’aurais harcelée. Elle a échoué en décembre 2020, avec le soutien financier de l’AJP qui a sciemment choisi la correctionnelle pour refus de droit de réponse. Elle a remis ça en février 2022, toujours avec le même soutien, en me servant une citation de 900 pages (pièces incluses) et en me réclamant 26.000 euros pour… calomnie. Pourquoi se priver ? C’est payé par les journalistes et les contribuables !
Sufragette Boulevard
L’incohérence n’apparaît jamais par hasard. Quand la corporation des journalistes s’en prend à ses propres valeurs, ce n’est pas sans raison. Quand le syndicat des journalistes échoue en justice, qu’il utilise sa défaite pour accabler l’homme acquitté, qu’il le musèle en le privant d’un droit de réponse légitime et légal, qu’il le calomnie lors d’une assemblée générale, ou qu’il se réjouit de l’avoir fait taire, c’est qu’il n’est tout simplement pas droit dans ses bottes !
Ma conviction est faite, étayée, raisonnée, et je ferai usage de ce qui reste de ma liberté pour la dire, contre la corporation qui a manifestement décidé, non seulement de m’éliminer des médias, mais aussi, de me pousser à déposer mon stylo pour de bon. Parce que publier un roman sans promotion est impossible. Tout semble fait pour me décourager d’écrire et pour empêcher qu’un éditeur me publie : un mail m’a récemment averti qu’on tentait de faire pression sur des jurés d’un prix littéraire pour que mon roman ne soit pas retenu !
Ma conviction est qu’on vise, depuis 2018, un triple objectif : d’abord, me décourager de parler de l’affaire, ensuite, me dénigrer systématiquement pour que je ne sois pas crédible au moment où je publierais, enfin, me coiffer de la couronne hideuse de « harceleur » officiel de Florence Hainaut, que Pascal Lebrun ne peut plus porter.
Si cette analyse est correcte, c’est un indice supplémentaire, mais même pas nécessaire, qui alimente le faisceau de faits et de comportements qui ne permet plus beaucoup de doute : tous les éléments en ma possession autorisent la conclusion que Myriam Leroy était bien la personne derrière le compte qui « harcelait » Florence Hainaut. Je n’ai aucun élément qui permette de conclure le contraire. Et chaque fois que l’une des deux journalistes m’oppose une thèse et que je la vérifie, elle s’effondre. Par conséquent, de ce dont je dispose, je conclus au strict minimum que Myriam Leroy et Florence Hainaut ont menti. Et mentent encore. À leurs abonnés, aux journalistes, à la police. À vous.
Mais plus grave pour la profession : je conclus aussi que la secrétaire générale de l’Association des Journalistes professionnels, Martine Simonis, a renoncé à tous les principes de la profession pour couvrir ces mensonges, quoi qu’il en coûte. L’objectif étant de me faire payer le fait d’avoir voulu informer. Et — sans la moindre exagération — de me faire taire définitivement. Je suis apparemment un homme que Myriam Leroy « veut mort ».
Florence Hainaut, Myriam Leroy et Martine Simonis ont par le passé contesté tout ce qui précède. Conformément à la déontologie journalistique, je leur ai envoyé plusieurs questions, ainsi que la possibilité de commenter mes conclusions.
Aucune n’a répondu.
Si vous aussi, vous pensez que je risque de faire l’objet de nouvelles poursuites pour cet article, n’hésitez pas à me soutenir à raison de minimum 2 € (en-dessous, la perception PayPal est prohibitive).
7 Comments
thibsr
avril 01, 22:09marcel
avril 02, 11:31Bisounours
avril 02, 10:20marcel
avril 02, 11:33Flohaineeau
avril 02, 14:38Le Conseil de Déontologie confirme que mon enquête sur Myriam Leroy et Florence Hainaut était « sérieuse ». Mais il me reproche mon titre. Et « condamne » aussi ma consœur. | Un Blog de Sel
juillet 01, 11:13Follow-up du crowdfunding : Florence Hainaut et Myriam Leroy condamnées aux doubles dépens en appel. | Un Blog de Sel
octobre 05, 12:08