Le problème avec Greta. Acte 2 : un message simpliste, des exigences dangereuses.
Suite de l’Acte 1 : La naissance d’un Mythe.
Tout au début de sa jeune carrière, Greta Thunberg a tenu une conférence TEDx qui révélait ses incontestables talents d’oratrice. Comme toute bonne conférencière, elle partait d’un constat, établissait les responsabilités, et terminait sur les solutions. La parfaite dissertation.
Le constat ? La terre se réchauffe. On le sait depuis 30 ans. On n’a plus que 6 à 12 ans. Les responsabilités ? La presse, qui ne pipe mot de la crise climatique, les politiciens, qui ne font rien. La solution : arrêter toute consommation de pétrole et arriver à la neutralité carbone dans 6 à 12 ans.
Ce constat — on le verra dans un Acte suivant — repose uniquement sur les chiffres les plus alarmants du dernier rapport du GIEC.
Les responsabilités, elles, visent principalement les politiciens et les journalistes, (les deux cibles favorites des populistes, soit dit en passant : ceci aurait dû inquiéter). À propos des journalistes, elle clame : « Personne [ne parle de l’urgence climatique]. Il n’y a […] pas de gros titres, pas d’alertes info ». Faux. Exemple : le thème « réchauffement » dans le moteur de recherche du Monde donne sept pages de résultat pour la période entre le premier janvier 2018 et le 19 août. Et rien qu’en juillet 2018 (donc avant la grève), il y a eu plus de 35 articles sur le sujet.
Quant aux politiciens qui n’écouteraient pas, Greta demandait : « Pourquoi nos émissions continuent-elles d’augmenter » ? Alors qu’elles venaient de diminuer de 2,9 % cette année-là en Suède. Elle affirmait aussi que « les faits ne signifient clairement rien pour nos politiciens ». Cette idée d’inaction politique est une constante depuis le début du combat de Greta Thunberg. Pour justifier sa première manifestation devant le parlement suédois, elle avait affirmé que son gouvernement « ne faisait rien ». Faux.
Des informations pour le moins tronquées
La Suède est au contraire le pays d’Europe qui a le plan climatique le plus ambitieux. Au moment de la première grève de Greta pour le climat, le pays avait déjà théoriquement atteint ses objectifs annoncés pour 2030, avec douze ans d’avance ! Et ce gouvernement scandinave si « inactif » était déjà parvenu à 54 % d’énergies renouvelables ! En 2017, la Suède émettait deux fois moins de gaz à effet de serre que la Norvège voisine, avec un taux d’émissions de 5,44 tonnes d’équivalent CO2 par habitant, soit quatre fois moins que les USA — un score plus proche de celui de l’Irak que de la Chine !
La France, une autre cible de Greta Thunberg, qu’elle poursuit « en justice » à l’ONU, et où elle a tancé un parterre de députés conquis d’avance (et qui sont retournés au business as usual dès qu’elle a quitté l’Assemblée), produit 7,19 tonnes de GES par habitant par an (tonnes métriques d’équivalent CO2, pour être précis), transports internationaux inclus, ce qui la place désormais largement sous la consommation individuelle chinoise, loin derrière l’Allemagne (11,27 t/ha) et même en-dessous du Danemark, pourtant régulièrement brandi comme le champion du renouvelable en Europe (8,78 t/ha). De 2008 à 2017, La France avait déjà réduit ses émissions de GES de 11,26% (source Eurostat). Pour les réduire encore de 3,5% en 2018 après, il est vrai, une période de stagnation.
Ce qui lui permet d’enregistrer ces chiffres, c’est notamment l’énergie nucléaire. On m’objectera que le nucléaire pose des problèmes de sécurité et de stockage. Je suis totalement d’accord. Mais si l’avenir même de l’humanité dépend bien des émissions de GES, ces critiques ne peuvent que passer à la trape : réduisons d’abord les émissions, sans exclusives, occupons-nous d’améliorer le mix ensuite.
L’UE, une référence climatique qui peut mieux faire
Dire que l’Union européenne ne fait « rien » est tout aussi abusif. C’est la seule région au monde qui ait réduit ses GES continuellement et ce, depuis très longtemps (bien avant Kyoto). Et c’est en vertu des objectifs contraignants qu’elle a fixés que la plupart des pays membres font des efforts continus pour réduire les leurs. En 2014, elle prévoyait une réduction des émissions d’au moins 40% par rapport à 1990. Elle prévoyait aussi 27% d’énergies renouvelables, une proportion qu’elle a augmenté à 32% en 2018. De même pour l’amélioration d’au moins 32,5 % de l’efficacité énergétique, elle aussi augmentée en 2018 (l’objectif de 2014 était de 27%). L’UE a prévu la neutralité carbone d’ici 2050. Soit, en gros, ce que les partis politiques qui se réclament de Greta Thunberg ont dans leur programme !
Le problème principal n’est donc pas que les politiciens « ne font rien ». Mais bien qu’il est impossible, et même nocif de réduire (beaucoup) plus vite. Socialement, d’abord — rappelez-vous que le mouvement des Gilets jaunes est né après l’annonce d’une augmentation du diesel, et comment il a pu déstabiliser la République.
Ensuite vient le problème pratique. On voit ainsi en Allemagne que l’installation d’éoliennes et de PV (panneaux voltaïques) pour remplacer les centrales « polluantes » coûte beaucoup plus cher que prévu au contribuable et pose de gros problèmes de terrains et de recyclage. L’arrêt immédiat de près de la moitié du parc nucléaire en 2011, exigée notamment par les verts allemands, s’est traduit par l’émission de millions de tonnes de CO2 supplémentaires, qui ont bel et bien réduit le « budget climat » du pays et de l’UE. Ce n’est qu’en 2017 que l’Allemagne a commencé à recueillir les fruits de sa politique volontariste et très chère (500 milliards d’euros sur une décennie, soit plus que le PIB annuel de la Belgique), en enregistrant une baisse de 4 % de ses GES par rapport à 2017 et de 5,4% en 2018.
L’UE plafonne à 9% des émissions de gaz à effets de serre mondiaux, un pourcentage en baisse constante.
À cela s’ajoute le fait que des tas de pays, et notoirement ceux qui contribuent le plus aux émissions de GES (Chine et USA principalement) font le contraire de l’UE et ne comptent pas arrêter. À eux seuls, ces deux recordmen (USA et Chine) projettent environ 40% des gaz à effets de serre d’origine humaine (« anthropiques ») dans l’atmosphère. À Trump, Greta refuse de parler. Mais elle flatte Barack Obama. Pourtant, même sa stratégie à long terme — que les USA ont abandonné depuis — plaçait déjà la barre de sa consommation en 2050 de 2 à 8 fois plus haut que l’UE ! Quant à la Chine, elle continue à construire des centrales au charbon alors qu’elle s’était engagée à arrêter, et prévoit d’augmenter ses émissions au moins jusqu’en 2030. L’UE, elle, plafonne à 9% des GES mondiaux, un pourcentage en baisse constante.
Certes, l’UE importe des biens chinois (par exemple) produits de manière très polluante en matière de GES. Cela fait par exemple monter l’empreinte carbone par Français-e de 43%. Mais l’on constate que plus un pays riche produit « proprement », plus la différence entre son empreinte et ses émissions est importante. Et la raison est simple : ce que la France importe est beaucoup plus émetteur que ce qu’elle exporte. Les clients de la France (y compris l’Allemagne) achètent donc des produits à empreinte carbone nettement inférieure à celle de leurs produits. Si tous les pays qui exportent vers la France produisaient plus proprement, l’empreinte carbone des Français serait donc aussi plus basse.
Si l’Europe cessait d’importer des produits à (plus) haute empreinte carbone, elle enverrait plusieurs pays à la misère.
La France exporte des biens produits de la manière la plus « propre » au monde. Et cela compense en partie l’empreinte carbone de ses importation. Mais elle ne peut évidemment pas diminuer les émissions des pays auxquels elle achète. Quoique. La solution pour réduire l’empreinte carbone des Français-es serait évidemment de cesser d’acheter dans les pays émergents ou en Chine. Ce qui reviendrait à les renvoyer à la misère. Eh oui. Rien n’est simple.
Les simplismes, utiles ou contreproductifs ?
L’Europe est certes en retard par rapport à ses propres normes. Mais on ne peut nier qu’elle écoute la science et qu’elle agit. Ce n’est pas en tronquant ou en refusant de prendre acte de ses résultats qu’on la contraindra à plus de rigueur, mais bien en la confrontant de manière pragmatique à ses propres ambitions déclarées et à ses propres normes.
On comprend évidemment que les simplismes facilitent le recrutement de jeunes manifestants. Mais les exigences des Thunbergiens sont si éloignées des réalités qu’elles finissent par être improductives, comme le montre l’énervement d’Emmanuel Macron après l’action juridique de Greta — avec la bénédiction de l’UNICEF — pour atteinte à la convention de l’ONU sur les droits de l’enfant. On verra dans la suite que la France n’aura aucun mal à justifier sa lenteur.
Au passage, quoi que l’Europe fasse, ce ne sera jamais assez. L’on considère ainsi que les pays riches doivent tenir compte de leurs émissions historiques dans leur plan de réduction — ce qui n’est pas illégitime. Mais ce faisant, certains en arrivent à suggérer que l’Europe devrait parvenir en 2050 à des émissions négatives (!) de minimum -2000 MtCO2/an pour atteindre sa part fair share d’émissions dans le cadre de l’accord de Paris ! Autrement dit, même si on arrêtait toute utilisation d’énergie, ce ne serait pas encore suffisant !
Pourtant, l’UE a agi tout azimut, y compris sur l’industrie, réputée si peu vertueuse, où le système d’échange des quotas européen devrait contribuer à réduire de 21% les émissions des industries d’ici à 2020 par rapport à 2005. Grâce aux différentes régulations mises en place, les émissions industrielles européennes n’ont d’ailleurs pas cessé de baisser, avec parfois des résultats spectaculaires : en Wallonie, entre 1990 et 2017, le recul est de 60%. En Union européenne, la baisse est d’environ un tiers entre 1990 et 2014. Au contraire, l’industrie américaine a connu de nouvelles hausses d’émissions de GES de 5,7 % rien qu’en 2018 ! Concrètement, aucune région du monde n’a obtenu des résultats comparables à ceux de l’UE.
Le choix de Greta : la catastrophe, ou la catastrophe
C’est aussi lors de ce TedX qu’apparaît une revendication répétée à l’infini depuis : « les pays riches devraient parvenir à zéro émissions dans six à douze ans pour que les habitants des pays pauvres puissent avoir un standard plus élevé ».
Greta Thunberg parle en fait de « neutralité carbone ». Autrement dit, elle demande que les émissions de GES ne dépassent pas (je schématise) la capacité d’absorption du carbone par la nature, qui peut être améliorée par les captages de CO2 via l’utilisation des terres, leur changement d’affectation et la forêt. En France métropolitaine, on estime que cette capacité d’absorption était de 36 MT en 2017, soit 7,6 % du total des émissions actuelles. C’est donc (en résumé) le maximum qu’on pourrait consommer pour obtenir la neutralité carbone.
L’UE a prévu de descendre à ce niveau d’ici 2050. Mais pourquoi pas en six à douze ans comme l’exige Greta Thunberg (Extinction Rebellion exigeant la neutralité pour 2025) ? Parce qu’il faut, pour y parvenir, remplacer la plupart des facteurs d’émissions (centrales électriques, véhicules, systèmes de chauffage), rendre un maximum de logements passifs, transformer la mobilité comme jamais auparavant, et développer des nouvelles méthodes de captation du carbone.
Et tout cela prend du temps. D’autant que « la révolution énergétique » envoie elle-même aussi des GES supplémentaires dans l’atmosphère ! Rien que la construction de batteries pour remplacer les voitures à carburants fossiles par des véhicules électriques représenterait — en France — une augmentation de 4% de GES chaque année pendant dix ans. Pile au moment où il faut réduire !
Si on devait baisser les émissions au rythme où le demandent Greta Thunberg et ses plus proches partisans, on n’aurait même pas le temps de remplacer les facteurs d’émissions actuels !
Prenons un exemple concret, sur base d’une moyenne de temps (entre 6 et 12), à savoir aller à la neutralité carbone d’ici 2028 (en partant de 2018 – soit neuf ans). Et prenons la France, où l’énergie nucléaire rend l’exercice théoriquement plus facile. Je vous rappelle qu’il faudrait donc passer de 100% d’émissions de GES à 7,6% en neuf ans. Un rapide calcul m’indique que cela revient à baisser les émissions de 25 % par an, tous les ans, pendant les 9 ans (voire moins) restants, en commençant immédiatement. Concrètement, dès cette année, et chaque année qui suit, tous les Français devraient consommer un quart en moins. Produire un quart en moins. Et probablement travailler un quart en moins que l’année précédente.
Mais ce chiffre de 25% ne dit pas tout. Les principales sources de GES en France sont
- le transport (29%),
- le résidentiel et le tertiaire (20%)
- l’agriculture (19%)
- l’industrie (18%).
- l’énergie (11%)
L’énergie française est difficile à réduire, parce que déjà très peu émettrice de GES. Et même la remplacer demande… de l’énergie. L’agriculture (19%) ne pourra pas être réformée aussi rapidement sans causer de graves problèmes de production et de distribution de nourriture. L’effort devra donc porter principalement sur les 67% des émissions des trois autres secteurs. Un autre rapide calcul m’indique que cela implique que l’on réduise TOUTES nos consommations en matière de déplacement, de commerce, de résidentiel et d’industriel de… 37%. Chaque année. Jusqu’à arriver à zéro.
Le plan Thunberg : un film d’épouvante
Pour l’exercice, j’ai fait une projection à « seulement » 25% de réduction par an, basée sur une répartition plus « pratique » des consommations, ce qui permet de couper là où c’est le moins nocif pour la collectivité.
J’ai dû relativement épargner la partie « services publics et investissements industriels ». D’une part, on a besoin des investissements industriels pour produire des outils moins émetteurs de GES. D’autre part, réduire les services publics de 25% par an (soins de santé, enseignement, police, sécurité, voiries, transports en commun), serait tragique. De même pour l’alimentation. Dans le même temps, la construction devra pouvoir légèrement augmenter ses émissions, puisqu’il faudra isoler un maximum de logements. Les autres postes devront donc livrer l’essentiel de l’effort.
Voyons ce que ça donne concrètement. Accrochez-vous : en quatre ans seulement, nous devrons pratiquement supprimer tout loisir (-92%), tout achat de biens (-93%), nous passer presque totalement de restaurants et de vacances (-75%), ne plus du tout prendre l’avion (-83%), sauf pour des raisons économiques ou scientifiques, baisser notre consommation d’électricité (-27%) et le chauffage de (-54%) — essayez déjà de réduire d’un quart, vous allez rire… jaune —, émettre six fois moins de GES dans nos déplacements (-83%), et cesser tout achat de matériel de communication ou d’informatique (-93%), non sans réduire drastiquement leur utilisation. Quant aux services publics, ils devront tout de même baisser de 35%. Imaginez simplement le nombre d’hôpitaux qui devront fermer…
Un rapide calcul théorique laisse augurer un chômage de 90% en 2028…
Après ces quatre ans, nous devrons encore réduire au même rythme, pendant cinq autres années. Avec un peu de chances, l’isolation des logements aura apporté un peu de réserve. Mais cela ne concernera que ceux qui en auront eu les moyens. Pour la majorité des gens, il faudra sabrer dans le vital, jusqu’à vivre d’amour et d’eau fraîche ! Quoique l’eau ne parviendra plus à nos robinets, faute de services publics, qu’il faudra également sacrifier. Il restera… l’amour. Un autre rapide calcul théorique grossier et très schématique à partir d’une telle décroissance laisse augurer une perte d’emplois similaire, soit un quart de travailleurs en moins, chaque année. Jusqu’à arriver à, mettons, 90% de chômeurs en 2028.
Là, je vous laisse imaginer les mouvements sociaux, la misère, et une guerre permanente pour la survie dans la rue. Un bon scénario pour un VRAI film d’épouvante post-apocalypse ! Et là, en effet, les enfants pourront porter plainte pour avoir été plongés dans une misère absolue.
Les classes les plus pauvres ne survivraient probablement pas à une réduction rapide des émissions de GES.
Ce qu’exige Greta Thunberg, pourtant soutenue par d’innombrables journalistes, des activistes en pagaille, des politiciens d’une hypocrisie crasse et même (wait for it…) des scientifiques et des économistes, implique en fait la catastrophe économique la plus épouvantable de tous les temps. À côté, la crise de 1929 était une sympathique gnognote. Pour rappel, cette crise et ses 25% de chômage à Berlin ont largement contribué à la montée du nazisme, et à l’élimination physique de millions d’innocents. Les classes les plus pauvres ne survivront tout simplement pas.
En s’inspirant de la violence produite par la seule augmentation du diesel en France, on se doit de réaliser qu’entamer même le quart du programme exigé par Greta Thunberg placerait rapidement tous les pays d’Europe sous la direction d’un dictateur probablement d’extrême droite. L’écologie sera haïe par tout le monde. Toute idée de diminution de la production sera brandie comme une horreur. La famine sera passée par là. En Europe, mais pas seulement.
Entretemps, les GES auront effectivement baissé drastiquement. Mais au prix de combien de morts ? L’Europe sera un désert économique, un enfer social et politique. En revanche, les pays qui n’auront pas écouté Greta s’en sortiront un peu mieux : ils auront bien sûr perdu notre marché, colossal, mais seront maîtres sur tous les autres.
La fin du pétrole… et des pays pétroliers
La solution de Greta Thunberg, qui conclut cette conférence TED —, solution encore récemment rappelée dans un clip vidéo incitant à voter pour des partis écologistes, — est d’arrêter rapidement toute consommation de produits pétroliers. En Europe, 48% des produits pétroliers concernent le transport routier. Il faudrait donc le convertir à l’électrique en moins de 12 ans. À supposer que d’ici-là, l’on puisse se passer de pétrole (et de charbon) pour la production d’énergie… Parce que la propreté du véhicule électrique dépend de celui de la centrale qui l’alimente.
Mais là aussi, il y a un autre élément dont il faut tenir compte. L’arrêt plus ou moins rapide de l’achat de produits pétroliers dans le monde serait une catastrophe grandeur nature pour une série de pays émergents. Ainsi, pour l’Algérie et les Algériens, qui exportent pour environ 35 mia $ de gaz naturel et de produits pétroliers — soit 97% de ses exportations, pour un PIB de 180 mia $ qui serait donc amputé en très peu de temps de 20%.
La situation au Vénézuela est un bon exemple de ce que plusieurs pays émergents vivraient en cas d’arrêt rapide de l’achat de pétrole.
Pour la Libye et les Libyens, c’est pire : le pétrole apportait 93% des recettes extérieures et représentait 36% du PIB en 2005. Si on veut une famine généralisée dans ce pays déjà exsangue, c’est un bon moyen. L’Irak et les Irakiens, c’est 41 mia $ de ventes de pétrole en 2010, soit près de la moitié de son PIB.
Nous avons un bon exemple de la catastrophe que la seule baisse de la vente et de la consommation de pétrole représenterait pour les habitants de ces pays, avec le Vénézuela. Le pays a vu sa production baisser de 2,3 millions de barils à 700.000 barils par jour, après avoir souffert de la baisse du prix du baril. Résultat : recul du PIB de 40% en quatre ans, inflation à cinq zéros, misère et violence généralisées, exode massif des habitants. Auparavant, le pétrole représentait « seulement » 25% du PIB et 95% des exportations.
Ajoutez à cela que moins on achètera de pétrole, plus son prix baissera. Avec des conséquences désastreuses pour tous les pays producteurs, dont les plus grands sont les USA, l’Arabie saoudite, la Russie, le Canada, la Chine, l’Irak, l’Iran, les EAU, le Brésil et le Koweit. Certains de ces pays ne s’en remettront pas.
Le deuxième problème avec Greta
Et voilà où se niche le deuxième problème « avec » Greta : le simplisme. Elle ne cesse de marteler que la solution est « simple » et qu’il suffit d’obtenir que les politiciens « fassent quelque chose » plutôt que « rien ». Je pense avoir démontré que l’action climatique impose une gestion du temps long et une réflexion continue sur l’influence des changements qu’on impose à l’économie sur l’ensemble du système économique et social. Et cela, que le pays visé soit capitaliste ou communiste.
Le simplisme du message favorise certes l’action, et même Emmanuel Macron a reconnu qu’il avait besoin d’une mobilisation des jeunes pour faire pression sur l’opinion. Mais le minimum n’est-il pas que la presse, plutôt que d’encenser ce mouvement et ces discours, sans commentaire et sans analyse, informe correctement le citoyen, à charge et à décharge ?
Et peut-on laisser un monopole à une telle désinformation auprès des jeunes ? Une enquête belge a récemment révélé que les élèves des deux dernières années du secondaire ne savaient pas réellement de quoi on parle. « La moitié des sondés (52%) confond l’effet de serre avec le trou dans la couche d’ozone […] 60% [et 70% en Belgique francophone] pensent erronément que les centrales nucléaires seraient de grandes émettrices de CO2 [et 15% des Francophones] pense encore que le charbon […] fait partie des énergies renouvelables […] 40% des élèves croient à tort qu’un déplacement en train émettrait autant, voire davantage, de CO2 par voyageur qu’un déplacement en voiture. »
Savent-ils seulement qu’eux et leurs parents sont une composante fondamentale de la production de GES par nos sociétés ?
Étrange : Greta Thunberg cible les politiciens, les journalistes et le monde économique dans tous ses discours et omet quasi systématiquement de viser le premier responsable des émissions — vous et moi. Pourtant, la même personne a efficacement converti ses propres parents aux bonnes pratiques que nous devrions tou-te-s tenter d’appliquer dès aujourd’hui.
À suivre : Acte 3 : La science, vraiment ?
Image de couverture par CC0 Marion Wunder, pixabay.com
Cet article en cinq actes a fait l’objet de deux semaines de recherche. S’il vous a intéressé, n’hésitez pas à contribuer à mon travail à raison de minimum 2 € (en-dessous, la perception PayPal est prohibitive).(Note : je n’accepte pas plus de 50€ par trimestre des mandataires politiques, quel que soit leur bord.)
65 Comments
Le problème avec Greta. Acte 1 : la naissance d’un mythe. | Un Blog de Sel
octobre 05, 20:42SobriétITé
novembre 17, 00:21marcel
décembre 07, 18:39mib
octobre 06, 07:46marcel
octobre 06, 11:01Eridan
octobre 21, 11:06Dominique Banneux
octobre 06, 09:32marcel
octobre 06, 10:40Julien Lejeune
octobre 06, 11:31antoine dellieu
octobre 06, 12:08Eridan
octobre 08, 11:07ut'z
octobre 06, 16:56mib
octobre 06, 19:20Dominique Banneux
octobre 06, 19:20Ludovic NYS
octobre 06, 22:41ut'z
octobre 07, 23:07Ludovic NYS
octobre 11, 09:30Eridan
octobre 07, 14:02marcel
octobre 07, 16:17Janssen
octobre 07, 15:13Eridan
octobre 07, 19:10marcel
octobre 07, 22:17Salade
octobre 08, 08:50Eridan
octobre 08, 10:59Salade
octobre 13, 15:00Eridan
octobre 08, 10:42marcel
octobre 08, 10:52Eridan
octobre 08, 11:42marcel
octobre 11, 09:40Salade
octobre 08, 19:55Eridan
octobre 09, 10:02marcel
octobre 11, 09:46Eridan
octobre 11, 20:17marcel
octobre 13, 10:30Eridan
octobre 13, 13:55marcel
octobre 15, 08:21Achille Aristide
octobre 10, 21:39marcel
octobre 11, 09:52Salade
octobre 11, 11:18Eridan
octobre 12, 10:13marcel
octobre 13, 10:20Eridan
octobre 13, 13:29marcel
octobre 15, 08:22Eridan
octobre 14, 08:00miyovo
octobre 13, 09:53marcel
octobre 13, 10:19miyovo
octobre 13, 21:14marcel
octobre 15, 08:04miyovo
octobre 16, 09:16marcel
octobre 16, 09:42Eridan
octobre 13, 16:43marcel
octobre 15, 08:20Eridan
octobre 15, 17:48marcel
octobre 16, 10:00Eridan
octobre 16, 11:08Eridan
octobre 16, 12:11Salade
octobre 22, 22:22Fouad
octobre 19, 22:46Admirateur nuancé
octobre 31, 16:07marcel
octobre 31, 19:58Le problème avec Greta (et XR). Acte 3 : La science, vraiment ? | Un Blog de Sel
novembre 01, 12:11Delangre Eric
septembre 10, 05:36marcel
septembre 11, 12:13Delangre Eric
septembre 12, 06:53marcel
septembre 12, 17:52