Crowdfunding Collon : vous m’avez incroyablement aidé à défendre le droit d’utiliser le mot « antisémite ».
MISE A JOUR : Le crowdfunding a été extraordinaire. En dix jours seulement, vous avez donné (tous frais déduits) 5305,72 € sur une estimation de 6500 euros de frais d’avocats restants.
Tout n’est pas couvert, mais en cas de victoire « totale », la partie adverse devra me verser des frais de procédure. Dans ce cas, le crowdfunding aura dépassé le montant de mes dépenses de 200 euros environ, et je rembourserai les derniers contributeurs en date au plus tard le 25 février (date limite de l’arrêt).
En cas de « défaite », le montant montera toutefois à environ 8000 euros au moins, et 18000 euros (!) au plus. Dans ce cas, je relancerai un second crowdfunding.
Je remercie tous ceux qui ont participé, venus de tous les horizons et de toutes les cultures. Merci d’avoir si bien compris l’enjeu !
Pour ceux que cela intéresse, l’audience de plaidoirie se tiendra ce vendredi 25 janvier de 8h45 à midi au :
Tribunal de Première Instance de Bruxelles
Salle 15-16 (1er étage),
Bâtiment Montesquieu
rue des Quatre-Bras 13
1000 Bruxelles
Depuis avril 2018, Michel Collon me poursuit au civil pour l’avoir, sur bases factuelles, qualifié d’antisémite. Les conclusions des avocats ont été échangées. Les plaidoiries ont lieu le 25 janvier 2019.
Derrière cette attaque juridique se niche la volonté de « créer une jurisprudence » qui rende difficile sinon impossible l’utilisation du terme antisémite dans un débat public. À l’heure où l’antisémitisme remonte partout, à l’heure du procès Nemmouche — où les défenseurs ont médiatiquement convoqué le « complot », forcément juif —, à l’heure où l’on découvre que le président de la Ligue des Imams belges a eu un discours antisémite (j’ose à peine l’écrire…) il y a dix ans, la censure du mot antisémite constituerait une victoire immense pour les vrais antisémites, parce qu’elle conduirait la « communauté juive » à ne plus être en mesure de se défendre verbalement. C’est déjà la seule minorité en Belgique obligée de se barricader dans toutes ses institution. Une anormalité insupportable dans un État de droit.
Beaucoup semblent croire que ceci ne regarde que « les Juifs ». On a hélas pris l’habitude de laisser la « communauté » se défendre seule, croyant qu’elle « fait ça si bien ». Deux fois hélas, parce que quand elle le fait seule, les antisémites se précipitent pour lui reprocher d’activer un « lobby ».
C’est au contraire toute la société qui est concernée. Ceci n’est pas « mon » procès. Ce n’est pas le procès du sionisme. Ceci est un procès contre la liberté d’expression, contre le journalisme citoyen et le droit de bloguer librement.
Ceci est, surtout, un procès contre la justice et l’équité due aux minorités, et contre le droit universel de tous les citoyens de vivre ou de se sentir en sécurité. C’est pourquoi je fais appel aux dons pour financer les frais d’avocats.
Comment contribuer ? (1)
Vous pouvez, soit :
CE CROWDFUNDING EST ARRETÉ. CROISONS LES DOIGTS.
L’affaire
Je suis cité au civil par Michel Collon, l’animateur d’Investig’action, en diffamation. Il me réclame 10.000 € de dommages et intérêts pour l’avoir qualifié d’antisémite. Mes frais d’avocat seuls dépasseront les 5.000 €. Mon blog n’est pas une activité commerciale, mais de journalisme dit « citoyen ». Mon revenu est celui du Belge moyen. Comme celui de beaucoup de gens qui s’expriment sur les réseaux. Ce genre de poursuites vise selon moi à décourager l’expression libre de jugements de valeurs en matière d’antisémitisme.
J’avais qualifié Michel Collon (PTB) d’antisémite dans un article qui ne le visait pas directement. J’y interpelais en fait la Ligue des Droits de l’Homme sur la présence annoncée de son président d’alors, Alexis Deswaef, lors d’un événement « propalestinien » radical organisé par Michel Collon, avec un nombre impressionnant de personnalités sulfureuses. L’article s’appuyait sur ma consultation de plus de 300 sources. J’ai aussi rappelé que la Ligue des Droits de l’Homme était née de l’affaire Dreyfus et que voir son président côtoyer des antisémites notoires nuisait gravement à l’engagement originel de la Ligue, c’en devenait même son contraire.
Le nom d’Alexis Deswaef a été retiré de la liste des participants après la publication de cet article. Mon billet a donc probablement été efficace. Aucun autre média n’a évoqué l’affaire alors même que plusieurs personnalités politiques (PS, Ecolo, PTB), étaient reprises sur la liste des participants. Mon blog comblait donc objectivement un vide sociétal.
Une jurisprudence pour censurer le terme antisémite
Auparavant, Michel Collon avait déjà obtenu la condamnation d’un « simple » internaute suisse qui l’avait qualifié d’antisémite dans un statut Facebook. Cet internaute n’avait pas eu les moyens de payer un avocat, ce qui explique peut-être en partie sa condamnation.
Dans une interview publiée sur son blog Investig’action, Michel Collon a affirmé que ce succès judiciaire créait « une jurisprudence très importante qui dit qu’accuser d’antisémitisme une personne critiquant la politique d’Israël, c’est de la diffamation injurieuse. »
Il est donc raisonnable de penser que la manœuvre vise in fine à (auto-)censurer l’usage du mot antisémite lui-même pour ne l’autoriser qu’envers des gens qui auraient déjà été condamnés pour antisémitisme. Ce serait en tout cas le résultat obtenu si j’étais à mon tour condamné. C’est pourquoi j’ai fait appel à un avocat spécialisé dans la liberté d’expression et les nouveaux médias, Jacques Englebert.
Car, selon cette logique, on n’aurait pas pu qualifier Dieudonné d’antisémite avant sa première condamnation. On n’aurait pas pu reprocher à Faurisson son négationnisme tant qu’un tribunal n’aurait pas tranché. Plus récemment, le débat sur l’antisémitisme présumé de Ken Loach ou du Labour aurait été muselé d’avance. Il serait aussi périlleux, au risque de se voir assigner, poursuivre voire condamner, d’affirmer que les propos de 2009 du président de la Ligue des Imams belges, Mohamed Toujgani, étaient antisémites. On hésiterait même à qualifier d’antisémite un avocat faisant la quenelle avec Dieudonné. Ne plus avoir de mot pour parler d’antisémitisme, c’est servir les antisémites.
Le champ libre aux antisémites les plus virulents
En revanche, qualifier Israël d’État « le plus raciste du monde » (comme le fait Michel Collon très régulièrement), ne poserait pas de problème. Tout comme qualifier telle ou telle personne d’islamophobe ou de raciste.
Le blog de Michel Collon (Investig’action) n’hésite d’ailleurs pas à qualifier, par exemple, l’immense écrivain Boualem Sansal d’islamophobe.
Alors que les minorités ont intérêt à se battre ensemble contre les racismes et les discriminations, ceci amènerait un déséquilibre insupportable où certains prétendus-défenseurs d’une minorité pourraient continuer à alimenter l’antisémitisme sous prétexte d’antisionisme, tandis que la minorité juive, dix fois plus réduite, et déjà littéralement assiégée, serait amputée de sa défense verbale élémentaire, soit la possibilité d’accuser une personne publique d’antisémitisme en vertu de ses déclarations ou de son attitude.
Avant d’écrire « Michel Collon [est] un antisémite », j’ai dûment recueilli des faits. Je me suis basé sur la définition de l’antisémitisme de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance), adoptée en 2017 par le Parlement européen à une très large majorité. J’ai trouvé 34 occurrences où les déclarations ou l’attitude de Michel Collon correspondaient aux exemples d’antisémitisme potentiel proposés par l’IHRA. Pas une ou deux. Pas cinq ou six. Trente-quatre !
Quelques exemples : Michel Collon qualifie très régulièrement Israël « d’État le plus raciste du monde » sans fondement objectif. Des minorités font en effet l’objet d’un traitement bien plus dur dans d’autres pays du monde. Il suffit peut-être de rappeler les génocides soudanais et rwandais, le sort des Kurdes en Iraq (50.000 à 180.000 civils gazés selon les sources), les Rohingyas au Myanmar ou les Ouïghours en Chine, le traitement assassin de musulmans en Centrafrique, ou plus généralement, les chrétiens qui seraient (selon l’organisation protestante Portes ouvertes) pas moins de 215 millions à subir de « graves oppressions », dans la bagatelle de cinquante pays.
Investig’action a également accusé Israël de « préparer un génocide » des Palestiniens, une manière traditionnelle d’établir une comparaison avec l’Allemagne nazie pour renvoyer la faute du génocide nazi sur les Juifs eux-mêmes. Là aussi, il n’y a aucune factualité : les seules attaques au gaz contre des civils kurdes en Irak ont été plus meurtrières en quelques mois que des décennies de guerre larvée entre Israël et les Palestiniens. Un exemple parmi des dizaines d’autres.
Il utilise aussi le « lobby pro-Israël » (variante indolore de lobby juif) à la moindre occasion. Il a ainsi affirmé dans une vidéo, contre toute vraisemblance, que la réservation d’une salle au Centre Maritime de Molenbeek avait été annulée suite à des pressions du « lobby pro-Israël ». Non seulement, rien ne le démontrait, mais en plus tout indiquait le contraire, selon mes sources : les « antennes » culturelles ou médiatiques juives ignoraient qu’une telle demande avait été formulée, et la commune de Molenbeek m’a confirmé que l’annulation émanait d’elle-même pour des raisons statutaires. Michel Collon en avait été informé et a donc sciemment accusé le prétendu « lobby » sans fondement. Comment qualifie-t-on quelqu’un qui fabrique des accusations fallacieuses envers une communauté ?
ll a encore affirmé, sur une chaîne libanaise proche du Hezbollah et du régime de Bachar Al-Assad, où il semble très apprécié, que la vente de ses livres sur le stand de la Fédération Wallonie-Bruxelles à la foire du livre francophone de Beyrouth avait été annulée suite à des pressions du « Lobby d’Israël » et a accusé la Belgique de « censure » (alors que la FWB n’a pas vocation à promouvoir, par exemple, un livre contenant un chapitre d’Éric Blanrue, apologue du négationniste Faurisson).
Or, il m’accuse par ailleurs d’avoir été à l’origine de cette « censure », pour avoir alerté la toile via Twitter de cette invitation. Pourtant, je ne fais partie d’aucun « lobby ». Je ne suis d’ailleurs pas juif. Et je suis très critique de la politique d’Israël quand je la juge inacceptable.
De plus, penser que le CCLJ (qui a soumis le dossier à Rudy Demotte et Alda Greoli, deux membres éminents du lobby d’Israël, suppose-t-on…), adhèrerait à un prétendu « lobby d’Israël », c’est déjà un amalgame : de très nombreux membres du CCLJ sont au contraire très critiques, eux aussi, de la politique d’Israël.
Dernier exemple : lors d’une conférence à laquelle je participais, Michel Collon a crûment affirmé que presque tous les patrons de médias français « étaient marchands d’armes, liés à Israël ». Alors que sur trente-sept grands patrons de presse identifiés par Le Monde Diplo, l’avocat de Michel Collon n’est parvenu à en citer que trois qui auraient eu une telle relation, de près ou de (très, très) loin. Sa phrase revenait en réalité, ni plus ni moins, à accuser Israël de contrôler les médias français, liant judéité et pouvoir, une antienne très prisée chez les antisémites.
Pourquoi je fais appel aux dons
J’ai le revenu du Belge moyen, sans plus. Je ne peux pas me permettre de publier des papiers qui risquent de me coûter de telles sommes. Je ne suis pas dans le besoin. Mais je ne peux plus priver ma famille nucléaire (par exemple, de vacances) au prétexte que je donne mon opinion. Tout citoyen doit pouvoir le faire sans risque, faute de quoi, la liberté d’opinion serait réservée à ceux qui ont les moyens de payer. Une liberté de riche. Ce que Michel Collon obtiendrait, rien que par les frais de justice, c’est que je m’autocensure et qu’à (court) terme, je cesse de bloguer.
Cette menace ne concerne pas que moi. S’il obtenait gain de cause, c’est toute la société, toute l’opinion libre qui subirait un brusque coup de frein. Qu’il gagne ou non, la seule perspective de perdre des revenus importants en cas de poursuites serait extrêmement efficace. Le nombre de papiers que j’ai publié depuis cet été, ainsi que leur nature (aucune critique directe, du Sel « mou ») donne la mesure de l’autocensure que j’ai dû m’imposer, à mon immense regret. Pour des raisons similaires, j’ai dû cesser toute critique de Nordpresse. Or, là aussi, mon blog était le seul média belge à en parler.
En contribuant aux frais de justice, vous montrerez que de telles poursuites ne peuvent avoir pour effet de limiter sérieusement la liberté d’expression, pour moi, et pour tout-e autre.
(1) Je ferai régulièrement un état des lieux (factures/dons), en toute transparence. Les dons non utilisés seront remboursés proportionnellement.
D’avance, merci. Pour nous tous.
Image : CC0 Pixabay.com.
56 Comments
Anne-Marie Fautré
janvier 14, 14:20marcel
janvier 14, 15:19jp
janvier 14, 22:55marcel
janvier 15, 09:34Salade
janvier 14, 23:38marcel
janvier 15, 09:43marcel
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janvier 15, 10:50marcel
janvier 16, 12:04tilto
janvier 15, 11:46marcel
janvier 16, 12:11utz
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janvier 16, 12:11utz
janvier 17, 18:08marcel
janvier 18, 09:45utz
février 14, 23:45Pierre
janvier 16, 07:15marcel
janvier 16, 12:17serge
janvier 16, 11:32marcel
janvier 16, 12:43serge
janvier 17, 09:17marcel
janvier 18, 09:47marcel
janvier 18, 09:47JYVV
janvier 16, 12:56marcel
janvier 16, 18:43Joël
janvier 17, 21:13marcel
janvier 18, 09:43Salade
février 01, 12:23marcel
février 08, 18:03utz
février 08, 13:47marcel
février 08, 18:02Salade
février 27, 10:21Salade
mars 01, 09:28Salade.
mars 26, 12:41marcel
mars 28, 18:29MAURICE EINHORN
février 11, 21:19Salade
février 12, 13:49Salade
février 20, 23:15utz
février 14, 23:34utz
mars 03, 22:05marcel
mars 05, 11:48utz
mars 26, 00:08marcel
mars 26, 08:36utz
mai 11, 00:25Eridan
mars 09, 11:41Thomas Van Waes
février 22, 10:53marcel
mars 05, 11:51Eridan
mars 09, 11:24Ignace van Waes
octobre 08, 10:40marcel
octobre 18, 15:51Ignace van Waes
octobre 18, 20:59marcel
octobre 20, 10:22lachmoneky
avril 10, 11:43marcel
avril 10, 18:29Eridan
avril 18, 10:48uit 't zuitje
mai 03, 22:07