Quand Béatrice Delvaux (Le Soir) dérape sur le vote des étrangers.
Dans un édito ahurissant, Béatrice Delvaux (Le Soir) assimilait ce mercredi la tentative de séduction d’un électorat islamophobe par la N-VA (via le burkini) à la défense du droit de vote des étrangers par le PS. Elle voyait même dans les deux cas un « dérapage » (entre guillemets) similaire. Vous savez, comme quand un ministre fraîchement nommé excuse la collaboration. Ou, à l’inverse, quand un député de l’opposition qualifie le Premier ministre de collabo en pleine session à la Chambre. Mais ici, le terme dérapage appliqué à une valeur fondamentale du combat démocrate — le vote des étrangers, notamment européens — a choqué jusqu’à Ricardo Guttierez (secrétaire général de la Fédération européenne des Journalistes, ex-journaliste du Soir).
Écoeuré. « Mon » journal pense que vouloir accorder le droit de vote aux étrangers (dont moi), c&# 39;est un « dérapage »https://t.co/JZeHxCDzOQ
— Ricardo Gutiérrez (@Molenews1) 31 août 2016
Le grand Soir du glissement des valeurs.
Dans son billet, Béatrice Delvaux reproche au député bruxellois PS Philippe Close d’avoir remis le droit de vote des étrangers aux régionales bruxelloises sur la table. Notamment, parce que cette déclaration se heurtait aux idées du PS wallon. Mais l’éditorialiste fustige aussi le fait de l’avoir proposée à un moment où, rendez-vous compte : elle va à l’encontre de l’opinion publique !
Pourtant, dans le même temps, elle soupçonne Philippe Close de chercher à « utiliser ‘le cheptel’ (sic) [des étrangers] pour accroître [ses] scores aux élections ». À la lire, Close a donc fait tout et son contraire : s’opposer à l’opinion publique et tenter de la séduire. Non sans énerver la N-VA, dit-elle : « La N-VA tire à boulets rouges sur les socialistes francophones et leurs vieux démons laxistes. » Quand la N-VA dénonce le laxisme, c’est qu’on parle d’islam.
« Béatrice Delvaux conforte le lecteur dans l’idée que les étrangers à Bruxelles sont surtout musulmans ».
Et si la population bruxelloise (de souche, on va dire) est, selon Béa Delvaux, si rétive au vote des étrangers, et si l’éditorialiste se permet de mettre ce thème sur le même plan que celui du burkini, c’est bien qu’elle a remplacé, elle aussi, « étrangers » par « musulmans » (comme toujours)(c’est bien connu).
D’ailleurs, elle le dit elle-même : « la peur de l’étranger, le sentiment que l’intégration n’a pas réussi, l’idée que ‘trop c’est trop’ ont gagné du terrain suite à la crise des migrants et aux actes terroristes, et pas qu’à droite. » Glissement, donc. Car ce disant, non seulement, elle conforte cette opinion publique dans l’amalgame entre terroristes, migrants, musulmans, islamistes, bruns, marocains, etc, plutôt que de déconstruire ce délire. Mais en plus, elle s’approprie l’idée que les étrangers bruxellois sont principalement musulmans, une légende maléfique qui permet de semer la panique dans la population, qui se voit déjà en burqa dans cinq ans.
Ce cheptel d’expats qui vient manger le pain des Belges.
Les chiffres lui donnent pourtant tort sur toute la ligne. Il y avait au 1er janvier de cette année 34,6 % d’étrangers à Bruxelles. Ils venaient à 68 % de pays islamiques qui recommandent la charia : la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Pologne, la Roumanie, etc. Blague à part : deux résidents étrangers sur trois sont citoyens d’un pays membre de l’Union européenne. Des Européens de souche, de culture judéo-chrétienne, comme on dit à l’extrême droite. Voilà donc le « cheptel » de Béatrice Delvaux ! Le cheptel des Français, le bétail des Roumains, le troupeau des Irlandais, la meute des Grecs.
Tout à coup, le terme cheptel paraît plus choquant, ou c’est moi qui déconne ?
Les faits. Dans pratiquement toutes les communes du Sud et de l’Est bruxellois, la nationalité du cheptel étranger la plus représentée est la française (selon STATBEL 2013). Mêêêê mêêême à Molenbêêêêk, les Marocains ne représentent qu’un quart des étrangers, devant les Roumains et les Espagnols, des citoyens européens dans les deux cas ! À Schaerbeek, il y a presque autant de Français et de Bulgares que de Marocains qui, eux-mêmes, ne représentent qu’un 8e environ de la population de nationalité étrangère. Loin devant les Turcs. Ci-contre, les chiffres de 2015 (selon BrusselsStudies).
Donc, contrairement à ce qu’affirme Béatrice Delvaux, les étrangers à qui le PS veut ouvrir les bureaux de vote régionaux sont très majoritairement des Européens et plus majoritairement encore des non-musulmans !
Le pourcentage d’étrangers venus de pays musulmans est donc vraisemblablement de maximum 8,7 % (y compris les Albanais, Kosovars et Bosniaques ; il faut encore décompter pas mal d’Africains, les Ukrainiens, les Moldaves, les Norvégiens, les Suisses, les Chiliens, les Équatoriens, les Serbes, tous rarement muslims).
Il y a donc deux fois plus de ressortissants de pays membres de l’Union européenne en Région Bruxelloise que de pays hors UE. Mais même parmi ces derniers, les Marocains et les Turcs ne représentent que 4,1 % des 34 %. Car parmi les non-UE, il y a aussi, selon les statistiques de 2008 (et ça n’a pas dû diminuer beaucoup depuis), des Japonais, Américains, Chinois, Brésiliens, Indiens et Russes. Rien que ces 6 nationalités (sur une centaine) représentaient alors une horde de 1,8 %, à déduire donc de ces 6,6 % d’autres.
Même les libéraux européens votent socialiste.
Plus caustique encore : selon le CRIC Charleroi, aux élections communales de 2012, les électeurs bruxellois ressortissants de pays de l’Union européenne se sont montré un tiers plus prompts à voter que les autres : 13 % des ovidés unioneuropéens ont voté, contre 10 % des caprins extra-UE. Or, on a vu que les Européens étaient deux fois plus nombreux que les non-Européens. Autrement dit, l’électorat « offert aux partis » (dixit Béa) par la proposition de Philippe Close sera composé de 72 % d’Européens, et de seulement 28 % d’extra-européens, dont un maximum de 22 % de musulmans, et probablement vers les 10 % de Marocains et de Turcs.
Et voilà envolé le soupçon fumeux d’opportunisme électoral sur « cheptel », ou du moins, sa capacité. Car s’il semble évident à Béa Delvaux que les musulmans votent tous PS (ben tiens), je ne vois pas ce qui pourrait indiquer que les citoyens européens feraient de même.
« Le rôle d’un éditorialiste : hurler avec les loups ou remettre les choses en contexte ? »
Apparemment, Béatrice Delvaux ne s’est donc même pas demandé ce qu’impliquait ce vote des étrangers à l’élection régionale bruxelloise. Elle n’a vu que l’opinion publique, échaudée. Et les « musulmans », ces socialistes en puissance. Au lieu de remettre les choses dans leur contexte — le rôle d’un éditorialiste de mon point de vue —, elle a apparemment saisi une occasion de mettre le PS sur le même pied de populisme ou de « dérapage » que la N-VA.
Bien sûr, le PS a de nombreux défauts. C’est un État dans l’État. Une machine clientéliste. Un centre de communication redoutable au service d’un parti arrogant, qui ne supporte pas bien les cures d’opposition. Mais le PS n’est jamais entré le lundi dans le gouvernement d’un pays dont il exigeait, le samedi, la fin. Il n’a jamais toléré qu’un de ses députés, président de commission à la Chambre — Brecht Vermeulen en l’occurrence — aille côtoyer un drapeau de régiment Waffen-SS le dimanche sous prétexte d’une histoire « différente » au Nord. Lors d’une célébration où l’on prie pour les anciens du Front de l’Est (Waffen-SS, donc) — et pourquoi pas, quand on est sûr qu’ils n’étaient pas antisémites ou qu’ils ont agi par naïveté ? — alors que pratiquement toutes les fêtes nationalistes excluent les résistants flamands. Ce n’est pas ça, l’histoire flamande, Bea Delvaux ! Ça, c’est le révisionnisme nationaliste flamingant. Celui dont beaucoup de Flamands aimeraient bien être détachés une fois pour toutes.
« Hors de question de fermer les yeux sur le traitement inique de l’Histoire par la N-VA. »
Car la N-VA est d’une pingrerie affolante en matière de célébration des résistants qui ont donné leur vie pour la Flandre démocrate. Même les résistants flamingants (oui, il y en a eu, et beaucoup) n’ont pas souvent droit aux honneurs ! Bart De Wever rappelle bien quand ça lui chante que 43 policiers anversois ont bien été déportés par les nazis, dont 35 assassinés à Buchenwald, mais le seul hommage public dont j’ai trouvé trace est un DVD et un livre publiés par le district de Deurne (dont le chef est N-VA, c’est donc possible). Apparemment, le nettoyage mémoriel du parti n’est pas encore à l’ordre du jour. Il est donc hors de question qu’on ferme les yeux sur cette façon inique et inacceptable de traiter l’Histoire. Je parle bien de l’Histoire flamande. Et donc, non, on ne peut pas mettre le PS et la N-VA sur le même pied.
Le PS ne s’est jamais prêté à ce genre de délire. S’il l’avait fait, le Soir l’aurait assassiné en une, à raison. Mais quand la N-VA le fait, le même Soir ne pipe mot : le journal n’a rien publié sur la visite du député Brecht Vermeulen à la fête d’extrême droite dimanche dernier, tout comme la plupart des journaux francophones. Du moins, je n’ai rien trouvé ! Facile, alors, d’attribuer le même caractère de dérapage aux propositions des deux partis !
Le lent glissement des valeurs
Les nationalistes flamingants sont parvenus à imposer à une partie de l’intelligentsia francophone leurs dérives comme une normalité, comme ils l’avaient fait déjà en Flandre, étouffant les opinions contraires. Et parce que le MR s’est laissé aller à les inclure dans le gouvernement, une partie de la presse a totalement cessé de moufter, pensant alimenter le bien commun et la paix des ménages, mais en cessant d’informer et de contextualiser, en laissant la tache d’huile de l’hommage collaborationniste s’étendre dans tout le pays. Car comment interdire demain un hommage à la Légion Wallonie et à Degrelle si ceux à la Vlaamse Legioen et à Staf De Clercq (le führer flamand) devant 3.000 personnes sont pardonnés d’avance ?
À lire une partie de la presse aujourd’hui, l’on comprend en fait comment l’Autriche pourrait se doter d’un président fasciste cet automne. Les valeurs glissent progressivement. Des journalistes accompagnent le mouvement au lieu de le contrer, en éclairant la société. À moins que l’intérêt du public ait cessé d’exister dès qu’on parle de nationalisme flamand et de commémorations radicalement fascistes.
« Béatrice Delvaux aurait-elle si peu fait pour le vote des femmes au début du XXe siècle ? »
Le PS a aujourd’hui beau jeu, en réponse, de faire remarquer que le MR a lui aussi sa charrette de propositions réputées impossibles. Comme la fin du vote obligatoire. Là, personne n’a crié au populisme — à raison, parce que ça n’en était pas plus que le vote des étrangers à Bruxelles.
Aujourd’hui, Béatrice Delvaux invite en gros les politiciens à attendre le feu vert des éditorialistes, ou le momentum idéal, ou la bonne volonté de l’opinion, ou la faisabilité législative immédiate, pour s’exprimer sur des sujets de fond. Si c’est ça, alors la France n’aurait pas dû voter le mariage pour tous, si peu populaire. Jamais le vote des étrangers (même européens) n’aurait dû être brandi ! Et même, l’interdiction de la peine de mort aurait dû rester dans les cartons, parce qu’il y a toujours bien un criminel effroyable qui pèse sur l’opinion publique. En mai 2015, 52 % des Français étaient pour son retour. Et que dire du vote des femmes qui était si impopulaire en 1959 chez les Helvètes que les citoyens suisses (pas franchement des barbares) le rejetèrent à 67 % lors d’une votation ! Même en 1971, en pleine révolution sexuelle, l’idée fut encore rejetée dans 8 cantons et demi-cantons. L’un d’entre eux le refusa même à plus de 90 % ! Fallait-il cesser d’en parler, Béatrice Delvaux ? Avait-on raison d’arrêter les suffragettes du début du XXe siècle et de qualifier leurs idées de « dérapages » ?
La N-VA veut réaliser le vœu de Philippe Close. Sans le savoir.
Pour convaincre son lectorat que le PS dérape autant que la N-VA, Béatrice Delvaux clame encore que Philippe Close a fâché le PS wallon, qui via Marcourt a expliqué qu’il ne voulait pas aborder le thème du droit de vote des étrangers aux régionales (27 % des Européens votent aux communales en Wallonie), en tout cas pas tout de suite. Elle ajoute que la direction nationale est sur la même longueur d’onde. Grave dérapage ?
Mais non ! Tant mieux, bon sang ! Ça ouvre le débat, au moins ! C’est l’inverse de la particratie tant décriée autrefois par les éditorialistes belges, où le chef dicte sa loi à l’ensemble de son parti. Que les députés lancent des idées, ça tombe bien : les chantiers sont innombrables ! Sans compter que, dans un pays fédéral, il est bien naturel, et sain, qu’il y ait des différences de vues entre le PS wallon et le PS bruxellois !
Et sur le fond, Close a raison. Le droit de vote des étrangers aux élections régionales de Bruxelles-Capitale donne au minimum aux résidents citoyens de l’UE le droit de participer (un peu plus) à la vie politique de la cité qui héberge — excusez du peu — les institutions européennes, et devrait se targuer de servir d’exemple !
Plus drôle : si les communes bruxelloises fusionnaient, ce que la N-VA souhaite ardemment, et que la Région disparaissait, ce qu’elle souhaite aussi, les étrangers obtiendraient le droit de vote de facto, en vertu du Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne, article 10 (et déjà dans le Traité de Maastricht), pour les citoyens européens, et moyennant le serment de respecter notre Constitution pour les autres, en vertu de la législation belge.
Le brol bruxellois, ce machin difforme.
De par sa structure en forme de brol tarabiscoté, Bruxelles est d’ailleurs parmi les rares grandes villes d’Europe où les citoyens européens n’ont qu’un droit de vote partiel, uniquement dans leur arrondissement (commune). C’est le cas aussi à Hambourg. Mais à Paris, qui est à la fois une commune et un département, les ressortissants européens ont le droit de vote sur l’ensemble des thèmes politiques, les élections départementales ayant été « effacées » au profit de l’élection municipale. Ils l’ont aussi à Amsterdam, une commune de 800.000 habitants, et dans les waterschappen (y compris pour les étrangers hors UE dans ce cas) où ils peuvent aussi être élus. Le Danemark et la Suède offrent des droits plus larges encore. Même en Suisse, tous les étrangers résidents de bonne durée ont le droit de voter aux cantonales (les régionales, donc) dans deux cantons : le Jura et Neuchâtel.
Un système dont la Belgique pourrait s’inspirer, à long terme : en Suisse, comme aux États-Unis, chaque canton décide d’accorder ou non le droit de vote aux étrangers aux communales (Vaud et Fribourg en plus des deux précités, où les étrangers sont aussi éligibles), et de l’étendre ou non aux cantonales. À Genève, les étrangers ont le droit de vote, mais pas celui d’être élus. Dans plusieurs cantons alémaniques (Appenzell, Grisons et Bâle-ville), chaque commune peut décider d’accorder ce droit ou non. Elles sont ainsi 23 sur 125 dans les Grisons.
La « capitale de l’Europe » qui met les électeurs européens à la portion congrue.
Ce cas est intéressant pour nous, même s’il requiert pas mal de tuyauterie constitutionnelle. Il est en effet ridicule de prétendre que la question est identique dans les deux grandes régions et à Bruxelles, qui compte plus d’un tiers d’étrangers et est une ville-région tout comme Paris est à la fois une ville et un département. Il est étrange que les étrangers aient le plein droit de vote à Anvers (commune de 500.000 habitants) et pas à Bruxelles. Il est incohérent d’attirer des milliers de fonctionnaires européens et de l’OTAN, des dizaines de milliers de travailleurs français, allemands, polonais, sans leur ouvrir le droit à la participation électorale complète, dans la ville qui s’affirme en même temps « la capitale de l’Europe ». Nous faisons en fait moins bien que les cantons du Jura ou de Neuchâtel ! Et je parle bien sûr, dans un premier temps, des citoyens européens.
Dans une prochaine réforme institutionnelle (qui ne viserait pas à démembrer le pays), le sujet doit pouvoir revenir sur le tapis. En 2019, en 2024, ou en 2029. Ça signifie qu’il faut continuer à l’entretenir, et à en parler. Close avait probablement des arrière-pensées en l’évoquant. Mais franchement, lui reprocher ça revient à lui reprocher de faire de la politique ! Sachant que rares sont les propositions politiques dénuées d’arrières-pensées. Comme le vote des Belges de l’étranger, du MR…
Tout ça, Le Soir l’a jeté avec l’eau du bain. Au lieu d’en profiter pour remettre les choses en perspective et en contexte, Bea Delvaux s’est immiscée dans des querelles internes au PS, prenant parti pour la direction, contre un député bruxellois. Quel intérêt ?
Il y avait lieu, plutôt, de rappeler à ses lecteurs que le mot étranger ne signifie pas, loin de là, musulman. D’oublier cet amalgame qui résonne dans la tête des lecteurs et électeurs. Et bien sûr, au moins autant, d’oublier l’amalgame entre terrorisme et islam, envers et contre les « intellectuels » qui s’échinent à chercher dans le Coran (que la moitié des « musulmans » bruxellois n’ont plus ouvert depuis leur plus tendre enfance) des preuves de la nocivité intrinsèque de l’islam, et donc, évidemment, des musulmans, et donc, bien entendu, des étrangers. Ce cheptel.
La proposition N-VA ne concerne au final que trois journalistes.
Évidemment, Nadia Sminate aussi, peut donner son opinion contre l’avis de sa direction de parti. Et Théo Francken, la répercuter. Mais ce faisant, la N-VA a, contrairement au PS, instrumentalisé la xénophobie latente envers les musulmans en important un thème franco-français (le burkini) à partir de rien. Ce qui a d’ailleurs amusé la journaliste du Standaard Veerle Beel : « De Afspraak [émission de la VRT NDT] envoie une journaliste en burkini sur la plage. Het Nieuwsblad l’avait déjà fait aussi. Parce que sinon, il n’y avait pas un seul burkini à l’horizon. » La suite lui a donné tort : un troisième burkini fut effectivement repéré. Mais bon, c’était une journaliste d’Humo.
De Afspraak stuurt journaliste in burkini naar het strand. Het Nieuwsblad deed dat ook al. Omdat er anders niet één burkini te zien is
— Veerle Beel (@veerlebeel) 29 août 2016
Bref, une députés N-VA lance l’idée d’interdire une chose qui n’est visiblement portée en Belgique que par… des journalistes ! Et Béatrice Delvaux n’y voit pas un dérapage. En revanche, elle fustige le fait que Nadia Sminate n’avait pas l’aval de son parti. Allez comprendre.
Mais qu’il s’agisse de Berbères ou de burkini, l’on sait qui ce parti vise quand il se montre plus anti-islam(iste) qu’Alain Destexhe : l’électorat du Vlaams Belang. Or, une loi contre le burkini est une hérésie, même la tête du parti le reconnaît. S’il s’est retiré sur ce thème, c’est parce qu’il est inutilement encombrant pour un parti qui a déjà mille fers au feu. Le vote des étrangers aux régionales bruxelloises, lui, est dans la logique du progrès de la citoyenneté.
L’intérêt citoyen des mesures évoquées est aussi fondamentalement différent : dans le cas du burkini, vu la quasi-absence de contrevenants potentiels, et contrairement au vote des étrangers à Bruxelles, une loi ne concernerait à peu près personne, alors que l’idée de Philippe Close concerne des dizaines, voire des centaines de milliers de résidents bruxellois, est conforme aux résolutions du Conseil européen, et — dans l’esprit du moins — à l’article 10 du TFUE. Interdire le burkini, en revanche, n’est conforme à rien du tout légalement parlant. C’est même probablement anticonstitutionnel.
Le droit de vote étranger n’est pas une idée communiste, mais libérale.
Et donc, selon Béatrice Delvaux, faire plaisir à l’électorat d’extrême droite ou relancer une idée fondamentalement démocratique, c’est « le même terrain ». La seule différence, selon elle, c’est « le sens ». Chacun tirant vers son extrême, croit-on comprendre. Comme si le vote des étrangers était un thème d’extrême gauche ! C’est au contraire une idée libérale : no taxation without representation (pas d’imposition sans représentation). En 1765, les marchands américains se réunirent en congrès pour exiger d’être représentés au Parlement anglais en échange des taxes que celui-ci levait sur le commerce des colonies. L’indépendance et les USA naquirent de ce principe.
Mais ça a dû glisser de l’esprit de Béatrice en même temps que glissent les valeurs dans notre société, de plus en plus conservatrices, de plus en plus à droite.
Delvaux conclut : « Avec au bout du compte, une opinion publique qu’on a voulu instrumentaliser et qu’on continue à utiliser à ses propres fins, plus qu’on ne l’aide à traverser cette période périlleuse pour notre démocratie où, c’est une évidence, le sentiment xénophobe a gagné du terrain depuis des mois. » Ce faisant, elle ne résiste pas à ce sentiment xénophobe, ne le conteste pas, ne le contredit pas. Ou si peu. Elle ne cherche même pas les arguments qui permettent de convaincre l’opinion publique de la stupidité de l’argument musulmanophobe quant au vote des étrangers à Bruxelles, malgré l’écrasante majorité de citoyens européens, non musulmans, concernés par la mesure. Bref, elle instrumentalise elle-même l’opinion publique aux fins de blanchiment du nationalisme flamingant, plutot que de « l’aider à traverser cette période périlleuse, etc. etc.
À force, on ne s’étonne plus de voir la population s’enfoncer dans une ambiance morbide et réactionnaire qui commence à ressembler à la fin des années vingt. Rappelez-vous, c’était l’avant-veille du grand… soir.
80 Comments
mélanippe
septembre 03, 15:30Georges-Pierre Tonnelier
septembre 03, 15:47Wallimero
septembre 05, 21:19marcel
septembre 06, 08:33Wallimero
septembre 06, 12:35marcel
septembre 08, 11:19Wallimero
septembre 08, 19:51marcel
septembre 08, 21:04Georges-Pierre Tonnelier
septembre 09, 17:11Wallimero
septembre 10, 04:27marcel
septembre 10, 12:48Eridan
septembre 07, 08:40Georges-Pierre Tonnelier
septembre 06, 11:59Eridan
septembre 07, 08:37mélanippe
septembre 03, 18:18xavier
septembre 03, 20:07marcel
septembre 11, 09:45Legille
septembre 03, 21:35Eridan
septembre 04, 10:06Wallimero
septembre 04, 10:22marcel
septembre 05, 08:44moinsqueparfait'
septembre 05, 17:24Eridan
septembre 06, 10:24Jester
septembre 07, 14:28Wallimero
septembre 05, 21:06marcel
septembre 06, 08:35Eridan
septembre 06, 10:34u'tz
septembre 07, 23:45Eridan
septembre 05, 10:58insoL
septembre 04, 15:25marcel
septembre 05, 08:46insoL
septembre 05, 09:44Tournaisien
septembre 04, 16:31u'tz
septembre 07, 23:49Tournaisien
septembre 09, 09:56Capucine
septembre 04, 20:04Eridan
septembre 05, 11:03marcel
septembre 06, 07:17Eridan
septembre 06, 10:09u'tz
septembre 04, 23:17Didier
septembre 05, 07:35marcel
septembre 05, 08:51Didier
septembre 05, 09:48marcel
septembre 06, 07:16u'tz
septembre 07, 23:55Capucine
septembre 05, 08:52marcel
septembre 06, 07:14Pierre
septembre 05, 12:00marcel
septembre 06, 07:18Eridan
septembre 06, 10:44marcel
septembre 08, 11:13Pfff
septembre 05, 14:09Pfff
septembre 08, 09:24Pfff
septembre 14, 12:27Pfff
septembre 05, 15:42marcel
septembre 06, 07:33Pfff
septembre 06, 09:53Eridan
septembre 10, 12:33Pfff
septembre 11, 12:12Pfff
septembre 11, 13:09marcel
septembre 11, 13:23Pfff
septembre 11, 20:32marcel
septembre 13, 06:55Pfff
septembre 13, 09:50serge
septembre 05, 15:50marcel
septembre 06, 08:28gjanaj
septembre 05, 16:13marcel
septembre 06, 08:37u'tz
septembre 05, 22:39marcel
septembre 06, 08:32u'tz
septembre 08, 00:12Tournaisien
septembre 06, 05:46Capucine
septembre 06, 14:14marcel
septembre 08, 11:19Pfff
septembre 06, 17:46Degenève
septembre 10, 15:15Eridan
septembre 12, 11:31Quand Béatrice Delvaux (Le Soir) dérape sur le vote des étrangers. | Mes coups de coeur
septembre 17, 17:36Quand Béatrice Delvaux (Le Soir) dérape sur le vote des étrangers. | Un Blog de Sel | salimsellami's Blog
septembre 17, 18:35Quand Béatrice Delvaux (Le Soir) dérape sur le vote des étrangers. | Un Blog de Sel | Boycott
septembre 18, 10:20