Alphen, quand les économies publiques provoquent une catastrophe.
La chute d’un pont et de deux grues sur des maisons à Alphen n’a fait aucun blessé. C’est juste miraculeux. Visiblement, l’ingénierie est en cause. Même si on ne peut pas prévoir tout ce qui peut arriver lors d’une telle opération, il semble évident que le pouvoir adjudicateur doit tout faire pour éviter le moindre pépin. Il est pour cela tributaire de ce que les entreprises lui racontent, celles-ci ayant une longueur d’avance sur les fonctionnaires chargés de décider de la technologie à utiliser. Mais aussi du prix.
Le problème, c’est que de plus en plus souvent, les adjudicataires ne regardent plus que le prix. Lorsqu’il s’agit d’outils de communication, c’est moins grave. L’argent est dépensé stupidement, mais il n’y a pas de drames (hormis le fait que si c’est pour faire des campagnes improductives et mal conçues histoire de dépenser le moins possible, l’argent aurait pu servir à des choses plus urgentes bien sûr). Mais quand il s’agit de ponts et chaussées, les conséquences peuvent tout simplement être mortelles, déjà pour les personnes chargées d’effectuer le travail — les grutiers par exemple, qui s’en sortent miraculeusement indemnes (on a d’abord parlé de 20 blessés, heureusement, il n’en est rien).
Cet accident aurait aisément pu faire une dizaine de morts. On va s’interroger sur le fait que des opérateurs aient accepté une opération dangereuse. Oui, mais les opérateurs, vous savez, ils doivent gagner leur vie et en temps de crise, ça implique des petits arrangements avec la sécurité. On va se demander si l’entrepreneur n’a pas sous-estimé le budget qui aurait dû être consenti pour une telle opération. Oui, mais quand on sait qu’aujourd’hui, c’est le moins cher qui emporte le marché, l’entrepreneur lui aussi voit sa rentabilité (souvenez-vous de mon article sur l’amoralité des entreprises) et s’il est bien sûr responsable de ses erreurs de conception, l’obsession des clients (ici, la commune) pour la solution la moins chère crée le risque qu’il y ait toujours au moins un soumissionnaire (une entreprise, donc) qui vienne avec une proposition enthousiasmante au niveau du prix, mais inadéquate.
Selon la télévision néerlandaise, ou plutôt selon un client évincé, la méthode choisie n’aurait jamais dû être approuvée par les pouvoirs publics concernés. Parce que les grues utilisées sur les barges (flottantes) sont conçues pour fonctionner sur la terre ferme et que dès que le niveau du sol n’est plus exactement horizontal, ces grues deviennent incontrôlables. On voit à l’image qu’il y a le moment du basculement, assez tôt dans l’opération, et que dès que le poids du pont manipulé joue sur la grue, plus rien ne peut être rattrapé. D’après ce concurrent, Jan Zwagerman, patron de l’entreprise éponyme, il fallait utiliser d’autres grues, plus chères.
Pour le professeur Frans Bijlaard de l’Université de Delft, il est invraisemblable qu’on n’ait pas fait évacuer les maisons environnantes avant de commencer les travaux, ce qui témoigne d’une assurance effrayante quant à la bonne marche de ce chantier pourtant peu ordinaire.
Donc, soit, le pouvoir adjudicateur a attribué le marché à une entreprise mal préparée ou peu expérimentée, soit à une entreprise qui aurait sciemment proposé une solution moins sûre, mais surtout moins chère.
Même si on n’a pas encore le fin mot (on l’aura dans quelques années), je pense que ceci peut être un exemple du fait que les économies de l’État ne sont pas la panacée. Et que la bonne gestion ne consiste pas à choisir le moins cher, mais bien le meilleur rapport qualité-prix sachant que la qualité a un prix et que descendre en dessous est nocif pour tout le monde. Moins d’État, c’est bien. Mais pas au prix de la sécurité. Ce qui montre que l’acharnement de certains à vendre les économies comme la solution à tout (et de belles ristournes d’impôts dans nos poches) revient à minimiser terriblement et parfois dangereusement l’importance du premier acteur économique de nos démocraties modernes et extrêmement complexes. Et ça, qu’on le veuille ou non, c’est, et ce sera toujours l’État.
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Hansen
août 04, 14:10Geoffrey
août 04, 15:25Hansen
août 04, 19:40L'enfoiré
août 06, 13:08moinsqueparfait'
août 04, 14:22denis DINSART
août 06, 09:01moinsqueparfait'
août 06, 15:10Démocrate
août 08, 18:09moinsqueparfait'
août 11, 15:02Didier
août 04, 14:31guypimi
août 04, 15:22GILLES- BXL
août 04, 21:34Marcel Sel
août 05, 01:58Démocrate
août 08, 18:53u'tz
août 09, 17:47Salade
août 04, 16:49Salade
août 04, 16:50Marcel Sel
août 05, 02:10Salade
août 05, 10:48Salade
août 05, 10:56Salade
août 05, 12:07Marcel Sel
août 05, 12:26Tournaisien
août 05, 14:02Salade
août 06, 09:53Tournaisien
août 06, 17:59Guy
août 04, 22:19Tournaisien
août 05, 10:04Tournaisien
août 05, 18:17Démocrate
août 10, 00:12u'tz
août 06, 22:00u'tz
août 06, 22:03