Bruxellois-e, révolte-toi ! Ça ne coûte que 3 €…
Bruxelles est malade. Alain Maskens est médecin. Ça fait des lustres qu’il étudie la multicapitale et son avenir, sans œillères et sans dogmatisme. Proche de Pro-Bruxsel, il a corédigé le Manifeste bruxellois qui appelle à plus d’ambition pour la « capitale » de l’Europe, de la Belgique et des communautés flamande et française de Belgique. Il avait aussi déjà publié Monoflamands et Monowallons – Errances et Dangers des Idéologies mono-identitaires (Éditions de La Longue Vue, Bruxelles – Paris, 2000), dans les deux langues nationales, astableeft ! Aujourd’hui, il a commis Bruxellois, révoltez-vous (AirÉditions, Bruxelles, 2014) que tout Bruxellois, tout politicien belge, tout eurokèkchose doit avoir lu. Dont coût, 3 maigres euros. Une heure de parcmètre, en gros…
Les 26 pages de cet opus feront penser à celles d’Indignez-Vous de Stéphane Hessel. Sauf que ce dernier partait un peu dans tous les sens alors qu´Alain Maskens réussit l’exploit de passer en revue l’ensemble des blocages bruxellois, qui sont aussi des blocages communautaires et/ou nationalistes/régionalistes, sans répétition inutile, sans longueur, sans fausse note. Le tout, en moins de trente pages. Une perle. Aujourd’hui, Bruxelles est privée d’ambition par une série de blocages. Comme le rappelle notre docteur, « ses structures, basées sur la séparation en communautés linguistiques, sont complexes (sept gouvernements !) […] Sa classe politique est divisée en partis flamands et partis francophones, dirigés depuis la Flandre ou la Wallonie ». Pour autant, ce n’est pas une attaque bêtasse contre les autres régions que Maskens nous propose, mais au contraire, une fusion communautaire, une gestion par les Bruxellois, non seulement pour les Bruxellois, mais aussi au bénéfice de l’ensemble du pays. Aucun État ne peut fonctionner correctement en imposant 26 niveaux de pouvoir (7 gouvernements, plus les communes) à sa capitale.
Sept gouvernements et dix-neuf communes :
l’ingérabilité organisée profite à tous,
sauf aux Bruxellois…
« Pour en sortir », constate l’essayiste, « il faudra que les politiques bruxellois — sous la pression citoyenne — dépassent enfin les clivages linguistiques ». Il invite donc tous les Bruxellois à se révolter. Non pas physiquement, bien évidemment, mais mentalement, moralement, et à rappeler à leurs dirigeants qu’ils ne sont pas des poires pour la soif nationale, mais des citoyens qui contribuent et reçoivent peu en retour. Deux systèmes scolaires incompatibles. Moins de 2 % d’immersion dans une capitale où l’emploi se noie. L’un des PIB les plus élevés d’Europe contrastant avec l’une des populations les plus pauvres du nord de l’Union… Une saleté qui devrait être résolue « d’ici 5 à 10 ans », des transports en commun indignes d’une ville internationale, des pouvoirs communautaires qui empiètent sur la construction d’écoles ou la langue des crèches, sans compter le cadre… des pompiers, la prise en otage de l’aéroport qui devrait être vraiment national, la mainmise sur le périphérique au bénéfice de Gand, Anvers, ou de la tranquillité de Waterloo Nord. Ces constats, qui ne sont que quelques-uns des scandaleux blocages qui immobilisent la ville, suffisent à appeler à un solide réveil citoyen !
Déjà rares sont les observateurs belges capables de sortir de la logique communautaire et d’en tirer des conclusions claires. Rien que là, l’essai d’Alain Maskens vaut son pesant de cacahuètes (7 € le kilo au Cora, pour info). Mais Bruxellois, Révoltez-vous va plus loin : il remet l’ensemble de la situation bruxelloise en perspective, en explique les blocages et la gabegie, n’épargne aucun camp ni aucun parti et nous rappelle que ce pays est bête au point de tout faire pour maintenir sa capitale, siège de l’Union Européenne, au sous-sol, et l’enfoncer encore. Vingt-six pages, et pas une ligne inutile.
Alors, ce livre tombe bien. La campagne est lancée. Notre région ne peut plus se permettre d’élire des simili-bruxellois prêts à toutes les compromissions parce qu’ils ont peur d’être vus comme antiflamands ou antiwallons. Le sort des trois grandes régions du pays est intimement lié. Bruxelles arrose copieusement les Brabants wallon et flamand de son rayonnement économique. Le jour où les deux régions voisines auront eu raison de son économie, elles auront aussi annihilé la leur, d’économie, au bénéfice d’une fierté régionale absurde et destructrice. Attention : il ne s’agit pas de nationalisme bruxellois, ni même de patriotisme, mais d’exiger pour plus d’un million d’habitants, sans compter les navetteurs qui y travaillent, le droit à une gestion débarrassée de communautarisme, le droit à une politique dévêtue de ses atours hypocrites, le droit à des politiciens qui croient à une Bruxelles multiculturelle, point, punt, full stop.
Il y a urgence. La capitale de la Belgique, siège des communautés flamande et française, de la Commission européenne, du Conseil européen et de l’OTAN, siège effectif aussi du Parlement européen, est aujourd’hui une bombe sociale. De l’aveu même de son ancien ministre-président, Charles Piqué, si on n’avait pas investi socialement dans un certain nombre de quartiers, les émeutes seraient régulières. Pourtant, rien ne prédestinait la Capitale à ce destin funeste. Si les causes sont multiples, on doit d’urgence s’attaquer à celles qui sont politiques et à une simplification radicale des structures ahurissantes qui livrent Bruxelles aux ambitions des autres, aux profits extérieurs. Et non, il ne s’agit pas de « contrôler » les « transferts » financiers comme une N-VA bruxelloise le martèlerait : ils sont normaux. C’est la moindre des choses qu’une région riche envoie tout ce qu’elle peut aux régions qui le sont moins. Mais le minimum, c’est qu’on ne la rende pas exsangue à force de la ponctionner. Il s’agit donc simplement de remettre l’ambition bruxelloise, comme le soulignait Jurek Kuczkiewicz dans Le Soir de ce matin, au cœur de la question bruxelloise. Ça tombe très bien : les élections régionales approchent. Alors, Bruxellois, Franstalig, Nederlandstalig, Engelstalig, Whatevertalig, reprenez-vous ! Révoltez-vous ! Et pour commencer, informez-vous ! Après tout, ça ne coûte que 3 €. Et celui ou celle qui recule devant une telle dépense n’est, je l’affirme, un-e lamentable labbekak-ke !
P.S. : Où trouver le livre ?
Certains m’ont demandé où l’on peut trouver « Bruxellois, révoltez-vous ». La réponse d’Alain Maskens :
• On le trouve dans de nombreuses bonnes librairies : Abao, la Licorne, Lombard, UOPC, Tropismes, Cook & Book, Filigranes, Libris Agora, A Livre Ouvert, PUB, …
• Il peut être commandé en direct pour livraison postale http://www.dnao.be/commande.html.
• Il est également disponible en version électronique (Kindle) sur Amazon Store: http://www.amazon.com/dp/B00J4QJS5Y
22 Comments
moinsqueparfait'
avril 09, 16:39Lachmoneky
avril 09, 18:15moinsqueparfait'
avril 10, 01:38Lachmoneky
mai 09, 21:32Philippe
avril 09, 19:12Philippe
avril 09, 19:23Bruxellois
mai 09, 19:36Marcel Sel
mai 09, 19:38Pfff
avril 10, 18:34Marcel Sel
avril 10, 18:38Pffff
avril 10, 20:02uit 't zuiltje
avril 11, 00:26uit 't zuiltje
avril 10, 20:14Stéphane Dohet (@stephanedohet)
avril 11, 14:03miyovo
avril 11, 16:09Marcel Sel
avril 11, 16:29Michele
avril 12, 17:01Marcel Sel
avril 12, 17:40Hachiville
avril 13, 11:47Gérard
mai 10, 18:11Bruxelles martyrisée, Bruxelles ignorée… Bruxelles révolte-toi. | Un Blog de Sel
mai 07, 13:09Gaëtan
mai 12, 12:43