Le problème avec Greta (et XR). Acte 3 : La science, vraiment ?
Articles précédents :
Acte 1 : La naissance d’un Mythe.
Acte 2 : Un message simpliste, des exigences dangereuses.
Depuis la publication de l’acte 2, où j’ai démontré que les exigences de Greta Thunberg sont irréalisables (et pire encore pour Extinction Rebellion) — sauf à vouloir causer une apocalypse économique, sociale et politique —, ses défenseurs m’ont martelé : « Tout ce qu’elle dit, c’est d’écouter la science ». Autrement dit, le discours de Greta Thunberg, c’est ce qui se trouve dans les rapports du GIEC !
Écouter la science, c’est évidemment ce que tout le monde devrait faire. Et n’importe qui peut se retrouver dans cet appel : scientifiques, entrepreneurs, écologistes, et même — pourquoi pas ? — les climatosceptiques. Mais à bien y réfléchir, nous avons là un bel argument d’autorité. Greta, affirme ainsi être [du côté de] la science. En face, on aurait donc bien la « non-science ».
Une telle réquisition du savoir impliquerait une rigueur absolue. Ce n’est pas le cas. Je vais même démontrer ci-après que Greta Thunberg elle-même n’écoute pas réellement « la science ». Elle utilise au contraire certaines de ses conclusions pour créer une atmosphère de panique, qu’elle pense apparemment nécessaire pour déclencher une réaction populaire.
Des informations, ou plutôt : désinformation.
Qu’un mouvement militant confonde science et radicalité n’a rien de scandaleux ni de nouveau. Que des élèves s’engagent dans la lutte pour le climat est même réjouissant. Mais ce qui est nouveau, c’est que des politiques, des journalistes, des médias, des influenceurs, des enseignants et même des scientifiques soutiennent cette prétention scientifique, alors même qu’ils savent (ou doivent savoir) que Greta — et Extinction Rebellion encore plus — diffuse une interprétation radicale et donc non scientifique.
Ce faisant, c’est toute une partie de l’élite médiatico-politico-scientifique-enseignante (que reste-t-il d’autre ?) qui approuve un discours fallacieux dont la première audience est pourtant l’adolescent-e, l’étudiant-e, l’élève ! On a en fait rarement vu une campagne aussi colossale de mésinformation. On a rarement justifié un tel affront à l’éducation, à l’enseignement.
Déjà, si on la prend vraiment au mot, Greta Thunberg ne s’intéresse qu’à un pan bien précis de la science : celui qui a établi le diagnostic du réchauffement et qui l’a attribué à l’activité humaine. Les autres sciences indispensables à la gestion humaine (les sciences politiques, économiques, la sociologie, l’anthropologie, etc.) sont purement et simplement ignorées. Or, elles jouent un rôle crucial dans la mise en place d’une transition énergétique soutenable — j’ai montré dans l’Acte 2 que la transition ultrarapide réclamée par les Thunbergiens menait à rien de moins qu’une apocalypse économique, sociale et politique, justement par manque d’intérêt pour les aspects humains.
GIEC sans provision
Mais même le rapport du GIEC de 2018, qu’elle recommande de lire (et je vous le recommande aussi), n’est pas le fruit d’une science exacte. Il est certes basé sur des constats scientifiquement établis, mais comprend une forte dose d’incertitude. Et parce que le GIEC utilise des projections, et que l’avenir est imprévisible, ce qu’il énonce, est un pourcentage de chances, et non une vérité scientifique.
L’on pourrait ainsi résumer le rapport de 2018 (sur le réchauffement à 1,5°), de la manière suivante : « il y a une confiance moyenne au sein du GIEC que si nous atteignons la neutralité carbone en 2050, nous avons 50 % de chances de limiter le réchauffement à 1,5° ». Nulle part, le rapport ne dit, par exemple : « si nous n’atteignons pas la neutralité carbone en 2050, nous aurons [avec certitude] 2° de réchauffement », comme Greta Thunberg le laisse entendre. Si l’élaboration des conclusions du GIEC correspond bien à l’approche la plus scientifique possible d’une prévision, on ne peut pas considérer l’un de ses chiffres comme une vérité scientifique. Autrement dit, schématiquement, il se peut qu’on n’atteigne jamais les 2°, tout comme il se peut qu’on les atteigne dès 2050, quoiqu’on fasse.
Le rapport du GIEC est un travail prévisionnel d’une minutie extraordinaire. Mais en sélectionnant une des prévisions parmi bien d’autres, Greta Thunberg sort radicalement de cette rigueur scientifique et entre dans l’activisme. Une preuve à mes yeux, c’est que pour diffuser son « appel à la science », elle n’hésite pas à recourir à la manipulation et au sophisme. Comme ce fut le cas lors de son discours à l’Assemblée nationale française.
Repent, repent, repent !
Ce jour-là, Greta Thunberg s’est présentée à un public conquis — les « antis » ayant déclaré forfait —, dont une flopée de journalistes qui tenaient par avance un scoop qu’ils n’allaient pas vérifier. Il faut dire qu’ils faisaient eux-mêmes partie des cibles de l’adolescente. Car comme toujours, Greta allait accuser. Sa stratégie de com est simple, mais diablement efficace. Elle oppose des faits sélectionnés pour leur gravité morbide à l’inertie des élites, qu’elle présente comme étant les journalistes, les politiques et les entrepreneurs.
Face à une telle accusation, l’humain réagit de deux manières opposées : soit, il bat sa coulpe, avoue son péché, se déclare coupable et part écrire un billet enflammé sur cette nouvelle Jeanne d’Arc (ou Martin Luther King, ou Gandhi, ou Mandela…) qui va sauver le monde, et désigne les responsables (dont ils font partie) de l’apocalypse désormais quasi inévitable. C’est l’autoflagellation. Elle permet de s’affranchir de la culpabilité en s’engageant.
Dans l’autre cas, l’accusé se révolte, fonce écrire un billet au picrate contre cette nouvelle Jeanne d’Arc qui se prend pour Gandhi, cette petite conne manipulée par des adultes, qui ne va même pas à l’école, mais prétend tout savoir, et que ses parents feraient mieux de « soigner » plutôt que d’obéir à ses caprices ! C’est l’agression. Là aussi une réaction psychiatriquement logique : elle permet de fuir l’accusation en la retournant contre son autrice.
Finalement, ce que cette bagarre permanente et immature dissimule, c’est que rien n’est plus nocif à la science que le sacré (qui chez Thunberg se traduit par l’enfance, l’autisme, la vie humaine menacée, la planète). Pour permettre une critique normale, on doit donc se débarrasser de ces aspects encombrants et considérer que Greta Thunberg est une personnalité publique comme une autre, que son âge ou son prétendu handicap n’ont aucun intérêt dans l’examen de ses idées, et que la première chose à faire après l’avoir écoutée, c’est de vérifier les faits qu’elle a propagés. Or, qu’a-t-elle dit lors de cette conférence parisienne ?
La page 108 glissée en douze.
« [À la page 108], vous trouverez [tout ce que vous appelez nos] ‘opinions’ résumées […] Il est dit que si nous voulons avoir 67 % de chances de limiter l’augmentation des températures à 1,5°, nous avions au premier janvier 2018, 420 GTCO2 restant dans notre budget. […] Au rythme où nous consommons, ce budget sera entièrement épuisé d’ici huit ans et demi. Ces chiffres sont incontestables […] Et pas une seule fois n’ai-je entendu un journaliste, un politique ou un chef d’entreprise mentionner ce chiffre. C’est comme si vous ne saviez même pas que ce chiffre existe ! »
Elle reproche donc à nos élites de ne pas avoir lu, précisément, la page 108 du chapitre II du rapport du GIEC de 2018. C’est un fameux sophisme. Il consiste, à partir d’une page choisie, brandie à l’assemblée, à accuser le monde politique, journalistique et industriel de ne pas avoir pris connaissance du rapport du GIEC. C’est comme demander à un chauffeur routier ce qu’il est écrit à la 82e page, ligne 6, du Code de la route. Et face à sa perplexité, de l’accuser de ne même pas avoir lu le Code et vu son métier, d’avoir failli à son devoir le plus élémentaire !
La première chose que les journalistes présents auraient dû faire, c’était d’aller voir cette page 108. Ils auraient alors vu qu’elle ne contient qu’un tableau, qui n’est pas censé donner un chiffre précis. Au contraire, il est titré The assessed remaining carbon budget and its uncertainties. (Le budget carbone restant estimé et ses incertitudes). Et ils auraient découvert de nombreux chiffres, parmi lesquels celui que Greta a sciemment choisi, qui est en fait le plus alarmiste. Ce qui n’est pas, en l’occurrence « la science » !
Un discours à science unique.
Mais ce n’est pas tout. Contrairement à ce qu’affirme Greta Thunberg, de nombreux journalistes ont bien évidemment cité ce chiffre de 420 GtCO2 restants. Dans des revues scientifiques en pagaille (comme ScienceNews). Mais aussi dans de nombreux journaux à travers le monde, comme chez Reuters, dans le Washington Post, sur CNN Philippines, dans Panorama, en Italie, ou encore dans le Sydney Morning Herald (ce ne sont que quelques exemples).
Mais surtout, il n’est pas nécessaire de publier cette donnée particulière pour alerter la population ! Il suffit de taper « urgence climatique » sur le site du Figaro (non suspect d’être très gretaphile) pour se rendre compte que les journalistes sont ici très injustement accusés de désinformer voire de ne pas informer du tout !
Thunberg accuse aussi les décideurs politiques de ne pas avoir lu le rapport scientifique. C’est pourtant normal : sauf à être des scientifiques, les politiciens ne sont, pour la plupart, pas en mesure de comprendre les énoncés du rapport principal, extrêmement spécialisés. À leur attention, le GIEC a d’ailleurs produit le Résumé destiné aux Décideurs politiques (Summary for Policymakers), qui traduit les accumulations de chiffres et de références en explications compréhensibles et en recommandations intelligibles. Ce qui se trouve à la page 108 sous forme d’un tableau y est résumé en page 12.
De plus, vu la complexité de la décision politique en général, et sur le climat en particulier, ce ne sont pas les députés, mais bien les experts des partis qui se chargent de ces lectures et les traduisent en termes de gestion publique.
Enfin, il n’est pas sûr du tout que ceux qui ont applaudi Greta après qu’elle les ait baffés ce jour-là aient joint les actes à la parole, en se précipitant pour aller lire « la page 108 » ! Comme Barack Obama, leur but en soutenant Greta Thunberg est généralement d’alimenter leur propre popularité. Ou d’utiliser les arguments thunbergiens qui les intéressent, en laissant le reste du rapport du GIEC de côté, comme le font de trop nombreux écologistes.
La question de savoir si chaque député a bien lu la page 108 d’un rapport qui ne leur est pas destiné n’a donc aucun intérêt. La vraie question est de savoir si tout le monde (politique, journalistique) a bien conscience des résultats résumés par le GIEC et de leurs implications. Une piste : l’Union européenne s’est engagée en novembre 2018 à faire exactement ce que le GIEC recommande, à savoir, parvenir à la neutralité carbone en 2050 !
Le Point GMST.
Le chiffre de 420 GtCO2 asséné par Thunberg n’est donc qu’un de ceux présentés par le GIEC ! C’est le chiffre le plus alarmant. En lui réservant ses faveurs, elle a non seulement occulté les autres, elle a aussi dégagé et le contexte et l’incertitude inhérente au rapport lui-même ! Lorsqu’elle martèle : « Ces chiffres sont incontestables », elle sort radicalement de la logique scientifique en énonçant une opinion, contrairement à ce qu’elle affirme.
Car, autant dans le tableau de la page 108 qu’à la page 12 (équivalente) du résumé, « la science » ne tranche pas et fait au contraire état d’énormément d’incertitudes. Voici précisément ce que dit le rapport destiné aux décideurs sur le chiffre que Greta a trouvé en page 108 :
« En utilisant la température moyenne de l’air en surface selon AR5 […] nous obtenons une estimation du budget [résiduel] carbone de 580 GtCO2 pour une probabilité de 50 % de réduction du réchauffement à 1,5 °C, et de 420 GtCO2 pour une probabilité de 66 % (confiance moyenne). Alternativement, en utilisant les GMST*, les estimations sont de respectivement 770 et 570 GtCO2, pour 50 % et 66 % de probabilités (confiance moyenne). Les incertitudes dans la taille de ces budgets carbone sont substantielles […] celles sur la réponse climatique aux émissions CO2 et non-CO2 contribuent pour ±400 GtCO2 et celles sur le niveau de réchauffement historique, pour ±250 GtCO2 (confiance moyenne). »
* Global mean surface temperature – températures moyennes mondiales de surface
Autrement dit, les scientifiques rapportent une « confiance moyenne » dans le fait que le budget d’émissions restant pour rester sous 1,5 °C peut aller de (420 – 250 – 400 =) -230 GtCO2 à 66 % de chances (et dans ce cas, il est déjà épuisé depuis cinq ans), à (770 + 250 + 400=) =) +1420 GtCO2 à 50 % de chances (et dans ce cas, il reste… 34 ans d’émissions au rythme actuel !)
Notez que mes additions et soustractions sont purement théoriques, le rapport du GIEC précise que ces incertitudes ne sont pas nécessairement combinables (le commentateur Antoine Delieu conteste d’ailleurs ma formulation selon la méthode des probabilités sur laquelle j’exprime à mon tour des doutes). Mais même si l’on ne prend que l’incertitude sur la réponse climatique aux GES, on passe bien d’un budget résiduel de 20 GtCO2 à un autre, de 1170 GtCO2. Autrement dit, d’une situation déjà dépassée, à environ 28 ans de marge de manœuvre ! Ce que dit le GIEC, c’est que nous avons 66 % de chances d’arriver trop tard, ET que nous avons 50 % de chances d’avoir largement le temps. Ainsi que tout ce qui se trouve entre ces deux bornes. « Écouter la science », c’est prendre en compte cette incertitude.
Et dans aucun de ces cas, la planète ou l’humanité ne sont réellement perdues. Parce que la technologie continue à progresser rapidement (une équipe vient encore de développer une méthode de capture de CO2 très prometteuse), et qu’il reste d’énormes marges d’adaptation locale.
Donc, lorsque Greta Thunberg accuse ses opposants de parler de ses « prétendues opinions », elle les trompe : c’est eux qui ont raison. Lorsqu’elle dit que « ces chiffres sont incontestables », c’est faux. Et lorsqu’elle dit qu’elle n’a jamais entendu un journaliste, un politique ou un chef d’entreprise mentionner ce chiffre, c’est encore faux (ces chiffres ont bien déjà été mentionnés), mais c’est surtout fallacieux, puisqu’il n’est pas en soi une vérité scientifique !
Enfin, lorsqu’elle dit que nous n’avons que 8,5 années de budget CO2 restants, ce n’est pas la science qui parle, mais (au choix) la propagande, l’émotion, la volonté de marquer les esprits. Greta Thunberg, ce n’est donc pas « la science », c’est de la communication militante.
Et GIEC et mat
Redescendons sur terre. Regardons les conclusions du GIEC.
Elles sont certes alarmantes, mais pas dans la mesure où Greta les a reformulées. Les observations de températures reprises dans le rapport 2018 donneraient même un budget carbone légèrement plus ample que les prévisions des rapports précédents. Mais la concentration de CO2 (sans parler des autres gaz à effets de serre) et la température grimpent effectivement, et inexorablement. Les causes : l’accroissement de la population et la croissance nécessaire de la nourriture qui y est associée, la croissance économique et la croissance de la consommation énergétique basée sur des carburants fossiles à fortes émissions de GES (gaz à effets de serre). Il faut effectivement en sortir, mais progressivement.
Car le GIEC souligne aussi le fait que les conséquences d’un accroissement de la température de 2° seraient sensiblement plus graves que celles qui seraient associées à une augmentation de 1,5°.
La question n’est donc pas du tout de savoir si l’humanité va disparaître, mais combien d’humains vont souffrir de chaleurs insupportables ponctuelles, d’inondations ou de pluies torrentielles (épisodes catastrophiques plus nombreux à l’avenir). Ou combien vont devoir quitter leur lieu traditionnel de vie, et là, on parle en dizaines de millions. Ceux qui pensent que « nous » serons épargnés feraient bien de se rappeler que notre économie est désormais mondialisée et que plus rien de ce qui se passe loin de chez nous ne nous épargne.
Concrètement, limiter le réchauffement à 1,5° permettrait, selon le GIEC de réduire les risques d’effets graves dans la région arctique, sur les écosystèmes terrestres, en matière d’inondations côtières et fluviales, et, de façon plus moyenne, sur la morbidité due à la chaleur. Derrière ces chiffres un peu abstraits, à nouveau, des dizaines voire des centaines de millions de vies peuvent être bouleversées.
Pour éviter cette évolution indésirable, et tout en gardant à l’esprit l’éradication de la pauvreté, qui est pour la première fois au cœur du document, le GIEC propose quatre « chemins » (pathways) de réduction des émissions de GES. Le plus « hard » requiert une baisse de 58 % d’émissions de CO2 entre 2010 et 2030. Les intermédiaires tablent sur -47 et -43 %. Le quatrième, très technologique, admet même une hausse de 4 % d’ici 2030, mais repose sur des technologies de capture de carbone dont nous ne disposons pas encore. Dans tous les cas, d’ici 2050, nos émissions doivent avoir baissé de 91 à 97 %. C’est aussi ce que prévoit la stratégie européenne dévoilée l’an dernier.
Les pro-Greta à nu… cléaire
Et pour rester « scientifique », alors que les défenseurs de Greta Thunberg sont pratiquement tous des antinucléaires acharnés (certains sont même anti-fusion nucléaire, une technologie pourtant géniale, pratiquement sans nocivité et sans déchets), le GIEC prévoit, selon les scénarios, une croissance minimale de 98 % de l’énergie issue du nucléaire, et maximale de… 501 %. Avis à ceux qui, plus encore que Thunberg, sélectionnent ce qui les arrange dans « la science » !
Enfin, pour se donner un maximum de chances de rester sous 1,5 °C, nous devons lancer une série de réformes rapides — une rapidité qui n’est pas exceptionnelle, nous dit le GIEC — mais à une échelle encore jamais vue jusqu’ici. Une telle échelle requiert bien sûr une volonté politique inédite, mais aussi le recours à la science, à la technologie et au progrès. Et c’est cela qu’il faut soutenir. C’est pour ça qu’il faut se battre. C’est à ce tournant-là que, jour après jour, nous devons attendre les élites. En pointant leurs incohérences. En exigeant qu’ils tiennent leurs promesses. Avec pragmatisme et sans idéologie.
Et à ce propos, ce que je tire personnellement comme enseignement de ces documents, ce n’est justement pas « la décroissance » ni un « changement de paradigme », encore moins la sortie du capitalisme ou le renversement des gouvernements (revendiqué par Extinction Rebellion), qui créeraient une instabilité mortellement défavorable à un effort public aussi colossal ! Ce n’est pas la panique ni la morosité du désespoir, mais bien l’engagement, l’optimisme et la volonté de progrès.
Quant au citoyen, totalement laissé de côté par les campagnes en cours aujourd’hui qui — comme toute campagne rouge foncé vise bêtement le pouvoir, l’entreprise ou le capitalisme — il a un rôle fondamental à jouer dans cette évolution. Un effort sur ses consommations personnelles, qui implique un changement de vision et de priorités qui n’a rien de collapsologique. Sauf pour les acharnés de la vitesse et de la taille du capot qu’ils prennent pour leur zob. Il faut changer les mentalités. Le tribunal des bonnes consciences n’est pas la solution.
Engadouement
L’action de Greta Thunberg a certes eu le mérite de réveiller les consciences. Mais elle a aussi semé la zizanie parmi les citoyens, les politiques, les journalistes. Elle a créé une ambiance morbide, tragique, et elle a — culot suprême — désinformé les jeunes. Une partie de la population la trouve d’ailleurs à ce point décourageante qu’elle s’en détourne jusqu’à la défier : les avions sont de plus en plus pleins, les SUV ont la mégacote.
Chez ceux qui boivent ses paroles, elle entraîne d’innombrables dérives catastrophistes ou collapsologiques. Il faut dire que certains scientifiques militants laissent sans la moindre résistance courir l’idée saugrenue autant que dangereuse que nous avons 10 ans pour tout changer, faute de quoi, l’humanité aura disparu en 2050 ! Sans compter la propension de certains médias à diffuser régulièrement des études catastrophistes en confondant, par exemple (pour la dernière en date), un risque accru d’inondations locales et une submersion totale de toute une région !
Si les adultes ne sont pas en mesure de modérer de tels discours, si les idéologues ne parviennent pas à s’intéresser aux faits plutôt qu’à leur grand soir, si les médias ne sont pas capables de faire la part des choses, comment pouvons-nous espérer que les enfants et les adolescents n’entrent pas dans une spirale catastrophiste, avec tout ce que cela peut impliquer de problèmes psychologiques, de dépression et d’abandon ? Ou de radicalisation : les jeunes manifestants du climat, qui ont repris leurs marches en Belgique en octobre, constataient une baisse de la mobilisation, au profit d’actions plus radicales, comme celles des extrémistes d’Extinction Rebellion. Dont l’un des fondateurs prépare ses troupes en affirmant qu’il y aura « des morts » dans l’action. Ce qui ne l’empêche pas d’inciter les jeunes à s’y engager. De mémoire de vieux mâle blanc de plus de cinquante ans, l’irresponsabilité n’a jamais atteint de tels sommets !
Et là, on n’est plus dans la science. Du tout. On est dans l’inquisition.
Cet article en cinq actes a fait l’objet de deux semaines de recherche. S’il vous a intéressé, n’hésitez pas à contribuer à mon travail à raison de minimum 2 € (en-dessous, la perception PayPal est prohibitive).
64 Comments
Eric
octobre 31, 21:18marcel
novembre 01, 00:20Letellier
novembre 01, 15:53Achille Aristide
novembre 03, 10:31marcel
novembre 03, 10:38marcel
novembre 03, 11:32Bele9
novembre 01, 08:36Lecomte Serge
novembre 01, 10:34Pynnaert
novembre 01, 10:42patrick dehout
novembre 01, 11:54Le problème avec Greta. Acte 1 : la naissance d’un mythe. | Un Blog de Sel
novembre 01, 12:12Le problème avec Greta. Acte 2 : un message simpliste, des exigences dangereuses. | Un Blog de Sel
novembre 01, 12:13Yves Beguin
novembre 01, 15:21Salade
novembre 02, 10:54marcel
novembre 03, 11:26Salade
novembre 02, 11:19marcel
novembre 03, 11:25Salade
novembre 03, 15:48marcel
novembre 04, 09:08Admirateur nuancé
novembre 02, 11:23marcel
novembre 03, 11:23Yves Beguin
novembre 02, 18:03Dominique Banneux
novembre 02, 20:28marcel
novembre 03, 10:45Evgeni
novembre 03, 14:03marcel
novembre 04, 09:11antoine dellieu
novembre 03, 19:31marcel
novembre 04, 10:27antoine dellieu
novembre 04, 11:35marcel
novembre 06, 14:59antoine dellieu
novembre 04, 11:39marcel
novembre 06, 15:01antoine dellieu
novembre 04, 12:15antoine dellieu
janvier 10, 22:26Salade
novembre 03, 23:15marcel
novembre 04, 09:06Salade
novembre 04, 17:14mbo
novembre 04, 20:27marcel
novembre 06, 17:35Letellier
novembre 07, 16:23ut'z
décembre 05, 00:02miyovo
novembre 06, 08:44ut'z
décembre 04, 23:51Yves Beguin
décembre 05, 14:33marcel
décembre 05, 14:52Yves Beguin
décembre 07, 23:17Yves Beguin
décembre 08, 15:14marcel
décembre 09, 11:21Yves Beguin
décembre 08, 20:19Vanhollebeke Jean-Jacques
décembre 11, 12:46marcel
décembre 11, 20:24miyovo
décembre 11, 14:50marcel
décembre 11, 20:25marcel
décembre 11, 20:27miyovo
décembre 12, 13:46marcel
décembre 17, 11:39Eridan
décembre 12, 17:57Yves Beguin
décembre 26, 10:50Yves Beguin
décembre 30, 21:02Yves Beguin
janvier 10, 19:07marcel
janvier 10, 19:17Yves Beguin
janvier 10, 19:34Yves Beguin
janvier 11, 08:46Yves Beguin
janvier 18, 22:31