Quand la RTBF défend Samidoun, désormais reconnue terroriste aux USA et au Canada.

Capture d’écran des félicitations du Hamas aux diffuseurs belges de leur propagande.

Le 27 août de cette année, Tipik, la chaîne « jeune » de la RTBF, diffusait un article et une vidéo Vews ( qui «donne la parole à toutes celles et tous ceux qu’on voit peu dans les grands médias ») présentant le témoignage unilatéral de « Sarah » (Sarah Bahja), l’animatrice de ZinTV, une web TV très à gauche et très active dans la défense de « la résistance » palestinienne.

Un article labellisé « info » reprenant le texte de la vidéo s’étendait sur sa version victimaire et très partiale d’une affaire que j’ai abordée dans un article précédent. Pour rappel, ZinTV s’était acoquinée avec le collectif Samidoun, connu pour ses liens étroits avec le Front populaire de Libération de la Palestine (FPLP), ce dernier étant reconnu groupe terroriste par l’Union européenne.

Hamas et Samidoun dans un lieu subsidié

ZinTV a ainsi filmé, produit ou coproduit plusieurs débats ou émissions (dont un avec la chaîne française Paroles d’Honneur, proche de LFI) dont l’un des invités d’honneur était Mohammed Khatib, porte-parole de Samidoun. On y apprenait par exemple que le 7 octobre était un acte de résistance et non un acte terroriste.

Le pompon apparut lors du « Festival Résistances » dont ZinTV était l’un des partenaires : on y a diffusé une vidéo de félicitations d’un haut dignitaire du Hamas (!) destiné notamment aux étudiants qui avaient bloqué l’ULB. Là encore, Samidoun était de la partie. Et bien entendu, la Belgique subsidie les lieux où ces événements ont été organisés, mais aussi ZinTV, considéré même comme association « d’éducation permanente ».

Mais revenons à la vidéo de la RTBF. Sarah Bahja s’y plaint que la police (et probablement la sûreté de l’État) ait rendu visite à ZinTV suite à un de ses événements co-organisé par… Samidoun. Et les quatre journalistes du service public consacrent alors un temps étonnant à passer l’organisation au bleu. Ce serait « un réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens incarcérés en Israël ». Voilà tout. Certes, « Israël et l’Allemagne la catégorisent comme organisation terroriste. » Et oui, c’est vrai, en Belgique, la droite demande « une interdiction de manifester sur notre territoire, voire une dissolution totale. » Mais l’existence de l’organisation est « légale et autorisée ». Ah, cette droite quand même…

La Belgique autruchienne

La RTBF n’est pas la seule à ne rien voir. La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden lui a expliqué qu’il n’y avait « pas matière à dissoudre cette organisation […] aucun lien n’a été démontré avec une quelconque activité terroriste. » Suivent deux lignes sur le droit de manifester en Belgique. Les quatre journalistes ajoutent alors que « l’organisation Samidoun soutient la résistance du peuple palestinien, ‘par tous les moyens nécessaires’, y compris par la lutte armée. C’est ce qui fait polémique bien que ce droit à la résistance soit consacré par le droit international. » Ben tiens…

Pour ensuite s’indigner que « malgré tout [cela] », la police ait effectué une visite de contrôle chez ZinTV et CBO. À travers un embryon d’enquête en quelques questions bateaux, on a quand même l’impression d’un « circulez, y a rien à voir » bien commode.

L’article s’étend d’ailleurs aussi sur l’interpellation d’une citoyenne au conseil communal de Jette (Nord de Bruxelles). Elle s’y est offusquée de l’usage de deniers publics au service d’une organisation pour le moins proche d’un groupe terroriste. Las, la RTBF n’a pas pensé à l’interroger pour sa capsule (tiens, le recoupement, ça n’était pas un truc de journalistes ?) Elle a laissé Sarah Bahja viser la personne en présentant cette interpellation comme une tentative d’intimidation. Ou encore, une scandaleuse atteinte à la liberté de propager les idées d’organisations terroristes dans notre perméable jeunesse.

Le réveil de l’Amérique

Samidoun est donc très bien tolérée par le ministère de l’Intérieur et par la RTBF. Pourtant, les USA et le Canada viennent, sur base d’une enquête sérieuse, de déclarer Samidoun « organisation terroriste », comme le rapporte Vincent Chebat sur X.

24h après ce🧵, 🇺🇸 et 🇨🇦 ont décidé finalement de designer Samidoun comme entité terroriste accusée pour ses liens avec le FPLP et son financement! La 🇫🇷 doit emboîter le pas et mettre un terme aux activités de Samidoun et du Collectif Palestine Vaincra! https://t.co/dU4A22e0rV https://t.co/QCTj1u5alj pic.twitter.com/OtOmPETvkS

— vincent chebat (@vincent_chebat) October 15, 2024

Selon les deux États, le FPLP utilise Samidoun — « fausse organisation caritative » — pour récolter des fonds en Europe et en Amérique du Nord au service du terrorisme palestinien. En conséquence, les avoirs de cette dernière sont gelés et les institutions financières non-Américaines « qui s’engageraient dans certaines transactions ou activités » avec ces entités « peuvent s’exposer à des risques de sanctions. »

Pendant ce temps, son chapitre français Collectif Palestine Vaincra et son équivalent belge, la plateforme Charleroi pour la Palestine (qui organisait le festival résistance au cours duquel on a diffusé les félicitations du Hamas) continuent à semer tranquillement le venin, non pas de la résistance, mais bien du terrorisme et de l’antisémitisme, dans nos facultés, nos écoles et lors de conférences subsidiées.

Pendant ce temps, les bourgmestres de Bruxelles ou d’Ixelles autorisent sans problème les manifestations hurlantes de Samidoun dans le centre ou près des institutions européennes.

Cinq minutes pour le terrorisme

Il me semble qu’il est temps de prendre les choses sérieusement. La croissance faramineuse des actes antisémites mérite mieux que des messages subliminaux et de bienveillantes intentions ministérielles, jamais suivies d’effet. Les gouvernements français et belge doivent admettre que l’Allemagne, les USA et le Canada sont des États crédibles, qui n’utilisent pas les termes « organisation terroriste » par hasard ou pour le plaisir.

Il suffit même, probablement, qu’ils écoutent un peu plus attentivement leurs agents de sûreté — qui savent très bien ce qu’est Samidoun.

Quant aux journalistes du service public, ils n’ont plus qu’à revoir leur copie. En toute amitié et non sans ironie, je leur rappelle la phrase de Jean-Luc Godard : « L’objectivité, c’est 5 minutes pour Hitler, 5 minutes pour les Juifs. »

Et que le journalisme, ça ne peut être 5 minutes pour les terroristes. Et 5 secondes pour les Juifs.

Tant que vous êtes là…

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