La boum. Robocop contre Woodstock, ou la société des juges contre les jeunes.
À cause de vous, des gens vont mourir ! Vous retardez le retour à la normale ! Vous n’avez aucun sens de la solidarité ! Mal élevés ! Gâtés pourris ! Sales jeunes ! Lie de la société ! Ah ! il est beau l’avenir de la Belgique !
Je lis les réactions — non pas aux quelques « racailles » d’occasion ou de profession qui ont agressé la police, qui ne sont pas le sujet de ce papier — mais bien à ce qui, pour la plupart de ces jeunes rassemblés le premier avril au bois de la Cambre, n’était qu’une soupape, une expérience de l’après qui n’arrive jamais et qu’on promet toujours, un échantillon de ce mot que les « manifestants » ont scandé ensuite, pour seul slogan : « Liberté » !
(MàJ le 8 avril, les modifications sont en gras italiques )
Prolégomène pas large
« Liberté », c’est aussi l’un des trois mois scandés trois fois dans notre hymne national : le roi, la loi, la liberté. En criant ça, ils nous rappelaient la promesse fondamentale de notre démocratie : respecte la loi et celle-ci te garantira la liberté.
Mais eux, la loi, ils ne savent plus trop ce que ça vaut. Un tribunal n’a-t-il pas déclaré les mesures du gouvernement illégales ? Et puis, ça change tout le temps. Une semaine en présentiel, une semaine à la maison. On reprendra le 18. Et peut-être pas. Leur vécu d’étudiants, c’est de passer la journée devant des cours en vidéoconférence. Cinq jours par semaine. À l’arrivée, ils font comme leurs aînés qui tombent en burn-out : ils pètent les plombs.
Liberté ! Ce mot, ils n’avaient pas prévu de le crier en ce 1er avril. Il n’y avait aucun mot d’ordre, aucune intention. Liberté, c’est sorti tout seul quand la police — dont ils n’ont pas compris la tenue robocop, le recours aux cavaliers, ni l’intervention de canons à eau — a avancé sur eux, aux environs de 17h15. Auparavant, la majorité des jeunes étaient en mode chill, à savoir assis ou debout, à papoter au soleil. Un groupe a bien lancé une sorte de pogo. « Ça n’a duré que quelques minutes, mais c’est ça qu’on voit à la télé ».
Les images prises « à l’intérieur » de ce qui, depuis la route, ressemblait à une foule, téléobjectif aidant, montrent surtout des petits groupes, assis pour les uns, debout pour les autres, et des jeunes qui déambulent d’une bande à l’autre ou cherchent leurs copains et copines, quelques-uns à vélo. L’âge : de 15 à 25 ans pour la plupart, avec quelques plus jeunes et quelques plus vieux. L’origine : beaucoup d’Ucclois de par la proximité du Bois, mais aussi des Ixellois, des étudiants de l’ULB, de La Cambre, de Saint-Luc. Et des potes. Et des potes de potes. Saint-Gilles et Forest sont de la partie. Et ça vient de plus loin encore. « Moi, j’habite au canal » m’explique un des jeunes.
Tiens, Forest… c’est là où l’événement du lendemain aura lieu, L’Abîme. Pendant que les forces de l’ordre « chargeaient », les organisateurs de La Boum/L’Abîme ont distribué des QR codes aux jeunes présents, leur donnant accès à une page secrète où le rendez-vous du lendemain serait donné. Cette deuxième fausse « boum » n’a en fait pas eu lieu au Bois de La Cambre. Le rendez-vous est passé du Cinquantenaire au parc de Forêt, puis au parc Duden. Un jeu de piste qui a bien amusé les jeunes. « La police s’est laissée avoir : elle a envoyé tout son matos au bois de la Cambre ». Berner la police après la « bataille de Waterloo » du Bois, voilà de quoi amuser les jeunes. « On s’échangeait des SMS : ‘vous êtes où’ ?, ‘On est en bas de Duden, et vous ?’ ‘Encore au parc de Forêt’ ; c’était juste drôle, en fait ».
Pendant que les adultescents jouaient au chat et à la souris, les « organisateurs » bernaient la police qui redégageait un bois de La Cambre bien moins fréquenté que la veille et arrêtaient une poignée de pégrelus.
OK boumeurs !
Mais revenons au 1er avril. Treize heures. Les premiers « boumeurs » sont là. Assis. Prenant le soleil. Il n’y a pas de présence policière. Petit à petit, la foule arrive. Il ne s’agit même pas de faire « la fête ». La Boum est un canular, ils le savent tous. Ils l’ont pris au mot sans trop savoir ce que ça donnerait. En tout cas, il y aurait de monde. Et puis, on verrait. L’heure officielle est 18h. Vers 15h, il y a vraiment du monde, et ça continue à arriver. En tram, à vélo, en skate, à pied.
Les images de l’intérieur de la foule le montrent : il ne s’y passe rien de particulier. Les uns « chillent » assis sur des serviettes. Les autres bavardent debout. Il y a aussi beaucoup de bruit. Entre baffles et conversations. Ils ne peuvent pas entendre les avertissements d’une camionnette qui passe au loin, encore moins le haut-parleur d’un drone. Avis à la police : avertir, c’est bien. Se faire entendre, c’est mieux.
Déjà, ils n’ont pas compris qu’on « vide le bois » à 17h.
Au moment de « l’assaut » des policiers, vu de l’arrière, les réactions du second rang sont révélatrices : les uns observent, incrédules. Les autres s’amusent « ça ne marchera jamais, leur truc ! » entend-on. Chacun sait bien qu’il enfreint quelque chose, mais quoi ? Le port du masque ou la distance, tout au plus ? La différence avec les autres jours, c’est le nombre. Et qu’y peut-on, individuellement, qu’il y ait autant de monde ?
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les forces de l’ordre « vident » le bois. « Mais d’habitude, c’est plus tard, ils sont en képi, et beaucoup moins nombreux. » Les autres jours, des policiers se mêlaient aux plaisanciers, et passaient parmi les petits groupes. Rappel des règles, et même extinction des enceintes bluetooth trop bruyantes ou trop dansantes. Un policier : « si vous mettez du classique, je n’ai rien à dire. Mais pas de techno ou de rock. Le jazz, ça va, à la rigueur du blues. »
À 17h15, les « robocop » équipés comme pour une manif contre des métallos descendent en rang serré vers le premier rang de jeunes, pourtant impassible. Mais ça ne va pas durer. Arrosage. Charge cavalière au trot. Et le slogan naît tout seul, sorti de nulle part : « liberté ! » Un noyau dur (mais de quoi ?) s’en prend alors aux policiers, décide de résister (mais à quoi ?), parmi eux, quelques dingues lancent des bouteilles, en plastique d’abord, en verre ensuite. La bataille commence. Elle blessera 26 policiers. Un journaliste de Kairos, qui filme, crie aux « insurgés » d’arrêter de lancer des bouteilles, parce qu’ils risquent de blesser un gars en train de se faire menotter. Les policiers, on peut…
Le soir même, des journalistes qualifiaient les participants à la non-boum de « manifestants ». Étrange retournement de sens. Puisque la police les a traités comme tels au départ (canons à eau, présence massive, équipement martial), c’est qu’ils étaient ça et rien d’autre ! Mais quels étranges manifestants, quand même : ni slogan, ni organisation, ni calicot, ni mot d’ordre, ni revendication, ni même un commencement d’unité. La masse s’est tenue à l’écart, est passée dans la plaine arrière, dans les bois, pendant que la police s’occupait des casseurs.
Comment la boum a fait boum
Tout ça occulte l’essentiel. La plupart (et probablement beaucoup de ceux qui se sont ensuite pris pour les nouveaux soixante-huitards face aux « CRS-SS ») étaient simplement sortis en grappe de la coquille dans laquelle nous, les adultes, les avons rivés depuis des mois en leur intimant l’ordre de ne plus exister. Parce qu’exister, quand on a de 15 à 25 ans, c’est sortir. C’est se faire des amis. C’est décompresser après le blocus et les examens, ce qu’ils sont désormais sensés faire en bulle de deux, en privé, ou en marchant dans les bois à quatre plus un, maximum.
Vivre, de 15 à 25 ans, c’est aussi croiser Cupidon quand on s’y attend le moins. Il faut dire que le galopin a la flèche facile avec ces âmes fraîches. Il raffole de leur inexpérience. Et les jeunes bouillonnent en l’attendant. À la place, ils vont désormais sur Tinder pour espérer faire un simulacre de rencontre. Grave : nous avons réussi, rendez-vous compte, à leur imposer des rencontres interdites par smartphone interposé !
Et pourtant, beaucoup les accusent. Question : avons-nous été jeunes un jour ? Nous a-t-on alors jamais demandé d’arrêter tout (cafés, bars, snacks, rencontres, soirées entre amis — même en tout petit comité – petite fête pour décompresser après un blocus), en plus de nous priver de job étudiant ? Rendez-vous compte : même une bête soirée pyjama leur est interdite ! Et on promet que ça va durer encore. Eux se disent que les années confinées ne reviendront jamais. Ils ont la nostalgie, déjà, qu’ils ne pourront pas avoir plus tard.
Et le soir, ils campent devant Netflix, à regarder des gens faire des choses foldingues : aller à l’école, se promener sans masque, se faire la bise, aller en boîte, au restaurant. Ou pire, s’embrasser, nom de Dieu ! Autant exiger d’un fumeur qu’il arrête la clope tout en lui passant Coffee and Cigarettes en boucle.
Psychodrame
D’ailleurs, les effets des mesures et des infos sont affolants. Les psychiatres s’inquiètent depuis des semaines de l’afflux de jeunes et d’étudiants dans leur cabinet. Une psychologue d’Ottignies s’alarmait en février de l’afflux de très jeunes adolescentes qui « laissent fondre leurs kilos en même temps que leur sourire s’efface » et mettent leur vie en danger « pour échapper à la morosité ambiante ». Les tentatives de suicide (1/5e des décès chez les 10-25 ans en temps normal) seraient aussi en hausse.
Cette alerte n’a apparemment pas atteint les experts, concentrés sur la pandémie ; ni les médias, trop occupés à égrainer le nombre de morts dans le monde ; ni les politiques, focalisés sur le placement des adultes le long des fenêtres dans les trains.
Notre société vieillissante ne leur a envoyé pour réponse que des messages de vieux croûtons, de juges martelants, d’avocats généraux, ou de généraux : tenez bon, soyez responsable, restez chez vous, masquez-vous, obéissez ! Vous n’êtes pas solidaires !
Mais comment pourraient-ils comprendre, admettre, assimiler une telle accusation, eux qui, depuis un an, ont sacrifié tout ce qui faisait leur vie. Tout ce qui a fait nos quinze ans, nos vingt ans. Joies, rencontres, plaisir, découverte, job, et — oui — transgression. Eux qui ne peuvent plus se construire autrement que selon un ordre devenu puritain, si pas vengeur. Eux qui errent, pour certains, de blues en blues. Jusqu’à la blouse, blanche.
Et quand il n’y en a plus, il y en a encore. Pas de festivals cet été. Pas de boîtes de nuit avant… oh wait : on n’en a, en fait, pas la moindre idée !
Rôle de drame
Bien sûr, on comprend que ceux qui ont vu un proche partir en réa, ou partir pour toujours, trouvent la légèreté des jeunes scandaleuse. La proximité du drame change le point de vue. Et les infirmières, les médecins qui se lamentent de l’afflux de cas, c’est tout aussi légitime. Ils vivent la catastrophe humanitaire au quotidien.
Mais une société n’est pas que ses drames humains. Elle ne peut l’être. C’est invivable. Même en temps de guerre, ceux qui le pouvaient continuaient à vivre par-dessous les restrictions, et toute occasion de s’évader était saisie. Ici, pour la première fois depuis le XIXe siècle, on exige de tous, légalement et moralement, de se calfeutrer, de ne pas voir leurs proches les plus chers, de ne pas s’amuser, de se racrapoter. Et on fait semblant de se conformer. C’est à celui qui sera le plus moral.
Mais après un an à ce rythme, il devient dangereux de tout ramener au drame. Au deuil. Déjà les adultes ne peuvent plus suivre, les burn-outs s’accumulent. Alors, pensez donc, les ados…
Vous leur avez demandé de se responsabiliser, et la majorité l’a fait. Vous leur avez dit qu’ils devaient protéger « les vieux », et la majorité l’a fait. Combien de jeunes de La Boum ont, un an durant, tout fait pour ? Vous ne le savez pas. Vous houspillez en gros. C’est pas cher. Sauf que le vrai constat qui s’impose après ce poisson d’avril monumental, c’est que nous n’avons pas été en mesure de les protéger, eux. Nous ne leur avons rien donné en retour. Médias, experts et politiques exigent de ceux qui n’ont pas encore vraiment commencé leur vie d’adulte des résultats qu’ils n’ont pas pu obtenir eux-mêmes ! Tout le monde improvise par la force des choses, mais les jeunes, eux, devraient être exemplaires ?
Et comment peuvent-ils comprendre ce qui se joue ? Depuis des mois ils ne voient plus de vieux. Les grands-parents sont isolés. Ils préservent leurs parents en limitant les risques, tout en s’autorisant quelques écarts. En cela, ils ne font qu’imiter les parents et les politiques, parce que personne ou presque n’est clean dans cette histoire. Sans compter les experts qui se contredisent, les débats sur la libération des coiffeurs, les restaurateurs qui annoncent un baroud, et des politiciens qui expliquent que les mesures ne sont pas vraiment respectables, comme ce coprésident de parti qui a « avoué » ne pas respecter la bulle de un. Ou ce bourgmestre de la côte qui va rouvrir ses terrasses. Ou encore ces députés qui tempêtent qu’il faut un retour à la normale le plus vite possible, que les mesures sont illégales, que tout ça ne sert à rien. Comment de telles déclarations rejaillissent-elles sur une jeunesse pour laquelle la transgression, petite, moyenne ou colossale fait partie du logiciel ?
Comment osons-nous exiger d’elle un exemple que nous sommes ab-so-lu-ment incapables de leur fournir ?
La boum d’eux
Alors, oui, il y a eu une fausse boum qui annonçait des stars démesurées. Ils en ont ri. Vraiment ri. Et de façon tout à fait spontanée, le canular est devenu un rendez-vous sans organisateur et sans intention de quoi que ce soit d’autre que d’être là.
Ils sont venus par curiosité ou par défi, parce que leur coupe débordait. Ils sont venus ne rien espérer de particulier. Ils sont venus à un événement dont ils savaient qu’il n’existerait pas. Et en réponse, on en rajoute dans le refus de les écouter. On pointe la caméra sur quelques casseurs, quelques sauvages, quelques racailles (puisqu’il paraît que je dois utiliser ce mot que je n’utilise pourtant pour personne d’autre), qui cachent commodément tous ceux qui ont cherché une goutte d’insouciance dans un océan funéraire, une société funéraire, le tunnel obscur qui leur sert désormais de vie, où l’égrainage médiatique des faits secs et drus et des nombres de morts confine à la paranoïa. Médias, réseaux sociaux, experts, ministres, tant d’adultes ont prestement jugé leur choix de braver les règles, la loi, leur devoir impératif de s’isoler. Juger est devenu le modus vivendi de notre société. Juger, comme certains des experts tonnent leur avis sèchement, médicalement ou pérorent à n’en plus finir. Juger, parce que c’est si facile de se trouver des coupables. Les vacanciers, les jeunes, les immigrés, les riches, les pauvres, les Chinois, les Ritals, les ploucs, les bobos. Tour à tour, chacun, condamné pour avoir propagé le virus.
Incrédule, je vois des gens, même des médecins, chercher et brandir des boucs émissaires de la propagation d’une maladie.
Assassins avant que d’être
Un expert a tonné qu’on allait voir le résultat de cette fête improvisée dans quinze jours dans les hôpitaux. Les journaux ont relayé. Mais sur quoi se base-t-il pour lancer de telles accusations ? Sur la science ? Une étude irlandaise a montré que les contaminations à l’extérieur comptaient pour environ 0,1% du lot. L’an dernier, j’avais lu une étude chinoise qui disait pareil.
En prévoyant un afflux hospitalier dû à cet événement, sans même savoir s’il y a des cas de Covid dans cette foule, cet expert ne faisait rien d’autre qu’accuser ces jeunes de meurtre. Et ça ne provoquera rien d’autre que plus encore de désintéressement de leur part.
Et nous ? Nous avons foiré la vaccination, nous inventons des mesures ridicules, nous changeons d’avis et de tactique de vague en plateau. Voilà ce qu’ils voient. Et quand on les accuse, ce n’est même pas dans une langue qu’ils comprennent. Même pas avec leurs codes. Les reproches leur rebondissent dessus et s’effondrent au sol. Une bande d’allumés audacieux peut-être avides de notoriété, ou juste désœuvrés (oui, la crise a laminé l’événementiel) a plongé dans la brèche, certes. Mais cette brèche, cet abîme, c’est nous qui l’avons laissé s’ouvrir et s’amplifier, jusqu’au ridicule, jusqu’à l’irresponsable.
Et nous avions tellement raison !
À juste titre, on a tout focalisé sur le fait de sauver « les vieux ». À juste titre, on a intimé l’ordre aux jeunes d’obéir à des règles que même des adultes ne comprennent et ne respectent pas. Et à aucun moment, on ne s’est inquiété de ce capital de l’avenir qui vit les dépressions plus fortement que nous tous, ce capital hasardeux qui tente de se construire dans un monde déjà épouvantablement complexe et hostile, ce capital que toutes les études psychologiques décrivent comme le plus fragile. Ce capital qu’on ignore alors qu’il définit la société de demain.
Ce capital qui, pour rappel, s’appelle la jeunesse.
Conclusions de la partie incivile
Et comme nous savons si bien nous disculper, puisque nous sommes impardonnables de les avoir oubliés, on a trouvé une parade bien commode : les mettre, eux, sur le banc des accusés !
C’est plutôt nous, les adultes, qui devrions nous y convier. Pour les avoir oubliés, niés, confinés sans scrupule pendant douze mois, et sans se poser de question. Pour avoir été incapables de les protéger, de les écouter, de les considérer. Et une société qui ne protège pas sa jeunesse est une société qui bazarde son futur. Les médias ont surtout retenu les affrontements, la prétendue « manifestation ». Moi, ce que j’en ai retenu, c’est une jeune fille piétinée par un cheval, et une autre renversée alors qu’elle se changeait après avoir été arrosée par les canons à eau. Aucune des deux n’était venue pour se battre (j’avais d’abord écrit « pour s’insurger, manifester » et il est depuis avéré que la femme renversée était bien venue dans un esprit de manifestation. Depuis, j’ai trouvé d’autres images de femmes — surtout — renversées ou bousculées par des chevaux, ou y échappant in extremis en courant à leur arrivée). Des journaux étrangers ont diffusé ces images. Elles symbolisent peut-être encore le mieux ce que la société belge fait de ses enfants. Elle les piétine.
La Boum et sa répression, c’était la charge de la brigade légère contre un Woodstock improbable, improvisé où la jeunesse s’était réunie par défi, par curiosité ou par besoin de participer à quelque chose plutôt qu’à rien du tout. Ce n’était dirigé contre personne. C’était juste un acte pour soi.
Parce que c’est comme ça que l’humain se construit.
Au final, quelques pros (en fait, ce seraient plutôt des farfelus) de l’événementiel ont mieux compris les jeunes que toutes nos institutions réunies, tous nos médecins réunis, tous nos experts réunis. Ils ont compris comment leur parler, comment les distraire, comment les faire resourire. Et au-delà des procès faciles et des questions éthiques sur leurs intentions, c’est bien ça qui devrait préoccuper les médias et les politiques. Parce que ce que les gens de la Boum/L’Abîme ont révélé, consciemment ou non, c’est notre échec à tous.
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15 Comments
Bison, la colle super-puissante
avril 07, 17:27Salade
avril 08, 14:42Dai Kumen
avril 08, 06:07Salade
avril 08, 18:32claude semal
avril 09, 10:38marcel
avril 11, 09:23Salade
avril 10, 08:45Salade
avril 10, 09:04Salade
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avril 10, 15:21Salade
avril 19, 13:56miyovo
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mai 03, 19:07Mib
mai 03, 16:45marcel
mai 03, 19:06