NewB, le joujou éthique qui fait crac boum hue.
Après la crise de 2008, une vingtaine d’organisations du monde associatif socio-écologique (s’identifiant à la « société civile ») se sont rassemblés autour d’un projet de banque « éthique ». NewB. Après de nombreuses années de gestation, celle-ci a enfin pu lancer l’appel au capital nécessaire pour obtenir sa licence bancaire. D’où une campagne de communication massive qui vous fait prendre des vessies pour des lanternes.
D’abord, parce que l’investissement dans New B est le plus risqué qui soit. Si la future banque elle-même a souvent respecté l’avertissement imposé par la FMSA (autorité des services et marchés financiers) — de nombreux clips vidéo en étaient exempts sur sa page Facebook — ceux qui en ont fait la promotion sur les réseaux sociaux ont copieusement oublié ces réserves.
Ainsi, la ministre wallonne Céline Tellier (Ecolo) twittait le 27 novembre : « Je soutiens @NewB_Coop et ai investi à titre personnel dans la Banque de demain. Pour la planète, pour nos enfants, pour plus d’éthique dans la finance. Il reste 1 jour pour agir ! N’attendez pas ! » Moins directement incitatif, le ministre-président wallon Elio Di Rupo twittait : « La Wallonie soutient l’élan citoyen et investit 1 million d’euros dans NewB. » Pour une banque qui met l’éthique au cœur de son activité, c’est ballot : l’avertissement aurait dû être posté partout !
Agence tous risques
Les risques ? En 8 ans d’existence, NewB a consommé plus des deux tiers de ses fonds, soit 9,6 millions de pertes reportées, sur les 15,3 millions de capital fin 2018. Pour 2019, elle prévoyait même de grignoter encore 4,5 millions, ratiboisant le reste de son bas de laine. C’était bien entendu pour préparer l’obtention de la licence bancaire, ainsi que le système qui permettra à la banque de fonctionner. Mais ça signifie aussi que, si l’appel de fonds n’avait pas réussi, les premiers contributeurs auraient perdu la totalité de leur investissement !
Heureusement pour eux (pour l’instant), New B a eu la bonne idée de réserver près d’un demi-million pour sa campagne d’appels aux « dons ». Et le milieu associatif a parfaitement joué son rôle. Il restait l’engouement des médias et de quelques stars. Il a été massif. Reste à savoir si le rôle de la presse (et de nos dirigeants) est de promouvoir un projet bancaire ou plutôt de rappeler ce qu’on peut attendre ou non d’un tel investissement !
En 2019 (sur 10 mois), la banque a vendu… 166 assurances auto.
Plus inquiétant encore, les activités (ventes d’assurance et de cartes prépayées Mastercard) qui devaient rapporter en 2018 la somme coquette de 524.849 €, n’ont en fait produit que 80.557 €, soit 6,5 fois moins ! En 2019 (sur 10 mois), la banque avait vendu 166 assurances auto et 65 assurances habitation… New B a donc méga-surestimé les revenus potentiels de son activité. À son crédit : ce n’est pas le core-business qu’elle a prévu, il fallait bien tenter quelque chose en attendant la licence bancaire. Mais cette erreur d’appréciation impose la méfiance.
Le prospectus qui accompagne la levée de fond souligne aussi l’absence « d’expérience probante et d’historique au niveau de ses activités bancaires et de distribution d’assurances ». Samedi dernier, L’Echo repérait d’ailleurs une colossale coquille dans le prospectus de NewB, qui prétend atteindre un rendement de 0,47% avec le rachat d’obligations vertes (ou similaires) telles que celles de la BIE (Banque d’investissement européenne). Hic : le rendement est en fait négatif : —0,47%. Et l’Echo de s’amuser : « Tout le monde chez NewB ne saurait pas (encore) que l’on vit dans un environnement de taux d’intérêts négatifs » ? N’empêche, un tel amateurisme dans une donnée qui contribue à fonder le plan financier d’une banque n’a rien de rassurant !
Mais il y a (encore) pire : c’est carrément la fiabilité du plan financier qui est mis en doute par le régulateur « notamment en raison de leur caractère atypique, découlant par exemple de l’absence de toute forme de rémunération financière à court et moyen terme pour les Coopérateurs et Clients tant sur les comptes courants et les comptes d’épargne que sur les parts souscrites ».
Comme si ça ne suffisait pas, les autorités de surveillance rappellent que NewB doit impérativement réunir 7 millions de capitaux dans les cinq ans, en sus des plus de 30 millions récoltés en novembre.
Rendement négatif garanti
Même après huit ans d’existence, NewB est donc toujours une startup. Autrement dit, un investissement risqué. Pour compenser ce risque, les investisseurs le répartissent traditionnellement entre plusieurs jeunes pousses. Ils attendent en retour, logiquement, un rendement élevé de celles qui réussissent. Mais dans le cas de New B, ce rendement n’existera pas.
Vulgarisons. Il y a deux façons de gagner de l’argent sur une action : au moment où on la revend, pourvu que sa valeur ait augmenté. Et au moment où elle produit des dividendes (qui est la part du bénéfice annuel reversé à chaque actionnaire), ce qui implique évidemment qu’elle soit en bénéfice. Or, chez New B, la plus-value à la revente est impossible ! On ne peut revendre sa part qu’au prix où on l’a acheté, maximum ! Mais les pertes, elles, on les assume intégralement…
Ainsi, avant l’appel au capital, si vous vouliez « remettre » votre part de 20 €, vous n’en auriez tiré au 30/6/2019 que 5,95 € (l’estimation de la valeur au 31/12/2019 étant même de 1,6 € !). Et il n’y a aucune chance que vous puissiez un jour en tirer plus de 20 € !
Fin 2019, l’action NewB de 20 € n’aurait plus valu qu’1,6 € sans l’arrivée d’argent frais.
Cette perte est même immédiate pour tous ceux qui ont « investi » pendant l’appel aux fonds de novembre : les coopérants « B » ont payé 20 euros quelque chose qui ne vallait que 13,17 € (après récolte de 30 millions) et qui pourrait ne plus rien valoir dans 3 ou 4 ans. Quant aux dividendes, le plan financier prévoit que les pertes continueront à s’accumuler pendant au moins 4 ans.
Pendant toute cette période, il vous sera impossible de sortir du système : votre investissement sera bloqué pendant au moins trois ans. Et ça peut durer bien plus longtemps encore : si les finances de NewB sont trop tendues, interdiction de « sortir » aussi ! Le prospectus est très clair à ce sujet : « si NewB […] n’atteint jamais le seuil de rentabilité, le Coopérateur pourrait donc être empêché de sortir de son investissement durant une durée indéterminée […] alors que la situation financière de NewB continuerait à se dégrader. » Bref, vous verriez alors vos sous fondre comme neige au soleil, sans possibilité de retrait.
Le risque n’est donc pas compensé par un gain potentiel. Il reste aux investisseurs à se contenter d’un éventuel dividende qui, dans le cas d’une coopérative, ne peut légalement pas dépasser 6% nets. Au mieux, un tel dividende ne pourrait tomber avant de nombreuses années : il y a d’abord une perte de près de 15 millions à éponger, pour rappel. Et il se peut aussi qu’il n’y en ait jamais.
Une banque traditionnelle jouerait un jeu pareil, on hurlerait à l’arnaque !
Un Monceau de pognon
Et puis, il y a déjà eu un premier sauvetage in extremis ! Jusqu’en 2016, le projet NewB végétait autour des 5 millions de capital. En 2016, un investisseur français a, tout seul, triplé la mise : Monceau Assurances. En injectant la bagatelle de 10 millions d’euros. En d’autres termes, la banque éthique « appartenait » dès lors aux deux-tiers à une mutuelle d’assurance française qui, elle même, n’a qu’un fond éthique très marginal (quelques pour cents de son portefeuille d’assurance vieillesse Dynavie) et repose sur des actions, des obligations et de l’immobilier de luxe, principalement de bureau ! Pour le renouveau, on repassera !
Le groupe Monceau a, en échange, obtenu 3 sièges d’administrateurs au Conseil de New B, ainsi que les trois voix des coopérateurs de type C — ceux dont la part est un multiple de 200.000 euros. Au passage, un autre petit mensonge dans la promesse de la banque : NewB promet le même pouvoir de vote à tous les coopérateurs quel que soit la somme qu’ils ont placé. Voyons ça. Il y a trois types de coopérateurs chez NewB. Ceux qui ont des parts de type A, à 2.000 €, ceux qui ont des parts de type B, à 20 €, et ceux qui ont des parts de type C, à 200.000 €. Or, pour qu’une décision soit approuvée par l’assemblée générale, il faut qu’elle obtienne la moitié des voix dans chacune de ces trois catégorie.
Les trois actionnaires du groupe Monceau sont les seuls Coopérateurs de catégorie C et peuvent dès lors s’opposer au vote d’une décision.
Autrement dit, chaque catégorie dispose d’une forme de véto par rapport aux autres. Si tous les petits porteurs votent une décision donnée, mais que plus de la moitié des investisseurs (parts C) votent contre, ces derniers emportent la décision. Avant l’appel de novembre, Monceau Assurance avait une telle majorité de blocage. C’est d’ailleurs en toutes lettres dans le prospectus : « Les trois (3) actionnaires du groupe Monceau sont les seuls Coopérateurs de catégorie C et peuvent dès lors s’opposer au vote d’une décision. De la sorte, le principe d’une voix par Coopérateur est en quelque sorte défait par le principe d’approbation par majorité absolue par catégorie des Coopérateurs. »
À noter que, depuis, deux des administrateurs de Monceau ont démissionné du Conseil d’Administration pour assurer un meilleur équilibre à l’ensemble. De plus, NewB a accueilli plusieurs nouveaux coopérateurs de type C : Smart, Fondation Chimay Wartoise, Fondation pour les Générations futures, Finance & Invest Brussels, UCL-Saint-Louis et ULB. Seul problème : ces parts à 200.000 € sont, selon les statuts, réservées à des personnes morales « justifiant d’une expertise en matière financière ». À vous de juger si les noms ci-avant correspondent à une telle définition.
Éthique un peu toc
Il faut dire qu’il n’est pas si simple d’être 100% éthique dans un marché capitaliste. Outre les relations incontournables avec Rabobank ou Mastercard, NewB a tout de même principalement vendu des assurances auto en 2018. Elle se défend en expliquant que son assurance privilégie ceux qui font peu de kilomètres et que les grosses cylindrées paieront beaucoup plus cher. Quant à l’assistance voyage, sans détail, difficile d’imaginer qu’elle exclue les odyssées… en avion.
Autre bémol pour une banque qui a l’égalité dans ses statuts : outre le fait que les dirigeants de la banque (la « vitrine humaine ») sont tous deux de sexe masculin, en 2016, il n’y avait que 14% de femmes dans le Conseil d’Administration, et 36% dans le personnel. Ça va mieux aujourd’hui pour le CA : les femmes y représentent désormais un tiers. Mais côté personnel, en 2017, il y avait 1,4 équivalent temps plein pour les deux employées (toutes deux à temps partiel) contre 7 mâles à plein temps. C’est presque une caricature d’entreprise patriarcale ! Et en 2018, NewB a bizarrement oublié de remplir la partie du rapport annuel qui concerne la répartition des emplois par sexe. Gromf. Mais reconnaissons qu’elle peut se rattraper avec les recrutements qui s’annoncent.
En 2017, NewB n’avait aucune employée (F) à plein temps !
Dernier bémol : le président de la banque, Bernard Bayot, est aussi directeur de Financité, un think tank très critique envers les banques traditionnelles — et bien sûr, pas toujours à tort. Mais là où le bât blesse, c’est quand Financité publie, par exemple, un rapport qui ratatine les placements « éthiques » des concurrents de NewB, tandis que la RTBF oublie le conditionnel requis face à un tel conflit d’intérêts ! Pas glop.
270 Milliards au sommeil
Placement risqué, donc. Il reste que, dans le cas de New B, la perspective des coopérateurs n’est pas le gain. C’est, en principe, de créer une banque différente, qui investira uniquement dans des projets éthiques. Mais à entendre ses défenseurs, New B est carrément censée « changer le monde de la finance ». Ainsi, les Belges ont 270 milliards d’économie en compte épargne (décembre 2018). Le ton est donné par l’une des promos New B : « imaginez ce qu’on pourrait financer avec 270 milliards » s’ils étaient investis dans la transition écologique.
Comme bien d’autres promesses de NewB et de son environnement, on est ici dans la publicité la plus traditionnelle, avec son lot de mensonge. Mais un gros lot. Car révolutionner la banque, c’est beau, c’est tentant, mais hélas, ça n’arrivera jamais ! Pas par NewB en tout cas !
Selon ses prévisions, la part de NewB dans l’épargne belge sera de l’ordre de de 0,037%. La révolution attendra.
D’abord, parce qu’elle n’est pas concurrentielle. Elle ne rapportera pas à ses clients, mais leur coûtera même probablement plus cher qu’un compte traditionnel. Chaque opération de retrait par carte reviendra à 0,75 €. Le compte épargne ne sera pas réglementé. Là où les banques traditionnelles offrent 0,11% de rendement, New B ne prévoit… rien. Zéro. Comme dans bien d’autres banques, votre capital perdra gentiment de sa valeur (face à l’inflation). Mais encore plus qu’ailleurs. Il n’y aurait pas de Bancontact, mais une Mastercard prépayée, ou une Visa V-Pay. Tout ceci explique que les prévisions de New B soient modestes : en 2024, elle espère accueillir 108.000 comptes courants. Soit un maigrissime 0,69 % du marché des comptes bancaires. Et pour l’épargne, on tombe même à 0,2 % du marché en nombre de comptes !
Reste la promesse d’une banque qui révolutionnera l’investissement en le verdissant. Là aussi, faut oser. New B espère arriver à 100 millions en 2024. Selon ses propres estimations, le marché belge des fonds d’investissements ICB durables pourrait atteindre 49,1 milliards à cet horizon (contre 22,4 milliards fin 2017, selon Ethibel). Et la banque écrit : « la part de marché envisagée de NewB ne sera [alors] que de 0,20% ». Ça, c’est sur l’investissement éthique et vert. Si l’on revient à nos 270 milliards d’épargne belge, les 100 millions de New B ne représenteront en fait que 0,037%. Une image : si l’épargne belge faisait le tour de la terre, la part de NewB irait du Palais Royal à l’aéroport de Zaventem !(1)
En quoi une banque qui recueille moins d’un pour cent de parts de marché des comptes courants, à peine 2 millièmes des investissements durables — qui n’ont pas attendu NewB —, et la part microscopique d’un euro sur 27.000 de l’épargne belge, va-t-elle révolutionner quoi que ce soit ?
Associatif et tondu
Alors, NewB ne serait qu’un symbole ? Une expérience sensée démontrer qu’une banque éthique est possible ? Mais ça, Triodos l’avait déjà démontré (avec tout de même 1,9 milliards € d’investissements belges en 2018, soit 1/30e du marché éthique environ et 1/300e du marché tout court).
Ou alors, serait-ce une expérience sensée inviter le consommateur à accepter moins de cadeaux de sa banque traditionnelle (offres cumulées, comptes gratuits, prêts pour rénovation intégrées dans un prêt hypothécaire) pour être plus moral lui-même ? Mais cela touchera-t-il plus que les seuls convaincus d’avance ? Et même ceux-là n’iront-ils pas emprunter moins cher pour l’isolation de leur maison, quitte à signer dans une grande banque ?
Éthique dans l’âme ou pas, pour le consommateur, de nos jours plus que jamais, un euro est toujours un euro !
NewB serait-elle finalement alors un simple outil de communication et de contestation lancé par la « société civile », soit la partie socio-écologiste du monde associatif, elle-même largement subsidiée, et de plus en plus encline à occuper ou à influer sur tous les secteurs, y compris le journalisme, à en juger par la multitude d’articles positifs sur l’action bancaire pourtant la plus risquée depuis l’emprunt russe ?
À vous de jauger.
Certes, il faut s’activer. Certes, il faut plus d’égalité, et il faut avancer vers une société décarbonée au pas de course. Mais au vu de ce qui précède, la question n’est pas celle-là. C’est de savoir si ce maigrissime résultat attendu vaut que des dizaines de Flamands et de Wallons connus vous fassent des promesses inaccessibles, que des ministres fassent de même, que la Wallonie injecte un million d’euros qui ne feront jamais de petits, et risquent même d’être perdus à jamais, que les grandes universités francophones mettent 200.000 euros chacune avec des risques identiques. Autrement dit, ce symbole ou cet outil de com vaut-il vraiment les près de 50 millions d’euros déjà mobilisés par NewB, en plus des 7 millions qui doivent encore l’être d’ici trois ans ?
N’a-t-on pas le droit, sans se faire traiter de « boomer », de se demander si une telle somme, immobile pour un bon moment, n’aurait pas pu être utilisée ailleurs ? Autrement ? Et mieux ?
Cinquante millions, c’est quand même très cher. Même pour une très belle idée.
Mais bien sûr, je peux me tromper.
(1)j’avais d’abord écrit « du Palais royal à la place de Brouckère » suite à une erreur d’un zéro. Merci au commentateur FBI qui a relevé mon erreur et toutes mes confuses !
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62 Comments
Olivier
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