Le Coquelicot d’Ecolo : ceci est un putsch !
Il y a plusieurs mois, j’avais fait remarquer sur le plateau des Experts (BX1) que le terme société civile tel qu’utilisé par la gauche et par les médias était un abus de langage. Au service d’une gauche radicale (par rapport à la sociale-démocratie) et militante. Cette prétendue société civile, je l’ai découverte à l’époque du CETA, voici trois ans, à mes dépens. Depuis, régulièrement j’ai retrouvé les mêmes personnages, les mêmes pratiques, les mêmes organisations, et la même tendance à la violence verbale (et pas que) et à l’exclusion, et ce, à plusieurs reprises.
Avec la coalition coquelicot, on retrouve une fois de plus les mêmes. Si l’idée d’un gouvernement minoritaire ne semble pas intéresser grand monde, cette première sonne comme une consécration de cette société civile usurpée. Et l’idée qu’Ecolo parvienne un jour à lui donner un pouvoir gouvernemental, en Wallonie, à la FWB, ou aux deux (c’est l’ambition afficuée), en fait rien de moins qu’une d’une tentative — ou du moins une simulation — de putsch contre la démocratie. Voici pourquoi.
Société récupérée
Société civile, le terme est chatoyant. Il semble évidemment faire référence à l’ensemble de la société belge. Civile, par opposition à militaire, commerciale, administrative et surtout, à politique. Vous et moi. En gros, la société civile serait un calque du pays réel, ou plutôt — pour éviter des références rexistes — des « vrais gens ». Et, donc, a-politique. Autrefois, on disait « l’associatif ».
Mais depuis les années 80, une partie de ce milieu associatif, très politisée, a pris l’habitude de s’autoproclamer société civile. Cette évolution a été parallèle à la mainmise progressive de partis politiques dans ces associations. Le noyautage du mouvement antiraciste par le PS français — dans les années 80 aussi — a fait figure de zakouski. Ensuite, c’est devenu le plat du jour.
L’étape suivante était aussi logique que grossière. Plutôt que de récupérer des associations de citoyens, le politique s’est mis à créer ses propres associations prétendument citoyennes. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Ainsi, Tout autre Chose a été monté par le PTB et soutenu par des politiques de gauche (pas forcément élus ou intégrés aux partis, mais très actifs, notamment syndicaux) au service des idées de la gauche radicale. Transparence ? Non : les partis impliqués ont été d’une discrétion quasi exemplaire ! Dans la liste des cent onze premiers signataires, on ne trouve aucun représentant de parti ! Mais quand on observe les signataires suivants, on trouve 22 PTB, dont Hedebouw, Pestiau, Van Hees, bref, la crème du parti. Et un PTB ne signe rien qui ne soit garanti PTB. Le parti a d’ailleurs pas mal incité ses partisans à signer l’appel de Tout Autre Chose sur ses sites. Parmi les signataires de 2016, on trouve encore 42 écolos, dont de nombreux EcoloJ, mais aussi Muriel Gerkens, Zoé Genot et… ben oui : Jean-Marc Nollet !
Tout Autre Chose était à ce titre la concrétisation de la gauchisation radicale d’Ecolo, sur la trace du rapprochement d’EcoloJ et du Comac dans les universités. Le mouvement a servi à militer contre le CETA et a ensuite servi de base émettrice à la campagne Tam-Tam, présentée comme « indépendante », et de ce fait abondamment reprise par la presse — alors que les documents internes de Tout Autre Chose montrent qu’il s’agit d’une action de propagande politico-syndicale soigneusement concertée (j’y reviendrai peut-être un jour). À la manœuvre : Manuela Cadelli (ASM), le CNCD, la CNE, la CSC, Esperanzah, la FGTB, la Ligue des Familles, le MOC, Attac, Solidaris, etc. Pour la direction ou le secrétariat, en revanche, aucun nom n’apparaît. Autrement dit, on ne sais pas vraiment qui organise. Et c’est voulu !
Toudi la même chose
Et donc, quand Jean-Marc Nollet fait appel à la société civile, il appelle du pied, non pas l’amicale des joueurs de boule de Floriffoux, le syndicat des pompiers de Haute-Fagne, ni l’union des coupeurs de bois du Sud-Luxembourg, mais bien… les mêmes militants très médiatisés qu’Ecolo a déjà côtoyés et soutenus lors de l’action CETA, dans Tout autre Chose, au moment de la militance pour l’accueil des réfugiés, ou encore, lors de la manif climat.
On va le dire autrement : c’est quasi systématique ! Pour Nollet, la société civile est donc exclusivement constituée des syndicats de gauche (dont la FGTB, elle-même de plus en plus noyautée par le PTB — on l’a vu le premier mai, quand elle s’est partagée entre le PS et les marxistes-léninistes), de l’incontournable Alexis Deswaef (qu’on aurait souvent croisé au bureau du PTB et qui a même donné cours à l’Université Karl Marx du parti), d’Arnaud Zacharie et de son CNCD 11-11-11 (dont Intal, l’antenne internationale du PTB, qui soutient activement Bachar El-Assad, fait tache dans sa liste de membres, soit dit en passant)…
La société civile propose un mix des programmes du PTB, d’Ecolo et de la FGTB
À cette proximité idéologique d’une partie d’Ecolo avec la gauche radicale et l’extrême gauche s’ajoute un légitime soupçon de préméditation. Car juste avant l’idée magique et florale de Nollet, cette prétendue société civile proposait une « déclaration non-gouvernementale ». Autrement dit, un programme politique. Celui-ci est un mix des programmes du PTB, d’Ecolo (fin des automobiles diesel et essence en 2030) et de la FGTB : CSG dès 5 000 € bruts, globalisation des revenus, retraite minimale de 1 500 euros, cadastre et imposition des fortunes, des plus values, 32 h payées 38, isolation des logements, etc. Bref, un programme beaucoup trop politique pour une « société » qui prétend, par sa nature civile, ne pas l’être du tout !
Et quand on compare la liste des signataires de ce nouvel appel, on retrouve évidemment énormément de personnes ou d’organisations déjà présentes dans la liste des 111 premiers signataires de Tout Autre Chose.
Des noms ? L’incontournable Alexis Deswaef (ex-président de la Ligue des Droits humains), Arnaud Zacharie (CNCD 11-11-11), Hafida Bachir (Vie Féminine) — qui a participé au putsch raté d’Ecolo au Conseil des Femmes —, l’irréprochable Christine Mahy (Réseau wallon de Lutte contre la Pauvreté), Felipe Van Keirsbilck (CNE), Pierre Verbeeren (Médecins du Monde)…
Des organisations ? La CSC, la FGTB, Greenpeace, la Fédération des Maisons Médicales, le MOC, la Fédération des Étudiants francophones (précédemment noyautée par le PTB aussi), Inter-environnement Wallonie, et bien sûr, la campagne Tam Tam, elle même une émanation de Tout Autre Chose, qui regroupe principalement des signataires… de la déclaration non-gouvernementale. Bref, c’est surtout toudi la même sauce !
Tout est dans tout, mais on ne sait pas comment
Si l’on compare les signataires de cette « coordination » aux organisations qui ont, en 2016, milité contre le CETA, on retrouve la CSC, la FGTB, Alexis Deswaef, Arnaud Zacharie et le CNCD, Tout Autre Chose (via Tam Tam), les mutualités chrétiennes, Greenpeace, Solidaris (via l’union des mutualités socialistes), le Mouvement Ouvrier Chrétien, Inter-environnement Wallonie, et encore, via le CNCD, le Conseil de la Jeunesse Catholique, le Ciré, Entraide et Fraternité, la Ligue des Familles, la PAC, Solidarité Socialiste, et quelques moins connus.
Cette « coordination » prétendument civile qui pourrait donc, selon Nollet, fournir quelques ministres, ignore tout de la transparence tant promue par Ecolo : elle est au contraire d’une opacité et d’une imbrication structurelle affolante. Ainsi, une dizaine de membres de CNCD 11-11-11 sont aussi « membres » de StopTTIP, dont le CNCD est lui-même… membre ! Autre cocasserie : si le CNCD ne fait pas partie de Tout Autre Chose, son secrétaire général fait bien partie des 111 premiers signataires. Tout comme plusieurs… journalistes et chroniqueurs aujourd’hui prompts à défendre… ben le PTB, tiens !
Une « société civile » politique et subsidiée.
Et si, comme pour Tout Autre Chose, aucun parti ne fait officiellement partie de StopTTIP, le PS est notamment présent, via sa participation dans de nombreuses associations et syndicats. Sans parler, bien sûr, du fait que tout ce beau monde est subsidié par la fédé, elle-même gouvernée par… ben tiens : les partis qu’on retrouve derrière plusieurs de ces associations !
Cocasserie : si ce putsch devait marcher, le PTB, entre son noyautage de la FGTB et son influence dans Tout Autre Chose, serait finalement sorti par la porte du gouvernement wallon pour rentrer par toutes les fenêtres à la fois, mais sans qu’on ne puisse le distinguer !
Le tout, avec une saveur très antidémocratique. En effet, si le Parlement wallon donnait à un tel gouvernement les clés de la région, il serait pratiquement impossible de les lui retirer ensuite, dès lors qu’en Wallonie, une motion de défiance ne suffit pas pour renverser un gouvernement : il faut une autre coalition à la place. Et elle ne pourra se passer d’au moins un parti engagé dans ce gouvernement coquelicot. De plus, Le Soir relève qu’un tel gouvernement pourrait de toute manière produire des arrêtés qui permettraient de contourner le parlement.
Société incivile
Ce à quoi nous sommes confrontés est donc une plateforme qui épaule le politique en lui donnant une saveur civile, qui elle-même bénéficie d’un appui politique. Confus ? Oui, et même confusionniste. Ceux qui se seront étonnés de la manie de la FGTB de sembler vouloir diriger les négociations gouvernementales comprendront enfin que ce n’est pas une arrogance isolée, c’est bien l’objectif de cette société civile de faire monter un maximum de voix en soutien à la gauche (ou plutôt, la gauche de la gauche), en-dehors de celles désignées par le suffrage universel. Ou plutôt, en surplus de celles-ci, dans une vaste opération d’encerclement du citoyen et des médias.
Car le problème, c’est évidemment qu’aucun des noms ou des organismes précédemment nommés n’ont été élus par la population wallonne (ou francophone), et que les membres de ces organisations (par exemple de la Ligue des Familles ou Greenpeace) ne savent généralement pas que leur cotisation finance aussi une colossale opération de désinformation au service de plusieurs antennes politique qui, plutôt que de « vendre » leur programme à un électeur et de le laisser décider ensuite, impriment celui-ci comme une obligation morale que tout citoyen — surtout de gauche — est tenu de faire sienne, faute de quoi, il devient un social traître ou, au choix, un néolibéral, un ultralibéral, un égoïste, un inhumain, un facho, ou même, un sbire d’extrême droite (merci, j’ai déjà donné).
Une vaste opération d’encerclement de la population et des médias
Le plus triste, c’est que d’innombrables bonnes volontés (14.500 en tout) ont signé l’appel de Tout Autre Chose, sans se douter que derrière, il y avait de grosses manœuvres politiques et politiciennes au service d’idéologies radicales, par des gens qui n’hésitent pas à intimider. Je me demande combien réalisent dans quelle opération de noyautage de la société, mais aussi — et c’est bien le pire — de la démocratie ils se sont laissés entraîner !
Parce que si vous pensez qu’on est dans un avatar un peu hasardeux d’une belle aventure généreuse, vous avez tout faux. On baigne au contraire dans une manœuvre classique qui chantonne à l’oreille de tout marxiste-léniniste qui se respecte : il s’agit de court-circuiter le suffrage universal en poussant « la vraie » démocratie citoyenne au pouvoir.
Lénine méprisait les élections au sens où nous les connaissons (une sale habitude de petits-bourgeois…), parce qu’elle étaient contre-révolutionnaires. Et ici, comme à l’époque, c’est une intelligentsia de bourgeois diplômés (ce que sont pratiquement tous les signataires politiques et syndicaux de l’appel) qui prétendent rendre le pouvoir au peuple, tout en le lui confisquant gaiement. Lénine voulait imposer « la démocratie révolutionnaire guidée par le prolétariat révolutionnaire ». Nollet et la gauche radicale veut imposer « la société civile ». Je vous laisse réfléchir là-dessus.
Tous aux médias
Quant aux journalistes qui ont signé l’appel, ils sont certes peu nombreux (même s’il y a des gros noms dans la liste). Mais il reste difficile de savoir si le monde journalistique lui-même — qui n’a jamais vraiment contesté cette forfanterie de « société civile » —, s’est laissé partiellement noyauter, ou s’il a été trop confiant envers certains partis et organisations réputé-e-s si sympathiques et si transparent-e-s, pour inviter à tour de bras les diverses têtes de cet hydre insaisissable à s’exprimer face caméra, sans jamais trop les attaquer. Dame ! ils représentent la générosité, les droits humains, l’équité, la pauvreté, l’aide et l’entraide. Et à ce titre, ils peuvent tranquillement diffuser les mensonges les plus grossiers et les plus partisans, sans réaction. Cette étrange confiance a pu expliquer, par exemple, l’absence de critique envers la résistance francophone au CETA.
Presque tous les médias étant tombés (ou s’étant laissés tomber) dans ce panneau, les citoyens ont été progressivement invités à digérer qu’ils étaient bien représentés par cette société parallèle, si généreuse et indépendante, dont on tait encore aujourd’hui les liens politiques. Une enquête approfondie sur ce mégaréseau serait le minimum de service à l’intérêt public à l’heure où cette société civile est présentée comme « ministrable » ! À moins qu’on trouve « normal » de laisser une centaine d’intellectuels jouer avec le quatrième pouvoir ?
75.000 personnes dans la rue ne représentent que 12 % d’électeurs
La « coordination » vous répondra qu’elle est bien représentative de la population. Voyons ça… Au plus fort de sa mobilisation, cette société dite civile a pu faire descendre 150.000 personnes dans la rue. Et plus récemment, 75.000 pour le climat, qu’Ecolo a rapidement tiré dans sa couverture : militer pour le climat, c’est forcément militer pour Ecolo, ma bonne dame !
Mais les élections ont montré que cette ferveur apparemment massive ne se traduisait pas par une clameur écologiste au moment du suffrage. Ce 26 mai, Ecolo et Groen obtenaient ensemble 830.000 voix (12 %) à la chambre. Ce qui permet de conclure qu’un manifestant dans la rue vaut dix électeurs, point barre. Ou encore, que la 88% de la population n’était pas représentée par la « société civile » brandie par les verts à ce moment-là.
Le Putsch à la consommation, avec préméditation
Alors, aujourd’hui, Jean-Marc Nollet, coprésident wallon de l’un des partis qui s’est très régulièrement arc-bouté sur cette prétendue société civile, brandit l’idée merveilleusement démocratique d’un gouvernement « ouvert ». Aux libéraux ? Nenni. Aux citoyens ? Mais où avez-vous la tête ? Aux milliers d’associations du pays ? Meuhnon ! À l’entreprise ? Surtout pas !
L’ouverture ne concerne que ces associations noyautées sinon imaginées par le monde politique de gauche radicale au sens large. Le tout, dans un gouvernement minoritaire. Ou comment créer artificiellement une démocratie parallèle, au mépris de la volonté de l’électeur.
Maintenant, si vous pensiez qu’il s’agissait d’une initiative personnelle d’un Jean-Marc Nollet un peu égaré, détrompez-vous.
D’abord, l’idée de faire appel à la société civile rejoint opportunément un programme soigneusement conçu « depuis des mois » par lacoordination.org, qui s’est immédiatement reconnue dans l’appel de Nollet, qui a déjà son site internet, et a bien sûr répondu présent, sous des conditions que les verts devraient trouver acceptables, s’ils ne les ont pas déjà adoubés.
Six jours avant le coquelicot, la société civile de gauche radicale lui écrivait son programme
Or, le programme de la Coordination a été publié le 11 juin, soit six jours avant l’appel du coqueliquot. Et Nollet a assuré qu’il avait pris des contacts avant de proposer sa solution si démocratique. Hasard ou aboutissement d’une manipulation soigneusement préparée depuis des mois pour, comme Lénine, contourner le suffrage universel ?
Je penche pour la préméditation. Dans un billet publié sur le site d’Ecolo, Nollet n’en fait d’ailleurs pas mystère : « J’ai pris pas mal de contacts ces derniers jours dans le très riche vivier associatif wallon et j’en prendrai encore dans les jours qui viennent, y compris auprès d’acteurs plus institués. […] Comme beaucoup de ces acteurs, nous avons difficile à nous résoudre à considérer que PS et MR soient devenus incontournables, niant à ce point les signaux envoyés par les électeurs ». Et le texte rejoint point par point celui de la « coordination », parlant de changement de cap (au PTB, on parle de rupture), d’un électeur qui aurait appelé à plus d’écologie et plus de solidarité, et d’un désenchantement par rapport à la politique (!) et aux partis traditionnels (depuis quand Ecolo ne serait-il plus un « parti traditionnel » ? Depuis qu’il est devenu un parti de gauche radicale ?)
Bref, une flopée d’arguments incitant à « réconcilier citoyens, société civile et politique. » Puis vient tout un paragraphe qui répond merveilleusement à l’appel de la société-civile-de-gauche-radicale-noyautée-par-les-partis-idoines) : « Nous avons besoin d’un nouveau contrat, qui soit écologique, social et démocratique. Ce nouveau contrat doit être construit avec la société civile. […] Nous proposons dès lors d’ouvrir la majorité et le Gouvernement à la société civile [de-gauche-radicale-noyautée-par-les-partis-idoines] et de construire avec elle ce nouveau contrat écologique, social et démocratique dont la Wallonie a besoin. » Remplacez à nouveau « société civile » par « la démocratie révolutionnaire guidée par le prolétariat révolutionnaire » et vous êtes chez Lénine !
En diffusant le message, commun aujourd’hui à toute la gauche radicale, de Mélenchon à Nollet, que la démocratie parlementaire n’est plus opérationnelle, et en proposant des solutions parallèles, mais non-démocratiques, comme la Constituante, le tirage au sort ou, ici, la prétendue société civile, on assiste à une volonté de court-circuiter le suffrage universel, qui a le gros défaut de ne pas exclure la droite.
La première fois qu’Ecolo tente de mettre l’idée de participation en pratique, c’est en s’appuyant sur les associations les plus à gauche
Lisez Nollet : « Nous devons travailler autrement (sic), et en finir avec l’idée d’un Parlement presse bouton (sic). Il faut sortir des clivages majorité-opposition [mais que fait-il donc en excluant le MR ?]. […] Mais nous voulons aller encore plus loin, en intégrant la participation citoyenne à travers des panels citoyens [non élus], des commissions mixtes (moitié de parlementaires, moitié de citoyens [non élus]), des consultations populaires régionales [dirigées par nos soins] et même des décrets rédigés et déposés par les citoyens [non-élus] eux-mêmes qui viendraient les défendre au Parlement de Wallonie [avec le soutien, ou pas, de la société-civile-de-gauche-radicale-noyautée-par-les-partis-idoines]. » Les ajouts entre crochets sont de mézigue, mais venez donc me garantir le contraire !
Ce qui est angoissant ici, c’est qu’au moment où, pour la première fois, Ecolo tente de mettre une idée de participation en pratique, c’est en s’appuyant, justement, non pas sur les citoyens, mais bien sur une prétendue représentation de ceux-ci, ultrapolitisée. Je résume : end of democracy.
Et à ceux qui ont cru que l’appel du pied concernait uniquement le CDH, je suggère de relire la phrase suivante : « Le CDH pourrait être un acteur central de cette autre manière d’envisager le fonctionnement démocratique (sic) en Wallonie. Mais la proposition s’adresse en fait à chaque député individuellement, et collectivement : aux communistes, à Défi (car la logique pourrait être la même en Fédération Wallonie-Bruxelles) et à certains libéraux s’ils sont intéressés ». Il va de soi que les liberaux ne seront évidemment pas intéressés de remplacer leur participation officielle au gouvernement par un soutien à un programme de gauche radicale via, une prétendue société civile déjà noyautée par Ecolo et le CDH ! Trotsky, sors de ce corps !
Tout Ecolo est coquelicot
Hier matin, sur les réseaux, c’est tout Ecolo qui se réjouissait de cette incroyable innovation démocratique ! Soutenant ainsi comme un seul être une opération qui sonne au contraire le glas de cette démocratie, et quadruplement :
— d’abord, parce que l’électeur s’est déjà exprimé et que donc, la manœuvre florale vise à contourner le résultat des élections et à donner une apparence de majorité à une… minorité. En russe, majorité se dit Bolchevik.
— ensuite, parce que le terme de « société civile » est un leurre visant à dissimuler un doublon hyperactif de la société politique. Il serait grand temps que les journalistes le remplacent par « la prétendue société civile » ou « la société civile autoproclamée » ou « le monde associatif de gauche radicale ».
— tertio, parce qu’il n’est pas question d’impliquer le citoyen lambda dans ce gouvernement de bourgeois (j’insiste, hein : ça les fait bien ch… qu’on leur rappelle ce qu’ils sont vraiment) universitaires (j’insiste de même) et médiatisés.
— quarto, parce que tout cela est bien plus opaque, manœuvrier et fourbe qu’il n’y paraît : l’appel de Nollet et la réponse immédiate d’une société pseudo-civile curieusement très bien préparée, avec le même projet exprimé, ressemblent à rien de moins qu’un putsch de la gauche radicale contre le droit démocratique de la population !
Ecolo : fini les bisounours. Voici un parti autoritaire, froid, calculateur et exclusif.
Et ça, de la part du parti qui promettait autrefois de faire de la politique autrement, et qui avait le mérite d’être le seul à le faire, c’est ahurissant. Juste ahurissant. Je rappelle aussi qu’il y a quelques semaines, Zakia Khattabi exigeait pour Ecolo la présidence du Conseil des Femmes, contre l’avis majoritaire de l’assemblée qu’elle refusait de reconnaître. La même mentalité autoritaire. La même certitude d’être la seule solution !
Quant à dissimuler de telles manœuvres sous le vocable floral du coquelicot, ça me donne l’impression qu’Ecolo cherche encore à passer pour des bisounours. Alors qu’au fond, le parti est en train de devenir tout le contraire : froid, calculateur, autoritaire, exclusif et politiquement très, très gourmand !
Et là, je rappelle que la moitié des régimes liberticides dans le monde ne venaient pas de droite, mais bien de gauche. Que la plupart des régimes liberticides ont avancé cachés avant de se révéler. Et j’espère que cette fois, les écolos à l’ancienne, qui observent en silence, se réveilleront et interpelleront enfin une direction devenue foldingue. Et que des journalistes et chroniqueurs pousseront enfin une gueulante contre ces manœuvres infernales qui confisquent la démocratie, le suffrage universel, et au final, la liberté d’opinion.
Parce que si tout le monde doute à juste titre que Nollet réussira sa manœuvre, il a bel et bien fait avancer l’idée que ce gloubiboulga d’organisations devenu incontournable a une légitimité démocratique. Et que le quatrième pouvoir ne réagisse pas (enfin) serait insoutenable.
Mais bien sûr, je peux ne pas me tromper.
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©Marcel Sel 2019. Distribution libre à la condition expresse de citer l’auteur (Marcel Sel) et d’établir un lien avec cette page.
24 Comments
antoine
juin 18, 11:09Robert
juin 18, 11:47marcel
juin 18, 15:41mélanippe
juin 18, 13:00khundidou
juin 18, 13:43Keyzer
juin 18, 16:00marcel
juin 18, 17:33ut'z
juin 18, 21:44daniel martinmartin daniel
juin 20, 10:44marcel
juin 20, 11:23Pierre
juin 20, 13:19ut'z
juin 20, 22:34daniel martinmartin daniel
juin 21, 05:08marcel
juin 22, 09:22John Enibob
juin 22, 16:16ut'z
juin 26, 20:23Ludovic NYS
juin 24, 05:58JC
juin 25, 15:07marcel
juin 28, 10:50Salade
juillet 10, 14:36Salade
juillet 11, 22:37Salade
juillet 12, 22:58Salade
juillet 17, 20:07Salade
juillet 29, 15:59