Un député de la majorité gouvernementale belge chez les néonazis.
En Belgique francophone, tout homme politique qui aurait un lien, de près ou de loin, avec l’extrême droite ou la commémoration du nazisme est rapidement exclu de son parti et de tout contact avec les médias. En Belgique flamande, pour des raisons historiques liées à l’oppression de la culture flamande et au fait que l’épuration politique et intellectuelle n’a pas eu lieu après-guerre, on constate au contraire une plus grande souplesse, souvent frustrante pour les antifascistes. Cependant, autrefois, quand on remarquait la présence d’un ministre du gouvernement flamand, par exemple, aux 50 ans d’une amicale d’ex-Waffen-SS il était prestement démissionné.
Ce dimanche, pourtant, le député fédéral N-VA (le principal parti du gouvernement belge) Brecht Vermeulen, président de la Commission de l’Intérieur à la Chambre, a assisté à la commémoration radicale de la bataille de l’Yser, l’Ijzerwake ou Veillée de l’Yser, qui a lieu chaque année à Steenstraete, en Flandre occidentale. L’événement peut en soi être qualifié de néonazi dès lors qu’en 2004, il a commémoré avec emphase le Führer flamand Staf De Clercq, qui avait appelé à une collaboration totale avec l’occupant nazi, mais aussi à l’éradication des Juifs de Belgique en 1941, pour une « question d’hygiène ». Du reste, dès le premier « numéro » de l’événement, en 2003, on a prié pour les héros de la Flandre, dont les Waffen-SS et les « victimes de la répression » (entendez : les collaborateurs condamnés par la justice belge).
Ce simple fait aurait dû suffire à classer la Veillée de l’Yser parmi les infréquentables absolus pour un parti qui se dit démocrat(iqu)e. Mais ça insiste : chaque année, on y croise des mandataires du Vlaams-Belang (extrême droite), mais aussi des drapeaux en hommage à la division Langemarck de Waffen-SS flamands, marquée du svastika à trois branches (une triskèle stylisée) du régiment, ainsi qu’une banderole indiquant « mon père était combattant du front de l’Est (Waffen-SS), et en temps que flamand, j’en suis fier », sans compter les oripaux du Voorpost (néonazis qui continuent, année après année, à commémorer l’Hitler flamand) et de la NSV. Bref, à l’Ijzerwake, de près ou de loin, on célèbre toujours le collaborationnisme militaire de la Seconde Guerre mondiale.
La présence de députés fédéraux, même d’extrême droite (ce que n’est pas, en principe, la N-VA, mais ça se discute), est donc déjà peu banale. On imagine mal Marine Le Pen à un rassemblement pro-Pétain. Mais quand il s’agit d’un important député fédéral de la coalition gouvernementale belge, comme c’est le cas pour Brecht Vermeulen, il y a de quoi crier au loup. Vermeulen était tête de liste de la N-VA en Flandre occidentale. Pas un petit député, donc.
Le même Vermeulen a aussi été actif dans le Mouvement populaire flamand (Vlaamse Volksbeweging, VVB), dont le président d’assemblée, Wim de Wit, est aussi président de l’Ijzerwake, et qui est lié à sa fondation. Rien d’étonnant à cette adhésion au VVB, dès lors que le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) a été membre de la direction de ce VVB, et l’a carrément représenté lors des 50 ans de l’amicale des Waffen-SS, le St-Maartensfonds, en 2001 (la révélation de cette collusion en 2014 n’a pas mené à sa démission).
Quant au chef de groupe de la N-VA au parlement belge, Peter De Rover, il était le secrétaire politique du VVB après en avoir été le président. C’est notamment via le VVB que cette Veillée de l’Yser extrémiste qu’on ne voit pas chez tout le monde (inimaginable en Allemagne, par exemple), qui réunit quelque 3.000 personnes, colle aux doigts du plus grand parti du gouvernement belge comme un sparadrap sanguinaire qui ne veut décidément pas s’en aller. Il faut dire que la direction de la N-VA n’y voit pas un problème, qui laisse ses adhérents, mais aussi ses députés, décider d’y aller ou pas.
Ainsi, la section N-VA de Retie propose sur sa page Facebook le calendrier 2017 de l’Ijzerwake « à un prix raisonnable ». Avec un lien vers le site de la Veillée sulführeuse.
Mais soyons empathiques et tentons de les comprendre : au final, la collaboration belge n’a tué que quelques milliers de communistes, de résistants flamands et francophones, de Russes et de juifs. Pas de quoi en faire un plat, hein, Kamaraden !
Ah oui, dernier petit détail : Brecht Vermeulen est relativement proche du président de la N-VA, Bart De Wever, puisqu’il a joué de la cornemuse à son mariage, selon sa propre biographie.
L’on peut évidemment se demander ce que le Premier ministre Charles Michel pense de cette participation à un événement où les collaborateurs nazis actifs sont mis à l’honneur. Mais que les Belges qui pensent que la résistance, c’était mieux, prennent leur mal en patience. Pour avoir maintenu le ministre de l’Intérieur Jan Jambon à son poste après les révélations sur son discours devant une amicale de Waffen-SS en 2001 (où il aurait notamment dit qu’ils avaient bien servi la Flandre), il n’y a vraiment aucune raison explicable de sanctionner Brecht Vermeulen. Eh oui, il fallait y penser avant de prendre la tête d’une telle coalition, Charles ! C’est pour cela, probablement, qu’on a appelé le gouvernement Michel « kamikaze ». La leçon à retenir : une fois la route ouverte vers le rétablissement moral de l’honneur des Waffen-SS, il n’y a plus moyen de la fermer. Alors, comme de bons kamikazes, continuons sans moufter. Banzaï !
Pour tout dire, je ne sais pas ce qui retient mon sens de la provocation de signer Heil Hitler. Au final, en Belgique, c’est presque devenu aussi banal que de chanter la Brabançonne. Et c’est même justifiable, puisque l’hommage à son homologue flamand n’est visiblement plus répréhensible. Pour dire : les médias n’ent ont même par parlé, à l’époque. Mais bon, après réflexion, je ne vais pas crier Heil Hitler. On m’a dit que ce type était végétarien. Et je ne veux pas de problèmes avec mon boucher.
Si vous aussi, vous trouvez qu’il ne faut pas commémorer les végétariens, ou les collabos, n’hésitez pas à participer financièrement à la nutrition de mon blog, à hauteur de minimum 2 reichsmark. Deux euros minimum conviennent aussi, si vous êtes à court de Reichsmark et de ticket de rationnement.
37 Comments
vince01
août 29, 14:17Fernando Ferreira
août 29, 17:48u'tz
août 29, 18:56Salade
août 29, 18:34Salade
septembre 02, 11:11lievenm
août 29, 20:01marcel
août 30, 23:43u'tz
août 30, 23:47moinsqueparfait'
septembre 02, 17:18GILLES- BXL
août 29, 20:10GILLES- BXL
août 29, 20:20Rivière
août 29, 23:24Tournaisien
août 30, 07:29marcel
août 30, 23:46Tournaisien
août 31, 07:09marcel
septembre 02, 23:56u'tz
août 31, 00:23Tournaisien
septembre 05, 12:52Pfff
septembre 02, 13:01Tournaisien
septembre 05, 12:54Jean-Paul Deplus
août 30, 09:06marcel
août 30, 23:46Franck Pastor
août 31, 08:35xavier
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août 31, 21:04François
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septembre 03, 01:34Tournaisien
septembre 03, 09:31Laurent Bouché
septembre 07, 11:19Dominique
septembre 19, 21:16Affaire Hendrik Vuye : la N-VA sera nationaliste ou ne sera plus. | Un Blog de Sel
septembre 24, 12:56Verstringe
septembre 01, 22:06Robert
septembre 02, 10:14