Ecolo au poteau : MR et N-VA se font justice.
Ecolo a mal affecté certaines dépenses dans ses comptes de 2014. Le réviseur de la comptabilité du parti a donc émis « une réserve », tout en approuvant ses résultats. Il n’y a pas eu d’enrichissement personnel et même pas, aux dires du même réviseur, de véritable viol de la législation. Simplement, le parti a inscrit 800.000 euros de pertes (suite à la défaite de 2014) au lieu de 2.800.000, ce que l’orthodoxie comptable aurait requis. En d’autres termes, c’est bien cette dernière qui n’aurait pas été scrupuleusement respectée et l’image financière d’Ecolo ne reflète, du coup, pas la réalité. Ecolo se défend en invoquant le fait que cela « ne change rien d’autre que la lisibilité des comptes d’année en année. » Mais aussi que la Cour des Comptes n’a pas bronché.
Et pour cause… On peut tout au plus se dire que le parti a souhaité présenter des comptes pas trop négatifs à ses adhérents. Pas top, mais pas si flop non plus. Un parti politique n’est pas une entreprise. Sa perte annuelle n’a donc aucune influence sur un quelconque actionnariat, encore moins sur nos deniers publics. Personne ne gagne rien, personne ne perd rien, et par ailleurs, Ecolo souligne que son plan social va au-delà du droit social belge. En gros, c’est un peu comme quelqu’un qui met un sigle Espace sur une Scenic qu’il ne vendra jamais (on ne vend ni n’achète un parti) : ça ne change même pas sa fiscalité !
Graves irrégularités pas si irrégulières.
La commission de contrôle de la Comptabilité des partis et des Dépenses électorales a néanmoins considéré qu’il s’agissait d’une grave irrégularité en punissant Ecolo d’une suspension d’un mois de sa dotation, majorité contre opposition. L’article 24 de la Loi sur les Dépenses électorales préconise en effet la suspension des dotations en cas de graves irrégularités. La question étant de savoir si une comptabilité peu orthodoxe (à l’image de celle de la plupart des entreprises, très créatives en l’occurrence) qui ne coûte rien à personne peut être considérée comme une grave irrégularité.
Oui, a répondu la commission.
Immédiatement, quelques députés MR et N-VA se sont publiquement réjouis de la « justice rendue ». Sauf que, voilà, ce sont ces mêmes partis qui ont voté la sanction ! Le PS, le CDH (qui s’est abstenu), Ecolo et le SP.a ne les ont pas suivis. Pour être complète, la presse indique aussi que les quatre experts (qui ont un droit de vote) ont tous voté pour. Sauf qu’elle ne dit pas qui sont ces quatre experts. C’est pourtant très intéressant !
Les experts font la paire.
Le plus actif et vindicatif semble bien avoir été le professeur Herman Matthijs. Un proche de la N-VA à qui la secrétaire d’État (N-VA) à la lutte contre la Fraude fiscale avait, l’an passé, confié une étude sur Belspo, administration fédérale chargée de la politique scientifique, pour la modique somme de 84.999 euros (soit 1 euro de moins que la somme fatidique au-delà de laquelle ce travail eût requis une publicité, et trois fois le revenu annuel d’un blogueur impertinent). Une pratique légale mais tout de même très limite, puisque l’inspection des Finances lui avait tapé sur les doigts. Un comble pour un contrat associant la responsable de la lutte contre la fraude et l’un des experts devant, en principe, juger de la qualité de la comptabilité des partis…
Il faut dire que, pour la N-VA, Herman Matthijs est un choix sûr. Il répond ainsi facilement présent lorsque le Vlaamse Volksbeweging (Mouvement populaire flamand NDR) l’invite à parler, par exemple, des transferts. Un exemple parmi bien d’autres : en octobre de cette année, il participait donc gaiement à un colloque sur les « milliards de transferts [entre la Flandre et la Wallonie] » ou il côtoyait Magda Michielsen, auteure d’une soi-disant « étude » sur la flamandophobie de la RTBF le dimanche, Erik Stoffelen, le patron de la Fête du Chant national flamand, ou encore Remi Vermeiren, cosignataire du manifeste pour une Flandre indépendante In de Warande (avec notamment Jan Jambon et l’ancien président du Vlaams Belang). On peut se poser des questions sur la participation d’un expert « indépendant » de la très honorable commission de contrôle de la Comptabilité des partis à ce genre d’exercice hautement tendancieux. Mais retenons simplement qu’il est « proche » de la N-VA.
Expert et ex-(?)MR.
On a ensuite Emmanuel Vandenbossche, qui fut, selon le magazine flamingant Doorbraak, proche des cabinets Verhofstadt et Vanhengel. Tous deux Open VLD, majorité. Le troisième expert, Raymond Molle, ne cache même pas qu’il est toujours membre de la section Jodoigne (coucou Louis Michel) du MR, et qu’il fut vice-président de la section Brabant Wallon du parti. Enfin, il y a Philippe Quertainmont, ancien du Conseil d’État, le seul à ne pas avoir de profil partisan : il a même publié des travaux avec Marc Uyttendaele !
Petit détail piquant : alors qu’il y avait quatre candidats côté francophone pour cette fonction d’expertise, dont deux furent élus, il n’y en a eu que deux côté néerlandophone, qui ont donc obtenu la palme sans même devoir batailler : les deux susnommés !
Ces quatre experts ont donc tous voté pour la suspension des dotations. Trois d’entre eux peuvent toutefois être suspectés de partisanerie. Et l’idée que la N-VA et le MR se sont ainsi offert une victoire facile, mais aussi tendancieuse, ne peut certainement pas être écartée. Officiellement, il s’agissait de ne pas discriminer les autres partis, dont la comptabilité est bien évidemment parfaite. Il est cependant difficile de nier que les pratiques d’Ecolo en matière de gestion des fonds publics sont probablement plus respectables que celles d’autres (ne suivez pas mon regard). Mais évidemment, quand on a au moins 3 experts sur 4 dans sa poche…
Cohérence et galanterie.
Suite à cette belle action, le MR et la N-VA ont donc tintamarré en fanfare. Voyez : même Ecolo est pourri, alors, nous, on est superclean à côté, bien sûr (relire le paragraphe sur les contrats à la Elke Sleurs pour s’en convaincre… un peu moins) ! Reste que du côté de cette majorité si prompte à casser du vert, le cabinet de Jacqueline Galant n’a pas respecté la loi. Et ça, c’est l’inspection des Finances qui le dit. Il ne reste donc plus au MR et à la N-VA qu’à tirer les conclusions qui s’imposent et à se montrer logiques : si la gaffe comptable d’Ecolo est une grave irrégularité, ils se doivent de demander à la ministre Galant de faire un pas de côté. Parce que dans son cas, l’illégalité de l’action, confirmée par l’administration, a tout de même amené l’État à dépenser plus que de raison, à attribuer un marché avec une légèreté qui affolerait le plus laxiste des ministres grecs, et contrairement aux pertes d’Ecolo, ça, c’est le contribuable qui le paye !
Allons, le MR et la N-VA, donnez-nous donc un peu de cette cohérence que vous nous vantez tant ! Changez vite de ministre de la Mobilité !
29 Comments
Hansen
novembre 12, 19:35Arnaud DE LA Croix
novembre 12, 19:36Jean-Pierre L. Collignon
novembre 12, 20:067
novembre 12, 20:54Pascal Debière
novembre 12, 20:58u'tz
novembre 13, 00:01Shanan Khairi
novembre 13, 00:09Marcel Sel
novembre 16, 03:02Shanan Khairi
novembre 16, 11:00Marcel Sel
novembre 16, 11:30Thierry Wautelet
novembre 13, 08:40Tournaisien
novembre 13, 09:21Laurent Outang
novembre 13, 10:06Salade
novembre 13, 10:35thomas
novembre 13, 10:56Marcel Sel
novembre 16, 03:03Pierre
novembre 13, 11:30Pfff
novembre 13, 12:27Renal de Waterloo
novembre 13, 14:15guypimi
novembre 13, 14:30Wallimero
novembre 13, 14:54K NOBEN
janvier 09, 19:00Rivière
novembre 13, 15:05Mélanippe
novembre 14, 12:24Mélanippe
novembre 14, 12:51Wallon
novembre 14, 17:18Hansen
mai 25, 20:22Pour un monde meilleur
novembre 22, 12:15Hansen
mai 25, 20:18