La haine de l’État, un crime contre le libéralisme.
Une petite discussion sur Twitter m’a fait découvrir que certains ont un amour à ce point immodéré de l’entreprise, et une haine si féroce de l’État, qu’une simple observation les met dans tous leurs… états. Qu’avais-je twitté ?
L’État est une construction morale, l’entreprise est amorale.
Twitter étant réducteur par nature, j’ai bien tenté de préciser ma pensée, mais sans succès, le manichéisme ambiant amenant mes interlocuteurs à imaginer que j’émettais un jugement de valeur entre l’État et l’entreprise, privilégiant le premier. C’est terrible, de nos jours, on ne peut être qu’absolument « de droite » (et adorer la Main invisible tout en considérant que le socialisme mène au totalitarisme) ou absolument de gauche (et lire une page de Marx chaque matin au petit déjeuner tout en dévorant un Américain néolibéral).
Twitter amplifie ces catégorisations d’une pauvreté tragique. D’où le besoin d’expliquer mon propos.
D’abord, la morale que j’évoque n’est pas une donnée objective. Elle dépend d’une société à l’autre et même d’une personne à l’autre. Pour certaines sociétés, l’homosexualité est immorale, alors que la considérer comme telle est à son tour immoral pour d’autres sociétés. Je ne pose donc pas de jugement, je constate simplement une différence de nature entre l’entreprise et l’État.
Un couple doublement nocif.
Ça ne signifie pas non plus que tous les États soient moralement recommandables ni même que les choix moralement justifiés soient souhaitables. L’exemple des subprimes est éloquent : une idée généreuse (« morale ») mais irréaliste et économiquement dangereuse (prêter aux insolvables) a mené au chaos. C’est l’État américain qui a mis en place les conditions de la catastrophe. Mais ce sont les entreprises — banques et assurances — qui ont fait le reste, se poignardant elles-mêmes au passage. À noter que dans cette affaire, l’État s’est aussi laissé influencer par l’idée que l’entreprise était un facteur de stabilité (refus de réguler les CDS au prétexte que les banques sont suffisamment sages pour ne pas causer leur propre perte — on a vu le résultat). Au final, c’est tout de même l’État qui a sauvé les banques et les finances mondiales. Bizarrement, depuis lors, la droite prétendument néolibérale vocifère encore deux fois plus fort contre l’État.
Pourquoi l’entreprise est-elle amorale (et non pas immorale) ? Parce que même si son objet fondamental est éthique, sa profitabilité prime sur toute autre considération. Ce n’est pas la première fois qu’une entreprise pharmaceutique vend sciemment un produit dont elle connaît la dangerosité mais a « oublié » de la transmettre aux pouvoirs publics. Si c’est immoral au vu de la société et de la loi, dans la perspective sèche, purement financière de l’entreprise, ce n’est pas forcément de la mauvaise gouvernance. Ainsi, Novartis aurait manipulé des études permettant de lancer plus rapidement un produit contre l’hypertension qui lui a rapporté, selon Passeur de Sciences, la bagatelle de 6 milliards d’euros. Du point de vue bilantaire, c’est positif.
La logique de l’entreprise est de produire de la richesse.
De même, dans le cas des banques qui ont manipulé le Libor, les amendes qu’elles ont payées n’ont aucune commune mesure avec les sommes en jeu. UBS aurait violé la loi (et la morale occidentale) en incitant des sportifs étrangers à frauder le fisc. L’entreprise y a probablement gagné beaucoup plus que ce que les procédures qui ont suivi lui ont coûté. À nouveau, sur le plan bilantaire, elle aurait alors « bien fait ». Or, la logique de l’entreprise est d’abord bilantaire : produire de la richesse. Le reste est accessoire.
On peut même pousser ce raisonnement aux confins de l’absurde : une entreprise qui périclite pour avoir voulu préserver à tout prix la morale contre le profit porte la responsabilité de la perte de travail de ses employés et sous-traitants. Ce qui moralement est aussi contestable ! Pas simple.
Les entreprises morales, pas toujours clean.
Tout ça n’empêche évidemment pas certaines entreprises d’avoir une moralité exemplaire, tant qu’elles peuvent se le permettre économiquement. Ou même carrément, d’avoir un objet « moral », comme le commerce équitable. Mais l’on observe que même dans ces cas-là, sa bonne volonté peut amener des distorsions de concurrence entre les producteurs qu’elle soutient (par exemple au Guatemala) et qui font monter les prix locaux, et ceux qu’elle ne soutient pas (par exemple au Congo), livrés à la concurrence la plus sauvage, voire violente. Et ça, c’est sans compter les petits arrangements avec la morale sur le terrain, provoquant des scandales sur l’équitable joliment documentés, mais tout aussi vite oubliés.
À l’inverse, les grandes marques textiles qui produisent dans des sweatshop au Bangladesh posent des actes considérés comme immoraux dans nos sociétés. Force est de constater que l’entreprise ne se moralise que quand on fait pression sur elle, par exemple, lorsqu’on révèle des pratiques inacceptables, qu’on la menace de boycott ou qu’un atelier s’écroule sur un bon millier d’ouvriers, jetant l’opprobre sur les marques concernées. Là, l’entreprise change ses pratiques parce qu’elles risquent de lui coûter plus cher qu’elles ne lui rapportent. Et tout comme elle a économiquement raison d’en appeler à des mains d’œuvres très bon marché pour battre ses concurrents, elle a économiquement raison de cesser de le faire quand l’opération risque de lui coûte trop cher et donc de faire disparaître le bénéfice qu’elle a tiré de l’immoralité.
On peut trouver ça dégueulasse, c’est comme ça que ça fonctionne, et au final, quand vous revenez du magasin avec un t-shirt super bon marché, vous êtes complice. Tiens, le Mac sur lequel j’écris a probablement été fabriqué dans un sweatshop de Shenzhen… Mais en tant que micro-entreprise de rédaction, il serait économiquement insensé pour moi de remplacer mon ordinateur par un papier et un crayon (dont je devrais alors vérifier la provenance, il y a peut-être des usines de crayons à Shenzhen).
Pour compenser, j’achète des chemises produites en Normandie avec du lin français tissé en Italie.
Il n’y a pas de héros au numéro que vous avez demandé.
L’entreprise ne peut donc se laisser encombrer par la morale dans sa gestion ou ses décisions stratégiques fondamentales. Ce n’est pas une critique, c’est un constat. Il implique une série de choses. Tout d’abord, qu’il faut considérer l’entreprise pour ce qu’elle est : un acteur économique fondamental, et le moteur de toute société de marché libre (le seul type de marché qui ait jamais démontré son efficacité sociétale pour autant qu’il soit bien surveillé), et un vecteur d’emploi et de bien-être. Oui, mais pas une bienfaitrice, pas un vecteur de régulation et certainement pas une aventure héroïque comme certains voudraient nous le faire penser.
L’autre corollaire, c’est que l’entreprise est socialement irresponsable. On ne peut lui confier aucune responsabilité autre que sa propre capacité à générer des revenus ou de l’emploi. On ne peut pas lui faire confiance dans l’application de mesures favorables à l’emploi, tout simplement parce que ce n’est pas son rôle. Quant l’État baisse ses charges de 30 %, il n’a aucune assurance que l’entreprise augmentera l’emploi d’autant : elle ne le fera que si cela lui paraît plus rentable et elle aura bien raison.
Et donc, le politicien qui vous explique que baisser les charges d’un tiers entraînera autant d’emplois nouveaux est soit un âne, soit un satané populiste.
On ne peut pas non plus faire confiance aux organisations patronales lorsqu’elles produisent des statistiques ou exposent des études qui leur sont forcément favorables : leur rôle n’est pas de dire la vérité, mais de défendre les intérêts des entreprises. Ce rôle est parfaitement légitime, c’est en revanche le rôle des politiques de ne pas prendre leurs déclarations pour argent comptant (sinon, vous savez, le tabac, c’est hyper bon pour la santé !)
Quand l’entreprise se crise.
L’entreprise — vue en tant qu’entité individuelle — est même intrinsèquement un vecteur de crise. Car la nécessité de rentabilité d’abord, et de service de l’actionnaire ensuite (qui a bien mérité une rétribution de son risque et de son investissement), lui interdit pratiquement de considérer les conséquences macroéconomiques de ses décisions individuelles. Cela signifie en pratique que lorsque les entreprises cherchent massivement à limiter l’emploi (quelle que soit la raison), cette décision apparemment sage, voire nécessaire, vue de l’intérieur d’une seule entreprise, revient au bout du compte — si elles s’y mettent toutes — à limiter la consommation et donc, à terme, leur propre revenu !
Cette irresponsabilité ne peut être compensée que par un intervenant extérieur qui peut prendre en compte l’ensemble des intérêts de la société et ça, dans l’organisation humaine que nous connaissons, c’est l’État.
Bart De Wever n’a jamais travaillé en entreprise…
Le problème, c’est que les forces politiques en présence aujourd’hui sont soit hostiles à l’entreprise, vue comme un exploiteur invétéré, soit ne comprennent rien à sa nature pour n’en avoir qu’une connaissance très théorique — Bart De Wever n’a jamais travaillé en entreprise et il n’est pas le seul — soit voient en elle la source de tout et la solution à tout, une sorte d’alpha et d’oméga de l’humanité.
Ces derniers ont le vent en poupe en Europe. Ils présentent l’entrepreneur comme un véritable héros et lui trouveraient même un gêne particulier qui l’amène à investir. Une étude de l’Université de Californie montre que l’entrepreneur-né est surtout né dans une famille qui a de l’argent. L’entreprise n’est donc pas fondamentalement libérale, mais serait au contraire un vecteur de conservatisme économique et de maintien des classes possédantes — même les tout petits entrepreneurs ont intérêt à avoir l’équivalent d’un an de revenu en poche avant de commencer, j’en sais quelque chose.
Il n’y a donc rien d’héroïque ni de moral à entreprendre. L’héroïsme et la morale sont même étrangers à cette activité : l’entrepreneur attend simplement une rémunération supérieure à celle offerte par un emploi salarié, au prix d’un risque. Et pour les gros investisseurs attendent un retour sur investissement de plusieurs fois l’intérêt versé par les banques les plus généreuses. Au final, oui, il y a un risque à entreprendre, mais ce risque est rémunéré. Pire : l’entrepreneur qui ouvrirait une entreprise pour des raisons morales plus qu’économiques s’expose à un échec retentissant, avec des conséquences funestes pour ses fournisseurs, employés et sous-traitants. Il vaut mieux exclure ces fous dangereux, les héros sont de très mauvais entrepreneurs !
Car, entreprendre ou financer une entreprise, c’est très bien, mais ce n’est pas non plus les 12 travaux d’Hercule ou la Passion de Jésus-Christ ! Consommer plus que thésauriser pour soutenir l’économie est tout aussi héroïque, au final.
Le consommateur, alfa et oméga de l’économie.
Car l’économie dépend de la consommation, et celle-ci provient toujours d’une seule et même personne : le consommateur. À elle seule, la consommation privée directe représente plus de la moitié du PIB belge (51,6 %). Le solde de la balance commerciale (entre importations et exportations) n’étant que de 2 milliards d’euros environ en 2010, on peut considérer que les achats étrangers influencent le PIB à hauteur de 1 % seulement — une paille. Le reste (46 %) provient des dépenses de l’État et des investissements (qui seront, eux aussi, payés par le consommateur).
Et la consommation des entreprises, me diront les « libéraux », furieux que j’aie oublié le sacro-saint entrepreneur ? Celle-là dépend de la consommation privée, puisque les achats des entreprises sont couverts par les achats des individus — c’est même le principe de la TVA : toute valeur ajoutée d’une transaction entre entreprises est payée au final par les ménages !
L’entreprise n’a aucune légitimité dans le caractère légiférant de l’État.
Le seul alpha et oméga de l’économie, c’est donc le consommateur. Les entreprises, tout comme l’État, sont de simples vecteurs dont la qualité définit évidemment la bonne marche de l’ensemble (ou pas). Tout comme l’entreprise est un intermédiaire entre le travailleur et le consommateur (qui sont une seule et même personne), l’État est un intermédiaire entre le contribuable et le citoyen (une seule et même personne, à nouveau). Ce dernier ne rend de comptes qu’aux électeurs.
D’où un autre corollaire fondamental : l’entreprise n’a aucune légitimité dans le caractère légiférant de l’État. Elle peut certes tenter de l’influencer (lobbies) ou se défendre en justice contre celui-ci, mais exclusivement en vertu des lois votées par l’État. L’État qui cèderait aux entreprises un droit de véto sur les lois futures (ou un droit d’abolition des lois), par exemple en instituant un tribunal qui mettrait entreprises et législateur sur le même pied (suivez mon regard) serait failli pour avoir violé le contrat qui le lie au citoyen : lui seul peut élire ses représentants, eux seuls peuvent voter les lois ou transmettre ce droit à d’autres pouvoirs législatifs.
L’État moral n’a plus le moral.
Et c’est fondamental. Car l’État (dans sa conception occidentale actuelle) est une construction morale dont les choix reposent sur des jugements moraux. C’est une des raisons pour lesquelles il ne peut être géré comme une entreprise : il n’a pas du tout la même finalité. D’ailleurs, un État peut parfaitement disfonctionner sans que ses gestionnaires n’en subissent de conséquences — la famille Karamanlis en Grèce n’est plus au pouvoir, mais elle a d’autres ressources ; aucun des responsables de l’endettement belge n’a jamais été poursuivi et aucun ne le sera jamais. À supposer que la Wallonie soit effectivement exécrablement gérée par le PS et le CDH, les électeurs ne semblent pas prêts à cesser d’élire Élio Di Rupo ou Joëlle Milquet. Il a fallu une énorme crise morale (les affaires Dutroux et celle de la dioxine) pour remballer le CD&V dans l’opposition, un effet bien plus puissant que sa coresponsabilité dans la dette apocalyptique de la Belgique.
Et tout cela, parce que l’État démocratique est une construction morale. C’est-à-dire que son critère de fonctionnement premier n’est pas économique mais éthique (en positif ou en négatif). Tout comme les entreprises devraient être rentables dans des conditions idéales, l’État devrait être moral dans des conditions idéales. Tout comme l’entreprise n’atteindra jamais une rentabilité absolue, l’État n’atteindra jamais une moralité absolue. Dans les deux cas, c’est un objectif à atteindre. Du reste, la démocratie au sens radical est elle aussi un idéal vers lequel l’on doit tendre, et non un fait.
L’État ne tire d’ailleurs pas la nécessité de bonne gestion, y compris financière, de son ADN économique mais bien de la moralité que l’on doit attendre d’une démocratie [forcément imparfaite mais tout de même] digne de ce nom, à savoir, un État avec un parlement libre, peu de corruption, des partis peu populistes, une justice assez efficace, une vraie volonté de non-discrimination, une presse libre, financièrement stable, et aux aguets…
Depuis la Révolution française, le sens fondamental de l’État est de créer et maintenir un état de justice, qu’elle soit sociale, environnementale, sociétale, pénale ou économique. Et la justice se fonde, se justifie et se rend sur des bases morales. C’est aussi pour des raisons morales — Voltaire ne m’aurait pas contredit, je pense — que l’État se charge de limiter la misère et d’éduquer les masses, la condition établie par le grand penseur pour que la justice et la liberté apparaissent et se maintiennent.
À nouveau, un État peut parfaitement fonctionner avec un peuple illettré et misérable. Cela n’empêcherait pas les classes possédantes de posséder. De nombreux pays fonctionnent encore de cette façon. C’est donc uniquement l’exigence de moralité, issue notamment des Lumières qui ont précisé et précédé l’expression de la volonté des « peuples », qui amène l’État moderne à se soucier de l’équité sociale.
La démocratie moderne, un engagement moral.
L’idée même que « tous les citoyens sont égaux devant la loi » est un principe et un choix moraux. La devise de la France — Liberté, Égalité, Fraternité — est un engagement moral auquel elle est confrontée à chaque dérapage. La nécessité pour un État de dépenser raisonnablement n’est pas économique car l’État n’en a pas fondamentalement besoin — de nombreux États sont en faillite virtuelle ; même les États les plus pauvres et les plus corrompus ne disparaissent pas ; certains font défaut régulièrement, mais existent toujours. Mais bien morale : l’État n’a pas de bien propre, mais un bien commun qui appartient ex-ante et in fine à l’ensemble des citoyens. L’État n’est pas la condition d’une activité économique (elle existe hors de lui), mais bien la condition d’un état de justice, ce qui est un fait moral.
Ce n’est pas par hasard si les débats les plus brûlants se tiennent avec des arguments moraux. Ainsi, l’on ne reproche pas tant à la Grèce d’être endettée (point de vue économique) que d’avoir violé les lois de l’euro, voire de demander à des pays plus pauvres de l’aider (point de vue moral). C’est le cas pour tout le débat sur le Grexit qui n’est pas fondamentalement économique : l’Europe peut parfaitement se permettre d’effacer la dette grecque. Mais serait-ce moral de le faire plutôt que d’encourager les pays rigoureux (au prix d’efforts de leurs populations) à continuer à être vertueux en leur offrant des bonus d’investissement ? Ou pouvons-nous dire au retraité allemand : on te coupe ta retraite pour alimenter celle des Grecs alors que tu as toujours voté pour des partis qui ont bien géré ton pays ? Ou à l’inverse : l’Europe peut-elle abandonner 11 millions de Grecs à un sort funeste ou, pire encore, enfoncer son économie pour les punir de leur manque de vertu (en fait, celle de leur classe politique ancienne), comme le voudraient les faucons ?
Le libéralisme entrepreneurial, l’assassin potentiel du libéralisme citoyen.
Cette constitution morale est d’autant plus forte dans nos démocraties que le peuple est la source du pouvoir. On ne peut y accéder sans sa volonté. On ne peut être jugé autrement que par les lois votées, une fois encore, par les élus du peuple. Et la question à laquelle le gouvernement doit sans cesse répondre n’est pas fondamentalement de savoir si le budget est économiquement viable (sinon, on ne serait pas endettés à plus de 100 %), mais bien de savoir si celui-ci est équitable. Entre Flamands et Francophones, entre riches et pauvres, entre entreprises et individus… Et ça, encore, c’est une approche morale !
Si la cour des comptes peut émettre des avis, on ne l’a jamais vue condamner un ministre à la déchéance de la nationalité pour avoir plongé son pays dans le chaos économique. En revanche, le pouvoir judiciaire est chargé de sévir en cas d’immoralité d’un serviteur de l’État. Et si elle fait défaut, le quatrième pouvoir — pourvu qu’il n’oublie pas sa fonction fondamentale — se charge de le lui rappeler.
L’État, c’est toi.
C’est pourquoi l’État est le seul à même de contrôler les entreprises, de réguler leur fonctionnement, de les sortir d’une logique individuelle pour leur imposer les corollaires d’une logique macroéconomique. Mais il peut aussi être le pire des gestionnaires. Il s’y ajoute l’éventuelle immoralité, la corruption, voire la bêtise de certains mandataires.
Mais supprimer l’État ou réduire ses prérogatives à leur plus simple expression, c’est livrer le consommateur et le travailleur — petites entreprises incluses — aux pires excès. Cette exigence est donc illégitime. En revanche, il faut se battre pied à pied pour que l’État soit géré au mieux et conçoive son rôle sur base d’une vision claire, la moins dogmatique possible, et la plus profitable à tous.
Dès lors que la population est bien l’alpha et l’oméga de l’économie et de la nation, l’État, moral, est la seule institution qui puisse maintenir les entreprises, amorales, dans une trajectoire profitable pour l’ensemble de la population, et pour elles-mêmes. Il suffit d’examiner les pays où les règles sont pratiquement inexistantes (le Kivu, la Somalie…) pour le comprendre : livrer la société aux seules entreprises, c’est l’anarchie assurée. C’est aussi le contraire du libéralisme, dès lors que l’individu n’y est plus libre mais au contraire totalement aliéné dans un univers où le dieu dollar (ou euro) dicte une loi implacable, inhumaine.
Nous sommes déjà sur cette voie-là, notamment du fait de la droitisation des gauches au pouvoir depuis les années 90 et de l’aveuglement de certaines droites excessivement séduites par le grand capital. Or, la liberté des entreprises ne peut en aucun cas primer sur celle des citoyens au risque que le libéralisme entrepreneurial finisse par avoir raison du libéralisme citoyen.
Moralement, que l’on soit de gauche ou de droite, la loi du plus fort ne peut en aucun cas devenir la meilleure.
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0 Comments
Jp
juillet 19, 21:13Salade
juillet 19, 22:39u'tz
juillet 21, 00:00Patrick De Geynst.
juillet 19, 23:36Mélanippe
juillet 20, 14:12Mélanippe
juillet 20, 14:16Didier
juillet 22, 11:08Hansen
juillet 20, 07:34Marcel Sel
juillet 20, 20:52u'tz
juillet 21, 00:33David Brabant
juillet 20, 09:23Marcel Sel
juillet 20, 20:54Zébulon
juillet 22, 19:28u'tz
juillet 21, 00:18Suske
juillet 20, 13:46Marcel Sel
juillet 20, 20:56Didier
juillet 22, 12:15Franck Pastor
juillet 20, 14:53Marcel Sel
juillet 20, 20:57Hucbald
juillet 20, 16:18Marcel Sel
juillet 20, 21:00Def
juillet 20, 18:19Marcel Sel
juillet 20, 21:01u'tz
juillet 21, 00:14Salade
juillet 21, 11:11Ph11
octobre 09, 01:03Marcel Sel
octobre 09, 09:20Darth Ph11
octobre 10, 14:07Gilles-bxl
juillet 20, 18:45Tournaisien
juillet 20, 19:44Marcel Sel
juillet 20, 21:02Tournaisien
juillet 20, 22:23Marcel Sel
juillet 20, 21:02Mélanippe
juillet 21, 13:54Marcel Sel
juillet 21, 13:56u'tz
juillet 21, 23:19u'tz
juillet 21, 00:09Salade
juillet 20, 22:07u'tz
juillet 21, 00:26u'tz
juillet 21, 00:48Guillaume
juillet 21, 08:09Darth Ph11
octobre 09, 01:19