Le Baromètre RTL/LeSoir. MistRal gagnant, mais pour les populistes.
Le MR fanfaronne, est ravi, a gagné. Dépasser le PS en Wallonie n’est pas passé inaperçu. C’est un symbole fort pour les libéraux qui aimeraient, à nouveau, jouer un rôle dans la partie sud du pays. Surtout après le coup vache du PS suite aux dernières élections, de s’associer avec le CDH derrière le dos du MR pour lui barrer la route de la région wallonne, de la Fédération Wallonie-Bruxelles (ou plus constitutionnellement de la Communauté française) et de la Région Bruxelles-capitale. Du moins, c’est l’explication donnée par les libéraux. Et comme chacun prêche pour sa paroisse, on cherchera encore longtemps à savoir si le PS a agi de la sorte parce qu’il pensait sincèrement que le MR allait tenter de faire cavalier seul au fédéral ou si, au contraire, Di Rupo n’avait pas de raison de craindre une Kamikaze. Vous savez quoi ? Ce n’est pas le plus important, ce sont des jeux politiques. Le fait est que les deux ténors francophones ne se sont pas entendus et s’agressent, depuis, à qui mieux mieux. Au vu du dernier baromètre, on peut se demander si ce petit jeu, qui prend par moment des allures de bac à sable, est électoralement efficace ou globalement nuisible.
On se demandera aussi si la lourde chute du PS est due à une opposition trop agressivement gauchiste (qui contraste avec la gestion de centre droit du gouvernement hexapartite dirigé par Elio Di Rupo ; les électeurs qui n’oublient pas si vite se tournent alors vers le PTB qui a l’avantage de la virginité politique) ; s’il traduit plutôt une prise de conscience par l’électorat wallon de son inefficacité économique (reste à prouver que le MR peut faire mieux) ou au mécontentement social qui, généralement, attire l’électeur vers les extrêmes.
Une vierge ou un cierge.
Virginité ? J’ai déjà dit que Di Rupo n’aurait pas dû reprendre la présidence du parti après son expérience gouvernementale. Il fallait quelqu’un de vierge, justement pour affronter le très vierge PTB. Il fallait des idées innovantes, une vision de la social-démocratie qui permette à la marque PS de se distinguer des communistes. En reprenant une place de militant après avoir déçu tant de militants, surtout à l’extrême de la gauche, Elio Di Rupo chargeait la barque PS d’un doute qui a dû jouer dans la désaffection du public. La présidence de Di Rupo, c’est donc un cadeau au PTB. Pas étonnant que celui-ci en profite dans ce sondage.
À ce propos, rappelons qu’un sondage n’est pas une élection, mais une indication de l’évolution des tendances. Tout ce qui suit doit donc être pris au conditionnel.
Mais si ces tendances s’avéraient proches de la réalité, la « victoire du MR » serait à mettre rapidement au second plan. Parce que ce que l’ensemble du baromètre nous indique, c’est que l’électorat francophone glisse doucement vers les extrêmes. En Wallonie, le MR et le PS ne représentent plus, ensemble, qu’une majorité très juste. Leur perte cumulée, d’environ 6 %, est entièrement absorbée par les partis non-démocrates ou populistes (PTB, La Droite, PP, Debout les Belges). Si l’on prend l’ensemble des électeurs francophones (Wallonie + Bruxelles), ce sont environ 7,5 % des voix qui glissent des partis traditionnels (MR, PS, CDH, FDF et Ecolo) vers des formations radicales (PTB, PP, La Droite, Islam, Debout les Belges, etc.)
Près de 23% des sondés voteraient pour des partis populistes !
Et les militants MR feraient bien de tempérer leurs ardeurs victorieuses, ce qui est en train de se passer, c’est qu’aujourd’hui, la bagatelle de 22,8 % des voix sondées donnent leur préférence à des partis non traditionnels, pour la plupart populistes (oui, oui, le PTB est, dans le cadre d’une démocratie libérale, un parti populiste). Comparez cela au nombre de Francophones qui seraient prêts à voter pour Marine Le Pen — un quart de Bruxellois et un tiers de Wallons, et vous obtenez une image plutôt cohérente du « contrisme ». Clairement, les Francophones se détachent des partis traditionnels. Ils n’ont donc pas de leçons à donner à la Flandre, ce dont j’ai toujours été convaincu. Un leader charismatique suffit à transformer le choix politique.
Saint Michel, priez pour vous.
Autre constat, les partis du gouvernement Michel paient ensemble les frais de sa politique. Si le MR lui-même ne perd globalement que 0,8 % par rapport aux élections de 2014 (sur Bruxelles et la Wallonie, en faisant une règle de trois en fonction de la population), la N-VA perd 4,1 %, le CD&V 2,8 % et l’Open VLD, 1,5 %. Soit un total de 9,2 % ! Ce n’est pas banal. C’est ce qui s’appelle une cote d’alerte, et cela explique la cote assez moyenne du gouvernement en Flandre (5,3/10) et en Wallonie (4/10).
Pour les gouvernements wallon et bruxellois, l’un perd 7,1 %, et n’est plus « soutenu » que par 38,9 % des Wallons, l’autre, 4,8 %, pour un total de 40,3 % bruxellois déclarant, selon ce sondage IPSOS, voter pour un des partis de la majorité PS-FDF-CDH.
La droite populiste à près de 10%. La Wallonie sur les traces de la Flandre.
Autre souci pour le MR. En Wallonie, la gauche (PS-Ecolo-PTB) représente 48,4 % des électeurs, le centre (FDF+CDH), 15,3, la droite 26,1 (MR seul) et la droite populiste (si l’on y inclut Debout les Belges) : 9,3 ‰ — sans compter les partis non détaillés dans le sondage`. Si de tels chiffres se vérifiaient lors des prochaines élections, les libéraux auraient donc du mal à gouverner la Wallonie sans un PS, même très affaibli puisqu’en s’associant avec le centre (on a du mal à imaginer qu’il prenne les populistes pour partenaire), il dépasserait à peine 40 % en voix.
Même phénomène à Bruxelles où la gauche prend 40 % des suffrages, le centre 20,3 et le MR 20. Là encore, c’est le PS, même affaibli, qui dirigerait le jeu. Enfin, maigre consolation, le parti Islam stagne, ce qui montre bien que le communautarisme musulman ne se traduit pas par un choix politique religieux.
La suédoise, au propre et au figuré.
Aujourd’hui, sur l’ensemble des Francophones, le MR est bien le premier parti. Mais être premier, quand on est seul, ne garantit pas un avenir si rose. Et quand les partis traditionnels qui perdent peu de plumes voient leur voisin complètement plumé, ils feraient bien de se rappeler que les premiers adversaires des partis démocrates en général, ce n’est pas le PS pour l’un, ou le MR pour l’autre, ce sont les partis populistes qui, petit à petit, grignotent de l’électorat et, comme en Flandre autrefois, en Suède plus récemment, ou dans un nombre croissant de pays d’Europe, forcent les partis traditionnels à des coalitions de plus en plus larges, et jouent ensuite sur leur inefficacité. Mais peut-il en être autrement dans un monde en crise ? Pour le savoir, il faudrait peut-être que les partis de pouvoir, et les deux principaux avant tout, tentent autre chose que l’opposition hystérique à gauche et l’arrogance méprisante à droite. Le citoyen nous explique peut-être aujourd’hui qu’il ne veut ni de l’une, ni de l’autre.
Les chiffres (cumul estimatif des voix francophones en Wallonie et à Bruxelles)
MR |
26,38 |
PS |
26,36 |
CDH |
12,73 |
Ecolo |
10,21 |
PTB |
8,38 |
FDF |
5,09 |
PP |
4,20 |
DLB |
2,47 |
La Droite |
1,81 |
Autres |
6,58 |
0 Comments
guypimi
avril 30, 16:22istacec
avril 30, 17:16Manu Kodeck (@kodeckmanu)
avril 30, 17:24Tournaisien
avril 30, 17:29Marcel Sel
mai 04, 23:24thomas
mai 05, 00:25Tournaisien
mai 05, 07:20Didier
juin 10, 14:27Salade
avril 30, 19:18Legros-Collard.
avril 30, 21:33marcel de durbuy
mai 01, 03:46Marcel Sel
mai 04, 23:27L'enfoiré
mai 06, 14:34Wallons
mai 01, 11:10Rivière
mai 01, 12:40u'tz
mai 03, 21:45L'enfoiré
mai 04, 14:34L'enfoiré
mai 04, 14:35montlucmichel
mai 04, 17:34Tournaisien
mai 04, 19:19Kallassya
mai 05, 08:49Tournaisien
mai 05, 09:17Salade
mai 05, 12:47Salade
mai 05, 17:18Salade
mai 05, 17:25hilarion lefuneste
mai 06, 11:02hilarion lefuneste
mai 06, 11:55hilarion lefuneste
mai 06, 12:10Louis Minne
mai 05, 11:46Pfff
mai 05, 12:39Pfff
mai 05, 13:09Pfff
mai 05, 14:24