L’ULB et l’étoile jaune, comment tout a dérapé.
Depuis mercredi passé, l’Université libre de Bruxelles, les cercles estudiantins, mais aussi les médias sont plongés dans un climat d’hystérie, sans parler des réseaux sociaux. Un climat qui ne peut qu’envenimer les relations entre Belges de convictions politiques différentes. Et qui alimente le ressentiment entre partisans et adversaires d’Israël. Non sans alimenter aussi l’antisémitisme, contre lequel une meute d’accusateurs prétendent se battre.
Chaque étape du scénario de la semaine passée a aggravé la précédente. Petit un, le cercle BDS mène une action où des slogans excessifs sont criés. Petit deux, le cercle de l’UEJB se fend d’une vidéo montée spécialement pour devenir un acte d’accusation dans un procès pour antisémitisme. Petit trois, au lieu de s’adresser au rectorat, ce même cercle appelle la Ligue belge contre l’Antisémitisme qui, petit quatre, ne s’adresse toujours pas au rectorat, mais s’empresse d’alerter les médias. Petit cinq, ceux-ci réagissent au quart de tour dès que quelqu’un prononce le mot antisémite, et glisse sur le minimum d’examen contradictoire en titrant, par exemple, Dérapage antisémite à l’ULB (Le Soir) ou Incident antisémite à l’ULB (La Libre).
De grands médias ont tiré des conclusions d’une vidéo montée sans donner la parole aux accusés. Déontologie ?
Que des journalistes tirent de telles conclusions d’une vidéo, sans laisser la parole à BDS et en présentant au public un court métrage qui donne clairement une vision tronquée d’événements donnés, et qui n’a pas été tournée par des professionnels de l’information — au mépris de toute déontologie —, montre déjà que certains a priori ne posent même plus question dans la presse. Et quand le recteur de l’ULB parvient à rédiger un communiqué conjoint et pacificateur entre les deux cercles, il suffit de 24 h pour que l’un d’eux se fende d’un texte pour dénoncer sa propre signature de la veille. Ce cercle est justement l’accusateur dans l’histoire.
Plus grave, c’est encore sur la foi d’un rapport unilatéral de l’UEJB sur ce qui se serait passé dans le bureau du recteur que le journaliste de profession Eddy Caeckelberghs s’est fendu d’un statut facebook d’une violence inouïe envers le rectorat de l’ULB. Sans même prendre la peine d’entendre l’autre version, que je publie ci-dessous sur la base de plusieurs témoignages.
À l’arrivée, des professionnels du journalisme ou de la politique publient des diatribes flamboyantes contre l’ULB, des étudiants, un cercle, partant d’une seule version des faits, oubliant que ce faisant, ils rendent service à tout sauf à la manifestation d’un semblant de vérité. Et encore moins à la lutte nécessaire — surtout aujourd’hui — contre l’antisémitisme, fut-ce celui de certains membres de BDS.
BDS ! Ex ! Cess !
Le cercle BDS (Boycott Désengagement Sanctions) défend un point de vue simple : après plus de 60 ans de conflit apparemment impossible à pacifier, il ne semble plus possible d’installer la paix en Israël/Palestine que par une action ferme de l’extérieur. C’est le boycott. Cette opinion peut choquer, mais elle n’a rien de répréhensible et doit donc être tolérée dans notre espace démocratique, sauf si la justice belge la qualifiait d’incitation à la haine — mais je me demande sur quelle base elle le ferait. La liberté, c’est d’accepter les opinions des autres, particulièrement lorsqu’elles nous dérangent, pour autant bien sûr qu’elles ne violent pas la loi.
L’opinion qu’on doit imposer un boycott à Israël peut choquer mais la liberté, c’est d’accepter les opinions qui nous dérangent.
On n’a pas qualifié, à l’époque de l’Apartheid sud-africain, le boycott de mesure antiblancs. Celui de BDS n’est pas plus antisémite (même si certains en profitent, bien entendu). C’est le gouvernement israélien, construit autour du Likoud de Benyamin Netanyahou, qui a lancé l’idée qu’il y avait un lien immédiat entre boycott et antisémitisme, et même avec le Hamas. Ce n’est pas notre problème, c’est le leur. De même, l’idée qu’il y aurait un Apartheid en Israël, ou plus précisément dans la Palestine occupée par Israël doit également être tolérée dès lors que les Palestiniens de Cisjordanie ne jouissent pas des droits fondamentaux garantis aux Israéliens, y compris de confession musulmane.
Néanmoins, si l’on en croit La Libre, « Le très polémique […] Boycott Désinvestissement Sanctions, a fait parler de lui pas plus tard que mercredi […] Des membres de cette association ont en effet insulté des étudiants juifs, les traitant de terroristes et de fascistes sur le campus de Solbosch. Le tout lors d’une manifestation censée protester contre l’occupations des territoires palestiniens par l’État d’Israël. » C’est l’introduction de l’article. Rien que ces trois lignes posent déjà de nombreuses questions. En quoi BDS serait-il « très polémique » ? Parce qu’il a des opposants ? Dans ce cas, il faut aussi écrire que le gouvernement Michel est « très polémique ». Ou que le PS dans l’opposition est « hyperpolémique ». Ensuite, les étudiants juifs présents n’ont pas été insultés parce que juifs. Cette conclusion, tirée vite fait d’une vidéo dont on ne connaît qu’un montage tendancieux, n’est pas journalistique. Enfin, la manifestation n’était pas « censée » protester « contre l’occupations (sic) des territoires », elle protestait, point.
Une seule solution ! La manifes- tation !
Au départ, la manif de mercredi devait durer une heure. BDS avait dressé un mur de tissu symbolisant celui qui sépare Israël de la Palestine. Les slogans du jour étaient de mauvais goût : « Sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes ». Une réponse peu nuancée au sionisme tel qu’ils le perçoivent (à savoir la volonté des nationalistes israéliens actuellement au pouvoir de créer le grand Israël incluant la Cisjordanie) ; à ce qu’ils considèrent comme une oppression fasciste (et peut-être à la présence de l’extrême droite dans le gouvernement israélien) ; à l’accusation récurrente de terrorisme de la part du gouvernement Netanyahou (exemple ici où il accuse Mahmoud Abbas de terrorisme et l’assimile au Hamas, en novembre dernier), mais aussi, à cette même accusation de la part des membres d’un autre cercle en particulier, l’UEJB.
Alors non, je ne trouve pas ce slogan bien choisi, mais depuis quand les étudiants feraient-ils dans la dentelle ? Qu’on se rappelle l’imbécile CRS-SS des manifestants de Mai 68. Et au fond, le slogan choisi pour la journée n’est pas pire que la montagne d’amalgames que la direction israélienne nous sert à longueur d’année et dont le seul objectif est de museler le mieux possible l’opposition à Israël, que ce soit sur son territoire ou dans le reste du monde. Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’antisémites dans le mouvement BDS. Je dis que le cercle BDS ne peut être accusé d’antisémitisme sur des bases aussi minces.
Un mot sur le terme sioniste. Il est utilisé aujourd’hui dans une myriade de sens différents. Pour les plus radicaux des Israéliens, il correspond à la création d’un État israélien ethniquement pur, allant de la Méditerranée jusqu’au Jourdain, avec le Sinaï et Gaza si possible. Pour une partie de la gauche israélienne, c’est la création d’un foyer juif dans les frontières de 67, avec quelques échanges de territoires. Pour Benyamin Netanyahou, c’est officiellement le droit pour « le peuple juif » à l’existence d’un État. Mais dans les faits, de par la colonisation dont il est un ardent défenseur et sa coopération avec des nationalistes ethniques, s’il n’y avait plus qu’une infime minorité de Palestiniens entre Tel-Aviv et la Jordanie, et qu’Israël occupait l’ensemble, il trouverait ça formidable.
Le mot sionisme a autant de sens que de locuteurs.
Pour BDS et l’extrême gauche, le sionisme, c’est l’oppression israélienne envers les Palestiniens. Cette confusion, dont beaucoup, de part et d’autre, tirent un profit minable, pourrit d’autant plus les esprits qu’on a par ailleurs des Dieudonné ou des Soral pour qui le sionisme serait une espèce de bête impalpable implantée partout dans le monde qui vise à soumettre la planète au bon vouloir des « sionistes », entendez, des « Juifs ».
Le débat est empoisonné par la multiplicité des sens donnés à ce mot utilisé sans beaucoup de nuances pour accuser l’autre des pires maux, ce qui permet plus facilement de sortir des mots comme « terroriste » ou « antisémite ». L’UEJB a une interprétation assez particulière à cet égard. Sur sa page Facebook, il conclut d’une « histoire du sionisme » que : « Généralement la plupart des “antisionistes” ne cherchent même pas à définir ce terme : ils utilisent ‘sioniste !’ avec la même haine, le même refus de dialoguer, la même virulence que ‘juif!’. » En fait aujourd’hui être “sioniste”, cela n’a aucun lien avec le soutien à une quelconque politique menée par Israël, être “sioniste” c’est simplement refuser de diaboliser systématiquement Israël et les Israéliens, comprendre le besoin de sécurité des Israéliens et la réalité des dangers qui les menacent sans pour cela tout tolérer.
Joël Rubinfeld (LBCA) accuse BDS de préparer la Shoah. On l’a connu mieux inspiré.
D’où, le simple fait de s’en prendre aux « sionistes », est facilement considéré par l’UEJB comme de l’antisémitisme. Mais l’UEJB est un cercle étudiant. On ne peut juger ses idées comme s’il s’agissait d’une organisation d’adulte.
Toute autre doit être la critique de la réaction de Joël Rubinfeld (Ligue Belge contre l’Antisémitisme) qui relève souvent de justes agressions mais, cette fois, n’a pas hésité à déclarer face caméra que le cercle BDS « a cette fâcheuse tendance à coller une étoile jaune sur le dos des étudiants de confession juive ». Ces mots sont d’une dureté inacceptable. Pour rappel, coller une étoile jaune signifie envoyer à la mort, aux tortures, aux chambres à gaz. C’est de la pure diffamation, d’un niveau bien plus grave que le slogan de BDS « incriminé » ici. Mais ça, les médias ne l’ont pas relevé, ils ont au contraire diffusé à qui mieux mieux.
Étudiants, diants, diants.
Revenons aux événements. Alors que l’action-manifestation de BDS touchait à sa fin sur le slogan « Palestine vivra, Palestine vaincra », un étudiant s’est mis à filmer. Un quidam du cercle BDS, ne sachant pas s’il s’agissait d’un membre du cercle de l’UEJB (c’en était effectivement un), a alors crié sur un ton ironique « dites coucou à l’UEJB ». « Le mur [en fait, un drap qui était tenu par des membres du cercle BDS], dites coucou à l’UEJB… Ils sont là ! » L’étudiant-filmeur s’est ensuite dit terriblement choqué par cette épreuve. Rendez-vous compte, les horribles BDS se sont moqués de lui !
Un témoin qui manifestait avec BDS sans en faire partie explique que selon lui, il était maladroit de considérer qu’un étudiant « d’apparence juive » qui les filmait était forcément de l’UEJB. Mais chez BDS, on explique que les deux cercles ont pris l’habitude de filmer les actions de l’autre et que donc, il y avait peu de doute sur le fait que le caméraman était de l’UEJB, ce qui s’avèrera par la suite.
Autre précision utile, sur le campus, BDS et UEJB, sont probablement les deux cercles les plus opposés du moment.
L’étudiant choqué parce qu’on lui a dit « coucou ».
Pour la suite, plusieurs versions s’entrechoquent. Pour les uns, les « militants » BDS ont alors crié « sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes » au jeune homme qui filmait la scène — là, on comprendrait mieux son choc, mais les images ne montrent pas cette scène. Pour les autres, les membres de BDS continuaient en fait à scander le même slogan qu’auparavant et ne s’adressaient pas particulièrement au « caméraman ».
Un partisan de BDS assure que les membres du cercle ont proposé au garçon qui filmait de « venir discuter », ce qu’il aurait refusé. Je n’ai pas la version de l’UEJB à ce sujet.
Troisième temps, arrivent alors quelques étudiants sur le perron de l’entrée adjacente, surtout des jeunes filles, qui interpellent les activistes de BDS sur un ton assez vif (pour un autre témoin, c’était un ton « très agressif »). Elles crient qu’ils n’ont pas le droit de manifester, qu’ils soutiennent le terrorisme, qu’à Gaza, le Hamas ‘installe ses quartiers généraux dans des écoles’, qu’Israël ne fait que se défendre. Les militants, qui viennent d’être traités de « terroristes » eux-mêmes, relancent alors le slogan « sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes » à l’attention des étudiant-e-s du perron, qui ne sont apparemment pas membres de l’UEJB, et dont personne ne se demande si elles sont juives. Ce n’est d’ailleurs pas à ce titre qu’elles se prennent le slogan, mais en tant que « sionistes », à savoir, dans l’esprit de BDS, de partisan-e-s de l’Occupation de la Cisjordanie et de la colonisation.
Aucune personne ne sera agressée autrement que verbalement. Pas de crachat, pas de coup, pas d’insulte directe, mais une bataille de slogans et de poncifs. Il n’y pas eu d’agression verbale de l’UEJB envers les militants de BDS. Mais le cercle juif semble avoir choisi une autre tactique : monter une vidéo dont le but était apparemment de faire exclure le cercle de l’ULB. À la fin de sa vidéo, l’UEJB se fend d’un joli procès d’intention, prêtant à BDS la volonté de crier « mort aux Juifs » et de demander « l’exclusion des étudiants juifs de l’ULB ».
Comme BDS ne crie pas « mort aux Juifs », l’UEJB le fait pour lui.
Pour voir dans ce déroulement-là un dérapage antisémite, il faut avoir perdu tout sens de la nuance, avoir effacé de sa mémoire tous ses excès d’étudiants. Et penser que le Libre examen serait au bénéfice unique d’Israël. Par ailleurs, la période est propice à une radicalisation des positions. Les récents attentats antisémites inquiètent à juste titre les étudiants juifs (alors qu’ils devraient inquiétant autant toute la société — we are one). Certains d’entre eux ont peut-être été victimes de l’antisémitisme réel qui infecte certaines de nos écoles secondaires, voire primaires, mais aussi le campus. Côté défenseurs de la Palestine, on est choqué par l’intervention de l’ambassadeur d’Israël dans l’organisation d’un événement à la VUB autour de l’Apartheid en Israël, suite, une fois encore, à l’intervention de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme.
Hoog tijd. Voor een Vrije Universiteit !
Pour rappel, il s’agissait d’un « débat » centré autour d’une lecture de Lukas Catherine, — dont les opinions dépassent trop souvent la critique d’Israël — et qui devait se clôturer par une communication Skype avec Khaleda Jarrar, membre du FPLP, organisation considérée comme terroriste par l’Union européenne. Mais Jarrar elle-même ne semble pas être sous le coup de poursuites judiciaires en Israël. Elle est membre du Conseil législatif palestinien. En revanche, les autorités israéliennes l’ont un moment assignée à résidence, et lui ont interdit de quitter la Cisjordanie, même lorsqu’elle est invitée, par exemple, à une conférence sur les droits humains en Irlande. Ou pire, quand elle a besoin de soins médicaux. D’après Amira Haas, la fameuse journaliste israélienne de Haaretz, l’État hébreu lui a même interdit de se rendre à Amman pour un examen cérébral considéré comme urgent par son médecin. Les péripéties en sont hallucinantes. Pour la LBCA et l’ambassadeur d’Israël, au contraire, le procès est simple et immédiat : elle est affiliée au FPLP terroriste (1), donc, elle doit être censurée en Belgique. Là où la LBCA avait toutefois raison de s’énerver, c’est dans l’organisation de ces débats unilatéraux, sans contradicteurs, chose réparée depuis, semble-t-il.
Bref, l’ambassadeur d’Israël est aujourd’hui perçu comme un censeur à la VUB et au cercle BDS. Ce qui n’était pas de nature à rendre les slogans plus tendres.
Réunion ! Gnon ! Gnon !
Après les accusations d’antisémitisme copieusement relayées par la presse, le recteur de l’ULB, Didier Viviers, décide d’organiser une rencontre entre l’UEJB et BDS, avec aussi des témoins, pour tenter d’y voir clair avant de prendre quelque mesure que ce soit. Par exemple, interdire le cercle BDS et satisfaire ainsi, et l’UEJB, et la LBCA, et de nombreux pro-Israéliens et, bien sûr, l’État d’Israël, qui gagnerait ainsi un combat de longue haleine.
Une quinzaine de personnes vont alors se réunir pendant deux heures et demie et tenter d’y voir plus clair. Il y a là les représentants des autorités académiques, des membres et des témoins amenés par l’UEJB et BDS, ainsi que quelques témoins qu’on a pu trouver en un laps de temps assez court — une poignée seulement. Ceux-ci sont principalement membres des cercles COMAC (anticapitalistes) et EcoloJ, tous deux partisans du boycott et signataires de la charte de BDS. Il n’a pas été possible de retrouver les filles du perron que personne ne semblait connaître. Les témoins amenés par l’UEJB sont, selon une source, arrivés sur les lieux de « l’altercation » tout à la fin. Certains déplorent ce déséquilibre, dû au manque de temps. Mais la réunion n’est pas un tribunal, c’est plutôt de médiation qu’il s’agit. Les témoignages des membres du COMAC et d’EcoloJ sont aussi plus nuancés que ceux du cercle BDS qui, confronté à la critique de leur slogan, reconnaissent « assez vite » avoir été trop loin. Charlie Le Paige (COMAC) a d’ailleurs déploré l’utilisation du slogan « sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes » sur son mur Facebook.
« Il n’y a pas eu la moindre menace de sanction envers l’UEJB, ce n’était pas ce genre de réunion. »
La réunion commence. Le recteur en appelle à la raison, à l’intelligence, à la compréhension mutuelle. Il veut faire comprendre à BDS que certains mots sont problématiques, et à l’UEJB que lancer des montages tendancieux dans la nature est maladroit. Les étudiants BDS reconnaissent que s’adresser à une personne qui a « l’air juive » en concluant d’emblée qu’il s’agit d’un étudiant UEJB est inacceptable.
Selon un participant, la réunion a trois objectifs : comprendre ce qui s’est passé, rappeler l’intérêt général de l’ULB, écrire une déclaration commune. Plusieurs participants rapportent que l’UEJB n’a refusé ce principe à aucun moment. Mais ils évoquent aussi une réunion « très émotionnelle ». À un moment donné, un étudiant juif membre de BDS aurait ainsi rappelé à ceux de l’UEJB qu’il était aussi un descendant de la Shoah [on me rapporte « de l’Holocauste »] et qu’il « en avait marre » de l’attitude de l’UEJB. BDS lutte aussi contre l’antisémitisme, rappelle-t-il. Il y a en effet régulièrement des statuts Facebook de BDS qui s’opposent à l’antisémitisme (comme sur l’image).
Et puis, il y a eu ce moment pacificateur, où les représentants des deux cercles visés abandonnent leur opposition systématique pour signer un texte commun où ils reconnaissaient leurs torts et acceptent par écrit de respecter les règles du libre examen, et de débattre. L’ULB publie le texte. Le lendemain, le recteur est interviewé par Bertrand Henne sur La Première (RTBF) et répond à l’accusation de remous propres à l’ULB : non, dit Didier Viviers, c’est toute la société que le conflit moyen-oriental enflamme, il serait au contraire étrange que l’ULB ne soit pas touchée. On peut difficilement lui donner tort.
Recteur ! Censeur ! Tu ne nous fais pas peur !
Mais à peine quelques heures plus tard, l’UEJB revient sur sa propre signature. Non seulement elle ne retire pas la vidéo de Youtube et Facebook, mais en plus, dans un geste apparemment dicté par l’émotion et la confusion, elle publie un communiqué qui accuse le rectorat de lui avoir forcé la main, et BDS de ne pas vouloir la paix sur le campus ! Il semble qu’au cours de la réunion, déjà, l’UEJB ait eu une attitude plutôt ambivalente. D’une part, elle était prête à discuter et à régler le problème, mais d’autre part, elle exigeait que le cercle BDS renonce à tout appel au Boycott. En gros, qu’il cesse d’exister… Ce serait donc ça, l’objectif ?
Quant à l’affirmation de l’UEJB que le rectorat lui aurait forcé la main, tous les témoignages que j’ai pu recueillir affirment le contraire. « Il n’y a pas eu de pression du tout, ce n’était pas ce genre de réunion ».
Pourtant, dans ce communiqué de l’UEJB, paru sur la page Facebook du cercle le 6 mars, celui-ci écrit que « ce 5 mars 2015 l’Union des Etudiants Juifs de Belgique (UEJB) a tenté d’obtenir de l’Université Libre de Bruxelles le soutien de ses actions légitimes [l’interdiction du BDS ? NDLA] et la condamnation claire des insultes et actes hostiles qui sont régulièrement portés à l’égard de ses membres ou supposés membres. » Il considère « invraisemblable comme l’affirme ce communiqué [que l’UEJB a pourtant signé et qui a fait l’objet de nombreux amendements de tous les participants NDLA] qu’il soit possible – humainement et concrètement — de tendre et se voir serrer la main par ceux-là mêmes qui font partie d‘un mouvement qui attise la haine quotidienne à l’égard des jeunes Juifs des campus. »
Dans sa réponse émotionnelle, l’UEJB contredit ses propres accusations d’antisémitisme envers BDS.
Mais plus étonnant, le communiqué de l’UEJB semble lui-même contredire l’accusation d’antisémitisme tout en gratifiant BDS d’un nouveau procès d’intention : « BDS ne renonce pas à ses discours et attitudes. Tout contradicteur juif mais aussi non-juif est immédiatement traité de ‘sioniste’ ou d’agent de l’UEJB et objet d’un boycott. » Le problème ici ? Si « tout contradicteur », qu’il soit « juif ou non juif » est l’objet d’un boycott (?), c’est bien que BDS ne s’en prend pas à des Juifs parce qu’ils sont juifs, mais à ses contradicteurs parce qu’ils le contredisent. Ce n’est pas très malin, mais on entend le même genre d’accusation de la part d’étudiants BDS. Difficile dans ces circonstances de se faire une idée exacte des torts des uns et des autres.
Au passage, l’UEJB accuse aussi BDS de « glorifier le Hamas », ce qui revient bien à l’accuser de terrorisme. Lors de la réunion, au moins un étudiant BDS a rappelé que le cercle considérait le Hamas comme un groupe terroriste et s’en désolidarisait.
C’est ensuite le rectorat de l’ULB qui est accusé d’avoir usé de son autorité : « l’UEJB s’est vue contrainte de choisir entre signer un texte aminima (sic) ou affronter la perte du soutien académique indispensable à la poursuite de ses activités avec les conséquences graves qui pourraient en découler. » Au contraire, les témoignages que j’ai pu recueillir sont unanimes : il n’a jamais été question de ce genre de « sanction » !
L’UEJB revient aussi sur son « aveu » quant au montage. Alors qu’elle avait reconnu que celui-ci ne reflétait pas la réalité, elle déclare subitement que « Les images produites et filmées par différents étudiants juifs à divers moments et proposées en montage ne trahissent ni l’esprit, ni le contexte haineux envers les étudiants juifs qui prévalaient sur les lieux. » Notons encore que ceci est une opinion interne à l’UEJB. Troilo ne considère pas non plus que sa série trahit le journalisme. À chacun de se faire une idée, mais tant qu’on ne disposera pas de tous les rushes qui ont servi au montage, cette opinion de l’UEJB n’a aucune valeur factuelle.
BDS ! SS !
Curieusement, l’UEJB se plaint ensuite que l’ULB ne se soit pas engagée « à faire [du] refus [du] boycott prôné par le BDS, sa position et politique officielles. » Autrement dit, l’Union des Étudiants juifs de Belgique voudrait imposer à l’Université une attitude donnée vis-à-vis d’Israël, et s’estime en droit d’exiger que celle-ci soit mise sur papier. Une étrange conception du Libre Examen. D’autant plus étrange que BDS, de son côte, reproche justement à la même ULB de collaborer avec des universités israéliennes ! Parce que oui, les autorités académiques, que certains sur la toile, Facebook ou ailleurs n’hésitent désormais plus à accuser de soutenir le boycott, voire d’être antisémites, sont elles-mêmes la cible des attaques du cercle BDS ! Mais collaborer avec des savants israéliens n’est pas suffisant pour l’UEJB, l’ULB devrait donc s’engager à inscrire cette réalité sur une charte !
Pour finir, l’UEJB affirme « que les étudiants juifs de l’UEJB savent dorénavant qu’ils pourraient être la cible de pressions s’ils n’étaient pas conformes à une attitude de silence respectueux souhaitée par l’ULB. » Le recteur aurait en effet reproché à l’UEJB d’avoir porté l’affaire dans les médias avant de tenter de la régler en interne. Mais il n’y avait pas de ton menaçant, m’assurent les participants interrogés.
Tout ceci est d’autant plus étonnant que l’UEJB était connue par le passé pour ses opinions progressistes et sa critique d’Israël. Au cours de la réunion, le cercle a d’ailleurs répété qu’il était progressiste, mais qu’il n’acceptait pas que l’on prône le boycott.
Un débat interne après la réunion au rectorat pourrait expliquer le revirement de l’UEJB.
Selon des étudiants interrogés par ailleurs, l’UEJB n’est pas uniforme, pas plus que BDS. Les opinions y sont variées, parfois même opposées. Le débat a probablement continué après la réunion, ce qui expliquerait le revirement.
L’absence d’uniformité dans l’UEJB signifie que le cercle juif n’est pas un « mur » exclusivement favorable à la politique israélienne actuelle même s’il en donne parfois certaines apparences (comme les drapeaux israéliens dans certaines vidéos, l’en-tête à l’étoile de David bleue sur le site, etc.) Et quand bien même il le serait, ce serait son droit le plus strict. En revanche, lorsque l’UEJB fait pression par voie de presse et via Facebook pour que l’ULB interdise un autre cercle, ou exige que celui-ci se saborde en renonçant à ses fondamentaux, il empiète clairement sur le droit de l’autre.
Communauté ! Assiégée ! Tu dois te libérer !
Jusqu’ici, je ne vois que le résultat d’une opposition d’un radicalisme vain entre deux cercles. Un étudiant m’explique que l’UEJB s’est « radicalisée » depuis l’affaire Merah. C’est un bien grand mot. Il semble plutôt qu’elle ait un réflexe de protection tout à fait compréhensible dans l’ambiance actuelle. D’autant que, selon son site Internet, elle se serait fait huer lors d’un événement à l’Université Paris VIII, où elle proposait le dialogue avec des étudiants israéliens. Et qui a empêché cette animation ? Eh bien, des étudiants d’un collectif Palestine — affiliés à BDS, selon le cercle juif. Les slogans ? « UEJF dehors ! Israéliens hors de la Fac ! »
L’UEJF fait aussi régulièrement référence à des chants antisémites (« Tuez les Juifs ») par des supporters de BDS à l’université de Wit, en Afrique du Sud, pour incriminer le mouvement. Le chant « Abattez les Juifs », sur un vieil air anticolonial ( « Abattez les Boers ») a bien été chanté en septembre 2013 à l’extérieur de l’université où avait lieu un concert de jazz d’un quartet israélien. Mais cet acte clairement antisémite a immédiatement été déploré par la direction du BDS local.
En Afrique du Sud, des militants qui se disaient BDS ont bien crié « abattez les Juifs ».
C’est un peu comme si j’exigeais l’interdiction du Likoud en Europe sous prétexte qu’un de ses députés a, en août 2014, recommandé la déportation ou l’éradication de tous les Gazaouis, aucun n’étant « innocent ». Et de raser Gaza. Oui, c’est authentique, c’est arrivé.
Mais j’insiste, au-delà de ces accusations par personne ou faits lointains et interposés, on doit comprendre que l’UEJB est le seul cercle qui doive bénéficier d’une protection. C’est le cas de tous les locaux liés à ce qu’on appelle idiotement « la communauté juive » — beaucoup de Juifs en Belgique ne se reconnaissent pas dans ces institutions qui affirment les représenter — les écoles, les centres culturels et à présent les musées, les synagogues et à Paris, les magasins, se voient transformés en forteresses, assiégés dans notre cité par des barbares qui, eux, portent l’antisémitisme au front, et au bout de leurs immondes canons, fusils, et couteaux à décapiter.
N’importe quelle « communauté » qui subirait un tel affront permanent au droit de vivre en paix n’en sortirait pas indemne. Accessoirement, nous ne pourrons nous prétendre civilisés que lorsque toutes les « communautés » de notre pays admettront qu’il est tout à fait anormal que, parce qu’on est juif, et qu’on en porte, par exemple, les signes extérieurs (kippa, peyes, étoile au cou), l’on se fasse agresser dans la rue, à l’école publique, dans un mémorial ou, bien sûr, à l’université. Aujourd’hui, comme l’assassinat d’un simple gardien de synagogue l’a montré à Copenhague, la communauté juive est de loin la plus visée, en vertu particulièrement de son petit nombre.
Proportionnellement, la communauté juive est de très loin la plus visée.
J’aimerais donc bien voir BDS proposer un dialogue aux étudiants israéliens de la fac, et leur assurer leur soutien contre toute forme de récrimination. Parce qu’au final, quoiqu’il se passe à Ramallah ou à Haifa, nous avons d’abord notre propre société à défendre, et on ose espérer qu’un jour, les minorités lutteront ensemble contre les discriminations dont elles font l’objet, comme les Noirs et les Juifs américains l’ont fait pendant des décennies aux USA. Hélas, des forces contrariantes font tout pour l’empêcher. Et ce, y compris l’État d’Israël, ou plutôt, son gouvernement actuel — la propagande de certains groupes palestiniens n’étant pas non plus admissible.
Likoud ! Likoud ! Arrête de semer la poudre !
L’attitude de Benyamin Netanyahou après les attentats à Paris n’a rien fait pour apaiser le manichéisme qui se développe de façon hystérique dans notre société, à 4.000 km du conflit. La propagande d’État israélienne fait l’amalgame entre les Palestiniens et le Hamas, qu’il amalgame à son tour à l’Organisation État « islamique ». En face, tout drapeau israélien et même toute citoyenneté israélienne sont présentés comme des affronts alors que, pour rappel, être israélien-ne ne signifie pas soutenir le régime Netanyahou, c’est notamment en Israël qu’on trouve les plus ardents et les plus efficaces des défenseurs d’une Palestine libre. Je rappelle aussi que défendre Israël, y compris Netanyahou, est un droit démocratique dans notre société au même titre que défendre le boycott d’Israël. Il doit être respecté aussi sur nos campus.
Si la situation s’envenime aujourd’hui, ce dont l’ULB a fait les frais cette semaine, c’est parce que d’une part, un certain nombre de pseudodéfenseurs de la Palestine usent de ce combat légitime pour apaiser leur antisémitisme. Et qu’en face, un certain nombre de défenseurs d’Israël se plaignent de l’amalgame fait entre Israël et judaïsme alors qu’ils en sont les premiers responsables, quand Bibi appelle les Juifs à émigrer en Israël ; que les manifs contre l’antisémitisme se font sous le drapeau d’Israël (et pas un seul petit drapeau, mais cinquante !) ; quand certaines organisations juives — particulièrement dans la France que nous écoutons et regardons — prétendent représenter les Juifs de France, tout en ne ratant pas une occasion de glorifier… Israël. Ou quand Bernard Kanovitch, directeur du CRIF, déclare sur France 24 qu’il y a une « détestation historique, coranique, on peut le dire, vous entendez ? du Coran !, qui trouve son application aujourd’hui. » Il évoquait en ces termes la tuerie de l’Hyper Cacher. Aucun média ne le lui a reproché. Il faisait pourtant bien l’amalgame entre les adeptes de l’Islam et un tueur antisémite.
Un directeur du CRIF fait l’amalgame entre musulmans et assassins. Les médias ne relèvent pas.
Ce manichéisme qui marque la société et particulièrement les relations entre deux minorités qui s’opposent principalement sur un conflit qui a lieu à des milliers de kilomètres d’ici, est entretenu. L’ULB n’est qu’un des lieux où il se manifeste et répand ses détestables effets secondaires. Après cette affaire, le rectorat a tenté de raisonner et a voulu refuser une vision simpliste qui arrange certains intervenants extérieurs qui placent leur idéologie au-dessus de leur responsabilité sociétale. Autant d’idéologues moisis qui pourrissent le débat.
Ce dont nos jeunes ont besoin, ce n’est pas que leurs aînés alimentent leur guéguerre froide, c’est qu’on leur explique ! Qu’on les alimente en concepts innovants. Qu’on imagine, pour commencer, un drapeau de la diaspora qui permettrait aux Juifs qui le souhaitent de défendre leur identité sans pour autant se réclamer d’Israël. Qu’on rappelle qu’ici, en Belgique, un étudiant de droite israélienne doit pouvoir se présenter devant un étudiant BDS en disant « je soutiens le Likoud » sans se faire traiter d’assassin. Et qu’un étudiant pro-boycott de gauche puisse se présenter devant un étudiant de l’UEJB sans se faire traiter d’antisémite ou de complice du terrorisme.
Un étudiant israélien pro-likoud a droit au même respect que n’importe quel autre.
Ce dont nos jeunes ont besoin, c’est qu’on leur rappelle qu’il n’y a pas une once de différence entre les larmes d’un enfant sous les roquettes à Sderot, et celles d’un autre sous les bombes à Gaza. Que nous ne devons pas nous battre contre les peuples, mais contre leurs gouvernements qui les mènent parfois aux pires horreurs. Et pour commencer, je leur dirai, aux jeunes que j’ai autant de respect dans le débat avec un pro-Netanyahou qu’avec un Palestinien du Fatah. Parce que si nous laissons les propagandes nous empoisonner, non seulement nous éloignons toute perspective de paix là-bas, mais en plus, nous importons une guerre dont nous ne sommes que des observateurs ici.
Le débat doit permettre aux uns de prendre acte des arguments des autres et, si possible, de travailler à une vision minimale commune qui permettrait, peut-être un jour, de tracer un chemin vers la paix, cette chose que les deux camps ont, par leurs erreurs respectives, transformée en chimère. Apparemment, les adultes n’ont pas l’intention de guider les jeunes sur cette voie.
Un Ulbiste me dit que le campus souffre d’un climat délétère où certaines personnes ont des stratégies dont l’objectif est d’opposer les uns aux autres. C’est ça, l’hydre qui se cache derrière le barnum médiatique suite à ce que ce témoin de la scène qualifie de « non-événement ». C’en est arrivé à un tel point que quand l’ULB tente une conciliation, elle se retrouve sur le banc des accusés. Et les juges, la commissure baveuse et la peur aux yeux, ont écrit le procès d’avance. Cependant que toute la société recule. Encore. Et encore.
Note : aucune des personnes interrogées ne font partie de BDS ou de l’UEJB. Pour ces deux cercles, j’ai principalement travaillé sur leurs propres déclarations écrites. Ils sont d’ailleurs libres de faire état ci-dessous de leurs remarques ou de me demander un correctif, le cas échéant. Certains témoins font partie de mouvements qui ont signé l’appel au boycott d’Israël, sans faire partie de BDS pour autant. D’autres ne font partie d’aucun cercle ou de cercles totalement étrangers au débat.
(1) corrigé après une remarque pertinente de Joël Rubinfeld, j’avais d’abord écrit « le FPLP au passé terroriste » alors qu’il aurait encore revendiqué un attentat en novembre dernier.
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Rivière
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