6e victoire judiciaire contre Florence Hainaut et Myriam Leroy. Et crowdfunding.

CC0 Marcel Sel
C’est peut-être la fin de 5 ans de harcèlement judiciaire par trois journalistes et autant d’institutions du métier. En deux ans, elles m’ont envoyé une quinzaine de courriers d’avocat me menaçant de poursuites, deux citations directes et deux appels en correctionnelle, trois citations au civil et une plainte au Conseil de Déontologie (CDJ).
Ce 3 juin 2025, j’ai obtenu ma 6e victoire judiciaire contre le duo Florence Hainaut/Myriam Leroy. Un grand chelem qui dit tout. Avec un bonus pour nous tous : le tribunal, qui suit largement la plaidoirie de mon excellentissime avocat Mathieu Simonis du barreau de Liège, rappelle explicitement les principes de la liberté d’expression que la corporation des journalistes avait mis de côté pour justifier cette cabale infernale.
Outre mon « robin » et désormais ami Mathieu, je dois à toutes les personnes qui m’ont soutenu moralement et/ou financièrement d’avoir pu assurer ma défense face à cette machine de guerre. Et d’avoir tenu le coup ! Mais je suis aussi contraint, une dernière fois j’espère, de recourir au crowdfunding pour finir de payer mon avocat.
Qui harcèle qui ?
Ces procédures visaient au départ à m’imposer d’effacer des articles d’intérêt général, une qualité reconnue par le Conseil de Déontologie journalistique (CDJ). Et même, à me contraindre à fermer mon blog. Mais elles ont surtout servi à faire croire que j’étais coupable de harcèlement. Dans un podcast de Slate de juin 2021, Florence Hainaut et Myriam Leroy expliquaient qu’elles m’avaient poursuivi pour harcèlement en décembre 2020. En réalité, elles m’avaient uniquement poursuivi pour refus de droits réponse. Même topo à l’Association des Journalistes professionnels (AJP) qui avait financé ces deux premiers procès : elle les a également inscrits dans la catégorie « harcèlement » dans son rapport annuel !
Je n’ai évidemment pas manqué de signaler cette « erreur ». Alors, pour expliquer pourquoi elles ne me poursuivaient jamais pour harcèlement tout en m’accusant de tels comportements jusque dans leur documentaire #SalePute (RTBF), les deux journalistes ont prétendu qu’il était impossible d’obtenir la condamnation pour des harcèlements au moyen d’écrits en Belgique, dès lors que l’article 150 de la Constitution réserve les délits de presse aux Assises. Florence Hainaut y a même consacré un paragraphe dans son livre Cyberharcelée, qui se veut un mode d’emploi pour se protéger du cyberharcèlement : « Les harceleurs belges […] sont donc protégés [par l’article 150 de la Constitution] comme le sont les journalistes. Pour tenter de s’en défendre, il faudra […] passer par une procédure civile et les attaquer pour calomnie et diffamation ».
Sauf que c’est faux. Les deux derniers jugements que j’ai obtenus confirment explicitement que l’article 150 n’est pas opérant au civil et qu’on peut donc efficacement y plaider un harcèlement. Mieux encore : en 2021, Myriam Leroy a elle-même obtenu une telle condamnation… au pénal !
Aujourd’hui, 6 décisions de justice et 3 décisions du CDJ indiquent en réalité que si harcèlement il y a eu, ce n’est pas de mon chef.
Mais le plus grave dans toute cette affaire, c’est que les institutions du journalisme qui devraient privilégier les faits, et dont le rôle premier est de protéger la liberté d’expression, se sont acharnées contre un journaliste indépendant pour couvrir un narratif biaisé et pour des raisons politiques : l’Association des Journalistes professionnels (AJP), soutenue par la Fédération européenne des Journalistes (EFJ), a planifié, financé et soutenu au moins cinq des six procédures que m’ont servies Florence Hainaut et Myriam Leroy. La RTBF s’est chargée d’une septième.
Pire, après mes deux premières victoires, l’AJP s’est employée à me discréditer dans un article calomnieux envoyé à toute la profession ! Et a même refusé mon… droit de réponse ! J’ai alors à mon tour déposé plainte au Conseil de Déontologie journalistique (CDJ) et j’ai obtenu une première : la « condamnation »(1) du principal syndicat des journalistes francophones belges (AJP) qui, lui-même, fournit un tiers des membres du CDJ… Kafka aurait adoré !
Ceci illustre que le storytelling fallacieux construit par les deux journalistes est contagieux. Il ressemble pourtant aux principes établis par Donald Trump : ne jamais avouer qu’on est perdant, même s’il faut littéralement inverser la vérité. Ça marche sur des millions d’Américains captifs. Apparemment, ça marche aussi sur l’élite de notre société.
L’historique
Cachez cet islamisme par lequel tout a commencé
J’ai parlé de cabale politique ? Assurément ! Ce harcèlement judiciaire a débuté en août 2020, suite à une carte blanche de Florence Hainaut sur le voile islamique publiée dans Le Soir. Deux anthropologues, Florence Bergeaud-Blackler et Fadila Maaroufi, ont révélé que la journaliste avait fait relire son papier par une proche des Frères musulmans, preuves à l’appui. Elles ont immédiatement été dénoncées pour harcèlement par le secrétaire général de l’EFJ sur la plateforme pour la protection des journalistes du Conseil de l’Europe. Interloqué, je publiai un article, « Le Balek-Gate ou la mort subite de la liberté d’opinion » pour dénoncer le recours à la censure d’une corporation qui ne peut qu’en souffrir.
La suite fut barbare : je me pris plus de 700 attaques en ligne — fausses infos, insultes, menaces, publication de mon adresse privée, usurpation d’identité, violation du secret de ma correspondance et, last but not least, le doxing, le dénigrement et le harcèlement de mes filles par un journaliste de la RTBF et son épouse. L’EFJ lui apporta son soutien et la RTBF me reprocha d’avoir osé demander à son directeur de la déontologie de faire cesser ces exactions !
Apprenant en août que, par-dessus le marché, l’AJP s’apprêtait à me poursuivre pour avoir prétendument harcelé Florence Hainaut, et découvrant qu’on tentait de me coller aussi un harcèlement envers Myriam Leroy (tant qu’à faire…) je pris les devants en publiant une série de trois articles où je démontrais que plusieurs « harcèlements » dénoncés par Florence Hainaut — dont celui dont j’étais moi-même accusé — n’avaient jamais eu lieu. Et que le duo avait accusé à tort un homme d’avoir piraté l’ordinateur de Myriam Leroy, un délit passible de cinq ans de prison.
Le service juridique de l’AJP, soutenu par l’EFJ, organisa la riposte en invitant les deux journalistes à m’envoyer des droits de réponse qui s’avérèrent impubliables. Devant mon refus motivé de publier, Myriam Leroy et Florence Hainaut me citèrent chacune directement en correctionnelle (sans enquête, donc). Mais le juge m’acquitta dans les deux affaires, et pour les cinq préventions, confirmant que ces droits de réponse étaient tous « illégaux » ! Pour Florence Hainaut, j’avais toutefois bel et bien été… puni !

Extrait du jugement…

L’interprétation de Florence Hainaut…
En réalité, les conclusions étaient à ce point sévères que mes deux adversaires renoncèrent à faire appel sur le fond. L’AJP leur conseilla de faire uniquement appel sur les indemnités qu’elles avaient été condamnées à me payer. Moins d’une semaine après mon acquittement, elles m’envoyèrent une nouvelle salve de courriers d’avocats m’imposant de publier… les mêmes droits de réponse qu’elles avaient sommairement édités, sous peine de retour en correctionnelle ! Pour faire cesser ces nouvelles intimidations — ou dirais-je, ce harcèlement —, je finis par les publier à titre informatif, dans des versions expurgées des calomnies restantes et après avoir retiré la centaine d’occurrence de mon patronyme. Les avocats « de l’AJP » tentèrent un dernier baroud en me menaçant de me renvoyer au tribunal, puis renoncèrent.
Gagner, c’est perdre un peu
Mais tout ce beau monde ne s’avouait pas vaincu. Le 16 septembre 2021, la RTBF et son journaliste qui avait doxé mes filles, prenaient prétexte d’un commentaire Facebook de dix lignes pour me poursuivre à leur tour pour calomnie et diffamation, avec — toujours — le soutien de l’EFJ.
Trois mois plus tard, le secrétaire général de l’EFJ, qui siégeait aussi au CA de l’AJP, annonça sur Facebook que « de nouvelles plaintes » étaient lancées. Une intervention « justifiée » selon lui par un papier de Myriam Leroy littéralement complotiste, et truffé de fausses informations et d’accusations aussi graves que calomnieuses à mon égard.
Le 24 février 2022, je recevais effectivement une citation au civil de Florence Hainaut pour calomnie et diffamation. En réaction, le 27, je déposai plainte au CDJ contre Myriam Leroy pour son papier de décembre. Et pour me défendre de nouvelles insultes publiques qui m’arrivaient « en raid », le 1er avril, je publiai un article qui résumait l’ensemble de l’affaire. Le 8 avril, Myriam Leroy déposait contre moi une longue plainte au CDJ pour avoir « écrit un article mensonger, truffé d’approximations et de raccourcis sauvages » — des accusations que le CDJ rejeta en bloc l’année suivante. Et le 17 juillet 2022, elle m’envoyait, en plus, une citation au civil pour calomnie et diffamation.

Les cadences infernales de remises de conclusions en 2022
Résultat : de juin à novembre 2022, j’ai dû fournir 9 jeux de conclusions et plus de 1.500 pièces — principalement des captures d’écran. Conséquence indirecte mais sévère de ce débordement inhumain : l’une de ces poursuites — celle de la RTBF — aboutit à ma condamnation par défaut.
Demandes reconventionnelles
Il faut dire que dans cette affaire, la RTBF avait mis les petits plats dans les grands. Elle m’accusait de l’empêcher de « mener à bien sa mission de service public » (!) et joignait au dossier des déclarations sentencieuses de l’EFJ, de l’Union européenne de Radiodiffusion et du Conseil de l’Europe. Des noms ronflants, mais derrière lesquels on retrouvait toujours les deux mêmes personnages !
Avec mon avocat, nous avons donc mis toutes les chances de notre côté en présentant notre point de vue via une demande reconventionnelle — une méthode qui revient à attaquer le journaliste et la RTBF à mon tour, mais dans la même procédure. Cela me permettait d’exposer 29 épisodes de « harcèlement » et de doxing que le journaliste m’avait imposés depuis 2015. J’y détaillais aussi une bonne demi-douzaine d’agressions gratuites et de calomnies d’animateurs, de journalistes et de chroniqueurs de la RTBF, y compris sur antenne. Cela m’imposait certes de trier une archive de plus de 7.500 captures d’écran pour en extraire les attaques les plus significatives, mais j’aurais dû le faire de toute façon. L’exercice me prit quelque chose comme l’équivalent de trois mois à temps plein.
De la tempête au tsunami
En février 2022, j’avais à peine fini une première version de ces conclusions que Florence Hainaut me faisait parvenir sa citation au civil pour calomnies et diffamation — la procédure qu’elle vient de perdre. Le dossier faisait… neuf cents pages, la plupart ne contenant pas plus d’une ligne de texte… De son propre aveu, elle avait passé deux mois avec d’autres « meufs » à scanner absolument tout ce que j’avais pu écrire sur elle depuis 2015. Mais aussi sur les « néoféministes » ou « la reine d’Espagne » auxquelles elle s’identifiait. Tout y était passé : commentaires, réponses, tweets, extraits d’articles, et même des conversations privées ! Beaucoup furent sorties de leur contexte et même reformulées.
À l’issue de ce tri, elle affirmait avoir trouvé 182 « calomnies » de ma main. Et elle priait le tribunal de me condamner à lui payer 100 euros pour chaque affirmation dont je n’apporterais pas la preuve formelle — 18.200 € en tout. Plus 5.000 € de dommages, 2.600 € de frais de procédure, 250,83 € de frais de citation et 50 € par jour de retard de publication du jugement sur mon blog, histoire que je m’y doxe moi-même. En gros, un an de mon salaire !

Exemple de « calomnie » sortie de son contexte : leur attribuer « un melon un peu creux ». En réalité, c’était une réponse ironique à un internaute qui répondait à mon appel à l’aide suite à la citation des deux journalistes.
Mais hormis quelques considérations personnelles sarcastiques, l’essentiel des écrits incriminés était simplement vrai. Elle me réclamait par exemple 1.300 € (pour treize « calomnies », donc) pour avoir écrit qu’elle était proche d’Ecolo. Ce qui fut facile à démontrer. Quoique… il me fallut quand même trois semaines pour récolter, capturer et recopier la cinquantaine de pièces, refaire des historiques, retrouver d’anciennes captures d’écran, rédiger, etc.
182 nuances de crise.
J’aurais bien entendu pu me plier au calendrier affolant qu’elle m’imposait en répondant à chacune de ses 182 accusations, mais les conclusions auraient tenu dans un Larousse en 6 volumes, sans compter les centaines de pièces à retrouver, trier, copier, etc. J’ai donc justifié les trois groupes de « calomnies » qu’elle avaient présentées comme les plus graves dans ses conclusions : sa proximité avec Ecolo d’une part, ses relations indirectes avec l’islamisme d’autre part, et sa propension à inventer des harcèlements. Ce qui justifiait déjà une cinquantaine de ces prétendues calomnies.
Mais il en restait cent trente, qui pouvaient chacune me faire condamner. Il fallait donc donner un maximum de contexte au tribunal et démontrer qu’elle avait été bien plus virulente que moi dans toute cette affaire. Comme j’allais de toute façon perdre des mois à monter ce dossier, nous avons donc ajouté — comme pour la RTBF — une demande reconventionnelle. Où je la poursuivais à mon tour, notamment pour 258 calomnies, pour harcèlement (eh oui) et pour violation de l’article 314bis du Code Pénal. Ce dernier interdit de prendre connaissance de conversations privées électroniques sans l’accord de tous les participants. Or, Florence Hainaut avait inclus dans ses pièces des conversations privées que j’avais eues avec trois employés bien connus de la RTBF, dont deux journalistes de renom, et un politologue bien connu, et qui les lui avaient transmises. Du secret des sources et de la correspondance…
Finalement, rien que dans l’affaire Hainaut, j’ai fourni au tribunal 560 pièces dont certaines contenaient à elles seules une cinquantaine de tweets calomnieux à mon égard ou à l’égard de mes tendres proches.
Les 36e dessous.
Le 25 mai, j’apprenais que Myriam Leroy m’avait aussi attaqué au CDJ, dans une plainte très imaginative. Je ne savais déjà plus trop où donner de la tête, mais au moins, certaines pièces de Florence Hainaut pouvaient resservir.
J’avais à peine commencé à tenter de m’organiser devant cette tâche déjà titanesque que la citation au civil de Myriam Leroy me parvint, début juillet 2022. C’était une copie conforme de la citation de Florence Hainaut. Sauf que Myriam ne me reprochait que 36 « calomnies » à 100 balles pièces, pour un total de 3.600 € plus de menus (gros) frais.
Je m’employai à justifier tout ce qu’elle me reprochait, ce qui était assez simple à première vue, puisque tout ce que j’avais écrit reposait sur des bases factuelles. Mais dès que j’apportais une pièce probante, elle la contestait dans ses conclusions en retour. Parfois jusqu’à l’absurde. Et pareil dans « nos » deux affaires en cours au CDJ.
Un moment, confronté à l’imagination extraordinaire de Myriam Leroy, à une avalanche de post-vérités, à des pièces presque systématiquement détournées de leur contexte, et déjà abruti par la charge de travail invraisemblable que tous ces dossiers m’imposaient, j’ai senti le sens des réalités se dérober sous mes pieds. Je ne savais plus ce qu’était un fait, une vérité, une preuve, je me suis mis à tout remettre en question, jusqu’à mon droit de me défendre. J’ai dû, pour la première fois de ma vie, consulter une psy.
Achevé à coup de manche de pelle
Et le tri des captures d’écran y était pour beaucoup. Relire jour après jour que vous harcelez des jeunes femmes, que vous êtes un monstre, une ordure, un étron, que votre seul nom provoque l’épouvante, que vous allez heureusement bientôt mourir, qu’on va vous achever à coups de pelle (ce qui avait beaucoup fait rire Florence Hainaut), que vos filles sont illégitimes et qu’elles n’ont aucun talent… ça mine !
Le pire n’est jamais décevant. Le 28 octobre 2022, suite à un cas de force majeure qui arrive une fois par siècle, mon avocat ne put arriver à l’audience RTBF, ni même appeler. Pour ma part, j’étais vissé chez moi, noyé dans les conclusions Hainaut. En plus, nous n’avions pas pu déposer nos conclusions en temps et en règle, à cause du rythme infernal des conclusions à remettre dans toutes ces affaires, mais aussi d’un retard de la… RTBF, suite auquel elle avait d’ailleurs accepté que nous déposions notre défense à l’audience.
Voyant que nous étions absents, et sans contacter mon avocat, la RTBF en a profité pour plaider seule, nous empêchant donc de déposer nos conclusions. Pratique… Nous avons demandé la réouverture des débats. Elle l’a refusé. Je fus condamné à deux euros symboliques pour atteinte à l’honneur d’une organisation qui n’en avait pas un gramme sur elle. Elle fit alors grand cas de sa « victoire » par défaut. Pire encore : la condamnation n’était pas assez lourde pour que je puisse même faire appel !
Premières récoltes
Heureusement, l’année 2023 fut celle de la libération. En avril, je débarquais Michel Collon en appel, après cinq ans de procédure.
Le 21 juin, suite à la plainte de Myriam Leroy contre mon article d’avril 2022, le CDJ me reprocha certes un « manque de prudence » dans le titre et la conclusion, mais reconnut que tout le contenu de mon article — 26 paragraphes — reposait « sur une enquête sérieuse au cours de laquelle le journaliste a collecté, vérifié et recoupé de nombreuse sources ». Une victoire. Car le même jour, suite à ma propre plainte au CDJ, celui-ci constatait l’absence de recoupements et de vérifications chez Myriam Leroy (« la journaliste aurait dû à tout le moins recouper sa version des faits soit à celle de l’intéressé, soit à des sources non concernées et étrangères au conflit qui les opposait. [Son] analyse […] défausse – fût-ce même en apparence – l’objectif de recherche de la vérité. ») et le fait qu’elle ne m’avait pas demandé mon commentaire après avoir proféré des « accusations de harcèlement ou de complicité de harcèlement ». Et de deux.
Le 4 octobre 2023, la Cour d’appel de Bruxelles (correctionnelle) déboutait Florence Hainaut et Myriam Leroy de leur appel dans l’affaire des droits de réponse et les condamnait à me verser le double de la somme initiale. Et de quatre.
Le 26 du même mois, dans un jugement savoureux, la 9e chambre déboutait Myriam Leroy dans sa citation pour calomnies et la condamnait à payer les droits de mise au rôle. Le tribunal me déboutait logiquement aussi de ma demande reconventionnelle. Et de cinq.
Myriam Leroy présenta ça comme un dos-à-dos où personne n’avait gagné. Mais c’était bien elle qui avait lancé les poursuites, et le jugement priait subtilement la demandeuse d’en rester là. Bien que ne se reconnaissant pas « perdante », Myriam Leroy accusa alors la justice d’être gouvernée par des « vieux blancs » et annonça qu’elle ferait appel de ce jugement. L’AJP n’intervenant apparemment plus, elle lança un crowdfunding pour régler les 5.000 euros que sa citation avait déjà coûté et pour financer son appel. Elle récolta quelque 14.000 euros. Près de deux ans plus tard, je n’ai toujours pas reçu l’appel. Mais elle a promis qu’elle l’introduirait en… 2026.
Craignant apparemment d’obtenir un jugement similaire, Florence Hainaut, dont la citation devait passer devant le même tribunal et le même juge masculin, demanda et obtint la récusation du juge, qui se déporta, et l’affaire fut reportée à mai 2025 et transmise à la 77e chambre, présidée par une femme.
Et là, pour en finir enfin, nous avons nous-mêmes proposé, en audience, que le tribunal ignore l’essentiel de notre demande reconventionnelle et émette un jugement similaire à celui rendu dans l’affaire Leroy — un dos-à-dos —, afin de libérer la justice d’affaires qui l’encombraient inutilement. Certes, cette solution me privait des indemnités de procédure que j’aurais pu réclamer, mais elle avait l’avantage de clore toutes ces affaires. Ou du moins, d’espérer y parvenir.
Le jugement
La Bérézina
Le jugement du 3 juin 2025 de la 77e chambre du tribunal de première instance civile de Bruxelles fait pleinement droit à ce souhait et l’étaye même juridiquement. Il déboute Florence Hainaut de ses demandes, me déboute de ma reconvention, mais la condamne, elle seule, et légèrement au règlement des droits de mise au rôle (165 €), pour avoir « pris l’initiative d’introduire la présente procédure ».
La suite du jugement fait du petit bois des thèses de l’AJP et de Florence Hainaut. Elles affirmaient que je n’étais pas journaliste et que donc, je n’avais pas les mêmes droits qu’elle ? Le tribunal analyse les demandes mutuelles comme venant bien de deux journalistes !
Elle demandait d’écarter purement et simplement tout mon dossier de pièces ainsi que ma demande reconventionnelle (c’eût été pratique) ? Le tribunal refuse.
J’aurais proféré des calomnies ? La (vice-)présidente de la 77e chambre confirme au contraire que la querelle était bien politique, rappelant les principes de liberté d’expression et de liberté journalistique conformes à la jurisprudence de la CEDH : « l’expression politique, particulièrement sur des sujets d’intérêt général, exige un niveau élevé de protection aux fins de l’article 10 […] la liberté journalistique comprend aussi le recours possible à une certaine dose d’exagération, voire même de provocation […] ». D’autant que « les limites de la critique admissible sont plus larges à l’égard [de] toute personne pouvant être qualifiée de personnage public.»
Le tribunal confirme donc aussi ce que j’affirme, sous les huées de ses partisans, depuis 2017 : Florence Hainaut est bien une personnalité publique, soumise à la critique.
Florence Hainaut exigeait que je démontre l’exactitude de 182 affirmations auprès d’un juge ? Le tribunal considère « [qu’elles] relèvent davantage du jugement de valeur que du pur fait, de sorte qu’il n’est pas permis — ou en tout cas évident — d’exiger la démonstration de leur exactitude. »
Pour tenter de m’incriminer, l’un des deux avocats de Florence Hainaut a sentencieusement énoncé à l’audience une cinquantaine d’injures proférées par des tiers —j’appris accessoirement que « pellicule capillaire » était une insulte misogyne. Cet artifice n’a pas impressionné le tribunal, qui limite strictement la responsabilité d’auteurs de messages sur les réseaux sociaux à leurs propres écrits, excluant les réponses de tiers, qui sont une « cascade au contenu peu nuancé (voire injurieux et dénigrant) dont la teneur échappe à l’auteur initial ». Heureusement pour Florence, car j’avais glissé 380 des réactions agressive en réponse à ses stories Instagram ou ses tweets dans le dossier. Voici les plus croquignolesques, dont plusieurs des deux journalistes (vis ma vie) :
En conclusion, le tribunal estime ne pas pouvoir retenir de fautes, « sans entrer dans l’analyse détaillée de chacune des centaines de citations polémiques incriminées de part et d’autre. » Et conclut, comme dans le jugement que j’ai obtenu dans l’affaire Collon, en 2019 : « faire droit à l’une des demandes ‘serait regardé comme la permission donnée à l’un de s’exprimer et l’interdiction faite à l’autre d’encore le critiquer’ ». Et mieux : « faire droit aux deux pourrait [être regardé] comme le moyen utilisé par la justice pour censurer les deux parties. »
Enfin, tout comme dans l’affaire Myriam Leroy, et sur demande de mon avocat, le tribunal confirme que l’article 150 de la Constitution n’est pas opérant au civil et que les deux journalistes auraient parfaitement pu me poursuivre pour harcèlement, pour autant, bien sûr, qu’elles eussent eu des faits à produire.
Et de six. Plus les deux acquitements de 2020, plus l’avis du CDJ contre l’AJP de 2022. Tiendrais-je la preuve par neuf que je suis innocent ?
Pour l’AJP et les journalistes procédurières, c’est une défaite sur toute la ligne. Les membres du Conseil d’Administration de l’AJP qui ont voté ces poursuites ont de très sérieuses question à se poser ! Et les journalistes et politiques qui ont embrayé ont bien des leçons à prendre quant à l’examen de faits. Sans même parler de la RTBF…
Appel au crowdfunding
Victoire amère
Mais tout ça m’a appris qu’en justice, on ne gagne jamais vraiment. Parce que les intimidations judiciaires, ça marche. Ça mine. Parce que l’accumulation de poursuites m’a finalement valu d’être condamné pour des peccadilles par un service public qui défend les exactions de ses journalistes. Et parce que les médias n’ont publié que ce seul jugement, et aucune de mes victoires contre Florence Hainaut ou Myriam Leroy. Ce qui fait que, sur ma page Wikipedia, je passe quand même, toujours, pour un salaud !
Enfin, parce que, pour faire cesser cette cabale et libérer la justice de la quérulence de la corporation, nous avons plaidé le renvoi dos-à-dos et renoncé ainsi aux indemnités de procédure éventuelles qui m’auraient aidé à régler la dernière facture de mon avocat. Il me manquait entre 2.500 et 3.000 €.
Les (deux) avocats de mes adversaires étant globalement payés par les adhérents de l’AJP et « par Nicolas », comme on dit aujourd’hui à droite pour désigner le contribuable, j’organise donc un dernier crowdfunding. Jusqu’à 3.000 euros, vous m’aidez à payer mon avocat (cet objectif était atteint 10 heures après le lancement du crowdfunding). Au-delà, vous m’aidez, si vous le souhaitez, à compenser le temps et l’argent perdus à répondre à ces procédures absurdes, ma réputation détruite, mon troisième roman reculé sans cesse, les bourses que le ministère de la Culture (époque Bénédicte Linard, Ecolo) et ma société d’auteurs (où Myriam Leroy siège au Comité belge) m’ont refusées, ma plume épuisée par une forme étrange de stress post-traumatique littéraire, et les frais de la psy que j’ai grand besoin de revoir.
Vous pouvez faire un don au moyen du bouton Paypal ci-dessous, ou sur le site GoGetFunding.
D’avance, merpsy.
- Le CDJ n’a en réalité pas de pouvoir de condamnation. Il émet des avis et demande que les journalistes pris à outrepasser la déontologie en publient un extrait sur leur site web, blog, magazine ou journal.
Pour me soutenir contre la corporation en participant à ce que j’espère être le dernier crowdfunding dans cette invraisemblable cabale, vous pouvez faire un don via PayPal. Jusqu’à 3.000 €, vous m’aidez à payer les dernières factures de mon avocat. Au-delà, vous m’aidez à financer un an de travail perdu.
Notez qu’en dessous de 2€, les frais sont prohibitifs.
Le total mis à jour chaque soir sera publié sur la page GoGetFunding.
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