Le Conseil de Déontologie confirme que mon enquête sur Myriam Leroy et Florence Hainaut était « sérieuse ». Mais il me reproche mon titre. Et « condamne » aussi ma consœur.

Deux décisions du Conseil de Déontologie Journalistique illustrent à mon avis la difficulté d’y obtenir gain de cause contre Myriam Leroy (ou Florence Hainaut), même quand on présente des pièces confondantes. Jusqu’ici, elles l’avaient toujours emporté au Conseil, qu’elles fussent plaignantes ou défenderesses. 

Cette fois, Myriam est certes parvenue à me faire « condamner » (entre guillemets parce que le CDJ émet en fait des avis), mais uniquement pour un titre et une conclusion.

Et — c’est une première — elle est elle-même « condamnée » aussi !

La première décision (22-22) concerne une plainte que j’avais déposée contre un article que Myriam Leroy avait publié sur la plateforme Medium le 22 décembre 2021, intitulé « 9 ans de harcèlement, 10 mois de prison avec sursis ». La seconde (22-29) répond à une plainte de Myriam Leroy contre mon article d’avril 2022, intitulé « Comme un Polar : Myriam Leroy a menti, Florence Hainaut a menti. Et l’Association des Journalistes les a couvertes ». 

À l’arrivée, on s’est tous les deux pris la règle sur les doigts, mais pas tout à fait la même à mon avis. Et comme souvent, le diable est dans les détails. 

Car si l’ensemble de la décision du CDJ qui me vise est cohérent et même très satisfaisant, j’estime que l’exigence de rigueur à mon égard tranche avec la tolérance envers des affirmations basées sur le seul « ressenti » chez Myriam Leroy. À l’arrivée, alors que j’ai démontré, pièces à l’appui, que presque toutes les « informations » qu’elle donne sur moi dans son article sont manifestement fausses, ma consœur se voit reprocher le non-respect de seulement deux articles du Code de Déontologie : l’article 1 (vérification) et l’article 22 (droit de réplique). 

J’écris bien « ma consœur », parce que, contrairement à ses affirmations (« je ne veux pas qu’il croie qu’il est journaliste »), le CDJ me décrit bien comme « journaliste » et précise que « l’article en cause […] relève sans conteste d’un travail de nature journalistique, en dépit d’une approche subjective liée à [mon] implication dans le dossier ». Avis à tous ceux qui ont nié que j’étais journaliste dans le but apparent de me refuser toute protection et, pire, de m’inonder de procès, appels, procédures, signalements et d’articles dénigrants. Parmi eux, deux membres du… CDJ qui se sont heureusement déportés dans cette décision. Ça, c’est un point très positif.

Une enquête sérieuse…

Dans sa plainte contre mon article « Comme un Polar » d’avril 2022, Myriam Leroy affirmait qu’il était écrit « dans une logique de harcèlement », que mes sources se réduisaient à « l’accusé, ses proches et ses amis ». Et, plus généralement, que mon article contenait « une quantité énorme de sophismes, appels à l’ignorance ou sophismes de fausse cause, généralisations abusives, faux dilemmes faisant croire […] que la réponse à une question se restreint à un certain ensemble de choix très limité, le tout construisant un mille-feuille argumentatif donnant une impression de massivité de la thèse produite. » Mazette !

Le CDJ ne s’est pas laissé impressionner par cet alignement de… sophismes et, après avoir examiné très professionnellement les dizaines de pièces, arguments et contre-arguments que je lui ai fournis, il reconnaît « que les informations publiées ont fait l’objet d’une enquête sérieuse au cours de laquelle le journaliste a collecté, vérifié et recoupé de nombreuses sources, à savoir plusieurs témoignages, expertises techniques et documents dont il a précisé l’origine et la teneur, pour certaines dans l’article, et pour d’autres dans le cadre de la procédure contradictoire d’examen de la plainte. » 

Alors que Myriam Leroy me reprochait un conflit d’intérêt (étant selon elle un acteur « central » du dossier), le Conseil de Déontologie « observe que le journaliste a multiplié les sources d’origines diverses, a pris de la distance avec celles-ci (dont […] « Pascal Lebrun » — la personne que Florence Hainaut accusait de harcèlement, par ailleurs condamnée pour harcèlement de Myriam Leroy en première instance NDLA), les recoupant et les soumettant à un regard critique. »

En d’autres termes, rien, dans les 8.000 mots de mon exposé principal, n’enfreint la déontologie. 

Je me réjouis bien sûr de cette réponse positive à la question que je posais en tête d’article, où j’interpelais justement les journalistes sur la déontologie de mon travail !

… mais un titre et une conclusions « péremptoires »

Si mon honnêteté et mon travail n’ont donc pas été mis en cause, et si les accusations de « harcèlement » ont été balayées, le Conseil de Déontologie me reproche tout de même d’avoir « manqué de prudence » et d’avoir « déformé les faits », mais uniquement dans le titre et la conclusion de l’article. 

Il m’est ainsi reproché d’avoir titré : « Myriam Leroy a menti, Florence Hainaut a menti. Et l’Association des Journalistes les a couvertes ». 

Pourtant, j’ai fourni au Conseil une liste exemplative de 12 affirmations que je concluais mensongères pour chacune d’elles, sur base d’éléments probants. Le CDJ a manifestement estimé que ce titre, qui pour moi est incontestable en général (dès lors que Myriam Leroy a changé de version plusieurs fois, elles a forcément « menti » à un moment ou à un autre), ne reflétait pas les données de l’article. Petit Mea culpa quand même : dès lors que cet article ne couvre qu’un tiers de l’affaire au sens global, et que j’ai titré en fonction de l’ensemble de ce que je sais (ou pense savoir), ce qui dépassait les données étayées de l’article.

Le Conseil peut aussi avoir considéré qu’elles n’auraient pas forcément « menti » sciemment, mais qu’elles auraient elles-mêmes pu être trompées.

Néanmoins, contrairement à Myriam Leroy, j’ai aussi donné sa version telle que je la connaissais, et je lui ai demandé son commentaire, qu’elle ne m’a pas fourni. 

Qu’est-ce qu’un mensonge ?

Et puis, c’est une question de vocabulaire. Une journaliste qui crée une confusion de dates en prétendant qu’elle était en Norvège lorsque son adresse IP a été identifiée, alors qu’elle était bien en Belgique à la date fatidique, ment-elle ou se trompe-t-elle ? Une journaliste qui affirme qu’elle a été piratée et insinue qu’elle tient cette information de la police, alors que celle-ci affirme le contraire, ment-elle ou la police m’a-t-elle trompé ? Une journaliste qui affirme que « Pascal Lebrun » est informaticien, contre toute évidence, et sous-entend systématiquement qu’il l’aurait piratée, alors que strictement rien ne permet une telle affirmation, ment-elle ?

Une journaliste qui m’accuse dans sa plainte de l’avoir harcelée « depuis 2015 », ment-elle, alors même qu’elle affirme par ailleurs qu’en 2017, seul « Pascal Lebrun » s’en prenait à elle ? 

En ce qui concerne cette dernière affirmation, personnellement, je « sais » qu’elle ment. Elle n’a d’ailleurs pas été en mesure de démontrer ce harcèlement. Pourtant, s’il avait eu lieu, il aurait laissé des traces, dès lors que tout se serait passé sur Internet, et que je n’efface jamais aucun tweet sans le signaler.

Qu’est-ce qu’un innocent ?

Myriam Leroy a aussi expliqué au CDJ que, dès le début de l’affaire — où Florence Hainaut accusait « Pascal Lebrun » de l’avoir harcelée via un compte satirique — elle ne croyait pas que celui-ci était effectivement l’auteur du compte Twitter incriminé, parce que son numéro de téléphone ne correspondait pas au numéro de récupération du compte en question !

En d’autres termes, elle avait, selon ses propres dires, une pièce susceptible de prouver qu’elle n’était pas derrière le compte en question, et que « Pascal Lebrun » était innocent, mais elle ne l’a jamais produite auparavant et après le non lieu dont « Pascal Lebrun » a bénéficié en justice, elle a littéralement violé jusqu’à sa présomption d’innocence, ce qui a été attesté en justice. Pourquoi a-t-elle gardé cette pièce pour elle ? Elle aurait pu me l’envoyer quand je lui ai demandé si elle avait une preuve, non ?

J’en déduis que si cette preuve est effective, elle avait cette information dès le départ de l’affaire. Or, elle a ensuite écrit qu’elle et Florence Hainaut avaient « le même harceleur » et systématiquement agi dans ce sens ! Elle a soutenu sa consœur dans sa plainte avec constitution de partie civile soutenue par l’AJP. Elle a affirmé qu’il était « leur harceleur commun ». Et lorsqu’il s’est avéré que le numéro IP récupéré par Florence Hainaut menait à la box wifi de Myriam Leroy, elle a aussi tenté de faire croire que le même Pascal Lebrun l’avait piratée ! 

Elle a même déclaré au procureur, par le biais de son avocate, que « Pascal Lebrun » pouvait s’être procuré sa nouvelle adresse IP (elle venait de déménager) et qu’il avait des compétences informatiques, ce qui a provoqué l’ouverture d’une enquête pour faux en informatique !

Et aujourd’hui, elle écrit avoir « souvent » dit à Florence Hainaut « que selon elle, [« Pascal Lebrun »] ne se cachait pas derrière le compte Twitter qui la harcelait parce qu’elle soupçonnait quelqu’un d’autre ! 

J’estime, sur ces bases, que je dois pouvoir écrire qu’elle a menti à un moment ou à un autre. Et ce ne sont pas des petites menteries sans conséquences : une de ces affirmations pouvait coûter jusqu’à cinq ans de prison à la personne qu’elle accusait…

Dans le même ordre d’idées, Myriam Leroy a transmis au CDJ le témoignage du « hackeur » qui a cherché l’adresse IP du compte « harcelant » pour Florence Hainaut. Or, celui-ci lui a confié d’emblée qu’il ne s’agissait pas d’une « preuve », mais d’une simple « corrélation ». Or, la police l’a traitée comme une preuve et n’a interrogé que « Pascal Lebrun ». Ça devrait poser question.

« Hackeur » et faux comptes au menu 

Selon son témoignage versé au dossier, pour obtenir l’adresse IP du compte parodique (@floheynow) que Florence estimait harcelant, le « hacker » (dixit Myriam Leroy) a créé un faux compte Twitter, ce qui n’est pas très autorisé, a fortiori au service d’une journaliste.

Là aussi, sont apparus des éléments qui éclairent l’affaire d’un jour nouveau. Le tweet en question était adressé à @floheynow directement et en public (et non en message privé). Or, il ne commençait pas par un point. À cette époque, cela signifiait qu’il ne pouvait être vu directement que par l’auteur du compte @floheyow et par ceux qui étaient abonnés à la fois à ce compte, et à celui créé par le hacker (le compte de « phishing »). Or, le compte de phishing avait zéro abonnés ! 

Autrement dit : seul l’auteur qui se cachait derrière @floheynow a pu le voir passer dans sa timeline ! Mais il y avait une autre possibilité de trouver ce tweet : en faisant une recherche spécifique sur le terme @floheynow. Et il est effectivement possible, que Myriam l’ait fait le 11 février 2017, juste avant ou juste après s’être rendue à un spectacle à Charleroi, et qu’elle ait alors cliqué sur le lien, envoyant sans le savoir son adresse IP au hackeur et, ensuite, à Florence Hainaut. 

Mais dans ce cas, pourquoi ne pas le dire tout de suite ?

Nouveaux éléments

Il y a donc désormais deux indices permettant de penser que Myriam Leroy n’était pas l’autrice du compte qui harcelait prétendument Florence Hainaut. Et une énorme question : pourquoi ces indices ont-ils été dissimulés six ans durant, au profit de « preuves » farfelues. C’est quand même insensé de garder pour soi des indices à sa propre décharge ?!

Une réponse possible serait qu’ils pouvaient suggérer que Myriam Leroy et Florence Hainaut ont, dès le départ, ignoré les éléments qui disculpaient « Pascal Lebrun ».

Pour le reste, j’ai eu ce qui me semble être la confirmation de ce que je subodorais dès le départ : l’adresse IP a bien été récupérée par des moyens au minimum peu légaux (création de faux comptes Twitter pour obtenir l’adresse IP d’une personne à son insu ; l’adresse IP est une donnée privée). Et ce qui me laisse toujours pantois, c’est l’énergie déployée pour que cette information ne soit jamais publiée ! En particulier, par des institutions du journalisme.

Car on peut comprendre le ressenti d’une personne qui s’estime à ce point harcelée qu’elle tient absolument à faire condamner le plus sévèrement possible son agresseur présumé, y compris en chargeant la barque jusqu’à la déraison (ce qu’elle a nié dans ses conclusions au CDJ). En ce sens, j’admettrais alors que le mot « mensonge » peut devoir s’accompagner d’une notion de désespoir, ou d’une colère qu’on parvient si mal à gérer qu’on cherche à détruire l’autre avec un acharnement peu ordinaire.

Mais ce qu’on ne peut pas comprendre ni admettre, c’est que d’autres journalistes, et plus encore, la corporation des journalistes, soient entrés de plein pied dans une telle logique, n’aient jamais dit « stop » et s’en soient au contraire pris aux seules personnes qui ont lancé l’alerte !

Cinquante-cinq indices ne suffisent pas toujours

Le second reproche du CDJ est d’avoir conclu que : « Tous les indices dont je dispose indiquent que Myriam Leroy était l’autrice du compte que Florence Hainaut a accusé de harcèlement ». 

Suite aux révélations de Myriam Leroy pendant le traitement du dossier par le conseil — et à supposer que les nouvelles preuves soient crédibles (je n’en dispose pas pour l’instant), cette phrase ne serait plus correcte aujourd’hui. Par prudence, je ne la formulerais plus de la même manière. Mais elle l’était au moment où je l’ai rédigée. En l’absence de toute réponse des intéressées, tous les indices dont je disposais indiquaient alors effectivement que Myriam Leroy était l’autrice du compte que Florence Hainaut a accusé de harcèlement, et aucun n’indiquait le contraire.

Pour le Conseil, j’aurais dû formuler avec plus de prudence, « dès lors que cette conclusion ne reposait sur aucune preuve directe mais bien sur un faisceau d’indices interprétés par le journaliste. » 

Certes, mais il s’agissait d’un faisceau de pas moins de 55 indices, dont l’adresse IP…

J’avais de plus soumis cette conclusion à Myriam Leroy, Florence Hainaut et Martine Simonis (secrétaire générale de l’AJP, moteur des poursuites à mon égard) avant publication, afin de leur permettre de me fournir des indices contraires éventuels. Je n’ai rien reçu. Pourquoi ?

Cocasserie en coint : le CDJ a lui-même considéré que la même phrase (à peu de mots près) publiée dans un tweet était, elle, valide !

Au crédit du CDJ, il faut dire que les échanges de conclusions ont été d’une dimension irrationnelle. Entre des accusations tout azimuts de l’une et la précision probablement exagérée de votre serviteur (j’ai notamment versé au dossier 8 témoignages d’informaticiens recueillis lors de mon enquête sur la possibilité d’un piratage, 3 témoignages d’anciens collègues de Pascal Lebrun, etc.) — le tout fait plus de cinquante pages, rien que pour mes conclusions.

Pour conclure en termes de réseaux sociaux, tous les autres tweets, que Myriam a présenté par ailleurs comme « du harcèlement », « ne sont pas concernés » par la décision du CDJ, qui précise « qu’ils relèvent soit d’une opinion librement émise, soit de la conclusion d’analyse dont le journaliste apporte la démonstration dans l’article ou dans sa défense, soit d’éléments factuels recueillis au cours de l’enquête. »

Dont acte.

Du calibrage des règles sur les doigts

De mon point de vue, s’il est évident que le CDJ m’a rendu globalement justice, je constate que le titre et la conclusion qui me semblaient logiques et bien étayés, d’un article reconnu sérieux par le Conseil, n’est pas passé.

En revanche, un article truffé de raccourcis, d’élucubrations, d’accusations graves que rien n’étaye me semble finalement moins sanctionné en première apparence, puisqu’il n’aurait enfreint que deux articles du Code — en réalité, le texte de l’avis est plus sévère envers Myriam Leroy que celui qu’on m’a demandé de publier. 

C’est apparemment le fait que l’article de Myriam Leroy a été écrit dans un moment émotionnel qui lui a permis d’échapper à une sanction sur l’article 3 (omission / déformation d’information) et 4 (enquête sérieuse / approximations) dont le Conseil a considéré qu’il « ne trouvent pas à s’appliquer en l’espèce ». 

Pourtant, mon article a également été publié dans un moment très émotionnel. J’étais encore sous le coup d’une « offensive de Noël » comprenant pas moins de 48 actes et publications visant à me discréditer (ainsi que d’autres journalistes). Et je venais de recevoir la citation de Florence Hainaut (900 pages avec pièces), une opération judiciaire soutenue et financée par l’AJP. J’étais littéralement en train de me noyer avec, à ce moment-là, la bagatelle de cinq procédures judiciaires en cours, toutes financées par des institutions du journalisme (AJP et RTBF), en sus d’une plainte de Michel Collon (qui sera définitivement débouté en appel en mars 2023). 

Il m’avait de surcroît été certifié que Myriam allait à son tour me poursuivre (sa plainte arrivera d’ailleurs au moins de juillet suivant), toujours aux frais de l’AJP. 

Toutes ces procédures m’auront finalement occupé pendant environ un an plein, à raison de 40 heures semaines ! Et je sursaute encore aujourd’hui, chaque fois qu’on sonne chez moi, en me demandant si ce n’est pas pour me perquisitionner ! Le fait qu’on ait balancé mon adresse privée  sur les réseaux sociaux ne me rassure toujours pas quand j’ouvre ma porte. Chacun sa parano.

Le ressenti a bon dos

Mais tout en témoignant de mon vécu, je me suis efforcé de rester le plus factuel possible. Myriam a fait le contraire, et ça passe presque !

Ainsi, quand elle écrit, en se revendiquant du journalisme, que je serais un « bully notoire » (soit un harceleur), elle le justifie auprès du CDJ en se référant principalement à… Vincent Flibustier (Nordpresse) — contre qui ma plainte pour une dizaine de qualifications, dont plusieurs pénales, est en cours de traitement au parquet. Elle se défend ensuite de toute relation avec Flibustier… 

Elle explique aussi que je l’aurais harcelée depuis… 2015. Pour seule « preuve » de ce harcèlement, un tweet d’un internaute qui pérore : selon lui, je ferais une « fixette » sur elle. En réalité, je venais de publier un tweet ironique en… trois mois ! Et les précédents répondaient à une attaque de Myriam qui m’avait valu pas mal d’insultes.

Elle peut aussi écrire, par « ressenti », que je serais complice de « Pascal Lebrun », sans présenter le moindre élément probant. Elle a bien délivré 22 captures d’écran au CDJ, mais une seule où nous conversons ! Plusieurs sont anachroniques, la moitié ne la concerne pas, et surtout, je ne suis impliqué dans… quasi aucune ! Quant au tweet où je réponds effectivement à Pascal Lebrun, c’est sur un ton de reproche !

Ne pas échanger avec une personne, ou lui reprocher son attitude seraient donc une preuve de complicité ! What the fuck…

Elle peut aussi s’autoriser à prétendre que je suis « dans l’équipe » de « son harceleur » condamné, que j’écris des articles à son service et « probablement à sa demande », sans problème, alors que tout cela est faux. Parce que c’est son « ressenti » !

La décharge de la preuve

Même lorsque j’apporte la preuve formelle du contraire, ça passe encore ! Ainsi, elle peut écrire que trois journalistes du Vif lui ont confié que j’avais tenté de leur vendre un article, et que c’était « manifestement » par rivalité d’auteur, précisant : « il a ainsi indiqué à un journaliste du Vif, pour justifier son ‘Intérêt soutenu’ à mon égard, que je vendais plus de livres que lui et qu’il était contraint, pour que son nouveau roman ne soit pas étouffé par le mien, d’en différer la sortie ». 

Tout cela est absolument faux ! 

Et pour le démontrer, j’ai présenté plusieurs pièces que je pensais confondantes : le témoignage croisé et écrit des trois journalistes du Vif qu’elle évoque, qui confirment qu’aucun élément « ne permet de penser que vous vouliez […] proposer au Vif un article ». Et que « nous ne disposons pas d’informations concernant la question du report de publication de votre roman. »

Et pour cause, non seulement, ce report a été décidé plusieurs mois avant la sortie de son roman par mon éditeur parce que nous étions, lui et moi, en retard pour la sortie prévue initialement en avril !

Mieux : non seulement je l’avais déjà écrit dans mes commentaires à ses droits de réponse de 2020 et elle ne pouvait donc pas l’ignorer, mais en plus, j’ai apporté au CDJ les preuves que le report de la sortie d’Elise était une décision éditoriale, qui n’avait strictement aucun rapport avec Myriam Leroy ! Bref, Myriam Leroy ne m’a pas permis de répondre, mais elle a aussi écarté des évidences dont elle avait connaissance. Et pour moi, ça relève des articles 3 et 4 (omission ou déformation d’informations / enquête sérieuse et honnête).

Plus sévère, mais pas vénère

Je me dois néanmoins de reconnaître que le CDJ est globalement plus sévère sur le travail de Myriam Leroy et lui a imposé la publication de cette phrase : « bien qu’il ait considéré que la nature subjective de l’article ne faisait aucun doute pour le lecteur, le CDJ a relevé que la journaliste avait émaillé son récit de propos relatifs à des personnes tierces — dont le plaignant, les mettant parfois directement en cause. Le CDJ a estimé que ce faisant, la journaliste aurait dû à tout le moins recouper sa version et son analyse des faits soit à celle du plaignant, soit à des sources non concernées et étrangères au conflit qui les opposait. »

Et il conclut qu’au vu « des accusation graves de harcèlement ou de complicité de harcèlement émises de manière affirmative à l’encontre du plaignant, le conseil a également retenu que la journaliste aurait dû lui proposer, avant diffusion, la possibilité d’exercer son droit de réplique. »  

Mais ce dont le CDJ ne peut tenir compte — ce n’est pas son rôle — c’est que je suis bien placé pour savoir que tout ce que Myriam Leroy a écrit sur moi est faux. Qu’en ce qui me concerne, elle détourne des contextes avec une légèreté affriolante pour crédibiliser ses accusations qui ne reposent, aux mieux, que sur ses propres convictions. Et que les prétendues preuves qu’elle a présentées pour tenter d’obtenir le blanc-seing du CDJ sont soit fantaisistes, soit mensongères. 

D’où le sentiment qu’il faut être d’une rigueur absolue lorsqu’on écrit sur Myriam Leroy ou Florence Hainaut, qui contraste avec la liberté qui leur est laissée d’interpréter des pièces comme bon leur semble, pour alimenter leurs thèses qui, à mon égard, tiennent de la pure fantaisie. Du cherry picking visant à soutenir des thèses échafaudées par avance. Le « ressenti » autorise-t-il le recours à de telles pratiques ?

Arrêter une querelle qui continue

Enfin, le CDJ a attiré notre attention sur le problème que pose de telles querelles entre journalistes pour la crédibilité de la profession. J’entends bien la critique. Mais pour moi, ce n’est pas cette querelle qui mine le métier. En soi, elle a même des aspects cocasses. Myriam Leroy ferait d’ailleurs un excellent personnage de roman !

Ce qui le mine, c’est le fait que des institutions du journalisme aient plongé tête baissée dans  

le ring et pris parti sans discernement. Avec pour conséquence la quantité d’actes posés contre moi (et d’autres) pour avoir donné une version divergente, mais légitime des faits — le CDJ le reconnaît. Ces institutions sont la Fédération européenne des Journalistes, l’Association des Journalistes professionnels et la RTBF. 

C’est ça qui pose problème. Que je sois aujourd’hui le journaliste le plus poursuivi du pays. Et tant qu’on n’aura pas réglé ce problème, je devrai continuer à me battre, à donner ma version, jusqu’à ce que cela cesse.

Je n’ai d’ailleurs pas le choix : « grâce » au soutien judiciaire de l’AJP voté par son Conseil de direction, en octobre de cette année, Myriam et moi serons face à face au tribunal, où nous nous poursuivons mutuellement. 

Dans sa citation, elle me reproche une trentaine de calomnies. Dans ma demande reconventionnelle, j’entends démontrer qu’il ne s’agit pas de calomnies, mais de faits, comme je l’ai fait au CDJ. Et je demande ensuite au tribunal de se prononcer sur les 145 calomnies de Myriam Leroy que j’ai relevées par ailleurs.

En novembre 2024 (le temps judiciaire est long), ce sera au tour de Florence Hainaut. Elle m’a cité pour 182 calomnies dans un dossier kilométrique (900 pages avec toutes les pièces). Là aussi, j’ai déposé une demande reconventionnelle. Dans l’impossibilité de répondre à tout, j’entends y démontrer que les trois groupes de calomnies qu’elle considère les plus graves sont également des faits. Et qu’elle a de son côté publié 258 calomnies, injures, fausses informations et accusations fallacieuses à mon égard, qui ont provoqué au moins autant d’agressions verbales de ses partisans.

Pourtant, la guerre pourrait s’arrêter demain. Mais il faudrait pour ça que ces institutions du journalisme admettent s’être trompées. Ce serait un beau geste pour le journalisme et sa crédibilité. Guess what. Je doute que ça arrive.

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2 Comments

  1. Jamar JM
    juillet 01, 11:51 Reply
    Bon courage Marcel. Merci pour ces explications.

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