COVID et Jury central : pour des centaines d’enfants, le supplice de la goutte d’eau !
Ils n’en peuvent plus. Ils ont 16, 17, 18 ans et plus. Leurs amis leur expliquent, en jubilant, qu’ils ont eu leur CESS (Certificat d’enseignement secondaire supérieur) sans le moindre examen. Le covid les avait mis à rude épreuve. La Fédération Wallonie-Bruxelles leur en a épargné quelques-unes de plus. Légitime. À Tournai, un élève est passé avec six échecs, dont plusieurs cuisants, et tout juste la moyenne.
Mais pour ceux du jury central, le tableau est tout autre : noir de suie. Ils étaient déjà dans l’incertitude depuis le jour du lockdown, obligés depuis d’aller sur le site tous les jours pour savoir si leur examen était enfin organisé. Confrontés à une administration incapable de leur indiquer quand ils auront leurs résultats. Une administration qui, de surcroît, a décidé d’annuler la deuxième session de cette année.
Les conséquences d’une telle décision sont apocalyptiques pour les élèves : aujourd’hui, aucun d’eux ne sait s’il pourra s’inscrire à temps dans le supérieur. Et, en cas d’échec, ils perdront un an de plus, parfois pour un seul examen raté !
Des élèves abandonnés. Des parents estomaqués.
Certains parlent de « sadisme ». Une mère évoque un « refus d’assistance à jeunes en danger. » Une autre, infirmière en maison de repos, est estomaquée. « On a tenu compte du stress du covid pour les autres étudiants, mais pour le mien, c’est l’inverse ! » Les élèves se sentent floués. Le contraste avec le traitement « de faveur » octroyé, selon eux, à leurs camarades « de l’école normale », les achève. L’un d’entre eux a lancé une pétition. Elle a déjà recueilli plus de 1000 signatures. Une autre pétition circule, lancée par une maman, avec un résultat similaire.
Les mots sont durs. Un parent m’explique : « si je croise Caroline Désir, je lui crache ma colère à la face ! »
Une prof : « n’espère pas réussir du premier coup, ça n’arrive jamais ».
Il faut dire que ceux qui espèrent obtenir leur sésame au jury central — celui qui leur ouvre les portes de l’enseignement supérieur — s’attaquent déjà en temps normal à l’Everest de l’enseignement francophone, par la face nord. C’est dur. Très dur. Lors de sa dernière épreuve orale, l’an dernier, une élève s’est entendu dire par une prof : « n’espère pas réussir du premier coup, ça n’arrive jamais ». Une douche froide, après un an de blocus pour cette élève brillante de 17 ans qui a dû quitter l’école en début de cinquième pour des raisons psychologiques.
Au jury central, il y a deux sessions par an. De janvier à juillet et d’aout à décembre. Tout examen réussi reste acquis. Mais déjà, en temps normal, les élèves sont pris dans un système kafkaïen. Dès la réunion d’information obligatoire, on informe les candidats qu’ils sont susceptibles d’être convoqués à n’importe quel moment, y compris pendant les congés, pour un examen, suite à un changement d’horaire.
Les écoles de jury, un choix très cher.
Ceux qui étudient par correspondance ou à domicile n’osent donc pas partir en vacances. À cet âge, un an ou deux sans vacances d’été, c’est dur. Voir partir les amis, les frères ou sœurs, une fois, deux fois, et ne jamais savoir quand on aura enfin le sésame. Courageux.
Sinon, il y a les écoles de jury central. Certaines ressemblent à des pompes à pognon. « Ça me coûte 875 € par mois, plus 50 € d’abonnement de train », dit cette mère, qui a cinq enfants. « C’est vraiment un sacrifice. Et là, en juillet, ils me prennent la même somme pour 5 jours de cours présentiels ! » Le budget atteint facilement 10 000 € l’année. Mais au moins, les élèves sont un peu mieux informés. Les vacances sont possibles. Des vacances très studieuses. Ces écoles préfèrent en effet envoyer leurs élèves aux épreuves quand elles sont assez sûres qu’ils réussiront : leur taux de réussite est un de leurs arguments de vente. L’école Bois Sauvage annonce ainsi fièrement un taux de réussite de 79 % à 100 % en 18 mois.
« Pourquoi nos enfants n’auraient pas droit à un geste de l’Enseignement ? »
Les élèves autonomes, eux, ne reçoivent aucune information du jury par mail ou par SMS : ils doivent aller eux-mêmes sur la page web régulièrement (et de préférence, quotidiennement) pour voir s’il y a du changement. C’est le moyen-âge du web !
Pendant les trois mois de lockdown, ces angoisses multiples se sont ajoutées au vécu pénible d’une crise exceptionnelle. Visiter tous les deux ou trois jours une page qui ne change pas de contenu pendant des mois, il y avait de quoi devenir marteau. Pour les parents aussi. « Je suis infirmière en maison de repos, je revenais tous les jours du travail avec la peur au ventre : on a eu 10 morts en 15 jours. Je ne voulais pas transmettre le virus à mes enfants. Ils en ont aussi souffert. En plus du reste. Pourquoi n’auraient-ils pas droit à un geste de l’Enseignement ? »
Repoussoir mal géré, institution ankylosée
Au Jury central, les élèves ne sont pas non plus avertis des résultats individuels par examen. Ils doivent attendre le début de la session suivante pour savoir de quoi sera faite leur année. Savoir s’ils peuvent s’inscrire dans le supérieur. De décembre 2019 à mi-janvier 2020, des centaines de candidats sont donc allés sur le site, parfois plusieurs fois par jour, espérant avoir leurs résultats. Et pour découvrir, pour la plupart d’entre eux, qu’ils avaient un ou plusieurs échecs, et un mois pour représenter une ou deux matières — énormes dans tous les cas — début mars. Et paf, juste avant les vacances de carnaval, ils découvrent qu’ils peuvent faire une croix dessus aussi ! Le jury central est un tunnel sans fond.
« Le système sert de repoussoir à ceux qui voudraient passer via le jury. »
Une maman, elle-même enseignante : « Le système est mal géré, cela change à chaque session et je pense, à escient, pour servir de repoussoir aux personnes qui voudraient passer via le jury. C’est une institution ankylosée qui n’a que très peu de réactivité et dont personne ne se sent réellement responsable. » La même a toutefois bon espoir que les délibérations seront plus « douces » que les années précédentes. À voir.
Les 100 % de réussite en école de jury font rêver. Leur ouvrent les portemonnaies. Mais sur l’ensemble des candidats, les chances de réussite à la première présentation sont à peine de 1,4 % ! Il y a, paraît-il, une école de la réussite. Le jury, c’est l’école de l’échec.
Lors du premier semestre 2020, sur 502 élèves inscrits, seuls 7 jeunes ont réussi toutes les épreuves du premier coup. Et trente autres ont réussi les derniers examens qui leur manquaient pour décrocher le CESS. Soit un taux de réussite général de… 7,4 % ! Les 465 autres élèves sont revenus bredouilles. Beaucoup d’entre eux étudiaient de façon autonome : tout le monde ne peut pas se permettre une école privée. Ici, l’inégalité n’est plus criante, mais hurlante. Constat : les plus assidus des candidats de cette année avaient présenté leurs premières épreuves en… 2015 ! La plupart ont abandonné entretemps. Et leur avenir est tombé à l’eau.
Le stress du covid ne suffisait pas. Le jury met la dose maximale !
Et puis, ça a empiré. Le vendredi 3 juillet, les élèves se sont retrouvés à l’épreuve de sciences, organisée à Liège (on a le sens de la centralisation en Belgique…) Une matière redoutée par tous. En 2019, les élèves avaient reçu la bagatelle de 30 pages de questions en chimie, bio et physique, avec 3 heures pour répondre. Une gageure qui se traduit déjà en temps normal par un taux d’échec mirobolant. Mais après des mois d’attente et d’incertitude, les jeunes qui se sont présentés la semaine dernière y allaient plutôt confiants, persuadés d’être un peu épargnés cette année, suite au covid. Quod non.
Un jury d’exclusion ? Les chances de réussite à la première session sont de 1,4 % !
Ils sont sortis catastrophés de l’épreuve : cette fois, l’examen comportait carrément 40 pages, « avec des questions de niveau 7 [heures/semaine], pas 3 ! ». Réactions « cette fois, ils se sont complètement lâchés ! ». « C’est du sadisme ! ». « C’était encore plus dur, on dirait qu’ils l’ont fait exprès ! » La maman infirmière « J’aide mon fils à étudier, en bio et en chimie, mais je ne comprends pas la logique : il y a des choses que j’ai apprise en deuxième année de graduat, pas en secondaire ! »
L’impression, unanime, c’est qu’on a cherché à « buser » encore plus de jeunes que d’habitude. Un peu comme si le stress du covid, de la désorganisation du jury, de son incapacité à communiquer, ne suffisait pas. Ces ados se sentent punis. « Les enfants du secondaire ont été aidés, mais nos enfants, ils étaient où pendant le covid, vous croyez ? Sur la planète mars ? »
Même si on suit tout le cursus, on n’a jamais toute la matière nécessaire pour passer.
Et rien n’est vraiment fait pour lutter contre l’inégalité. Sur le papier, ceux qui n’ont pas les moyens de payer une école de jury peuvent prendre les cours par correspondance (via Internet) dont l’enseignement francophone semble très fier. Sauf que le système « ne fonctionne pas ». Du tout. Les élèves reçoivent les modules un à un et les réponses à leurs exercices mettent un temps fou à arriver. Et même si on suit tout le cursus, on n’a jamais toute la matière nécessaire pour passer les épreuves du jury ! « On a l’impression que tout est fait pour favoriser ces écoles. » Alors, pour éviter de tirer l’épreuve en longueur, après un premier échec — souvent en maths et sciences —, des parents ont acheté les manuels les plus poussés (correspondant à 7 h de sciences) : « Ça m’a coûté 300 euros », dit la mère. « À l’examen, certaines questions portaient sur des matières qui ne se trouvaient même pas dans le manuel le plus avancé ! », s’énerve la fille.
Autre problème social : « Ça coûte cher en billets de train », se plaint un élève. L’an dernier, la plupart des épreuves écrites étaient organisées à Liège. « Ils veulent promouvoir Liège chez les Bruxellois », ironise une candidate. Les horaires sont absurdes aussi. Au point qu’il faut parfois trouver un logement chez l’habitant. Et si on n’en connaît pas, la nuit d’hôtel sur place. « Impossible d’arriver à Liège à 8 h du matin pour l’examen, j’ai dû prendre une chambre d’hôtel ».
Des enfants comme les autres oubliés par l’administration
Le jury serait-il donc réservé aux « gosses de riches » ? C’est la réputation qu’il a parfois. Une réputation usurpée. Les élèves qui s’y présentent viennent de tous les milieux, exactement comme ceux des écoles. Leurs raisons et motivations sont diverses. Ainsi, un élève pensait avoir été défavorisé suite à son échec en cinquième, avec redoublement à la clé, alors que d’autres camarades, moins « bons », étaient passés. Il a tenté sa chance au jury « où on ne juge pas mon nom, mais un numéro ».
« Mon fils a travaillé dur pendant ces trois mois. Par rapport aux élèves des écoles, il est vraiment discriminé ».
Mais souvent, ces ados n’en peuvent mais. Une élève ne pouvait pas rester plus de deux heures en classe pour raison médicale. Un autre souffrait de diabète et a raté plusieurs années de secondaire à cause d’hospitalisations récurrentes. Le jury était le moyen de rattraper le temps ainsi perdu. Une troisième a dû arrêter en début de cinquième pour des raisons psychologiques. Une jeune Flamande qui a déménagé en Wallonie devait valider son parcours. Sans compter tous ceux qui suivent l’école à domicile (un droit en Belgique) et doivent passer par le jury pour sanctionner leurs études. Les parents s’offusquent. « Ce sont des enfants comme les autres ! »
Mal vus par certains, admirés par d’autres pour leur courage, les candidats du jury central sont en effet des enfants comme les autres, parfois très défavorisés, parfois des HP qui n’ont pas trouvé leur place dans le parcours scolaire traditionnel. Et il y a la même variété là-bas qu’ailleurs. « Il n’y a pas de cancres au jury ! » s’insurge un ado qui tente sa chance pour la première fois, effaré toutefois par la difficulté des épreuves.
Pour beaucoup, le jury est aussi une question d’urgence. Ils ont doublé une fois, deux fois, ou bien ils ont été absents de l’école pendant des mois. Mais c’est tout leur avenir qui est en jeu. « Mon fils est un basketteur très talentueux. Des entraîneurs appellent régulièrement pour savoir s’il peut passer pro. Mais il doit avoir le CESS. Il va avoir 19 ans. Il a travaillé très dur pendant ces trois mois. »
Le covid a révélé une incapacité de gestion de crise
Des enfants comme les autres, mais qui sont traités comme des indésirables. Et le covid a amplifié le phénomène. Radicalement. Et dès le début.
Le jeudi 12 mars, la nouvelle du confinement tombait. Les lundi et mardi suivants, des épreuves étaient prévues. Du jeudi au samedi, des centaines d’élèves se sont demandé s’ils devraient s’y rendre. Ils se sont connectés et reconnectés au site. Rien. Le téléphone ne répondait pas. La seule réponse aux mails était qu’on obtiendrait une réponse… dans les deux semaines ! Interpelée par mes soins, la ministre a fini par confirmer le samedi 14 mars que les épreuves étaient annulées. Mais seulement sur Twitter. Il a fallu attendre 16 h pour que l’information apparaisse enfin sur le site.
Les infos ? Un simple bandeau rouge : « À la suite des décisions récentes du Conseil national de sécurité, nous vous informons que toutes les épreuves organisées aux jurys sont suspendues du lundi 16 mars au vendredi 3 avril 2020. Nous continuons à suivre de près la situation et à vous informer sur ce sujet via notre site internet. » Et un second bandeau : « Des modifications importantes peuvent être apportées aux horaires. Merci de visiter régulièrement cette page ». Les élèves ont donc continué à revoir leurs matières, au cas où.
Le 3 avril tant attendu, il y a eu… rien. Il a en fait fallu attendre jusqu’au 4 juin pour en savoir un tout petit peu plus. Régulièrement — quotidiennement pour certains —, ils se sont donc rendus sur le site au cas où il y aurait un changement. Déjà en temps normal, ils doivent reconsulter sans cesse les horaires d’examens au cas où ils seraient remis à jour. Et il n’y a même pas d’alerte : ils doivent s’en référer à la date de mise à jour inscrite à côté du fichier PDF qui contient les horaires d’examen.
Un jury au service de lui-même
Et puis, le 22 juin, le Jury organise un « webinar ». Et à nouveau, les élèves qui espéraient des informations concrètes en sont restés cois. « La séance ne leur servait qu’à se justifier, on n’a rien appris de concret ». Pire, les informations étaient contradictoires. On leur a en effet promis qu’ils auraient leurs points à temps pour s’inscrire à l’université (pour les rares qui auront réussi). Mais à la lecture des horaires d’examens, ils découvraient que les derniers oraux auraient lieu… le 3 septembre ! Seule consolation : ceux qui ont réussi les écrits en langues ne devront pas passer l’oral. Cadeau ? Ou une façon de réduire le travail des profs ?
En tout cas, les candidats qui ont tout fini en juin ou juillet ont conclu qu’ils passeront leurs vacances à visiter le site chaque jour pour savoir s’ils ont réussi, ou non ! Et inutile d’essayer d’en savoir plus : la permanence téléphonique est supprimée jusqu’au 20 juillet « pour des raisons indépendantes de notre volonté ». Ben tiens !
L’annonce de l’annulation de la session d’automne a fait l’effet d’une bombe : « ils vont perdre un an de plus ! »
Et pour ceux qui avaient encore les nerfs suffisamment accrochés pour tenir le coup, il restait le coup de massue : l’annonce, dans la presse, qu’il n’y aurait pas de seconde session cette année et que les élèves qui auront eu un échec au cours de cette session-ci ne pourront donc pas obtenir leur CESS avant… juillet 2021. Un an de perdu !
Le comble, c’est que cette annulation n’est même pas renseignée sur le site du Jury central !
La mère d’une très bonne élève, qui redoute cependant les sciences — qui ne sont pas son point fort — ne mâche pas ses mots : « L’abandon d’une session entière pour des raisons d’organisation pratique est le pire exemple de l’incapacité des instances et de la politique de la FWB. Cette démarche, on peut se l’imaginer au Venezuela ou au Malawi ou que sais-je, mais dans un pays soi-disant développé, c’est inadmissible ! Le mépris de la part de la FWB pour ces “élèves abandonnés” est écœurant. »
On peut comprendre. Nous avons ici plus d’un millier d’élèves qui, comme les autres, ont pris le covid de plein fouet. Depuis le 12 mars, ils sont suspendus à un site rétroactif et à des décisions sans appel. Depuis le 12 mars, et pour plusieurs mois encore, ils doivent aller sur le site régulièrement au cas où. Quand enfin, ils arrivent à leurs examens, certains découvrent que les épreuves sont encore plus dures qu’à l’accoutumée. Et ils ne savent pas aujourd’hui s’ils pourront passer enfin dans le supérieur. Ils ne savent même pas quand ils auront leurs résultats ! Et s’ils sont en échec, seuls ceux qui ont eu l’info par la presse savent qu’ils perdent un an. Ou plus.
Une mère fulmine. Elle a écrit au ministère. La réponse : « Madame la Ministre est bien consciente des éléments que vous évoquez. »
Vous pensiez que les enfants étaient protégés dans ce pays. Vous pensiez que la torture était interdite. Celle qui est réservée ici à des ados par le jury central de la Fédération Wallonie-Bruxelles ressemble pourtant à s’y méprendre au supplice de la goutte d’eau. Le ministre-président Pierre-Yves Jeholet, et la ministre de l’Enseignement, Caroline Désir ont abandonné des centaines d’enfants déjà très éprouvés par la pire épreuve collective de mémoire d’homme ! Sadisme examinatoire, refus d’assistance à enfants en danger livrés à une administration kafkaïenne, mépris, rejet… Concluons : ceci n’est plus un jury central. C’est un jury scandale !
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16 Comments
u'tz
juillet 09, 18:58marcel
juillet 09, 19:13u
juillet 09, 19:17Georges-Pierre Tonnelier
juillet 09, 19:17gawrcool
juillet 09, 22:38Defay
juillet 10, 14:04Salade
juillet 10, 15:13Axel Dumont
juillet 12, 19:54Georges-Pierre Tonnelier
juillet 13, 09:42Shmoelle
août 23, 16:46Cédric
août 26, 17:48marcel
août 26, 17:53cedric
août 26, 20:02marcel
août 26, 22:23cedric
août 30, 03:29marcel
septembre 06, 08:30