Le bon communiste, la brute politique et le truand Caterpillar. Erratum et addendum.
Erratum.
L’internet est un outil formidable. Il permet, lorsqu’on a mal interprété des chiffres pendant son enquête, de corriger son erreur, et de modifier, s’il y a lieu, ses conclusions. Une opportunité dont le journliste ne fait pas souvent usage, pourtant. Un article erroné sera généralement, soit simplement retiré, soit laissé en l’état. Or, toute analyse est temporaire. De nouvelles informations, ou une info passée inaperçue pendant l’enquête, peuvent modifier le point de vue et les conclusions. A-t-on peur que la transparence affaiblisse la démonstration ? L’erreur doit être assumée quelles que soient les conséquences pour le rédacteur. On n’écrit pas pour soi mais pour l’intérêt public.
Dans l’article qui suit, après rédaction, j’ai vu que le PTB affirmait que le dividende Caterpillar Inc. avait crû sans interruption depuis 22 ans. Cela ne correspondait pas à mes chiffres. J’ai donc revérifié et donné humblement raison (sur ce point seulement) au PTB : l’action a bien cru sans arrêt depuis 22 ans. La raison pour laquelle mes chiffres d’avant 2004 différaient est simple mais un peu technique : en 2005, Caterpillar a offert à ses actionnaires 2 actions pour une — ça m’avait échappé. Cela signifie que le dividende sur chaque action possédée avant ce split était à diviser par 2. Cela ne change pas grand chose à ma démonstration. À cela s’ajoutent à l’inverse des informations que je ne possédais pas encore, qui la renforcent Les modifications que cela implique sont en gras italique ci-après.
Dès l’annonce de la fermeture de Caterpillar Gosselies, les médias ont reçu les chiffres du PTB, et certains les ont reproduits sans beaucoup de précautions. Sauf que, comme d’hab, ils étaient joliment tronqués. Mais le très grand méchant loup fabriqué par le parti communiste a fini par se dégonfler. Au point qu’aujourd’hui, après avoir accusé l’entreprise, la direction, le marché, les syndicats, le capitalisme, et pourquoi pas la mère Denis, médias et politiques en sont réduits à pointer du doigt l’actionnaire, ce salaud ultime, insaisissable, ce milliardaire caché. Ou à faire mine de se fâcher parce que la direction n’a pas répondu à l’ordre (étrange) de se rendre au Parlement belge pour s’expliquer. Pour info, la Belgique représente quelque 2 % du bénéfice après impôts de Caterpillar Inc.
Toutes ces accusations ne répondront pas à la question fondamentale : pourquoi 2.200 emplois (et plus encore chez les sous-traitants) vont-ils disparaître à Charleroi ? Le citoyen n’a pas seulement droit aux faits, sans biais idéologique, il en a besoin, pour comprendre.
Or, dès l’annonce de la fermeture, le PTB a sorti des chiffres fumeux, repris jusqu’à la… RTBF qui, samedi dernier, affirmait par exemple gaillardement que « certaines années, Caterpillar a été taxée à seulement 4 % ». Et puis, imaginez : 150 millions d’intérêts notionnels ! Pfouh, ça décoiffe. Et 12% de croissance des dividendes en un an ! Good lord ! Quel pillage du prolétaire ! Et ce bénéfice mirobolant ! Et cette usine de Gosselies si profitable qu’on ferme sans raison ! Et ce tout-aux-actionnaires. Et ces soupçons de fraude massive.
Mais qu’est-ce qui est vrai dans tout ça ? En fait, très peu de choses.
Intérêts et principal.
D’abord, une remarque : en évoquant 150 millions d’intérêts notionnels, le PTB sait que le lecteur non-informé va en déduire que Caterpillar aurait payé 150 millions d’impôts de moins que la normale. C’est faux. Ce n’est pas le chiffre de « l’impôt impayé », mais bien de la somme déduite du total imposable (le montant utilisé pour calculer l’impôt, donc). La « perte » pour le fisc belge serait donc d’environ 33% de ce montant, soit 50 millions. Mais c’est sur 10 ans. Le bon chiffre à retenir est donc de 5 millions par an (et, dans les faits, un gros 4 millions sur l’année 2015). Abracadabra, en deux coups de cuillère à pot, le machin s’est dégonflé de 150 à 5. Parce qu’il n’y a aucune raison d’additionner les années pour gonfler les chiffres, saut si l’on veut impressionner le lecteur.
Cinq millions par an, c’est beaucoup d’argent, certes. Mais, de un, les intérêts notionnels sont parfaitement légaux (pour toutes les entreprises — les PME bénéficiant même d’un taux plus élevé) et attirent des entreprises en Belgique. Pas toujours de l’emploi, ni de l’impôt, mais ici, on peut clairement se demander si ce principe fiscal n’a pas permis de garder l’usine de Gosselies active quelques années de plus.
De deux, cinq millions par an, c’est très, très peu à côté des 159 millions consacrés en 2015 à l’emploi, rien que par la filiale la plus importante de Gosselies, à savoir Caterpillar Belgium SA (il y en a deux autres sur le site). J’ai choisi de me concentrer sur celle-là parce qu’elle représente le gros de l’emploi hennuyer (1.670 salariés en 2015).
Remettons donc les choses en contexte. En 2014 (une très bonne année pour l’entreprise), Caterpillar Belgium SA a payé 235 millions d’euros en frais de personnel, soit l’équivalent, déjà, de plus de 30 ans d’impôts sur les intérêts notionnels tels que décrits par le PTB ! Ces frais de personnel incluent 45 millions de sécurité sociale « patronale » auxquels on doit ajouter l’ONSS payée par les salariés, soit environ 22 millions*. À cela s’ajoutent 27 millions de précompte professionnel. Rien que sur l’emploi, l’État et la sécu ont donc perçu 94 millions.
L’État et les collectivités ont également perçu 2,7 millions de taxe d’exploitation, l’impôt sur le bénéfice — 5,9 millions d’euros — et l’impôt sur les dividendes perçus exceptionnellement cette année-là, soit 7,6 millions d’euros* (j’y reviens). Autrement dit, Caterpillar Belgium SA a, ensemble avec ses salariés, rapporté 44,2 millions d’euros à l’État et à la collectivité, et contribué pour 67 millions à la sécurité sociale au sens large en 2014. Je dirais quand même « merci pour ce moment (de 51 ans) ».
20 millions de dollars au soleil des propagandistes.
Le PTB, et quelques journaux infusés subtilement au parfum coco à la noix, utilisent pourtant ce bilan 2014 comme la preuve de la rapacité de l’entreprise ! Caterpillar Belgium S.A. n’a, selon eux, payé en 2014 que 5,8 millions d’impôts sur un bénéfice de 40 millions. Soit seulement 14,5 % d’impôts de société.
[Paragraphe modifié suite à une remarque judicieuse de Riton Laveur (voir commentaires) : il n’y a pas eu de prélèvement de 27% sur les dividendes comme je l’avais indiqué précédemment, puisqu’ils passaient d’une société fille à une société mère]
Faux. La moitié de ces 40 millions de bénéfice déclaré dans les comptes de résultats publiés par la BNB (soit 20,5 millions) sont en fait des dividendes versés à Caterpillar Belgium SA par une société qu’elle possède à 99,9%, Caterpillar Special Services Belgium. Or, ces dividendes, provenant principalement d’une filiale de cette dernière, Solar Turbines (Belgium) avaient déjà été taxées à titre de bénéfice, et on ne peut taxer deux fois, faute de quoi , on arriverait dans le cas présent à un taux nominal (avant DNA et déductions), de près de 100% (33% chez Solar Turbines, 33% chez Special Services et 33% chez Caterpillar Belgium).
Sur les 40 millions de bénéfice de 2014, Caterpillar Belgium SA n’a donc pas payé 14 %, mais bien plutôt 29 % d’impôts (environ 5,9 millions d’impôts sur 20,5 millions de bénéfice).
Si nos experts en désinformation du PTB, qui font la leçon à Charles Michel (« les chiffres sont accessibles à tous sur le site de la BNB ») avaient pris la peine de lire le Rapport de Gestion qui se trouve sous le bilan, ils auraient appris que « le bénéfice d’exploitation s’élève à 20.455.389,34 € en 2014 » Et pas 40, comme repris sur le bilan. Ce rapport explique aussi l’apport en dividendes.
Et donc, en 2014, comme tous les ans, même après avoir déduit les intérêts notionnels, Caterpillar Belgium SA a réellement payé un taux assez cohérent d’impôts sur ses bénéfices, sur son exploitation, en plus de l’apport fiscal et social considérable de ses salariés qui, bien sûr offrent leur travail, mais c’est tout de même Caterpillar qui a créé les opportunités d’emploi. On le sent bien quand l’entreprise s’en va.
Le tax shelter s’en ressentira également, puisque Caterpillar Belgium avait, à elle seule, versé 750.000 euros en 2014 à ce titre. Peut-être, qui sait, pour le prochain film des Frères Dardenne. Une optimisation fiscale au service du 7e art que le PTB lui reproche aussi, pourtant !
Multipliez les chiffres PTB par 10 SVP.
Venons-en aux 3 % d’impôts assénés par le PTB, qui a fait son petit bout de chemin dans la presse. Là aussi, on a affaire à une grosse manip. Il s’agit de l’impôt moyen payé entre 1994 et 2015 par une seule filiale financière belge, Caterpillar Group Services.
Le parti a simplement isolé la société du groupe qui payait le moins d’impôts dans le but de faire croire que « Caterpillar » bénéficiait d’invraisemblables exemptions fiscales. Beaucoup de journalistes ont repris ce chiffre sans moufter. Déjà, isoler une entreprise de son groupe pour prétendre qu’elle paye généralement très peu d’impôts, c’est zarbi. C’est un peu comme si on vous accusait de ne pas payer d’impôts sous prétexte que vous avez un compte épargne non taxé, sachant que par ailleurs, vous payez, par exemple, 35% d’impôts sur votre travail.
Mais en plus, Caterpillar Group Services bénéficiait, jusqu’en 2005, du statut de centre de coordination, condamné ensuite par l’Union européenne. En gros, la Belgique permettait de réduire drastiquement l’impôt d’autres filiales européennes. Cela signifie que jusqu’en 2006, les montants imposés ne provenaient que partiellement de l’activité belge.
Ce n’est donc pas le fisc belge qui a été grugé par Caterpillar, c’est avant tout la Belgique qui a grugé le fisc d’autres pays, pour importer des capitaux à bon marché, attirer des centres de coordination, et créer de l’emploi. Cinq ans après l’interdiction de ce mic-mac fiscal qui nous rapprochait du Panama, le bénef avant impôt déclaré par la filiale financière était logiquement passé de 33 millions (maxi, en 2005) à 4,7 millions (en 2010). Sachant que l’impôt était encore moindre du temps des centres de coordination (moins de 1% entre 1994 et 2004 pour la filiale en question), et que ce temps est révolu, il est aussi malhonnête de prendre ces années-là pour calculer la moyenne du taux d’imposition de la filiale. Si on la calcule depuis 2006, on obtient 8,24 %.
Aujourd’hui, certains journaux, avec le monde politique et syndical, crient haro sur la Suisse, parce que Caterpillar Belgium a cédé, en 2001, la propriété sur les machines construites et les pièces à Caterpillar sarl, à Genève. On peut soupçonner que l’optimisation fiscale a joué. Mais à Genève, le taux d’imposition reste de minimum 11%, et selon la Banque Cantonale Neuchateloise, après ruling, Caterpillar sarl y payait 4 à 7% d’impôts réels, soit bien plus que les moins de 1% possibles pour les centres de coordination en Belgique, qui n’ont disparu qu’après que l’Union européenne l’a imposé, en 2005-2006, soit quatre ans après. Nous n’avons donc aucune leçon à donner aux Suisses. D’ailleurs, la Belgique refuse encore aujourd’hui de réclamer les 700 millions d’euros qu’elle a généreusement passé au bleu à de grandes entreprises par des rulings trop avantageux.
Mais comme je le disais, prendre le taux d’imposition d’un seul membre du groupe n’a pas de sens. Surtout quand il s’agit d’une société qui ne fait que 8% du bénéfice global belge ! C’est à ma connaissance Xavier Counasse, du Soir qui nous a, le premier, calculé l’imposition réelle globale pour 2015. Et là, oubliés les 3,4 % : l’an passé, les filiales les plus importantes de l’entreprise ont fait, ensemble, 67 millions d’euros de bénéfice avant impôts, déduit 11,61 millions d’intérêts notionnels, et payé 19,59 millions d’impôts. Soit un taux d’imposition réel de 29,22 %. Pas tellement moins que le taux nominal de 33,9 %. Et cela, après déduction des intérêts notionnels.
Bref, pour obtenir un chiffre honnête proche de la réalité, il suffit de multiplier celui du PTB par… dix !
Le délégué syndical qui a des trucs à révéler, mais on ne sait pas quoi.
Plusieurs journaux évoquent aussi les calculs d’un « délégué syndical » qui aurait, nous dit-on, reconstitué les mouvements de capitaux de l’entreprise, et découvert qu’ils passaient par la Suisse et le Delaware. Mais de quels fonds parle-t-on ? S’agit-il de millions ou de milliards ? De 0,1% du bénéf ou de 90% ? Ça change tout, mais on ne le sait pas. Y a-t-il vraiment fraude, ou optimisation radicale (comme chez Apple ou Uber) ? Ou plutôt un transit avantageux mais parfaitement légal, relativement faible ? Aucune idée. D’autant que ce délégué, Guy Raulin avoue ne pas savoir grand chose. Et fait des déclarations étranges. Il affirme ainsi que des bénéfices belges passent par cette filière. Or, ces bénéfices ont déjà été taxés en Belgique et ne peuvent donc , en principe, plus l’être aux USA. On cherche en vain le bénéfice qu’en tirerait l’entreprise.
Depuis, Le Soir a publié un article plus fouillé intitulé d’une façon étrange « Voici le contrat qui a vidé les caisses de Caterpillar Gosselies », où la Suisse est pointée du doigt. Le travail de Guy Raulin semble avoir permis au Soir de « tomber » sur ce contrat établi en 2001 entre une filiale suisse et une belge, et présenté comme anormal parce qu’il convertit Caterpillar Belgium en simple prestataire de services. Les machines produites en Hainaut ainsi que la gestion commerciale (achats, vente) étaient cédées à la Suisse. Caterpillar sarl (à Genève) rémunérait Caterpillar Belgium pour les prestations de montage. Grave ! Même Thierry Afschrift trouve le moyen de s’en indigner, comparant Gosselies aux sweatshops du… Bengladesh.
Séparer les activités commerciales et la production, c’est pourtant ce que font des tas d’entreprises de partout, y compris de Belgique, avec des filiales étrangères. Il s’agit d’optimiser les ressources en les regroupant, et bien sûr de trouver la meilleure solution fiscale pour chaque activité. Mais tant qu’aucune malversation n’est détectée, il n’y a rien d’anormal, scandaleux, et le haro sur « la Suisse » qui a suivi sur les réseaux sociaux frise même la xénophobie.
En fin d’article, Xavier Counasse évoque une enquête américaine sur Caterpillar sarl (Genève). Mais celle-ci ne porte pas sur des malversations intra-européennes éventuelles, mais sur le fait que la filiale aurait thésorisé des bénéfices en Suisse plutôt que les rapatrier aux US, pour une taxation éventuelle, et le fait que Caterpillar Genève ait fait imposer en Suisse le bénéfice de transactions commerciales qui auraient eu lieu physiquement aux États-Unis, ce qui est illégal aux USA. Mais la Suisse étant dans l’espace Schengen (libre circulation des biens), il n’est pas sûr du tout que cela ait le moindre rapport avec Gosselies, ni même qu’il y ait eu des malversations qui pourraient être juridiquement condamnables en Europe. Alors que les journaux, les politiques et les syndicats nous inondent de « preuves » de soi-disant scandales, on attend donc toujours une vraie révélation. Pour l’instant, tout le monde semble être en roue libre.
Le fait est qu’en Belgique comme aux USA, Caterpillar paye au final quand même des impôts assez importants sur ses bénéfices : de l’ordre de 24% pour Caterpillar Inc (certains impôts étant payés dans des pays ou régions à 11 ou 12% d’ISOC, comme le Canton de Genève par exemple, ce n’est pas si peu qu’il y paraît). Pas de triche démontrée de ce côté-là. Bien sûr, il doit y avoir des mécanismes d’achat ou de vente de brevets ou de propriété intellectuelle entre les sociétés, et peut-être les a-t-on gonflés pour réduire les impôts payés ici ou là. Mais de nos jours, l’argent ne disparaît pas. Tout ce qui part d’un endroit est repérable, au même titre que ce qui arrive. C’est d’ailleurs pour ça que l’Union européenne est parvenue à chiffrer précisément l’impôt non payé (selon elle) par Apple à l’Irlande.
On a aussi évoqué des aides régionales massives dont aurait bénéficié la société. Pour lire après qu’elles n’ont apparemment pas été octroyées à Caterpillar parce que l’entreprise ne voulait ou ne pouvait pas garantir un maintien de l’emploi et qu’elle ne faisait pas de recherche et développement (R&D) en Belgique. Des aides massives, admettons. Mais lesquelles ?
Licence to Cat.
On affirme encore que l’entreprise a licencié à tort. Qu’elle aurait pu garder le personnel. C’est oublier qu’une société n’est pas là pour employer des gens, mais pour produire et récolter la différence entre le chiffre d’affaires et les frais de production. Cela permet de payer les « intérêts » sur les actions qui représentent (très schématiquement) l’argent que le public (« les actionnaires ») a versé pour permettre à l’entreprise de grandir, voire d’exister.
Au passage, cela crée de l’emploi et de la richesse. Sans les actionnaires de départ, et sans ceux qui ont participé aux augmentations de capital, Caterpillar n’aurait pas existé ou n’aurait pas créé le site de Gosselies. Les communistes contestent cette vision capitaliste qui, de fait, crée aussi pas mal de problèmes. Mais c’est le monde dans lequel on vit et tant qu’on ne sera pas en Europe soviétique, c’est à celui-là que nos politiques doivent s’adapter. Au lieu de ça, ils gesticulent en désignant des coupables (Caterpillar, les Suisses, les ingénieurs, la direction) ou en évoquant des actions en justice ou même une réquisition, trompant l’opinion publique sur la réalité du problème. Dans Le Vif, un membre de la LCR reproche même aux extracteurs de matières premières de ne pas avoir prévu la crise de l’extraction 10 ans à l’avance. Nostradamus, revient, ils sont devenus encore plus fous que toi !
Les affirmations les plus récurrentes sont : les actionnaires sont trop gourmands et reçoivent trop en échange de leur participation financière ». Et : « il est scandaleux qu’une entreprise en bénéfice licencie du personnel, et ferme une usine. » Dans les deux cas, c’est à côté de la plaque.
Répondons d’abord à « Caterpillar ne devrait pas licencier parce qu’elle fait du bénéfice à Gosselies » En 2015, Caterpillar Belgium SA (la filiale principale de Gosselies) employait 1.711 équivalents temps plein pour un coût total de 96 millions d’euros (frais de personnel). L’année précédente, la filiale avait employé 2.213 équivalents temps plein pour un coût de 160 millions d’euros. Bien sûr, les licenciements massifs sont amortis sur plusieurs années, ce qui tronque les chiffres. Mais disons schématiquement qu’en un an, les départs ont donc permis une baisse du coût du personnel de 64 millions d’euros.
Le chiffre d’affaires (de 374 millions en 2014), a baissé dans le même temps à 290 millions. Soit 84 millions de moins. Un rapide calcul permet de voir qu’avec le même personnel et le même coût qu’en 2014, en 2015, l’entreprise n’aurait pas fait un bénéfice de 16,5 millions avant impôts, mais bien une perte de… 79,5 millions ! Et elle n’aurait alors pas payé d’impôts du tout. Et aurait juste eu une meilleure raison de fermer.
Donc, une entreprise qui attend que ça aille mal pour licencier court à sa perte, et dans ce cas-ci, à la perte de 100.000 emplois dans le monde. Énormément d’entreprises ont périclité parce qu’elles avaient attendu d’être dans le rouge pour licencier : un plan de licenciement coûte cher. Très cher. Or, entre 2014 et 2015, Caterpillar a perdu 17% de son chiffre d’affaires, principalement hors des États-Unis. Et diminué son bénéfice de moitié. Bref, si le licenciement est une catastrophe pour les 2.200 salariés de Gosselies, celui-ci permet aussi de maintenir l’emploi dans des tas d’autres usines. On peut même inverser les rôles : combien de ces 2.200 salariés ont pu garder leur emploi jusqu’an 2016 grâce aux 8.000 pertes d’emplois ailleurs dans le groupe à cause de la crise de 2008 ?
L’actionnaire, c’est vous, c’est vou-ouuuuuus
Enfin, quand on a épuisé les possibilités de critique raisonnable de l’entreprise, on tombe sur le râble de l’ultime coupable : l’actionnaire. Rendez-vous compte, le dividende Caterpillar USA a grimpé de 12% en un an, quelle horreur ! Oui, ça paraît beaucoup. Mais comme pour les autres chiffres, les questions à poser sont : 12 % par rapport à quoi ? Et ensuite : pourquoi une telle augmentation ?
La réponse apparaît rapidement quand on se met à la place de cette grosse salope dégueulasse d’actionnaire. Au passage, si vous avez quelques actions au travers d’un plan d’épargne quelconque, ou de fonds de pension ou encore, en tant que salarié de Caterpillar, vous êtes peut-être l’un de ces méchants pas beaux. Sans le savoir. Oups.
Dans ce cas, vous regardez deux choses : la croissance de votre portefeuille (autrement dit, l’augmentation des valeurs de vos actions), et les dividendes que vous percevez tous les trimestres. Sachant que, sur ces dividendes, vous payez 27% de précompte mobilier en Belgique, vous vous attendez à un minimum de 2 ou 3 %, non ? Alors, ce méchant actionnaire de Caterpillar, il a pris combien ?
Le PTB vous dira qu’en 1999, les dividendes étaient 6 fois moins élevés qu’aujourd’hui : 0,6375 $ par action, contre 3,01 $ en 2015. Aleeeeerte, crie Raoul Hedebouw : ils ont sextuplé leurs dividendes en 17 ans ! Les salauds ! Banzaï ! Qu’on leur coupe les couilles avec une faucille après les avoir écrasées au marteau !
Sauf qu’en 1999, l’action Caterpillar ne valait qu’entre 27,5 et 32 $, selon les jours. En 2015, cette même action valait deux à trois fois plus : de 64,98 à 91,88 $. J’ai calculé pour vous : si l’on retire les 27% de précompte mobilier en Belgique, ça signifie que l’actionnaire a obtenu, en 2015, entre 2,4 et 3,4% de la valeur de son investissement. En 1999, il en puisait entre 1,4 et 1,7 % (et non entre 2,9 et 3,4 % comme je l’avais écrit précédemment). En 2000, il en recevait entre 1,8 et 3,2%. En 2011, entre 1,2 et 1,6.
Parce que l’actionnaire Caterpillar a aussi connu de moins bonnes années, encore récemment. Ainsi, de 2011 à 2014 il ne pouvait espérer (en net) que de 1,2 à 2,1 % de la valeur courante de l’action en dividendes. Mais il y a un moment où il faut offrir un revenu un tant soit peu décent, sinon, ben l’actionnaire, il s’en va voir ailleurs (pourvu qu’il puisse vendre ses actions sans perte) ou n’achète pas, et la valeur de l’action baisse. La crédibilité de l’entreprise avec. Et ses possibilités de refinancement aussi. Or, Caterpillar a, en plus, une réputation de bon rendement à tenir. Alors, oui, le dividende a crû. Mais pas toujours de façon suffisante pour que l’action bénéficie à l’actionnaire.
C’est d’ailleurs devenu un problème général. Prenez d’autres grandes entreprises cotées en bourse (IBM par exemple). Presque toutes font grimper leur dividende de façon continue. Depuis 2008, ils sont carrément déconnectés du bénéfice. Qu’il soit minuscule ou énorme, le montant des dividendes prend 5 à 15% par an, invariablement ! Le mouvement s’est accéléré, chez Caterpillar, à partir de 2011.
Pourquoi cette fuite en avant ? Simplement parce que depuis plusieurs années, les valeurs d’actions stagnent ou jouent au yoyo autour d’un montant qui semble désormais plafonner. Chez Caterpillar, elles ont même baissé ! Autrement dit, l’action perd de la valeur, et l’actionnaire aussi. Pour compenser, des entreprises augmentent systématiquement leurs dividendes. En d’autres termes, l’actionnaire n’est pas « devenu gourmand », il cherche désespérément un rendement quelque part et l’entreprise ne voit d’autre solution que de compenser par le dividende. Pire, aujourd’hui, le marché l’exige : comme quasi toutes les entreprises le font, celles qui ne rejoignent pas le mouvement se mettent en difficulté.
Cette évolution inquiète notamment les… investisseurs. Ainsi, le site d’informations financières Morningstar publiait récemment un article faisant état des inquiétudes de stratégistes de Citi : « Les actions européennes ont été prises en sandwich entre la faiblesse des bénéfices par action et des dividendes plutôt robustes au cours des 12-18 mois. Le taux de distribution a continué de croître car les dirigeants d’entreprises ont mis l’accent sur le versement de dividendes. Cela rend certains investisseurs nerveux ». Selon Merrill Lynch, « une proportion croissante d’investisseurs estime que le niveau de redistribution de dividendes aux actionnaires est aujourd’hui trop élevé. » Morningstar regimbe : « La priorité des managements d’entreprises devrait être l’investissement dans leur outil industriel […] La question qu’il faut alors se poser est : les dirigeants d’entreprises sont-ils à court d’imagination ? Certes l’environnement économique est incertain […] Mais la situation montre également que se focaliser uniquement sur les réductions de coûts […] touchent leur limite. Et verser des dividendes de façon excessive également. »
Autrement dit, ce sont des actionnaires qui s’inquiètent de… la croissance exagérée des dividendes. Et c’est logique, at the end of the day : l’intérêt de l’actionnaire, de l’entreprise et du salarié est le même : la pérennité et une bonne rentabilité (ou un bon salaire).
Caterpillar a donc fait comme les autres entreprises, et remonté son dividende. Parallèlement, elle a baissé ses coûts pour rester profitable, et au passage, rassurer l’actionnaire.
Comment attirer l’actionnaire sur un marché perturbé.
Un actionnaire peut gagner de deux façons. La plus risquée : en espérant une augmentation de la valeur de l’action qu’il a achetée. Ça s’appelle la plus value. Mais une action peut aussi perdre. En 2008, l’action Fortis, un cas extrême, a perdu jusqu’à 99% de sa valeur. L’autre façon, c’est en gros la perception d’intérêts variables, basés en principe sur la performance de l’entreprise et appelés « dividendes ».
J’ai simulé le revenu d’un actionnaire qui a acheté en 2010 et revendrait aujourd’hui. J’ai inclus les dividendes et la plus-value pour calculer son bénéfice net, après impôts (sachant qu’un particulier n’en paye pas en Belgique sur la plus-value).
Résultat : s’il a acheté au plus bas de 2010, soit à 60,34 $, il a fait une belle plus-value sur cette action qui tourne autour de 82 $ cette semaine : 24 %, soit 4% annuels. Il aura aussi touché 3% de son prix d’achat en dividende, en moyenne, par an. Son revenu annuel est donc de 7%. La grande classe, par les temps qui courent.
Mais s’il a acheté au plus haut de 2010, soit à 92,59, et qu’il revend aujourd’hui (par exemple parce qu’il a besoin d’argent), il fera une perte de 12%, soit moins 2% par an ! Or, le rendement de son dividende annuel par rapport à son investissement a aussi été de 2% net. Il n’aura donc rien gagné. D’autres auront gagné plus (ceux qui ont acheté au creux de la vague en 2008), d’autres auront perdu plus (ceux qui ont acheté à 110 € en 2011).
Autre façon de chercher une réponse à la question : « le dividende est-il trop élevé ? » Voyons ce qu’il en est pour l’actionnaire. Le graphique ci-contre montre l’évolution des dividendes en pourcentage de la plus haute, et de la plus basse cote de l’année, ainsi qu’au centre, la moyenne des deux (corrigé suite au split-share de 2005). On voit que le montant des dividendes par rapport à la valeur d’action a déjà été bien plus haut qu’aujourd’hui. On notera aussi qu’il remonte en flèche depuis quelques années. Cela peut s’expliquer par une hausse du dividende, mais les crètes indiquent surtout une baisse du cours de l’action (donc une perte virtuelle pour l’actionnaire).
On dit que Caterpillar compresse les coûts pour tenter de maintenir un bénéfice qui, néanmoins, ne cesse de baisser. Ce n’est pas correct. La compression des coûts n’est pas (uniquement) rendue nécessaire par le besoin de servir l’actionnaire, elle l’est aussi du fait du ralentissement cataclysmique du marché. Ce n’est donc pas là que le bât blesse fondamentalement. Mais plutôt au niveau de l’utilisation du bénéfice.
Benne et fils.
Le bénéfice net sert globalement à trois choses : alimenter l’entreprise en liquidités, investir en machines ou en recherche et développement, et payer les actionnaires. Donc, plus on utilise le bénéfice pour payer l’actionnaire, plus on doit réduire les deux autres postes, fondamentaux pour l’entreprise. Or, Caterpillar n’a pas réduit fondamentalement la recherche et le développement, selon les chiffres du holding aux USA. En revanche, ce qui augmente, ce sont les intérêts payés par Caterpillar. Autrement dit, d’une manière ou d’une autre, l’entreprise s’endette (un peu) pour payer les actionnaires. Et ça, c’est tordu. Mais beaucoup d’entreprises en sont venues là.
Parce que l’actionnaire est méchant ? Non. Parce que sur un marché où les taux d’intérêts sont microscopiques, où le pétrole dégringole, où les incertitudes sont légion, celui-ci cherche le meilleur rendement en bourse.
On peut néanmoins s’interroger sur le coût de cet actionnaire, puisé sur le revenu dont une part pourrait, en principe, aller aux salariés. Autrement dit, il est légitime de se demander si le partage entre actionnaires et salariés est équitable.
Le résultat de la croissance à pas forcés des dividendes, c’est que sur un bénef après impôts de 2,11 milliards en 2015, Caterpillar a distribué 1,76 milliards en dividendes. Soit 83 % de son bénéfice ! C’est près de deux fois plus que l’année précédente. En même temps, cela représente moins de 4 % de la valeur totale des actions, 3,7% du chiffre d’affaires, et 17 % du coût salarial.
Une chose semble expliquer ce taux élevé : l’entreprise souffre de la baisse du pétrole, du ralentissement des pays émergents et de la stagnation des pays occidentaux, notamment de l’Europe. Or, Caterpillar a une bonne réputation boursière qu’elle veut (ou doit) maintenir. Le haut dividende distribué montre en quelque sorte que la société a confiance en elle-même. Elle peut se le permettre pour l’instant, mais ça devient cher payé.
Le graphique ci-contre (corrigé) est d’ailleurs inquiétant. Il montre l’évolution du chiffre d’affaires (en bleu), des salaires (en vert), du nombre de salariés (en orange) et du dividende (en rouge). Le tout calculé par-rapport à la situation en 2005 (base 100). Il montre clairement que, hormis en 2009 (où il a été supérieur, crise aidant), le montant consacré aux salaires (autour des 10 milliards de dollars bon an, mal an) a toujours été relativement proche de la courbe du chiffre d’affaires alors que l’évolution des dividendes est totalement déconnectée de la réalité de l’entreprise. Mais le (gros) problème, c’est que le dividende continue à grimper alors que, depuis 2012, le chiffre d’affaires plonge.
Le graphique suivant, montre le rapport entre dividende et bénéfice depuis 2006 (avec un gap en 2007 et 2009). Alors que le premier ne cesse d’augmenter, le second joue au yo-yo. Mais au final, ce que ce graphique dit à nouveau, c’est aussi qu’il n’y a pas de rapport direct entre le bénéfice et les dividendes. Quand le bénéfice n’est pas au rendez-vous, l’entreprise puise donc sur ses réserves.
La question à cinq balles, alors : est-ce que la gourmandise de l’actionnaire en dividendes est la raison de la fermeture de Gosselies ? Réponse claire et nette : non ! D’abord, parce que si on n’avait pas limité le personnel en 2013/14 à Gosselies, la perte de, mettons, 80 millions qui aurait affecté le résultat belge en 2015, n’aurait diminué le bénéfice total du groupe mondial que de 3,8%. Ça n’aurait probablement même pas eu d’effet sur le dividende.
Ensuite, parce qu’il n’y a pas de corrélation entre dividende et emploi. La hausse très forte du dividende de 2007 et 2008 n’a pas affecté le nombre de salariés. Mieux : le taux d’employés par milliard de chiffre d’affaires est pratiquement identique en 2015 et en 2004, alors que le taux de dividende a bien augmenté. Encore mieux : le coût salarial par employé a même augmenté, de 82.000 en 2004 à 98.000 en 2015 !
Bref, il n’y a pas, ou très peu, de corrélation entre le dividende et l’emploi chez Caterpillar. Il y a en revanche une corrélation entre l’emploi et le chiffre d’affaires.
Mais même s’il y a une influence probable des réductions de coûts dûs à la course folle au dividende, celle-ci est elle-même due à la crise. Ce que les travailleurs de Gosselies paient donc avant tout, c’est bien la crise économique. La baisse du pétrole. Le ralentissement dans les pays émergents.
Ils paient aussi la plus grande difficulté à licencier en Belgique (avec des préavis pouvant aller jusqu’à 2 ans), comparée à des pays attardés sociaux où l’on peut licencier du jour au lendemain, presque sans frais. Heureusement, le chômage technique permet de réduire l’effet des mesures de protection sociale. Caterpillar en a souvent profité, à raison, puisqu’il est sur un marché très fluctuant. Mais la chèreté relative de l’emploi entre l’Europe du Nord et l’Europe de l’Est, et plus encore en comparaison avec la Chine, rend le choix de rester en Europe plus hasardeux.
Les politiques doivent donc se demander si la Belgique est toujours un pays attractif, si elle offre une qualité et une productivité suffisamment supérieures pour justifier le coût salarial.
À cela, il faut peut-être ajouter l’activité syndicale assez intense sur le site. Je n’ai pas pu vérifier, mais on parle de 28 jours de grève en 2014 et 2015, dont la moitié de grève sauvage. J’imagine que, comme le PTB, celui qui a calculé ce chiffre ravageur pour les syndicats a mis ensemble les microgrèves d’atelier et les grèves générales. Mais ce que l’entrepreneur américain voit, c’est « 28 jours en 18 mois ». Autrement dit, un pays non seulement très cher, mais en plus très remuant. Sachant que nos salariés sont en concurrence avec des Vietnamiens, des Chinois, des Bengladais, et toute l’Europe de orientale.
Les syndicats doivent donc se demander s’ils ne sont pas devenus trop prompts à utiliser l’arme de la grève (le ralentissement syndical étant aussi une forme de grève, dès lors qu’il pèse sur la production).
Néanmoins, la crise reste le coupable numéro principal. Car si la situation avait été meilleure, la norme Tier-4, qui faisait la fierté de l’outil, aurait peut-être été adoptée hors de l’Union européenne. Caterpillar Gosselies aurait de toutes façons vendu plus de machines. Et la qualité du travail des salariés hennuyers aurait alors fait passer le coût de notre emploi quasi inaperçu.
Ce qui nous rappelle qu’être compétitif, pour un pays comme la Belgique, signifie aussi être au top. Avoir des réseaux ultra-performants (pas des trains en retard). Des routes ultranettes (pas des trous partout et des travaux en tout sens). Un système fiscal simple et profitable (pas un magma régionalisé). Nous avons peut-être oubliés que l’image de qualité indispensable pour justifier nos garanties sociales et nos salaires doit être maintenue si l’on veut continuer à héberger et attirer des entreprises étrangères.
Bref, l’actionnaire n’est pas l’horrible coupable du départ de Caterpillar. Même s’il est choquant qu’un groupe qui licencie deux milliers de personnes en Belgique, et en laisse plus encore sur le carreau dans le Hainaut et ailleurs, continue à augmenter ses dividendes. Et même si les 18 millions annuels que le CEO, Doug Oberhelman, s’est octroyé en 2015, représentent le coût de quelque 350 salariés belges, et est à lui seul comparable au bénéfice de Gosselies en 2015 !
Car la vraie question qui se pose à nous, et à laquelle le monde politique, syndical, ouvrier, journalistique répond tragiquement « moui » d’avance en cherchant à démontrer que l’entreprise a fauté d’une manière ou d’une autre, c’est : « avons-nous, tout fait pour maintenir l’attractivité qui a fait venir Caterpillar à Gosselies en 1964, et qui l’a maintenue là plus d’un demi-siècle durant ? » Je pense que la bonne réponse est plutôt : non !
Il y en a une autre. On peut se demander si les malheureux licenciés de Gosselies ne payent pas l’ouverture extrême de l’Europe au marché du travail chinois, entré dans l’OMC en 2001. Mais en même temps, c’est peut-être aussi ça, la solidarité mondialisée. Depuis lors, la misère a reculé, et la faim aussi. Les travailleurs belges paient en partie le prix de l’émancipation d’autres travailleurs, qui vivaient voici dix ans encore dans des conditions dignes du pire de notre XIXe siècle.
Les (quelques) très gros actionnaires, eux, s’en fichent. L’argent n’a pas d’odeur. Ni le travailleur qui le produit. Et pourtant, sans actionnariat, il n’y a pas d’entreprises. Et pas de travail. Nulle part. Eh oui, la solidarité peut avoir bien des visages.
Sachant que cet article m’a pris trois jours à raison de 7,37 h syndicales par jour, que tout travail mérite salaire, et que mon revenu annuel est inférieur à celui d’un bon mécanicien de Gosselies, n’hésitez pas à contribuer à l’amélioration des conditions de travail de ce prolétaire à raison de deux euros minimum. Allez zou. Et n’hésitez pas à puiser sur vos intérêts notionnels.
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Pije
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septembre 07, 16:28Eridan
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septembre 11, 12:09Jean-Claude Du Cru
octobre 06, 16:01Eridan
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septembre 08, 11:27Mazichre
octobre 02, 12:37Eridan
septembre 07, 20:33marcel
septembre 08, 11:28Eridan
septembre 08, 14:03marcel
septembre 08, 21:00moinsqueparfait'
septembre 07, 21:30Philippe
septembre 08, 14:03moinsqueparfait'
septembre 08, 21:24Philippe
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septembre 13, 07:52Philippe
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septembre 21, 11:54stephangerardg1
septembre 07, 22:54Eridan
septembre 09, 16:55marcel
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septembre 11, 12:43Irène Kaufer
septembre 08, 08:12u'tz
septembre 08, 22:51Capucine
septembre 08, 09:03Philippe
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septembre 08, 21:02marcel
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septembre 08, 21:38Pfff
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septembre 10, 13:55Jester
septembre 08, 10:15Sébastien Robeet
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septembre 08, 11:36Sébastien Robeet
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septembre 08, 20:31Philippe
septembre 09, 09:20marcel
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septembre 11, 09:49Philippe
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septembre 13, 08:10Philippe
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septembre 13, 11:29Eridan
septembre 09, 09:34marcel
septembre 10, 12:23Eridan
septembre 10, 18:50marcel
septembre 11, 09:55Philippe
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septembre 13, 08:14Eridan
septembre 09, 09:37Jester
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septembre 10, 14:50Eridan
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septembre 08, 20:51Louis-philippe Tilmant
septembre 08, 12:37Philippe
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septembre 09, 08:39Philippe
septembre 08, 15:08Véronique Rousseaux
septembre 08, 15:55Darth Ph11
septembre 11, 12:33Eridan
septembre 12, 17:24Nicola Tournay
septembre 08, 15:59Shanan Khairi
septembre 08, 16:02marcel
septembre 08, 21:02Shanan Khairi
septembre 10, 15:26Eridan
septembre 10, 19:00marcel
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