Exclusif. Alexandre Perrin n’est pas @Skyzelimit. De nouveaux documents le montrent. MAJ.
MISE A JOUR AU BAS DE L’ARTICLE : SELON SES METHODES, DENIS ROBERT POURRAIT IMPLIQUER UN ACTEUR FRANÇAIS CONNU.
Alexandre Perrin n’est pas Gordon Gekko aka @SkyZeLimit comme le prétend le journaliste Denis Robert. Les documents dont je dispose, les témoignages et l’analyse de la méthode utilisée par l’équipe de Denis Robert me permettent de conclure que la probabilité que SkyZeLimit soit Alexandre Perrin, le jeune analyste vivant à Londres, est journalistiquement nulle.
L’impossibilité d’avoir des preuves irréfutables sur les réseaux sociaux, hormis les logs de Twitter pratiquement impossibles à obtenir, même par voie judiciaire, rend toute recherche de vérité plus complexe que dans la vraie vie. Le faisceau d’indications doit être massif et cohérent. Tout doute doit aller au bénéfice du sujet. Et c’est ce que l’équipe de Denis Robert a omis de faire. Gravement.
Toute enquête doit aussi se baser sur des documents difficiles à imiter, même via Photoshop. Je me suis donc efforcé de travailler le plus souvent possible en demandant aux interlocuteurs de me fournir très rapidement tous les documents que je demandais, excluant ainsi toute falsification. Il s’agissait notamment des preuves qu’Alexandre Perrin se trouvait à un endroit donné à un moment donné, de ses diplômes, de captures d’écran de sa première conversation avec Ali Bodaghi, aka @zebodag, autre twittos outé par Denis Robert. Dans tous les cas, ils m’ont fait parvenir les documents demandés dans un intervalle qui rend toute falsification impossible.
Je vais donc ici démontrer que Denis Robert n’a pas tenu compte d’une quantité impressionnante de faits qui contredisaient sa théorie. Ceci ne met pas en cause les autres travaux du même journaliste. Chaque enquête a ses particularités. Mais Denis Robert s’est aventuré ici dans un monde virtuel dont il ne maîtrise ni les codes ni les habitudes. Il ne comprend pas le principe d’incertitude absolue qui doit prévaloir à toute tentative d’approche des faits : sur les réseaux, une photo ne signifie rien, un nom ne prouve rien, un âge non plus, et vous pouvez être persuadé de parler à une femme de 18 ans alors qu’à l’autre bout de la discussion, il y a un homme de 85 ans.
Je n’aborderai pas l’opportunité de l’outing, ni le caractère parodique ou épouvantable du compte Gordon Gekko. Sauf à constater que s’ériger en juge et décider quels anonymats sont violables ou non, est une posture incompatible avec les valeurs sociales, démocrates, et les principes les plus élémentaires de justice. Nos constitutions se basent sur l’idée d’égalité de droits. Qu’est-ce qui empêchera un journaliste affilié au Front National de se revendiquer demain de Denis Robert pour lâcher à ses lecteurs ou à ses réseaux les vrais noms et adresses de journalistes pseudonymés, de Twittos cachés pro-CGT ou de comptes parodiques antifascistes sur base de « ses convictions » ?
En dénonçant Alexandre Perrin, avec une violence inouïe de surcroît, sur base d’élucubrations, Denis Robert montre qu’une telle entreprise est susceptible de faire des victimes innocentes. Oui, le mot victime est de mise, parce qu’Alexandre n’a commis aucun crime et n’avait même pas de compte Twitter actif !
Mes sources
J’ai d’abord interviewé @jabial. Je supposais qu’il était en contact avec Ali Bodaghi (@Zebodag) qui m’avait bloqué sur Twitter. Il n’a pas pu me mettre en contact direct parce que Bodaghi l’avait… bloqué lui aussi. Une façon cocasse de montrer que le fantasme d’organisation secrète ne tient pas la route.
Je voulais contacter Ali Bodaghi parce qu’il avait dit sur Twitter avoir dîné avec Alexandre Perrin. Il m’a mis en contact avec lui. Alexandre Perrin m’a transmis son passeport entier, daté de novembre 2010, attestant de ses déplacements dans les pays exigeant un visa, ses diplômes, des parcours de jogging enregistrés sur Internet prouvant où il était à certaines dates cruciales , la preuve qu’il travaillait bien dans l’entreprise citée sur son compte LinkedIn (notamment par un mail envoyé depuis l’entreprise) ainsi que celle qu’il ne connaissait pas Ali Bodaghi avant ce dîner. Cette preuve est simple : une capture d’écran de leur premier contact, qui m’a été envoyée par l’un et par l’autre suffisamment rapidement pour qu’elles n’aient pas pu être photoshoppées.
Denis Robert affirme pour sa part qu’ils se connaissaient avant ce dîner mais ne peut dire ce qui lui permet de l’affirmer. Choisis ton camp, lecteur !
Une malhonnêteté et un mensonge.
Le même Denis Robert affirmait dans Arrêt sur Images que je ne l’avais jamais contacté. C’est vrai factuellement, mais intellectuellement malhonnête de sa part : je ne lui ai pas parlé personnellement, parce que la journaliste belge qui a été à l’origine de l’affaire, et qui la suivait de près après l’outing de son « harceleur » (@beluxguy) par la collègue de Denis Robert, Myriam Tonnelotto aka @lavoieduchat, m’a recommandé de m’adresser à cette dernière. Myriam m’a à son tour expliqué que Denis Robert n’avait pas toutes les données. Je ne voyais donc pas pourquoi le contacter dès lors que Tonnelotto pouvait me fournir les explications.
Dans l’émission d’Arrêt sur Images, quand je dis que j’ai contacté Myriam, Denis affirme que je me serais fait passer pour quelqu’un d’autre auprès d’elle. Ci-contre la copie d’écran de ma demande d’information par message privé Twitter. Je pense que ceci prouve qu’il ment.
Myriam a souhaité continuer par téléphone. Elle m’a confirmé que la preuve de départ était bien le compte StockTwit (l’un des premiers résultats quand on tape @skyzelimit sur Google…), qu’elle n’avait pas d’adresse IP ou de choses de ce genre. De même, pour le fait que @SkyZeLimit avait vécu à Singapour, il s’agissait du compte StockTwit et des articles parus dans Bilan et sur le blog Paris-Singapore. Je possédais aussi déjà ces articles et j’avais envoyé une demande d’information au blog Paris-Singapore à laquelle il ne m’a jamais été répondu.
Très sympathique, Myriam m’a expliqué qu’ils étaient partis du nom Alex Perrin pour trouver celui qui se cachait derrière Gordon Gekko. Ils ont donc googlé un Alex ou Alexandre Perrin qui aurait vécu à Singapour ou au Japon. Ils sont rapidement tombés sur le compte LinkedIn d’Alexandre Perrin, jeune londonien, qui a bien la ville de Singapour dans son CV.
Un autre mensonge brandi comme preuve.
Persuadés d’être tombé sur la bonne personne, ils ont publié son adresse LinkedIn dans l’article paru ensuite sur le Facebook de Robert. Alexandre Perrin a alors vu affluer des commentaires d’insultes et de menace. Il a donc mis son compte en mode privé. C’est donc bien l’action de Denis qui a provoqué cette mise en privé. Denis Robert l’utilise pour prouver la culpabilité d’Alexandre Perrin, affirmant qu’il a effacé son Linkedin. Il ment. Si Alexandre Perrin avait effacé son compte LinkedIn, il aurait perdu toutes les informations qu’il contenait et aurait dû tout reconstruire de A à Z. Mais surtout, il aurait perdu les 500 relations qu’il avait. Il m’a fallu plusieurs mois pour recueillir un tel nombre de relations LinkedIn, et j’ai pourtant plus de 10.000 abonnés Twitter (entre autres). Alexandre Perrin n’aurait jamais pu les recueillir en quelques jours parce qu’il ne faut pas seulement contacter au moins 500 amis potentiels, il faut aussi le temps que ceux-ci répondent. Or, certaines demandes n’aboutissent qu’après plusieurs semaines !
Le seul élément factuel qui semble avoir convaincu la petite équipe que leur cible était la bonne sont les noms de hautes écoles de renom figurant sur la page LinkedIn d’Alexandre Perrin puisque c’est un des arguments que Denis Robert utilise dans sa diatribe : « Il avait pourtant tout pour être heureux sans devoir casser du beur (sic) ou du nécessiteux (sic) : école privée suisse, Westiminster (sic), Harvard, l’Imperial College of London, HEC… Au passage, il profite du fond d’aide public ’Erasmus’ pour étudier à Madrid, voilà une place qu’un gamin moins aisé n’aura pas eue… »
Démolition de la première preuve.
Examinons d’abord le compte StockTwit, un réseau social inspiré de Twitter mais pour boursicoteurs. Il a été ouvert en 2010. Alexandre avait alors 20 ans. Il y a trois coïncidences troublantes avec le compte Twitter Gordon Gekko : l’adresse des deux comptes est @SkyZeLimit et tous deux affichent la photo de Gordon Gekko, un trader. Autre coïncidence : dans l’article publié dans Paris-Singapore, Gordon Gekko affirme habiter Singapour et être trader, tout comme dans StockTwit. Mais dans les deux cas, rien ne prouve qu’il dit la vérité. Or, s’il ment, aucune des informations reprises sur le compte StockTwit n’est fiable et on ne peut rien en tirer. On doit donc rejeter tout le document. C’est aussi simple que ça. Pour s’en convaincre, il suffit de visiter le compte SkyZeLimit actuel. Où l’on apprend qu’un certain Denis Robert, de Metz, cherche à ouvrir un compte au Panama.
Contrairement au compte Twitter qui est au nom de Gordon Gekko, le compte StockTwit est au nom d’Alex Perrin. Denis Robert en conclut que son possesseur s’appelle bien Alex ou Alexandre Perrin. Erreur. D’abord, on peut s’inscrire sous n’importe quel nom (la preuve ci-contre). Rien ne prouve que @SkyZeLimit ait mis son vrai nom sur StockTwit (la preuve ci-contre). Ensuite, Alex est un prénom tout comme Alexandre. Rien ne montre qu’il s’agiRAIT du diminutif. Rien ne montre non plus qu’il s’agiRAIT d’un homme. Ça pourRAIT être Alexandre. Ou Alexeï. Ou Alexis. Ou Alexia.
Si l’on part du principe que le compte est « sincère », c’est-à-dire que les informations qui sont dedans sont correctes, on peut estimer qu’il y a une possibilité pour qu’il s’agisse d’un Alexandre Perrin. Mais dans ce cas, il faut aussi considérer que toutes les autres informations sont correctes. Sinon, on sélectionne ce qui nous arrange et avec ce genre de méthodes, on peut arriver à prouver que Martinez et Sheila ne font qu’un. Déjà que j’ai prouvé avec la même méthode, ci-dessus, que SkyZeLimit et Denis Robert ne font qu’un. Faisons le test.
1. Skyzelimit est « Murex consultant in Singapore, previously in Japan ». Or Alexandre Perrin de Londres n’a jamais travaillé chez Murex, qui produit des logiciels, ni été consultant Murex. Il n’a travaillé que trois mois à Singapour, en stage, en 2014 et jamais au Japon, où il n’a jamais été. Il suffit de lire son CV sur LinkedIn pour le savoir. Donc, ce n’est pas Alexandre Perrin.
2. SkyZeLimit habite Singapour. Alexandre Perrin habite Londres. Donc, Gordon Gekko n’est pas Alexandre Perrin. Denis Robert écrit pourtant« Il sévit comme trader à la City de Londres. » Ah bon ? Il n’est plus à Singapour comme le précise la preuve ? Ben non, dans la preuve de base, on prend ce qui colle et on rejette ce qui ne colle pas. C’est juste gros comme une maison. Alors, Denis Robert bidouille et pond : « Entre Londres et Singapour, Gordon le trader travaille pour Terrafirma. » Or, depuis qu’il travaille pour Terrafirma, Alexandre Perrin n’est jamais allé à Singapour. Comment je le sais ? J’ai son passeport avec tous ses visas depuis 2010. Car, il faut un visa pour aller à Singapour. Denis Robert a donc manipulé la preuve.
2. Aujourd’hui, Alexandre Perrin de Londres est spécialisé en Private equities (capital privé) et fonds LBO. Or, Skyzelimit ne parle pas de fonds LBO — une spécialité précise et les financiers aiment la précision —, mais se décrit comme « swing trader », ce qu’Alexandre Perrin n’est pas. Il suffit de lire son CV pour le savoir. Là aussi, ça plante.
3. Le lien vers le blogspot http://alexp.blogspot.sg qui se trouve au bas de la description mène vers une page publiée en juin 2002, contenant deux articles en anglais. Dans l’un des deux articles, Alex (et non Alexandre) raconte que ses vacances de printemps étaient nulles, et qu’il a pour la première fois roulé 200 km sur l’Interstate (la route nationale aux USA). En 2002, Alexandre Perrin de Londres avait… 13 ans. Il n’aurait pas eu son permis. Ce n’est donc pas Alexandre Perrin.
Cette étonnante information n’a pas intéressé Denis Robert. Elle est pourtant intéressante à d’autres égards : nous allons voir que dans l’interview du Paris-Singapore, Gordon Gekko affirme avoir 33 ans en 2012. Cela signifie qu’il aurait eu 23 ans en 2002. Ça colle : un étudiant de 23 ans qui fait pour la première fois 200 km.
Donc, dans les deux cas — compte inventé (ce qui est logique pour un Gordon Gekko parodique) ou informations sincères (ce qui est un minimum pour un professionnel) — Alexandre Perrin n’est pas SkyZeLimit. Ah ben maintenant, encore moins, évidemment, puisque c’est un certain Denis Robert qui vit entre Metz et Singapour… toute ressemblance étant bien entendu confondante !
Démolition de la seconde preuve.
L’équipe de Denis a une seconde preuve, qu’elle utilise pour recouper la première. Il s’agit de l’article du Paris-Singapore. C’est de là que le journaliste tire l’info quand il écrit : « On le comprend, son grand âge (la trentaine) et son expérience de la vie lui permet de vociférer ‘qu’il a assez donné’. Alex explique qu’il roule en Lamborghini. Une vieille Jaguar j’aurais compris, mais la Lamborghini, plus encore que la Ferrari ou la Maserati, c’est au moins une faute de goût.»
Pour la trentaine, il va la chercher dans la phrase de Gordon Gekko : « Je suis arrivé à Saint-Gap l’année de mes 33 ans, je m’en souviens très bien d’abord parce que c’était précisément cette année (2012) et qu’ensuite c’était juste avant l’année fiscale Japonaise qui commence en avril. » Pour la Lamborghini, c’est la phrase « Après faut s’imaginer sur la PIE via la CTE en deuxième sur la Lamborghini pour vraiment apprécier tous les charmes de la Cité-Etat. » En reprenant toutes ces informations, le journaliste montre qu’il prend donc l’article au sérieux. Gekko continue : « J’attendais un gros bonus qui n’arrivait que fin février et au Japon il allait sérieusement se faire amputer : pays en crise, manque de liquidités et tout ça. Du coup direction le soleil de Singapour. » Nous sommes confrontés au même problème que pour la première preuve : nous ne savons pas si @SkyZeLimit dit vrai ou pas. S’il ment, la preuve ne vaut rien et est à jeter. S’il dit vrai :
1. En 2012, année de publication de l’article, Alexandre Perrin n’a pas 33 ans mais 22. Il n’est pas à Singapour mais à Londres. Il n’a pas de Lamborghini. Il n’a jamais été au japon (déclaration sur l’honneur, corroborée par son passeport qui ne contient aucun visa japonais depuis novembre 2010). Il n’a même pas été à Singapour. Alors, comment connaît-il les routes locales ? Comment a-t-il pu travailler comme trader au Japon chez Murex pendant qu’il était en train d’étudier et de faire des stages ?
2. Refaisons le parcours d’Alexandre de 2010 à nos jours.
De juillet à décembre 2010, il était en stage à Paris. Ensuite, il était en Erasmus à Madrid, en été 2011, il était à Harvard, de 2011 à 2012, il était en Business Master à Paris. De juin à septembre 2012, il était en stage à Zurich, de septembre 2012 à juin 2013, il était en postgraduat à Londres. L’été, il était en stage à Londres. En 2013-2014, il était en HEC à Paris. L’été 2014, il était en stage à Singapour. De septembre 2014 à janvier 2015, il était en stage chez Edmond de Rotschild. En janvier 2015, il décrochait son tout premier job. Et un an plus tard, en février de cette année, il démarrait dans une entreprise à Londres, où il est aujourd’hui en période d’essai. Tout ceci est corroboré par les diplômes d’Alexandre Perrin. Expliquez-moi comment il aurait pu être « trader » au Japon avant 2012 ?
En réalité, les preuves utilisées par Denis Robert ne correspondant jamais (j’écris bien jamais) au profil d’Alexandre Perrin. Et là, on se demande si c’est de l’amateurisme avec un grand A ou de la folie : chaque fois qu’on fait remarquer à Denis Robert que quelque chose cloche, il explique que ce n’est pas important, ou qu’on a manipulé des choses, ou que c’est Alexandre Perrin qui est manipulé depuis des années par… Ali Bodaghi (qu’il connaît depuis une semaine).
On se demande dans quel état est le journalisme aujourd’hui pour qu’aucun journal (l’Obs, Rue89, Le Temps…) n’ose conclure, déjà rien que sur cette base, que Denis Robert manipule les preuves, et s’acharne sur un garçon qui a la moitié de son âge parce qu’il aurait [Mode Denis Robert ON] travaillé chez Rotschild (des Juifs…) ou fréquenté « Bigoudi » (c’est comme ça qu’il appelle Ali Bodaghi — un peu comme Le Pen se moque des noms arabes) [Mode Denis Robert OFF]. Non, sérieux. Alexandre Perrin n’est pas le type qu’on cherche, point.
De nouveaux documents confondants
Mais aujourd’hui, il y a encore mieux. Deux Twittos qui suivaient Gordon Gekko depuis des années m’ont confirmé qu’en mars 2011, @SkyZeLimit donnait des informations très précises sur le tremblement de terre, et sur Fukushima. Comme il a effacé son compte, ses twits ont disparu. Mais les réponses à ceux-ci montrent que ses abonnés le savaient sur place.
Ses informations étaient si précises et fraîches que la RTBF a demandé s’il acceptait de passer en radio (ce qu’il a refusé). Pour une journaliste française qui, elle aussi souhaite garder l’anonymat (avoir suivi Gordon Gekko peut aujourd’hui être vu comme un crime…) tout comme Robin Cornet (RTBF), il était bien sur place et le ton de ses twits étaient inhabituels. Une twiteuse lui demande « combien il y a de gradations sur l’échelle Shindo ? » Ce qui signifie qu’il a envoyé des informations locales. Une autre : « On croise les doigts pour vous et le Japon ». Elle lui demande aussi si son big boss « rapatrie ses expats ». Un autre lui demande si « les alertes sont à la télé ». À ce moment-là, Alexandre Perrin était à Paris. Le 8 mars, il enregistrait un jogging (j’espère que la carte vous rappelle une capitale française) et le 19 il passait un examen d’anglais. Je dispose de ses résultats qui attestent qu’il était sur place.
Là, Denis Robert hésite entre la stupeur et le tremblement (de terre).
Gordon Gekko était d’ailleurs au Japon depuis longtemps, puisque le 30 décembre 2010, il envoyait un paquet de produits japonais à un ami (Rubin Sfadj) qui commentait « trop fort ce @SkyZeLimit » À cette époque, Alexandre Perrin de Londres était en stage, toujours à Paris.
Et ce n’est pas tout : le site Twitpics a retenu un certain nombre de photos qui accompagnaient des twits de @SkyZeLimit. Le 8 mai 2011, il était à Bali. Alexandre Perrin était à Paris. Les deux noms comportant un a et un i, pour Denis Robert, ça pourrait constituer un indice, mais pour moi, c’est vraiment trop loin l’un de l’autre géographiquement parlant. Sur le passeport d’Alexandre, pas trace d’un visa à ce moment-là.
Le 6 avril 2011, Gordon Gekko publiait des photos de « son quartier ». À moins d’être à Chinatown ou dans le 18e arrondissement, ça ressemble furieusement au Japon. Le 4 juin, il photographiait un lampadaire et précisait qu’il était à Nagoya.
Alexandre Perrin est partout, sauf là où se trouve Gordon Gekko.
Enfin, si ça ne suffisait pas, il y a cette capture d’écran d’un bouquin qui évoque un monsieur et une madame Gekko avec deux enfants, dont @SkyZeLimit dit en plaisantant qu’il « n’est pas loin de la vérité ».
Combien « pas loin » ? On ne sait pas. En fait, on ne sait rien. Mais Alexandre Perrin n’est pas marié, n’a pas d’enfants, n’a jamais été au Japon et y a encore moins vécu, n’était pas à Bali quand Gekko y était, est passé à Singapour deux ans après lui. Il a 11 ans de moins, il n’est pas trader, il ne travaillait pas encore quand Sky avait déjà de la bouteille, il faisait ses études et du jogging à Paris quand l’autre subissait le tremblement de terre au Japon. Aujourd’hui, il est à Londres quand le faux Gekko dit être à Singapour. Il est Suisse et non français.
Bref, partout où l’auteur du compte Twitter parodique est, Alexandre n’est pas.
Reprenons quelques extraits de l’article de Denis Robert et plaçons un FAUX partout où il élucubre : « Il a la trentaine » FAUX. « Il sévit comme trader » FAUX« [Il casse] du beur ou du nécessiteux] FAUX. Il est «pauvrophobe » FAUX « Il adore les ‘pauvres’ mais dans le rôle d’esclaves » FAUX. « Il aime aussi la domination masculine et ethnique.» FAUX « Entre Londres et Singapour» FAUX « Alexandre ne s’est pas satisfait de sa carrière fulgurante » FAUX « de trader » FAUX« Il a voulu jouer de son anonymat pour casser du ‘pauvre’» FAUX. « À son niveau de rémunération » LEQUEL ? VOUS NE LE CONNAISSEZ PAS. « Alors le jeune homme tweete… » FAUX « On le comprend, son grand âge (la trentaine) » FAUX « et son expérience de la vie » AUCUNE « lui permet de vociférer ‘qu’il a assez donné’ » FAUX. « Alex explique qu’il roule en Lamborghini.» FAUX« Sur les réseaux sociaux, la longue liste de ses haines pathologiques défile sans discontinuer.» FAUX « Pourtant, notre homme est bel et bien Trader. » FAUX. « Sur les photos, il ressemble à une caricature des jeunesses UMP ou FN. » FAUX «D’ailleurs Alexandre, le bien éduqué, parle un peu comme ses copains du Front.» FAUX « Il préfère ainsi à l’étudiant noir l’arme qui l’a dégommé.» FAUX « Il n’aime pas les femmes libres. » FAUX « Ne supporte pas les homosexuels » FAUX « les roumains » FAUX « les musulmans » FAUX « les grévistes » FAUX, « les jeunes » FAUX , « les intellectuels » FAUX « et les pauvres.» FAUX.
Quand Denis Robert fait l’info. Ou plutôt l’un faux.
Toutes ces information étaient sur la toile. Elles étaient disponibles pourvu qu’on cherche un peu. Les twitpics et les réactions au tremblement de terre m’ont été envoyées par Robin Cornet, spécialiste web à la radio publique belge (chapeau bas au service public). Dès le début, le profil d’Alexandre ne collait pas à celui de Gekko. Mais ce n’était pas à nous de prouver que Denis Robert et son équipe avait tort, c’était à eux de pousser l’enquête jusqu’à obtenir des éléments confondants. Ils ne les ont jamais eu. Jamais produits. Ce n’était pas à moi d’appeler Alexandre pour en savoir plus, c’était à eux, et ils ne l’ont pas fait.
On me reproche de « m’en prendre à Denis Robert. » Mais bon sang, il est professionnel, il dispose d’un accès privilégié à toutes les chaînes, il est responsable de ses actes et de la qualité de ses enquêtes. Il est censé acquérir une certitude raisonnable, juste ça déjà, avant d’accuser. Il a la charge de la preuve. La médiocrité abyssale de ce travail est confondante, abrutissante. Elle compromet tout ce qu’il a pu publier auparavant. C’est pathétique. Pire. Dans cette histoire, hormis Arrêt sur Image et quelques autres, personne n’a osé chercher plus loin que l’information qu’il colportait. On a lynché (oui, Jean Quatremer : c’est du lynchage médiatique, ça !) un jeune homme sans histoire, on l’a qualifié des pires noms, accusé des pires crimes, on a envoyé les plus hystériques parmi les 26.000 abonnés de Denis Robert sur sa page Facebook, on l’a déstabilisé dans son travail, compromis sa carrière ! Et au-delà de ça, on a compromis le journalisme, sa crédibilité, son sens, l’idée même de déontologie !
Ce n’est pas à un jeune homme discret de 26 ans qui n’a rien demandé à personne et n’a cherché à apparaître nulle part de supporter les conséquences de l’hystérie verbale de Denis Robert et des centaines de ses supporters qui l’ont harcelé pendant des jours pour satisfaire la haine des banquiers d’un grand journaliste (oui, ça n’efface rien de ce qu’il a produit avant) qui a, pour le coup, joué le polémiste à la petite semaine parce que les nouvelles technologies lui échappent.
Il ose, ensuite, affirmer qu’il est pour la liberté d’expression. Mais non, Denis Robert. On ne peut à la fois être Voltaire et Robespierre.
Vos excuses sont attendues. Ou alors, produisez des preuves. Des vraies, cette fois. Et pas un twit d’un compte satirique que, comme le reste de la vapeur qui flotte au-dessus des réseaux, vous avez pris au sérieux, et que vous interprétez comme le reste : pour que ça colle avec le coupable que vous vous êtes offert.
MISE À JOUR : UN ACTEUR FRANÇAIS CONNU IMPLIQUÉ ?
Puisque tout a un sens sur Internet selon nos spécialistes lorrains (Myriam Tonnelotto, Denis Robert par exemple), une de mes lectrices m’a fait parvenir ce lien troublant. Il est au nom de Fperrin, François Perrin. Personnage mythique du cinéma français créé par Francis Veber (Les Compères, le Jaguar… tiens, tiens). Qui a créé ce compte ? On ne sait pas. Toujours est-il qu’il a été ouvert le même mois et la même année que celui d’Alex Perrin et que les spécialisations reprises dans le descriptif sont exactement les mêmes. Même mois, même année, même nom de famille, même descriptif… Ça fait quand même quatre coïncidences. Et si, en créant Alex Perrin, notre SkyZeLimit avait seulement en tête un nom français très commun ? Et si, pour plaisanter, il avait en même temps ouvert d’autres comptes fantaisistes comme celui de François Perrin ? Il pourrait même avoir laissé un signe : le personnage fut joué la première fois par… Pierre Richard. Avec un patronyme comme ça, il doit bien avoir du blé à Singapour…
Si cet article vous a intéressé-e, sachez que ce sont de longues heures de travail, dont six rien que pour la rédaction. Si vous pensez que tout travail mérite salaire, aidez-moi à atteindre le minimum syndical en contribuant pour 2 € ou plus ou encore plus (sauf si vous êtes impliqué-e d’une manière ou d’une autre dans cette affaire). Dans l’article précédent, les dons m’ont payé un peu plus qu’un euro de l’heure. Pfouh. La main invisible ne connaît pas le net, apparemment.
36 Comments
Salade
juin 11, 10:11Logopathe
juin 11, 10:27marcel
juin 12, 18:10Tournaisien
juin 11, 12:20Hécate Mélanippe
juin 11, 13:25astérix
juin 11, 13:58Souva
juin 11, 17:50marcel
juin 12, 18:06Mélusine
juin 13, 15:04Thomas Palermo
juin 11, 21:23marcel
juin 12, 18:08astérix
juin 12, 17:07astérix
juin 12, 17:57Mélusine
juin 13, 16:01lievenm
juin 12, 21:07geneghys
juin 13, 10:13u'tz
juin 13, 23:02Tournaisien
juin 16, 16:53marcel
juin 16, 17:48Tournaisien
juin 16, 19:14marcel
juin 20, 00:15u'tz
juin 20, 18:41u'tz
juin 18, 18:21marcel
juin 20, 00:14u'tz
juin 20, 18:14Tournaisien
juin 20, 09:41u'tz
juin 22, 16:35geneghys
juin 23, 11:19u'tz
juin 28, 10:21Tournaisien
juin 29, 05:22u'tz
juin 29, 22:35Tournaisien
juin 21, 06:17Jean
juin 22, 11:57marcel
juin 22, 12:06moinsqueparfait'
juin 23, 12:21DDT
juin 28, 22:24