Terrorisme. La Belgique est dans la boue. Les Belges, apatrides.
Mardi matin, nous avons été déchirés, arrachés à notre quotidien, secoués par d’horribles explosions. Au fil des heures, les nouvelles empiraient. On a essayé de douter que ce fût un attentat. Non, pas ça ! Pas aujourd’hui ! Merde, c’est mardi, les gars ! Pitié, que ce soit une explosion de gaz ! Un accident. Même une négligence coupable ! Mais un attentat, non ! Non ! Pas ici ! Pas nous ! Pas aujourd’hui…
On s’est rappelé que trois jours plus tôt, nos journaux, nos politiques, notre police jubilaient. On avait attrapé l’ennemi public numéro un. Mais à quelques encablures de son point de départ, à Molenbeek. Pendant quatre mois, il était resté à Bruxelles, toujours à proximité des ghettos. Molenbeek, Schaerbeek, Forest. Il y avait déjà de quoi jaser. Selon mes sources, il avait ses habitudes à une terrasse de la place Saint-Denis, à Forest ! Ah oui, parce qu’il semble qu’il soit même sorti en plein jour, et pas qu’une fois ! Et pas du tout dans des quartiers muslims only, figurez-vous ! Il y a juste que les gens ne l’ont pas reconnu. C’est tout. Il aura nargué tout le monde. Et aucun effort de la police n’aura permis de l’interpeler plus tôt. Baissons la tête, il n’y a pas de quoi fanfaronner.
Quelques jours plus tard, on apprendra d’ailleurs que la cache de la rue des Quatre-Vents était connue depuis décembre 2015. L’info se trouvait à la police de Malines. Elle n’a pas été transmise. Malines, c’est quand même à trente kilomètres de Bruxelles !
Ce mardi épouvantable, après avoir encaissé le choc (mais encaisse-t-on jamais ?), on s’est rappelé qu’après l’arrestation de Salah Abdeslam, beaucoup pariaient sur son innocuité. On l’avait dit lâche et lâché par l’organisation, fuyard. C’était si commode ! Il allait collaborer. On a presque fait du logisticien principal un agneau. Oubliées, la cache de Forest et sa Kalachnikov avec 11 chargeurs de 30 balles, soit 330 balles. De quoi faire une centaine de tués. Mais voilà « on n’a pas trouvé d’explosifs ».
Des commentateurs se sont même réjouis en entendant qu’il avait déclaré avoir été au Stade de France, mais qu’il avait renoncé en dernière minute. « Vous voyez bien que ce n’est pas un vrai terroriste », a-t-on chanté. « Il se cache de l’État islamique qui veut sa tête », ont précisé des experts en contre-expertise experte.
Et personne pour se demander si ce n’était pas la chose logique à faire quand on a une certaine utilité dans le réseau et qu’on ne peut pas atteindre sa cible, à savoir l’intérieur du stade. Ben oui, on laisse les autres exploser s’ils veulent, et on rentre à Bruxelles se rendre utile à autre chose.
Salah fut finalement arrêté, et comme toujours, la Belgique officielle a serré les fesses en espérant que le meilleur arrive. C’est ce qui nous tue. Et aujourd’hui, c’est ce qui nous massacre.
Alors que des complices étaient toujours dans la nature, alors qu’on ne savait pas si le réseau était neutralisé, et alors que l’arrestation d’un membre central de celui-ci augmentait forcément le risque d’attentat, ni l’OCAM, ni le gouvernement n’ont relevé le niveau d’alerte à 4 (sur une échelle de 4). C’est une faute : les attentats démontrent que la menace a été mal évaluée.
ll faut dire que politiquement, depuis le Lockdown du 21 novembre qui a paralysé Bruxelles, ce niveau est devenu la terreur des gouvernants. Comment expliquer une seconde fois, après avoir tout verrouillé, qu’il ne s’est rien passé en novembre ? Comment être crédible quand toute la chaîne de décision belge a sincèrement cru, ce jour de chats, que des terroristes allaient commettre des attentats un dimanche soir, au centre-ville, sachant qu’il n’y avait personne dans les rues depuis au moins la veille ? Comment ne pas paraître ridicule quand, des mois après ce lockdown, une émission laudative de la RTBF censée nous convaincre que le gouvernement et les bourgmestres avaient eu raison de verrouiller la ville, conclut triomphalement sur l’arrestation de 16 personnes, oubliant que quinze d’entre elles au moins ont été libérées dès le lendemain ?
Une petite phrase du reportage de Thomas Gadisseux : « les terroristes ont testé la Belgique ». L’interlocuteur, haut placé, acquiesce. La Belgique est donc un pays que les terroristes peuvent se permettre de tester, comme s’il s’agissait d’un vulgaire drone !
Passons. Le niveau 4 étant devenu une terreur pour nos dirigeants, qui avait usé la cartouche des chatons (les internautes ne la leur donneront pas une seconde fois) en novembre 2015, on a apparemment préféré risquer la terreur de la population. Et on a perdu. Après, les questions sur le niveau ont butté sur une réponse mécanique du gouvernement : le niveau 3, c’est déjà un très haut niveau d’alerte, avec une menace crédible et imminente. Et zou, emballez, c’est pesé.
Cela dit, ils n’ont pas tort : les deux attentats récents en Belgique ont été commis en niveau 3 pour la cible donnée. Pas en niveau 4. C’est donc bien quand la Belgique est en niveau 3 qu’il faut se méfier.
Et du coup, la question se pose : comment définit-on ce niveau ?
Une heure avant les attentats, un article saignant sur l’organe chargé de la gestion de la menace, l’OCAM, est paru dans Het Nieuwsblad. Il était question de la façon d’estimer le niveau d’alerte pour les individus. Extrait : « les conclusions intermédiaires [de la surveillance du renseignement — Comité R] sont dures. L’organe aurait rarement respecté ses propres règles d’analyses. On ne pourrait même pas vraiment parler de “vraies analyses”. Jusqu’à fin 2015, l’OCAM n’a même pas adopté de méthodologie formelle ni de critères clairs pour définir le sérieux d’une menace. » En bref, le niveau est établi au vogelpik amélioré, comme on dit à Bruxelles.
On ose espérer que les analyses sont plus crédibles quand il s’agit de fermer toute une ville. Ou de décréter que le niveau 3 est suffisant. À cela, les comités P et I (qui surveillent l’efficacité des polices et du renseignement) se félicitent de la bonne marche des affaires, même si de temps en temps, « certains gardent leurs renseignements pour eux ». Hélas, c’est justement ce qui ne peut en aucun cas arriver quand on est en guerre. Là aussi, on ne tape pas trop fort sur des services désorganisés.
Mieux : on relève dans ces milieux que le renseignement et la police fédérale n’ont pas les capacités de traiter l’information qu’ils reçoivent. Ils envoient tout à l’OCAM en bloc. Et qu’elle se débrouille.
Là apparaît la seule erreur majeure imputable exclusivement au gouvernement actuel : il a réduit les ressources de la Sûreté début 2015 avant de se ressaisir, mais trop tard. On va désormais engager du monde, mais il faut des années pour qu’ils soient opérationnels. Le temps joue contre nous. C’est un désastre.
Mais il serait idiot de réclamer la démission des ministres pour ça. Car en réalité, ça fait des décennies qu’aucun gouvernement n’a su gérer à la fois la crise, les prisons, un système judiciaire complètement désargenté (l’état de certains tribunaux fait plus penser à ceux de Moldavie juste après la guerre), une police à la ramasse qui s’entraîne trop peu, est en sous-effectifs partout. Il faudrait en fait envoyer tous les ministres belges impliqués depuis vingt ans dans des camps de rééducation et leur retirer leurs mandats, leur demander de rembourser ce qu’on les a payés.
Le jour des attentats, les policiers de l’aéroport préparaient une grève pour le lendemain : l’effectif minimum prévu pour l’aérogare par les normes européennes n’ayant jamais été respecté. On parle du minimum d’il y a dix ans, hein ! Aujourd’hui, ils refusent de reprendre le travail dans un aéroport qu’ils considèrent à juste titre comme dangereux. Il ne rouvrira peut-être pas de sitôt… À Bruxelles, il manque 800 policiers dans le corps de base. Il est difficile de les recruter : il faut être parfait néerlandophone dans une ville à 85 % francophone !
À cela s’ajoute une culture du renseignement bofiste, barbouillée de boulettes-frites-sauce-tomate, une bonne bière, et un sourire benêt qui s’autocongratule facilement — l’affaire Dutroux nous en avait déjà donné un échantillon. On s’est ressaisi un temps, mais c’est reparti désormais.
Le gouvernement bofise aussi, comme ses prédécesseurs, mais moins professionnellement : les ministres N-VA de la Défense et de l’Intérieur n’ont aucune expérience ! Alors, depuis le 13 novembre, un mot revient à chaque critique : Verviers. En 2015, la Belgique y a arrêté un terroriste et tué deux autres, évitant ainsi très probablement un attentat imminent. Seulement, voilà, elle n’a pas perçu (plus tôt) qu’Abdelhamid Abaaoud (encore lui) était dans les parages. Celui-ci a même fanfaronné qu’il entrait et sortait comme il voulait dans le pays (mais aussi en Europe). Sauf qu’en Belgique, il a des amis, particulièrement à Bruxelles. Et qu’on n’a jamais rien obtenu d’eux comme renseignement. Les a-t-on suffisamment mis sous pression ?
Selon Le Monde, quand Salah prétend à ses interrogateurs qu’il ne connaît pas les El-Bekraoui, les enquêteurs ne le contredisent pas, alors que leurs liens sont avérés !
Évidemment, à la cinquante-troisième interview où on brandit la même unique réussite réelle des services de sécurité belges, Verviers, on commence à le voir, qu’on en a qu’une ! Mais ouf, le 17 mars, on capture Salah Abdeslam. Ah mais zut, le 22, tout s’effondre. Et on se retrouve tous nus, comme des enfants.
D’ailleurs, pour des agents US, la sûreté belge, c’est « des enfants ». Notre pays ne serait préparé à rien. Il n’y aurait même pas de plan sérieux en cas d’attaque multiple. Et ça a tendance à se vérifier. Mardi, les réseaux GSM sont tombés en rade à une vitesse impressionnante. On ne sait toujours pas pourquoi. Quelques heures plus tard, la police fédérale demandait que l’on arrête le streaming, Youtube et la musique sur internet. Épisode tragicomique : la RTBF envoyait un twit reproduisant l’alerte de la police avec un lien vers… un streaming ! Bref, nos réseaux de communication ne sont pas à la hauteur. Mais il y a bien pire.
Quand le 22 mars 2016, à 7 h 58, une première bombe explose à l’aéroport de Zaventem (Bruxelles-National), la police est bien sûr sur place, elle sait. Il faut ensuite cinquante-deux minutes pour que les autorités décident qu’il serait peut-être prudent d’évacuer le métro de Bruxelles. Vingt-deux minutes plus tard, aucune évacuation n’est en cours à la station Maelbeek (Maalbeek). C’est compliqué, il y a probablement trop d’intermédiaires, trop de responsables. Le fédéral, la région, la ville, les communes, les polices, les Flamands, les Wallons… L’explosion qui survient fait au moins vingt morts et plus de cent blessés.
La question que la presse belge n’a pas encore osé se poser : pourquoi a-t-il fallu une heure entre les explosions de Zaventem et la décision d’évacuer le métro de Bruxelles ? Déjà, le 21 novembre, au moment du Brussels Lockdown, la perspective d’une opération terroriste concertée, ciblant des moyens de transport et des lieux de loisirs, avait amené le gouvernement à verrouiller la ville. Il devait être conscient qu’un attentat à l’aéroport signifiait probablement une réplique ailleurs. Le métro étant déjà signalé comme visé, ça ne devait pas apparaître comme une éventualité mais comme une réaction immédiate et automatique. Le métro aurait dû commencer à être évacué à, mettons, 8 h 30. Les terroristes ayant tendance à jouer la simultanéité pour impressionner, chaque minute qui passait après le premier attentat augmentait le risque mortel pour l’ensemble des usagers. Une heure vingt d’inaction est juste ahurissant.
Désorganisé ? On murmure qu’il faut une heure au RAID belge pour parvenir au centre-ville. Anecdote presque cocasse : quand les services d’intervention de la police arrivent rue des Quatre-Vents pour arrêter Salah Abdeslam, la presse est déjà là ! Plusieurs journalistes sont dans la rue, face à la porte d’entrée de la « cache ». VTM diffuse même en direct l’arrivée des blindés, de quoi avertir Salah qu’il est menacé. On entend même un policier gueuler à la caméra : « dégagez, c’est à cause de gens comme vous que… [inaudible] ». Ensuite, le chef de la police reprochera aux médias d’avoir été en dessous de tout. Seul problème : ce seraient des policiers qui auraient averti les médias trente minutes avant l’assaut. Seulement, voilà, en Belgique, les journalistes sont plus rapides que les forces d’intervention, même sur une opération « soigneusement » préparée.
Après, le monde politique a détourné l’attention en accusant L’Obs d’avoir donné une information cruciale sous embargo qui forçait la police à intervenir : on avait trouvé une empreinte digitale de Salah Abdeslam dans la cache de Forest. Seulement, voilà, une telle info n’était pas si cruciale (ce n’était pas la première fois qu’on trouvait une empreinte de Salah quelque part), et ensuite, il n’était pas clair du tout qu’il y avait embargo ! Si on en croit l’Obs, personne ne leur a dit de bloquer l’info, qui avait bien fuité de quelque part. Si la police ne sait pas tenir une info secrète, elle doit s’en prendre à elle-même d’abord.
Si tout ça ne suffisait pas, le président de la Chambre, Siegfried Bracke (N-VA), ancien journaliste et ponte du parti au pouvoir, a chaleureusement félicité VTM d’avoir filmé et diffusé et direct des images qui auraient pu compromettre la capture de Salah Abdeslam, voire coûter la vie à des policiers ou des passants ! Et fustigé la chaîne publique VRT qui a eu une attitude irréprochable. Et personne ne l’a crucifié.
On n’a pas inquiété son confrère de parti, le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA) quand il a expliqué que la décision d’évacuer le métro avait été prise « vingt minutes avant l’explosion ». Une manière de dire qu’elle avait été prise en temps et en heure, et peut-être, de donner l’impression que la STIB avait mis du temps à la mettre en œuvre, mais pas le gouvernement, voyons ! La presse a arrêté là les questions. Pauvres ministres déjà scotchés par les attentats. On ne va quand même pas les soumettre à un feu de vraies questions, non ? Ce n’est pas comme s’ils étaient responsables de quelque chose.
Juste après les attentats, des policiers de toutes sortes ont été envoyés dans les gares, notamment, ou ils auraient pu entrer en contact avec des terroristes. On leur a donné des gilets pare-balles qui n’arrêtent pas le calibre habituel des terroristes. Certains ont même sorti leur gilet personnel ! Et d’autres ont reçu des armes automatiques qu’ils n’avaient plus utilisées depuis des années : ils ne savaient même pas comment on active ou on retire la sécurité ! C’est vrai que la police belge ne va pas souvent au tir. Et qu’on utilise nos flics à toutes les sauces, faute de personnel et d’organisation. Quant à l’exercice antiterroriste, c’est réservé à quelques-uns pour l’instant. Mais que voulez-vous, on est trop endettés pour faire mieux.
Même la sécurité nucléaire pose question. Les frères Barkaoui seraient les deux personnes qui ont récupéré une caméra posée par Mohammed Bakkali, l’un des suspects liés aux attentats de Paris, devant le domicile du directeur de la recherche nucléaire belge, du centre de Mol (Flandre) qui possède une petite centrale et un peu d’uranium. On a donc envoyé une centaine de militaires protéger les centrales, en urgence. On n’avait pas prévu ça ! À un journal français, un responsable a expliqué qu’il ne fallait pas s’inquiéter, les terroristes visaient probablement uniquement le directeur de la recherche lui-même. Après, on s’étonne que tout le monde se moque (tristement) de nous !
Ce matin, Newsmonkey révélait que, selon la police grecque, on a retrouvé des plans de l’aéroport de Zaventem dans une cache d’Abaaoud à Athènes. Le ministre de l’Intérieur a affirmé que la Belgique n’avait aucune connaissance d’une menace sur cet aéroport. Le hic, c’est que ces plans auraient, selon les services grecs, été transmis à leurs homologues en… janvier 2015 ! Ils ajoutent qu’il est difficile de travailler avec les Belges. C’est aussi l’opinion de pas mal de spécialistes américains.
Ceux des Français qui le pensent aussi ont mis la pédale douce : ils ont tout de même laissé eux-mêmes plusieurs terroristes échapper à leurs radars (en fait, tous ceux qui ont agi sur le sol français, plus Mehdi Nemmouche, arrêté par hasard) et ont besoin des Belges, plus grands fournisseurs de terroristes par habitant en Europe occidentale, Anvers (et non Molenbeek) tenant toujours la tête en matière de daéshisme congénital. Il faut dire que là-bas, la police casse du beur en série depuis des lustres.
Après, on s’étonne que les pires critiques viennent de l’extérieur. Et on s’énerve. Car la Belgique n’est pas seulement un terreau fertile pour l’incompétence et le je-m’en-foutisme, elle n’accepte même pas la critique quand elle a tout foiré. Oui, tout, depuis le 13 novembre jusqu’à mardi dernier. Il faut savoir le dire. Dès que les remarques acerbes nous sont parvenues par la presse de Washington, Paris, Moscou, des journaux francophones belges ont regimbé sur le thème « on peut nous critiquer, mais pas nous traîner dans la boue, ehoh ! » (La Libre, mais ce n’est qu’un exemple).
Mais en fait, on ne peut même plus vraiment nous « traîner » dans la boue : on y est trop enfoncé ! Et ça commence à se voir. Et plus on se débat en hurlant que ce n’est même pas vrai, plus on s’enfonce ! Certes, certains intellectuels ou experts sont maladivement mal informés. Comme Finkielkraut qui prétend que l’islamisme dirige Molenbeek. Une véritable déchéance pour un philosophe de son acabit. Mais tout de même. Il devient difficile de trouver un journal dans le monde qui n’a pas publié au moins un article relevant un des comportements gravement erratiques de notre système antiterroriste (pour autant que nous puissions dire qu’il y en a un).
Alors, les pouvoirs se mettent en mode damage control. On va corriger l’image de la Belgique. On a donc, dès janvier, investi quelques centaines de milliers d’euros dans une campagne pour faire rebriller Bruxelles et pour désamorcer Molenbeek. Ah, le tourisme à Molenbeek, c’est bath ! Chouette campagne, au demeurant, mais inutile. Car voilà, tout le bénéfice s’est envolé le 22 mars. C’est fichu, foutu, de l’argent jeté, brûlé, explosé. Et si vous demandez aux responsables, ils vous diront qu’on va redresser ça avec de nouvelles actions de com. Autant redresser un bateau aux deux tiers gorgés d’eau avec un dé à coudre ! Alors, on regarde ailleurs, et on se dit : attendons, ça ira.
C’est peut-être ça, la principale cause du mal belge : le déni. La méthode Coué. Tout va forcément bien. On est forcément bons. Ou pas trop mauvais. D’ailleurs, pas trop mauvais, ça nous va. Pourquoi chercher à faire mieux ? On n’est quand même qu’un petit pays et pour un petit pays, on se débrouille pas trop mal, haha ! Les pays voisins nous aiment bien, non ? C’est qu’on se débrouille plutôt bien. Allez. On a forcément une bonne police et une sûreté acceptable. Et si des erreurs sont commises, c’est forcément des exceptions, et forcément pas très grave. Et de toute façon, si ça merde, on n’a qu’à dire que c’est la faute à Moureaux ! Et si on est pro-Moureaux, on dira que c’est la faute à la N-VA.
Et c’est comme ça que la foire continue. Et la foire n’a jamais cessé.
En 2015, Ibrahim El Bakraoui s’est promené 8 mois librement alors qu’il avait quitté le pays pour tenter de rejoindre la Syrie et qu’il avait été expulsé au moins une fois par la Turquie. Moins d’un an plus tard, il se faisait exploser à l’aéroport de Zaventem. El Bakraoui avait fait de la tôle en Belgique, notamment, pour avoir tiré à la Kalachnikov contre des policiers, à Laeken, un quartier de Bruxelles, en plein jour. Du lourd.
Le chopant à la frontière syrienne alors qu’il était en liberté conditionnelle en Belgique (kabooom), la Turquie l’a envoyé… aux Pays-Bas (à sa demande, et/ou parce que la Belgique n’avait pas réagi à son fax). Le ministre de l’Intérieur Jan Jambon a reconnu que l’agent de liaison avait traîné. En fait, il a bien transmis l’info, mais un peu tard, et à la Police fédérale, on s’est dit que comme c’était tard, autant ne pas chercher à en savoir plus. En jetant un condé en pâture à la population, le ministre de l’Intérieur s’est illico pris les syndicats de la police sur le paletot : après avoir accusé l’agent de liaison d’être responsable de tout, il a annoncé qu’il lançait une procédure disciplinaire. Les condés ne digèrent pas que le procureur se fasse aussi juge. Et qu’une fois de plus, tout retombe sur la police, rien sur le politique.
Interrogé par les journalistes pour tenter de comprendre pourquoi la Hollande ne l’avait pas remis à la Belgique dès sa descente d’avion, le ministre néerlandais explique, un peu énervé, que la Belgique n’avait jamais mis El Bakraoui « dans le fichier Schengen » ! Pire encore, alors que la Belgique pensait toujours qu’il s’agissait de deux frères gros loubards un peu remuants (libérés sous conditions parce que de bonne conduite, et jamais réincarcérés plus de quelques jours malgré la violation de ces conditions), les futurs kamikazes figuraient sur les listes américaines du contre-terrorisme. On peut supposer que la Turquie a mieux informé les USA que la Belgique. Et/ou que les Ricains savent utiliser un ordi. Ou qu’ils en ont un qui marche ? Eh oui, tout se paye.
Quelques mois plus tôt, la Turquie arrêtait aussi Ahmed Dahmani, soupçonné d’avoir participé aux attentats de Paris. Comment avait-il pu quitter la Belgique ? Condamné à 20 mois de prison pour une série de vols, il devait recevoir un bracelet électronique (les peines de moins de trois ans ne sont pas exécutées et heureusement, ça évite quelques conversions dans les prisons invivables et bondées où les islamistes font la loi). Mais voilà il y avait pénurie, lenteur ou dysfonctionnement et huit mois après, Ahmed n’avait toujours pas son bijou au pied. Le 16 novembre — soit trois jours après les attentats —, la police s’est rendue chez lui, non pas pour sa participation potentielle aux attentats de Paris, mais pour lui mettre son bracelet électronique ! Oh, dommage, il venait de partir pour la Turquie ! Un pays qui, heureusement, a été un rien plus sévère et beaucoup plus clairvoyant.
Mais chaque fois qu’Erdogan critique la Belgique, il y en a pour lui répondre qu’il n’est pas en position de le faire, méchant Tayyep. Sur la démocratie, c’est vrai. Mais sur les informations, ses services ont une cruelle longueur d’avance. C’est aussi le cas du Maroc, qui aurait donné quelques tuyaux bien utiles aux enquêteurs.
Mais revenons aux cinq jours qui ont passé entre la jubilation et l’horreur. Entre son arrestation le 17 mars, et les attentats du 22, Salah Abdeslam a été interrogé deux heures par le parquet (en une séance), et une heure par la juge d’instruction. On imagine que celle-ci a été plus factuelle. Deux vraies heures, donc. On se demande pourquoi on ne l’a pas « cuisiné » (intellectuellement, j’entends) lors du premier interrogatoire. Mais voyons : parce qu’il était fatigué, après sa balle prise dans le genou, le pauvre chou !
Ensuite, Salah Abdeslam a fait valoir son droit au silence et les condés n’ont pas insisté. Les terroristes ont, dans nos pays, droit au silence. Donc, on n’a pas su faire pression sur Salah. Rien que cette information a halluciné des journalistes de Haaretz, Newsweek, Politico, et j’en passe des centaines. Parce que quand on arrête un étron de son calibre, on ne se demande pas s’il pourrait y avoir un attentat ensuite, on part du principe qu’il y aura un attentat. Et on part du principe qu’il est complice, qu’à chaque minute, ça peut péter, qu’il sait qui sont les intervenants, où ils vont agir, et qu’on peut empêcher ça. Qu’il y a urgence absolue. Si on ne part pas de cette logique-là, on n’entre pas dans la police, on fait aubergine et on colle des amendes sur les voitures mal garées.
Évidemment, on peut aussi se demander si nos lois sont suffisamment souples pour permettre ce type d’interrogatoire, l’insistance, le push. Si ce n’est pas le cas, pourquoi n’a-t-on pas proposé d’intégrer des mesures un rien moins cosy en cas de terrorisme, à ajouter aux 40 mesures prises ou prévues en grandes pompes par le gouvernement de Charles Michel, en plusieurs vagues depuis Charlie Hebdo, dont un tiers ne servait qu’à montrer ses biscoteaux à l’électorat inquiet ? Mais là, la France avec son débat débile sur la déchéance de la nationalité n’a en effet rien à nous envier.
Entretemps, les ratages se sont amoncelés. Selon une source qui demande l’anonymat, Salah et Brahim Abdeslam auraient été signalés comme gravement radicalisés par un proche aux autorités. La personne n’en a plus jamais entendu parler. Après les attentats, elle était furieuse. Le témoignage que j’ai recueilli est indirect, mais il est corroboré par une policière qui a déclaré avoir reçu, en juillet 2014, un coup de fil d’un-e proche des Abdeslam, en larmes, expliquant qu’ils étaient « totalement radicalisés », cherchaient à aller en Syrie et planifiaient un attentat. L’information est restée dans les limbes. Devinez qui est poursuivi. Le commissaire ? Le chef de corps ? Le ministre ? Mais non ! C’est bien sûr la policière, pour avoir révélé cette information à la presse. La Belgique, c’est comme la maffia, il faut respecter l’omerta !
Une autre ? En juin 2015, Brahim Abdeslam, déjà repris de justice, était arrêté en flagrant délit pour vol avec effraction dans une brasserie. C’était son troisième vol dans le même établissement. Il est ressorti dans les heures ou les jours qui ont suivi. Et suffisamment libre, cinq mois plus tard, pour buter des Français en masse.
Autre étrangeté, mais là, la Belgique n’est pas seule à foirer : alors que la France vient de vivre le plus meurtrier des attentats, Salah Abdeslam, fiché en Belgique, est arrêté sur la route, en France. Mais voilà, bien qu’il soit fiché en Belgique, il n’apparaît pas sur le radar français. Pourquoi ? Il n’est pas suffisamment clair qu’il est bien un terroriste en puissance, et donc, l’ordinateur précise qu’il ne faut pas l’inquiéter. Question : après un attentat d’une telle envergure, pourquoi la limite entre « petit poisson » et « arrêtez-le, on ne sait jamais » ne bascule pas automatiquement ? Pourquoi les « c’est peut-être un terroriste mais on n’a pas assez de preuves » ne devient pas « à arrêter et interroger en cas d’attentat ».
La réponse à cette question peut coûter trente-et-une vies, et 316 blessés.
La presse internationale a bien sûr aussi récupéré les arguments plus politiques, ceux qui cachent un agenda indépendantiste ou autonomiste, ou une détestation de la Capitale par certains, ou encore l’opposition rageuse entre gauche et droite. On lit dans des papiers sérieux que tout ça, c’est évidemment la faute aux six zones de police de Bruxelles alors que l’antiterrorisme et la sûreté ne sont pas concernés. Ou alors, au fait que l’ancien maire de Molenbeek Philippe Moureaux a laissé filer le communautarisme à Molenbeek. D’accord, mais dans ce cas, comment expliquer qu’Anvers livre plus de jihadistes par habitant ? Et en quoi Moureaux est-il responsable de l’impuissance de la Sûreté de l’État ? Du laxisme de la justice ou de son manque de moyens ?
Ou alors, c’est à cause de l’organisation de Bruxelles en communes. Comme si le fait d’avoir des parcmètres différents dans une même rue provoquait l’islamisme ! Bref, la presse mondiale ne fait que transposer le « c’est toujours la faute à quelqu’un d’autre », qu’on charge comme une mule pour cacher que c’est tout le pays qui est déglingué !
Avant que les déchets humains décérébrés de l’État islamique ne posent leur lourde charge, leur lourde haine dans nos vies, on doutait déjà. Ce pays fonctionnait-il ? Avait-il pris la mesure de la société dans laquelle nous vivions ? Pouvions-nous encore faire confiance à nos services de sécurité ? Nos ahurissantes charges fiscales et sociales correspondaient-elles réellement au service de qualité qu’ils nous imposaient d’espérer ?
Et cette question prit une tout autre dimension le 22 mars. Un véritable vertige pour nos dirigeants. Avant que les ordures ne ravagent Bruxelles, bien des Bruxellois, liés d’une manière ou d’une autre à Paris, avaient déjà pleuré le 13 novembre comme s’il s’était agi de leur ville, de leurs quartiers. Mais ils n’avaient pas encore fait cette terrible expérience : voir un de leurs lieux de vie, un lieu de quotidien, marqué à jamais par la terreur. Le 22 mars, ce petit reste de quiétude s’est effondré. Nous sommes alors tous devenus des victimes du 13 novembre. Et nous avons découvert que nos politiques étaient incapables de respecter même trois jours de deuil national. Et là, j’aurais préféré être français.
La France ne marche pas bien, c’est même une de ses marques de fabrique, presque une revendication. Elle est divisée, chaotique, en crise, parfois désespérée. Mais quand un drame la frappe, elle retrouve un mot magique : République. Ce mot qui fait que le plus haï des présidents français aura droit à une trêve plus ou moins respectueuse pendant le deuil. Ce mot qui fait qu’on se rassemble, toutes couleurs confondues, sur la place du même nom, pour croire, espérer, rêver.
Oh, personne n’est dupe. Ça ne dure qu’un temps. On se fait des promesses qui s’envoleront en quelques jours. Mais on a droit, quand on est français, à ce moment d’espoir qui réchauffe, aide, rassure. Et on peut, ensemble, oublier les fautes, dont on parlera plus tard.
Les Belges, eux, n’y ont pas droit. La Belgique est en lambeaux et le Belge, apatride. On en est à la sixième réforme de l’État, chacune d’entre elles étant destinée à diviser le pays un peu plus. On ne sait même plus qui est responsable de quoi. Nous vivons dans une usine à gaz. Le Belge, tiraillé entre quinze citoyennetés possibles (flamande, francophone, wallonne, provinciale, bruxelloise, germanophone…) ne trouve plus la consolation dans les symboles nationaux ou les valeurs de l’État — il la trouvait encore quand le roi Baudouin est mort. Il ne peut plus que se regrouper spontanément. Loin des politiques, du roi, des hymnes — cette Brabançonne qu’il ne chantera pas, faute d’en connaître les paroles, ou même de se souvenir de son air. À moins qu’il ne décide d’entamer un hymne régional.
Après le pire acte de guerre depuis 1945, on aurait pu croire que quelque chose allait changer. Mais non, ce fut pire que jamais ! Au moment où tous les corps constitués du pays se recueillaient au Parlement pour commémorer les 31 disparus, les 316 blessés, les dizaines de milliers de proches et les millions de Belges tétanisés, le ministre-président de la région majoritaire, la Flandre (58 % de la population), a trouvé élégant d’organiser son petit mémorial minable dans son coin, sur la Place des Martyrs — ce nom que les Daéchiens donnent aux monstres qui s’explosent parmi nos enfants, nos amis, nos conjoint-e-s, nos parents. Officiellement, une grosse moitié du pays n’était donc pas à la cérémonie nationale d’hommage aux 31 morts et 300 blessés, dont 67 en soins intensifs !
L’attentat de la station Maelbeek (Maalbeek) a eu lieu au pied du Parlement européen. Des innocents de quarante nationalités ont été arrachés à la vie ou cruellement blessés un bête mardi. Ensemble. John Kerry a dit au premier ministre, sans l’ombre d’une hésitation : « Je suis bruxellois, ik ben Brussels ». Mais la Belgique n’a pas la capacité d’en faire autant, ensemble.
Les attentats ont révélé le désastre. Contrairement aux pays qui nous entourent, même les plus petits, la Belgique a perdu toute fierté. Elle n’est même plus capable de s’interroger sincèrement. De répondre aux critiques qu’ils ont peut-être raison. Et même pas d’accepter l’aide française au moment où les ambulances bruxelloises sont débordées. Ça n’est pas de la fierté, ça, c’est de la bêtise ! La fierté, c’est ce qu’on acquiert quand on a bien agi, qu’on a reconnu ses fautes, qu’on se regarde en face dans le miroir pour s’autocritiquer décemment, vigoureusement, avec le monde pour témoin. La fierté, ça n’a jamais été ce qu’on tente de protéger en crachant sur celui qui vous annonce que votre maison est en feu.
Certes, l’Europe doit se ressaisir à bien des égards. Mais son petit cœur tout blessé n’a pas le droit de s’effondrer sur lui-même en un gigantesque trou noir, poussé à la faillite par des forces politiques centrifuges. Les Belges apatrides en ont assez de chanter le requiem de leur pays. Et cette fois, de victimes de la terreur, mais qui sait, peut-être aussi de notre tragique incompétence.
138 Comments
Georges-Pierre Tonnelier
mars 26, 14:49u'tz
mars 27, 23:19André Bourlakoff
mars 29, 14:18Marcel Sel
mars 29, 23:14André Bourlakoff
mars 30, 00:28u'tz
avril 03, 17:11JF
avril 01, 10:27Marcel Sel
avril 03, 15:52Brusseleir
avril 07, 10:22Benoit Noël
mars 26, 14:54u'tz
mars 27, 23:33Georges-Pierre Tonnelier
mars 30, 20:38u'tz
avril 03, 17:06Brusseleir
avril 07, 12:22u'tz
avril 07, 21:51Hansen
mars 26, 15:57MartineV
mars 26, 16:03lievenm
mars 26, 16:38u'tz
mars 27, 23:43dsp
mars 28, 07:30lievenm
mars 29, 23:53Lachmoneky
mars 26, 17:02Isa412
mars 28, 19:55u'tz
avril 07, 22:24moinsqueparfait'
mars 26, 17:09u'tz
mars 27, 23:54moinsqueparfait'
mars 30, 00:42Salade
mars 26, 20:06Alex
mars 26, 21:43u'tz
mars 27, 23:59Dubois
mars 26, 21:59Rivière
mars 28, 10:10Eridan
mars 26, 22:05Pierre B.
mars 26, 23:11moinsqueparfait'
mars 26, 23:34moinsqueparfait'
mars 26, 23:43thomas
mars 28, 19:36moinsqueparfait'
mars 30, 01:39Renal de Waterloo
mars 30, 02:20Éric Bourguignon
mars 27, 03:21Wallon
mars 27, 10:20Abdellatif
mars 27, 10:44Marcel Sel
mars 27, 20:10DDT
mars 27, 23:59u'tz
mars 28, 00:15Salade
mars 28, 12:32Marcx
mars 29, 20:53Georges-Pierre Tonnelier
mars 30, 12:12paul
avril 02, 09:30Marcel Sel
avril 03, 15:54Eridan
mars 29, 16:54Salade
mars 30, 10:02Cynthia Knuts
mars 27, 11:15Debière Pascal
mars 27, 13:01Debière Pascal
mars 27, 20:41Georges-Pierre Tonnelier
mars 30, 12:17u'tz
avril 03, 18:09stephangerardg1
mars 27, 13:30Tournaisien
mars 27, 13:35Salade
mars 27, 22:38u'tz
avril 01, 01:40u'tz
avril 03, 18:13u'tz
mars 28, 00:20Tournaisien
mars 30, 05:58miyovo
avril 04, 16:06Degenève
mars 28, 10:28Marcel Sel
mars 29, 23:02Pfff
mars 30, 14:47Tournaisien
mars 30, 06:17u'tz
avril 01, 01:34TONGLET Ph.
mars 28, 11:38Tournaisien
mars 30, 06:18Isa412
mars 28, 20:02piva anne
mars 29, 09:37Tournaisien
mars 30, 06:19Wallimero
mars 27, 17:11Salade
mars 27, 22:09u'tz
mars 28, 00:28Rivière
mars 27, 18:23Salade
mars 27, 22:48u'tz
mars 28, 01:02Tournaisien
mars 28, 08:51Marcel Sel
mars 29, 23:00Tournaisien
mars 30, 06:23Eridan
mars 31, 09:20thomas
mars 31, 23:33Capucine
mars 28, 11:54Salade
mars 28, 12:53Renal de Waterloo
mars 30, 02:25Salade
mars 30, 10:10MG
mars 28, 13:13Tournaisien
mars 28, 13:34Juliette
mars 30, 07:49u'tz
avril 03, 20:07kareldestomme
mars 28, 14:53Salade
mars 28, 17:49Salade
mars 28, 18:36Tournaisien
mars 28, 18:37Juliette
mars 30, 08:04Salade
mars 28, 19:35Lachmoneky
mars 28, 19:36Lachmoneky
mars 28, 20:00Paddy
mars 28, 22:23David L
mars 29, 01:45marcelhach
mars 29, 03:10Didier
mars 29, 09:15Marcel Sel
mars 29, 23:12Lachmoneky
mars 30, 07:14Salade
mars 30, 10:15Wallimero
avril 01, 07:04Marcel Sel
avril 03, 15:50Terrorisme. La Belgique est dans la boue. Les Belges, apatrides. – Se poser les bonnes questions : tout un art ! #begov
mars 29, 12:10Eridan
mars 29, 14:12moinsqueparfait'
mars 30, 02:09Lachmoneky
avril 02, 12:57serge
mars 29, 17:23u'tz
avril 03, 19:32u'tz
avril 03, 19:55Brisavoine
mars 29, 18:47Lachmoneky
mars 30, 07:17Eridan
mars 30, 11:01moinsqueparfait'
mars 31, 23:46u'tz
avril 03, 19:25Tournaisien
mars 29, 19:19Lachmoneky
mars 30, 07:25Salade
mars 30, 10:17u'tz
avril 01, 01:54Tournaisien
avril 07, 22:05Peter
mars 30, 08:53PATRICK DE GEYNST
mars 30, 10:36Terrorisme. La Belgique est dans la boue. Les Belges, apatrides. – Beth Yeshoua
mars 30, 11:38Capucine
mars 31, 13:11moinsqueparfait'
avril 01, 10:50moinsqueparfait'
avril 01, 19:11Mélanippe
avril 04, 14:03Lachmoneky
avril 13, 12:00Jay
avril 14, 09:16jm
avril 19, 08:35