La Belgique docile, le retour (lettre à nos éditorialistes).
Je suis ulcéré. Scandalisé. Horrifié. Depuis trois jours, les éditorialistes francophones félicitent chaleureusement Bart De Wever qui aurait, selon eux, « enfin » reconnu que la collaboration était un crime. Pour Béa Delvaux (Le Soir), « c’est surtout sa reconnaissance et sa condamnation, sans aucune ambiguïté, des faits de collaboration du mouvement nationaliste flamand qui forcent [le respect] ». Faux. Il n’a pas condamné la collaboration sans ambiguïté. Et il n’a rien dit de neuf.
Pour Johan Condijts (L’Echo), il aurait permis à la N-VA de se laver « d’écarts répétés et nauséabonds ». Encore faux, comme vous allez le voir. Pour Francis Vande Woestyne (La Libre), il aurait fait une « prouesse ». C’est déjà plus proche de la réalité : oui, Bart De Wever est dans la prouesse. Celle de faire croire qu’il rejette en bloc la collaboration et qu’il n’y a pas d’ambiguïté dans son discours. Car en réalité, il n’y a que cela — qu’il travestit sous le vocable de « nuances », et ce sont toujours les mêmes qu’il y a huit ans, quand il a qualifié les excuses de Patrick Janssens, l’ancien bourgmestre d’Anvers, à la « communauté juive » de « gratuites ».
Prouesse encore, et suprême, celle-là : Bart De Wever est parvenu à se faire acclamer par des journalistes (et par Philippe Moureaux…) alors qu’il a en réalité effacé les excuses de son prédécesseur. Ce petit pas pour l’Homme De Wever est en fait un grand pas pour Anvers et son honneur. Mais un pas en arrière !
« À force de tout supporter, on finit par tout tolérer.
À force de tout tolérer, on finit par tout accepter. »
(Saint Augustin)*.
Cette phrase résume admirablement la question qui se pose à nous : est-il acceptable que nous réduisions nos standards d’interprétation du nazisme, de la Shoah et surtout de la collaboration, en félicitant quelqu’un qui propose une lecture de ces événements très en-deçà de ce que la société européenne a convenu comme étant le minimum admissible ? Est-il tolérable, 70 ans après les faits, au moment où nous exigeons une terminologie très précise pour le Génocide des Arméniens, que nous baissions notre froc lorsque la personne s’appelle Bart De Wever ?
Je vous laisse répondre. Voyons les faits.
Au Nord, rien de nouveau !
D’abord, Bart De Wever n’a rien dit de nouveau devant la « communauté juive » cette semaine. Le 19 octobre 2014, il disait déjà à la VRT : « Pour la énième fois, la collaboration était une erreur [une faute] ». Pour la énième fois ! Il disait dans la même séquence : « Qu’une grande partie du Mouvement flamand, dont je suis un héritier, s’est tenue du mauvais côté est une page extrêmement noire [de son histoire] ». Tout cela, il l’écrivait en substance dès le début des années 2000, puisque déjà à l’époque, il présentait la collaboration comme une faute. Le Soir devrait le savoir mieux que quiconque, Bart qualifiait le quotidien en 2010 de « collaborateur » dans une tribune titrée « Vlaamse Nazi’s ». Quelqu’un qui jette ainsi (injustement) l’opprobre sur un journal pour faits de collaboration n’est pas quelqu’un qui considère la collaboration comme une chose positive. Lorsqu’on lui a demandé son opinion en 2014 après les déclarations de Jan Jambon (« les collaborateurs avaient leurs raisons »), De Wever a immédiatement dit clairement ce qu’il avait toujours écrit et dit entre les lignes : la collaboration était une faute terrible.
Bref, les choses étaient dites, déjà, depuis sept mois ! À la télévision, devant tout le monde ! Et on pouvait les lire entre les lignes depuis déjà quinze ans.
Mais une fois encore, il n’a pas qualifié de « crime » la collaboration. Parce que ce serait incriminer les collaborateurs. Il a simplement reconnu, au moins pour la seconde fois, que c’était « een vreselijke fout op alle vlak ». Ce qui peut être traduit de plusieurs façons, de « une horrible faute à tous les niveaux » à une « grave erreur à tout point de vue ». Il n’y a rien de particulièrement courageux à cela : la majorité des nationalistes entendront ce message parce qu’il est vieux comme le monde dans ce milieu. La tache de la collaboration a toujours nui et nuit encore au mouvement flamand.
Les canons de N-VA rognent.
Les déclarations de cette semaine de Bart De Wever satisfont donc aussi un besoin interne du nationalisme flamand : la majorité des militants en ont marre de passer pour des nazis. Ça ne les empêche pas de continuer à tolérer des commémorations insensées de la part de leurs coreligionnaires ! Il en va de même pour le président de la N-VA : certes, il a critiqué la collaboration, pour la énième fois, mais il a pris grand soin de ne pas franchir la ligne jaune : hors de question pour lui d’incriminer les collaborateurs individuellement ! Il a au contraire pris soin de les excuser. Tout comme Jan Jambon l’avait fait, moins adroitement, soulevant alors un tollé. La docilité de nos éditorialistes a donc transformé une stratégie de communication qui visait à faire admettre l’innocence des coupables, en héroïsme ! Ils ont trompé l’opinion. Ils ont failli à leur tâche.
Pour ceux qui exigent des partis qui nous gouvernent une clarté absolue vis-à-vis de la collaboration, il n’y a qu’un mot pour la qualifier : un crime. Or, ce mot-là, Bart De Wever a refusé de le prononcer, et continuera à le faire. Il ne reconnaît la qualification criminelle que pour le nazisme et la Shoah, qu’il qualifie de « misdadig fout ». Autrement dit « criminellement fautifs ». Or, la Shoah n’était pas criminellement fautive. Tout politicien démocrate qui oserait la décrire d’une façon aussi molle devrait être remis à sa place. C’était un crime contre l’humanité, une épouvante, une barbarie. Rien de moins. Ô surtout, rien de moins !
Dans son discours devant la « communauté juive » et dans son intervention qui a suivi, Bart De Wever n’utilise le terme criminel ni envers le VNV pourtant entièrement soumis à Hitler, ni envers les collaborateurs, au contraire ! Il prévient que ces derniers ne peuvent être jugés en tant qu’individus. Cela blanchit beaucoup de monde ! Non, en fait, cela blanchit tout le monde ! Son courage face à son électorat n’est donc pas plus enthousiasmant que celui d’Emir Kir. C’est au contraire la même lâcheté, mais sous couvert d’un raisonnement intellectuel beaucoup plus sophistiqué ! Et s’y ajoute la lâcheté de la presse, qui n’ose pas s’en prendre à celui qui a le pouvoir de défaire le pays. Elle n’ose même pas regarder ses dérives en face !
Requiem pour un massacre (d’excuses).
Pour rappel, en 2007, Patrick Janssens, bourgmestre d’Anvers, a explicitement reconnu la collaboration du bourgmestre d’Anvers et des responsables de la police et leur responsabilité dans la déportation des Juifs de la Métropole, notamment en ces termes :
« Nous ne pouvons aujourd’hui que reconnaître que la direction de la ville [le bourgmestre] et la police ont joué en ces jours dramatiques de l’été 1942 un rôle actif dans la poursuite et l’arrestation des Juifs anversois […] C’est pourquoi je vous présente, en tant que bourgmestre de la ville et chef du corps de police, mes excuses. »
Ce geste, fondamental, courageux, fut contesté par Bart De Wever, qui le qualifia de « gratuit », arguant du fait que certains policiers s’étaient opposés à ces rafles et que d’autres furent déportés. Après un tollé de la « communauté juive anversoise », le président de la N-VA s’emberlificota dans des explications fumeuses, expliquant par exemple que les historiens n’étaient pas d’accord entre eux sur la Shoah (effectivement, certains nient les chambres à gaz), et même que certaines pratiques d’Israël lui faisaient penser à « cette sombre époque ».
Mais surtout, pour expliquer cette « gratuité », il a utilisé des concepts qu’il intégralement repris dans son dernier discours, huit ans plus tard : le fait que des agents de police ont été déportés pour avoir résisté, ce qui excuserait l’administration anversoise, à l’entendre ; le fait qu’il y a chez les collaborateurs individuels « du noir, du blanc et surtout beaucoup de gris » — une expression qui a traversé mot à mot huit ans d’idéologie bartienne ; le fait que la collaboration fut le fait de « l’élite dirigeante » ou de « l’élite anversoise », autre dada auquel il semble tenir beaucoup. Cette élite, il ne la détaillera jamais, et en tout cas, il semble bien qu’il en exclut le bourgmestre de guerre de l’époque. Bref, la collaboration était une faute, selon Bart De Wever, mais personne n’était fautif ! Tonnerre d’applaudissements ! Un comble !
Le Chagrin de la Pitié.
En 2015, c’est donc au tour de Bart De Wever de faire son discours devant le monument aux déportés juifs d’Anvers. Mais il ne parle plus d’excuses. Au contraire, il en cherche, et en trouve, pour les collaborateurs qui, selon lui « ont dû faire des choix difficiles dans des temps difficiles » — dira-t-il dans Reyers Laat le soir même ! Une expression aussi insupportable que le « ils avaient leurs raisons » de Jan Jambon. La preuve éclatante que s’il a bien toujours condamné la collaboration globalement, Bart De Wever, comme son lieutenant, n’est toujours pas prêt à admettre que l’on condamne les collaborateurs. Pas même les pires ! Au passage, ce sont des expressions que ne dédaigneraient pas les nostalgiques du maréchal Pétain, chers Béatrice, Francis, Johan et les autres.
Dans son discours à la « communauté juive », au sujet du bourgmestre de l’époque, Leo Delwaide, qui représentait l’autorité de la ville et a donc une responsabilité écrasante dans la déportation des Juifs, Bart De Wever reprend un texte dans lequel la passivité de Delwaide face aux arrestations des Juifs par sa police est « expliquée » par le fait qu’il avait besoin des nazis pour mener à bien son projet de « grand Anvers » (un projet qui était pourtant déjà bien abouti au moment des rafles) ! Pétain, lui, avait besoin des nazis pour fonder son État français. Comparez, s’il vous plaît, merci.
De Wever en rajoute le soir même à la VRT en expliquant que Leo Delwaide ne peut pas être jugé individuellement parce qu’il y a « surtout beaucoup de gris ». Comme en 2007 ! Cette expression lui a servi, lui sert et lui servira encore longtemps à encourager les descendants de collaborateurs à fermer la page sur du gris, au lieu d’explorer l’ampleur de leurs délits. Il n’ouvre pas une porte, il les ferme toutes !
Au nom de tous les siens.
Le discours de Bart De Wever qui a tourné la tête à tant de journalistes est donc, 70 ans après, un insoutenable retour en arrière par rapport aux courageuses excuses de Patrick Janssens qui avait pour sa part relevé la différence entre Bruxelles, où la ville a refusé de distribuer les étoiles jaunes, et Anvers, où elles ont été scrupuleusement distribuées (vendues, en fait : 1 franc pour trois étoiles) dans les écoles de la ville, et où les fonctionnaires ont été priés d’apposer une petite étoile de David mauve sur les cartes d’identité de ceux qui venaient chercher cet ignominieux signe de reconnaissance. Anvers est la seule ville belge qui ait imprimé ce sigle.
Le président de la N-VA n’a même plus abordé cet aspect des choses, il a au contraire mis du gris partout. Une « terrible faute », oui. Mais de sa part !
Quant à sa « condamnation » de la collaboration, elle est de pure forme. Bart De Wever a expliqué aux Juifs d’Anvers que le VNV a, collectivement, amené ses adhérents à fermer les yeux sur la collaboration ou même à plonger dans le nazisme. Il insiste bien sur le collectivement. Là encore, il excuse les collaborateurs individuels qui auraient, selon lui, été amenés par l’ambiance générale à ne plus y voir clair ! Bon sang, les pauvres ! Il fait tout pour taire le rôle des autres, et en particulier celui du grand ordonnateur des rafles, le commissaire Jozef De Potter qui a activement plongé les bras dans la collaboration la plus totale, la plus noire, au service de la Solution finale. Il fait tout, aussi, pour désincriminer le bourgmestre de guerre Léo Delwaide. Tonnerre d’applaudissements !
Selon le rapport du CEGES, réalisé par d’éminents historiens, et remis au Sénat belge en 2007, dès 1938, Leo Delwaide reprochait au bourgmestre d’Anvers de l’époque sa politique projuive et critiquait « les Juifs [qui] se seraient rendus maîtres du parc municipal, propageraient le communisme dans la métropole et ruineraient les commerçants ». En 1940, le même bourgmestre soutint le « désenjuivement » du commerce du diamant à Anvers. En février 42, Léo Delwaide transmit aux nazis un décompte précis des élèves juifs des écoles d’Anvers. Et il laissa délibérément sa propre police rafler les Juifs d’Anvers dans les mois qui suivirent. Delwaide échappera pourtant aux poursuites et put même redevenir des années plus tard bourgmestre faisant fonction d’Anvers… et les nationalistes flamands, Bart De Wever en tête, osent encore parler de répression ?
Pour le président de la N-VA, 70 ans après, tout cela n’est que du « gris », et il ne faut pas « juger » Delwaide. Et la presse applaudit à tout rompre. J’ai honte.
Tant qu’il y aura des pommes.
Oui, le diable était dans les détails, mais c’était à vous, éditorialistes, de les relever. Oui, la formulation de son discours et de son intervention dans Reyers Laat était extraordinairement ciselée pour donner l’impression d’une reconnaissance, alors qu’il passait son temps à éluder les choses. Mais c’était à vous de le subvertir !
Aujourd’hui, vous avez baissé les bras face à un discours de De Wever qui ne résout absolument rien quant aux relations entre certains membres de la N-VA et la collaboration.
Libre à Bob Maes de continuer à honorer publiquement la mémoire du Führer flamand Staf De Clerck, désormais « gris » et non plus noir. Ce même Staf qui, en 1941, appelait à faire disparaître les Juifs de Belgique ! Le premier courage de Bart De Wever serait de déchirer la carte de membre du parti de ce nostalgique du nazisme.
Libre au secrétaire d’État N-VA Theo Francken, de féliciter, ensuite, le révisionniste Bob Maes pour sa fidélité au parti, lors de son prochain anniversaire.
Libre au Vlaamse Volksbeweging, dont plus d’une dizaine de députés de la N-VA sont membres ou sympathisants, et dont Jan Jambon fut l’un des leaders, de continuer, année après année, à encourager les Flamands à suivre l’exemple d’August Borms, l’ami des SS, et touriste de la Shoah, comme l’a encore fait le président du VVB cette année ! Libre à Eric Defoort de clamer à la RTBF que le VVB ne commémore jamais des nazis, sans même être contredit par ses interlocuteurs !
Aujourd’hui, les grands quotidiens francophones expriment leur profond « respect » pour la soi-disant volte-face de Bart De Wever. Ils ont de ce fait réduit de facto les standards d’interprétation de la collaboration. Ils ont failli au devoir de Mémoire. Et ce, en n’exigeant plus la clarté réelle — la reconnaissance des culpabilités individuelles — mais en félicitant chaleureusement un politicien pour n’avoir pas qualifié la collaboration de « crime » mais bien « d’erreur » ou de « faute ». En l’honorant à la une pour avoir réduit la Shoah, ce crime contre l’Humanité, cette barbarie indicible, à une simple « faute criminelle ». En lui criant leur admiration pour avoir « tourné la page » de la collaboration, ce qu’il n’a fait qu’en changeant le noir en gris, confortant ainsi tous ceux qui pensent que l’épuration fut bien une répression, que les collaborateurs n’ont collaboré que parce qu’il le fallait bien.
En le promouvant au rang de grand démocrate et humaniste, enfin, pour avoir effacé les courageuses déclarations de son prédécesseur, pour avoir retiré les excuses indispensables, pour avoir réfuté le pardon, pour avoir minimisé la collaboration individuelle — ou plutôt, pour en avoir empêché, voire interdit la critique.
En tant que citoyen belge, j’ai blêmi de honte cette semaine. Parce que les grands noms de la presse belge n’ont pas lu. Parce qu’ils avaient tant besoin de croire qu’il n’y avait que de grands démocrates dans le gouvernement belge qu’ils ont saisi la première perche qu’on leur tendait, sans voir la honteuse manipulation qu’elle cachait. Parce qu’ils pensent qu’il faut laisser travailler le gouvernement, et passer sur les compromissions du plus grand parti qui y siège. Les Autrichiens faisaient pareil, c’est vrai, avec Haider.
Parce qu’ils ont pensé qu’il y avait un scoop là où il n’y avait rien. Parce qu’ils se sont soumis à l’idée que De Wever était en passe de devenir un démocrate comme un autre, alors qu’il s’en prenait, il y a quelques semaines à peine, aux « Berbères » dans des termes que Marine Le Pen n’aurait même pas osé utiliser !
Ce discours à la « communauté juive » fut peut-être un petit pas en avant pour Bart De Wever, mais ce fut surtout un énorme pas en arrière pour Anvers, pour la Justice, pour la justesse.
Éditorialistes, ensemble, sans la moindre voix discordante ou critique, vous avez vendu ce recul comme un énorme progrès. Ensemble, vous avez trahi la mémoire des victimes de la collaboration en acceptant qu’on blanchisse leurs bourreaux, leurs délateurs, leurs dénonciateurs, les organisateurs des déportations, des pogroms et des meurtres commis par des Belges en Russie, sous l’immonde drapeau nazi. Ensemble, vous avez accepté qu’on jette dans l’Escaut le noble geste de Patrick Janssens en 2007. Et vous n’avez pas seulement toléré qu’on le fasse, vous avez exigé qu’on traite cet infâme recul avec « le plus profond respect ».
Je suis au fond content pour lui que mon grand-père résistant soit six pieds sous terre. Au moins, il n’aura pas été le témoin du retour en fanfare de la Belgique docile.
*twitté aujourd’hui par Edgar Morin, je trouvais que la phrase collait admirablement à l’actualité.
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guypimi
mai 10, 19:13Nyssen, Vivianne
mai 10, 19:39Willy
mai 11, 10:05Marcel Sel
mai 11, 16:55Willy
mai 12, 15:08Hansen
mai 10, 19:40Salade
mai 10, 21:59Pfff
mai 11, 16:51Salade
mai 12, 13:47u'tz
mai 10, 22:48thomas
mai 11, 09:30Marcel Sel
mai 11, 16:52hilarion lefuneste
mai 11, 18:27Marcel Sel
mai 11, 19:03thomas
mai 11, 19:59coppola
mai 11, 09:52Marcel Sel
mai 11, 16:52xavier
mai 11, 09:54Pfff
mai 11, 11:00MUC
mai 11, 11:46Marcel Sel
mai 11, 17:00MUC
mai 11, 17:45Marcel Sel
mai 11, 18:03MUC
mai 12, 15:11Marcel Sel
mai 12, 17:39MUC
mai 13, 11:24Marcel Sel
mai 13, 13:59de Jonghe d'Ardoye Louis
mai 11, 14:05didier delafontaine
mai 16, 16:46Pfff
mai 11, 14:25Marcel Sel
mai 11, 17:04Lachmoneky
mai 12, 11:12u'tz
mai 14, 00:27Pfff
mai 11, 17:00MUC
mai 11, 17:49Marcel Sel
mai 11, 17:59MUC
mai 12, 15:12Gilles- Bxl
mai 11, 20:37Gilles-Bxl
mai 11, 20:47Francis Martens
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mai 12, 09:57Marcel Sel
mai 12, 17:35MartineV
mai 12, 20:28Pfff
mai 12, 11:36vince01
mai 12, 14:35serge
mai 13, 15:10Marcel Sel
mai 14, 00:13serge
mai 18, 11:06Marcel Sel
mai 18, 13:15Linda Mondry
mai 16, 23:24Capucine
mai 18, 16:19