Avocats assassinés ne font pas la une — sauf demain ? (proverbe philippin)
Depuis bientôt deux semaines, la liberté d’expression est dans tous les journaux, sur toutes les lèvres. Le massacre à la rédaction de Charlie Hebdo a réveillé les consciences. Et bien sûr, la presse est en première ligne sur ce sujet qui la concerne au premier chef. Mais il y a d’autres critères de démocratie, tout aussi fondamentaux. Le droit des avocats à défendre sereinement leurs clients en est un. Si nous sommes bien informés des journalistes occidentaux assassinés de par le monde (et déjà moins lorsqu’il s’agit de journalistes d’ailleurs, hélas), le sort des avocats fait rarement la une des journaux.
Pourtant, des avocats sont régulièrement assassinés. Chacun de ces meurtres est une blessure béante dans la Charte des Droits de l’Homme. La situation aux Philippines, par exemple, est atroce. D’après un rapport de l’Association européenne des Avocats pour la Démocratie (ELDH), pas moins de 41 avocats y ont été abattus depuis 2001. Des dizaines d’autres ont été menacés, surveillés ou agressés. Les magistrats ne sont pas mieux lotis : « 18 juges traitant de dossiers ‘politiques’ ont été assassinés », selon le communiqué de presse du Syndicat des Avocats pour la Démocratie (SAD). Rien qu’en 2014, trois avocats connus pour leur combat en faveur des personnes défavorisées et/ou de prisonniers politiques, ainsi qu’un juge, ont été « liquidés », chaque fois par deux motards. Leurs noms ne vous dira rien, hélas. Ce sont Noel D. Archival, Cristobal Fernandez, Rodolfo Felicio et le juge Reynerio Estacio. Quant aux enquêtes, elles sont apparemment laissées à l’abandon. Bref, #JeSuisPhilippin.
En 2010, des avocats européens ont décidé de réagir en organisant la Journée de l’Avocat en Danger. Soutenue par l’Institut européen des Droits de l’Homme, elle a normalement lieu le 24 janvier, en mémoire du massacre d’Atocha, en Espagne. En 1977, cinq avocats y ont été tués et quatre grièvement blessés par un commando néofasciste, en pleine transition du franquisme vers la démocratie parlementaire. Les actions précédentes visaient l’Iran, la Turquie, le Pays Basque et la Colombie, tous théâtres de graves atteintes aux droits de la défense. Cette année, exceptionnellement, les rassemblements désormais traditionnels d’avocats en robe se tiendront ce 23 janvier, dans toute l’Europe, mais aussi en Turquie et aux Philippines.
À cette occasion, le Syndicat des Avocats pour la Démocratie (SAD) appelle à un rassemblement en soutien aux avocats philippins, le vendredi 23 janvier à partir de 12h30, devant l’ambassade des Philippines, 297 avenue Molière, à Ixelles. Le dress code : la robe. Et demain, ce ne sera pas pour de simples effets de manche, mais pour rappeler que l’exercice de la justice peut tuer aussi.
Amis journalistes, ne manquez pas de couvrir cette pierre à l’édifice des droits démocratiques. Et pour une fois, ne laissez pas ce combat fondamental aux chiens écrasés sous prétexte que les avocats sont moins « vendeurs » que vos confrères. La liberté n’a pas de profession.
Le Communiqué de presse du SAD
Pour plus d’information :
Pierre ROBERT, contact presse du S.A.D. (0483 51 07 50)
Florence de La Pradelle, organisatrice de la journée pour le S.A.D (0496.627.485)
Thierry Bontink, de l’Institut des droits de l’Homme du Barreau de Bruxelles (02/627.10.26)
0 Comments
Salade
janvier 22, 20:12Niemôller
janvier 23, 19:57Capucine
janvier 22, 20:34Capucine
janvier 22, 20:37Capucine
janvier 22, 21:13Capucine
janvier 22, 21:19uit 't zuiltje
janvier 23, 00:33Tournaisien
janvier 23, 14:29uit 't zuiltje
janvier 25, 22:44Capucine
janvier 23, 11:06lievenm
janvier 24, 00:22Rivière
janvier 24, 13:24uit 't zuiltje
janvier 25, 23:04Capucine
janvier 25, 12:32