EXCLU. La Marche sur Rome de la N-VA, c’est le 1er août.
Mise à jour du 31 mai. Mark Demesmaeker, député européen de la N-VA, est inscrit à l’événement. Ceci implique que la N-VA soutient la marche.
Autres inscrits : Matthias Storme, éminent nationaliste flamand; Jan Van Meirhaege, député provincial N-VA, s’est inscrit dans les participants.
Une page Facebook invite 1,4 million de Flamands ayant voté pour la N-VA à « marcher sur Bruxelles » si le parti de Bart De Wever n’est pas dans le gouvernement belge le 1er août. Parallèlement, deux pétitions circulent sur le même thème. Des militants, des membres, des dirigeants locaux, mais aussi des mandataires de la N-VA (notamment un élu de CPAS, ), ainsi qu’au moins une section du Vlaamse Volksbeweging, le « Mouvement flamand », proche de la N-VA (via notamment Jan Jambon et Peter De Roover) ont signé l’une des pétitions ou déclaré participer à la marche. À l’heure où j’écris, le nombre de participants déclarés était passé de 3.000 à 10.000 en une seule journée !
En 1922, Benito Mussolini qui avait obtenu 19 % des voix aux élections de 1921 avec le parti Blocchi Nazionali (Blocs nationaux) a lancé la fameuse Marche sur Rome pour faire pression sur le gouvernement et le roi affaibli. Elle réunissait une grosse vingtaine de milliers de fascistes. Dans son esprit, le Duce ne cherchait pas à renverser le gouvernement, mais à faire respecter la « vraie démocratie », celle qui lui vaudrait de diriger le gouvernement, ce qu’il obtint du roi Vittorio-Emanuele III. Mussolini dirigea alors une coalition gouvernementale où les fascistes étaient minoritaires, aux côtés de partis traditionnels, en attendant, petit à petit, de rogner la démocratie italienne pour la remplacer par une dictature fasciste. Celle-ci a mis 5 ans à s’installer réellement, si l’on considère l’instauration des « lois fascistissimes » comme le vrai point de départ de l’État fasciste italien (les historiens ne sont pas forcément d’accord entre eux). Et jusqu’en 1927, beaucoup d’Italiens considéraient Mussolini comme un démocrate. Just saying.
La marche n’est apparemment pas organisée par la N-VA.
Si le principe est identique (imposer un parti dans un gouvernement), la grande différence entre la Marche fasciste sur Rome et la Marche nationaliste sur Bruxelles, c’est qu’apparemment, cette dernière n’a pas été lancée sciemment par la N-VA. Je dis bien apparemment parce qu’il va être difficile de savoir si quelqu’un dans le parti n’aurait pas suggéré à quelqu’un hors du parti de lancer l’idée. Ainsi, l’une des pétitions (qui n’a recueilli que 12 suffrages jusqu’ici) a été signée d’emblée par trois membres de directions locales de la N-VA, de Waarschot et de Keerbergen. De même, des dirigeants locaux et mandataires du parti figurent, comme je l’ai indiqué, parmi ceux qui s’engagent à marcher sur Bruxelles pour impressionner les négociateurs et, pourquoi pas, profiter de la relative faiblesse du roi pour imposer leur leader comme premier ministre belge. Mais nous n’avons pas de preuve, alors, considérons que la direction de la N-VA est contre cette marche (ce qui sera bientôt clair : si elle ne réagit pas, c’est qu’elle n’y est pas opposée).
L’autre différence, c’est que Facebook aidant, on trouve de tout parmi les participants, y compris des électeurs d’autres partis qui trouvent simplement que le parti qui a obtenu 32,5 % de voix en Flandre (mais 20 % en Belgique, score très similaire au bloc nationaliste dont Mussolini faisait partie) doit de facto faire partie de la coalition gouvernementale. Mais d’autres messages de pétitionnaires font froid dans le dos : « un gouvernement sans la N-VA = révolution ». Sans compter ceux qui affirment, en dépit des faits que « Bart De Wever a la majorité des Flamands avec lui ». Il est question aussi, comme du temps de Mussolini, d’instaurer « la vraie démocratie ». Et sur les forums, les messages de ceux qui rappellent qu’un régime proportionnel tel que nous le connaissons, va aux partis qui parviennent à former une coalition parlementaire, et non à celui qui récolte le plus de voix, sont immédiatement raillés par ceux qui affirment qu’un pays doit tenir compte d’un parti qui, à lui seul, obtient 20 % des voix.
Bien entendu, on ne trouve nulle part de tête du parti qui rappelle les gens à l’ordre en les priant de respecter les règles démocratiques dans notre pays. Au contraire, une véritable offensive médiatique est lancée sur le thème « un siège flamand coûte plus cher qu’un siège francophone » avec en tête de pont deux articles parus dans Monkeybusiness, dont l’un au titre sulfureux : « Comment les sièges francophones moins chers sabotent la démocratie » et un autre, paru sur le site de la VRT « La Flandre obtiendra-t-elle ce qu’elle a choisi ». Ce dernier est de Guido Moons, président d’honneur du Vlaamse Volksbeweging, la base nationaliste de la N-VA. Jan Jambon déclare y être actif, son chef politique, Peter De Roover, ami de Bart De Wever, est sur les listes du parti nationaliste-flamand.
« La Belgique n’est pas une démocratie » ? Ou « les nationalistes ne sont pas des démocrates » ?
Dans cet article, Guido Moons n’hésite pas à écrire : « La Belgique n’est pas une démocratie fonctionnant normalement ». Il estime que la N-VA doit participer au futur gouvernement. Or, une telle participation risque bien d’être terminale pour la Belgique. Les 541 jours sont dans toutes les mémoires. Ce qui montre que ce que la N-VA n’obtient pas par les élections, son arrière-ban tente de l’obtenir par d’autres moyens. Point d’orgue : aujourd’hui, le Taal Aktie Kommitee et son bras politique, le Vlaamse Volksbeweging, manifestaient au Parlement contre « la sous-représentation flamande ». Le thème du jour est « 1 homme n’égale pas une voix ». J’y reviens juste après.
Pour amener les masses populaires à une révolte au moins spirituelle contre une éventuelle tripartite, les nationalistes, qui sont de véritables usines à concept, en ont développé deux qui s’ancrent sur ceux qu’ils avaient déjà lancé dans la nature : « deux démocraties », « la Belgique est francophone », « les Wallons ont de tout temps brimé les Flamands », etc. Le premier de ces nouveaux concepts se base sur une carte de la Flandre où pratiquement tous les cantons ont élu la N-VA en tête. Peu importe si elle a 1 % ou 20 % de plus dans chacun de ces cantons, seule sa position de tête compte. Cette carte est utilisée systématiquement pour donner l’impression que le parti de Bart De Wever est le premier partout ou presque. Ce qui, je le répète, ne signifie rien dans un régime proportionnel : si l’on prend la même carte avec le vote FN en France aux Européennes (en supposant que le parti ferait les mêmes résultats aux législatives), et qu’on applique la même conclusion, Manuel Valls devrait donc abdiquer au profit de Marine Le Pen. Ça donne une petite idée de la qualité démocrate des idées qui circulent dans et autour de la N-VA.
Le second concept est chiffré et c’est celui que le TAK et le VVB promeuvent aujourd’hui. Il s’agit du « coût » d’un siège à la Chambre, différent pour un Francophone et un Néerlandophone. Plusieurs articles, dont un dans le Standaard sont parus qui expliquaient pourquoi avec un nombre similaire d’électeurs, un parti francophone récoltait jusqu’à 10 sièges de plus qu’un parti néerlandophone. Ou, exprimé autrement dans un article de Newsmonkey intitulé « La Belgique n’est pas une démocratie qui fonctionne normalement », un siège francophone coûte de 32.000 à 37.000 voix alors que les flamands se « paient » de 42.000 à 59.000 voix. On a envie de leur répondre qu’à Bruxelles, la N-VA obtient 3 sièges avec 9085 voix seulement alors qu’avec un score supérieur, Debout Les Belges n’en obtient… aucun ! (Voir plus bas d’autres explications qui tordent le cou à cette nouvelle légende urbaine d’une démocratie qui favoriserait les partis francophones.)
Aucun N-VA de haut niveau n’a fait état de tout ceci clairement. L’ensemble des concepts nationalistes que j’évoque ainsi que l’invitation à signer la pétition sont répercutés uniquement par les électeurs et les mandataires locaux à titre personnel, par des sections du Vlaamse Volksbeweging, mais jamais par une section de la N-VA elle-même ! Bien entendu, elle peut difficilement ne pas être au courant de l’appel à la Marche sur Bruxelles, puisque celui-ci a été diffusé, notamment, sur VTM et qu’il serait très étonnant que les membres et mandataires qui y souscrivent n’aient pas fait remonter l’idée jusqu’au sommet. À moins, bien sûr, qu’à la N-VA, personne ne parle à personne. On imagine que Bart De Wever jouera sur le fait que ses électeurs et mandataires sont « libres » de signer ce qu’ils veulent, tout comme ils sont « libres » de manifester avec les néo-nazis du Voorpost ou, comme Hendrik Vuye, d’aller présenter sa vision de la constitution belge au cercle néo-fasciste NSV, pépinière du Vlaams Belang. En gros, la N-VA abuse du mot liberté pour permettre à ses ouailles d’aller fricoter avec les ennemis de la liberté, ou d’annoncer leur participation à une sorte de Marche sur Rome sans l’aspect militaire de celle-ci (très relatif du reste).
Bart De Wever doit décommander cette marche, faute de quoi il se met au niveau de Benito Mussolini.
Le seul moyen de démontrer qu’elle est bien un parti démocrate serait pour la N-VA de se désolidariser totalement de la marche au point d’interdire à ses membres et mandataires d’y participer. Elle pourrait faire œuvre pédagogique en expliquant que sa participation au gouvernement n’est absolument pas obligatoire dans une démocratie proportionnelle, pas plus que celle du FN au gouvernement français n’est rendue nécessaire par ses 25 % aux Européennes ou ne le serait si elle obtenait le même score, en nombre d’élus, aux législatives. C’est là que Bart De Wever est attendu au tournant.
Enfin, sa responsabilité est largement engagée dans cette initiative — même en considérant qu’elle serait purement citoyenne — par l’usage systématique et immodéré de principes d’opposition entre Flamands et Francophones, par sa décrédibilisation tout aussi systématique de la « démocratie belge », par le mépris pour les principes fondamentaux de notre Constitution. Il y a dans les messages de ce parti un contournement systématique de l’esprit des lois de notre pays, un refus d’accepter les règles installées, et un usage abusif des mots liberté, égalité, démocratie, démocratique. À ce titre, le fait qu’une telle formation parvienne sans même intervenir à ce que l’on fomente une marche sur Bruxelles destinée à impressionner les autres partis et à imposer la présence de Bart De Wever dans un gouvernement qui ne peut être que négocié entre partis et où l’électeur n’a plus la main une fois les élections passées, suggère qu’il est grand temps qu’on cesse de minimiser le caractère populiste et nationaliste de la N-VA. À bon entendeur, salut.
ANNEXE
Les partis francophones favorisés ? Mais la N-VA aussi, et de 10% !
Commençons par un constat clair : l’ensemble des sièges francophones correspond, à 0,8% près, à la proportion de Wallons et de Bruxellois francophones dans la population belge. La raison de la distorsion qui « choque » les nationalistes (qui oublient que certains partis flamands et wallons « paient » plus de 100.000 voix leur premier siège, mais passons) tient notamment au fait qu’il y a plus de « votes inutiles » en Wallonie et à Bruxelles, où de nombreux partis n’ont pas passé la barre des 5 % requise pour obtenir leur premier siège. Leurs voix passent automatiquement dans les grandes formations. Autrement dit, les grands partis francophones bénéficient plus des votes perdus que les grands partis flamands. Mais je n’ai lu pas lu dans tous ces articles (et dans aucun pour les points 1, 2 et 4) les évidences suivantes :
- même la N-VA obtient 3 sièges de plus qu’elle ne devrait en avoir mathématiquement, la démocratie flamande ne fonctionne donc pas « normalement » non plus ;
- l’avantage obtenu par les grands partis, des deux côtés de la frontière linguistique, est dû à l’adoption de la Méthode d’Hondt, inventée par un Gantois (non, pas un Namurois) à la fin du XIXe siècle pour favoriser les grands partis et permettre une coalition — cette méthode a de tout temps satisfait les partis flamands et est utilisée dans la plupart des démocraties avec les mêmes effets pervers : s’il n’y a pas de démocratie belge, il n’y en a pas beaucoup dans le monde, et l’américaine, l’anglaise ou la française sont particulièrement exécrables ;
- les principales victimes de cette inégalité de sièges sont le Vlaams Belang, le Parti populaire et le FDF ;
- Sur 3,9 % de différence moyenne, un quart est dû au fait qu’en exigeant la scission de BHV, les partis régionalistes et nationalistes flamands ont eux-mêmes perdu un siège à Bruxelles où le nombre de néerlandophones ne permet plus d’élire un député à la chambre ;
- Les 3 % restants sont dus à la présence plus importante d’enfants et d’étrangers à Bruxelles et en Wallonie, et dans le cas des étrangers, un nombre considérable travaille en Belgique depuis des années voire des décennies et a épousé des Belges ;
- Globalement, les Flamands ont aujourd’hui 58 % des sièges pour 58,8 % de la population et 61,9 % des votants. La différence est minuscule comparée à certains pays où il est possible d’être élu président sans avoir une majorité de voix, comme aux États-Unis ;
- On peut, en Belgique même, trouver des exemples inverses : ainsi, à Bruxelles, les Néerlandophones bénéficient d’une surreprésentation qui permet à la N-VA d’obtenir 3 sièges avec 9085 voix alors qu’un parti francophone de mauvaise réputation n’en obtient aucun malgré un score supérieur. Pire : sans la surreprésentation, seul l’Open VLD serait représenté au Parlement bruxellois, tous les autres partis néerlandophones se retrouveraient sans le moindre siège du fait de la barre fatidique des 5 %.
Et voici un graphique qui montre qu’une répartition plus équilibrée, en utilisant la Clé Sel au lieu de la Clé d’Hondt ne changerait pas grand-chose entre grands partis et favoriserait en fait la fragmentation de la représentation électorale. La famille socialiste serait toujours première, la tripartite serait toujours possible. J’ai pris un cas extrême : une répartition des sièges selon le nombre d’électeurs et non selon le nombre d’habitants (ce qui exclut les enfants et les époux/épouses étrangers de toute représentation, mais soit), qui donne 57 sièges francophones et 93 néerlandophones. Les sièges sont attribués en divisant le nombre d’électeurs de chaque parti par le nombre d’inscrits total divisé par le nombre de sièges de chaque communauté, le tout arrondi à la décimale inférieure. On regarde ensuite combien d’électeurs représente chaque siège non attribué et on attribue les sièges restants au parti qui a le plus grand nombre de voix non encore traduites en sièges, jusqu’à ce que tous les sièges soient attribués (ainsi, le dernier siège «vaut 15.000 voix environ en Wallonie). Ceci permet de faire rentrer les petits partis. Le résultat : entrée des populistes en masse dans l’hémicycle, mais je suppose que c’est ce que veut la N-VA, au final. Et enfin, le tout est calculé sur une seule circonscription fédérale ce que, pour rappel, la N-VA ne veut à aucun prix.
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GuyF
mai 29, 17:47Fernando Ferreira
mai 29, 18:26uit 't zuiltje
mai 30, 15:47Philippe
mai 29, 18:30xavier castille
mai 29, 18:35uit 't zuiltje
mai 30, 15:59xavier castille
mai 31, 09:44uit 't zuiltje
juin 01, 22:13valeredoumont
mai 29, 18:39uit 't zuiltje
mai 30, 20:35donnet
mai 29, 18:39schoonaarde
mai 29, 19:38uit 't zuiltje
mai 30, 17:04schoonaarde
mai 31, 15:51uit 't zuiltje
juin 05, 17:54wallimero
mai 29, 19:56Marcel Sel
mai 30, 00:40thomas
mai 30, 00:55Philippe
mai 30, 17:15MUC (fatigué)
mai 31, 18:56wallimero
mai 30, 08:49Philippe
mai 30, 17:24uit 't zuiltje
mai 30, 16:20wallimero
mai 31, 10:01Lachmoneky
mai 31, 16:10Philippe
juin 01, 10:20Philippe
juin 01, 10:27uit 't zuiltje
juin 05, 00:13guillaume21
mai 29, 20:12François
juin 03, 21:56uit 't zuiltje
juin 04, 23:46guillaume21
juin 06, 07:47xavier castille
mai 29, 20:43Philippe
juin 01, 10:18uit 't zuiltje
mai 29, 20:46uit 't zuiltje
mai 29, 22:12Tournaisien
mai 29, 23:02uit 't zuiltje
mai 30, 06:49Tournaisien
juin 01, 10:31uit 't zuiltje
juin 04, 23:26miyovo
mai 29, 23:08thomas
mai 30, 00:34Philippe
juin 01, 10:15Franck Pastor
juin 02, 16:33Juliette
mai 30, 05:16uit 't zuiltje
juin 04, 23:42guillaume21
mai 30, 07:22moinsqueparfait'
mai 30, 12:01JLP55
mai 30, 12:08Marcel Sel
mai 31, 00:47uit 't zuiltje
mai 31, 08:00MUC
juin 02, 13:24uit 't zuiltje
juin 04, 23:34tsuko
mai 30, 19:28Alain Forget
mai 30, 20:19GuyF
mai 31, 18:29uit 't zuiltje
juin 04, 23:51Alain Forget
mai 30, 20:23lievenm
mai 30, 23:28GuyF
mai 31, 18:33Capucine
mai 31, 10:41francolatre
mai 31, 16:16uit 't zuiltje
juin 04, 23:57Capucine
mai 31, 20:47Salade
mai 31, 23:20Salade
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juin 01, 09:40Pfff
juin 01, 13:11uit 't zuiltje
juin 05, 18:02Pfff
juin 06, 16:49Philippe
juin 01, 17:06