La N-VA au fédéral ? Ceci n’est pas un gouvernement !
Il ne faut pas être grand sorcier pour comprendre que la N-VA ne veut et ne peut intégrer un gouvernement fédéral belge. Elle ne le veut pas, parce que de deux choses l’une : soit, elle y participe et il fait de l’excellent travail. Mais elle démontre que la Belgique peut fonctionner. Et Bart se tire un missile dans l’orteil en prouvant que son credo fondamental est erroné. Soit, au contraire, elle y fait du très mauvais travail. Dans ce cas, elle démontrera que ses solutions économiques sont ineptes. Or, c’est par le socio-économique que la N-VA obtient une bonne moitié de ses électeurs. On me répondra qu’en cas de mauvaise gouvernance, elle rejettera la faute sur ses partenaires de coalition — ce qui est probable — et dans ce cas, on imagine qu’un gouvernement avec un tel partenaire irait rapidement à la crise. On arrive alors dans le « peut pas » : intégrer un parti au gouvernement dont l’intérêt principal est que celui-ci ne fonctionne pas est évidemment la dernière des hérésies.
Second problème : au fédéral, la N-VA ne peut pas gouverner avec le PS et ne peut pas gouverner sans. Si elle entre dans un gouvernement sans les socialistes, elle dominera à ce point l’équipe qu’il serait incompréhensible qu’elle ne fournisse pas le premier ministre. Avec 33 sièges dans la dernière projection en sièges du Soir, elle aurait près du double du deuxième parti, le MR (à supposer que la situation ne soit pas pire encore, avec la N-VA à 34 sièges et le MR à 17 par exemple) et disposerait à elle seule de 37,5 % des députés gouvernementaux. Les Francophones se retrouveraient non seulement minoritaires dans leur collège (ce qui en soi n’est ni grave ni étrange dans une fédération), mais en plus, leur représentation gouvernementale serait d’à peine 30 % (25 sièges sur 88). Les partis francophones qui s’aventureraient dans un tel marais seraient un peu fous dans leur tête, mais ça n’est que mon humble opinion.
Par ailleurs, le MR et le CDH devraient à eux seuls pourvoir à tous les postes ministériels francophones (soit 8 à 10 postes), avec 30 % de la représentativité. Je me demande comment Bart De Wever expliquera qu’il est entré dans un gouvernement où si peu de sièges francophones s’arrogent autant de portefeuilles. Mais rassurons-nous, seul le Vlaams Belang lui posera la question !
Une représentation francophone au gouvernement d’à peine… 30 % ?
Si la N-VA n’apporte pas le premier ministre, ce devra être un CD&V ou un MR. Mais lequel de ces partis acceptera de prendre une telle responsabilité alors que le gouvernement lui-même sera largement dominé par un nationaliste flamand ? Et quel francophone acceptera de soutenir Bart De Wever (ou autre) au poste de premier ministre ? Cela le vouerait aux pires insultes de l’opposition et de bien des Francophones.
La N-VA elle-même ne dispose pas de tant de ministrables que ça, les seuls qui ont une expérience à ce niveau sont Muyters (pas top) et Bourgeois (pas glop). Or, elle devrait fournir au fédéral 4 à 5 portefeuilles. Vous voyez entrer des Jambon, Weyts, Bourgeois, Muyters, De Wever au gouvernement ? Tant d’inexpérience ne garantit pas de bons résultats, mais plutôt un monceau de gaffes. Or, il serait illogique que la N-VA abandonne tous les secteurs clés à d’autres partis. Il devrait au minimum couvrir les Finances, le Budget et/ou les Classes moyennes. Des secteurs où aucun de ses membres éminents n’a jamais rien prouvé : Muyters a augmenté la fiscalité en Flandre en supprimant le «jobkorting» et il s’est déjà planté dans ses comptes.
La N-VA n’a pas de ministrables de niveau « fédéral ».
Reste bien sûr la solution d’une N-VA sans ministre, soutenant de l’extérieur un gouvernement (très) minoritaire selon le sondage ci-dessus (qui n’est qu’un modèle de travail) : avec à peine 54 députés, un tel gouvernement ne pourrait compter à coup sûr que sur un gros tiers de la Chambre. Et puis, dites, près de 4 sièges gouvernementaux sur 10 en appui externe, et les plus radicaux de surcroît, quel premier ministre accepterait un tel risque ? Ce serait une pipe, peut-être, mais certainement pas un gouvernement !
La position même d’une telle coalition « de droite » serait de la haute voltige. Car contrairement au gouvernement actuel qui n’a pas franchement d’opposition (Groen/Ecolo est trop courtois pour s’opposer radicalement et la N-VA est comme qui dirait une opposition « ingeburgerd »), une pentapartite de droite devrait batailler quotidiennement contre les 40 sièges des socialistes, des écologistes et des communistes. Soit, tout le « peuple de gauche », le plus enclin à sortir dans la rue pour contester une politique trop à droite. Et face au « bain social » qui s’annonce, surtout en Wallonie, même les policiers bruxellois connus pour leur brutalité seraient vite dépassés. Mais on pourrait importer de la main d’œuvre étrangère, les Robocops brésiliens sont, à ce qu’on dit, tout à fait redoutables. Blague à part : les grandes réformes radicales contre l’avis de la population requièrent un parti de gauche au pouvoir, faute de quoi, elles finissent en émeutes.
Bien sûr, une cure d’opposition des socialistes paraît indispensable tant le parti s’est encroûté dans ses habitudes et a dérivé au centre droit. Mais elle n’arrangerait pas les bidons d’un « gouvernement Vlaams-national-droitiste ». Les Francophones de l’opposition auraient dans ce cas beau jeu de rappeler au quotidien au MR et au CDH leur « trahison » qui serait d’autant plus patente aux yeux de bien des électeurs potentiels, que la N-VA obtiendrait d’avancées vers le confédéralisme (je rappelle que sans de telles avancées, pas de gouvernement avec mijnheer de Keizer). Je pense qu’on peut donc difficilement espérer qu’une coalition aussi déséquilibrée, avec les nationalistes comme boulet permanent, tienne vraiment 5 ans (la nouvelle durée d’une législature). Or, un échec avec dissolution des chambres avant la fin de la législature serait une victoire pour la seule N-VA, qui a bien entendu tout intérêt à aller vers une telle conclusion, pour tirer la couverture à elle. C’est sa spécialité, c’est même presque dans son ADN.
Mettre le souk, c’est dans l’ADN de la N-VA…
Alors, admettons que la N-VA finisse par accepter de gouverner avec les socialistes ? Mais dans ce cas, pour quoi faire ? Tout d’abord, les socialistes ont montré qu’ils n’avaient pas besoin de la N-VA, même forte, pour former un gouvernement qui gouverne, et qui tient la barre à droite (chômage), laissant même libre cours à une dérive réelle vers les limites de l’extrême sur l’immigration, par exemple. Or, la tripartite actuelle serait reconductible dès le lendemain des élections et tous ses députés le savent. Quelle valeur ajoutée la N-VA peut-elle proposer en terme de stabilité de l’équipe, de cohésion gouvernementale ? Aucune, c’est même une nette moins-value.
La seule et unique chose qui plaiderait en faveur d’une entrée de la N-VA dans un gouvernement avec ou sans les socialistes serait l’effet psychologique de son résultat — mettons même 35 %. Mais est-ce si puissant que ça, ce chiffre, si les autres partis peuvent montrer qu’ils sont prêts à monter au 16 sans discussion inutile, sans négociation longue, sans remords et sans peur ?
Pourtant, ce chiffre a un sens. En 2010, la N-VA était le premier parti, devant le PS. Mais pas la première famille politique. Aujourd’hui, elle risque en sus de récolter ce laurier-là. Fondamentalement, cela ne signifie rien. Être premier parti avec moins de 25 % des voix au niveau belge, et sans partenaire, c’est très joli, mais ce n’est pas suffisant. Il faudra l’expliquer à la population et les partis flamands ont déjà commencé à le faire, du bout des lèvres. N’empêche que le roi devrait, ne fut-ce que pour l’esthétique, proposer un premier round d’information à Bart De Wever. Et une telle initiative peut avoir des effets pervers.
Le roi pourra-t-il se passer d’un round « N-VA » ?
Mais le roi pourrait également arguer du fait que la N-VA n’a aucun premier ministrable dans sa poche pour la zapper d’emblée, et passer directement au plan 2 (pas le plan B, hein, le plan 2) : si les partis de la coalition actuelle proposent rapidement un projet commun, ils ont bien la majorité pour eux, et peuvent aller ensemble chez Philippe avec le deal suivant : « vous nous confiez la formation et nous vous promettons un gouvernement dans les 60 jours ». Plutôt tentant : la monarchie se retrouverait entre ça et une menace sérieuse de revoir notre Belgique errer 541 jours durant à la recherche d’un gouvernement. Une crise que l’on ne peut se permettre une seconde fois.
Oui, la N-VA est impressionnante. Mais être le plus fort, quand on est tout seul, ça ne sert à rien. Oui, les partis flamands qui participeraient à un tel gouvernement seraient fusillés par les nationalistes pour avoir reconduit une majorité minoritaire en Flandre. Mais le CD&V, l’Open VLD et le SP.a auraient 5 belles années pour travailler. Et la N-VA, autant pour se rendre impopulaires au gouvernement flamand. Bref, cette solution est de loin la plus raisonnable. L’électeur ne pourra s’y opposer que dans longtemps, très longtemps.
Du plan B au système D.
Ça fait bricolo, tout ça ? Et le gouvernement Di Rupo, ce n’était pas bricolo, peut-être ? Il a néanmoins relancé la Belgique pour un tour de manège qui a pondu une 6e réforme de l’État assez radicale et adoptée sans grande querelle. Un tour de force, au prix d’une politique sociale terrible. Mais la scission eût probablement coûté plus cher encore.
Ajoutons à cela que le parti nationaliste n’entrera dans aucun gouvernement belge qui ne lui promettra pas de larges avancées vers le confédéralisme, ce qu’aucun autre parti « gourvernementable » ne veut. Ni au Sud, ni au Nord. Et que tout Bruxellois exclut d’office.
La N-VA au gouvernement fédéral ? Si ce n’est pas du Magritte, ça y ressemble très, très fort. Mais la Belgique nous a déjà réservé d’étranges surprises…
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Jacquemart Albert
mai 19, 16:42GuyF
mai 19, 17:03MUC
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mai 19, 18:30Lachmoneky
mai 20, 10:21moinsqueparfait'
mai 20, 13:02Marcel Sel
mai 20, 15:13moinsqueparfait'
mai 20, 17:24Salade
mai 19, 22:15Lachmoneky
mai 20, 10:29xavier castille
mai 19, 23:03Franck Pastor
mai 20, 17:09xavier castille
mai 19, 23:17wallimero
mai 19, 23:18Marcel Sel
mai 20, 00:10lievenm
mai 20, 11:56Pffff
mai 20, 22:29attibo
mai 21, 11:33xavier castille
mai 19, 23:19uit 't zuiltje
mai 20, 00:53petit
mai 20, 01:50Tournaisien
mai 20, 07:42Marcel Sel
mai 20, 09:47thomas
mai 20, 11:08denis dinsart
mai 20, 14:14moinsqueparfait'
mai 20, 17:33Alain
mai 20, 16:19uit't zuiltje
mai 20, 16:40Franck Pastor
mai 20, 17:17Philippe
mai 20, 17:40uit 't zuiltje
mai 21, 21:34Alain
mai 20, 09:56Axle
mai 20, 10:19Lachmoneky
mai 20, 10:47Philippe
mai 20, 11:59Lachmoneky
mai 20, 19:01xavier castille
mai 20, 12:56Marcel Sel
mai 20, 15:12Philippe
mai 20, 17:43thomas
mai 20, 23:59Marcel Sel
mai 21, 18:18Renaud
mai 20, 14:15Marcel Sel
mai 20, 15:16uit't zuiltje
mai 20, 17:03Renaud
mai 20, 17:04Philippe
mai 20, 18:11schoonaarde
mai 20, 19:38Pffff
mai 20, 22:32thomas
mai 20, 23:22MUC
mai 21, 11:23Philippe
mai 21, 19:30St Marc
mai 20, 15:07Marcel Sel
mai 20, 15:18St Marc
mai 20, 15:31Marcel Sel
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mai 21, 21:07Franck Pastor
mai 20, 17:21schoonaarde
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mai 21, 21:09schoonaarde
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mai 20, 17:08Marcel Sel
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mai 21, 20:03Philippe
mai 20, 18:24Tournaisien
mai 21, 07:59Gérard
mai 21, 12:30uit 't zuiltje
mai 21, 23:22Gérard
mai 22, 10:46uit 't zuiltje
août 08, 00:42Pauvre petit Bart riche « UN BLOG DE SEL
mai 28, 14:01