Élio Di Rupo, libérez immédiatement Dipika, 5 ans !
Lettre ouverte à Élio Di Rupo, président empêché du Parti socialiste et Premier Ministre belge.
Note : si vous êtes en phase avec ce texte, signez la pétition sur AVAAZ (vous y trouverez la traduction anglaise)
Monsieur le Premier Ministre,
Cela fait bientôt trois ans qu’une de nos concitoyennes, Bénédicte Van De Sande, est en exil au Népal dans des conditions extrêmement dures. Sa faute : avoir adopté une petite Népalaise qu’elle a élevée au quotidien comme si elle lui avait donné le jour. Mais parce qu’elle, et son mari Gyanendra Khatiwada, ont été mal conseillés, et parce qu’ils ont osé croire qu’in fine, la Belgique serait capable de comprendre leur engagement, elle ne peut revenir dans notre pays qu’en abandonnant son enfant, la petite Dipika, à un orphelinat népalais. C’est ce que la diplomatie belge lui recommande. Vous êtes responsable de cette situation.
Le pays que vous dirigez depuis 2011 refuse en effet tout visa à Dipika Khatiwada. Toutes les démarches faites par Bénédicte se sont heurtées à un mur, le mur de l’administration, le mur des Lois qui ne tolèrent plus la moindre entorse et nous prennent pour des machines, le mur des politiques qui ont oublié qu’ils étaient au service des gens et ne voient plus que la rigueur des textes. Vous leur reprochez de n’avoir pas suivi toutes les règles, mais s’ils l’avaient fait, ils n’auraient pas pu adopter, ils eussent été privés de la paternité et de la maternité à laquelle ils aspiraient légitimement. Dans un pays ouvert qui autorise à juste titre l’adoption par des parents de même sexe, faire perdurer leur situation nous renvoie au Moyen-Âge.
Le sort de Dipika vous glisse sur la peau
comme une chemise un jour de fête nationale.
Bénédicte et Gyanendra avaient fait toutes les démarches, longues, pénibles, complexes, pour obtenir le Sésame qui leur ouvrait la porte de l’adoption. Hélas, après des années d’attente, ils ont vu s’effondrer leur rêve d’adopter une petite Népalaise, de la même culture que Gyanendra : la Communauté flamande décidait d’annuler toutes les adoptions népalaises. Ils ont alors décidé de prendre le taureau par les cornes, d’aller au Népal, et d’adopter là-bas. Cette adoption est légale au Népal. Le droit international et le droit de l’enfant imposent que vous rassembliez immédiatement cette famille dans le pays dont Bénédicte et Gyanendra ont la nationalité : la Belgique. Jusqu’ici, votre administration les rejette parce qu’ils n’ont pas suivi toutes les règles. Mais vous ne trouverez pas, dans ce pays ou ailleurs, de citoyen qui puisse se targuer d’avoir suivi toutes les règles. À moins qu’à force de vous présenter sous un jour impeccable, vous ayez fini par croire que vous dirigiez des citoyens parfaits.
Depuis trois ans, Dipika — cinq ans — et sa maman sont séparées de leur père adoptif et mari, Gyanendra. Ce dernier tente, depuis sa petite boutique de Bruges, d’assurer à son épouse et à sa fille une vie plus ou moins décente dans cet exil forcé. Le Népal est un des pays les plus pauvres du monde. La femme n’y a aucune valeur. Nul ne peut envier la vie d’une mère y vivant seule avec son enfant. Nul ne peut comprendre que même la déficience cardiaque de la petite Dipika, bénigne en Europe, mais potentiellement mortelle au Népal, vous ait glissé sur la peau comme une chemise un jour de Fête nationale. Si un jour, Gyanendra ne pouvait plus subvenir à leurs besoins, leur situation serait désespérée. Or, la crise est là et la situation financière des Gyanendra — Van De Sande ne cesse de se détériorer.
Pour avoir le monopole du cœur,
encore faut-il en avoir un.
Cela fait trois ans qu’il tient sa famille à bout de bras, pratiquement sans la voir. Cela fait trois ans que chaque jour, ils se demandent s’ils seront un jour réunis à nouveau. Cela fait des mois que la petite Dipika demande chaque soir pourquoi elle ne peut pas voir son papa. Cela fait 36 mois bientôt que, chaque matin, Bénédicte se demande si elle reverra un jour le pays qui l’a vue naître, son mari, sa maison. Depuis Giscard, nous savions que les socialistes n’avaient plus le monopole du cœur. Aujourd’hui, l’on se demande s’ils en ont un.
La raison de cet exil, que votre administration leur impose, chacun peut la comprendre. Ils ont dérogé à l’un des règlements, toujours plus complexes, d’un pays divisé jusqu’à l’absurde. Les ministères et les communautés diverses, compétentes à un niveau ou à un autre, ne veulent pas (n’osent pas serait plus juste) donner l’impression que l’on peut impunément adopter un enfant dans un pays où la Belgique l’interdit. Tout citoyen un tant soit peu responsable, et Bénédicte en fait partie, comprend ce souci. Mais combien de Belges seraient prêts à risquer une peine minimale de trois ans d’exil pour adopter un enfant ?
Dans quelques semaines, cela fera donc trois ans que leurs appels à l’aide sont ignorés par votre gouvernement et par les administrations fédérales, régionales, communautaires ainsi que par le Corps diplomatique, censés pourtant gérer les problèmes des citoyens ici et ailleurs. Vous avez reçu deux lettres et vous y avez répondu automatiquement. Combien d’appels à l’aide faudra-t-il pour que les robots qui nous dirigent retrouvent un semblant d’humanité ?
L’envie de maternité punie plus sévèrement
que des crimes de droit commun.
Bénédicte et Gyanendra auraient-ils commis un crime impardonnable aux yeux de votre administration ? Croire que la parentalité et la générosité étaient encore des valeurs fondamentales de notre société, quelle horreur ! Croire qu’au final, vous le comprendriez, quelle folie ! Croire que l’État était encore capable d’un soupçon de souplesse, quelle utopie ! Croire que nos dirigeants auraient encore un semblant d’empathie pour la population qui leur a confié la tâche complexe de les diriger, quelle bêtise ! Leur crime doit bien être monstrueux pour être puni, déjà, de trois ans d’exil, assortis d’une incertitude absolue sur l’avenir : rien ne permet de prévoir la fin de cette situation. Faut-il qu’une mère qui élève un enfant enlevé à un orphelinat, où les conditions de vie sont épouvantables, se verrait condamnée à une peine plus longue qu’un violeur, un père incestueux, un ecclésiastique pédophile ou un politicien pris en flagrant délit de corruption ? Non, monsieur Di Rupo, ceci n’est pas de la démagogie. Hélas, trois fois hélas, cette comparaison est bien tangible. Et il va falloir nous expliquer, Monsieur le Premier Ministre, la logique de cette justice-là qui, par son refus d’intervenir, punit si sévèrement l’initiative bienveillante, la maternité désespérée, la solidarité familiale, la générosité envers l’enfant abandonné !
Vous êtes coupable de cette injustice, vous, vos ministres, vos secrétaires d’État et le gouvernement flamand. Car tous autant que vous êtes, tous partis confondus, vous avez vu à la télévision, entendu à la radio, lu dans les journaux l’histoire toute simple de cette famille déchirée. Tous autant que vous êtes, vous avez regardé ailleurs, avec l’excuse facile que « la loi, c’est la loi » — une excuse que vous mettez prestement de côté quand vous avez, en vos hautes sphères, besoin de régler quelque chose à la va-vite. Mais vous avez de bonnes raisons, de belles explications, lorsqu’il s’agit de ne rien faire pour une simple citoyenne en détresse, dans l’Himalaya.
Vous avez la voix vibrante d’émotion quand vous rappelez l’histoire de votre père immigré ici, qui vous a permis d’être belge, de bénéficier de notre sécurité sociale, de faire de belles études et de parvenir, ensuite, à la tête de l’État. Splendide discours ! Vain discours. Nous sommes saouls de discours. Nous avons besoin d’actes. Celui que nous vous demandons est d’une simplicité absolue : il revient à faire usage de votre pouvoir discrétionnaire pour réunir les administrations concernées, en une heure de réunion, et de décider d’une solution — un visa humanitaire, par exemple ; une régularisation, si vous en avez le droit et le courage. Réglez donc une fois pour toutes cette situation indigne d’un État moderne. Faute de quoi, vous laisseriez perdurer un drame inacceptable au regard des droits de l’Enfant.
Dipika, 5 ans, vaut-elle un panda ?
Si Bénédicte et Gyanendra faisaient partie des « parvenus » qui vous hérissent tant, ils auraient les moyens de prendre un avocat spécialisé et auraient une chance d’imposer à la Belgique le respect de leurs droits fondamentaux auprès de la Cour européenne de Justice. Mais voilà. Dans un pays qui blanchit les escrocs pour peu qu’ils soient millionnaires, vous, président empêché du parti socialiste, le parti des petites gens, le parti des ouvriers, le parti du cœur, le parti de la solidarité, n’avez eu d’autre stratégie que de fermer les yeux. De laisser glisser. De détourner la tête.
Monsieur le Premier Ministre, les élections approchent. De nouveaux partis populistes arriveront au parlement. Ce qui les y aura amenés, ce n’est pas le désintérêt de la population pour la politique. C’est au contraire l’impression que vous ne nous parlez plus de nous. Que vous ne vous occupez plus de nous. Que les chiffres, le PIB, les grandes idées, les dogmes, la rédaction des lois, les idéologies, les slogans, les combats de coqs avec la N-VA ont pris notre place dans vos agendas. Que le fossé entre nous et la politique, censée servir le bien commun, censée s’intéresser à nos destins, s’est définitivement transformé en gouffre. Pendant quelques semaines encore, c’est à vous, Elio Di Rupo, qu’il appartient de montrer que c’est toujours auprès des partis traditionnels que nous pouvons obtenir justice. Que le cœur est encore au cœur de votre vision du monde. Que Dipika vaut bien un panda. Si vous n’êtes pas en mesure de résoudre le problème de la famille Van De Sande – Khatiwada, et donc de comprendre que le droit de la petite fille de vivre auprès de ses parents réunis, chez eux en Belgique, doit être rétabli immédiatement, dites-nous, Monsieur le Premier Ministre, quels espoirs pourrions-nous encore caresser ? Que pouvons-nous encore attendre de notre pays ? Que peut-on encore attendre d’un parti socialiste ?
Nous n’attendons plus un monde meilleur. Tous, vous nous l’avez trop promis. Nous avons compris que vous êtes vous-même désemparés face à une crise qui vous dépasse. Nous ne demandons seulement un peu de justice. Nous espérons que même ça, ce n’est pas trop demander.
Se joignent à cet appel (à la date du 7 mai 2014, 15h):
Nadia Geerts, Hugues Lannoy, Maureen Dor, Alain Maskens, Guy de Halleux, Olivier Baum, Geneviève Lejeune, Sarah Symulak-Cornet, Frédéric Goffart, Solveig Rey, Claude Rousseau, Geoffrey Claustriaux, Maud Waregne, Greg Siebrand, Philippe Henry (pas le ministre), Franck Pastor, Brigitte Bodson, Serge Lecompte, Sandrine Devalkeneer, Serge Tholomé, Corentin Dussart, Philippe Dumont, Dan Leconte, Evelyne Flosi, Daniel Adams, Sylvain Brohée, Laurence Goubnitzki-Noailly, Magali Rouzeeuw, Fabienne Nyssen, Pierre Vidick, Christine Ergo…
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Marcel Sel
mai 06, 15:53greg
mai 06, 16:01GOUBNITZKI-NOAILLY Laurence
mai 06, 22:20sainte
mai 07, 17:26Pacanchique C
mai 09, 20:20Anne-Gaëlle Le Tohic-Bertrand
mai 11, 15:41nassogne
mai 13, 11:30Louise-Anne Fontaine
mai 13, 15:50Tenaerts Nicole
mai 15, 19:18Michel Kahan
février 23, 11:30Poivre
mai 15, 20:37Marcel Sel
mai 17, 14:47Etienne Hayez
mai 18, 18:09Philippe Henry (@henry_philippe)
mai 06, 16:08Lebrun
mai 06, 16:20Marcel Sel
mai 06, 16:27Franck Pastor
mai 06, 17:11Andre
mai 06, 17:17uit't zuiltje
mai 06, 17:45Lejeune
mai 06, 18:14Beep
mai 06, 18:16Jean Haselbauwer
mai 06, 18:32Guy de Halleux
mai 06, 18:42Marie Van de Sande
mai 18, 22:57Salade
mai 06, 19:03Marcel Sel
mai 06, 19:21goethlas
mai 06, 19:12sandrine devalkeneer
mai 06, 19:35Christine Ergo
mai 06, 19:51Pierre Vidick
mai 06, 19:58De groote
mai 06, 20:15Marie Van de Sande
mai 10, 16:46Fabienne Nyssen
mai 06, 21:18Magali
mai 06, 22:16uit 't zuiltje
mai 07, 00:02uit't zuiltje
mai 07, 16:43Sylvain Brohée
mai 07, 00:33Maureen Dor
mai 07, 11:04xavier
mai 07, 14:08Daniel Adams
mai 07, 14:15Gérard
mai 07, 14:52FLOSI Evelyne
mai 07, 15:07Capucine
mai 07, 15:19Mungersdorff
mai 07, 16:57Marcel Sel
mai 08, 01:12Mungersdorff
mai 08, 10:07Jérôme Longer
mai 10, 23:39Gyanendra Khatiwada
mai 07, 18:58Vandormael Malorie
mai 07, 19:01Andre
mai 07, 22:31Marcel Sel
mai 08, 01:16Andre
mai 08, 05:13josiane gartner
mai 08, 08:51miyovo
mai 08, 19:53etienne
mai 10, 10:34Marie Van de Sande
mai 10, 11:30Andre Dumoulin
mai 10, 13:04Marcel Sel
mai 10, 15:31Andre
mai 11, 17:28Hoornaert
mai 10, 15:51Capucine
mai 11, 14:30Ergo
mai 11, 18:50Marie Van de Sande
mai 11, 23:29Val Namotte la Xorguina
mai 13, 12:24Jean-Baptiste Dumont
mai 14, 10:09Karine
mai 14, 11:06Carthago
mai 17, 21:27Marcel Sel
mai 18, 12:30Marie Van de Sande
mai 18, 22:50Mélanippe
juin 27, 13:05