En 2005, Siegfried Bracke modérait un débat du Vlaams Belang, contre rémunération. Démission ?

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Filip Dewinter, l'un des pontes du Vlaams Belang, prête serment à la Chambre un jour de tendinite du coude.
Filip Dewinter, l’un des pontes du Vlaams Belang, prête serment à la Chambre un jour de tendinite du coude.

L’info a refait surface sur les réseaux sociaux, suite au scandale des rémunérations du président de la Chambre Siegfried Bracke dans la société privée de télédistribution et de téléphonie, Telenet.

Une rémunération certes moindre que celles de Publifin, mais très supérieure à celle d’un avocat de génie (Armand De Decker, par exemple). Selon la presse néerlandophone, il aurait ainsi touché 14.000 € en 2011, 16.000 en 2012, 18.000 en 2013 et 2014. Or, on a appris par Telenet que les conseillers étaient payés 12.000 € par an, plus 2.000 € par réunion à laquelle ils assistaient.

Autrement dit, si ces chiffres sont corrects, Siegfried Bracke aurait assisté à une seule réunion en 2011 ((14.000-12000)/2.000), payée 14.000 € la réunion, à deux réunions l’année suivante, payées chacune 8.000 € et à trois réunions en 2013 et 2014, soit 6.000 € par réunion. On n’a pas encore les chiffres de 2015 et 2016. Notons que Patrick Dewael, ex-président de la Chambre, a gagné plus (probablement parce que plus assidu). Et qu’Yves Leterme l’a côtoyé pour un montant de 8.000 dès 2011.

Sachant qu’il a quitté le poste de premier ministre le 19 décembre de cette année-là, c’est costaud : il n’a effectivement assisté qu’à une réunion. Trois ans après, le même Leterme empochait 12.000 euros. Autrement dit, il n’avait été à aucune réunion. Douze-mille patates pour ne rien faire, c’est beaucoup. Mais Yves n’avait pas le temps, il s’occupait de ses chèvres. Ah non, pardon il était secrétaire général d’IDEA, l’organisation intergouvernementale pour la démocratie et l’assistance électorale. Gageons qu’il aura donné des conseils bien rémunérateurs aux jeunes politiques qu’il aura supervisé.

Toutefois, seul Siegfried occupe encore un mandat important, celui de « premier citoyen du pays », le mieux payé de notre démocratie. Passons au Vlaams Belang.

En 2005, Het Laatste Nieuws rapportait que le même Siegfried Bracke, alors journaliste à la VRT, avait modéré un débat du Vlaams Belang, et qu’il avait été payé pour ce faire. Bracke : « J’ai en effet modéré un débat pour le Vlaams Belang, pour lequel j’ai été payé, mais je n’ai pas d’argent du Vlaams Belang dans ma poche ». Sur le même mode, aujourd’hui, il affirme qu’il ne sait pas vraiment si Telenet l’a payé ni combien. Un marrant, ce Siegfried !

Mais n’allez pas en conclure que le monsieur est un facho. En 1991, il a même contribué à écrire le manifeste du parti socialiste flamand (aujourd’hui SP.a) qui s’intitulait « Au nom de la Rose ». C’est son petit côté Umberto Eco. Et jusqu’en 1999, il a collaboré secrètement au magazine du parti socialiste et pas qu’un peu : il aurait écrit pas moins de 52 chroniques et réalisé 9 interviews. Le tout sous, notamment, le nom de plume de Valère Descherp (de scherpe signifiant « le pointu » en néerlandais). Et pointu, il le fut, puisque, selon De Morgen, il y a même écrit une rubrique qui faisait l’éloge d’un certain journaliste de la VRT. Devinez qui ?

Eh oui, le fabuleux Siegfried Bracke ! On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Vous me direz à raison que beaucoup de journalistes font des « ménages » (des modérations de débats, par exemple) pour arrondir leurs fins de mois. C’est vrai. Mais rarement dans un parti d’extrême droite. Ils sont probablement quelques-uns à écrire le soir pour une entreprise, une intercommunale ou un parti, avec peut-être même un petit revenu à la clé. C’est vrai, mais seul Siegfried Bracke est ensuite devenu président de la Chambre des Représentants.

Alors, la question est : tous ces mélanges des genres et ces petits profits de côté, cette absence d’éthique qu’il dénonçait ardemment chez les politiciens quand il était journaliste, et qu’il a dû oublié à un point tel que ses frasques ont secoué son parti, la N-VA, est-ce bien d’un président de la Chambre ?

Monsieur Bracke, à votre place, je démissionnerais. Pas pour votre parti. Pour la citoyenneté. Pour les Belges. Ou, si vous préférez, pour les Flamands. C’est aujourd’hui le seul geste honorable que vous puissiez faire. Il y a sûrement bien un politicien vraiment propre sur lui dans votre parti. Et tant en Wallonie qu’en Flandre, ou au fédéral, on a besoin de recroire dans nos élus. D’avance, merci.

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8 réponses

  1. On découvre petit à petit ce qui se passe… et tant mieux! Mais au fond comment se fait-il qu’une société comme Telenet ait besoin d’un conseil facultatif pour y mettre des politiciens dont la compétence en la matière ne me paraît pas évidente???

    1. Les retards et les coûts exorbitants du RER relèvent eux du GENIE civil! Gares, tunnels, murs: bref béton inutile et pots de vins! Pas de responsables pour cela!! C’est pico Bellot!

  2. Cela me fait penser à un vieux film, « De l’or pour les braves », où l’on voit le GI chargé de la logistique de l’armée US considérer que, puisqu’il gère stock mis sous sa responsabilité, c’est le sien. Dans le film, c’est pour braquer une banque, aujourd’hui, les banques, c’est has-been. Il y a les contribuables 🙂

  3. mrde alors je ne sais plus suivre votre blok depuis que votre roman est terminé… ah oui siegfried de l’n-va le truc des niebelungen de vlaendre, le président du parlement de l’Entité dont il reste encore à disséquer les pneus… jetez-le dans le canal de molenbeek d’un avion décollant de zaventem pour déversariner ses échappements eurotoxiques flamands sur bxl plutôt que sur bourgeois et ses ouailles

  4. « En 2005, Siegfried Bracke modérait un débat du Vlaams Belang, contre rémunération. » bof!…en 2017 toute la n-va joue un vb modéré contre la domination réelle des gouvernements de l’Entité fédéral et du Deelstaat démo-dominant

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Marcel Sel est auteur, romancier, journaliste, chroniqueur et satiriste. 

 

 

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