Publifin, PS, MR, CDH : Basta la mafia ! (MàJ)
Mise à jour au vas de l’article en gras italique.
On en a marre. Ras le bol. Plein les burnes.
On vous prend la main dans le sac. Le scandale Publifin touche au sommet de la hiérarchie des trois grands partis francophones. Ils ont tous apparemment bénéficié de la générosité de la machine à flouze. Car si le PS n’a pas su empêcher ou freiner la mise en place d’un véritable empire Moreau, les trois partis sont impliqués.
Quand on vous le clame, vous entrez en mode damage control et vous nous sortez insanité sur insanité. Mani pulite au CDH, qui vire des administrateurs à la vitesse vé prime, comme si priver des élus de 190 euros de jetons de présence était une punition. Mélange des genres au MR, où on fustige un système que le parti a validé et où on garde, dans un premier temps, ses propres administrateurs, et le rutilant Georges Pire (champion des mandats) en place. Ahurissantes manœuvres au PS, entre des « punitions » qui reviennent, par exemple, à obliger Stéphane Moreau, le Condotiere de Publifin/Nethys, à choisir entre 82.000 euros par an et au minimum 960.000 par ailleurs. Quelle horreur !
Ensuite, Di Rupo perd tout sens commun en envoyant de l’argent public à la Croix rouge (!), et Magnette félicite Paul Furlan qui a fini par démissionner sans pourtant reconnaître ses erreurs. Quelle horreur pour lui aussi, il ne sera plus que bourgmestre de Thuin ! Quant aux vrais gros revenus de Publifin, planqués dans les sociétés anonymes qui pullulent en-dessous, ils pourront tranquillement continuer à parvenir.
La comparaison est toujours un peu démago, mais dans le privé, tout ce petit monde se serait retrouvé au chômedu. On n’en demande pas tant. Mais vous attendez apparemment de nous qu’on vous trouve sévère. Alors comprenez que si la sévérité ne touche pas le moteur de la machine, Stéphane Moreau, il ne faut pas vous étonnez pas qu’on ne vous suive plus.
En fait, vous ne savez plus ce que c’est que de vivre avec un salaire normal. Vous ne savez plus ce que signifie la responsabilité. Vous ne comprenez plus qu’on ne gagne pas notre pain en étant simplement le mari ou l’épouse d’un-e ponte de la politique, ou le copain d’un bourgmestre.
Alors, quand on vous prend la main dans la caisse, vous pensez qu’il suffit de démissionner ici ou là (tout en gardant un poste bien rémunérateur, comme Philippe Buelen, chef de cabinet d’obédience CDH « condamné » à ne plus gagner que 300.000 euros par an — ah, quelle déchéance), et vous clamez avoir rendu la justice, et puis vous autocongratulez votre magnifique courage ! Et vous croyez nous avoir répondu, alors que vous n’avez fait que nous insulter, par dessus le marché !
Quand la presse vous remet en cause, vous souriez pour désarmer la critique, vous bottez en touche, vous niez ou, au mieux, vous prenez un air grave et vous reconnaissez « qu’il y a un problème ». Avec le temps, vous avez appris à vous sortir de n’importe quelle situation, de n’importe quel scandale et au pire, si votre position ou votre parti est menacé, il suffit de faire sauter un fusible. Pas grave, celui-ci a d’autres mandats. Il ne sera pas sur la paille. Après, un jour, le fusible reviendra et tout aura été pardonné.
Vous lancez des mesures radicales qui touchent les députés et petits mandataires, mais ce ne sont pas les gros profiteurs du système. Vous le savez. Un conseiller communal touche quelques centaines d’euros par mois. Au mieux.
Nous, on rame et on vous écoute, incrédules, vous égosiller que votre cœur saigne, hurler votre solidarité totale depuis votre piscine, éructer les chiffres qui nous prouvent qu’on va vivre mieux. Mais on ne vit pas mieux. Vous nous dites que c’est la conjoncture. Admettons.
Et puis, on repère quelques sbires qui empochent des 300, 400, 900 mille par an dans des entreprises publiques. Et vous nous dites que c’est normal.
Après, vous allez débattre, le dimanche, et vous tapez sur votre voisin bleu, ou orange, ou rouge, qui n’est alors que le sparring partner du jour. Après le débat, vous redevenez copains. Dame, vous buvez parfois l’alcool du Parlement ensemble. Ah, y’a ça aussi : vous votez la hausse des accises sur cet alcool pour nous. Et vous avez tenté, un temps, d’en maintenir la gratuité pour vous. Heureusement, vous avez dû faire machine arrière. Pourvu que la bière augmente autant chez vous que chez nous…
Hein ? Quoi ?
Tout à coup, vous découvrez que ça nous choque, vous appelez vos conseillers en communication, ces damage controllers, qui vous prémâchent des formules vendeuses. Et vous venez, tels des camelots de bazar, nous les répéter, fiers comme Artaban. Vous ne faites plus que ça, nous vendre du vent.
Hélas, vous planez si haut que vous ne nous voyez plus. Ne vous étonnez pas si nous, on ne peut plus vous voir.
Oh, pas tous les politiques. Non. Il y a tous ceux, la masse, qui y croient encore. Qui bossent sérieusement. Ils se débattent dans des partis omnipuissants où un quarteron de lieutenant-e-s grassement choyé-e-s décide de tout. Ils pleurent parce qu’ils ne peuvent pas gueuler que ça suffit. Merci Cédric Halin, mille fois merci !
Mais ce n’est plus leur action qui les fait grimper dans la hiérarchie, mais leur propension à accepter des mandats, des mandats, et encore des mandats. Et aussi, surtout, à fermer leur gueule.
Maffia blues
Tout en haut de la hiérarchie, il y a la Nomenklatura. Une caste de parrains autour desquels gravitent ceux qui usent du service public pour se servir personnellement et abreuver leur (basse) cour de mandats sonnants et trébuchants. Ceux pour qui la politique est un métier d’ambitieux qui doit rapporter. Ceux qui hurlent qu’ils ne savaient rien, qui font comme s’ils découvraient ce scandale sans fond, la maffia Publifin, qui n’est qu’un parmi bien d’autres.
— T’es sûr que c’est moral, 60.000 euros pour 6 ou 7 réunions consultatives où on ne fout quasi rien ?
— Mais tu t’en fous ! Profite, putain ! Personne n’en saura rien ! Et au pire, si ça s’apprend, c’est légal ! On a bien tout vérifié. Lé-gal !
C’est comme ça que commence toute entrée dans le monde de la corruption. C’est comme ça qu’on entre dans la maffia. C’est comme ça qu’on vend son âme au diable. C’est comme ça qu’un jour, en retour d’autant de générosité, forcément, on vous demandera un petit service. C’est comme ça qu’on achète votre silence. Avec une redondante banalité !
Tontons flingueurs
Le PS, le MR et le CDH sont mouillés, certains jusqu’à la trogne. Mais apparemment, ils ont perdu la main sur leur propre système. Alors que les trois partis battaient leur coulpe sur tous les plateaux (ou soutenaient carrément le système Moreau, tant qu’à faire), ânonnant qu’ils ne savaient pas, jurant qu’ils allaient « faire quelque chose », ce sont leurs propres mandataires du conseil d’administration de Publifin qui votaient un communiqué de presse qui tintamarait que l’intercommunale était blanche comme neige et n’avait rien fait d’illégal !
Et ce sont les propres sbires de ces partis qui votaient que celui qui critiquerait gravement Publifin serait poursuivi par « toutes voies de droit », non sans voter aussi, pour l’exemple, des poursuites judiciaires réclamées par la direction de Nethys (Stéphane Moreau lui-même ?) contre François Gemenne, un chercheur qui a des sympathies pour Ecolo, et a eu le malheur de qualifier l’ensemble Publifin-Nethys de « système maffieux » à la télévision. Ses arguments étaient certes mal étayés, mais ça ne justifie en aucun cas des poursuites.
Le Conseil d’administration de Publifin, ce sont 11 PS, 8 MR, 4 CDH, 3 Ecolo, et 1 Parti Populaire (7 mandats rémunérés tout de même, m’sieur Modikamen-lave-plus-blanc) ! Ecolo et un CDH ont voté contre ces menaces et ce blanchiment ignobles.
Que ce soit bien clair, donc : ces mêmes partis qui claironnent face caméra que les comités surpayés de Publifin sont un scandale laissent leurs propres ouailles menacer ou poursuivre ceux qui vont juste un pas plus loin. Ces mêmes partis si attachés à la liberté d’expression…
Alors, voilà. Je vais faire pareil. Utiliser ma liberté d’expression. Prendre le risque d’être poursuivi pour atteinte à la lèse-majesté d’un système pourri jusqu’à la moëlle. Un système qui déshonnore la politique. Et je vais dire, moi aussi, que je pense que les directions de Publifin, Nethys, et la Nomenklatura politique qui les a laissés se mettre en place, c’est la maffia.
J’attends mon assignation.
Ou votre étonnement le jour de l’élection du prochain parti populiste. Ça pourrait être dans trois mois. Elle pourrait s’appeler Marine. Si ça arrive, rendez-nous service, ne nous servez pas de hauts-cris. Remettez-vous au travail. C’est tout ce qu’on vous demande.
Mise à jour : ils n’ont rien, mais absolument rien compris. Au Parlement wallon, plutôt qu’une commission d’enquête, PS et CDH ont opté pour une commission spéciale qui n’aura pas les mêmes pouvoirs et pourra difficilement répondre aux questions légitimes des citoyens (cf. Le Soir, mais ce n’est que le sommet de l’iceberg). De son côté, André Gilles (PS) prétend réformer le système dans un communiqué de presse. Or, il est l’incarnation des dérives et des excès de Publifin. Enfin, Paul Furlan se dit « piégé ». Quand au CDH, il joue mani pulite au Conseil d’Administration (qui n’est qu’une toute partie du problème), tout en s’engouffrant dans une logique de moindre mal avec le PS au Parlement. Tant que les responsables politiques de ces deux partis n’auront pas compris que la première chose à faire est de reconnaître leurs erreurs, sans ambages et sans excuses, ils livreront la population en pâture aux populistes. Apparemment, tant qu’ils gardent leur pouvoir, ça ne les dérange pas plus que ça. Tragique, atterrant, hallucinant, les mots me manquent.
36 Comments
Tournaisien
février 01, 06:35robertdelille
février 01, 11:13marcel
février 01, 11:28naifous
février 01, 11:55serge
février 01, 11:33marcel
février 01, 12:04Gérard
février 01, 11:48Eridan
février 01, 12:08marcel
février 01, 12:16Eridan
février 01, 15:20marcel
février 01, 15:50Salade
février 01, 14:56Wallon
février 01, 18:24Salade
février 01, 18:58u'tz
février 01, 23:30u'tz
février 01, 23:52Edgard
février 02, 00:00marcel
février 02, 12:13JB
février 04, 13:29Capucineke
février 02, 02:05Tournaisien
février 02, 06:52Salade
février 02, 19:24Gabriel
février 02, 10:22marcel
février 02, 12:16Eridan
février 05, 10:25Eridan
février 02, 10:37Capucin
février 02, 20:33Tournaisien
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février 03, 13:22Serge
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février 04, 20:54Capucine
février 05, 21:26mélanippe
février 21, 11:38