Brexit : l’Union européenne est devenue une marâtre revancharde.
Lundi, dans On refait le Monde (BelRTL), un auditeur a expliqué en substance que les Britanniques avaient voté le Brexit contre les immigrés parce que les Anglais ne sont pas des gens comme nous. L’auditeur a dû oublier qu’en rejetant les Anglais pour les différences qu’il leur attribuait, il faisait exactement ce dont il les accusait !
La confusion de cet auditeur résume bien la part d’anglophobie qui transforme aujourd’hui un processus référendaire légitime en chasse aux sorcières anglaises accusées de sodomie aggravée envers 27 nations nobles et pures. Oui, j’ai bien dit un processus légitime. Dès lors que l’article 50 existe, les États ont le droit de l’appliquer sans que l’on ne hurle au crime de lèse-européisme. Or, aujourd’hui, les dirigeants européens ne cachent même pas qu’ils veulent faire payer aux Britanniques un choix souverain. Hallucinant !
Being for the benefit of Mister Right
Bien sûr, les politiciens Britanniques, leur presse, une partie de l’opinion publique de la perfide Albion nous ont bien cassé les burnes depuis 43 ans. Depuis le « I want my money back » de Margaret Thatcher jusqu’au stop à l’immigration de David Cameron, ils n’en ont pas raté une. D’où la conviction qu’ils freinent les progrès structurels et politiques de l’Union européenne, tout en lui reprochant un manque d’efficacité dont ils seraient eux-mêmes une des sources.
Peut-être. Mais aujourd’hui, la résistance britannique est aussi le cache-sexe de bien d’autres résistances, tout aussi nocives pour l’avenir de l’ensemble, qui se situent plutôt (mais pas exclusivement) en Europe de l’Est — tiens, Viktor Orban est devenu superfréquentable, tout à coup ? Une fois le Royaume-Uni parti, les casse-couilles viendront de Pologne ou de Hongrie, si pas des Pays-Bas (Wilders pousse) ou de France (Le Pen aussi), en fonction de l’évolution politique de ces pays. Mais comme les Anglais n’en font qu’à leur tête, tirons les premiers, messieurs les Français. Ou plutôt, canardons !
La mauvaise foi est aussi de mise : une fois le Royaume-Uni parti, l’Allemagne, la France et l’Italie redeviennent le tiercé gagnant comme au bon vieux temps, représentant à eux seuls 200 des 450 millions d’européens (après Brexit). Juste après, il y a encore la Pologne et l’Espagne, en position de faiblesse. Ces trois grands-là pourront donner à eux seuls les impulsions majeures à l’Europe, puisqu’ils représenteront une grosse majorité de la population, aucun autre pays-membre ne comptant plus de 20 millions d’habitants…
Europe in the sky with diamonds
Alors, bien sûr, David Cameron a foutu le souk. Il a d’abord utilisé le référendum comme outil électoral. Une chose que l’on ne fait, en principe, que lorsqu’on est partisan du résultat le plus radical : la sortie de l’Europe. Il a été élu, il avait une promesse stupide à tenir. On peut lui jeter la pierre, mais pas trop en Belgique. Le précédent le plus récent, c’est l’élection d’Yves Leterme, elle aussi basée sur une promesse effroyable de bêtise, incluant la scission de la sécurité sociale et l’effondrement, en conséquence, de l’État belge. On a vu le résultat : 541 jours sans gouvernement et une crise continuelle de 2007 à 2011, aboutissant à un gouvernement actuel dont un parti prépare, en douce, pas à pas, l’éclatement du pays.
Une fois en poste, Cameron, encombré par sa promesse. a tenté d’en tirer le meilleur : une révision des obligations britanniques envers l’Union européenne contre une autre promesse : celle d’inciter ses électeurs à voter contre le Brexit. Bien sûr, Cameron ne l’a pas énoncée comme ça. Il a promis de défendre le maintien dans l’Union. Mais c’est comme ça que les dirigeants continentaux l’ont compris. Telle une vierge effarouchée, la classe européenne a alors accepté de négocier un package destiné à aider Cameron à convaincre les Anglais de rester. Ce package comprenait notamment un droit de regard du Royaume-Uni sur une monnaie qu’il n’utilise pas : l’euro. La contrepartie, toutefois, était absurde. Car personne ne peut prédire le résultat d’un référendum. Les dirigeants européens auraient dû exiger une autre contrepartie : que ce référendum n’ait pas lieu. Point.
Dear Prudence
Au lieu de ça, des dizaines de professionnels de la politique, dont quelques grands esprits, ont abandonné tout réalisme pour faire ce que l’on fait aujourd’hui en priorité en politique : gérer son image, faire du personal branding et au pire, résoudre les problèmes de com avec des spécialistes du damage control. Bref, on écarte tout risque électoral, mais la gestion en pâtit.
Mais pire encore : ils ont promu la signature de leur deal pourri auprès des Européens, criant au bon accord, au moindre mal, et affirmant que le problème était réglé dans les meilleures conditions alors que les sondages sur le référendum indiquaient, précisément à ce moment-là, un score de 50/50 qui ne permettait en aucun cas d’espérer que la contrepartie espérée par les têtes pensantes de l’Europe serait au rendez-vous !
Clairement, ils ont trompé le public. En février, au lieu de triompher, ils auraient dû nous dire que rien n’était fait, que le risque d’un Brexit était intact. Après, ils auraient aussi pu s’engager auprès de Cameron, communiquer aux Britanniques les vrais chiffres de l’Europe : après tout, c’est aussi l’Union qui doit se vendre dans ses pays membres quand ils perdent confiance. Une équipe de communicateurs performants aurait dû être mise à contribution pour promouvoir les « vrais » avantages d’un Remain. What does Europe do for Britain ? On ne le sait toujours pas ! Elle ne le sait peut-être même pas elle-même !
You say you want a revolution
Ensuite, la machine à faire dire « Non » (Leave, dans ce cas) a tourné à plein rendement outre-Channel. On la connaît pourtant. Ce fut la même qui faillit faire capoter le traité de Maastricht en France, la même qui valut l’abandon de la Constitution européenne en France et aux Pays-Bas. Cette machine à perdre est mise en branle à chaque référendum par des extrémistes et des opportunistes. Elle se base sur le pouvoir du mensonge et de la désinformation, sur l’illusion d’une souveraineté nationale, sur les peurs et les rejets, les instincts grégaires et les rancœurs.
On l’a vue démarrer, on a lu les unes hallucinantes des Tabloïds. On a regardé ailleurs. Côté opportunistes, on a été gâtés, avec Boris Johnson, le conservateur qui a saisi l’occasion de se faire passer pour le grand souverainiste du mois, ou Jeremy Corbyn, le leader socialiste qui n’a pas voulu trop se mouiller et s’est finalement vu tancer par (c’est un comble) David Cameron à la Chambre des Communes hier : « Bon sang, mec, pour le bien du pays, tire-toi ! »
Le camp du Brexit a donc aligné les pires mensonges. Ils étaient pourtant facile à déconstruire. Ainsi, la prétention que l’Europe coûtait 350 millions de livres par semaine. C’était aussi à l’Europe de réagir. Le chiffre, repris dans un résumé fort intéressant du Figaro, basé sur les chiffres de la Commission européenne, est de 11,34 milliards d’euros par an, soit 218 millions d’euros (et non de livres) par semaine. Mais quand on compte le coût de l’Europe, il est malhonnête de ne pas déduire ce qu’elle rend. Or, dans ce cas, le chiffre tombe à 4,93 milliards par an. Soit 95 millions d’euros. Ou encore 0,23% du PIB anglais, selon le Figaro.
Everybody’s got something to hide except me and my Ukip
Et on n’a pas encore parlé de ce que rapporte l’accès au marché unique. Rien n’est sûr, évidemment, les calculs étant toujours basés sur des simulations. Mais une étude parue sur le blog de la London School of Economics affirme par exemple qu’en cas de « soft-Brexit » (solution à l’amiable dans un style norvégien), les ménages anglais verraient leur revenu baisser en moyenne de 1,3 % par an, soit 850 livres. Et ils pourraient perdre jusqu’à 3,2 % au cas où le Royaume-Uni ne parviendrait pas à un accord avec l’Union européenne et reverrait les droits de douane oblitérer son économie.
Combien d’Anglais auraient accepté le Brexit si on leur avait dit que cela revenait à faire perdre de 850 à 2.500 livres par an à leur ménage ? Quand l’Union européenne a-t-elle acheté des pages dans les grands journaux anglais, tabloïds inclus, pour publier ces chiffres ? Ah, évidemment, l’incapacité crasse de l’UE à se vendre a joué à plein ! Et quand le groupe socialiste européen a-t-il tancé Corbyn pour qu’il s’engage résolument dans la bataille contre le Brexit ?
Non. L’Union européenne a agi comme si la préservation du Royaume-Uni en tant que membre était un problème interne aux insulaires, pour ensuite réagir au Brexit comme s’il s’agissait, au contraire d’un crime de lèse-Juncker.
Nowhere man
Le résultat est ahurissant. Les Britanniques ont répondu Leave à 52% lors d’un référendum qui n’a aucune valeur légale. Le parlement n’est pas tenu de s’y plier, le premier ministre non plus. Même si Cameron a déclaré que son successeur invoquera l’article 50 (qui décrit le processus de départ), cela n’implique que lui-même. Or, les dirigeants européens caquètent désormais en concert que le Royaume-Uni doit invoquer cet article le plus vite possible, avec la même ardeur que celle qui l’avait animée quand Schaüble martelait « il faut punir la Grèce ». Aujourd’hui, c’est Albion delenda est !
C’est grave. Parce que, ce faisant, les dirigeants européens violent à la fois leur législation, et l’un des principes les plus fondamentaux de l’Union : le principe de subsidiarité. Quant à la loi européenne, l’article 50 précise que c’est le pays sortant qui décide souverainement du moment où il l’invoque et lance donc le processus de départ. Mais il dit aussi que cela doit se faire selon la Constitution du pays.
Le Royaume-Uni n’a pas de Constitution à proprement parler mais un fatras de règles accumulées au fil des ères. Mais c’est aussi une démocratie parlementaire qui comprend des régions largement autonomes. L’article 50 ne peut donc être invoqué qu’après un vote à Westminster. Et personne, en-dehors des députés et éventuellement des Lords, ne peut présupposer que ce vote sera conforme au référendum, qui n’est pas un outil de démocratie (voir plus bas). Sans l’accessit parlementaire, le gouvernement qui invoquerait l’article 50 ne disposerait pas de la légitimité démocratique. C’est pourtant à cela que pousse le dernier sommet européen !
Cry Scottish baby cry
Mais pire encore : les Écossais, affirment par la voix de leur première ministre Nicola Sturgeon (SNP — indépendantistes) qu’au minimum, le Parlement écossais devrait être consulté. Ceci n’est pas un hasard. Lors d’une séance du comité de la Chambre des Lords sur l’Union européenne portant sur les conséquences du Brexit, lord David Edwards, ancien juge à la Cour de Justice de la Communauté européenne, a affirmé que le Parlement britannique devait obtenir l’accord du Parlement écossais avant de quitter l’Union européenne (rapport complet des débats ici). L’une des raisons qu’il invoque est que le Parlement écossais est tenu de respecter la loi européenne, conformément à l’un de ses actes législatifs. Pour abolir ce lien, il faut un nouvel acte législatif et donc le consentement du Parlement écossais. Sir David invoque alors la convention Sewel qui précise que Westminster « ne légifère pas normalement sur des matières dévolues à l’Écosse sans le consentement du Parlement écossais ». La Convention Sewel est considérée comme faisant partie de la Constitution anglaise. Et c’est là que l’article 50 est intéressant, puisqu’il exige que le départ respecte la Constitution du pays !
Bien sûr, Sir David Edward est écossais et son point de vue peut être partisan. D’autres considèrent que le Brexit n’est pas une matière « normale » et que donc, Westminster n’a pas à consulter son homologue écossais. Mais le texte circule parmi les députés écossais et l’on peut imaginer une branca au cas où le Parlement régional ne serait pas consulté.
Mais plus fondamentalement, l’Union européenne, censée respecter les droits des peuples, devrait être la première à encourager le Royaume-Uni à évaluer la nécessité de consulter ses parlements régionaux — notamment l’Écosse et l’Irlande du Nord — avant d’entériner le Brexit, dès lors qu’elle exige dans l’article 50 que la Constitution du pays partant soit respectée. Dans d’autres pays, une telle décision ne pourrait être prise sans l’accord d’une majorité parlementaire et d’une majorité des régions, sinon d’une unanimité.
Or, Juncker, Merkel, Hollande font tout le contraire : ils interfèrent radicalement dans les affaires intérieures anglaises en exigeant une invocation rapide de l’article 50 ! C’est proprement insensé et cela montre bien que c’est toute la tête de notre union qui a plongé dans l’irrationnel.
On les imaginerait protéger les citoyens écossais qui ont, eux, choisi de rester. Mais dès hier, l’Espagne laissait entendre qu’elle ne soutiendrait pas un retour de l’Écosse au sein de l’Union. Eh oui, car récompenser ainsi la sécession d’une région n’est pas du tout à son goût, ça pourrait donner des idées à la Catalogne, si pas au Pays basque. Et donc, quand Juncker reçoit la première ministre écossaise les bras ouverts, il présuppose qu’au jour de la (ré) adhésion, l’Espagne dira oui. Elle a le pouvoir à elle seule de tout faire capoter. Pire encore : Guy Verhofstadt clamait que l’Écosse pourrait intégrer l’Union immédiatement, or la Commission européenne pense tout le contraire ! Encore une catastrophe annoncée qu’on ne veut pas voir venir…
The long and brexitting road
D’autant que personne n’a expliqué aux Britanniques que le Brexit leur apporterait peut-être une forme de souveraineté, mais qu’il pourrait aller de pair avec une dissolution de la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, seule l’Écosse est impliquée. Elle envisage déjà un second référendum sur le Scotxit, donné gagnant par les (souvent piètres) sondages anglais. Mais si demain il apparaissait que la Grande-Bretagne isolée s’enfonçait dans une crise économique grave, même les unionistes d’Ulster pourraient décider de quitter le navire : il suffirait alors d’abolir la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande pour qu’ils rejoignent, quasi du jour au lendemain, l’Union européenne et retrouvent accès au marché unique et à ses bienfaits (éventuels) !
Je doute que 52% des Britanniques — surtout les souverainistes — aient voté pour un démembrement du Royaume-Uni. C’est pourtant la menace qui pèse aujourd’hui sur le pays. Et que Juncker, Hollande, Merkel, Michel refusent même de prendre en compte.
Je le répète : les Britanniques ont le droit souverain de quitter l’Union européenne. Or, on ne houspille pas les peuples quand ils activent un droit ! Surtout quand on l’a soi-même inclus dans son traité ! Et autant les délires paranoïaques de Nigel Farage ont libéré la xénophobie de Britanniques dévoyés, autant l’attitude de « Bruxelles » et des dirigeants européens libèrent aujourd’hui l’anglophobie d’Européens déboussolés.
Please don’t please me
Mais en jetant l’opprobre sur les Britanniques, on se trompe de cible. Car le Brexit n’est pas un choix délibéré des « Anglais » et des « Gallois », ni même de la moitié d’entre eux. Et ce n’est pas un vote xénophobe — les raisons de voter étaient innombrables, on a autant choisi un espoir préfabriqué par des manipulateurs, que voté contre la morosité ambiante, l’incertitude, ou encore, une Europe perçue comme immobile, arrogante, omniprésente sans pour autant être efficace ni légitime en apparence. Si cette perception est exagérée, elle n’est pas née de rien. Pourtant, à « Bruxelles », on fait comme si ce débat-là n’avait pas d’intérêt.
Le Brexit n’aurait pas dû provoquer les arguments vengeurs qui pullulent aujourd’hui sur le Continent, et ne servent qu’à se défouler contre 17 millions de citoyens qui n’ont pas voté comme on l’aurait souhaité en Europe — ou mettons, comme les dirigeants européens auraient souhaité qu’ils votent. Du reste, le Brexit n’a pas été un choix « démocratique » du peuple britannique mais un choix autorisé par l’organisation d’un référendum que l’Union a de facto validé en négociant sur base de son résultat potentiel !
Pour rappel, le terme démocratique ne désigne pas le simple fait qu’une majorité ait exprimé un souhait. Ça, c’est la dictature de la majorité. La démocratie est un idéal vers lequel on tend. Elle ne signifie pas que les peuples savent ce qui est bon pour eux et que donc leurs choix sont une sorte de Vérité populaire. Ça, c’est le populisme. Car les peuples ne savent que ce que les experts leur racontent. Vous avez une idée du budget de l’UE, vous ? De sa répartition ? De ce qu’il coûte ou rapporte à votre pays ? Non. Donc, vous n’êtes pas en mesure de juger.
Back in the USSR
Tendre vers l’idéal démocratique impose au contraire au préalable que les politiciens, les savants, les journalistes, tout ceux qui possèdent l’expertise, expliquent le plus honnêtement possible les tenants et les aboutissants d’un choix forcément complexe aux conséquences forcément incertaines. Les Britanniques ont répondu « oui » à une question dont ils n’imaginaient pas les conséquences.
Le référendum n’est pas l’outil de la démocratie représentative telle que nous la pratiquons en Europe. Celle-ci implique au contraire que l’électeur confie les choix techniques (soit la plupart des choix politiques) aux représentants qui l’auront convaincu de leur excellence et de la supériorité de leurs qualités de leaders. Et l’outil de ce système n’a jamais été le référendum mais bien le parlement. Le référendum laisse au contraire la porte ouverte à une foire aux arguments où le menteur, le destructeur, l’effrayeur ont la part trop belle.
La déraison, aujourd’hui, l’emporte dans les Îles britanniques comme sur le continent. Outre-Manche, Boris Johnson et Nigel Farage rament dans la semoule, jurant à leurs ouailles que le Royaume-Uni aura toujours accès au marché unique. Bien sûr, il est légitime de leur répondre sèchement. Les mensonges ont assez duré. Mais sur le Continent, on ne se contente pas de ça : on crie, on hurle, on exige un départ rapide de l’enfant prodigue et on prévient que le retour (au marché unique) sera très cher. Ou ne sera pas.
Selling Britain by the pound
Or, quoi qu’il arrive, les pays de l’Union européenne ont tout intérêt à avoir un espace économique commun avec le Royaume-uni, le plus ouvert possible. La puissante place financière de Londres ne s’effondrera pas du simple fait d’un mouvement partiel de ses employés vers Dublin, Francfort, Paris, et pourquoi pas Bruxelles. Pire : les Anglais importent nettement plus depuis le reste de l’UE qu’ils n’exportent. En avril 2016, on parle de 5,2 mio d’achats en Allemagne (contre 2,7 d’exportations vers l’Allemagne), 2,8 mio des Pays-Bas (contre 1,5), 1,9 de Belgique (contre 998), 1,3 d’Espagne et d’Italie (contre 0,8). Seule les échanges avec la France sont à l’équilibre. Autrement dit, l’UE a aussi intérêt à garder l’Angleterre dans son giron. Les entreprises agitent les bras en criant aux pertes d’emploi. Les politiques regardent ailleurs.
Et c’est d’autant plus grave que si on abandonne les Anglais, ils pourraient convertir leur nation en paradis fiscal aux portes de l’Europe, un giga-tax-free-shop qui ne peut qu’inquiéter les pays limitrophes (côtiers, donc) que nous sommes. La proximité géographique ne changera évidemment pas.
Run for your life
Au lieu de ça, la politique de la punition, déjà testée avec la Grèce, est tout ce qui anime les dirigeants européens. Il faut que ce départ coûte le plus cher possible, il faut décourager les autres candidats au départ, il faut punir, humilier, châtier. Et demain, il suffit qu’un État membre dise non pour qu’à son tour, l’Écosse voie ses espoirs écrasés. Si c’est ça, l’Europe de demain, elle donne au final plus envie de partir que de rester.
Aujourd’hui, plusieurs journaux britanniques, Financial times inclus, publient des articles qui mettent solidement en doute l’invocation de l’article 50 par un-e futur-e premier-e ministre. Le Guardian martèle, page après page, qu’il faut rétropédaler. La moitié des Anglais croient encore en l’Europe.
Au lieu de les entendre, au lieu de respecter le citoyen britannique qui, aujourd’hui, est toujours un citoyen européen, nos dirigeants les houspillent, les raillent, les rejettent, tous, en bloc. Beaucoup de dirigeants nationaux salivent déjà à l’idée du départ de la Grande Bretagne. Mais si dégoûter 60 millions de sujets de l’Europe — y compris ceux qui voulaient rester — est la seule chose qui préoccupe les têtes pensantes de l’Union, elle ne devra plus se plaindre d’avoir perdu le visage d’une mère nourricière, défenderesse de l’équité, du droit et de l’humanisme, pour celui d’une marâtre revancharde, oppressive et obtuse. On ne pourra plus alors se demander pourquoi l’Union européenne est devenue impopulaire jusque dans les pays qui l’ont fondée. On aura tout fait pour.
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P.S. : un titre de chanson s’est égaré dans mon article. Saurez-vous le retrouver ?
74 Comments
Mélanippe.
juin 30, 09:58Mélanippe.
juin 30, 10:11u'tz
juillet 01, 00:26Mélanippe.
juin 30, 10:37Pije
juin 30, 11:32marcel
juin 30, 17:57Pije
juin 30, 18:30l'archange
juin 30, 11:47Eridan
juin 30, 11:48marcel
juin 30, 18:03Laurent
juillet 13, 00:06Salade
juin 30, 11:58Eridan
juin 30, 12:18marcel
juin 30, 18:05Eridan
juillet 01, 11:15marcel
juillet 01, 18:11Tournaisien
juin 30, 12:37Eridan
juin 30, 19:39Tournaisien
juillet 02, 22:15u'tz
juillet 04, 16:45Salade
juin 30, 14:05u'tz
juillet 12, 23:16Eridan
juin 30, 17:20Dominique LE JEHAN
juin 30, 19:41marcel
juillet 01, 18:09u'tz
juillet 01, 00:40moinsqueparfait'
juillet 01, 08:46Eridan
juillet 01, 20:32moinsqueparfait'
juillet 03, 00:04Eridan
juillet 01, 11:33marcel
juillet 01, 18:13Degenève
juillet 01, 14:32marcel
juillet 01, 18:20Mélanippe.
juillet 01, 15:02MUC
juillet 01, 16:49Wallimero
juillet 01, 17:05marcel
juillet 01, 18:22Wallimero
juillet 01, 18:56marcel
juillet 01, 18:23Wallimero
juillet 03, 21:17u'tz
juillet 12, 23:25Mélusine
juillet 02, 00:08Eridan
juillet 02, 10:37Shanan Khairi
juillet 03, 04:53Tournaisien
juillet 03, 09:32Eridan
juillet 03, 10:26Hachiville
juillet 03, 12:13moinsqueparfait'
juillet 07, 19:34Manwe
juillet 04, 10:51marcel
juillet 07, 17:09paul
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juillet 10, 14:23Eridan
juillet 10, 19:27moinsqueparfait'
juillet 14, 15:33Eridan
juillet 25, 10:53Eridan
juillet 25, 19:24u'tz
juillet 10, 23:41u'tz
juillet 11, 21:08LilAngel
juillet 12, 20:56Salade
juillet 13, 20:31u'tz
juillet 18, 14:00Tournaisien
juillet 14, 08:48Salade
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juillet 18, 14:38Salade
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juillet 21, 22:12hilarion lefuneste
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juillet 27, 15:32Salade
juillet 27, 20:42Capucine
août 02, 10:47