10 jours après, en Flandre, championne du jihadisme, on vomit Bruxelles.
C’est un billet cinglant, antibruxellois et francophobe, que l’éditorialiste de Het Laatste Nieuws, Jan Segers, a pondu pour son million de lecteurs flamands. Les 20 morts de la station Maelbeek, les 15 de Zaventem ne sont pas encore enterrés, près de 90 blessés sont toujours en traitement à l’hôpital, et voilà déjà qu’un éditorialiste flamand massacre Bruxelles. Et sa conclusion : nous, Bruxellois francophones, sommes collectivement coupables des morts de mardi dernier !
Bien sûr, les éditorialistes francophones n’oseront pas répondre sur un ton aussi godzillesque. Surtout ne pas choquer les Flamands, potverdekke ! On mettra plutôt les mensonges et autres réactions crétines du bourgmestre de la ville de Bruxelles Yvan Mayeur au même niveau que les innombrables provocations nationalistes qui y ont mené. Jan Jambon sacrifiant Molenbeek, puis Bruxelles, devant la presse internationale, dès après le 13 novembre ; Bart De Wever fanfaronnant que la frontière linguistique protège les villes flamandes des attentats ; le même comparant Bruxelles dans Der Spiegel à un marais malodorant (Sumpf, dans la version allemande), sinon à un trou à merde — un cloaque (cesspool, dans la version anglaise).
Et puis, 400 néonazis venus foutre le souk sur le lieu de mémoire que les Bruxellois avaient spontanément construit, déjà dépossédés d’une célébration nationale, humaine, commune, par la Flandre de Geert Bourgeois qui préféra commémorer ses morts de son côté.
Pour les 400 « hooligans » et leurs saluts nazis qui ont salopé Bruxelles et la Belgique avec le monde entier pour témoin, la faute en incombait à Jan Jambon (ministre de l’Intérieur), Hans Bonte (bourgmestre de Vilvoorde, où les nazis ont embarqué) et Yvan Mayeur (bourgmestre de Bruxelles-ville.) Comme d’hab, tout le monde s’est associé pour que tout foire. Et on a eu des nazis bourrés et cogneurs sur un lieu de mémoire, littéralement protégés par la police. Ça n’arrive nulle part ailleurs.
Ensuite, Bart De Wever a refusé de signer la très honorable protestation des quatre présidents de partis flamands contre les saluts nazis. Et les Francophones ont essayé d’être « objectifs » et de pondre des éditos « balancés ». Vivre ensemble, samenleven, tout ça.
Fermant les yeux sur les colossales responsabilités flamandes, Jan Segers n’a pas eu les scrupules de ses collègues francophones. Il a profité de la réaction crasseuse d’Yvan Mayeur (« ce sont les amis de Jan Jambon… ») pour tirer à boulets rouges sur l’Hôtel de Ville. Les politiciens nationalistes n’attendaient que ça. Un démarrage. Et bientôt, à nouveau, bien des Bruxellois qui en ont ras la bite de Manneken Pis du mépris flamingant, ras le popotin de Jeanneke Pis de cette communauté qui vomit Bruxelles autant qu’elle la veut — sa catin de service — se rangeront d’instinct derrière tout politicien qui répondra sèchement à la Flandre institutionnelle : « ta gueule » ! Et ils finiront, aveuglément, par associer tous les Flamands à leur colère, parce que dans ce pays, on ne parvient plus à penser que communauté contre communauté. Au pluriel.
Le 22 mars fut d’ailleurs immédiatement instrumentalisé par tous les politiciens belges, toutes langues et partis confondus. En moins de dix jours, ce pays est devenu son propre cimetière avec, pour point d’orgue, cet édito de Jan Segers, qui a pris pour prétexte — suprême scandale — les morts de la capitale et de son aéroport pour dégueuler sa haine des Francophones.
Car la raison première de cet assaut sur Bruxelles (et la N-VA fourbit ses armes derrière les éditorialistes déchaînés) est toujours le communautarisme de cette partie de Flandre arrogante, impérialiste, au racisme linguistique planté dans les tripes comme Excalibur dans sa pierre : « Bruxelles est flamande, volée par les Francophones, et n’a pas à rejeter les leçons de la Flandre, tellement plus intelligente et tellement mieux gérée, parce qu’elle en est la capitale éternelle ! »
Et des Flamands vêtus d’une toge respectable, criant très fort « nous ne sommes pas N-VA », ont bien entendu la solution : exit les 19 communes, une seule zone de police, et tout ira bien.
Ils n’ont pas forcément tort, tout le monde le sait. Mais voilà, ils ont un agenda caché : en supprimant les communes où les Flamands n’ont pas de pouvoir, ils étendent le surpouvoir de la minorité flamande instituée au niveau de la Région Bruxelles-Capitale, qui aurait alors un droit de véto sur toutes les décisions bruxelloises. Exit la démocratie.
En Belgique, il y a des régions autonomes, la région bruxelloise en est une. Ce sont d’abord des Flamands qui ont voulu ce fédéralisme jusqu’au-boutiste. Mais leur demander de respecter les séparations et les autonomies qu’ils ont eux-mêmes exigées, au prix de crises à répétition qui ont gravement affaibli la Belgique, c’est trop pour eux ! Ils ont leur mot à dire sur Bruxelles, point, parce qu’elle est — à son corps défendant — la capitale de leur communauté !
Pourtant, capitale de l’Allemagne, Berlin se gère de façon autonome et a octroyé une autonomie croissante à ses 12 arrondissements divisés en 96 Ortsteile. Brandenburg a même pu voter de façon autonome son (non-)rattachement à Berlin ! Capitale de la France, Paris a sa propre structure et ses libertés et les Bretons, Alsaciens ou Pacaïens peuvent danser sur leur tête en chantant la carmagnole, ça ne fera pas bouger l’autonomie parisienne d’un boson de Higgs.
Capitale des Pays-Bas, la commune d’Amsterdam est largement autonome et se fiche comme de l’an quarante de ce que pensent les habitants du Noord-Brabant ou de Zélande de son organisation. Elle devrait pourtant, selon des politiciens et éditorialistes flamands, faire l’objet des pires railleries parce que là, c’est le gros délire : la ville d’Amsterdam a 7 arrondissements aux pouvoirs comparables à ceux des autres communes, pour 800.000 habitants (entre 84.000 et 144.000 ha par arrondissement). Il y a ensuite l’agglomération d’Amsterdam, avec 1 million d’habitants, qui compte cinq communes en plus. Enfin, il y a le Grand Amsterdam, avec une population comparable à celle de Bruxelles, comptant quatorze communes, plus les 7 deelsteden de la commune d’Amsterdam, avec des populations communales allant de 9.000 à 150.000 habitants (de 20.000 à 160.000 à Bruxelles).
Si je compte bien, ça fait 22 divisions. Mais le modèle universel que la planète nous envie, c’est évidemment Anvers (500.000 habitants), et ses 6 districts, un chef de police, 6 sous-zones, et là, la vie est magique, alléluia !
Bien sûr, il faudra revoir la structure bruxelloise. Mais elle a été pourrie aux deux bouts. D’abord par l’autonomie communale qui alimente les appétits des politiciens locaux, ensuite par le manque d’autonomie régionale. Et grâce aux politiciens flamands et wallons qui ont imposé à Bruxelles une structure aberrante, on ne peut pas supprimer ou fusionner les communes bruxelloises sans donner la moitié du pouvoir ministériel aux Flamands de Bruxelles, soit de 7 à 13 % de la population. Ils auraient aussi un pouvoir de véto parlementaire (Parlement bruxellois) sur toutes les décisions qui concernent la ville et la région, potentiellement téléguidé par les présidents des partis néerlandophones (Bart De Wever, par exemple).
Ce serait nier le droit d’un million de non-néerlandophones à une participation décente à la vie politique bruxelloise. Bref, ce qui bloque la réforme bruxelloise, c’est autant le refus des politiciens communaux (nettement moins nombreux qu’en Flandre, cela dit) d’abandonner leurs fiefs et une partie de leur pouvoir, que l’irrépressible besoin flamingant de dominer la ville. Ce besoin dont la presse flamande inonde son opinion en lui présentant sa capitale, et celle de la Belgique, comme un gros étron fumant, étranger, minable, incapable, bien que sympa à vivre. Et jamais, elle ne dira que si Bruxelles va à vau-l’eau, c’est peut-être parce que son organisation est le fruit de compromis destinés à satisfaire le buikgevoel flamand.
Dans son édito du Laatste Nieuws, Jan Segers s’en prend donc sans gêne à « la Bruxelles fière, entêtée, récalcitrante, qui ne se laisse ni salir, ni commander par la Flandre de Bart De Wever. » En une phrase, ce qui n’est que pure logique fédérale devient une insulte au Vlaamse Volk ! Anvers se laisserait-elle conseiller par Bruxelles ou, pire, la Wallonie ? Tu penses !
Segers se plaint ensuite que le parti socialiste (coupable universel désigné au Nord) ne supporte pas que les Flamands « osent […] sans qu’on le leur demande, suggérer qu’à Bruxelles, à peu près tout peut et doit être mieux [fait] […] [Bruxelles] s’imagine être sa propre maîtresse. Cheffe dans ses propres tripes. Capitale du surréalisme » Bruxelles, qui ne fonctionne pas, insiste-t-il. Aveugle aux réalités, assène-t-il. D’ailleurs : « depuis le 22 mars, elle avance vers l’abîme en sifflotant ! »
La superdiversité ? C’est pour lui un conte d’enfant qui devient « un mensonge affreux quand tombent les morts ». Sous-entendu : Bruxelles multiculturelle est la faute. La Flandre monoculturelle est tellement plus formidable ! Le crime ? Qu’Yvan Mayeur ait osé se défier publiquement de Jan Jambon. Et bien sûr, Jan Segers n’est pas N-VA, mais attaquer Jambon lui fait se demander « en tant que Flamand [comment] on a mérité autant de haine (sic) francophone (multisic) ». Jan n’est pas N-VA comme Jan, mais si on touche à Jan qui n’est pas Jan, Jan se sent blessé.
Car Bruxelles est surtout la capitale des Flamands, hein ! Et la Flandre n’est pas synonyme de De Wever, nous explique l’éditorialiste. En revanche, comme c’est commode, la francophonie, elle, est bien synonyme de parti socialiste !
Quant aux « preuves » de « l’horreur » que les Bruxellois éprouvent pour la Flandre, il va les chercher dans les discours de Laurette Onkelinx sur les bruits de bottes de Jambon et Francken. Comment ces Francophones osent-ils reprocher à Francken d’avoir ouvertement douté de la « plus-value » des Maghrébins et des Congolais ? En bref, d’avoir été raciste ? Comment peuvent-ils même évoquer la participation à une fête nazie de Jan Jambon, et d’avoir trouvé que les collabos « avaient leurs raisons » ? D’être actif au Vlaamse Volksbeweging dont le bras « armé », le TAK, éructe aux « rats francophones » de se tailler vite fait du sol flamand si pur ? D’être membre d’honneur du KVHV d’Anvers, copain comme cochon avec Génération identitaire, les fachos français qui veulent venir ce samedi casser du Beur à Molenbeek ?
Mais non, ça, on ne peut le dire que si on est flamand ! Il faut même comprendre, admettre, féliciter le passé nazi, toujours pas renié, d’un petit ponte N-VA, Bob Maes, à qui un secrétaire d’État souhaite un bon anniversaire. Bob Maes ne regrette pas d’avoir aimé le führer flamand Staf Declercq, il le dit franco à la télévision flamande. Et donc là, moi, j’entends chanter Brel. Et même si j’ai toujours trouvé son Flamingants, chanson comique excessif, ça fait quand même du bien.
Parce que ces nationalistes catholiques entre elles ont tellement marqué les intellectuels et le vivre ensemble flamand que Jan Segers, qui n’en est point selon lui, est allé jusqu’à s’offusquer de ce que Freddy Thielemans, ancien bourgmestre de Bruxelles-ville ait, osé (faire) remarquer que « Bart De Wever ne nous aime pas [et c’est donc logiquement réciproque] » Il est même honteux, selon le scribouillard du Laatste Nieuws, qu’on ose expliquer que Bruxelles est un cas à part en Belgique ! C’est pourtant bien la seule ville de plus de 500.000 habitants, la seule région encaquée dans une autre qui la déteste et la trousse, la seule urbanité que les autres régions déchirent et maltraitent. Et du coup, la seule ville au monde où rien n’est possible, même pas la normalité, même pas un avenir, même pas un semblant d’évolution, même pas la raison, et même pas le droit de s’en plaindre !
Verboden.
Et puis, cette détestation de trop de Flamands, résumée dans ce billet de Segers où, chers amis Bruxellois francophones, les 35 morts, c’est nous et nous seuls ! Nous sommes coupables. Tant pis si chacun d’entre nous connaît une des victimes, au moins par personne interposée. Tant pis si chacun d’entre nous panique à l’idée d’envoyer ses enfants dans le métro — tandis que l’Anvers nationaliste nous fouette tout en se gaussant du fait que là-bas, ça n’arriverait évidemment pas !
Tant pis pour notre commerce massacré, nos hôtels exsangues, qui se demandent s’ils doivent être les seuls à payer la décision de leur ministre flamand de la Défense de bombarder l’État islamique (eh oui, c’est une des raisons invoquées par Daesh pour justifier les attentats, merci la N-VA, alors ?)
Tant pis pour notre mal-vivre, nos incertitudes affolées, notre désespoir de ville enfermée, nos plaies béantes, nos musulmans épuisés par les reproches, nos gauchistes horrifiés par la montée des extrémistes, nos braves citoyens hallucinés par les saluts nazis à la Bourse — tous venus d’ailleurs —, nos libéraux qui s’accrochent au choix insensé de leur ancien président, de gouverner avec un parti qui en bouffe cinq comme eux au petit déjeuner. C’est notre croix, et rien ne laisse penser qu’on nous l’allègera.
Tant pis pour la coexistence belge, le deuil, la fraternité, l’éditorialiste flamand n’a aucun scrupule à brandir les corps éparpillés sous nos fenêtres pour faire avancer son agenda flamingant : « Même maintenant, après Forest, Molenbeek et Schaerbeek. Même après Zaventem et Maelbeek. Sur papier, une grande ville, dans la pratique, dix-neuf communes et six zones de police. »
Et bien sûr, c’est le thème à la mode, il nous brandit New York — hahaha, il n’est pas N-VA, mais il reprend l’idée stupide la plus récente de Geert Bourgeois : Bruxelles aurait besoin d’un Bloomberg, bourgmestre d’une New York tellement mieux gérée, avec un seul bourgmestre et un seul chef de police. Un nom bien ronflant, NYC, mais derrière, la bagatelle de 650 fusillades par an (pour 9 millions d’habitants), un taux de meurtres par 100.000 habitants deux fois supérieur à celui de Bruxelles — 5,1 en 2012 contre 2,6 (ONU). Et sa structure, brusquement géniale, n’était pourtant pas différente quand la criminalité y était 10 fois supérieure, que les gangs se partageaient la rue.
Ce qui a changé, c’est le financement de la ville et la politique radicale d’un maire, Giuliani. Puis Bloomberg. Mais même Le Figaro trouve que la baisse du nombre d’homicides se paye par une politique extrêmement dure (comme le fait qu’être mineur ne constitue plus une circonstance atténuante). Et puis, à New York, le gouvernement de la ville s’occupe aussi de l’éducation, des prisons, de la sécurité publique et sociale… Et personne, aux USA, ne dicte à la ville sa conduite ni n’interfère dans ses politiques. Ah vu comme ça, on prendrait bien un peu de New York, Jan !
Non content de démolir le PS, Segers s’en prend ensuite aux autres partis francophones qui dirigent les communes, PS, MR, Defi, CDH et Ecolo. Et donc, « si la Région refuse encore de regarder la réalité en face après 35 morts, c’est une culpabilité francophone collective ». Mais oui !
D’ailleurs, « la Bruxelles francophone est avide de pouvoir, peu importe sa couleur. Leur gestion est exempte de toute noblesse. Ils ne connaissent pas le courage ! »
Et l’éditorialiste du Laatste Nieuws conclut que si la Flandre veut changer la structure de Bruxelles, il lui suffit de profiter de sa majorité à la chambre, groupe linguistique contre groupe linguistique. Un peu comme du temps de BHV. Il en appelle au courage… cinq nouvelles minutes de courage politique, suppose-t-on, qui risquent bien de mener la Belgique vers l’ultime chaos.
Voilà donc un échantillon (parmi de bien meilleures choses, heureusement) de ce que la Flandre journalistique produit aujourd’hui, à peine 10 jours après l’épouvante. Pour ajouter l’humiliation au triste concert de nos rues, du métro, où nos enfants descendent désormais la peur au ventre. Il fallait flageller cette ville, la maudire, la saloper une bonne fois pour toutes. Il fallait lui dire, à cette Bruxelles, que c’est une catin qui appartient à tous, sauf aux Bruxellois. Comment ces nains de jardin, incapables latins, osent-ils vouloir gérer la ville qu’ils habitent ! Flamands ! Flamands ! C’est tellement mieux ! Putain ! Putain !
Ce n’est qu’un éditorial, dites-vous ? Oui, mais c’est celui du plus grand journal flamand. Oui, mais derrière, il y a déjà le SP.a qui joue des coudes pour ne pas laisser à la N-VA le monopole de la suite, amère, brutale, diktatoriale.
Alors, d’accord, 19 communes, c’est trop, et elles ont trop de pouvoir. Mais comment les 19 systèmes de parcmètres ont bien pu provoquer le jihadisme d’une douzaine de terroristes qui, du reste, avaient des soutiens en Flandre, tant à Malines qu’à Courtrai, à Geel, dans le Limbourg ?
Comment les bisbilles sur le ramassage de poubelles ixelloises à gauche, uccloises à droite ont-elles pu amener des jeunes à se lancer dans l’horreur ?
Depuis quand la présence ou non d’un néerlandophone aux conseils communaux sont une incitation à intégrer Daesh ?
Même Moureaux n’a pas beaucoup d’efforts à faire pour railler sa diabolisation. Oui, il a été trop papa gâteau avec des jeunes qui étaient, par ailleurs, des délinquants. Oui, il a abusé de son pouvoir et a fait du clientélisme à la petite semaine. Mais à Molenbeek, il n’y a pas eu les émeutes d’Anvers. Et ce ne sont pas les communes qui s’occupent de l’enseignement, ce sont les communautés. Ce ne sont pas les communes qui se chargent de la justice, ce sont les tribunaux. Les communes ne choisissent pas leurs habitants, ou si peu. Et ce ne sont pas elles qui ont pressurisé Bruxelles en la sous-finançant. Ce ne sont pas nos bourgmestres qui ont maladivement reporté, chaque année, l’engagement de policiers, menant à un déficit permanent de 800 temps pleins. Ce ne sont pas eux qui ont merdé la surveillance des mosquées radicales, mais le renseignement fédéral.
Ce n’est pas Molenbeek qui a relâché Brahim Abdeslam après 3 cambriolages, mais la Justice du CD&V Koen Geens. La même qui met huit mois à mettre un bracelet à un terroriste, puis le laisse filer en Turquie. Ce n’est pas Molenbeek qui a foiré le traçage d’El Barkaoui, mais l’Intérieur du N-VA Jan Jambon, et la Défense du N-VA Steven Vandeput.
Ce n’est pas Yvan Mayeur qui a laissé Fayçal Cheffou recruter au parc Maximilien, c’est encore la police fédérale (et le droit, ben oui…)
Ce n’est pas (que ?) Rudy Vervoort qui a mis cinquante minutes à fermer le métro, c’est encore (aussi ?) la N-VA.
Ce n’est toujours pas lui qui a sous-financé la police de l’aéroport et fait aujourd’hui semblant de lui crier « je vous ai compris », c’est encore Jan Jambon, toujours un N-VA. Ce n’est pas Yvan Mayeur qui a, pour se disculper, chargé un simple policier pour ses dysfonctionnements, c’est encore et toujours Jan Jambon, encore et toujours un N-VA.
Et si on parle de laxisme, ce n’est pas à Bruxelles qu’on permet à des mosquées d’appeler leurs fidèles par des haut-parleurs dans la rue, mais à Beringen et à Genk.
Et à ce propos, comment osent-ils braquer les projecteurs sur Bruxelles, quand Anvers envoie 30 % de jihadistes en plus par habitant ? Et pourquoi tant de hargne envers Moureaux et si peu envers De Wever, ou son prédécesseur Patrick Janssens, bourgmestres de la ville qui est devenue premier fournisseur de jihadistes par habitant musulman en Europe et, peut-être même dans le monde ? Petite visite.
En 2014, il y avait 88.000 musulmans à Anvers (six districts) et 260.000 à Bruxelles. Deux ans plus tard, la première avait envoyé 93 jihadistes en Syrie, la seconde 197. Soit 105 par 100.000 musulmans pour Anvers, 76 pour Bruxelles. La ville la plus affectée de Belgique (et probablement d’Europe) n’est donc pas Bruxelles mais Anvers, de loin.
Alors, vous pouvez hurler contre Bruxelles, Jan Segers. C’est facile. Les jihadistes du cru sont francophones. Ils sont les candidats logiques pour le terrorisme en France et en Belgique. Mais fermer les yeux sur Anvers, c’est facile : les jihadistes de chez vous ont le bon goût de ne décapiter qu’en Syrie. On s’en fout, non ? Ils ne violent que des yézidies en Iraq. On s’en balance, hein ? C’est loin, hein, pour un flamingantillon à la vision étriquée.
Regarde ton sale ventre, Anvers. Sens, toi aussi, la puanteur de ton abdomen, l’odeur fétide de tes tripes qui, à force d’avoir fermé les yeux quand tes néonazis, parfois en uniforme de police, cassaient du beur, à force d’avoir dit qu’ils n’avaient peut-être pas tort, ont envoyé des dizaines de jeunes se faire exploser ailleurs. Et étendons un peu à Vilvoorde. Toutes ces villes flamandes qui ont envoyé leurs délinquants faire les épouvantails de l’horreur humaine, dans cet État prétendument islamique où l’on va jusqu’à décapiter une jeune mariée pour avoir osé se maquiller le jour de ses noces !
Pire, cette Flandre si scrupuleuse les accueille ensuite en vedettes médiatiques, Jejoen Bontinck courant derrière son père qui n’a pas cessé de faire le singe avant, pendant et après le procès pour le grand bonheur de VTM et consorts ; Deleforterie qui a, en direct à la VRT, justifié les décapitations de l’État « islamique » et a ensuite continué pépère à vendre ses petits pains dans sa boulangerie anversoise.
Allez, Anvers, regarde ta sale gueule hypocrite qui a envoyé ses sbires de Sharia4Belgium foutre le souk à Molenbeek, pour ensuite pointer du doigt le responsable facile : Philippe Moureaux, bien sûr ! Non pas qu’il n’ait rien à se reprocher, loin de là, mais il ne devrait pas servir à glisser les erreurs des autres sous le tapis !
Soyons sérieux. Ce ne sont pas quelques bourgmestres — même pas à Anvers — ou quelques pouvoirs communaux qui ont permis à la Belgique d’être le fournisseur européen numéro un de terroristes. Oui, le top du top !
Car avec 40 jihadistes partis vers la Syrie par Belge, nous en envoyions, en juin 2015, 53 % de plus que la France (29), deux fois plus que la Suède (19), près de trois fois plus que les Pays-Bas (15) et la… Turquie (13), quatre fois plus que le Royaume-Uni (11) et cinq fois plus que l’Allemagne (7,5). Mais certains se réjouiront de noter que nous en envoyons huit fois moins que la Tunisie (300) !
Eh bien, même ça, c’est à côté de la plaque : quand on rapporte le nombre de départs au nombre de musulmans dans le pays, on dépasse largement la Tunisie. On devient même recordman du monde. La Belgique compte en effet 6% de musulmans. La France 7,5. La Suède 4,9. Les Pays-Bas 5,5. Le Royaume-Uni 4,6 et la Tunisie 99,1. Un calcul rapide permet de montrer que la Belgique fournit 67 jihadistes par 100.000 musulmans. La France, 35, la Suède, 39, les Pays-Bas 27, le Royaume-Uni, 23, l’Allemagne 15 et la Tunisie, 30.
En d’autres termes, par rapport à sa population musulmane, la Belgique fait de deux à cinq fois pire que tous ses voisins, et même deux fois « moins bien » que la… Tunisie !
Anvers bat Bruxelles d’une courte tête. Molenbeek bat peut-être Borgerhout d’une pichenette. On ne sait pas : il n’y a pas de statistiques par district anversois. Ah, ça règle bien des choses, évidemment ! Ça permet aux rabiques parmi les Flamands de se cacher la tête dans le sable en pointant Bruxelles du cul, parce que du doigt, c’est trop sale.
Cet échec belge lamentable, incontestable, épouvantable n’est même pas dû aux musulmans eux-mêmes, dès lors que d’autres pays — exclusivement musulmans — ont des résultats jusqu’à quatre fois moins pires. Non, c’est ici qu’il faut chercher l’explication. À Anvers autant qu’à Bruxelles, Vilvoorde ou Verviers.
Au passage, le PS aurait d’ailleurs de quoi tirer sur la Flandre. Car dans toute cette Wallonie si horriblement socialiste que vous aimez tant houspiller, Jan Segers, il n’y a que 48 jihadistes, soit deux fois moins qu’à Anvers. Pour vous dire, il y en a même vingt-sept fois moins par habitant, à Charleroi (3 pour 200.000 ha) qu’à Borsbeek, près d’Anvers (4 pour 10.000 ha) ! Et les affaires sociales comme l’éducation y sont une prérogative d’échevins N-VA.
Et donc, non, la cause de ce marasme, ce n’est ni la structure de Bruxelles (à revoir, évidemment), ni les rodomontades d’Yvan Mayeur, ni les errements laxistes de Philippe Moureaux, ni l’antifascisme épidermique et exagéré de Laurette Onkelinx, ni les six zones de police locale à Bruxelles — qui ne concerne, je le rappelle, ni la police fédérale, ni la sûreté !
Il y a autre chose. Il va falloir qu’on trouve quoi, Jan Segers. Peut-être une mauvaise utilisation de l’énergie ? On s’est tant occupé de vos conneries ultraflamoutches, ces six dernières décennies !
Laisser la Belgique pendant 540 jours sans gouvernement parce que votre Flandre avait besoin de s’enivrer d’une nouvelle réforme de l’État, en pleine crise, une idée d’Herman Van Rompuy qui est ensuite allé promener ses fesses sur les remparts du Conseil européen.
Pousser la Belgique au bord du gouffre pendant quatre ans parce que le pâle Leterme vous avait promis la scission de BHV, vieille rengaine débile, coûteuse, sans le moindre intérêt pour le citoyen flamand qui n’a même pas compris ce que ça changeait dans sa vie, hormis épancher une haine éternelle du Francophone sur le torse martial encore taché de fascisme des descendants d’August Borms !
Et puis, assimiler Bruxelles. Discuter Bruxelles. Engueuler Bruxelles. Martyriser Bruxelles. Parce que ça ne vous suffit pas que 7 à 13 % de néerlandophones de la ville aient droit à la moitié des ministres, décident de la mobilité bruxelloise — ah tenez, parlons-en de leur excellence, à ces ministres-là !
La mobilité, ce fut Brigitte Grouwels (CD&V), Pascal Smet (SP.a), Bruno De Lille (Groen), tous des néerlandophones. Les tunnels fermés, parce que jamais entretenus, c’est donc eux ? La ville immobile, c’est donc eux ?
La police fédérale qui a mis trois mois à retrouver Abdeslam dans Bruxelles, c’est qui, sinon Jan Jambon et la patronne du service, Catherine De Bolle, dont le français approximatif fait douter du sens du mot « bilinguisme » ?
Et quels politiques ont tout fait pour empêcher des centaines de citoyens d’origine immigrée d’accéder au travail de police locale, ou même parfois à la pose de rails à la STIB, parce que leur néerlandais n’était pas suffisamment vlaams ?
Et qui a miné, profondément, les services d’urgence ou les tribunaux bruxellois par des exigences linguistiques absurdes, sinon même les moins rabiques des politiciens flamands, accrochés à un bilinguisme mathématiquement calculé ?
Et qui occupe l’écrasante majorité des postes de direction à Bruxelles, et les DRH, sinon des Flamands, imposant ainsi à des milliers de Francophones un plafond de verre immuable et écrasant ?
Mais oui, parlons-en de cette structure bruxelloise que vos si brillants politiciens, Jan Segers, ont pourrie avec deux systèmes d’éducation complètement différents, un périphérique qui change sept fois de région, une politique de néerlandisation des panneaux d‘autoroute qui a surtout permis aux étrangers de se perdre entre Mons et Bergen, Antwerpen et Anvers, un financement meilleur pour les communes qui s’inventeraient un échevin « flamand » alors qu’ils peinent à en faire élire un tant il y a peu de néerlandophones chez leurs électeurs.
Mais oui, parlons-en de l’attrait de Bruxelles pour la classe moyenne, coincée entre une région qui lui hurle de parler flamand jusqu’au Colruyt local, et une ville qui s’appauvrit tout en enrichissant la périphérie flamande et wallonne, créant plus d’emploi que le Port d’Anvers pour les Flamands.
Mais allez, rappelez-moi encore comment vous avez voulu des allocations familiales séparées pour les gens de langues différentes dans la capitale de l’Europe, un système désormais institué qui transforme un service fédéral simple en usine à gaz kafkaïenne. Une de plus.
Et ce Kafka, encore, que vous avez tenu à instiller à tous les niveaux de Bruxelles, avec des commissions flamande, francophone, flamando-francophone, half-en-half, en veux-tu-en-voilà.
Et ce RER que le fédéral, dominé par les Flamands, nous reporte chaque année de quatre ans.
Et ces bus d’autres régions qui ne se connecteront décidément jamais au système bruxellois.
Et ces lignes de train dans Bruxelles qui pourrait réduire l’immobilité et que la SNCB bien sûr plus flamande (son ancien patron est passé à la N-VA) nous qualifie de « trop compliqués ».
Et ces centaines de milliers de Flamands qui viennent, chaque jour, seuls en voiture dans la capitale, pour y faire leurs petites affaires, et s’en retournent en se plaignant amèrement du trafic bruxellois qu’ils immobilisent eux-mêmes par leur seule présence !
Et surtout, les millions d’heures que, grâce à votre radicalisme linguistique, des centaines de politiciens, assistants, spécialistes, experts, avocats, juristes, ont passé à calculer, discuter, négocier, de juin 2007 à mai 2014 parce qu’il vous fallait impérativement votre grande réforme de l’État… pour cinq ans ! Ben oui, la prochaine démarre en 2019, vous n’êtes pas au courant ?
Alors, bien sûr, tout ça n’est pas la cause. Il y en a des tas, des causes. On en parlera une autre fois. Elles sont multiples. Mais à vouloir sans arrêt trouver de nouveaux coupables au fait que la Flandre n’est toujours pas aussi riche que le Sultanat de Brunei, qu’elle n’a toujours pas autour d’elles des régions où l’argent coule comme le Niagara dans la bouche des Wallons ou des Bruxellois, à force de vouloir être à la fois une région et un État, la Flandre politique et journalistique n’a pas de leçon à donner aux Francophones, bruxellois ou non.
Alors, foutez la paix à Bruxelles. Elle aurait beaucoup à redire. Et plus grande chose à espérer. Mais bien sûr, des reproches, elle pourrait aussi en faire à la Wallonie, et nous-mêmes en faisons tous les jours à nos propres dirigeants bruxellois. Mon but n’était pas de vous humilier, même si ça fait un peu de bien.
Je voulais juste vous montrer à quel point vous niez votre propre incompétence.
Je ne vais pas, moi, m’arrêter à ces constats pour jeter la pierre à la Flandre. Ce serait trop facile. On a bien mieux à faire. Je me demande seulement si c’est encore possible. Si on peut encore parler avec les gens qui vous lisent, et ceux qu’ils élisent après vous avoir lu. Si vous ne les avez pas déjà définitivement radicalisés. Si ce prétendu argent flamand que vous nous brandissez à tout bout de champ ne les a pas montés définitivement contre Bruxelles. Ils nous rappellent parfois qu’on doit les remercier de tout cet argent flamand qu’ils nous donnent, tout en se défendant d’être nationalistes, tout en se disant belges, et même patriotes !
Comme vous, je suppose…
Pourtant, aucun Belge n’a le droit d’être fier de ce qui s’est passé. Mais au moment où vos sbires accusent les musulmans de communautarisme, le fait que vous fassiez vous-même preuve d’autant de communautarisme montre bien qu’au fond, nos immigrés se sont en réalité bien mieux intégrés que vous ne dites : ils ont même intégré cette habitude méprisable que nous avons de dresser des murs entre nous-mêmes, et puis avec tout le monde. À dresser les gens contre les autres. C’est ce que la N-VA a fait en refusant de critiquer officiellement les néonazis qui ont fondu sur Bruxelles, certains étant peut-être de leurs électeurs.
Face à une telle responsabilité commune, le début de la réponse, c’est d’essayer le contraire, à savoir ouvrir des portes, poser des ponts, tendre la main. Mais des textes comme le vôtre, Jan Segers, font tout le contraire.
À vous lire, à entendre les politiques qui dirigent votre région, on est finalement partagé entre l’envie de céder aux chantres de la séparation et d’envoyer la Flandre vadrouiller ailleurs (sur Neptune, par exemple) et celle d’essayer de la rallier à notre catastrophe humaine, à son deuil, à la recherche de sens et de solutions autres que faciles et hypocrites, et dans ce cas, il suffirait de se séparer des nationalistes et des flamingants qui se cachent derrière une soi-disant respectabilité conservatrice. Je propose qu’on les envoie se faire voir à la vitesse de la lumière, par exemple, sur Alpha du Centaure.
Mais nous, Francophones, n’avons pas de pouvoir là-dessus, c’est à vous de faire ce travail. Ou pas. Sinon, tant pis, on se dira au revoir.
Mais bien sûr quelque part, nous Francophones avons aussi une part de responsabilité dans la facilité avec laquelle certains Flamands nous propulsent vers l’abîme : à force de vouloir ne pas trop les choquer, à force de demander qu’on comprenne qu’ils disent répression au lieu d’épuration, à force de se voir interdire de critiquer l’absence de cordon médiatique, à force de juger Bart De Wever dix kilomètres en dessous de son populisme pour ne pas froisser, à force de le laisser dire dans la presse allemande que Bruxelles est un marais puant (ou un trou à merde) sans réagir, nous ne faisons que proposer aux flamingants de continuer à nous humilier.
Parce qu’on ne respecte que ceux qui se font respecter.
Et il est plus que temps que les Bruxellois, qu’ils soient francophones, néerlandophones, anglophones, hispanophones, arabophones soient enfin de ceux-là. Avant de devenir aphones.
Editor review
Summary
C’est un billet cinglant, antibruxellois et francophobe, que l’éditorialiste de Het Laatste Nieuws, Jan Segers, a pondu pour son million de lecteurs flamands. Les 20 morts de la station Maelbeek, les 15 de Zaventem ne sont pas encore enterrés, près de 90 blessés sont toujours en traitement à l’hôpital, et voilà déjà qu’un éditorialiste flamand massacre Bruxelles. Et sa conclusion : nous, Bruxellois francophones, sommes collectivement coupables des morts de mardi dernier !
73 Comments
Flandre Pierre
avril 01, 21:21u'tz
avril 03, 21:05moinsqueparfait'
avril 01, 21:36moinsqueparfait'
avril 02, 09:41Salade
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avril 03, 22:53Rivière
avril 01, 22:39yvvimutu
avril 01, 23:06Citron Vert
avril 02, 18:02u'tz
avril 03, 21:56Rivière
avril 02, 22:18Isabelle
avril 03, 10:38u'tz
avril 03, 21:58Citron Vert
avril 07, 10:04Hansen
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avril 02, 06:52sylvielausberg
avril 02, 11:00tilmant lp
avril 02, 12:25Louis-philippe Tilmant
avril 02, 12:27Dan
avril 02, 12:42Pierre
avril 02, 14:47Marcel Sel
avril 03, 15:56u'tz
avril 03, 22:08moinsqueparfait'
avril 02, 17:30Citron Vert
avril 02, 18:02Marcel Sel
avril 03, 15:58u'tz
avril 03, 22:55Anne
avril 02, 19:19u'tz
avril 03, 21:25u'tz
avril 08, 00:26lievenm
avril 02, 19:42Wallimero
avril 02, 23:09u'tz
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avril 03, 23:01Jo Pattyn
avril 02, 23:25« Un billet cinglant, antibruxellois et francophobe… | «A.W.F.
avril 02, 23:26Jan
avril 03, 00:13Marcel Sel
avril 03, 16:08yvvimutu
avril 03, 22:43Olive
avril 03, 09:16u'tz
avril 03, 21:34Wallon
avril 03, 10:19lievenm
avril 03, 12:47u'tz
avril 03, 20:30Monde de fous - Idéologie - débats | Pearltrees
avril 03, 21:05fergu
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avril 03, 22:30Vivianne Nyssen
avril 03, 23:58moinsqueparfait'
avril 04, 09:03Pfff
avril 04, 09:12vince01
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