Parlement wallon : le bal des vents pires.

Capture d’écran 2014-06-13 à 13.27.04C’était attendu. Après trois jours d’atermoiements en commission de vérification des pouvoirs afin de dégager une majorité pour ou contre le recomptage des voix à Charleroi (qui pourrait apporter un siège de plus au PTB et en valoir un de moins au CDH), le Parti populaire s’est rallié aux députés MR et les rapporteurs ont fait leur rapport devant le Parlement wallon. Ce rapport préconisait un recomptage des votes blancs et nuls notamment dans la circonscription de Charleroi, sur base d’arguments juridiques clairement exposés. Sept des huit contestations ont été refusées par la commission, une seule ayant été jugée fondée. Les arguments n’avaient rien de fantaisiste, ils étaient dûment justifiés par des textes de loi et la jurisprudence. On ne peut même pas dire que la contestation du PTB a été prise à la légère, les « attendus » et l’analyse de la plainte étaient, à mes yeux du moins, cohérents.

Mais ça n’a pas intéressé les deux partis coalisés de la future majorité. Ils avaient prévu, d’avance, de voter contre le recomptage. Pensez ! Cela aurait pu coûter un siège au futur gouvernement wallon. Hier, déjà, les futurs députés avaient pratiquement déclaré ouvertement la nature du futur vote, parlant même de déni de démocratie dans le chef du MR. Or, qu’y a-t-il de plus antidémocratique que de décider d’un vote avant même d’avoir en main les conclusions de la commission ? Une telle attitude démontre que la vérification des pouvoirs ne sert, en fait, qu’à valider de facto le vote tel que décompté par les citoyens-compteurs, quelles que soient les circonstances et les erreurs possibles. Du moins, aux yeux du PS et du CDH. Seule consolation, on peut imaginer que si la majorité avait été MR-PTB, les choses auraient été identiques. Voilà ce qui arrive quand on demande à des élus de valider eux-mêmes leur élection. Déjà que le système D’Hondt profite aux plus grands partis — c’est le choix que notre démocratie a fait —, mais ça ne semble pas suffisant à l’establishment politique.

Notre pays mérite mieux que ce système autosatisfaisant !

Première conclusion : la première loi à discuter dans ce nouveau parlement doit confier la validation des élections à une cour de justice indépendante. Et ce, à tous les niveaux, pas seulement en Wallonie. Notre pays mérite mieux que ce système autosatisfaisant. 

Ces manœuvres de politique politicienne interviennent au pire moment. Notre Europe est en crise. Partout, le vote de contestation fait entrer des partis non démocrates dans les parlements. Le cas de la France, où 24 % des électeurs ont choisi un parti haineux dont le père fondateur, Jean-Marie Le Pen n’hésite pas à jouer avec le mot « fournée », devrait inciter les partis traditionnels à la prudence. Ils savent que la crise actuelle et la dilution des pouvoirs entre Union européenne, État fédéral, régions, communautés, provinces et communes rend leur action complexe et quelquefois, rend même impossible certaines réformes.

Quand un siège vaut plus qu’une vie humaine.

Ils savent que la population est exsangue et la classe moyenne en perdition. Ils savent que les fruits de la croissance sont toujours hasardeux à récolter (quand on se réjouit de moins d’un pour cent de croissance — pas de quoi résorber le chômage —, c’est qu’on n’a vraiment plus de quoi… se réjouir) et que le politique est mal armé face au poids des multinationales, aux décisions de licenciements sans appel. Pire : les dossiers humains ne les intéressent visiblement plus : j’en prends pour exemple le cas de Bénédicte Van De Sande, toujours bloquée au Népal avec une petite fille de 4 ans souffrant d’une maladie cardiaque légère, mais potentiellement dangereuse au Népal, et dont aucun parti ne veut ouvertement prendre la défense. Encore moins poser les actes qui s’imposent, comme accorder un visa humanitaire à la petite fille.

Elle ne compte pas, au fond, ou en tout cas nettement moins qu’un siège pour de soi-disant « humanistes » « démocrates » « socialistes », le tout entre un mur de guillemets tant leurs actions récentes déshonorent leurs ronflantes marques de fabrique. 

Le MR a aussi, comme le soulignait hier Fabrice Grosfiley, de lourdes responsabilités, notamment pour avoir pris les électeurs pour des cons en brandissant la soi-disant « défaite » du PS et du CDH et en hurlant au « déni de démocratie » lorsqu’avec une maladresse digne d’un Mammouth dans une cristallerie fine, le PS a fermé toutes les portes de la majorité wallonne et bruxelloise aux partis qui attendaient, par exemple, un début de discussion. Ou juste un coup de fil. 

Il faudrait peut-être interdire aux politiciens d’encore user du mot « démocratie ». Apparemment, tout ce qu’ils savent faire, c’est le galvauder, quand ils ne le salissent pas carrément.

Les partis radicaux représentent désormais 15,5% du paysage.

Aujourd’hui, les citoyens votent encore principalement pour les partis traditionnels, malgré une hausse fulgurante en Wallonie du vote communiste et fasciste. Mais peut-on compter sur un sursis ? Les trado’s, comme on dit en Flandre, ont cédé la bagatelle de 9,5 % des suffrages qui sont allés principalement au PTB et au Parti populaire. En 2009 ; les PS, MR, CDH, Ecolo récoltaient 90,86 % des suffrages. En 2014, c’est 81,38 ou 83,38, selon qu’on compte le FDF ou non !

Si l’on additionne les résultats des partis de droite radicale (PP, La Droite) et d’extrême droite (Nation, Debout Les Belges, Wallonie d’abord), on constate qu’ils séduisent désormais plus de 8 % des électeurs, soit pratiquement deux fois plus qu’en 2009. À l’extrême gauche, Vega, Mouvement de Gauche et PTB-Go représentent ensemble 6 % du paysage en 2014. En 2009, le PTB+ faisait 1,24 % et il était pratiquement seul. La nouveauté, c’est qu’ensemble, les partis émergents « teintés » de droite radicale ou de gauche rougeasse (hors RWF, Pirate, etc.) occupent désormais 15,5 % du paysage wallon.

À cet appel du pied d’une population excédée par l’immobilisme des partis traditionnels, par sa particratie, par l’importance apparente des jeux politiques, et les multiples complaisances gouvernementales, et facilité en partie par le fait que le PTB a désormais compris comment jouer sa carte dans ce paysage politique délabré — une carte tronquée, mais tellement plus crédible que les arguments socialistes du style « voter PTB = voter N-VA » — le PS et le CDH répondent donc en enfonçant le clou, en donnant encore plus d’arguments aux partis de rupture et au final, jouent le jeu détestable qui a valu au PS français de se voir ratatiner tandis qu’à droite, le MR laisse tout aussi complaisamment Jacqueline Galant et Alain Destexhe tirer des tarots qui devraient être réservés à l’extrême droite, prenant le risque, tout comme l’a fait l’UMP, de valider les théories d’extrême droite et d’alimenter plus encore les urnes du Parti populaire, et des « pires » de nos formations, Wallonie d’abord, Nation, RWA et Debout les Belges.

Enfin, certains ont fustigé le blocage du Parlement wallon par quatre personnes, pendant plusieurs jours. À ceux-là, j’ai une réponse très simple : la démocratie en général, et la crédibilité de nos institutions en particulier, méritent qu’on analyse les erreurs potentielles, ce qui implique qu’on doit prendre le temps de le faire. Par ailleurs, quand une commission est dès le départ noyautée par la future majorité d’un parlement, sa résistance, pour partisane qu’elle soit, est nécessaire. Ce qui a rendu ce blocage inutile, c’est l’arrogance ahurissante de deux partis qui ne comprennent plus qu’ils ne sont pas au service d’eux-mêmes, mais de ceux qui les ont élus.

Le vote d’aujourd’hui était donc une minable démonstration de l’autisme (pardon aux autistes) des édiles « socialistes » et « humanistes » (les guillemets sont, une fois encore, à multiplier). Ces partis qui veulent s’approprier le futur et qui sapent notre avenir. 

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0 Comments

  1. Ergo
    juin 13, 13:53 Reply
    C'est en effet lamentable, on se demande pourquoi beaucoup trouvent qu'il ne sert plus à rien d'aller voter. Je me demande combien s'abstiendrait si ce n'était obligatoire. D'accord, c'est un droit acquis, durement pour les femmes, mais voter à l'heure actuelle, ça n'a plus de sens, on se fiche de nous. Ca finira forcément mal, mais nos politiciens auront eux, entretemps, assurés leurs arrières. C'est indigne d'eux.
  2. Ergo
    juin 13, 13:55 Reply
    une jolie faute, il faut écrire : combien s'abstiendraient.
  3. Marie Absil
    juin 13, 14:19 Reply
    Excellent billet! Je suis entièrement d'accord sur le fond. Nos élus jouent un jeu dangereux avec la démocratie! J'hésitais, je suis quand même allée voter (on s'est battus pour obtenir ce droit...tout ça). Je le regrette déjà! Cela dit, Marcel, sache que les autistes ont un sens de la justice et de l'exactitude beaucoup plus élevé que la moyenne! J'ai le syndrome d'Asperger (une forme d'autisme) et en sais donc quelque chose! Alors, machiavélisme, goût immodéré du pouvoir, solipsisme...ce que tu veux, mais autisme sûrement pas!
    • Marcel Sel
      juin 14, 11:46 Reply
      Marie Absil: je sais pertinemment que les autistes ne sont pas des… autistes au sens où je l'entends dans mon article. D'où mes excuses immédiates pour avoir utilisé le sens "politique" du mot. J'espère avoir été compris.
  4. thomas
    juin 13, 14:28 Reply
    Vous oubiez de dire qu'environ 10% des électeurs musulmans à Bruxelles a voté islamiste extrème.
    • Marcel Sel
      juin 14, 11:49 Reply
      Ça fait toujours moins que le Vlaams Belang certaines années en Flandre.
  5. MBB
    juin 13, 14:50 Reply
    Bienvenue en Monarchie Banananière de Belgique.
  6. GuyF
    juin 13, 16:02 Reply
    Ceci démontre encore un peu plus que lors des (très???) prochaines élections une bonne partie des électeurs seront disposés à ne plus voter pour un parti mais pour un Projet Sociétal Humanologique dont vous aurez la primeur dans quelques jours ou semaines selon l'urgence qui s'annonce !
  7. dufourbarbara
    juin 13, 17:39 Reply
    Oui à la première conclusion (où est la deuxième;)) : validation des élections à une cour de justice indépendante ! C'est un minimum. Ils se jugent entre pairs (levée de l'immunité parlementaire...), c'est une honte pour notre pays qui se veut démocratique. Et je ne peux qu'être d'accord avec le fait que le PS et le CDH font le lit des extrémistes tellement ils sont à leur propre service plutôt qu'au service du peuple... pwak... que c'est laid. Bref, j'adhère à tout ce que vous dites ici... Comment fait-on pour (ré)agir?
  8. Rivière
    juin 13, 17:42 Reply
    Et après ça, yen aura encore pour dire que vous êtes PS ! lol
    • Marcel Sel
      juin 14, 11:52 Reply
      Oui, en effet. Il y a des gens qui ne peuvent voir le monde qu'en termes de vous/moi ou tout ce qui ne pense pas comme soi pense forcément systématiquement comme ce qu'on déteste. C'est triste, mais c'est comme ça.
      • Lachmoneky
        juin 14, 13:30 Reply
        Oui, Marcel, oui Rivière. Il "FAUT" que les (prises de) positions, les pensées de chacun, se formatent suivant un "cadre" bien défini: rouge, vert, brun, jaune etc... Simplification oblige. Arc-en-ciel banni bien évidemment! Hé bien non, certains pensent encore par eux-même, et n'entrent pas dans des "cadres" prédéfinis! Bien heureusement! lol
      • Rivière
        juin 15, 10:57 Reply
        Cependant, je ne suis pas d'accord sur le fait que l'examen des problèmes d'élection devrait être examiné par une cours de justice même indépendante : je trouve qu' un jury de citoyen tirés au sort serait plus démocratique qu'un groupe de personnes uniquement issu du milieu judiciaire... On le fait bien pour les crimes contre les personnes alors pourquoi ne pas l'étendre aux crimes contre les électeurs ?
  9. Salade
    juin 13, 18:31 Reply
    Nous connaissons déjà le Prévôt de Namur et sa pré-voté.
  10. Philippe
    juin 13, 18:33 Reply
    Juste pour mon information personnelle, en quoi dans son programme ou dans ses actions (militants les plus motivés y compris) le fdf peut il être assimilé à un parti doit "non traditionnel" ou "radical" si vous préférez ? Faire une distinction entre des partis nationalistes, fascistes, populistes et le autres je comprends le reste, j'ai plus difficile !
  11. Martine-Bxl
    juin 13, 19:09 Reply
    " Quand un siège vaut plus qu’une vie humaine. Ils savent que la population est exsangue et la classe moyenne en perdition. Ils savent que les fruits de la croissance sont toujours hasardeux à récolter (quand on se réjouit de moins d’un pour cent de croissance — pas de quoi résorber le chômage —, c’est qu’on n’a vraiment plus de quoi… se réjouir) et que le politique est mal armé face au poids des multinationales, aux décisions de licenciements sans appel. Pire : les dossiers humains ne les intéressent visiblement plus : j’en prends pour exemple le cas de Bénédicte Van De Sande, toujours bloquée au Népal avec une petite fille de 4 ans souffrant d’une maladie cardiaque légère, mais potentiellement dangereuse au Népal, et dont aucun parti ne veut ouvertement prendre la défense. Encore moins poser les actes qui s’imposent, comme accorder un visa humanitaire à la petite fille. Elle ne compte pas, au fond, ou en tout cas nettement moins qu’un siège pour de soi-disant « humanistes » « démocrates » « socialistes », le tout entre un mur de guillemets tant leurs actions récentes déshonorent leurs ronflantes marques de fabrique. Le MR a aussi, comme le soulignait hier Fabrice Grosfiley, de lourdes responsabilités, notamment pour avoir pris les électeurs pour des cons en brandissant la soi-disant « défaite » du PS et du CDH et en hurlant au « déni de démocratie » lorsqu’avec une maladresse digne d’un Mammouth dans une cristallerie fine, le PS a fermé toutes les portes de la majorité wallonne et bruxelloise aux partis qui attendaient, par exemple, un début de discussion. Ou juste un coup de fil. Il faudrait peut-être interdire aux politiciens d’encore user du mot « démocratie ». Apparemment, tout ce qu’ils savent faire, c’est le galvauder, quand ils ne le salissent pas carrément...." ...Un seul mot Marcel : MERCI ! ...Et puissent-ils vous lire et vous (nous) entendre avant qu'il ne soit ....trop tard !!!
  12. uit 't zuiltje
    juin 13, 22:18 Reply
    pour le ptb, quand on en veut, c'est mieux de savoir qu'on mérite plus... meilleur moyen de pas rosir ps si vous trouver "autisme" pas politicalmant correct en bon bobo (sorry si ça fait bon nobo) essayez "automobiliste" ou "autoïmmobiliste"
    • Marcel Sel
      juin 14, 11:57 Reply
      La question n'est pas de savoir si "autiste" est politiquement correct mais de ne pas accepter que le mot fasse l'amalgame entre les personnes autistes qui ne font pas de politique et n'ont pas à être critiquées et le terme dans son usage politique. Donc, je l'utilise quand je le trouve disons utile, ou que je n'ai pas trouvé mieux mais tout en retirant les autistes et leur psyché (qui n'est pas criticable) de la critique. Si ça vous paraît politiquement correct, moi, ça me paraît humainement indispensable.
      • Marie Absil
        juin 14, 13:39 Reply
        L'image des autistes est déjà suffisamment déplorable pour être associée à l'incurie des politiques en plus ;-) A te lire depuis pas mal de temps déjà, je sais que tu refuses tout amalgame. Mais je ne suis pas sûre que ce soit le cas de tous tes lecteurs... d'où mon appel à précision. Appel entendu. Merci Marcel!
      • uit 't zuiltje
        juin 15, 21:37 Reply
        vous avez raison, Marcel, j'avais compris la parenthèse "(pardon aux autistes)" comme "(pardon [aux parents] d'autistes)" - vu la réalité humaine que ça représente - et n'ai pas compris que vous joignez cette réalité par parenthèse interposée à "une minable démonstration de l’autisme[...]des édiles"« etc »... qui somme toute, à mes yeux, sonne comme le constat plutôt objectif d'un symptôme... remarquez qu'à la suite : "Ces partis qui veulent s’approprier le futur"... m'a paru très universel ..."et qui sapent notre avenir", par contre, très partisan... mais perso je suis bobo et politcalment correct tout les jours de midi à 14h, en cinq mille fois moins indispensable que vous
        • denis dinsart
          juin 17, 16:54 Reply
          Crétin, ....Peut-on utiliser ce mot hors de son contexte médical sans risquer de choquer ceux qui souffrent de crétinisme ou leurs proches?
        • uit 't zuiltje
          juin 19, 10:53 Reply
          @denis c'est en tout cas plus facile à placer que chinoiserie mongole et en plus c'est vient de chrétien il paraît (mais c'est pas Pffff qui me l'a dit)
    • Tournaisien
      juin 14, 21:01 Reply
      Mais c'est n'importe quoi ce débat sur le "politiquement correct" qui consisterait à ne pas utiliser le mot "autiste" dans une acception autre que médicale. Il est évident que ce terme a une signification stricte, clinique ou médicale, et une signification plus large s'appliquant à un type de personne incapable de prendre la mesure de la réalité qui l'entoure par aveuglement, tendance narcissique ou tendance au despotisme. Où est donc le problème ? Oui, les autistes au sens médical sont hautement respectable, au même titre que toute personne malade, qui souffre, le serait, et même d'autant plus que ces personnes sont hélas privées de l'essentiel de leur libre arbitre. Et oui, les autistes au sens large, comme on parle parfois des paranos pour désigner des personnes hyper-susceptibles sans pour autant qu'elles fassent partie des 0,5 à 3,5% de la population atteinte de la paranoïa au sens psychotique du terme, sont insupportables et méritent d'être dénoncés dans leur comportement. Et oui encore, nos politiques qui présentent se profilent doivent être dénoncés eux-mêmes, car en se comportant comme tels, ils dévoient la mission qui leur a été confiée démocratiquement. À force d'être politiquement corrects dans cette brave société, nous en viendrons bientôt à nous tirer en public, et volontairement, pour satisfaire au plus grand nombre, des décharges de chevrotine. Personnellement, très peu pour moi.
  13. Mungersdorff
    juin 13, 22:28 Reply
    J'ai du mal à cerner votre perception de la démocratie. Cela dit, ce mot est tellement galvaudé, trituré, employé, usé depuis sa création que je ne peux vous en vouloir. Mais quoi, Marcel, nous avons voté, et nos braves lois "démocratiques" jouent le jeu. Non ? On m'aurait menti ? La "démocratie" n'est qu'un idéal flou, Marcel. On aura fait un grand pas, en énorme pas, en avant le jour où l'ensemble des populations concernées l'auront compris et intégré. Le "pouvoir au peuple" est aussi vague et propice aux dérives que ne le sont les paradoxes pour les philosophes.
    • Lachmoneky
      juin 14, 13:24 Reply
      Mais Mungersdorff, une "loi" n'est jamais qu'un cadre de la démocratie. Et aucun cadre n'est parfait. Surtout quand le juge est partie. Je crois qu'un nettoyage du cadre serait le bienvenu! Quelque soit le juge, quelque soit la partie, d'ailleurs! Le jour où l'intérêt de la démocratie (ou de l'Etat, ou de la Région...) passera avant l'intérêt de SON propre parti... nous aurons découvert un Homme d'Etat! Une espèce en voie de disparition, visiblement!
    • Salade
      juin 14, 23:22 Reply
      Le pouvoir au peuple est propice aux dérives? Le pouvoir à l'élite ou au politiciens technocrates ne l'est pas, sans parler des fous? Avouez-moi: les dérives, c'est quand vos biens sont en danger, n'est-ce pas ?
      • Mungersdorff
        juin 18, 16:34 Reply
        "Le pouvoir au peuple est propice aux dérives?" Oui . "Le pouvoir à l’élite ou au politiciens technocrates ne l’est pas, sans parler des fous?" Non. Mais votre définition de la folie m'intéresse au plus haut point. "Avouez-moi: les dérives, c’est quand vos biens sont en danger, n’est-ce pas ?" Oui. Vous venez de pointer ce que beaucoup pensent être une universalité.
    • Tournaisien
      juin 15, 08:38 Reply
      Mungersdorff, Je ne suis pas d'accord avec vous. La démocratie recouvre une réalité très concrète : elle est ce point d'équilibre, certes imparfait, qui permet à la fois d'ouvrir à la libre expression et au débat public, et garantit dans le même temps le contrôle du pouvoir par le jeu des institutions. Le danger, en démocratie, est double : La démocratie est menacée au premier chef quand, généralement par voie de populisme, des cercles ou des personnalités en remette les fondements en cause tout en revêtant provisoirement ses oripeaux pour tenter de s'arroger le pouvoir (cfr tous les partis "crypto" d'extrême droite tel le FN en France). Mais elle l'est aussi, à l'inverse, mais de façon plus soft et plus insidieuse, quand de l'intérieur même de l'appareil politique, par calculs politiciens, certains mandataires oeuvrent à dépouiller la lettre de l'esprit qui l'avait animée et, ce faisant, risquent de créer des conditions favorables à la montée au créneau de populistes ou d'autocrates avançant à visage masqué. De cette catégorie font partie par exemple, à la Région wallonne, ceux qui s'emploient à essayer de vider de son contenu le Code de la démocratie locale (en particulier les articles du code relatifs aux cas d'incompatibilité (empêchement) et aux cumuls de mandats). La société compte en son sein d'après certaines statistiques entre 0,5 et 3,5% de "personnalités paranoïaques" (syndrome de la personnalité paranoïaque, considéré comme cliniquement pathologique mais le plus souvent non ou mal identifiables, qui est le stade avant la "paranoïa" pure qui, quant à elle, est délirante). Elle compte par ailleurs entre 1 et 2% de psychopathes (personnalités dénuées de tout sens moral, de toute capacité à identifier le bien ou le mal). Or ces deux profils pathologiques, qui représentent à eux deux environ 5% de la population (une personne sur 20 ... atteinte à des degrés divers bien sûr), sont naturellement attirés par les fonctions de visibilité et de pouvoir, en sorte que, dans la sphère politique en particulier, cette proportion devient beaucoup plus importante (10 à 20% minimum ?). Ne nous cachons pas la face : cette réalité constitue un danger permanent pour nos démocraties. Qui dit "profils pathologiques" dit "malades", et ce qui est plus grave dans le cas des paranoïaques et des psychopathes, qui sont à classer au nombre des psychotiques (maladies psychiques incurables, je le rappelle), ces deux maladies présupposent la structuration d'une forme de pensée systémique qui les empêchent de réaliser tout travail de conscience, d'autocritique, de mise en perspective d'eux-mêmes. Un paranoïaque jamais ne se remettra en question, quand bien même de façon récurrente, il accumulerait les situations d'échec relationnel et serait, à chaque fois, mis en extrême minorité face à son entourage. Pour un paranoïaque, toujours, ce sont les autres, dussent-ils être la terre entière, qui portent la responsabilité de la crise qu'eux-mêmes ont provoquée. Les psychopathes, à la limite, sont encore plus dangereux car beaucoup plus insidieux. Cette situation, en une certaine mesure, appelle une comparaison avec le problème de la pédophilie dans l'Eglise. Pourquoi autant de cas de pédophilie dans l'église catholique ? Est-ce parce que, comme beaucoup le prétendent, le célibat entraînerait chez nombre de personnalités plus fragiles un déséquilibre comportemental en matière de sexualité, ou au contraire, est-ce parce que la prêtrise, au moment où la personnalité se structure, apparaît comme une porte de sortie à ceux qui, précisément, commencent à identifier de façon plus ou moins claire ce penchant qui les habite ? Pour moi, il est clair que l'explication tient dans la seconde question. Eh bien, en politique, le problème est à peu près le même : le jeu politique attire en particulier des personnalités troubles, prédisposées à une conquête effrénée du pouvoir et donc de reconnaissance. Nombre de politiciens (10 à 20%), quand on y regarde bien, sont des gens malades, aux comportements qui peuvent en venir à devenir pathologiques. Et si ces 10 à 20%, des structures de contrôle démocratique ne sont pas là pour les contenir, les tenir en respect, alors la belle chose qu'était la démocratie peut devenir un enfer. D'une certaine façon, c'est ce qui s'est passé en 1933 avec la conquête par voie électorale de la Chancellerie par un certain Adolf Hitler. Telle est la raison pour laquelle la démocratie, quelque imparfaite qu'elle soit, est la seule réponse possible à la gouvernance, et telle est la raison pour laquelle il convient de se battre sans relâche pour renforcer et améliorer, rendre toujours plus efficaces nos structures démocratiques. Telle est la raison pour laquelle, par exemple, je considère comme préoccupantes les manœuvres récentes de certains politiciens de la RW (du PS, du MR et du CDH) qui tentent de réduire les exigences du code de la démocratie locale en matière d'empêchement et en matière de cumul des mandats. De ce point de vue, l'arrêt du Conseil d'état qui vient de frapper de nullité la décision de la RW de démettre le bourgmestre de Flobecq, Philippe Mettens, était essentiel : il a permis de mettre à néant une manœuvre du ministre-président de la Région wallonne, Rudy Demotte, qui par le biais d'un amendement à l'un des articles dudit code introduit entre la discussion au parlement wallon et la mise au vote ne cherchait qu'à régler un vieux contentieux personnel. Ce type d'instrumentalisation de l'appareil législatif pour régler des comptes personnels est très typique d'une "personnalité manipulatrice", doublée d'un profil paranoïde. Cet exemple est emblématique de ces dérives desquelles, précisément, nos institutions démocratiques doivent nous mettre à l'abri.
      • Rivière
        juin 18, 07:12 Reply
        oui oui oui c'est très bien tout ça mais, au fond, qui d'autre qu'un fou voudrait exercer le pouvoir ? Et dans le cas où une improbable personne saine d'esprit se lancerait dans l'aventure... Combien de temps lui faudrait-il pour perdre tout sens des réalités (du commun des mortels évidemment !) ? Le pouvoir corrompt savez-vous ? Tant qu'à faire, autant tirer les gens au sort dans la population pour les différents postes de pouvoir et limiter drastiquement l'exposition à ce poison... Pas de cumul des mandat et pas de "réélection" possible ! Quand on voit les cadors qui parviennent à certains postes avec le système actuel, on ne perdrait pas au change et ça réduirait la probabilité d'obtenir un fou de 20% à 5%, pas mal non ?
      • serge
        juin 18, 16:00 Reply
        Ce point de vue est neuf pour moi et très convaincant. Un petit peu terrifiant aussi et effectivement incitant à la vigilance. Je voyais les politiciens comme des mâles alpha et me contentais de cette explication pour comprendre leur soif de pouvoir et l'énergie qu'il mettait dans la poursuite de leur carrière. Votre point de vue explique mieux leur capacité à jouer des coudes, à mentir, à manipuler, à tricher,... Merci!
      • Mungersdorff
        juin 18, 16:44 Reply
        "Je ne suis pas d’accord avec vous. La démocratie recouvre une réalité très concrète : elle est ce point d’équilibre, certes imparfait, qui permet à la fois d’ouvrir à la libre expression et au débat public, et garantit dans le même temps le contrôle du pouvoir par le jeu des institutions." Eh bien, voyez-vous, je ne suis pas d'accord avec vous. Je n'ai donc pas lu le reste de votre texte (sincèrement désolé, vu sa longueur et notre désaccord initial il n'en valait pas la peine, du moins dans mon référentiel). La démocratie, pour moi, c'est un concept flou, un idéal. Le contrôle du pouvoir par le jeu des institutions est tout sauf une définition de la démocratie ! En quoi moi, petit citoyen, ai-je la plut petite influence sur la nomination de tel ou tel juge ? Le pouvoir au peuple est à la base une illusion, qui de surcroît se trouve diluée. Ce qui m'inquiète n'est pas ce constat, naturel selon moi, mais bien plutôt que les détenteurs du savoir, les intellectuels, n'en font pas une publicité plus marquée...
        • uit 't zuiltje
          juin 19, 11:27 Reply
          " un concept flou, un idéal " "Le pouvoir au peuple est à la base une illusion, qui de surcroît se trouve diluée." d'autant plus flou que l'illusion est diluée...idéal? la démocratie c'est de recompter en wallonie (trouver dans les bulletins écartés du comptage les 14 voix nécessaires au ptb pour chatouillé de ps en walbanie) la démocratie c'est de recompter en flandre (chercher désespérement des poux au nombre de voix de l'uf pour virer cette tache FR dans la bellle nation flamsouche)
  14. Capucine
    juin 14, 21:10 Reply
    La démocratie est obsolète,comment faire pour l appliquer avec des loups places a tous les échelons.!
    • uit 't zuiltje
      juin 19, 11:15 Reply
      facile il suffit de mettre des lapins à la place ! (pardon aux protectrices des animaux en voie de disparition)
  15. Salade
    juin 15, 14:31 Reply
    Face à Vrebos sur RTL ce midi, Charles Michel a soutenu que Bart De Wever était exemplaire et que Elio Di Rupo n'avait aucune qualité. Il a aussi soutenu que seul le PS créait l'instabilité en Belgique. (Les 5 années précédentes de Di Rupo comme premier ne lui ont visiblement pas paru un contre-exemple.) Ceci dit, je ne cautionne nullement le PS qui est clienteliste par excellence et est au centre du scandale des intercommunales, dont VOO! Ne pas recompter les votes carolos est un scandale justement dénoncé par Charles Michel.
  16. Pffff
    juin 15, 15:43 Reply
    Blanc, c'est noir La fin de la Belgique et la décolonisation du Congo auront beaucoup en commun. La stratégie belge : je sais ce qui va m'arriver, cela me déplaît, alors je fais comme si cela ne devait jamais arriver. Jusqu'ici, je ne me suis pas trompé dans mes pronostics, contrairement aux ceusses qui nous criaient, plein de triomphalisme, "la Belgique est sauvée", lors de la création du précédent gouvernement, alors que c'était l'inverse qu'il aurait fallu dire.
    • uit 't zuiltje
      juin 19, 11:07 Reply
      vous vous trompez Pffff le sort du congo belge a été réglé en une semaine en 1959, je m'en souviens très bien, la fin de la belgique on en parle depuis un siècle... il n'y a qu'un problème finalement : le nationalisme flamand qu'on diabolise en FR et angélise en NL... et c'est insoluble dans la "fin"
  17. moinsqueparfait'
    juin 15, 22:58 Reply
    Pendant ce temps, Madame Milquet négocie en tandem avec Rudi Vervaurte* pour le gouvernement du centre dupéyïs. Je m'attendais à la voir acculée à la disparition du paysage politique, sous l'effet d'articles de presse impitoyables... Je sens que l'avenir de certains va être beaucoup plus difficile que le sien... Bienvenue dans la réalité du Belgium, manants! Qu'aviez-vous donc cru? ********* *Je ne sais pas pourquoi mais j'ai rêvé cette nuit que la nouvelle demande de refinancement allait arriver prochainement... La justification commençait par "Afin de préserver ce lien indéfectible, ce joyau que le monde entier nous envie (...) entente entre les communautés (...) multiculturel (...) démocratie et valeurs (...), (...) immense PIB, (...) stratégique, (...) définir des axes forts (...), participation citoyenne, (...) amis néerlandophones du nord dupéyïs, (...) etc." De quoi parle-on? Mais de Brussel, bien sûr!
  18. Capucine
    juin 17, 19:03 Reply
    Pour l instant ,je suis loin de mon joli pays ,je regarde Belgique Algérie ,le principal pour moi ,c est que ce match se déroule sportivement avec un respect réciproque mais je chante pour le bonheur de mon pays et pour la paix Quand le milieu sportif et le milieu culturel,artistique ne vont pas bien ,le monde est malade.
  19. Philippe
    juin 19, 05:02 Reply
    Une humiliation pour Guy Verhofstadt, le VLD et le MR des Michel & C°. Ont ils assez d'honneur que pour démissionner ? Ils préféreront rester et s'en mettre plein les poches... Une honte pour la démocratie. Source/ http://www.lesoir.be/576200/article/actualite/union-europeenne/2014-06-18/n-va-rejoint-conservateurs-britanniques-au-parlement-europeen
  20. Philippe
    juin 19, 05:06 Reply
    Le racisme au quotidien dans la presse en Flandre.... Non non !? Au KVS ont ne pense pas comme cela et ont le prouve ! BRAVO Source: http://www.lesoir.be/576036/article/culture/medias-tele/2014-06-18/kvs-rompt-son-partenariat-avec-morgen-pour-cause-racisme

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