Inondations : Uccle préfère ses grenouilles à ses riverains.
Bien sûr, nous eûmes des orages, violents, et la tragédie de la Vesdre. Bien sûr, il y a toujours pire. Mais les riverains de la chaussée de Saint-Job, à Uccle n’en ont pas moins ras le bol. Pour la troisième fois en un trimestre, la rue qui borde leur maison s’est transformée en torrent, leur garage ou leur rez-de-chaussée en pédiluve, leur cave en piscine olympique. L’eau est en plus du genre vicieux : elle ne pénètre pas seulement par le dessous des portes, elle jaillit aussi des égouts.
Après, comme chaque fois, ils comptent les dégâts et brossent l’épaisse couche de boue noire résiduelle. Quant aux assurances, oubliez-les, elles ont déclaré forfait. On vous dira évidemment que c’est le lot du changement climatique. Il a bon dos, çui-là. Après les inondations d’août 2011, la Région et la commune d’Uccle ont entrepris de grands travaux. Deux ans de travaux environ. Avec bassins d’orage, une amélioration technologique de l’égout principal de la chaussée de Saint-Job et, plus récemment, la condamnation de plusieurs avaloirs. Promis, juré : on ne serait plus jamais inondé en bord de chaussée ! Ou plutôt, de rivière.
Ensuite, sous l’impulsion d’Ecolo entré dans la majorité, de grands travaux d’embellissement des abords de la chaussée furent exécutés pour le plus grand bonheur des bobos les plus cérébralement hirsutes : on peut désormais, à partir de jolis points d’observation exécutés en bois, admirer les malingres escarpements d’un Geleytsbeek scrofuleux, prétendument replacé dans son cours historique, où coule un filet d’eau brune. Magnifique ! On a même créé un genre de marais au coin de l’avenue Dolez et de la chaussé de St-Job, qui n’est autre qu’un « bassin de pluie » avec une splendide rampe-promenade d’où l’on voit, tout au plus, quelques herbes et un peu de rosée, pourvu qu’on y aille le matin. Quant à la pluie torrentielle, elle évite le lieu et lui préfère bizarrement la chaussée, le trottoir et les habitations.
Est-ce dans ce « bassin de pluie » manifestement inefficace que l’argent est passé ? Je l’ignore. Aurait-on pu mieux faire ? Je ne sais. Toujours est-il que depuis juin, pour la première fois en une décennie, la chaussée s’est transformée déjà trois fois en torrent. La dernière fois, c’était hier, le 21 août 2021, vers 22 h. L’IRM a détecté quelque 30 mm de pluie entre 22 h et 23 h. Les dates précédentes : le 26 juin et le 24 juillet 2021.
Nul doute que l’échevin des Travaux publics Thibaud Wyngaard (ECOLO), les gestionnaires de Vivaqua ou de la région, et le bourgmestre Boris Dilliès (MR) trouveront les arguments les plus pertinents pour répondre aux riverains (le terme a rarement été plus opportun) de la chaussée de Saint-Job. L’échevine de l’Environnement humide et des Espaces verts trempés, Maëlle De Brouwer, est depuis peu administratrice de Vivaqua. Ça devrait aider. Mais l’excuse du changement climatique risque bien de passer à la raclette et à la Javel.
Dans le quartier, la tendance est plutôt à se demander à quoi ont servi tous ces investissements. Et si le look des environs — cadre idéal pour les grenouilles dont le collège communal espère le retour au bord du beek — ne compte pas plus que la préservation des habitants. À force d’éponger mensuellement les eaux des égouts projetées dans leur logis en y laissant une épaisse couche de crasse noire après chaque grosse pluie, ce sont les citoyens qui finiront par croasser le plus fort.
Seule consolation pour cet habitant qui m’explique que le débordement des égouts a transformé « mes toilettes du premier étage en geyser » : il n’a pas besoin de prendre l’avion pour se croire en Islande. C’est toujours ça de gagné sur le réchauffement !
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2 Comments
u'tz
août 23, 19:48marcel
août 27, 19:25