Cologne. L’urgence de regarder les réalités en face.
Nouvel An 2016. Sur les marches de la cathédrale et dans la gare de Cologne, des bandes de quelques dizaines de jeunes hommes (parmi un bon millier de « fêtards » immigrés) ont harcelé ou agressé sexuellement plus de 200 femmes. Deux d’entre elles ont été violées. Rendez-vous compte : des jeunes filles descendant du train dans la gare d’une grande ville allemande ont été encerclées par des quidams généralement alcoolisés ou drogués qui leur palpaient les seins, les fesses, allant jusqu’à glisser leurs doigts dans leurs parties intimes, insensibles aux cris et aux protestations, et même à la présence d’un homme. Certaines ont cru que leur dernière heure était arrivée.
C’est comme si les tarés de la place Tahrir(1) s’étaient brusquement retrouvés à Cologne. Ceux qui ont vu Les Femmes du Bus 678 feront le parallèle, avec un sale goût dans la bouche. Ce film nécessaire de Mohamed Diab est inspiré par la première Égyptienne qui a osé porter plainte contre un de ces agresseurs sexuels caïrotes qui profitent de la promiscuité des transports en commun pour imposer leurs « caresses » à des femmes impuissantes — un terrible phénomène de société en Égypte. L’obscurantisme sexuel d’un islam rigoureux fermé à tout contact entre hommes et femmes serait l’une des sources de cette brutalité, que l’islam lui-même réprouve pourtant sévèrement : le viol est un péché capital.(2)
L’irruption d’une telle brutalité à Cologne est un choc pour notre société, auquel rien ne nous a préparés et pour lequel nous ne trouverons pas de solution immédiate, ni facile. Il envenime un débat public déjà empoisonné par le terrorisme, la crise économique, l’afflux de réfugiés, et la montée de l’intolérance sous toutes ses formes.
Les intolérants en réseau
Intolérance d’un islam dévoyé qui méprise l’incroyant, considère la femme comme une esclave, et veut imposer ses lois à la société. Intolérance d’un nationalisme xénophobe, parfois chrétien (dévoyé aussi), qui prône une nation ethniquement pure. Les deux radicalismes se rejoignent, l’un menant dans sa forme ultime à Daesh, l’autre au nazisme.
À cela s’ajoutent la réactivité et la virulence des réseaux sociaux où se mène une guerre permanente entre ceux qui ont tendance à rejeter l’islam et les musulmans en général — par amalgame avec ses formes extrêmes — et ceux qui, au contraire, bâtissent des dénis de plus en plus sophistiqués pour contrer les premiers, allant jusqu’à nier des faits, rejetant toute révélation dérangeante comme extrémiste.
Les premiers sont à l’œuvre depuis plusieurs décennies et récoltent aujourd’hui des succès politiques croissants et inquiétants dans de nombreux pays d’Europe. Les seconds, de plus en plus souvent sur la défensive, réagissent en assiégés. Les deux laissent le champ de la nuance et de l’analyse en friche. Face à ce désastre intellectuel, le citoyen se voit au final proposer de choisir entre laxisme et extrémisme. Le choix qu’il fait influence le politique.
Ces réflexes d’assiégés déteignent en effet sur le pouvoir. Pour tenter d’éviter d’alimenter la haine dont se nourrissent avec délectation les mouvements islamophobes — PEGIDA notamment —, la maire de Cologne, la police, le pouvoir régional et fédéral ont retardé la divulgation de l’information. Lorsque ce black-out ne fut plus possible, ils ont minimisé, jusqu’à la nier, la présence de réfugiés ou de demandeurs d’asile sur la « place Tahrir » de Cologne. Une tentative vouée à l’échec et du pain bénit pour l’extrême droite qui peut désormais ajouter aux innombrables témoignages concrets le joker du mensonge gouvernemental. Le tout, sur fond de crise européenne de l’asile. Le même phénomène a été constaté en Suède, où la police a tu pendant plus d’un an les agressions sexuelles lors d’un festival à Stockholm, apparemment par des demandeurs d’asile afghans.
La fin d’une idylle
Dans les deux pays, une extrême droite très active est à l’affût de la moindre information permettant de salir les réfugiés en général. Il faut dire que, prenant exemple sur la Suède, Angela Merkel a prôné l’accueil des réfugiés, espérant que les autres pays membres suivent. Or, la plupart d’entre eux ont rapidement lâché l’Allemagne — et notamment des pays, à l’Est, qui lui doivent leur croissance économique actuelle. Même la France n’a pas montré un grand enthousiasme. L’isolement de Merkel a donné à son appel une résonance supplémentaire qui a fait écho jusqu’en Syrie et en Irak, où elle est devenue une sorte de Mère Teresa des réfugiés. Si d’autres leaders européens l’avaient suivie, ces demandeurs d’asile ne se seraient pas tous rués sur l’Allemagne qui porte aujourd’hui, seule, le fardeau.
De plus, l’arrivée massive de migrants et de demandeurs d’asile — d’abord imaginée et présentée comme pratiquement idyllique — a rapidement été synonyme d’importation des conflits moyen-orientaux dans des centres de réfugiés où se côtoient des ennemis jurés. Des musulmans radicaux face à des chrétiens ou des yézidis. Des sunnites face à des des chiites. Des pro-Assad face à des opposants au régime. Des laïques qui voient dans l’Europe un espace de liberté face à des musulmans intégristes qui ne voient pas grand-chose d’autre que leur propre fondamentalisme. Sans compter la pression due au nombre de jeunes célibataires.
Notre arrogance et notre égocentrisme nous ont amenés à penser que les réfugiés allaient acclamer notre accueil et chanter les louanges d’une Europe dont ils allaient adopter les principes et l’esprit des Lumières comme un bébé avale sa panade à la banane. Or, comme dans tout exode, cette masse de plus d’un million de personnes n’a pas pour but premier de s’intégrer dans notre société et de la faire progresser, ni de l’aimer, mais bien de survivre, que ce soit économiquement ou physiquement.
C’est donc à nous de leur rappeler ou de les convaincre que ce bien-être (relatif dans la plupart des cas, du moins au début) et cette survie ont un prix, et d’en préciser le coût et les conditions. L’avons-nous fait concrètement ? Non. Outre le manque de moyens et les tergiversations politiques quant à un indispensable parcours d’intégration, nous sommes coincés entre l’incapacité des tenants de « nos valeurs » à les énumérer clairement ou même à admettre que les musulmans peuvent les adopter, et le refus des tenants d’un multiculturalisme béat d’imposer celles-ci sous prétexte que l’Allemagne peut parfaitement absorber ce million de réfugiés forcément enthousiastes et bienveillants qu’ils imaginent volontiers gambadant dans les prés, une Dortmund à la main, avec la Mélodie du Bonheur comme bande-son.
Des médias qui tronquent les faits
Le traitement médiatique, intellectuel et politique de la razzia de Cologne est aussi révélateur de l’opposition improductive entre ces deux camps retranchés. Ainsi, dès que les agressions ont été divulguées, les « antiréfugiés » se sont empressés de gonfler toute preuve de la présence de demandeurs d’asile sur la place. Par opportunisme ou par négligence, des médias leur ont donné du grain à moudre.
Exemple. Des policiers de Cologne ont révélé que lorsqu’ils sont venus rétablir l’ordre sur la place de la Cathédrale, un demandeur d’asile a déchiré son permis de séjour en leur lançant, goguenard, qu’il en recevra un autre le lendemain ; un autre leur a crié qu’ils devaient être gentils avec lui, parce qu’Angela Merkel l’avait invité en Allemagne. Les deux étaient apparemment bourrés. Bild a monté ces cas isolés en épingle, aussitôt suivi par quelques autres journaux avides de sensation, alimentant ainsi l’idée que les viols et attouchements étaient (tous) le fait de réfugiés et que ceux-ci méprisaient l’asile qui leur était offert. Or, à ce moment-là, l’on ne savait même pas si ces deux personnes avaient commis des actes graves (hormis les insultes aux policiers). Ni s’il y avait réellement beaucoup de réfugiés devant le Dom de Cologne la nuit de la Saint-Sylvestre.
Deux jours plus tard, on apprenait aussi qu’une des personnes arrêtées suite à la nuit d’épouvante avait sur elle un aide-mémoire avec la traduction en allemand de phrases comme « je veux baiser », mais aussi « je veux te baiser à mort » (« ich wil toten dich ficken[d] »). Dans sa version en ligne, le journal néerlandophone belge Het Nieuwsblad a cru bon de traduire cela en un titre radicalement assassin ; « Je veux baiser, je te tue ». Le lecteur aura déduit que certains des agresseurs avaient des velléités de meurtre. Or, sur le papier retrouvé — pourtant publié par le journal —, la phrase qui suit dit : « Je veux t’embrasser à mort » (« Ich wil toten dich küssen[d] »). On ne tue pas une femme littéralement en la couvrant de baisers. D’une expression passionnelle assez crue, le journal a fait une menace de meurtre. Les xénophobes ont jubilé. Des journaux francophones ont, au contraire, fait silence sur les expressions d’amour mortel.
Chez les Bisounours, certains ont tenté de nier l’évidence quand elle est apparue, à savoir que pratiquement tous les agresseurs étaient d’origine maghrébine ou moyen-orientale. La question s’est même posée de l’utilisation de ces critères. Ainsi, la modératrice de la ZDF Dunja Hayali a affirmé que « ce n’étaient pas des étrangers qui ont agressé les femmes, mais des trous du cul ». La question de la nationalité ou de l’origine arabe ou moyen-orientale d’agresseurs présumés n’est bien sûr pertinente que lorsque celles-ci sont constitutives de la causalité des faits. Mais c’est le cas ici. Pratiquement tous les agresseurs étaient des immigrants du Maghreb ou du Mashreq(3), souvent arrivés récemment. Leur comportement et l’ampleur des attouchements indésirés étaient totalement inédits en Europe. Il serait foldingue de conclure à un hasard.
Les chiffres ont bon dos
Les détails sur les personnes arrêtées donnés par le gouvernement ont également été manipulés par les deux camps. Vendredi dernier, les autorités allemandes révélaient que sur les 31 (premières) personnes identifiées(5) par la police fédérale suite aux méfaits de la Saint-Sylvestre, il y avait 9 Algériens, 8 Marocains, 5 Iraniens, 4 Syriens, 2 Allemands, 1 Irakien, 1 Serbe et un Américain. Et que parmi eux, il y avait 18 demandeurs d’asile (soit plus de la moitié).
Les uns ont immédiatement brandi ce chiffre comme preuve que l’accueil des réfugiés était la cause des excès de la Saint-Sylvestre alors qu’aucun des 18 demandeurs d’asile n’était, selon les autorités allemandes, poursuivi pour agression sexuelle.
Les autres sont partis de ce même constat partiel pour affirmer qu’il n’y avait pas de réfugiés parmi les assaillants sexuels. C’était aussi prématuré.
D’après Die Welt, ce lundi, la police a légèrement modifié les chiffres, ils sont désormais 22 demandeurs d’asile et non 18, sur les 32 identifiés par de la police fédérale — un citoyen allemand s’y étant ajouté. À ceux-là s’additionnent les personnes identifiées par la police locale de Cologne : 23 personnes, dont 10 demandeurs d’asile et 9 autres en séjour illégal. Dans ce groupe-là, les Maghrébins sont également plus nombreux que les Moyen-orientaux.
Avions-nous besoin de ces dénis ? Non. Il y avait un moyen simple de contrer l’amalgame fait par les « antiréfugiés » : en admettant que 1.000 demandeurs d’asile se seraient rendus coupables de vols, viols ou agressions sexuelles ce soir-là dans toute l’Allemagne, cela représenterait 0,1 % des migrants arrivés récemment dans le pays. On ne peut remettre en question l’accueil de 99,9 % de réfugiés pour 0,1 % de salopards. À titre de comparaison, 0,12 % des résidents français sont actuellement derrière les barreaux ou font l’objet d’une autre mesure d’arrêt.
Ces réfugiées que tout le monde a oubliées
Il est étonnant aussi que personne n’ait relevé que parmi les réfugiés en général, il y a des femmes, et que celles-ci sont également susceptibles d’être victimes d’agressions dans les centres de réfugiés, par exemple. Sans compter que sur la route infernale d’Alep à Cologne, des femmes et des enfants ont apparemment subi des sévices sexuels comme le raconte cet article de Buzzfeed, un sujet apparemment tabou pour des ONG débordées. À noter que dans les violences évoquées, des Européens seraient (aussi) impliqués.
Le pire, c’est qu’arrivées ici, espérant enfin un peu de sécurité, ces femmes se retrouvent amalgamées, par certains, aux agresseurs de Cologne ! Et particulièrement par ceux qui ne se sont découverts féministes transis que parce que cela leur permettait de noircir les réfugiés. Le reste de l’année, ils oublient de l’être et trouvent que la place de la femme est au foyer, pour élever les enfants, en vertu de sa fonction reproductive.
Abus de contextualisation
Certaines féministes de gauche sont rapidement montées au créneau en rappelant que les Européens n’ont, au quotidien, pas grand-chose à envier aux brutes immigrées de la Saint-Sylvestre. D’après l’Agence européenne pour les Droits fondamentaux (FRA), 60 % des Allemandes ont en effet subi une forme ou une autre de harcèlement sexuel depuis leurs 15 ans. Quelque 35 % d’entre elles ont subi des violences, dont 20 % de la part de leur propre partenaire. Pour 15 % d’Allemandes, ces violences étaient sexuelles. Et 13 % d’entre elles en ont subi avant l’âge de 15 ans. C’est encore pire en Belgique ou en France.
Si ce rappel remet les choses en contexte — les médias oublient souvent d’en parler —, certain-e-s en abusent pour minimiser les événements de Cologne. C’est une façon tragique d’éluder la question principale : que faisons-nous pour prévenir d’autres agressions de masse sachant que le profil « immigré récent » y joue un rôle déterminant et suppose une approche particulière ?
Plusieurs féministes se sont aussi rapidement insurgées contre les propos de la maire de Cologne qui s’est permis de donner aux femmes des consignes de comportement dans les lieux très fréquentés (mettre une distance d’un bras entre soi et les hommes inconnus), donnant l’impression que celles-ci étaient quelque part responsables des agressions dont elles avaient été victimes.
Mais sur le fond, la maire de Cologne n’avait pas tort : les femmes sont effectivement des cibles dans des rassemblements où les hommes dominent et où l’effet de groupe s’ajoute à celui de l’alcool, ou de drogues. Elles le savent et elles agissent en conséquence. Toujours selon l’étude de la FRA, au cours des 12 mois précédant le sondage, 44 % des Allemandes disent avoir évité certains lieux ou certaines situations pour se protéger. Elles étaient 53 % en Europe, 61 % en Belgique et 69 % en Irlande (!) — contre 21 % en Slovénie ou 33 % en Roumanie ; les pays sûrs ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
Une telle réalité ne peut être un tabou. Quand une mère dit à sa fille de ne pas aller seule dans le bas de la ville (de Bruxelles, par exemple) en microjupe avec un décolleté pigeonnant, ce n’est pas une insulte aux droits de la femme, ni un soupçon de provocation à son égard. C’est un souci et une prévention légitimes. Et le résultat logique et nécessaire de la prédation croissante des hommes en général et de leur incapacité, ici, en 2016, de comprendre le mot respect.
L’égalité du respect ou le respect de l’égalité ?
Ce qui nous amène aux « cours de respect des femmes » annoncés par le Secrétaire d’État belge aux Migrations Theo Francken. Bien sûr, il est dans le camp d’Orban plutôt que dans celui de Merkel. Bien sûr, il a eu des propos xénophobes envers les Nord-Africains — pour lesquels il s’est excusé. Et bien sûr, il a saisi l’occasion donnée par ce « Tahrir allemand » pour sortir une mesure électoralement profitable de son chapeau.
Il est en plus parti du principe qu’il y avait un déficit de respect de la femme chez « les Arabes ». Pourtant, dans notre pays, où habitent à peine 5 ou 6 % de musulmans, 22 % des femmes ont été battues par au moins un de leurs partenaires, et 9 % d’entre elles ont subi des violences sexuelles dans leur couple (toujours selon l’étude FRA).
La ministre francophone belge de l’Égalité des Chances Isabelle Simonis a immédiatement exprimé son rejet de la proposition de Theo Francken qu’elle a carrément qualifiée de quasi-raciste (tant qu’à faire). Les femmes n’auraient pas besoin de respect, mais bien d’égalité a-t-elle asséné. Mais est-ce si différent ? Peut-il y avoir respect sans égalité, ou égalité sans respect ? Est-ce vraiment le moment de jouer sur les mots ?
Même si la Belgique est déjà incapable de fournir un cours d’intégration à plus d’un tiers des primoarrivants à Bruxelles, et même s’il semble dès lors illusoire d’organiser rapidement et efficacement ce cours supplémentaire, la moindre des choses est de reconnaître sa nécessité. Ça peut permettre de chercher des synergies pour l’organiser avec le monde associatif. C’est apparemment déjà ce qui se passe dans certains centres de réfugiés. Il semble plus difficile de trouver des synergies entre le pouvoir fédéral et les entités fédérées.
Pourtant, plutôt que de fonctionner dans l’opposition systématique sous prétexte que la N-VA est au fédéral et son ennemi juré, le PS, en Communauté française, on attend que les partis soient au-dessus de ça et se rencontrent sur des propositions concrètes et efficaces. C’est urgent.
Car, quand on voit un primoarrivant se promener dans Cologne avec des propositions sexuelles traduites en allemand, on se dit qu’il a dû imaginer qu’il suffit de dire à une Allemande qu’on veut baiser pour que ça arrive. On découvre ainsi les illusions qu’il se fait sur la « facilité » des femmes européennes (peut-être parce qu’on lui en a raconté « de belles » sur les Colognaises au carnaval). Et l’incompréhension totale de notre façon de fonctionner, de notre rapport à la sexualité, de nos principes, et accessoirement, de notre difficulté à respecter ces principes nous-mêmes(4).
Si les primoarrivants sont aussi mal informés, il faut rapidement mettre en place une (in)formation sur l’égalité des sexes, qui explique aussi nos mœurs, la relation entre les sexes, le droit à l’homosexualité, l’IVG (d’ailleurs tolérée en islam jusqu’à 4 mois — l’âge où Dieu insuffle l’âme — par certains imams ; étonnant, non ?), les relations sexuelles avant le mariage ou encore pourquoi nous exigeons la liberté de flirter entre personnes consentantes dans la rue, et l’interdiction de harceler des personnes pour flirter avec elles.
Ce qui nous semble évident est absolument nouveau pour beaucoup de primoarrivants. Nous devons penser la prévention en conséquence.
Qui relèvera ce défi colossal ?
Depuis une semaine, on dépense une énergie folle à imaginer et à soutenir des positions séduisantes pour des publics conquis, et opposés. On les brandit lors de débats télévisés qui n’aboutissent qu’à un constat d’opposition et donc à l’impuissance. Or, nous sommes confrontés à des défis inédits en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Le terrorisme et les réfugiés ne font que s’ajouter à la perte de repères et au rejet de la morale. Nous vivons dans une société qui ne se comprend plus elle-même, qui est même devenue impuissante à se décrire, à s’accorder sur ses normes, et à respecter les valeurs que nous prônons et vendons comme universelles. Nous ne parvenons plus à penser la justice sociale, et la montée des populismes n’est que la suite logique de ce capharnaüm.
Dans ce cadre, l’afflux de réfugiés est à la fois un atout potentiel (notamment contre le vieillissement de la population) et un danger. Ce sont nos gouvernants qui, par leurs actes et le refus des solutions faciles et de messages séducteurs, feront pencher la balance dans un sens ou l’autre. C’est aux citoyens d’exiger d’eux qu’ils quittent le champ idéologique pour s’engager concrètement, au-delà des oppositions politiques désormais grégaires. Peu importe si on s’empoigne sur les sujets économiques ou sur les pouvoirs régionaux, pour autant qu’on parvienne à lancer et entretenir un débat serein sur les deux thèmes les plus sensibles, voire explosifs (si j’ose dire) : le terrorisme et les réfugiés.
La société de rupture que les politiciens, les intellectuels, les médias ont laissé se créer est d’une nocivité croissante. Les textes fondateurs des droits de l’homme « à l’européenne » sont déjà régulièrement négligés — le débat sur la déchéance de la nationalité en France montre que ce n’est plus une exclusivité de droite où, par ailleurs, certaines voix s’élèvent pour réduire la portée de la Convention de Genève sur le droit des réfugiés. Or, celle-ci ne peut être désactivée, même partiellement, dans le but de refuser l’asile qui fait partie de nos valeurs fondamentales, celles qui sont clairement énoncées dans nos législations, nos constitutions, et le Traité de Lisbonne. Faute de quoi, nous trahissons ces valeurs nous-mêmes : l’asile en est probablement l’une des plus nobles, des plus fondamentales.
Mais ce droit ne peut pas, non plus, servir ceux qui ne viennent en Europe que pour détruire nos libertés. Ils nous imposent de réagir fermement.
Il y aura encore des chocs, des problèmes et des drames. Nous aurons besoin de politiciens courageux, au sang froid, prêts à remettre la pédagogie et l’ouverture à la mode. Et surtout, dotés d’un sens des responsabilités qui a cruellement manqué.
Les politiques se plaignent souvent qu’ils ne peuvent plus modifier grand-chose dans nos sociétés, régies par les marchés et par l’Union européenne. Eh bien, ils ont l’occasion, ici, de montrer de quel bois ils sont faits. Ne les jugeons plus sur leurs déclarations et leurs apparentes bonnes idées du jour, mais sur leur réalisme et leur efficacité.
- Place du Caire notamment connue pour des viols groupés de femmes en public.
- Cette analyse coïncide avec celle de Laurence Dhondt dans Le Vif que j’ai lu après avoir rédigé ce paragraphe et dont je ne partage pas totalement l’analyse.
- Moyen-Orient.
- Nous prônons le rejet de la femme objet, mais on voit des femmes dénudées et attirante dans toutes les pubs et les clips musicaux.
- Mise à jour suite à une remarque fondée d’un commentateur (merci) : les chiffres ne concernaient pas les personnes interpellées ou arrêtées mais bien identifiées.
Si cet article vous a intéressé, n’hésitez pas à contribuer à ce blog au moyen du bouton PayPal dans la colonne de droite en haut (2 € minimum).
215 Comments
Ergo
janvier 12, 12:35Marcel Sel
janvier 12, 15:49moinsqueparfait'
janvier 12, 18:27Pfff
janvier 13, 12:25Eridan
janvier 15, 10:43Eridan
janvier 15, 13:23Pfff
janvier 17, 21:02Eridan
janvier 19, 21:44Pfff
janvier 22, 15:09Pfff
janvier 22, 15:31Pfff
janvier 22, 15:42u'tz
janvier 29, 15:53Hansen
janvier 12, 18:07Herman
janvier 13, 10:28Marcel Sel
janvier 14, 14:15Antoine Dellieu
novembre 15, 12:03marcel
novembre 15, 12:57Antoine Dellieu
novembre 15, 14:56Hugues CREPIN
janvier 16, 15:53yerna philippe
janvier 12, 12:56Hansen
janvier 12, 18:13Lachmoneky
janvier 13, 13:16geneghys
janvier 12, 13:16Marcel Sel
janvier 12, 15:52geneghys
janvier 12, 19:34Lachmoneky
janvier 13, 13:25geneghys
janvier 15, 11:15Didier
janvier 13, 11:45Marcel Sel
janvier 14, 14:18Vincent Megag
janvier 12, 14:54Marcel Sel
janvier 12, 15:50kharmawal
janvier 14, 04:39Marcel Sel
janvier 14, 14:27Hugues CREPIN
janvier 12, 15:13Tournaisien
janvier 12, 15:49Hansen
janvier 12, 18:42Pfff
janvier 15, 10:55u'tz
janvier 19, 00:41Pfff
janvier 19, 13:21u'tz
janvier 23, 04:44Pfff
janvier 23, 11:19u't z
janvier 27, 17:46Evgeni
janvier 12, 18:34Marcel Sel
janvier 13, 01:34Didier
janvier 13, 12:27Marcel Sel
janvier 14, 14:20Evgeni
janvier 14, 18:32Marcel Sel
janvier 14, 19:01Evgeni
janvier 14, 20:07Marcel Sel
janvier 17, 16:44Eridan
janvier 15, 10:42Marcel Sel
janvier 17, 16:51Pfff
janvier 15, 10:59wallimero
janvier 16, 21:33Hugues CREPIN
janvier 20, 17:01Marcel Sel
janvier 22, 01:29Marcx
janvier 13, 22:51Marcel Sel
janvier 14, 14:26Renal de Waterloo
janvier 14, 14:45Marcel Sel
janvier 14, 19:04Pfff
janvier 14, 18:58u'tz
janvier 23, 04:35Renal de Waterloo
janvier 14, 14:07Marcel Sel
janvier 14, 14:34Hugues CREPIN
janvier 16, 15:57Mélanippe
janvier 12, 18:41u'tz
janvier 29, 16:30Salade
janvier 12, 18:52Eridan
janvier 12, 19:20Pfff
janvier 14, 22:44Eridan
janvier 17, 19:56Pfff
janvier 19, 12:43Georges-Pierre Tonnelier
janvier 12, 20:08Georges-P. Tonnelier (@GP_Tonnelier)
janvier 12, 20:12Schoonaarde
janvier 12, 20:26Marcel Sel
janvier 13, 01:40Lachmoneky
janvier 13, 13:40Pfff
janvier 15, 11:11alainvdk
janvier 12, 20:46Marcel Sel
janvier 13, 01:41wallimero
janvier 16, 21:26Degenève
janvier 12, 21:19Marcel Sel
janvier 13, 01:41geneghys
janvier 13, 11:12Lachmoneky
janvier 13, 13:43Degenève
janvier 13, 19:32Pfff
janvier 15, 10:53geneghys
janvier 18, 11:36Pfff
janvier 19, 12:57u'tz
janvier 19, 23:34Pfff
janvier 22, 13:51u't z
janvier 27, 18:01Pfff
janvier 27, 22:32francolatre
janvier 12, 21:23Iohannes Austriacus
janvier 12, 22:03Marcel Sel
janvier 13, 01:43Tournaisien
janvier 13, 07:05Didier
janvier 13, 12:44Tournaisien
janvier 17, 14:46Pfff
janvier 19, 13:36Marcx
janvier 13, 22:56Salade
janvier 14, 12:41Iohannes Austriacus
janvier 15, 17:42Marcel Sel
janvier 17, 16:54rousseau
janvier 13, 01:59Lachmoneky
janvier 16, 11:45u'tz
janvier 19, 23:15Marcx
janvier 18, 21:05moinsqueparfait'
janvier 13, 02:36u'tz
janvier 19, 00:25Pfff
janvier 13, 10:15Marcel Sel
janvier 14, 14:14serge
janvier 13, 10:45guypimi
janvier 13, 11:02Eridan
janvier 13, 11:45Eridan
janvier 13, 16:10Irène Kaufer
janvier 13, 17:51moinsqueparfait'
janvier 14, 19:05Renaud
janvier 13, 21:04petitmf
janvier 13, 21:26u'tz
janvier 14, 00:51u'tz
janvier 16, 05:05miyovo
janvier 14, 11:57Marcel Sel
janvier 14, 14:30Pfff
janvier 14, 19:07miyovo
janvier 26, 18:22miyovo
janvier 27, 19:00Pfff
janvier 27, 20:58miyovo
avril 22, 08:59MUC
janvier 16, 19:11Marcel Sel
janvier 17, 16:56Marcel Sel
janvier 17, 16:57MUC
janvier 18, 10:09u'tz
janvier 19, 23:27Eridan
janvier 17, 17:28Pfff
janvier 19, 14:03Guydouche
février 05, 11:31Wallon
janvier 14, 12:44Marcel Sel
janvier 14, 14:32Patrick Balcaen
janvier 14, 14:04Marcel Sel
janvier 14, 14:32marcel determe
janvier 14, 17:28Marcel Sel
janvier 14, 18:56Lachmoneky
janvier 16, 11:50Tournaisien
janvier 14, 21:20Marcel Sel
janvier 17, 16:48Lachmoneky
janvier 20, 13:25Marcel Sel
janvier 22, 01:28Pierre
janvier 14, 22:31Marcel Sel
janvier 17, 16:49Salade
janvier 15, 11:26Tournaisien
janvier 15, 11:48Marcel Sel
janvier 17, 16:52Tournaisien
janvier 18, 09:29Salade
janvier 15, 13:07Salade
janvier 18, 16:51u'tz
janvier 19, 23:52Salade
janvier 23, 20:11u'tz
janvier 29, 15:44Tournaisien
janvier 15, 13:39Eridan
janvier 15, 14:16moinsqueparfait'
janvier 17, 17:43Pfff
janvier 17, 21:09Pfff
janvier 17, 21:27u'tz
janvier 19, 23:46Pfff
janvier 22, 16:00u'tz
janvier 29, 16:01Hugues CREPIN
janvier 16, 15:58Eridan
janvier 17, 18:51Marcel Sel
janvier 19, 11:03Pfff
janvier 19, 15:56Eridan
janvier 22, 11:03Marcel Sel
janvier 25, 18:04Eridan
janvier 25, 23:15Marcel Sel
janvier 27, 18:35u'tz
janvier 27, 23:11moinsqueparfait'
janvier 18, 15:08Marcel Sel
janvier 19, 11:06Renal de Waterloo
janvier 19, 11:35Salade
janvier 19, 11:38moinsqueparfait'
janvier 19, 14:27Lachmoneky
janvier 20, 13:31xavier
janvier 20, 16:50moinsqueparfait'
janvier 22, 12:03denis dinsart
janvier 19, 15:14u'tz
janvier 19, 23:29Eridan
janvier 18, 17:38Marcel Sel
janvier 19, 11:07Salade
janvier 19, 21:41Renal de Waterloo
janvier 19, 12:02Marc
janvier 22, 18:54Renal de Waterloo
janvier 25, 18:35Eridan
janvier 19, 09:48Renal de Waterloo
janvier 19, 11:41u'tz
janvier 19, 23:11Eridan
janvier 22, 12:32Mélanippe
janvier 19, 16:42Pfff
janvier 22, 18:18u'tz
janvier 23, 04:54Marc
février 07, 23:07Lachmoneky
février 13, 13:38u'tz
janvier 20, 00:52Salade
janvier 20, 13:02Capucine
janvier 20, 21:09Tournaisien
janvier 21, 13:58Pfff
janvier 22, 18:05Marcel Sel
janvier 25, 18:20Pfff
janvier 25, 21:27Pfff
janvier 27, 22:43Pfff
janvier 22, 18:45Eridan
janvier 24, 14:01Capucine
janvier 29, 13:34Wallon
février 04, 12:36Marcel Sel
février 04, 17:35Démocrate
novembre 20, 01:50