Charles Michel bientôt premier ministre-président francophone du Gouvernement flamand ?
Avant même la sortie d’Elio Di Rupo, qui fait aujourd’hui feu de tout bois contre le « gouvernement de(s) droite(s) », deux faits devaient attirer l’attention du politologiste en herbe hier matin. Il y avait d’abord l’absence de soutien en francophonie à l’entrée du MR dans un gouvernement « avec » la N-VA. D’après le sondage La Libre-RTBF/Dedicated, seuls 30 % des Wallons et 29 % des Bruxellois pensent en effet que le MR a eu raison de négocier la « Suédoise » (que je qualifie pour ma part de Bosnienne ou Bosniaque, cf. Les Experts de la semaine passée sur Télé Bruxelles ou mon article à ce sujet).
Sur la RTBF, Philippe Walkowiak faisait remarquer que cela dépassait le score du MR (respectivement 23 % en RBC et 27 % en Wallonie). Je ne partage pas son « enthousiasme » : les résultats ci-dessus dépassent bien d’environ 7 % les votes MR à Bruxelles et de 3 % ceux de Wallonie. Mais cela me semble indiquer un soutien « extérieur » minimal si l’on considère que certains électeurs CDH sont « naturellement » susceptibles de soutenir la Kamikaze-Suédoise-de-Bosnie : il y a bien eu, au sein du CDH, un débat interne et donc, des partisans à une participation à un gouvernement N-VA. Si cela n’explique peut-être pas les 7% à Bruxelles, il ne faut pas non plus oublier les électeurs des petits partis de droite (Parti populaire notamment), qui ont également tendance à voir dans la N-VA le sauveur de l’humanité belge. En Wallonie, la situation est plus inquiétante pour les libéraux : ces 30 % de soutien à la Bosnienne représentent en fait moins que les résultats du MR + Parti populaire (Pro-N-VA) + La Droite. Le parti est donc très seul face, notamment, à Elio Di Rupo, qui a un boulevard devant lui, et l’utilise déjà !
Deux-tiers des libéraux se méfient de Bart… et pourtant…
Plus étonnant. Selon ce même sondage, 63 % des électeurs libéraux semblent penser que le but de Bart De Wever n’est absolument pas de sauver la Belgique. Concrètement, ils pensent que la « N-VA va progressivement ramener ses revendications [communautaires] ou revenir en force une fois au gouvernement. » Ça n’empêche pas ces électeurs MR de trouver que leur parti de prédilection a sa place dans un gouvernement au cœur duquel figure un parti dont l’ambition est d’en finir avec notre pays. À moins, bien sûr, que les électeurs libéraux ne pensent que Charles Michel va empêcher tout dérapage avec ses petits bras musclés. Hou que Bart a peur ! Hou qu’il est effrayé !
La perspective de voir Charles Michel premier ministre n’enchante en fait personne dans ce sondage : seuls 5 % des Flamands et 6 % des Francophones (1/4 des électeurs libéraux tout au plus) aimeraient le voir à la tête du pays. C’est plus que faiblard. À côté, même François Hollande a le cul dans le beurre ! Mais ce que montre ce chiffre, c’est aussi un éclatement extrême de l’opinion : même Bart De Wever n’a la préférence que de 14 % des Flamands ! On suppose que les fans de la N-VA (32 % pour rappel) ne souhaitent pas majoritairement qu’il joue un rôle dans cette Belgique que beaucoup d’entre eux exècrent.
Thermomètre du marasme : Maggie De Block est la seule à dépasser la mêlée !
Pire : Maggie de Block est la seule à dépasser la mêlée : elle recueille un quart des suffrages partout en Belgique comme première ministre potentielle ! C’est dire si ce pays a perdu la tête, Maggie n’ayant aucune expérience dans les domaines socio-économiques, en justice, en matière de finances, etc. Son expérience ministérielle s’est en fait limitée à donner des ordres extrêmement durs à l’Office des Étrangers et aux autres institutions chargées de la gestion des demandeurs d’asile, et à refuser toute intervention lorsque des cas particuliers le méritaient de toute évidence — notamment des malades du Sida, des Afghans menacés dans leur pays, de vrais réfugiés politiques niés pour des raisons absurdes, comme je le révélais dans « Le Pix d’une Vie au Pays de Maggie ». Sa popularité tient à sa bonhomie, à une réussite usurpée basée sur une comptabilité des plus cyniques et à la prétention que Bruxelles serait aussi dangereuse que Kaboul ; à ses décisions « dures » sans appel mais — reconnaissons lui toutefois cela — efficaces sur le papier. Autant donner le poste de premier à Melchior Wathelet ! (rires).
Côté francophone, une majorité a donc compris que le MR allait jouer les utilités dans ce gouvernement potentiel et permettre à la N-VA de faire gagner des points à l’idée nationaliste auprès des Flamands. Mais en définitive, si seul le MR collaborait ainsi (involontairement espère-t-on) au dépeçage final de l’État belge, ce ne serait pas encore si grave. Après tout, un parti a le droit d’être stupide, ça arrive à tous, dirait — ben oui — Melchior. Mais la seconde info d’hier matin nous rappelle qu’il n’est pas le seul à contribuer au succès du séparatisme flamingant. L’info ? Eh bien, vous vous souvenez que la Bosniaque (merci d’utiliser dorénavant ce terme plus journalistiquement correct que la Suédoise et plus sexy que Bosnienne) aurait proposé de faire travailler les chômeurs de longue durée (ce n’est pas une certitude mais une fuite, comme le rappelait Fabrice Grosfilley). On pense ce qu’on veut de cette proposition probablement chère et peu efficace, mais voilà, c’est le possible futur gouvernement élu qui aurait brandit l’idée. Or, dans notre pays, les compétences sont désormais diluées entre le fédéral, d’une part, et les régions et communautés d’autre part. De ce fait, pour appliquer une telle décision, il ne suffit plus au futur premier ministre et à sa future coalition potentielle de le dire bien fort, il faut aussi que les régions acquiescent. Certaines entités pourraient donc mettre le système en place, et d’autres pas.
Les deux régions qui comptent le plus de chômeurs refusent d’avance les méthodes du Nord.
Or, les deux régions qui comptent le plus de chômeurs (en pourcentage) ont d’emblée annoncé qu’elles ne joueraient pas dans cette cour-là. Bruxelles a été la première, cet été, à tacler ainsi la coalition en formation. Et hier matin, c’était la Wallonie qui, par la voix de sa ministre de l’Emploi, Éliane Tillieux, annonçait au Soir que la mesure ne serait pas appliquée sur son territoire. Point. Et badaboum. Bien sûr, dès lors que le fédéralisme permet une telle différence d’application à l’intérieur du pays, la Wallonie et Bruxelles sont en droit d’exercer leurs compétences dans la mesure et de la façon qui sied à leur majorité. Mais à la lecture de ces dissensions régionales, on imagine deux réactions opposées au sein même de la Bosniaque : Charles Michel fulminant, et Bart De Wever sautant de joie sur un air des Strangers (vous savez, ces chanteurs qui mettaient de l’ambiance dans les congrès du Vlaams Belang et, plus tard, lors d’une certaine fête de fin d’année de la N-VA — non, je n’ai pas établi un lien, je fais l’historique d’un groupe un tantinet xénophobe.)
Charles Michel fulminant ? Oui, parce qu’il se rend compte que le fédéral n’est plus grand-chose sans le régional et que, même premier ministre, après la 6e réforme de l’État, il aura juste un peu plus de pouvoir qu’Herman Van Rompuy n’en avait au Conseil européen. Charles Michel ivre de colère ? Oui, parce que sa présence au fédéral ne changera rien, pas un iota, à la situation wallonne. Ivre de détresse ? On peut l’espérer, parce que tout cela met d’autant plus en exergue le pouvoir de la N-VA au fédéral, qu’il contribue à valider. Triste à en mourir, le Charles, de n’avoir pas compris une chose fondamentale : on ne va pas seul francophone au fédéral quand on n’est pas représenté dans au moins une région. Quand on plaide pour un fédéralisme de coopération, il faut d’abord qu’une telle coopération soit possible. Rien n’impose aux entités belges de coopérer, sinon la bonne volonté politique. Or, ici, côté francophone, tout est fait pour qu’il y ait conflit, et non pas coopération. C’est le prix à payer quand le premier parti du Sud est exclu ou s’exclut du fédéral.
Après la 6e réforme de l’État, on peut transformer le fédéral en coquille vide.
Pendant ce temps, Bart De Wever danse la Carmagnole, donc, parce qu’il peut démontrer à ses ouailles que, décidément, quoiqu’on fasse, la Wallonie et Bruxelles n’en font qu’à leurs têtes socialistes, et que la Flandre continuera à payer pour elles tant que la Belgique existera. Bien entendu, il ne leur expliquera pas que Bruxelles est aussi le premier vivier d’emplois pour la Flandre et encore moins que les taxes et la sécu de ceux-ci vont à la Flandre aussi. Non, ça, même le MR ne le dit pas tout haut ! Alors, vous pensez, la N-VA ! Et voilà notre Bart De Wever chantant à tue – tête « Jesuke-n-is-geboaren, hallelujah, hallo ! » (Le petit Jésus est né, alléluia, youhou !) tant les infos venant du Sud le confortent dans sa nouvelle stratégie. Celle qu’on n’a pas vue venir. Celle que je n’ai moi-même pas vue venir. Enfin, pas de cette façon-là.
Avant tout le monde, Bart De Wever a compris qu’après la 6e réforme de l’État, selon que le gouvernement fédéral soit en phase avec les régions ou non, il serait, au choix, un puissant outil de gestion cohérente de la Belgique, ou une coquille presque vide soumise aux régions. C’est pourquoi la partie flamande de la coalition n’est pas kamikaze du tout : elle est une copie conforme du gouvernement flamand, ni plus, ni moins. À ce titre, tout ce que la partie flamande du gouvernement belge décidera sera tranquillement appliqué en Flandre, avec discipline et un sens aigu de la continuité. Et tout ce dont le gouvernement flamand aura besoin au fédéral pour optimiser sa propre gestion sera, au minimum, proposé au gouvernement central, non sans être présenté comme absolument indispensable pour la bonne gestion du pays. La présence de la N-VA dans le gouvernement d’un pays qu’elle considère comme une « prison » — dixit Éric Defoort, lisant un texte de Bart De Wever à un Congrès du SNP écossais en 2010 — n’a donc rien d’absurde : c’est une conception confédéraliste où les régions-États envoient leur propre coalition au gouvernement central. Sauf qu’ici, il n’y a qu’une des deux grandes régions qui l’a fait. Le seul moyen de constituer un gouvernement « confédéralistoïde » équitable, c’était d’envoyer aussi le PS, le CDH et le FDF dans la marmite.
Côté francophone, au contraire, le seul parti bosniaque est absent de toutes les entités francophones. Il n’est ni au gouvernement wallon, ni au gouvernement bruxellois, ni à celui de la Communauté française. Mais pire encore : ses relations avec les gouvernements francophones peuvent aller du simplement conflictuel à l’extrêmement conflictuel. Il s’oppose à eux de toutes les manières possibles : sur le plan social, parce qu’il est de facto dans le camp « flamand » voire flamingant ; sur le plan politique parce qu’il a gardé une rhétorique agressive envers les « socialos» (qui le lui rendent bien) ; sur le plan tactique parce qu’il a éjecté le PS du fédéral (Bart a prié pour ça chaque soir depuis 2001) et parce que le PS l’a, de même, éjecté du régional.
Le déchirement francophone, un rêve un peu fou de Bart, devenu réalité.
Ce déchirement entre Francophones, Bart De Wever a dû en rêver. Il fallait, pour qu’il arrive, que le PS et le MR délaissent les relatives bonnes relations construites en une grosse décennie de coopération gouvernementale, pour devenir des loups l’un pour l’autre. Il fallait aussi que Charles Michel soit assez fou, ambitieux ou naïf (ou un peu de tout ça) pour penser que le MR allait avoir une quelconque influence dans un gouvernement fédéral qui est, à 80 %, un duplicata du gouvernement flamand (ce que la Suédoise bosniaque harakirienne de droite est de facto). Il fallait énormément de naïveté, d’ailleurs, pour croire à la promesse de Bart De Wever de ne pas faire « de communautaire » pendant cinq ans.
Un peu halluciné par cette déclaration, je n’ai pas tout de suite compris comment la N-VA pouvait se départir si facilement de son core business. Je me suis bien dit qu’il y avait anguille sous roche, mais j’ai longtemps cherché laquelle. Jusqu’à ce que Michel Henrion, puis Bruno De Wever, puis enfin Eric Defoort, l’une des racines vivantes de la N-VA, nous rappellent que tout est communautaire en Belgique. Dans le cas de Defoort, c’est carrément un N-VA qui nous confie que la bonne volonté apparente de Bart De Wever est une forfanterie. Elle fut mûrement réfléchie par un stratège brillant, ce que, de toute évidence, Charles Michel n’est pas. Une franchise N-VA qui montre à quel point les nationalistes flamands sont devenus arrogants. Ils ne doutent plus une seconde de leur future victoire, et à mon avis, ils ont raison.
Toute résistance sérieuse du MR serait du pain bénit pour la N-VA.
Sans compter que si le gouvernement flamand ainsi fédéralisé veut imposer l’inacceptable (au sens francophone du terme) à Charles Michel, il lui sera extrêmement difficile d’offrir la résistance promise. Tout d’abord parce que le jour où le MR ferait chuter le gouvernement pour une question communautaire, Bart De Wever pourra brandir l’incapacité des Wallons, de tous les Wallons, à fournir à la Flandre le moindre supplément de bien-être, de justice, de confort. Il suffit de voir l’absence totale de réaction à la non-nomination du bourgmestre de Linkebeek, Damien Thiéry, qui est — rappelons-le — passé au MR. Ça ne lui aura même pas rapporté la moindre protestation de son nouveau parti contre le sort funeste fait aux droits des Francophones de Linkebeek. Vous voyez Didier Reynders critiquer la Circulaire Peeters dans un gouvernement avec la N-VA, vous ? Moi pas.
De même, si le moratoire sur le survol de Bruxelles est une bonne chose, la question ne risque pas d’être mieux réglée dans cette législature. On continuera à survoler des zones intensément peuplées de Bruxelles, même si on la survolera moins. Parce que pour mieux la régler, il faut répartir les vols entre Zaventem et les aéroports régionaux, notamment wallons, et que c’est un no-go absolu pour les partis au gouvernement flamand (et au fédéral, donc). La Flandre ne cèdera pas un pouce de pouvoir, ni un micropouce économique aux Francophones tant que la N-VA en sera le premier parti. On peut imaginer que les exemples foisonneront au fur et à mesure du règne (caché) de Bart. À chaque fois, le MR devra subir les assauts des autres partis du Sud. À chaque fois, il ne pourra se justifier qu’en évoquant une « stabilité nationale » à laquelle on croira de moins en moins. Comment imaginer qu’un gouvernement stabilise le pays avec des indépendantistes flamands à sa tête (mais cachés une fois encore), contre presque pas de Francophones ?
Charles Michel, c’est Bécassine espérant de sortir vierge d’un gang-bang avec Rocco Siffredi.
Ah oui, parce qu’il y a ça aussi. Si la N-VA est la seconde « famille » (monoparentale dans son cas) politique au gouvernement (33 sièges contre 34 pour les libéraux), elle est bien à la fois le premier parti et la première famille en nombre de voix. Or, dès après les élections, la N-VA a fait remarquer que le MR avait 30 % de sièges de plus que l’Open VLD (20 contre 14), tout en ayant moins de voix que son frère néerlandophone (9,64% contre 9,78%). Le MR a même plus de sièges que le CD&V (20 contre 18) qui a fait 2 % de mieux que lui (11,61 %) ! Or, c’est ce MR, quatrième et dernier parti en nombre de voix, qui aura, de par la Constitution, la moitié des portefeuilles de ministres ! Et il rêve, en plus, de s’arroger le siège du premier ministre… Selon les standards de la N-VA elle-même (que je n’approuve pas, mais il faut bien reconnaître qu’ici, le déséquilibre est redoutable), c’est totalement antidémocratique. Le simple fait qu’elle donne l’air de l’accepter est suspect. Dans quel pays au monde un parti séparatiste admettrait-il logiquement de siéger dans un gouvernement dont la moitié des ministres et le premier ministre appartiendraient à un parti qui représente 9,64% de la population, alors que les partis flamands y représentent la bagatelle de 41,65% des Belges ?
Non, Bart De Wever n’est pas stupide. Et il ne manque pas de cohérence. Il faut juste chercher quelle incohérence peut le servir. Oui, Charles Michel, c’est Bécassine espérant sortir vierge d’un gangbang avec Rocco Siffredi et Silvio Berlusconi.
Car le vrai pouvoir de la Bosniaque de droite sera au N-VA ou ne sera pas. Parce que ce parti a gagné ses élections. Qu’il est radical. Qu’il n’a aucun intérêt particulier à être au gouvernement belge. Qu’il n’y est que pour servir l’intérêt de la Flandre — de préférence indépendante. De ce fait, un Charles Michel premier ministre sera une marionnette aux mains de Bart De Wever. Ensuite, Michel ou Reynders seraient des premiers ministres « de droite », certes, mais néanmoins francophones. Il n’auraient pas droit à la moindre erreur et leur résistance, s’ils osaient l’activer, serait perçue comme francophone et présentée par la N-VA comme antiflamande. L’un ou l’autre sera de plus tenu de tenir la ligne dure, une ligne qui n’est pas forcément celle de son parti, ni de ses électeurs. Le MR doit se radicaliser pour ne pas donner au vrai chef de ce gouvernement — Bart De Wever — matière à critiquer les « socio-libéraux francophones ».
Kamikaze ? Pas pour la Flandre, même pas pour le MR, mais pour la Belgique.
Si, par ailleurs, le MR ne récolte pas le poste de premier ministre, il serait totalement à la merci du « gouvernement flamand ». Il aurait bien sûr la possibilité de « tirer la prise » à chaque loi imbuvable pour les Francophones, à chaque réunion où les Francophones seraient mis à mal, à chaque conseil de ministre où des décisions défavorables aux Francophones seraient mises en avant. Que ce gouvernement tienne, et c’est la Belgique qui sera rognée de par les dispositions forcément « proflamandes » d’une équipe gouvernementale belge copiée sur l’équipe gouvernementale de la Flandre ; que ce gouvernement tombe, et l’on sera repartis pour 500 jours de misère politique. Ou pour la conclusion finale. Donc, si la coalition est kamikaze, en définitive, ce n’est certainement pas pour la Flandre, et ce n’est pas tant pour le MR que pour la Belgique.
Et déjà, le silence se fait. D’abord, sur le cas de Linkebeek. Ensuite, sur les révélations multiples sur la stratégie de la N-VA. C’en est arrivé au point qu’une note interne du parti nationaliste flamand datant d’avant les élections, qui a été dévoilée dans la presse flamande, n’est même pas arrivée jusqu’aux rédactions francophones (ou alors, corrigez-moi), hormis celle du Vif ! Pourtant, elle est cruciale. Cette note expliquait comment Bart et ses troupes prévoyaient d’user du gouvernement belge pour « confédéraliser » de facto le pays. Un confédéralisme qui ne va bien sûr que dans un sens : au Nord, la N-VA doit faire partie du gouvernement belge, au Sud, le premier parti, le PS, ne peut en aucun cas en faire partie. Le déséquilibre de la kamikaze est voulu, messieurs-dames, ce n’est pas un hasard.
Bien sûr, vouloir faire péricliter l’État ne signifie pas réussir, et la simple obligation de sauver les apparences (faire comme si elle était effectivement engagée dans une rénovation de notre pays et une augmentation de ses performances) empêchera la N-VA d’aller trop loin, trop vite, trop fort.
Mais il suffit de voir l’absence de réaction côté francophone à des propositions fuitées de la Suédoise pour comprendre à quel point cette manœuvre est insidieuse. Prenons les nominations politiques de hauts fonctionnaires. Proportionnellement, cela signifierait que la N-VA s’arrogerait 20 % au moins des postes-clés de l’administration belge. Juste pour une législature. De quoi préparer la liquidation. Prenons aussi la proposition portant sur l’obligation d’entendre les futurs ambassadeurs à la Chambre avant leur nomination. Quelles compétences seraient, selon vous, examinées plus particulièrement par un certain parti nationaliste flamand ? Un ambassadeur qui déteste parler français au Congo aurait-il le blanc-seing du parti de Bart ? De toute évidence. Un autre, dont le néerlandais ne lui semblerait pas suffisant, serait-il adoubé ? On est en droit de se poser la question. Bref, ne serait-ce pas un examen de passage d’un jury très flamingantophile ?
Un premier MR, c’est juste insensé.
Enfin, on a l’air de considérer comme normal que la N-VA, le premier parti du gouvernement, la première famille en nombre de voix, ne fournisse pas au strict minimum le premier ministre. C’est insensé de la part du MR de privilégier ses ambitions portefeuillesques dans une telle situation : jamais, au grand jamais, Charles Michel et son parti n’auraient dû accepter de négocier une coalition centrée autour du loup sans exiger que ce loup en prenne la tête. Les libéraux francophones donnent ainsi à la N-VA la possibilité de pourrir la situation à tout moment sans en être jamais tenue pour responsable. Cette absence de responsabilité N-VA est du reste évoquée dans la note fuitée évoquée par Le Vif. Le MR lui donne aussi le potentiel de choisir les postes qui l’intéressent le plus. Et là, surprise. Alors que les nationalistes ont crié sur tous les tons être passionnés par le socio-économique — ils auraient donc dû s’intéresser aux portefeuilles de l’emploi, du budget, des affaires sociales ou que sais-je — semblent n’être attirés que par les portefeuilles de… l’intérieur (où ils peuvent se montrer forts sans risque d’être pris pour responsable des problèmes socio-économiques), l’immigration (histoire de bénéficier de l’effet Maggie-kiss-Cool II le retour) et les finances (on devine que c’est surtout pour aider les chômeurs wallons à s’en sortir mouhaha). Mais bon, ça ne sont que des fuites. On verra ce qu’ils choisiront finalement (parce que c’est eux qui choisiront, et en premier).
À la VRT, juste avant les élections, Bart De Wever a prétendu qu’il voulait bien, si c’était vraiment indispensable, devenir premier ministre, et même pendant dix ans ! La perspective me donne des frissons dans le dos, mais si le MR pense que son allié nationaliste est sincère, il doit impérativement conditionner sa présence dans un gouvernement calqué sur le gouvernement flamand, à la prise de responsabilité de la N-VA. Bart doit prendre le fauteuil de premier. Mais on se doute que, pour l’instant, Charles Michel est aveuglé par la perspective de gouverner à droite ou par celle d’aligner 6 ou 7 postes de ministres francophones (plus celui de premier) dans ce qui n’est autre qu’une prolongation directe du gouvernement flamand.
Voilà où nous en sommes. Elio Di Rupo a donc des tas, et des tas, et encore des tas d’arguments à faire valoir dans son opposition au « gouvernement des droites », avant même de penser aux effets d’une politique qu’il prévoit comme « antisociale ». Il en usera. Et personne ne pourra lui donner tort. Mais ce faisant, les deux plus grands partis francophones se feront chaque jour un peu plus complices — par ambition ou par réaction — au démembrement du pays voulu par la N-VA. Le plan B ? C’est peut-être malgré eux que socialistes et libéraux sont en train de le mettre en œuvre !
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Salade
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septembre 14, 17:13Sahmaz
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septembre 14, 17:37uit 't zuiltje
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septembre 21, 19:01Tournaisien
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septembre 16, 15:06xavier castille
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septembre 14, 17:05uit 't zuiltje
septembre 15, 00:07xavier castille
septembre 15, 06:18uit't zuiltje
septembre 15, 14:37lecomte Serge
septembre 14, 19:06thomas
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septembre 14, 17:49Marcel Sel
septembre 14, 22:21uit 't zuiltje
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septembre 14, 17:26Bernard (Rouen)
septembre 14, 17:38Marcel Sel
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septembre 14, 23:49Rivière
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septembre 14, 22:29Marcel Sel
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