Bruxelles martyrisée, Bruxelles ignorée… Bruxelles révolte-toi !

IMG_2097_2Bruxelles se fête ce weekend. La fête la plus amère jamais organisée, un mois et demi après deux attentats qui ont coûté la vie à 32 personnes et en ont blessé plusieurs centaines d’autres, d’au moins 40 nationalités.

Comme si ce drame ne suffisait pas, elle constate qu’elle est bien seule dans ces circonstances tragiques. Les discours du président du Parlement bruxellois Charles Piqué et du ministre-président Rudy Vervoort, ont surtout révélé l’absence de représentation des autres gouvernements belges. Pas un seul ministre-président, selon Véronique Lamquin (Le Soir). Ni le flamand Geert Bourgeois, ni le wallon Paul Magnette, ni le francophone Rudy Demotte, ni le premier ministre Charles Michel n’ont daigné se présenter au portillon.

Il faut dire que les mesures de sécurité étaient drastiques. On en vient à se demander si ces messieurs n’ont pas eu peur d’être pris pour des terroristes à l’entrée. Oh, pas des terroristes assassins, mais des terroristes de la Région bruxelloise. De ceux qui la tolèrent tout juste mais n’iraient pas jusqu’à la soutenir dans l’épreuve. Il ne faut quand même pas déconner. Peut-on proposer que le ministre-président bruxellois et le bourgmestre Yvan Mayeur soient eux aussi aux abonnés absent pour les prochaines fêtes de Wallonie, ou pour le 11 juillet flamand ? Chiche ?

Trois des édiles absents ont ainsi fait un pied de nez, que dis-je, un énorme bras d’honneur à la capitale des institutions qu’ils dirigent. On suppose qu’il fait trop beau pour la solidarité wallonne, francophone, flamande, néerlandophone et même fédérale. La Belgique en déliquescence ? C’est pire que ça : c’est la déchirure de tous les côtés. Et Bruxelles paye !

Il est probablement temps que la Capitale comprenne. Elle n’est pour ces gens qu’un pion qu’on utilise et manipule au détriment de sa population. Il n’est pas dit que nous ayons des politiciens suffisamment consciencieux et courageux pour mettre enfin à l’agenda une véritable réorganisation de la région au bénéfice de tous. Mais au moins, il est clair que pour les autres pouvoirs, la capitale de la Belgique et ses citoyens sont tout au plus une utilité, pour leur économie (Bruxelles est le plus grand bassin d’emploi pour les autres régions en Belgique), pour leur symbolique (Bruxelles est le siège de la Communauté flamande et des institutions régionales de la Flandre, de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de l’État fédéral) et en tant que bouc émissaire de tout ce qui val mal ailleurs (Molenbeek, les hooligans, les musulmans qui « dansent »).

Comment les Bruxellois pourraient-ils encore faire confiance à ces régionalistes rabiques qui ne sont même pas capables de partager notre deuil, notre désarroi ? Entre un Bart De Wever qui tonitrue que la Flandre est préservée des attentats (oubliant que le reste du temps, il situe Bruxelles en Flandre, et que Zaventem s’y trouve bel et bien) et des gouvernants francophones aux abonnés absents dont les partis manifestent pourtant régulièrement sur nos pavés par « solidarité » ?

Comment les habitants d’une capitale cosmopolite, riche d’une culture méprisée, assassinée économiquement par ses propres errements mais aussi par les déclarations funestes de ministres fédéraux, peuvent-ils encore accepter le constat que, pour les partis francophones comme néerlandophones, ils sont devenus une monnaie d’échange depuis les années soixante et se retrouvent à payer les errements coupables d’un État qui organise sa propre fin, réforme après réforme ?

Comment peuvent-ils ne pas se révolter ? Ne pas comprendre qu’il est temps de répondre coup par coup à l’ignorance, à l’oppression, à ces régions ou communautés qui la revendiquent comme capitale et la haïssent le reste du temps ?

Bruxellois, il est temps de se réveiller. Flamands, francophones, alterophones. Franchement, je ne sais pas comment. Il faudra probablement aller à contre-courant des lois. Il faudra probablement violer quelque chose, parce que tout est verrouillé. Ou alors, relire cet excellent petit livre d’Alain Maskens. Ça s’appelait Bruxellois, révolte-toi.