Alerte : la Belgique emprisonne 7 journalistes à la une.

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Extrait de la séquence Contrechamp de 7 à la Une (lien ci-contre).

Sept journalistes en prison, un reporter assassiné, plus de 100 autres licenciés en un an pour raisons politiques… la Belgique va très mal. C’est du moins l’impression qu’a donnée la séquence Contrechamp de 7 à la Une (RTBF) ce samedi. Le journaliste Tristan Godaert s’y est demandé « si la Belgique n’a pas adopté les pratiques d’Erdogan en matière de liberté de la presse. »  Bigre. Ces pratiques incluent le fait de faire licencier un journaliste pour un twit un peu critique envers le président, de menacer des dizaines d’autres de lourdes peines de prison. En 2014, avec sept journalistes emprisonnés, la Turquie pointait à la 154e place en matière de liberté de la presse. Sans oublier la journaliste Serena Cehim, tuée dans des circonstances troubles à Suruc. Donc, on pourrait se diriger vers ça… Comment est-ce arrivé ? Rembobinons.

Samedi soir, sur la page Facebook de 7 à la Une apparaît le teaser d’un de ces sujets alléchants censés révéler le dessous des cartes. La séquence est intitulée « Erdogan, presse malmenée ». Le début de son reportage (qui ne figure pas dans l’extrait diffusé samedi soir sur Facebook, devenu viral depuis) fustige à juste titre le gouvernement belge qui a déroulé le tapis rouge pour l’autocrate du pays « européen » qui enferme le plus de journalistes à la minute. Tristan Godaert y insiste d’emblée sur le fait que « les journalistes n’ont pas pu faire ce qu’ils voulaient » pendant cette visite.

Contexte
Oui, mais c’est comme ça lors de la plupart des grandes visites officielles. Quand il y a plusieurs dizaines de journalistes accrédités, ben, évidemment, si on leur laisse faire ce qu’ils veulent, bonjour le bordel ! D’autant que, pour des leaders comme Obama, Netanyahou ou Erdogan, les risques d’attentats sont réels.

Autre déconvenue majeure de Tristan Godaert au début de la séquence : la conférence de presse conjointe d’Erdogan et de Charles Michel se termine par « pas de questions ». Ce n’est certainement pas la première fois que ça arrive, même le grand Ban-Ki-Moon a fait pareil. Bien sûr, dans ce cas-ci, les journalistes étaient d’autant plus frustrés qu’il y avait pas mal de questions à poser, notamment sur le traitement de leurs confrères turcs emprisonnés ou menacés de prison. L’absence de questions-réponses contrastait méchamment avec la grande pompe avec laquelle on avait reçu le mamamouchi ottoman. Frustrant, oui. Pas à la hauteur de notre démocratie, oui. Mais c’est tout.

Après ces considérations générales (et une scène hilarante où Didier Reynders essaie avec trop d’enthousiasme de serrer la pince d’Erdogan et se prend deux vents), on arrive à la séquence qui a été extraite du reportage et envoyée sur Facebook à titre de teaser. Elle a mégabuzzé, valant à Frédéric Cauderlier une volée de bois vert et un haut-le-cœur généralisé chez ses anciens confrères.

Détail important, la séquence de Tristan Godaert s’appelle Contrechamp. L’idée ? Montrer au téléspectateur ce qu’on ne voit pas en général. Filmer à droite quand toutes les caméras sont braquées à gauche (et inversement, bien sûr). Et, si tout va bien, montrer les coulisses du travail de journaliste, d’attaché de presse, des gens de pouvoir.

Scénario

Recep Tayyip Erdogan « flingant » une journaliste du regard. Oulà ! Il se fait même peur lui-même !

Recep Tayyip Erdogan « flingant » une journaliste du regard. Oulà ! Il se fait même peur lui-même !

Scène un, extérieur jour : juste après la « conférence de presse » à val Duchesse (au cours de laquelle le journaliste Tristan Godaert s’est fait filmer en train d’interpeller Charles Michel — mais on ne le voit pas dans le teaser), une « journaliste du JT de la RTBF » (Aline Delvoye) interpelle Erdogan alors qu’il rentre dans sa voiture. La question porte sur le fixeur kurde irakien, Mohamed Rasool, toujours enfermé en Turquie sur des accusations absurdes. Erdogan rentre dans sa voiture « après avoir flingué la journaliste du regard », dit le commentaire. Hélas, le flinguage n’apparaît pas à l’image. Erdogan baisse au contraire les yeux pour ne pas se prendre la portière en entrant dans la voiture.

Scène deux : le journaliste explique que ça « aurait pu s’arrêter là », sauf qu’un « conseiller de l’ambassade reproche à une collaboratrice de Charles Michel d’avoir laissé [Aline Delvoye] poser sa question. » Selon François Mazure, le boss de 7 à la Une, Tristan entend alors que l’attaché de presse turc est en train de remonter les bretelles d’Aurélie Czekalski, l’attachée de presse de Charles Michel, parce qu’Aline Delvoye a dérangé Erdogan. Cette version m’est confirmée par un autre participant. Tristan s’approche avec le cadreur. Il filme. On entend d’abord Czekalski répondre à son homologue turc : « on leur avait dit [de ne pas poser de question] ». Puis, elle dit « et dans la salle ? » Magnanime, son homologue turc explique débonnaire que « dans la salle de conférence, c’est normal » [que Tristan Godaert ait posé une question].

Pour la RTBF il y a là une information qui intéresse le public. Elle montre les relations entre attachés de presse belges et turcs lors d’une visite controversée.

Menace terrible sur les journalistes belges : les obliger à suivre un cours de limbourgeois !

Nuance
C’est vrai. Mais que nous append-elle vraiment, cette séquence ? Qu’un attaché de presse turc essaie, sans succès, d’imposer sa loi. Mais c’est son job. Et plus son patron sera autocrate ou dictateur, plus ce sera « scandaleux » à entendre. Et côté belge ? Aurélie répond simplement « on leur a dit ». Dans cette séquence courte, ça peut passer comme « oui, vous avez raison, c’est un scandale, on aurait dû enfermer Aline et lui faire subir le pire supplice pour une journaliste francophone : un cours de limbourgeois ! »

Évidemment, c’est très facile de se dire qu’à la place de Czekalski, on aurait remis l’attaché turc à sa place, nom de doum, expliquons-lui la démocratie ! Mais d’abord, il sait très bien que sa remarque ne sert à rien — il vit apparemment en Belgique. Et ensuite, ça aurait servi à quoi, exactement ? Le rôle des attachés de presse est-il de brandir la liberté de la presse bille en tête pour remettre leur homologue turc (ou syrien, ou congolais, ou russe) à sa place ? Ou de gérer les dizaines d’équipes, et de s’assurer que tout va bien ? En accréditant, par exemple, des journalistes turcs considérés comme « subversifs » par le régime, comme la chaîne d’opposition Zaman.

Vu que le gouvernement belge s’est mis à plat ventre devant le président turc, et même plus bas que terre en lui octroyant la plus haute décoration des mains d’un roi tout sourire, comment reprocher à une attachée de presse de jouer, sans conséquences, le jeu de l’apparatchik qui lui fait face et avec qui elle doit sans cesse négocier depuis trois jours pour que la presse puisse, eh oui, faire son travail dans de bonnes conditions ?

D’ailleurs, si on veut mettre la réponse d’Aurélie Czekalski en contexte, en principe, on devrait aussi comparer avec ce qui se fait lors d’autres visites officielles. Que répondre à l’attaché-e de Poutine qui fait remarquer qu’un reporter a posé une question sur le droit des homosexuels en Russie alors qu’on avait bien dit qu’on n’en parlerait pas ? Ta gueule, connard ? Ta mère au goulag sur une planche de Fakir ? Kasse ta gol enski ? (c’est de l’ukrainien).

En même temps, Tristan Godaert ne pouvait évidemment pas remettre ces questions en contexte. Sa séquence ne lui en donne pas le temps. C’est la loi du genre.

L’attachée de presse de Charles Michel « n’hésite pas à balancer ce qu’elle pense être une menace ».

Interprétation

À ce moment-là, « la collaboratrice de Charles Michel » se retourne vers la caméra qu’elle vient de repérer. Et « n’hésite pas à balancer ce qu’elle pense être une menace », explique Tristan. Mais voilà. Entre ce retournement et la suite, la scène est coupée. Ce qu’on ne voit pas, ce qu’on n’entend pas, c’est qu’Aurélie Czekalski se fâche sur Godaert pour l’avoir filmée à son insu, en plein travail. Non pas pour avoir filmé l’attaché turc, mais pour l’avoir filmée elle. D’ailleurs, l’attaché lui-même ne s’est pas formalisé de la présence d’une caméra qui pourtant lui faisait face.

En réalité, en défendant son « droit à l’image », Aurélie ne défend pas réellement son droit à ne pas être filmée (elle l’a été de nombreuses fois) mais à travailler sans devoir sans cesse se soucier de la présence éventuelle d’une caméra. Ce n’est pas Feng Shui. Et au MR, on aime ça, le Feng Shui.

Non, dites, franchement, je ne sais pas quel métier vous faites, mais si vous deviez sans arrêt vous demander si on n’est pas en train de vous filmer, vous pourriez encore le faire correctement ?

Ouais. Mais en même temps, on vit à une époque où on peut être filmé-e à tout moment par un smartphone, est ce que les attaché-e-s de presse ne devraient pas tenter de vivre avec ?

Je vous laisse vous schizophréner là-dessus.

« J’enverrai un mail à Jean-Pierre Jacqmain »

La scène reprend sous un autre angle, et la collaboratrice dit sèchement : « J’enverrai un mail à Jean-Pierre Jacqmain » et « si [la séquence] passe, on a un sérieux problème ». Commentaire du journaliste : « quand on n’est pas content, on menace donc de prévenir la direction de l’information de la RTBF ».

Sauf que voilà, Tristan Godaert ne nous dit pas pourquoi la collaboratrice n’est pas contente. Tristan Godaert sent mauvais de la bouche ? Il n’est pas bien rasé ? Il a traité quelqu’un de gros naze ? Cette partie a disparu au montage. Et c’est embêtant, parce que ça change la façon dont le spectateur interprète la suite.

Justesse
Car jusque-là, le reportage nous laisse penser que la raison de la colère d’Aurélie est que Tristan a filmé le conseiller de l’ambassade faire son péremptoire. Ou qu’Aline Delvoye a posé une question dérangeante.

Ce dernier événement a en effet été la source de la discussion entre l’attaché et Aurélie. Mais l’incident n’était plus concerné ensuite. D’abord, on voit mal comment l’équipe du premier ministre pourrait empêcher Aline Delvoye de crier une question à un président qui entre dans une voiture. Selon mes sources, cette dernière n’a d’ailleurs pas été inquiétée par la Stasi gouvernementale pourtant en rang quatre par quatre, prête à bondir sur son mail pour informer Jean-Pierre Jacqmain en quatre exemplaires carbones et faire enfermer Delvoye et la totalité des journalistes du JT dans le Kurdistan ouest-flandrien.

Tristan continue pourtant sur sa lancée, expliquant que « la collaboratrice » est allée chercher le porte-parole du premier ministre, Frédéric Cauderlier. Et là, déjà, si on n’a pas compris la raison de la colère d’Aurélie, on se dit « oh, putain, la liberté d’expression est sacrément malmenée par le service presse du premier ministre au bénéfice de la Turquie, merde quoi ! Que fait Amnesty ! »

Selon le commentaire qui suit, Cauderlier, « lui aussi, vient vers nous, pour nous menacer ».

« Cauderlier n’a pas été ‘piégé’, il est allé vers Tristan de sa propre initiative ».

Relation des faits
Scène trois. Frédéric Cauderlier arrive et tance Tristan. Il est enregistré « à son insu ».  De loin, le cadreur a repéré que Cauderlier se dirigeait vers son collègue et a redémarré la caméra, « une présence d’esprit tout à son honneur pour une séquence qui montre l’envers du décor » commente François Mazure, qui explique aussi que Cauderlier n’a absolument pas été piégé : « il est allé vers les journalistes qui ne filmaient plus, de sa propre initiative, personne ne l’a appelé. Tristan avait toujours son micro en main, Cauderlier est journaliste, il aurait dû savoir qu’il pouvait être enregistré ».

La discussion qui s’ensuit entre le jeune Godaert et le porte-parole de Charles Michel  est le véritable objet du scandale. Prise telle quelle, elle nous inspire qu’on vogue en effet vers la Turquie d’Erdogan. Mais elle nécessite aussi une mise en contexte.

Ainsi, Tristan Godaert dit d’abord : « C’est interpellant, la question, euh, la question du [conseiller] ».

Il parle bien du fait que la conversation de l’attaché de presse de l’ambassade turque valait la peine d’être filmée.

Cauderlier lui répond : « elle ne souhaite pas être filmée ».

Lui, il ne parle pas du tout de l’ambassadeur, mais d’Aurélie, son employée, qu’il est venu défendre comme tout chef d’équipe le ferait.

Quiproquo : les interlocuteurs parlent de deux choses différentes, de deux aspects presque indépendants du même événement !

Cauderlier ne défend pas du tout Erdogan, la Turquie, l’attaché turc ou que sais-je. Il ne va pas râler sur la question d’Aline Delvoye ni même sur l’attitude impertinente de Tristan à la fin de la conférence. Non, il va uniquement défendre son employée, Aurélie Czekalski, qui s’est visiblement sentie, on va dire « harcelée » par Tristan et son équipe. Ce quiproquo n’est pas compréhensible pour le non-initié. C’est dommage.

« Elle ne souhaite pas être filmée ».

Pourtant, la phrase de Cauderlier, « elle ne souhaite pas être filmée », est parfaitement audible. Mais sans le contexte que je vous ai donné, elle ne signifie rien. Elle passe inaperçue dans le reportage. D’autant que la suite de l’engueulade de Frédéric Cauderlier est reprise en grand, sur fond rouge (un choix graphique moderne cohérent avec le style de la séquence), et celle-la a de quoi faire buzzer : « le truc n’a pas intérêt à (être) passé sur antenne, c’est clair ? »

L’interdiction de diffuser avait évidemment de quoi être mise en exergue : le porte-parole du premier ministre a bien tenté d’empêcher la diffusion d’une séquence filmée par Tristan Godaert !

Objectivité
Cauderlier reprend : « si elle est dans le sujet… »

Cette partie de phrase passe à nouveau inaperçue, pour la même raison que la première fois. « Elle », ce n’est pas l’attaché de presse turc, 100% testostérone, bien sûr. C’est Aurélie.

« … c’est une erreur grave et ça ne restera pas sans suite. »

Paf, deuxième menace. Mais là encore, « l’erreur grave » ne concerne pas, comme le pense le spectateur lambda, le fait de filmer le Turc, mais bien celui de, disons, « gêner Aurélie dans son travail ».

Tristan fait remarquer : « on est d’accord qu’on est sur une rencontre avec la presse » ? Une façon de rappeler l’ancien journaliste qu’est Frédéric Cauderlier aux principes de la liberté de la presse.

Réponse d’un Frédéric visiblement déstabilisé « Oui, mais tu filmes les à-côtés, etc. » (puis, repris en rouge 🙂 « tu veux faire chier dans les coulisses en permanence, c’est bien, c’est amusant, tu veux jouer au Petit Journal, c’est bien, fais-le, c’est chouette, mais pas en permanence, quoi. » Et la finale, dûment reprise sur fond rouge : « Tu as envie de travailler comme ça, continue à travailler comme ça, mais ça ne durera pas longtemps avec nous. »

Troisième menace, incontestable. Mais là, ce que Cauderlier reproche clairement à Tristan Godaert, c’est de « faire chier en coulisse en permanence ». Et oui, le job de Tristan Godaert est « chiant » pour les contacts presse de ses « victimes ». C’est la loi du genre : aller là où on ne peut pas, faire son petit comique là où ça ne se fait pas. Filmer ce que, par gentlemen’s agreement, on ne filme pas. Parce qu’aucun attaché de presse ne va lui dire : « viens voir Tritri, je vais me faire engueuler par mon homologue turc ». Et que cette relation mérite d’être vue.

« C’est la séquence entière qu’il faut voir ».

Intérêt public
La capsule sortie samedi soir s’arrête là. Mais François Mazure lui-même reconnaît que « c’est la séquence entière qu’il faut voir ». Problème : ce n’est pas ce que les réseauteurs ont vu. Ça soulève évidemment une question peut-être aussi importante que de savoir comment un attaché turc parle à une attachée belge : les chaînes de télévision ont-elles pris la mesure de l’utilisation qui peut être faite d’un teaser ? Peuvent-elles encore lâcher dans la nature des séquences aussi réductrices ? J’avais posé la question dans le cas du reportage de Sofie Peeters qui fut, à l’époque, utilisée par l’extrême droite, au grand dam de la jeune réalisatrice. C’est une question qui mérite d’être étudiée parce que le seul contrôle qu’on peut avoir sur les réseaux, c’est avant de lâcher une information. Après, il est trop tard, le mal est fait.

Dans le sujet complet, on apprend notamment qu’aucun mail n’a été envoyé à la direction de l’info. Et pourtant, la dernière phrase de Tristan avant d’être envoyé dans une prison d’Anatolie luxembourgeoise pour terrorisme intellectuel et impertinence aggravée est : « Poignée de main, fausse conférence et liberté de la presse, c’était la visite d’État de Recep Tayyip Erdogan en Belgique. »

Résultat, samedi soir, le teaser provoque un tollé. Réactions quasi-unanimes : c’est clair, le porte-parole de Charles Michel a fait pression sur les journalistes pour obéir aux consignes d’Erdogan. La Belgique se soumet au sulfureux visiteur au point que le porte-parole de Charles Michel menace vigoureusement des journalistes. Or, ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé.

François Mazure (7 à la Une, pour rappel) défend pourtant toujours la séquence : « Pour nous, il y a un élément d’information : l’attaché de l’ambassade fait des reproches au service de presse en leur disant que les journalistes n’ont pas à poser de questions à Erdogan. Aurélie se fait réprimander. Tristan a trouvé ça interpellant ». De plus, les visages des deux collaboratrices présentes ont bien été floutés, ce qui montre la bonne volonté de la RTBF, qui avait d’ailleurs déjà fait de même lors d’une séquence au Luxembourg, avec l’attachée de presse néerlandophone. Même si Mazure s’interroge : « le désir d’attachées de presse de ne pas être filmées pose quand même question. » Côté déontologique, au montage, on a bien pris soin d’intégrer les phrases où il apparaît clairement que Cauderlier défend sa collègue, son équipe, et pas Erdogan.

À ma question de savoir si, malgré ces précautions, le fait que tant de spectateurs ont cru comprendre qu’au final, Cauderlier voulait interdire qu’on filme un conseiller d’Erdogan, ne posait pas à son tour une question fondamentale de bonne information, Mazure répond « si c’était à refaire, je le referais sans changer une note ». Il a d’ailleurs le soutien de sa direction.

Subjectivité
Son raisonnement semble être que, même si ce n’est pas le but d’Aurélie Czekalski, ce qu’elle fait en cherchant à travailler « tranquillement » (donc sans être filmée), c’est aussi, quelque part, réserver ses apartés avec, par exemple, un confrère un peu cavalier qui la réprimande. Oui, mais ça, c’est une interprétation. Il y en a d’autres.

« Tristan Godaert est vu comme un emmerdeur ».

Selon une source proche, comme on dit (code habituel pour désigner quelqu’un qui ne désire pas qu’on le cite, note au lecteur Lambda), Tristan Godaert aurait gêné les gens de la sécurité sur place. Plus généralement, il est vu au service presse comme un emmerdeur depuis un reportage au Luxembourg où il aurait notamment essayé d’entrer dans un restaurant où deux premiers ministres déjeunaient en privé.

Une toute petite phrase d’Aurélie semble confirmer ce passif : au moment où l’attaché de l’ambassade lui remonte les bretelles pour la question d’Aline Delvoye, elle dit, d’initiative « et dans la salle ? » Comme si elle cherchait à se prouver à elle-même que Tristan est bien un emmerdeur. Las, son homologue turc lui fait que non, dans la salle, « c’est normal ».

À ce stade de la réflexion, je me dis qu’on devrait se cotiser pour offrir à Aurélie et Tristan un dîner en tête-à-tête, pour qu’ils soient heureux et aient beaucoup d’enfants réactifs et emmerdeurs. Ça ne peut que faire du bien à notre pays qui s’endort un peu. 

Indépendance
Du coup, on se dit que la mauvaise ambiance entre nos deux jeunes est un facteur tout aussi déterminant dans la suite des événements que la question d‘Aline Delvoye. Et en même temps, toujours cette lancinante question : est-ce que le service presse de Charles Michel n’est pas trop directif, trop serré, trop arrogant ?

La Fédération européenne des Journalistes va mettre la Belgique face à ses responsabilités.

Une chose est certaine, l’intervention finale de Frédéric Cauderlier constitue une pression inacceptable sur des journalistes. « Si Tristan n’avait pas un poste fixe à la RTBF, oserait-il encore filmer une séquence similaire », demande très justement Mazure. Ricardo Guttierez, secrétaire général de la Fédération européenne des Journalistes, est catégorique : « Même si la polémique ne porte que sur le droit à l’image d’Aurélie Czekalski, les menaces et l’intimidation sont intolérables. La FEJ va les dénoncer à la plateforme en ligne du [Conseil de l’Europe] sur les violations graves des droits des journalistes. Le gouvernement belge aura à s’en expliquer. » Pour lui, « il était d’intérêt public de montrer les tractations entre communicateurs, quitte à recourir à la caméra cachée ». Mais surtout, il déplore « le contexte global de tapis rouge à l’un des pires fossoyeurs de la liberté de la presse. » Il reconnaît néanmoins qu’il y a dans la séquence un raccourci problématique.

Du coup, avant de hurler à la censure erdoganoïde, il faut remettre les choses en perspective. Il y a à peine cinq ans, aucune équipe de presse belge n’aurait filmé ce genre de discussion. D’abord, parce que c’est à peu près la même à chaque visite d’un personnage un tant soit peu égocentrique. Ça aurait pu arriver avec un Obama, c’est clairement arrivé avec un Sarkozy, dont l’équipe n’a pas arrêté de harceler celle du Parlement européen lors d’une visite amicale quand il était président français.

Ensuite, parce que l’attaché de presse turc a raison de faire pression, c’est son job. Aurélie a raison de se défendre, c’est son job aussi. Et à aucun moment, qui que ce soit ne semble avoir eu l’idée de jeter Aline Delvoye en prison pour son audacieuse question (question bienvenue, d’ailleurs, dans ce concert odieux de félicitations au Grand Turc).

Du reste, le Petit Journal nous a montré suffisamment de pétages de plombs dans toutes sortes d’équipes de toutes sortes de partis pour qu’on sache que c’est moins une question d’oppression que de tension.

Et puis, rien, dans le reportage, ne nous rapporte que gérer des dizaines de journalistes sous la surveillance de gens aussi intransigeants que les sbires d’Erdogan, est un job lourd qui tape sur les nerfs. Bien sûr, ce n’est pas pro de les perdre. Mais on me dit dans l’oreillette que les « menaces » de Czekalski dépassaient sa pensée dans un moment de tension.

Nouz afons les moyens te fous faire parler…

De même, le mot « chier » que Cauderlier utilise, et qui choque pas mal de gens, ne signifie rien de particulier dans ce contexte : il parle comme on le fait hors champ. Ce n’est pas son ton qui pose problème ici, ce sont ses menaces. Elles pourraient aussi bien avoir été dites du bout des lèvres. Ou avec élégance. Le langage fleuri indique plutôt un manque de contrôle qu’une intention périlleuse pour la démocratie.

Rappelez-vous. Nouz afons les moyens te fous faire parleeer… était dit sur un ton plutôt élégant.

Conclusion
La façon maladroite, la pression inacceptable de Frédéric Cauderlier, sont peut-être plus informatives que les récriminations d’un attaché turc. C’est le reflet d’une mentalité d’assiégé, assez générale au 16. Elle s’explique par le fait que Charles Michel représente le seul parti francophone du gouvernement. Il est opposé à tous les autres, et même pas particulièrement gâté par un Bart De Wever toujours imprévisible, ni par Didier Reynders, qui se verrait toujours volontiers calife à la place du calife. Ajoutez à ce cocktail des syndicats survoltés, une presse pas franchement tendre (à tort ou à raison), des réseaux sociaux d’une violence devenue inhumaine, et la montée en épingle, de nos jours, de la moindre formulation qui pourrait apparaître déplacée.

Charles Michel et Frédéric Cauderlier forment une équipe qu’on dit très soudée. Trop, peut-être. Leur détestation des socialistes (qui le leur rendent bien) ou par rapport à certains politologues s’exprime parfois trop clairement sur les réseaux. En un an, « Cau » a acquis la réputation de quelqu’un qui prend très, trop facilement son téléphone pour protester contre un article qui lui paraît injuste ou incorrect. Il est même arrivé que Charles Michel en personne s’y colle. Allô, la presse, attention, je vous surveille. Une très mauvaise habitude digne des seventies. Pas étonnant que la presse l’attende au tournant.

« Cauderlier et même Charles Michel ont tendance à décrocher leur téléphone un peu trop souvent ».

Etrange, d’ailleurs, que dans une société où la liberté de la presse progresse réellement et où l’on se targue de ne pas pratiquer de langue de bois, aucun journal n’ait eu, jusqu’ici, l’idée de parler de cette propension de Cauderlier à décrocher son téléphone. Il y a encore des tabous qui se nichent là où on les attend le moins. Aucun journal ne veut prendre le risque d’être mis sur liste noire. Et la solidarité de la presse, me direz-vous ? Si tous les journaux diffusaient ensemble un communiqué pour protester contre ces tentatives de pression (vouées à l’échec pense-t-on, mais qui peuvent amener certains journalistes à s’autocensurer) ? Oui mais voilà, la presse a complètement perdu le sens de la solidarité au profit de celui de la concurrence. 

Mentalité d’assiégés, donc, qui m’est confirmée par plusieurs personnes. Il faut dire que dès avant son arrivée au pouvoir, l’équipe du premier ministre a bien été assiégée. La Kamikaze a été condamnée d’avance, et j’ai fait ma part bien sûr. Les épisodes Francken, Jambon, n’ont pas aidé. Mais un an après, il est temps que Michel, Cauderlier et son équipe se lâchent un peu, qu’ils sortent de leur donjon, rentrent leurs canons, boulets, sabres et griffes, et prennent les choses avec plus de philosophie. Sinon, la kamikaze portera bien son nom.

Il est aussi indispensable que Cauderlier accepte de s’excuser, de s’expliquer. Ce n’est ni une humiliation, ni une défaite. En l’occurrence, je ne vois pas ce qu’il pourrait faire d’autre. Son silence est assourdissant. La population a le droit de comprendre. C’est trop facile de mettre cet événement sur le compte d’un raccourci journalistique. Si la mayonnaise a si bien monté, c’est parce que ce service de presse constituait un liant idéal dans l’émulsion.

Autre point de vue : de son expérience avec Olivier Chastel, dont elle a été la porte-parole, Aurélie Czekalski retient probablement un environnement nettement moins agressif, où une attachée de presse pouvait espérer une discipline « respectueuse » de la part des journalistes. Seulement, voilà, les blogs, les réseaux, les buzz et Yann Barthès sont passés par là. La concurrence plus féroce entre chaînes (surtout en France) aussi. De jeunes journalistes-réalisateurs comme Tristan nous apportent un esprit plus libre, plus subversif, même si c’est parfois au prix d’une certaine nonchalance par rapport aux faits.

Bien sûr, encore (surtout) aujourd’hui, rien ne vaut une mise en contexte précise et scrupuleuse par Marc Metdepenningen. Mais les raiders ont aussi un rôle à jouer. Plus que révéler un scandale sur la soumission d’un porte-parole belge envers Erdogan, ce que Tristan a montré, c’est que Frédéric Cauderlier, Aurélie Czekalski, et d’autres membres de l’équipe n’ont pas encore pris la mesure de l’évolution du journalisme, particulièrement au niveau télévisuel. Or, toute cette équipe va devoir vivre avec les Tristan et autres fils spirituels du Petit Journal pendant encore quatre ans. Alors, juste avant que la Gestapo du 16 rue de la Loi ne m’emmène au Goulag pour y passer le reste de mes jours enchaîné à un rocher avec un aigle qui me mange le foie quotidiennement, je leur crie : « détendez-vous ! »

Et aussi « ik ben van Luxembourg », mais ça, c’est par pur snobisme belgitudien.

Bon, sinon, pour la collecte permettant d’envoyer Aurélie et Tristan chez Bruneau, c’est quand vous voulez. Mais attendez…


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23 Comments

  1. Salade
    octobre 12, 11:57 Reply
    mon dieu, ils n'ont pas encore pris la mesure du journalisme! sauvés: ils ne doivent (toujours) pas se justifier!
    • Salade
      octobre 12, 17:14 Reply
      je dois encore décider si mes propos s'adressent à l'attaché ou a la presse...
  2. guypimi
    octobre 12, 14:50 Reply
    Les candidats dictateurs s'en prennent toujours d'abord à la presse et à la culture on y est !
    • Hansen
      octobre 12, 22:54 Reply
      Les turcs ont un Erdogan et nous un président NV Arrogant et c'est ce qui rend ce gouvernement kamikaze impopulaire. Gouverner sans l'adhésion des citoyens est kamikaze, et encore gouverner est un grand mot avec un trou de plus d'un milliard dans la caisse d'un pays mal géré par tous les partis confondus depuis si longtemps. En Belgique, la politique c'est de la foutaise.
  3. Michael
    octobre 12, 15:37 Reply
    Personnellement, j'avais bien compris que Cauderlier faisait référence à sa collaboratrice, je n'en trouve pas moins son intervention choquante. Par ailleurs, quand on est attachée de presse, qu'on discute du moment opportun pour laisser la presse poser ses questions avec un attaché de l'ambassade Turque au milieu justement d'un parterre de journaliste et qu'on s'offusque quand une équipe vient voir ce qu'il se passe, je trouve, plutôt qu'une revendication au droit à l'image, que cela ressemble à une grosse bévue pour tenter d'enrayer une fuite pour le moins gênante...
    • Marcel Sel
      octobre 12, 15:58 Reply
      Toute la presse est là. Perso, je serais là, j'aurais l'information suivante : « l'attaché de presse de l'ambassade turque a protesté — sans toutefois élevé la voix — contre le fait qu'Aline Delvoye ait posé une question à Erdogan ; les attachées de presse du premier ministre ont indiqué qu'elle avaient bien dit aux journalistes de ne pas poser de questions dans la rue, semblant ainsi donner raison à l'attaché de presse, mais elles lui ont peut-être simplement donné le change ». Ok, maintenant dites-moi où se trouve le scandale, la fuite gênante ? Comme je l'ai expliqué dans l'article, il y a bien une valeur informative dans cette discussion, mais elle est à mes yeux plutôt faible. Tout au plus donne-t-elle une indication au public des relations entre attachés de presse. De très bonne source, ce genre de "call" est courant quel que soit l'invité. On voit d'ailleurs que "remonter les bretelles" comme je l'ai écrit, est très au-dessus du ton de l'attaché turc. D'ailleurs, rien ne dit que les attachées belges n'étaient pas en train de simplement donner le change à l'attaché turc. Bref, j'ai une info, OK, mais elle ne m'apprend franchement pas grand chose. Je vois mal quelle "bourde" l'attachée belge chercherait à protéger.
      • Michael
        octobre 12, 17:23 Reply
        Je pense qu'on est d'accord ;) Pour moi la bourde c'est de ne pas avoir été discrète. Bien sûr qu'il y a coordination entre le service de presse de Michel et l'ambassade, l'inverse me semblerait totalement improbable quand on invite quelqu'un comme Erdogan. Bien sûr l'ambassade n'aime pas les questions gênantes, et le service presse tempère comme il peut en cherchant probablement un compromis. Il n'y a là aucun scandale... jusqu'à ce que cela soit monté en épingle sur internet. Ce genre de discussion est un secret de polichinelle qui a pourtant, à notre époque, des pouvoirs potentiellement dévastateurs en cas de fuite. La bourde de Czekalski, et je suis sûr qu'elle l'a bien compris au moment même, c'est d'avoir eu cette discussion en public au milieu de journalistes équipés de caméras. C'est une boulette, pas bien grave. La bavure, c'est d'avoir essayé de couvrir son erreur en menaçant les journalistes. Le résultat, c'est un beau buzz...
        • Marcel Sel
          octobre 13, 00:24 Reply
          Czekalski ne pouvait pas prévoir quand l'attaché de presse de l'ambassade allait lui "remonter les bretelles". De ce point de vue-là, la seule bourde qu'elle ait commise est d'avoir pensé qu'elle pouvait/devait en quelque sorte couvrir cette conversation pour laquelle elle n'était pas responsable. Mon intime conviction est qu'il y avait un « passif » avec Tristan et que c'est surtout ça (sans négliger toutes les autres raisons) qui a amené au clash final. Cela signifie aussi que l'équipe de presse de Charles Michel pense avoir plus de pouvoir qu'elle ne peut en avoir et que comme je l'ai écrit, c'est ça qui a permis de faire monter la mayonnaise, pas le fait de filmer un attaché péremptoire. Ceci n'est pas une vérité bien sûr,juste une conviction. J'espère que mon papier permet à chacun de se faire la sienne, ou du moins, de comprendre comment je forme la mienne.
        • Démocrate
          octobre 17, 22:57 Reply
          Il y a TOUJOURS dans TOUS les cas de visite de chefs d'Etat une coordination préalable sur timimg, durée, endroit, espace, accréditations, etc..+ visite délégation du protocole pour accorder les violons. Surtout l o g i s t i q u e et timing,- une visite d'Etat comportant toujours un très grand nombre d'actes dans un très grand nombre d'endroits-concernant l'espace à réserver-trouver -en m2- en fonction du nombre de journalistes, trépieds de caméras, etc... Et puis,à Erdogan, on ne lui a pas posé de questions hors celles du cercle très fermé de la corporation libérale des journalistes. Les autres sujets, les journalistes s'en contre-fichent. Les Kurdes du PKK, ils s'en fichent. Les répressions massives et l'aide connue à présent aux terroristes AlQaeda,Al-Nusra(dits 'rebelles libres' et 'rebelles divers' car ça fait mieux pour le storytelling hollywoodien, les bons, les demi-bons, les méchants et les vrais méchants et les horribles méchants) et diverses filiales à déguisement tout aussi hollywoodien? L'Otan et la Turquie? Ils s'en fichent. La soudaine ouverture des camps de réfugiés en été, poussés vers l'Europe UE, ils ne posent pas de questions. Faudrait quand même pas informer la masse.(Faire son boulot, charte Munich 1971 tout journaliste doit rechercher la vérité) Dans le cas des USA et OTAN-siège à Bruxelles - avez-vous déjà entendu ou vu ou lu des questions génantes? Genre, pourquoi êtes-vous présents dans 135 pays de la planète? Quels sont vos prétextes pour envahir et occuper? Pourquoi êtes-vous alliés de l'Arabie Saoudite qui décapite,pend,fouette et enferme comme ailleurs on déboise? Qu'en est-il de vos drones au Yémen? Et des victimes civiles? Et le trafic d'opium en Afghanistan? Qui a repris sous occupation USA, pourquoi? Qui finance Al Qaeda,Isis,Ei, Al Nusra et autres 'brandings' géopolitiques? Qui achète le pétrole des Al Nusra,EI, divers, etc? Qui achète les antiquités des terroristes islamistes? Qui les finance? Pourquoi leurs comptes bancaires sont-ils libres et alimentés? Pourquoi ne sont-ils pas coupés à l'instar de ce qui a été fait par exemple pour wikileaks-Assange? Ou pourquoi n'ont-ils pas de sanctions? (qui sont appliquées séance tenante pour toutes sortes de gouvernements pourtant légitimes en Droit) Et de la guerre contre le Yémen? Que pensez-vous d'Israel et de ses bombardements sur les palestiniens? Que pensez-.vous du Qatar, des Emirats Arabes Unis, V O S alliés, etc? Est-ce que vous appliquez encore la Doctrine Monroe ou bien celle de Brzezinski? Qu'en est-il de vos intérêts en Europe? (Noble energy,guerre de l'énergie, tafta, multinationales, etc,etc...) Et Guantanamo? Et les prisons secrètes à l'étranger? Et la torture pratiquée? Et la peine de mort? Etc,etc... NON. RIEN. Le VIDE(ou le néant de la grosse propagande bien simplette pour demeurés de village crédules comme des enfants) CQFD Liberté invoquée par les journalistes seulement si et quand la cible est désignée. Pire, seul le sort de leurs collègues l i b é r a u x les intéresse. Corporativisme oblige. La population, on s'en fiche.Le reste aussi. Géométrie variable de la démocratie variable. Business as usual, limité. Crédibilité=zéro. Donc.
      • Husemann
        octobre 12, 21:08 Reply
        Bravo, monsieur Sel ! Excellente analyse écrite avec votre meilleure plume et que j'ai lue avec le plus grand intérêt ! D'ailleurs, je suis un familier de vos blogs que j'apprécie au carré !
      • hansen
        octobre 13, 22:01 Reply
        Si la RTBF est correcte (ha ha ha) on ne pouvait pas poser de question à la conférence de presse, donc la presse a bien été muselée et dehors ce n'est pas bien de filmer. Le 1er fait après coup l'apologie de la liberté de la presse. Cela montre une fois de plus qu'en Belgique la politique c'est de la foutaise et qu'on a bien un gouvernement kamikaze qui provoque les citoyens en jouant avec le feu.
  4. Zotoz
    octobre 12, 17:04 Reply
    Bonjour, Je sens tout de même poindre une pointe de mauvaise foi dans cet article. Il est évident que Cauderlier parle de sa collaboratrice et tout spectateur un tant soit peu attentif l'aura compris. De plus il ne semble nullement dans l'intention du journaliste de la RTBF de faire croire que la tention vient du fait qu'il ait osé filmer l'attaché de presse turc réprimander son homologue belge. Non, il est bien clair que ce qui déplait à Czekalski c'est qu'on puisse la voir réagir aussi mollement aux "menaces" de son homologue turc. Vous avez beau dire qu'elle "n'y est pour rien", que si on accueille le président turc en grande pompes, ce n'est pas à elle à réagir. Il est clair qu'avec une telle mentalité, vous ne mènerez jamais une révolution ;-) Plus sérieusement il est évident que si rien ne lui avait été reproché, il ne lui revenait pas de réagir en critiquant les méthodes turques ou plus généralement la visite d'Erdogan MAISface aux critiques ou aux menaces turques il aurait été tout à fait légitime de sa part de se défendre et de faire comprendre à son homologue turque que nous sommes en Belgique et qu'ici la liberté de la presse se respecte (après tout, personne n'a obligé Erdogan à rendre visite à Michel) Du coup, nombre de spectateurs, comme moi, ont été choqués par une réaction aussi molle de l'attachée de presse belge (elle semble chercher à se justifier comme le ferait un mauvais élève à propos d'une mauvaise note). Ce que Czekalski a voulu éviter c'est que sa réaction à l'interpellation turque (et non l'interpellation elle même comme vous tentez de le faire croire) soit rendue publique. Cette réaction molle est humiliante pour tout démocrate qui se respecte. Elle est aussi interpellante dans une démocration et à ce titre la RTBF a mille fois raison d'user de tous les moyens possible pour la rendre publique. La réaction de Czekalski montre à quel point nombre de concessions à la liberté d'expression et de la presse ont été faites par le gouvernement Michel pour mettre sur pied cette visite d'état. Libre ensuite au spectateur de juger ces concessions inadéquates voire intolérables. Sur ce sujet je soutiens donc à 100% la RTBF et ne partage absolument pas vos réserves.
    • Marcel Sel
      octobre 13, 00:30 Reply
      Ah. Bon. Il y a au moins cinq ministres, un roi, le bourgmestre (PS) de Bruxelles et une myriade d'autres hauts-responsables belges qui ont serré la pince d'Erdogan, en rang d'oignon. Czekalski a fait ce qu'elle devait dans ce contexte, à savoir éviter tout incident ou toute provocation envers l'invité. Si elle avait insulté son homologue, ou si elle avait compromis par une attitude trop "raide" la bonne marche de la visite et les relations presse entre les pays, elle aurait risqué son job. De même, c'est le job de Tristan d'obtenir des images que les autres n'obtiennent pas, de raconter différemment. Dans les deux cas, il y a une responsabilité. Mais il ne faudrait pas exiger des « petits responsables » de faire ce que leur hiérarchie ne fait pas. Qu'on fasse un sujet sur les grands salamaleks du roi Philippe ou du premier ministre envers Erdogan, mais franchement, Czekalski a fait son boulot. Et pour info, une chose est passée inaperçue : si la séquence était passée avec son visage non flouté et qu'on aurait ensuite crié au scandale pour son manque de réactivité, elle n'aurait même pas eu le droit de se défendre, de par sa fonction. Food for thought, je suppose, non ?
  5. wallimero
    octobre 12, 22:15 Reply
    @ Marcel, donc, télé-PS monte de toute pièce une histoire qui n'en est pas une, la collaboratrice qui demande de lui lâcher les pompes et on continue le harcèlement, excédé on tient des propos un peu extrèmes, mais qui sont à peine menaçants et en conclusion, c'est la victime qui devient coupable; ah oui, et en plus il y a l'ordre des médecins qui se hate de confirmer que ce c'est la faute au patient et pas du médécin. Euh, désolé, je voulais dire la fédération des journalistes. "Il est aussi indispensable que Cauderlier accepte de s’excuser, de s’expliquer. Ce n’est ni une humiliation, ni une défaite. En l’occurrence, je ne vois pas ce qu’il pourrait faire d’autre. Son silence est assourdissant. La population a le droit de comprendre" oui, car la question est bien-sûr de savoir si le service presse de Charles Michel n'est pas trop directif, trop serré, trop arrogant. La question n'est jamais de savoir si télé-PS comme émanation administrative de l'Etat PS n'est pas simplement un service de propagande du parti. Car oui, si Tristant n'avait pas un poste fixe à la RTBF il y a peu de chances qu'il oserait filmer une séquence similaire. Mais pour autant que se soit anti-gouvernemental, on ose tout à la RTBF, et cela va de soi qu'il a le soutien de sa direction, il est sur la bonne voie le petit! Il est évident qu'il y avait un lobby sans-papiers au travail dans la rédaction quand chaque manif à 20 personnes du PTB passait au JT, il tout aussi évident que ce même framing continué en fermant les yeux sur la récupération politique de la soi-disant Platforme Citoyenne organisée par le Samusocialo. Du matin jusqu'au soir on brasse de l'antigouvernemental en radio, par exemple quand Vizorek qualifie les propos d'un secrétaire d'état de conneries le matin, ceci est relayé par la joyeuse bande à Walid le soir, et ceci partiquement chaque jour. On passe donc en boucle le même type de message de fond que le gouvernement est composé d'idiots, de débiles et de crétins. Et la grande tendance de la saison c'est de passer par le soi-disant humour, comme si quand on insulte quelqu'un avec le sourire à l'antenne, ce n'est plus une insulte. On invite plein de gens de gauche autour du micro pour faire des blagues douteuses à l'adresse du gouvernement, mais ce n'est que pour rire hein! Et quand on fait état de son agacement on crie "détendez vous" et on remet une couche. Il y a à peine 5 ans aucune équipe de presse n'aurait filmé ce genre de discussion? Je dirai même il y a à peine 2 ans, et même si elle aurait été filmé, elle ne serait pas passée à l'antenne si le porte parole d'Elio ne le voulait pas. joli Marcel, vraiment joli
  6. coppola christian
    octobre 13, 09:53 Reply
    La prise de position de Charles Michel qui condamne son porte parole, mettra d'accord tout le monde et c'est ce qu'il fallait faire!
    • Marcel Sel
      octobre 15, 19:19 Reply
      Dans ce cas, en principe, le porte-parole s'excuse. Ou s'en va. Mais là, on a l'impression que le premier ministre n'a pas d'autorité sur son propre porte-parole. Je veux bien que c'est très libéral comme attitude, mais c'est un peu mou, non. Surtout que Cauderlier a des arguments (encore faut-il qu'il utilise les bons).
  7. Suske
    octobre 13, 12:05 Reply
    Marcel Sel, l'homme qui fait du mot 'pinailler' une vertu démocratique. (ce n'est pas du second degré!)
  8. Tournaisien
    octobre 14, 06:26 Reply
    Du grand Marcel ! De l'analyse, de la critique d'image et de l'information comme on en trouve peu. Cet article est un modèle du genre.
  9. Salade
    octobre 14, 11:17 Reply
    jobs, jobs, jobs! https://www.youtube.com/watch?v=e2whTQgYHOs
  10. u'tz
    octobre 14, 13:13 Reply
    ah bon c'est donc ça un teaser... tristan fait chier aurélie qui travail sous cau le gestionnaire de l'image de michel, ce dernier confirme à tristan qu'il fait bien chier d'ailleurs il le décore de trois étoiles de menace (pas du genre peine de prison pour journaliste kurde) peut-être pour l'occuper un peu le tristan (peut-être juste pour montrer qu'au mr les mecs aussi ont des couilles) peut-être par semaille stratégique un peu comme on place un "faire chier" comme contre-feu dans une conversation pour pouvoir s'excuser uniquement plus tard de cette expression inappropriée... par ailleurs sur la voie, bonne comme un petite cuillère de tarte bien propre à la crême dans le rituel des langues de bois, aline a donné de la voix (pourquoi le collègue-là est en prison? mr erdogan) vers erdogan qui ne s'en est pas cogné à la portière de la limousine où il s'est empressé de boucler sa ceinture de sécurité... belgique pays où des courageux journalistes et des arrogants politiciens nous construisent du sens mais que venait foutre en belgique erdogan en campagne électorale... qu'est-ce que le gouvernement n-va du premier mr qui job job job a à y gagner ?
    • Démocrate
      octobre 17, 23:19 Reply
      La semaine prochaine, c'est A.Merkel elle-même qui ira en Turquie, a v a n t les élections.En plus. Soutien entre alliés OTAN. (Ah et en plus l'histoire peut secourir l'opinion qui l'ignore : il y eut un axe germano-ottoman durant la 1ère guerre mondiale pour contrer l'axe anglo-saxon.. les chemins et habitudes se tracent dans l'histoire) La veille, il était en France-Strasbourg - campagne auprès des turcs. Puis à Bruxelles auprès des turcs,pour le même motif. Le lundi, il était surtout en visite auprès de l'OTAN - non officiel, mais... - et la Commission, Parlement et Conseils européens. Le protocole diplomatique o b l i g e à passer par la capitale d'un pays qui abrite ces institutions internationales, raison pour laquelle tous les Chefs d'Etat en visite ici d o i v e n t aller saluer le Roi belge et le Gouv,belge Si Bruxelles n'abritait pas les org.internationales précitées, r a r e s seraient les visites d'Etat. La Belgique microEtat totalement insignifiant recevrait autant de visites que la Patagonie ou le désert d'Atacama (et encore, là, beaucoup de voyageurs y vont). C'est pourquoi la Belgique s'est battue bec et ongles pour avoir le siège de ces org. internationales. Prête à tout pour ne pas disparaître des radars et de l'obscurité due à son rang de pays n o n indépendant (euphémisme). Et qui n'a aucune incidence sur r i e n en politique internationale(UE ou le reste).

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